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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 16:01

keynes.jpgCe texte écrit par Keynes en 1937 donne une partie de l’immense capacité de cet homme à percevoir des problèmes nouveaux et appréhender le futur. La complexité de la pensée Keynésienne vient probablement du fait quel ne semble pas naturel, comme la physique Quantique pour les sciences naturelles ses conclusions sur les solutions à apporter aux problèmes rencontrés heurte franchement les idées reçues et le prêt à pensé. Au contraire de la théorie libérale qui est très simple à comprendre et dont l’origine micro-économique fait de petit modèles empiriques prit dans la vie de tous les jours possède un avantage indiscutable lorsqu’il s’agit de la propager chez les politiques ou les journalistes. L’économie Keynésienne n’est pas naturel et ce texte le prouve, alors que la pensée libérale et malthusienne (pensée provenant du nom du célèbre démographe Thomas Robert Malthus « Essaie sur le principe de population ») conclu à un impact positif de la baisse de la population sur le niveau de vie, Keynes nous prévient du contraire. Contrairement à l’économie agricole traditionnelle, l’économie industrielle et hautement productive craint plus la baisse de la demande que le manque de capacité de production. La baisse de la population peu déclencher le phénomène de misère dans l’abondance dont Keynes à tend de fois démontré qu’elle provenait de l’inégalité entre l’investissement et l’épargne. Or l’accroissement de la population donne une utilité à l’épargne, elle sera sous utilisée dans le cas contraire. Ce problème de sur-épargne provoqué par la baisse de la population est l’une des explications majeure de la stagnation et du chômage au Japon et en Allemagne. Ces pays sont de loin les plus compétitifs de la planète, ils engrangent des excédents énormes, et ils sont les deux premiers exportateur, cependant leur PIB stagne et leur chômage explose. La baisse de la population active dans ces pays engendre une baisse de la demande qui provoque un sous-investissement chronique des banques et des entreprises. A ce phénomène s’ajoute la bêtise libérale ambiante qui pousse les gouvernements nippons et Allemands à réduire un peu plus la demande par la baisse du budget de l’état et par la compression salariale. Ces pays cherchent sans arrêt à accroître leurs excédents commerciaux par la baisse de leur propre consommation aggravant ainsi leur crise. La solution de Keynes pour l’Allemagne serait tout au contraire de fortement hausser les salaires, d’égaliser les revenus progressivement, pour accroître la propension à consommer, tout en multipliant les investissements d’état pour contrer la baisse de la demande globale. A long terme il faudra de toute manière que ces pays trouvent un moyen de relancer leur natalité. Pourquoi ne pas doubler les allocations familiales, augmenter le nombre de crèche et inciter les allemandes à avoir plus d’enfants (on ferait ainsi d’une pierre deux coup en relançant la demande tout en en relançant la natalité) ? Il est vrai que l’Allemagne est aujourd’hui diriger comme les autres pays d’Europe par les intérêts des financiers et des vieux retraités qui veulent que l’épargne rapporte et que l’inflation soit nulle, mais tout ce que gagneront nos pays de ce genre de politique à long terme c’est la mort de nos civilisation. Car sans enfants, sans investissement et sans industries, celles-ci seront bientôt toute en Asie, il ne restera plus rien que des ruines et des musées peuplé de vieux sur notre continent.

 

Quelques conséquences d’un déclin de la population :

Par J.M. Keynes (1937) texte réédité dans « La pauvreté dans l’abondance »

Editions TEL Gallimard

 

I

 

Le future, nous le savons bien, ne ressemble jamais au passé. Mais nos capacités d’imagination et de connaissance sont en général trop faibles pour nous indiquer à quels changements précis nous attendre. Nous ne savons pas ce que le futur nous réserve. En tant qu’être vivants et animés, nous devons néanmoins réagir. Pour conserver notre tranquillité d’esprit , nous dissimulons la faiblesse de notre capacité de prévision. Comme malgré tout l’hypothèse doit nous guider, nous avons tendance à substituer à la connaissance qui est inaccessible certaines conventions dont la principale consiste à supposer, contre toute vraisemblance, que le futur ressemblera au passé. C’est ainsi que nous agissons en pratique. Cependant, l’autosatisfaction qui caractérise le XIX siècle provenait en partie de ce que, dans leur réflexions philosophiques sur le comportement humain, les gens de cette époque acceptaient le truc extraordinaire conçu par l’école benthamienne, en vertu duquel à chacune des conséquences possibles de chacune des actions envisageables on pouvait associer une premier nombre exprimant son avantage relatif, et un second exprimant la probabilité que cette conséquence procède de l’action en question ; en multipliant les deux nombres associés aux diverses conséquences possibles d’une même action et en additionnant les résultats, on était censé trouver ce qu’il fallait faire. De cette manière, un système mythique de connaissance probable était utilisé pour ramener le future au même statut calculable que le présent. Jamais personne n’a agi conformément à cette théorie. Mais, même de nos jours, il me semble que notre manière de penser est quelquefois influencée par de telles pseudo-rationalisations.

