
Les élections européennes se rapprochent puisque le premier tour arrive ce 26 mai. L'occasion pour moi de donner mon avis sur évolutions extrêmement discutables des partis dits d'opposition. Alors que la France est dans une situation dramatique, aucune alternative au néolibéralisme délirant ne semble apparaître. Pire que ça, même le principal parti d'opposition qu'est le RN semble s'être engouffré dans la course au néant libéral en faisant un concours avec les idiots du parti républicain. Cependant comme l'a rappelé Giscard d'Estaing lui même cette élection ne sert pas à grand-chose puisque le parlement européen n'a aucun réel pouvoir. Pour autant, il s'agit de faire surtout du bruit sur les questions essentielles et notamment sur la question de l'euro et de la sortie de l'Union européenne. Évidemment cette question n'est jamais naturellement mise en avant dans le débat sur les questions européennes. Les médias font d'ailleurs énormément d'effort pour éluder cette question en l'ignorant totalement. Le débat politique se résumant à faire plus ou moins de libéralisme. Et cela sans jamais se poser de question sur la pertinence qu'est l'idéologie libérale associée à son cadre qu'est la structure européenne. Il faut faire des réformes structurelles, point. Pourquoi? Au fond, on n’en sait rien, mais puisque tout le monde le dit, notamment la presse bourgeoise, c'est donc forcément vrai. Le niveau du débat politique en est là en France et la crise des Gilets jaunes loin d'avoir fait bouger la cervelle des dirigeants les a au contraire renfermés encore plus sur eux-mêmes. Macron et son groupuscule ressemblant de plus en plus à un groupe d'autistes enfermés dans leur univers à part.
Les faux opposants FI et RN
Je n'ai jamais porté Jean Luc Mélenchon dans mon cœur pour de nombreuses raisons. La première c'est qu'il est un mitterrandien dans l'âme et qu'il n'a jamais vraiment rompu avec son passé même s'il a pu de temps en temps affirmer le contraire. Mélenchon reste un homme qui a pleinement soutenu la construction européenne pendant ses jeunes années et qui a voté pour le oui à Maastricht. Mais les dernières dérives autocratiques au sein de son parti ont fini de me convaincre . La chasse aux dissidents, l'orientation vers une Europe alternative qui est une impasse depuis quarante ans. Le non-questionnement sur l'euro . Autant de choses qui montrent que FI est plus une caricature de gauche qu'une réelle alternative au système. Un nouveau PS en fait qui cherche à plaire à toutes les lubies des petits bourgeois en mal de lutte superfétatoire. Tout comme le FN, ce parti a nettoyé ses penseurs alternatifs internes. Le départ de Djordje Kuzmanovic dernier souverainiste de FI, tout comme celui de Philippot au FN, montre l’incapacité des grands partis prétendument d'opposition à affronter la question européenne autrement qu'avec des formules creuses sur une autre Europe (formule magique censée résoudre le problème). Il faut peut-être chercher cette incapacité dans le fait que la grande bourgeoisie française constitue aussi l'essentiel des têtes pensantes de ces partis tout comme c'est le cas dans les partis politiques plus centristes. Partout en France cette fragmentation met à mal l'unité du pays. On retrouve donc potentiellement cette fragmentation à l'intérieur des partis entre la base et les dirigeants. Les dominants des partis appartenant généralement plutôt aux classes sociales aisées sauf exception. À gauche cette réalité est encore plus exacerbée par le mythe progressiste universaliste qui associe post-nationalité avec progrès depuis une quarantaine d'années.
Le RN, anciennement FN, a été quant à lui la grosse déception depuis l'élection présidentielle. Ce parti a démontré clairement qu'il ne cherchait pas vraiment la sauvegarde du pays . Son orientation qui vise même une grande union de la droite avec les ultralibéraux des Républicains montre le peu de cas que fait ce parti de l'orientation économique. Pis que ça, les questions économiques pourtant au cœur des mouvements sociaux comme les Gilets jaunes sont maintenant totalement absente des orientations du RN. En résumant, son programme à la chasse à l'immigration le RN même s'il arrivait au pouvoir ne changerait en réalité pas grand-chose à la situation française. Un peu comme le gouvernement Salviny ou la version de gauche Syriza en Grèce il serait condamné à faire de la figuration et des changements cosmétiques tout en continuant à vendre son pays à des puissances étrangères . Il est d'ailleurs symptomatique que l'extrême droite se passionne autant pour des pays qui agissent contre l'intérêt du leur simplement parce que leur politique semble anti-immigrationniste.
