Dans mon texte sur le multiplicateur d'investissement de Keynes j'avais expliqué en quoi le libre-échange entrainait une contrainte croissante sur son efficacité. En effet en multipliant les importations vous réduisez mécaniquement les échanges locaux et vous créez des fuites du flux monétaire en dehors de votre zone monétaire. Ce qui fait que les plans de relance produisent des effets de plus en plus faible au furent et à mesure que vos citoyens consomment des denrées étrangères.
Or si vous augmentez de 100$ votre dette nationale, mais que le PIB augmente lui de 300$ grâce à cette dette, vous pouvez facilement rembourser la dette nouvellement acquise. C'est très exactement les conditions qui rendent faisable des politiques keynésiennes. En revanche si pour 100$ de dette vous ne créez plus que 80$ d'accroissement du PIB vous avez un problème, la dette enfle et le cout de cette dette devient rapidement intenable. C'est ce que nos amis socialistes ont connu en 1983, se refusant à faire du protectionnisme et à dévaluer la monnaie, ils ont du renoncer aux politiques de relance et par là même au plein emploi.
Je vous parle de cela car une nouvelle vient de titiller ma curiosité le site nakedcapitalism.com vient de donner un tableau très intéressant sur l'évolution de l'efficacité du crédit aux USA. Ce graphique montre bien la dégradation continu de l'efficacité du multiplicateur de crédit:
Vous avez bien vue aujourd'hui 1$ de crédit supplémentaire produit seulement 0.786$ de richesse supplémentaire. Vous pouvez lire toute l'analyse de nakedcapitalism sur cette page. C'est une preuve supplémentaire du suicide que représente le libre-échange, il est désormais impossible aux USA de tirer leur croissance en ignorant comme il l'ont fait jusqu'à présent les effets sur leur commerce extérieur. Le choix qui leur reste est entre le retour à la raison au travers une politique de protection raisonnable, comme le suggère maintenant certains économistes de l'establishment Krugman notamment. Ou alors faire un suicide à l'européenne ou à la japonaise en laissant le chômage filer vers le haut et les salaires vers le bas alignant à terme le niveau de vie occidental sur ceux des pays émergents.
Évidement une telle évolution condamnerait la croissance mondiale à l'effondrement, les pays asiatiques comme la Chine ne pesant pas encore assez gros pour absorber leur propre production, ils subiraient une dépression massive. La Chine par exemple n'a que 20% de sa croissance provenant de sa demande intérieure autant dire rien du tout. Et rétablir sa croissance par une demande endogène posera de nombreux problème comme on là vue dans ce texte. D'ailleurs les manipulations de crédit massive faite récemment par la Chine pour compenser l'enfondrement des exportation risque d'entrainer des phénomènes extrêmement brutaux. Ainsi le M2 chinois a-t-il grimpé de 25.5% en moyenne annuelle sur le mois de février après un énorme 26% en janvier voir ici ce n'est plus une surchauffe, mais une explosion, il y a surement des bulles en formation car les salaires en Chine ne grimpent certainement pas à ce rythme.
Mais on peut conclure que c'est bien des USA que viendra l'éventuel retour au protectionnisme, parce que c'est bien là-bas que les contradictions inhérentes au modèle libre-échangiste atteignent leur paroxysme. On peut aussi voir dans l'absence de protection sociale et la brutalité des rapports sociaux un argument de plus à une plus grande réactivité populaire. En effet on agit plus vite quand on a faim, l'assurance chômage et les protections sociales en Europe on peut-être en partie anesthésiées la population sur le plan démocratique, même si elles ont en pratique réduit l'impact de la crise. Quoique cet effet est largement compensé par l'absurdité de la monnaie unique.