 

Je souhaiterais insister aujourd’hui sur l’importance de la convention d’après laquelle nous supposons que le futur sera semblable au passé beaucoup plus qu’il n’est raisonnable de le penser – une convention dont aucun d’entre nous ne peu se passer -, parce qu’elle continue à influer sur notre esprit, même dans les cas où nous avons de bonnes raisons de nous attendre à un changement bien déterminé. Et peut-être la prospective des populations constitue-t-elle l’exemple le plus évident des cas où nous disposons réellement d’un très grand pouvoir de prévision. Nous savons beaucoup plus sûrement que nous n’avons jamais prévu quelque autre phénomène sociale ou économique futur que, au lieu de la croissance régulière et même accéléré que nous avons connue pendant de longues décennies, nous aurons à faire face d’ici très peu de temps à une population stationnaire ou même déclinante. Nous ne savons pas encore précisément quel sera le taux de diminution, mais il est quasiment certain que, comparé à ce que nous avons connu, le changement sera considérable. Si nous bénéficions ainsi d’un degrés inhabituel de connaissance du futur, c’est qu’en matière démographique, les délais sont longs mais néanmoins définis. Et pourtant l’idée que le futur sera différent du présent répugne tellement à nos modes de penser et d’agir conventionnels que la plupart d’entre nous renâclent beaucoup à agir en s’y conformant. On peut d’ores et déjà prédire plusieurs conséquences sociales importantes qu’aura le passage d’une situation de croissance démographique à une situation de déclin. Je me propose de traiter aujourd’hui plus particulièrement de l’une des conséquences économiques majeures de ce changement imminent, - si je réussis à vous persuader de vous écarter suffisamment des modes de penser conventionnels pour accepter l’idée que l’avenir différera du passé.

 

II

 

 

La croissance de la population a des implications importantes sur la demande de capital. Non seulement, en dehors des changements techniques et de l’élévation du niveau de vie, la demande de capital augmente plus ou moins au même rythme que la population, mais les anticipations du monde des affaires étant fondées beaucoup plus sur la demande présente que sur la demande à venir, une croissance démographique soutenue tend à inspirer l’optimisme, puisque la demande sera généralement supérieure à ce qu’on espérait. En outre, dans de telles circonstances, une erreur de prévision, se traduisant par une surproduction transitoire d’un type particulier de capital, peut être rapidement corrigée. En période de déclin démographique, c’est l’inverse qui est vrai. La demande tend à être inférieure à ce qui était prévu et une situation de surproduction est moins facile à redresser. Il peut en résulter un climat de pessimisme et, bien que le pessimisme est tendance à se corriger lui-même par ses effet sur la production, ce changement risque d’avoir une conséquence désastreuse pour la prospérité.

 

Parmi les cause du formidable accroissement du stock de capital intervenu au XIXème siècle et depuis, il me semble qu’on a négligé l’influence propre de la croissance démographique. La demande de capital dépend bien sûr de trois facteurs : la taille de la population, le niveau de vie, et le capital technique. Par capital technique, j’entends l’importance relative des processus longs comme méthode efficace pour produire ce qui est couramment consommé ; ce facteur étant commodément désigné comme la période de production, laquelle est une moyenne pondérée de l’intervalle qui s’écoule entre la fabrication d’un produit et sa consommation. En d’autres termes, la demande de capital dépend du nombre de consommateurs, du niveau de consommation moyen et de la longueur moyenne de la période de production.