Ainsi l'extrême droite française se passionne-t-elle pour Trump et son mur. Oubliant l'échec fatal de l'économie Trumpiste qui n'a fait que répéter les mêmes politiques économiques de tous ses prédécesseurs. La croissance américaine cachant mal les déséquilibres et le taux de chômage devenant de plus plus en source de plaisanterie tant ce taux s'éloigne rapidement de toute forme de réalité. Le protectionnisme de Trump est essentiellement verbal, le déficit commercial des USA bat tous les records et la dette extérieure menace de plus en plus le dollar. De la même manière voit-on notre extrême droite défendre ardemment les gouvernements polonais et hongrois, parce qu'anti-musulmans. Mais ces gouvernements soutiennent pourtant par ailleurs les travailleurs détachés contre les intérêts de la population française. L'extrême droite française n'est donc plus qu'une caricature grotesque. Un asile de fous monomaniaques qui oublie ce qui fait une nation et dont la seule préoccupation est de ne pas croiser un noir en bas de chez elle. En ce sens, elle n'est effectivement plus que le reflet inversé de l'extrême gauche qu'elle combat et qu'elle caricature de la même manière.
Le plus étrange dans ce mouvement d'extrême droite pro-européen est l'idéologie dominant ce milieu. Sans arrêt revient l'idée que l'immigration serait le résultat du gauchisme, du communisme, voire du marxisme culturel responsable de tous les maux qui frappent la France et particulièrement de la grande invasion démographique souvent exagéré chez les thuriféraires de ce milieu. Pourtant c'est tout l'inverse en pratique. Si la gauche a servi certainement d’alibi intellectuel à l'immigration de masse, c'est bien les libéraux et les capitalistes qui sont à la recherche de sang frais étranger. En pratique c'est la droite d'affaires, celle à laquelle le RN veut s'allier qui est la plus grande alliée de l'immigration de masse. Et non-monsieur Macron n'est pas de gauche, c'est un libéral pur jus, au 19e il aurait au moins pu faire partie des orléanistes sans faire tache. La réduction du discours du RN à la seule question migratoire et le retour à une vision économique digne d'un Ronald Reagan constituent probablement la pire évolution récente qui soit dans le paysage politique français de ces 10 dernières années. Avec le mouvement de Philipot à l'intérieur du FN on pouvait espérer que ce parti devienne une réelle alternative au système. Aujourd'hui on peut être sûr qu'il en sera le meilleur défenseur.
La déception de Debout la France
Le parti qui avait mes faveurs il y a quelques années était bien évidemment celui-ci. Pendant longtemps j'ai soutenu aux élections Nicolas Dupont Aignan. Mais force est de constater que ce dernier n'a pas cessé de dégrader son discours public, et de faire de plus en plus de racolage électoral en vue de faire monter son audience. Il s'est abaissé de plus en plus à de la politique politicienne à but promotionnel. Multipliant les coups médiatiques à la manière presque aussi grotesque qu'un Le Pen ds années 80. Je ne parle pas ici de son soutien du FN lors du second tour des élections présidentielles . Il s'agissait encore à l'époque d'un choix courageux surtout si on le compare avec la contradiction d'un Chevènement qui a trahi la France en appelant à voter alors pour son contraire idéologique Macron. Tout ça au nom de l'antifascisme. Le vrai problème de NDA fut son abandon de la critique de l'euro et de l'Union européenne. Soyons clairs sur la question. Pendant longtemps NDA a entretenu l'ambivalence.
Il a cependant maintenant clairement fait son choix pour la chimérique autre Europe. Probablement parce que lui aussi baigne dans ce fameux milieu social bourgeois, il a préféré caresser ce dernier dans le sens du poil plutôt que d'avoir à l'affronter. Il me semble pourtant aujourd'hui hautement problématique de se réclamer du gaullisme tout en feignant de croire que l'on peut continuer avec l'euro et l'UE. Tout comme il est prétentieux de croire que l'on pourra inverser la construction européenne. Si cette stratégie consiste à essayer de plaire à un public plus large alors il s'agit d'une tromperie, mais cela ne mènera nulle part puisque l'on n’aura pas été clair dès le début sur les objectifs. Bref je suis maintenant totalement en désaccord avec l'orientation de ce parti et ne pourrais en aucun cas voter pour eux aux prochaines élections.
