Je parlais, il y a peu, des propos de Pierre Manent qui m'ont d'ailleurs inspiré un texte sur le lien entre la posture morale et l'impuissance politique. Et bien Pierre Manent a répondu récemment aux questions d'Alain Finkielkraut dans un interview extrêmement intéressant. L'émission se place sur la question des frontières et Pierre Manent fait ici une éloge constructive et intelligente du besoin humain de frontière. Manent attaque surtout l'idée toute occidentale qui voit aujourd'hui la frontière comme un élément de frein à la mise en exergue de ce qu'il appel la nature humaine. Bien loin d'empêcher l'humanité de montrer le meilleurs d'elle même, la frontière et les nations sont en fait les seules constructions qui crée l'homme civilisé. C'est la frontière qui rend possible l'existence de la diversité humaine sous son meilleurs jour. Nier les frontières nier les nations c'est nier la diversité du monde. La négation des frontières est donc tout simplement anti-humaniste, elle est une idéologie profondément dangereuse pour notre espèce. Pierre Manent va donc bien plus loin que je ne l'ai fait en sortant largement du cadre des questions bassement économique. Tout comme Malakine qui fait le lien entre la frontière étatique et les mécanismes cellulaires, Manent montre que sans frontière il n'y a pas d'homme civilisé, pas de culture et pas d'avenir. Il explique également que cette idéologie post-nationale n'est valide qu'en Europe, qu'elle n'a en fait aucune existence en dehors de notre continent décadent.
Cet état de fait va ramener très brutalement l'Europe à la réalité, ce sont les autres zones du monde, non soumises à cette aveuglement post-national qui vont nous rappeler, par la brutalité, la réalité de l'existence des frontières. Enfin Manent souligne le fait qu'en réalité cette vision européenne du monde n'est pas complètement différente de ce que l'on a pu connaitre à la période coloniale. En réalité l'Europe est toujours persuadée d'être au-dessus des autres civilisations, elle est sûr de pouvoir les broyer dans son no mans lands post-frontalier. Mais les difficultés grandissantes du multiculturalismes ou la dégradation économique engendrée par la mondialisation néolibérale sont en train de montrer, dans les faits, que non, notre société n'écrasera pas les autres sphères culturelles. Et que non l'avenir n'est pas un monde unifié sous un seul drapeau libéral et anglophone. Il est maintenant difficile de savoir quel sera la réaction des populations européennes lorsqu'elles se réveilleront de leur longue léthargie euro-libérale et post-nationale. D'autant que les conséquences en Europe qu'elles soient économique ou sociale rendent déjà la vie de nos concitoyens particulièrement difficile.
olaf 13/10/2010 06:32
La Gaule 13/10/2010 00:16
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