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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 16:50

     S'il est vrai que l'on trouve peu de vertus en général au régime politique chinois. Il est dictatorial, peu intéressé par les droits l'homme et il n'est guère tendre avec ses minorités. On lui accorde pourtant souvent le contrôle et la rationalité à long terme comme qualité. Il est vrai que le chaos et la désorganisation des ex-démocraties occidentales empêtrées dans leurs délires libéraux semblent en apparence moins aptes au travail de groupe que l'ogre montant chinois. C'est d'autant plus vrai que la chine bénéficie de la mondialisation et tire largement sa croissance d'un modèle qui peut sembler pertinent aux moins observateurs d'entre nous. La Chine comme l'Allemagne peut servir facilement d'exemple de modèle de croissance pour quiconque n'irait pas plonger dans les méandres des chiffres macro-économiques réels. Alors l'on pourrait se poser cette question. Mais comment font les élites chinoises pour si bien diriger leur pays ? Sont-elles supérieures aux nôtres ? L'on voit déjà poindre l'orgueil chinois à travers des remarques xénophobes présentant le peuple de l'empire du Milieu comme supérieur. C'était d'ailleurs l'une des inquiétudes de Pierre Larrouturou que la chine devienne folle comme l'Allemagne des années 30.  La fin de la croissance forte en Chine pouvant produire une grave crise politique.

 

Il est ainsi que dans le monde moderne pseudo-rationnel l'on attache souvent la réussite d'une nation à un facteur endogène ou essentialiste. Hier la doxa disait que les blancs réussissaient parce qu'ils étaient supérieurs par la race, la culture, et l'intelligence. Aujourd'hui l'on voit presque poindre ce type de raisonnement en Asie. De la même manière que l'homme riche a tendance à oublier que sa réussite n'est jamais le fruit unique de son propre labeur, mais aussi le fruit de relations sociales et de conditions personnelles parfois hasardeuses. Les peuples qui réussissent tendent naturellement à oublier l'origine réelle de leur propre réussite pour s'enorgueillir de fantasmes nourris par leur hubris, et en oubliant les conditions pratiques réelles qui les ont portées au pinacle. De sorte qu'ils oublient même souvent l'origine de leur réussite. Et parfois cela les conduit à leur propre perte. On l'a bien vue avec les USA ou l’Angleterre, grandes nations du protectionnisme et de l'interventionnisme étatique, mais qui dans leur imaginaire collectif s'imaginent prospères grâce au laissez-faire économique passé. Il faut accorder beaucoup de crédit aux croyances populaires et à celles qui tiennent lieu de pensée dans les hautes sphères du pouvoir politique. Car c'est bien plus ces croyances qui façonnent l'action politique des nations que la raison pratique. Car comme nous le savons « Ce sont les hommes qui font l'histoire, mais ils ignorent l'histoire qu'ils font ».

 

L'état chinois ne contrôle rien

 

C'est dans cette optique qu'ils font bien voir le caractère factice de l'idée de puissance de contrôle de la part de l'état chinois sur son économie. J'en veux pour preuve le manque d'efficacité des politiques menées visant à des changements d'orientation macro-économique importants. Il ne faut pas tomber dans l'illusion du verbe comme le fait malheureusement Jacques Sapir dans un interview donné à BFM. Un interview dans lequel il affirme que l'état chinois réoriente son économie vers la demande intérieure et que cette réorientation a comme effet secondaire un ralentissement de la croissance économique. On voit ici chez Sapir, qui est un économiste que je respecte beaucoup, un aveuglement hyper-rationnaliste. Il fait sur la chine la même erreur que sur l'euro. Il disait ainsi que l'explosion de l'euro était inéluctable en 2010. De fait, il a surestimé la capacité des élites à réagir de façon rationnelle. Il faut bien comprendre que l'action des élites n'a pas grand-chose à voir avec l'idée que l'on s'en fait. Loin d'être des choix mue par la réflexion, la politique consiste souvent à faire des compromis à court terme. C'est vrai dans les oligarchies d'occident, mais ça l'est tout autant en chine. Compromis, copinage et corruption ou raisonnement tautologie de bonne tenue sociale visant aux bons rapports dans leurs milieux sociologiques. Autant de choses qui empêchent la raison de l'emporter chez les politiques. Sans parler de l'application des politiques qui nécessite la mise en marche d'une administration qui n'est pas toujours très obéissante, ou qui dispose d'une inertie telle que l'action finale est complètement édulcorée et qu'elle produit même parfois des politiques inverses.

