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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 22:32

consommation.jpg  Nous vivons dans une société étrange, bien plus étrange encore que ce  à quoi  la moyenne de nos concitoyens peut avoir conscience. Nous critiquons nos contemporains pour leur comportement de consommateur obsessionnel, les écologistes ont d'ailleurs développé tout un discours souvent étayé de réflexion tout à fait vrais sur le caractère suicidaire pour l'espèce humaine de la consommation sans retenue. Mais dans le même temps nous sommes bien obligés d'admettre la nécessite de cette même consommation pour la croissance économique. Nous jugeons bien souvent nos contemporain à l'aune des valeurs morales héritées du passé et nous jugeons de ce qui est bien ou mal en fonction des ces valeurs de jugements, certains s'en sont même fait une spécialité. Pourtant sans trop nous en rendre compte, il y a des comportements qui pour avoir été autrefois considéré comme responsables et "moraux", sont devenus dans le cadre de notre propre société et dans son cadre de fonctionnement, bien peu vertueux.

 

  Pour faire simple disons que les vertus nécessaires au bon fonctionnement d'une société moderne ne sont pas nécessairement les vertus qui faisaient la réussite d'une société ancienne. Et c'est probablement ce paradoxe qui nous donne certaines difficultés à accepter des évolutions pourtant nécessaire dans le cadre d'une société d'abondance. Cependant il se pourrait bien aussi que ce cadre ne dure pas et que l'humanité dans sont ensemble soit un jour obligée de réaprendre à vivre dans la rareté avec les vertus qui vont avec.

 

Les vertus d'hier et d'aujourd'hui

 

    Dans l'ancien monde, celui dans lequel l'énergie était rare et couteuse, et provenait principalement des moulins à vent ou de la force animale, la production était sans cesse au coeur des problèmes de la civilisation. Il fallait impérativement ajuster les capacités de production à la consommation du pays ou inversement.  Bien souvent les capacités agricoles étaient pleinement utilisées, et l'éventuelle croissance de la population se transformait souvent en désastre politique, en famine ou en guerre entre peuples. Si le christianisme en Europe a pris tant d'empressement à contrôler les rapports sexuels de ses ouailles, ce n'était pas tant pour faire partager au plus grand nombre les joies de l'abstinence et des vertus acétiques, que pour maîtriser la fécondité et donc in fine la démographie. Quand la capacité de production de biens et de nourriture est constante, il faut bien se débrouiller pour faire en sorte que la demande reste constante sous peine d'entraîner des frustrations et des manques dans les nouvelles générations naissantes en surnombre. Les réflexion malthusienne sont bien nées de cette esprit d'inquiétude quand à la finitude des ressources et le risque de la catastrophe collective. Les vertus traditionnels de la société classique sont née de ces contraintes écologiques et économiques d'un monde en stagnation technique et productive. Être frugale et économe était en ces temps des vertus qui permettaient d'éviter les famines, de prévoir les catastrophes en cas de mauvaise météo pour les récoltes. Les valeurs  familiales, le mariage et les tabous sexuels ont permis de maîtriser la sexualité et d'éviter que la démographie ne se régule que par la famine et les mauvaises conditions de vie. Avant de juger trop durement ces tabous, que les modernes considèrent comme absurde, n'oublions jamais quels  furent leurs fonctions et à quel point les civilisations européennes de contrôle sexuel était finalement bien adapté à une agriculture sans capacité d'expansion importante. Le contrôle sexuel permettait une relative bonne tenue de la démographie sans avoir à subir des famines de façon répété comme dans d'autre civilisation de la planète. 

 