 

Un accroissement de la population augmente donc proportionnellement la demande de capital ; et c’est au progrès technique que l’on doit l’élévation du niveau de vie. Mais l’effet du progrès technique sur la longueur de la période de production dépend du type d’inventions caractéristiques de la période considérée. Il se peut qu’au XIX siècle les progrès dans les transports, les logement et les services publics aient été de nature telle qu’ils aient eu tendance à allonger la période de production. On sait que les biens très durables ont constitué l’une des caractéristiques de la civilisation victorienne. Mais il n’est pas du tout sûr qu’il en soit de même de nos jours. Nombre d’inventions modernes ont pour objet de réduire le montant de l’investissement en partie du fait de l’expérience que nous avons de la rapidité avec laquelle changent les goûts et les techniques, nous avons une préférence marquée pour les biens capitaux qui ne sont pas trop durables. Je crois donc que nous ne devons pas escompter des changements techniques ayants eux mêmes pour conséquence d’allonger la période de production. Il se peut même que, en dehors de l’effet que pourrait avoir des variations du taux d’intérêt, la période moyenne de production ait tendance à diminuer. En outre, il se peut qu’un accroissement du niveau de vie ait pour effet de réduire la période de production car, quand nous nous enrichissons, notre consommation a tendance à s’orienter vers des produits, les services personnels en particulier, dont la période de production est relativement courte.

 

Il s’ensuit que, si le nombre de consommateurs décroît et que nous ne pouvons compter sur aucun allongement significatif de la période technique de production, le stock de biens capitaux ne s’accroîtra que si le niveau moyen de la consommation s’élève ou si le taux d’intérêts baisse. J’essaierai d’illustrer par quelques données numériques l’ordre de grandeur des facteurs qui sont en jeu.

 

Considérons la période d’un peu plus de cinquante ans qui va de 1860 à 1913. Il ne me semble pas qu’il y ait de preuve évidente que la période de production se soit alors allongée. Les données statistiques portant sur les quantités de capital réel présentant des difficultés spécifiques . Celles dont nous disposons n’indiquent cependant pas de changements important dans la quantité de capital investi par unité de produit. Deux des secteurs les plus capitalistiques, la construction et l’agriculture, sont très anciens. L’importance relative de l’agriculture a diminué. Ce n’est que si nous en venions à dépenser une part notablement accrue de nos revenus en logement, ce qui semble avoir été le cas dans la période d’après guerre, que nous pourrions nous attendre à un allongement significatif de la période technique de production . Pendant les cinquante années qui ont précédé la guerre, période durant laquelle le taux d’intérêt fut à peu près constant, je pense que celle-ci ne s’est pas allongée de plus de 10%.

 

Au court de la même période la population britannique a augmenté de près de 50% et la population servant de débouché à l’industrie et à l’investissement britanniques de beaucoup plus encore. Je suppose par ailleurs que le niveau de vie doit avoir augmenté d’à peu prés 60%. La demande accrue de capital était donc prioritairement attribuable à l’accroissement de la population et à l’élévation du niveau de vie et seulement dans une faible mesure à des changements techniques se traduisant par un accroissement du capital investi par unité de consommation. En résumé, les données démographiques, qui sont dignes de confiance, nous indiquent que c’est l’accroissement de la population qui a rendu nécessaire prés de la moitié de l’accroissement du capital. Les données numériques étaient peut-être les suivantes, mais j’insiste sur leur caractère approximatif :

 

1860 1913

Capital réel 100 270

Population 100 150

Niveau de vie 100 160

Période de production 100 110

 

Il s’ensuit qu’une population stationnaire avec la même élévation du niveau de vie et le même allongement du processus de production aurait entraîné une augmentation du stock de capital de seulement un peu plus que la moitié de celle qui est effectivement intervenue. De plus, alors qu’à peu prés la moitié de l’investissement intérieur a été mobilisé par l’accroissement de la population , une part probablement beaucoup plus importante de l’investissement à l’étranger effectué pendant cette période était attribuable à cette cause.

 

D’un autre côté, il se peut que la hausse du revenu moyen, la réduction de la taille des familles et certains autres éléments de nature sociale et institutionnelle aient eu tendance à augmenter la part du revenu national qui est épargnée en situation de plein emploi. Je n’en suis pas tout à fait sûr, dans la mesure ou d’autre facteurs, notamment la taxation des très riches, agissent dans la direction opposée. Je pense cependant que la part du revenu national qui serait épargnée aujourd’hui dans une situation de plein emploi se situerait quelque part entre 8 et 15%. Quel taux d’accroissement annuel du stock de capital ce taux d’épargne impliquerait-il ? Pour répondre à cette question nous devons estimer le nombre d’années de revenu national que représente notre stock de capital. Ce n’est pas une donnée que nous connaissons avec précision, mais nous pouvons indiquer un ordre de grandeur. Quand je vous aurait indiqué la réponse, vous trouverez sans doute qu’elle diffère notablement de ce à quoi vous vous attendiez. Le stock de capital national est approximativement égale à quatre fois le revenu national annuel. Ce qui signifie que, notre revenue annuel étant d’environs 4 millions de livres, notre stock de capital est de l’ordre de 15 millions de livres( sans compter l’investissement à l’étranger qui ferait monter le rapport à 4.5). Il s’ensuit qu’un investissement net à un taux situé entre 8 et 15 % du revenu annuel implique un taux de croissance du stock de capital entre 2 et 4% par an.

