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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 07:42

Dans son denier texte Laurent Pinsolle s'attaque très justement à la question de la fraude fiscale. Il critique la position du Figaro sur le nombre d'évadés fiscaux et leur soit-disant explosion numéraire. Ses propos son très justes, mais je ne crois pas qu'il soit judicieux de s'attaquer à la question fiscale en essayant de minimiser le nombre d'évadés fiscaux. Tout comme il est improductif de s'attaquer aux paradis fiscaux, surtout lorsque l'on se présente gaulliste et donc attaché aux principes du droit des peuples à disposer d'eux même.

 

En effet attaquer des nations sous le prétexte qu'elles ont une fiscalité inférieure à la notre, revient à produire un discours impérialiste et attentatoire à la souveraineté des peuples. Et après tout un pays comme la Suisse, par exemple, n'a jamais eu de forte fiscalité. Le problème doit donc être regardé d'une autre façon, une façon  qui puisse réaliser en pratique notre objectif, à savoir rendre à notre propre pays son indépendance en matière fiscale, c'est à dire faire en sorte que le taux de fiscalité français ne soit plus imposé par la concurrence fiscale. Il s'agit de rendre aux nations la liberté de faire la fiscalité quel souhaite sans qu'elles aient à regarder le taux de fiscalité du voisin.

 

  La concurrence fiscale fut une invention géniale des néolibéraux pour contraindre au démantèlement de la redistribution par l'impôt. En imposant la libre-circulation des capitaux les néolibéraux savaient parfaitement que le pays avec la fiscalité la plus faible imposerait sans le vouloir sa propre politique d'imposition. Il fallait être particulièrement naïf pour croire qu'en ouvrant les frontières à ce niveau les riches et les grandes entreprises n'allaient pas en profiter pour optimiser leur taux d'imposition en allant s'installer là où elle est la plus faible. Et de la même manière que la libre-circulation des biens et des personnes entraine un nivellement par le bas des rémunérations des salariés, la libre circulation des capitaux entraine un nivellement par le bas de la fiscalité.

 

    Vouloir, pour remédier à ce problème, contrôler les paradis fiscaux est illusoire, voir même malhonnête, car on ne voit pas comment faire en pratique. En effet à moins d'envoyer l'armé pour obliger certains états à agir, ils leurs sera toujours possible de faire leur petites affaires en douce. On voit où ce type de raisonnement peut mener. Qui plus est certain paradis fiscaux sont des grandes puissances. Je rappels au passage que le plus grand paradis fiscale sur terre c'est Londres et pas la Suisse ou le Liechtenstein ! Et que ce soit Londres est en soit un retour à l'histoire avec un grand H puisque Londres fut aussi le cœur de l'empire Britannique qui fut fondé par des actes de pirateries, et qu'est ce qu'un paradis fiscale à part un état pirate qui vie en ponctionnant des revenues de l'extérieur? 

 

Les paradis fiscaux une forme de piraterie moderne?

 

    Il est assez cocasse de représenter la fuite fiscale et  la concurrence dans ce domaine comme une nouvelle forme de piraterie et pourtant elles en a toutes les caractéristiques. Grâce à des fiscalités avantageuses certains pays ponctionnent des revenues produits par le travail d'autrui. Il n'est guère étonnant de retrouver des anglo-saxons au centre d'un nouveau commerce de piratage. Je rappellerai au passage que la Grande-Bretagne fit souvent appel à la piraterie pour concurrencer ses adversaires et ponctionner des revenues à l'étranger. La reine Élisabeth 1ère,  elle même, finança ce type de pratique et le fameux pirate Francis Drake. Les conséquences de ces pratiques furent assez positives pour la Grande-Bretagne comme nous l'apprend ce passage d'un texte de Keynes " Perspectives économiques pour nos petits enfants":

 