  Ce monde s'est effondré avec l'avènement des progrés techniques et scientifiques rapides, ainsi que grace à l'usage massif des hydrocarbures. C'est la rapidité de  la hausse des gains de productivité qui ont conduit les sociétés occidentales à casser leur valeurs morales traditionnelles. Et contrairement à ce que certains réactionnaires racontent ce n'était pas nécessairement une mauvaise chose car les morales d'hier n'étaient plus adaptées au nouveau mode de production et à la société d'abondance qui s'installaient petit à petit. La grande crise de 1929 qui était la crise d'abondance par excellence, a été finalement le moment de rupture entre la société de rareté et celle de l'abondance dont l'Amérique s'est fait la championne. C'est à cette époque que les techniques marketing, la publicité et les moyens de pousser les gens à consommer toujours plus se sont mis en place avec l'avale et le soutient du monde politique. Si le monde politique a été si prompte à soutenir la rupture sociétale  c'est qu'il fallait bien nourrir la population et faire en sorte que tout le monde ait un emploi. Car dans une société où la productivité ne cesse d'augmenter, il faut soit réduire le temps de travail de chacun, soit augmenter la consommation pour ne serait-ce que maintenir le taux d'emploi. Dans le même temps les progrès médicaux ont produit une hausse phénoménale de la population qu'il fallait bien occuper dans des emplois. Si la société s'est orienté vers une rupture avec les valeurs traditionnelles ce n'était pas par choix mais par nécessité. Alors face à cette évolution l'on peut avoir plusieurs  réactions, l'une consistant à refuser ces évolutions, à les considérer comme des marques de dégénérescence et à préférer la stabilité du monde ancien en détournant des yeux les problèmes que cela provoque, c'est la position réactionnaire qui pullule sur le net des intégristes catho au intégristes musulmans. Une autre façon de voir fut au contraire de caresser ce "progrès" dans le sens du poil en allant toujours plus loin dans la démolition du monde ancien et de ses valeurs, c'est la position libertaire qui alla très loin dans la négation de l'ordre ancien.

 

Il y a pourtant aussi une position plus équilibré qui consisterait à accepter que certaines valeurs ne soit plus aussi acceptables qu'avant sans pour autant toutes les rejeter. Ainsi avec le pilule il est clair que la maîtrise des pulsions sexuelles n'est plus vraiment utile à la maîtrise de la fécondité. De la même manière, la frugalité n'est plus une vertu au contraire même, puisque si tout le monde devient frugale la consommation s'effondre et le chômage explose condamnant des millions de gens à la précarité et à la misère. Ici nous avons même une inversion puisque ce qui était vertu hier est aujourd'hui un mauvais comportement, je suis d'ailleurs moi même un bien mauvais consommateur j'admets mon pêché de frugalité excessive. Par contre l'attaque en règle contre la famille traditionnelle, la haine de l'autorité parentale ou professorale, ou encore la permissivité excessive de bon nombre de comportements individuels au nom de la liberté absolue de l'individu, ne sont pas une nécessite de la société d'abondance mais une conséquence des abus de libéralisme délirant. On peut dans ce cas être réactionnaire sans entrer en confrontation avec des évolutions inéluctables de l'organisation économique et sociale.

 

Les critiques de la société de consommation pensent la plupart du temps qu'elle est le fruit d'une espèce de complot à l'image des marxistes qui analysent le capital comme passant sont temps à vouloir maîtriser la cervelle de la population. S'il y a eu effectivement des mouvements dans ce sens cela ne veut pas pourtant dire que cette évolution n'auraient pas eu lieu sans des types comme Edward Louis Bernays.  La société de consommation n'est pas née d'un complot à l'image des complots massoniques et sionistes d'Alain Soral, elle est née d'une nécessité fonctionnelle. La société de consommation de masse fut le remède collectif contre les effets des progrès de la productivité technicienne, malheureusement elle a de nombreux effets secondaires néfastes. Mais à l'image de la chimiothérapie pour le cancer, ces effets néfastes ne sont rien en regard d'un arrêt du remède qui lui condamnerait la société à mort. C'est pourtant ce que beaucoup d'alternatifs proposent, un arrêt de la société de consommation de masse sans pour autant voir les dégâts terribles qu'une telle évolution provoquerait. Avant de vouloir changer les choses il faut bien y réfléchir à deux fois, et s'il est vrai que la surconsommation est dangereuse à long terme à cause des contraintes physiques de notre monde, il n'en est pas moins vrai que cette consommation a une fonction sociale et collective, même si elle nous parait aberrante. 

 

Pas d'autre solution que la consommation

 

  La société de consommation de masse est laide, elle heurte fatalement le bon sens en poussant les individus à consommer des choses en excès dont bien souvent il n'ont pas réellement besoin. Mais le fait est que pour maintenir nos sociétés en état et pour maintenir la paix civile nous sommes bien obligés de la maintenir cette consommation. Critiquer la société de consommation sans comprendre cette contrainte là, c'est faire ni plus ni moins que des grands discours sans porté réelle. Les vertus de l'ancien monde sont un boulet dans bien des domaines qui contraignent tôt ou tard la société  à exploser socialement. Plus le progrès technique s'amplifie plus nous sommes productif et plus nous devons résoudre l'équation production consommation par des moyens de plus en plus artificiels. On peut pleurer et s'énerver devant tant d'absurdité, devant les gaspillages ou les pollutions mais le fait est qu'à lh'eure actuelle on ne voit pas très bien vers quoi d'autre pourrait tendre la société productiviste.