L'UPR et les Patriotes
Enfin, venons-en aux alternatives réalistes, c'est-à-dire à ceux qui regardent la réalité en face. À savoir que l'UE est irréformable et que l'euro est une aberration économique. Soyons claires, cette orientation en l'état n'a aucune chance de dominer le débat public, surtout depuis la trahison du FN. Mais il est important d'entretenir le discours et de le rendre le plus audible que possible pour que le doute s’insinue dans les autres formations politiques et chez les Français. Tout comme la question protectionniste qui était il y a dix ans ou quinze ans reléguée à quelques franges obscures du débat politique devient petit à petit acceptée dans le débat public aujourd'hui. Même le très libéral et médiatique François Lenglet commence à se poser la question du protectionnisme. Une idée très minoritaire peut petit à petit devenir une évidence pour tous tant qu'il existe des gens pour en porter le discours. Il suffit que les conditions générales du fonctionnement de la société changent pour que l'étincelle jaillisse. Il ne s'agit donc pas ici de croire que l'UPR ou les Patriotes de Philippot vont faire des scores énormes. Ce serait extrêmement étonnant. Il faut surtout qu'ils puissent faire entendre ce discours et le faire murir dans la tête de nos concitoyens. En espérant que dans dix peut-être la fin de ce machin deviendra une évidence pour tous.
Dès lors, mon choix est vite fait envers le mouvement de Philippot. Pour le simple fait que l'ouverture intellectuelle est nettement plus grande chez les partisans de ce dernier l'UPR souffrant à mes yeux d'un certain sectarisme. Je sais déjà ce que me diront les partisans d'Asselineau, je les connais depuis le début en fait . Ils diront que leur mouvement a été le premier à défendre ces idées ce qui est faux puisqu’il y a eu bon nombre d'intellectuels à défendre cette sortie même s'ils n'étaient pas médiatisés. Ils diront qu'ils font de la pédagogie, ce qui est bien, mais qui ne nécessite pas de vouloir alors prendre le pouvoir. Après tout on peut continuer à instruire la population sans chercher nécessairement à mettre au pouvoir ses propres représentants. Ensuite l'argument de l'ancienneté peut se retourner contre l'UPR . Cela fait 12 ans qu'ils militent et pour quel résultat électoral ? Y a-t-il eu une remise en question de la stratégie pour cet échec ? Je constate aussi que monsieur Asselineau fait preuve d'une fermeture assez ferme aux autres.
Philippot a d'ailleurs récemment invité l'UPR à faire cause commune pour l'élection, mais ce dernier a clairement refusé. Si on n’est pas capable de s'entendre avec des gens aussi proche sur l'objectif de sortie de l'UE et de l'euro comment peut prétendre gouverner un pays comme la France ? Le général de Gaulle a-t-il refusé l'aide des communistes ou de l'extrême droite pour lutter contre les nazis ? Pour cette raison il me semble que le mouvement des Patriotes est plus à même à long terme de porter le discours fondamentalement eurocritique et de le faire entendre. Alors que l'UPR a au contraire une extraordinaire capacité pour faire détester ces idées. Il suffit de voir les caricatures du mouvement UPR sur le web pour s'en convaincre. Certains pensent même que l'UPR est une secte.
Au final, pour cette élection je m'orienterai personnellement pour le mouvement des Patriotes. Il n'en demeure pas moins que la tristesse s'empare de moi quand je vois tout ce temps perdu et ces partis qui trahissent leurs idées souvent pour des calculs électoraux hasardeux. Cela dénote une incapacité à penser l'intérêt général et une absence profonde de cohérence intellectuelle. Quand on change à ce point d'idées ou d'objectif comme l'on fait le FN, FI ou DLF c'est qu'en fait on n’a aucune conviction profonde ni aucune réflexion de fond sur les problèmes dont on parle. Tout comme l'UMP, le PS ou la LREM de Macron, ces gens n'ont pas vraiment de réflexion de fond ni de compréhension réelle des enjeux politiques et économiques. On fait juste du clientélisme électoral à court terme en espérant faire une plus-value . Cela caractérise bien l'état de mort cérébrale d'une grande partie de la prétendue élite française ainsi que celle des classes sociales dominantes. Le déclin ne concerne pas que les centristes ou les libéraux.