 

Récapitulons. Notez d’abord que, jusqu’à présent, j’ai implicitement fait deux hypothèses, à savoir : que la répartition de la richesse ou de tout autre facteur affectant la part du revenu épargnée ne connaisse pas de modification notable ; que le taux d’intérêt ne varie pas suffisamment pour modifier de façon appréciable la durée de la période de production. Nous lèverons ces deux hypothèses par la suite. Si nous les retenons pour le moment, il apparaît qu‘avec l’organisation sociale existante, et en situation de prospérité et de plein emploi, nous devrons trouver une demande de capital qui entraîne un accroissement net du stock de l’ordre de 2 à 4% par an. Et cela devra continuer d’année en année, indéfiniment. Considérons dans ce qui suit l’estimation la plus basse, à savoir 2% ; si elle est trop basse, l’argumentation vaudra à fortiori.

 

Jusqu’ici, la demande de capital nouveau est venue de deux sources à peu prés d’égale importance : un peu moins de la moitié pour répondre à la demande d’une population croissante ; un peu plus de la moitié pour répondre aux demandes d’inventions et d’améliorations qui augmentent le produit par tête et permettent d’accéder à un niveau de vie supérieur.

 

L’expérience nous montre qu’un taux de croissance du niveau de vie supérieur à 1% par an se révèle difficilement réalisable (Keynes est ici plutôt pessimiste puisque après la seconde guerre mondiale les taux dépassaient 3%). Même si l’inventivité technique permettait plus, nous ne serions pas capables de nous adapter au rythme de changement accru que cela impliquerait. Peut-être y a-t-il eu dans ce pays une ou deux décennies au cours des cent dernières années pendant lesquelles le rythme de l’amélioration a été de 1% par an. Mais, en règle générale, il semble avoir été quelque peu inférieur à 1%.

 

Vous remarquerez que je distingue les inventions qui permettent à une unité de capital de créer une unité de produit avec moins de travail qu’auparavant, de celles qui entraînent une variation de la quantité de capital employée plus que proportionnelle à celle du produit. Je suppose que les améliorations de la première catégorie se produiront dans l’avenir au même rythme que dans le passé récent, et je suis prêt à supposer qu’elle seront, dans le proche avenir, de la même qualité que les meilleures que nous avons connues au cours de n’importe quelle décennie passée ; et j’estime que les inventions de ce type n’absorberons probablement pas plus de la moitié de notre épargne, dans les conditions de plein emploi et avec une population stationnaire. Mais dans la seconde catégorie, certaines inventions vont dans un sens et d’autre en sens inverse et, en supposant un taux d’intérêt constant, l’effet résultant sur la demande de capital par unité de produit n’est pas évident.

 

Il s’ensuit que, pour assurer les conditions de la prospérité pendant plusieurs années, il est essentiel, soit que nous modifions nos institutions ou la réparation de la richesse de façon à réduire la part de du revenu qui est épargnée ; soit que nous réduisions le taux d’intérêt suffisamment pour rendre profitables de grands changements dans les techniques ou dans la composition de la consommation, qui impliquent qu’une beaucoup plus grande quantité de capital soit employée par unité de produit. Il serait évidemment plus sage de poursuivre simultanément les deux types de politique.

 

 

III

Quelle relation y a-t-il entre ces conceptions et la vielle théorie malthusienne selon laquelle une augmentation du capital par tête ( envisagé par les auteurs anciens principalement sous la forme d’un accroissement de la quantité de terre) devait très fortement améliorer le niveau de vie, et selon laquelle également la croissance de la population était alors désastreuse, car elle retardait cette augmentation ? Il peut sembler, à première vue, que je conteste cette théorie ancienne affirmant, à l’inverse, qu’au cours d’une phase de déclin démographique , il sera beaucoup plus difficile qu’auparavant de maintenir la prospérité.