 

  A cela s'ajoute le cadre de la mondialisation néolibérale qui brouille un peut nos repères tant elle déforme l'évolution normale des sociétés. En réalité il est possible que sans la mondialisation les pays d'occident fussent arrivés à un stade postérieur au productivisme, ils en prenaient peut-être le chemin avant la rupture néolibérale des années 70. Les emplois de services se multipliant, les gains de productivité ralentissaient, sans la mondialisation les pays occidentaux seraient peut-être arrivé à une certaine stabilité. Sans gain de productivité et avec une population stagnante plus besoin de la croissance économique pour maintenir le plein emploi et la stabilité sociale. Malheureusement la mondialisation a un peu brouillé les cartes.  Quoiqu'il en soit il faut bien garder à l'esprit les contraintes issues de l'évolution de sociétés la morales, les vertus sont des codes comportementaux fruit de la nécessité collective, si les nécessites changent alors il est normales que ces codes changent eux aussi pas tous bien sûr mais certains. Plutôt que de rejeter tout changement mieux vaut les accompagner pour qu'ils n'ayant pas dans l'excès ou l'empressement et la bêtise peut les emporter.

 

 

 

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commentaires

B
<br /> <br /> Votre billet me rappelle la fable des abeilles avec la consommation en nouveau vice.<br /> <br /> <br /> Sinon pour le rapport à l'autorité ce que je vais dire est peut être idiot mais le dessein des libéraux (comme du communisme dans une société d'abondance) n'est il pas justement de réduire<br /> l'autorité, celle de l'Etat notamment. Bien sur je lis ce blog depuis un petit moment et je sais que vous êtes pro nation, pour le protectionnisme et tout ça. Mais ce que je veux dire c'est que<br /> ce genre "d'effets secondaires indésirables" ne sont peut être pas si secondaires que ça, mais peut être que ce sont des effets tout à fait prévisibles et même souhaités pour mener à la forme<br /> ultime (l'utopie) du modèle. C'est à dire une société qui n'aurait plus besoin d'autorité, plus besoin d'Etat.<br /> <br /> <br /> Et sans aller jusqu'a l'utopie il est peut être possible que nos société vont vers un besoin moindre d'autorité et que les Etats tels que nous les connaissons peuvent changer. Après tout au<br /> XVIIème "l'Etat c'était moi" de Louis XIV, au XVIII ème c'était plus compliqué et ça bien changé à la fin, même au XIX ça a aussi beaucoup bougé. Le XX ème siècle siècle aussi a vu la notion<br /> d'Etat son domaine bouger. Même dans les années 80 Mitterand disait "si les dépenses de l'etat dépassent 50% du PIB c'est le goulag", depuis paradoxalement le néo libéralisme à rongé bien des<br /> choses mais ça n'a pas empeché d'avoir "le goulag". (même s'il faudrait sans doute déduire la part du service de la dette qui ne sont pas des dépenses de fonctionnement pur à l'instant t).<br /> <br /> <br /> Et que se passerait il si la trajectoire actuelle toujours moins de services publiques, toujours plus de dette que le contribuable doit payer se poursuivait ? Certainement qu'au bout d'un moment<br /> le citoyen contribuable se dirait qu'il vaut mieux liquider cet Etat qui lui coute bien plus qu'il ne le sert. Mais plus qu'un changement de république carrément un change de type de régime avec<br /> un autre mode de gouvernance bien plus décentralisé.<br /> <br /> <br /> Et même si la trajectoire change vers où ira le balancier ? Il me parait difficile que ça retourne vers les valeurs d'avant. Entre temps le progres technique, les communications (et notamment les<br /> notions de secret, de vie privée, d'intimité même) , le rapport à l'autorité, le rapport à la religion toutes ces choses la auront trop changées les sociétés.<br /> <br /> <br /> Bref je ne suis pas d'accord avec vous sur les effets secondaires que je ne trouve pas si secondaires et même peut être plus marquants que les "vices" de la consommation vice de l'ancien mode,<br /> vertue/neccessité dans un monde d'abondance.<br /> <br /> <br /> <br />
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