"Car je fais remonter les premiers placements étrangers de la Grande- Bretagne au trésor que Drake vola à l'Espagne en 1580. Cette année-là, il revint en Angleterre, chargé des trophées prodigieux de la Toison d'Or. La reine Élisabeth était une des principales actionnaires du consortium qui finança l'expédition. Avec ses bénéfices, elle remboursa toute la dette étrangère de l'Angleterre, rétablit l'équilibre budgétaire, et se trouva encore en possession de £ 40.000. Elle plaça celles-ci dans la Compagnie du Levant qui fit des affaires florissantes. Avec les bénéfices de la Compagnie du Levant, on fonda la Compagnie des Indes Orientales, et ce sont les bénéfices de cette magnifique entreprise qui constituèrent la base des placements anglais à l'étranger. Or, il se trouve que £ 40.000 placées à 3% d'intérêts composés, correspondent environ au volume des placements de l'Angleterre à l'étranger de nos jours et à des dates différentes; elles équivaudraient aujourd'hui à une somme de £ 4.000.000.000, ce qui, je l'ai déjà indiqué, est le montant actuel du total de nos placements à l'étranger. Ainsi, chaque livre rapportée par Drake en 1580 est devenue aujourd'hui 100.000 livres. Telle est la puissance des intérêts composés."

 

    Voila qui donne un sens nouveau à la glorieuse montée de la Grande-Bretagne non? La compagnie des Indes orientales fut le moteur de l'empire britannique au 19ème siècle, elle fut à l'origine de la domination britannique en Inde, permit de fonder Hong-kong et Singapour, elle provoqua aussi la fameuse guerre de l'opium. Alors aujourd'hui bien sure, on attaque plus les navires, ce serait couteux et inefficace. Non, l'essentiel est de ponctionner les revenues liées à l'énorme circulation des capitaux créée par la mondialisation financière, elle même fruit de la domination anglo-saxonne. La finance représente une part écrasante du PIB US et Britannique, on comprend mieux leur peu d'enthousiasme à l'idée de mettre fin à la libre-circulation des capitaux, tant ils en sont dépendant. Autant demander à un mafieux de devenir honnête ou à un trafiquant de drogue de faire de la prévention contre les stupéfiants.

 

  Bien sure officiellement ces pays vont faire semblant d'arrêter la piraterie... je veux dire la fuite fiscale, mais ils ne peuvent pas en pratique le faire ce serait scier la branche sur laquelle ils sont assis. C'est aux pays spoliés comme ceux d'Europe ou même d'Asie de mettre fin à cette escroquerie planétaire d'un genre nouveau. Il ne font plus s'attacher uniquement à condamner les paradis fiscaux, ou s'épuiser à punir les fraudeurs, tache herculéenne au demeurant, non, il faut s'attaquer au cœur du problème qui se trouve dans la libre circulation des capitaux et rien d'autre.  Il est également illusoire de vouloir trouver un consensus international ou même européen en là matière. Et de toute manière ce consensus est inutile, il suffit simplement que les états qui le souhaitent, réaffirment la primauté du politique et le contrôle de leurs frontières pour mettre fin à ces pratiques hautement dommageable.

 

  On estime en effet que près d'un tiers du PIB mondial est planqué dans les paradis fiscaux, autant  d'impôts en moins pour équilibrer les revenue ou stimuler la demande intérieure. La libre circulation des capitaux ne sert, de plus, en rien à la dynamique économique, sauf pour les pays parasitaires, la France comme je l'avais déjà écris est largement exportateur de capitaux et ce depuis longtemps. Notre épargne ne sert pas à financer notre économie mais celle des anglo-saxons par le truchement de la finance et de la bourse. Pendant ce temps notre état s'endette dans une monnaie qui n'est pas la sienne en empruntant majoritairement à des étrangers. Combien de temps la France va-t-elle encore accepter la piratage financier anglo-saxon d'un coté et industriel coté asiatique? Un petit pays comme la Malaisie n'a pas hésité à mettre des barrières aux capitaux lors de la crise de 1997 et cela leur a largement réussi. Un pays bien plus gros comme la France pourrait très bien faire de même. Quand à ceux qui ont peur des sanctions européennes qu'ils se demandent quel est le pouvoir réel de l'UE. Celle-ci n'a ni armée, ni pouvoir de contrainte physique, et la France est le deuxième contributeur net de l'UE. Nous n'avons en réalité strictement rien à craindre de l'Europe si ce n'est quelques vociférations débiles des bureaucrates bruxellois toujours si promptes à défendre l'intérêt des multinationales plutôt que celui des citoyens européens. 

 

 

 

 

 

 

 

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