 

En un sens, il s’agit là d’une interprétation correcte de ce que je dis. S’il se trouve ici quelques vieux malthusiens, qu’ils ne pensent pas que je rejette leur principale argument. Il est incontestable qu’une population stationnaire facilite l’élévation du niveau de vie ; mais seulement à une condition : dans la mesure où l’accroissement des ressources ou de la consommation, selon le cas, que le caractère stationnaire de la population rend possible, se produit effectivement. Car nous avons appris qu’un autre diable, au moins aussi féroce que le diable malthusien , est accroché à nos basques : LE DIABLE DU SOUS-EMPLOI QUI SURGIT D’UNE DIMINUTION DE LA DEMANDE EFFECTIVE. Peut-être ce second diable peut-il lui aussi être qualifié de malthusien, puisque c’est bien Malthus qui en a parlé le premier. Car, de même que le jeune Malthus s’est inquiété des problèmes démographiques qu’il pouvait observer et qu’il a essayé de théoriser, le vieux Malthus ne fut pas moins préoccupé par les problèmes du sous-emploi qu’il pouvait observer et qu’il a tenté de théoriser, avec sans doute moins de succès, en tout cas du point de vue de l’influence de sa pensée. Aujourd’hui que le diable P est enchaîné, le diable malthusien S risque de s’échapper. Le diable Population étant enchaîné nous sommes libérés d’une menace, mais nous sommes plus exposés qu’auparavant à la menace du diable Sous-emploi des ressources.

 

Avec une population stationnaire, le maintient de la prospérité et de la paix civile dépendra ABSOLUMENT d’une politique d’accroissement de la consommation impliquant une répartition plus EGALITAIRE des revenus et d’une politique de baisse du taux d’intérêt qui rende profitable un allongement substantiel de la période de production. Si nous ne poursuivons pas, de propos délibéré, ces deux politiques, il est hors de doute que nous serons spolié du bénéfice que nous pourrions tirer de l’enchaînement du premier diable, et serions exposés aux dépradations, peut-être plus insupportables, du second (Remarquez que la conclusion de Keynes est à l’opposé des politiques libérales misent en œuvre en Europe et aux USA depuis trente ans dont on connaît les résultats).

Diverses forces sociales et politiques s’opposent aux changements nécessaires. La prudence impose que ces changements soit graduels. Nous devons prévoir ce qui nous attend et faire la moitié du chemin à sa rencontre. Si la société capitaliste refuse que les revenus soit répartis de façon plus égalitaire et si les forces de la banque et de la finance réussissent à maintenir le taux d’intérêt aux alentour de la valeur moyenne qu’il a connue pendant l’ensemble du XIX siècle (en moyenne, un peu inférieure à celle qui prévaut de nos jours), alors une TENDANCE CHRONIQUE AU SOUS-EMPLOI des ressources sapera et finira par détruire notre forme de société (Remarque : en ce début du XXI siècle les conclusions de Keynes sont d’une cruelle actualité). Si en revanche, guidés par l’esprit et les lumières du temps, nous modifions progressivement notre attitude à l’égard de l’accumulation du capital, de la façon qu’elle s’accorde aux conditions d’une population stationnaire ou décroissante, alors peut-être pourrons nous gagner sur les deux tableaux : préserver les libertés et l’indépendance du système actuel, tout en éradiquant progressivement ses défauts les plus criants, au fur et à mesure que l’accumulation du capital et le revenu qui lui est associé seront remis à leur juste place dans la société (Keynes n’aimait pas les rentiers).

 

malthus.jpg

Un déclin démographique trop rapide provoquerait beaucoup de problèmes graves et il y a de fortes raisons de penser que s’il se produisait ou simplement menaçait de se produire, des mesures devraient être prises pour le prévenir (Keynes sous-estime ici la capacité des hommes politiques à ne jamais agir de façon rationnel et à prendre des décisions irresponsables). Mais une population stationnaire ou faiblement déclinante peut nous permettre, si nous nous montrons suffisamment déterminés et prudents, d’élever le niveau de vie, tout en préservant notre mode de vie traditionnel, auquel nous sommes d’autant plus attachés maintenant que nous savons ce qui arrive à ce qui le perdent.

En fin de compte, je ne suis donc pas en désaccord avec la vielle conclusion malthusienne. Je veux simplement vous mettre en garde contre le fait que, si nous n’y prenons pas garde, avoir enchaîné le diable ne servira qu’à en libérer un autre, encore plus féroce et intraitable.

 

 

 

 

 

 

 

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