 


 

 

En France et en occident, les administrations sont toutes vouées au libéralisme économique. Ce ne sont pas seulement les décideurs politiques qui baignent dans cette idéologie, mais tous leurs milieux sociaux. Ainsi que toute la chaîne de commandement de nos états. Et bien en Chine tout est fait pour l'exportation comme débouchée. L’idéologie locale est que l'exportation c'est le bien. Le mercantilisme tient lieu de politique depuis Deng Xiaoping, cette culture ne disparaitra pas en un jour.La chine a massacré des pans entiers de ses vétustes industries pour moderniser et orienter vers les marchés occidentaux sa production. Et le résultat est la spécialisation de la chine dans la production de masse de tout ce que la planète consomme en biens manufacturés. On sous-estime assez largement d'ailleurs les dégâts sociaux et humains produits par cette industrialisation accélérée. Nous ne verrons sûrement les effets désastreux de cette surcroissance déséquilibrée que dans quelques années. Lorsque la Chine sera un pays de vieux se dépeuplant. En attendant l'idée que parce que l'état chinois décide de sortir du mercantilisme, cela va se produire est un argument des plus discutable.

 

C'est d'ailleurs d'autant plus vrai que la Chine se retrouve aujourd'hui dans une situation inextricable à court terme. L'on peut d'ailleurs comparer la situation de la Chine à celle des USA en 1929, toute proportion gardée, car les USA avaient une économie beaucoup moins déséquilibrée que celle de la chine à l'époque. Si l'on moque souvent la croissance déséquilibrée des USA. Il ne faut pas oublier qu’à partir du moment où un déséquilibre commercial fait partie de votre modèle économique, vous êtes par nature en danger. Que cette croissance ait comme conséquence un déficit ou un excédant commercial ne change rien au caractère instable de votre croissance, car dans les deux cas vous êtes menacé par un rééquilibrage brutal. Il n'y a pas de vertu dans le déséquilibre, juste une préparation du chaos qui suivra l'inévitable rééquilibrage. La Chine ou l'Allemagne ne sont pas plus vertueuses que les USA parce que ces nations ont des excédents. Raisonner ainsi c'est justifier le mercantilisme et ne pas voir que tous les pays du monde ne peuvent être simultanément en excédents. Et donc oublier que ce modèle est un danger pour la paix du monde. Quelques analyses de données vont nous permettre de voir plus clair dans la situation chinoise. En premier lieu, nous voyons l'excédent commercial qui est à la source de la croissance chinoise.

 

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On voit bien sur ce graphique l'orientation prise par l'économie chinoise surtout depuis le début du 21e siècle.

 

Si l'analyse de Jacques Sapir, qui voit un changement de volonté politique visant à la réorientation de la croissance vers son propre marché intérieur, était vraie, nous en verrions les prémisses. Or rien de cela ne se voit en pratique. La vérité c'est que le ralentissement de l'économie chinoise n'est pas le fruit de la réorientation vers la consommation intérieure, mais de l'effondrement de la demande en occident. Les importations ont baissé en même temps que les exportations. Un coup d'oeil rapide au comportement des consommateurs chinois nous montre d'ailleurs le peu d'épaisseur de l'hypothèse d'une réorientation économique.

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(Source :forexagone)

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Comme nous pouvons le voir sur les deux précédents graphiques, la réorientation vers son marché intérieur ne se voit pas du tout. Le plus étonnant c'est que ces vingt dernières années la part de la consommation dans le PIB chinois n'a cessé de baisser, et ce alors même que la croissance battait son plein. Le taux d'investissement est tous simplement absurde et dépasse les 50% du PIB. Aucune économie ne peut fonctionner comme cela. Seul le caractère mercantiliste de l'économie chinoise permet d'expliquer ce phénomène. Nous avons affaire à une surproduction dépassant l'imagination et donc la fin sera aussi surprenante que son apparition. La crise chinoise qui se prépare va faire très mal et je ne vois aucune politique publique susceptible de l’empêcher même en présentant l'état chinois comme incroyablement rationnel et compétent, ce qu'il n'est pas sinon il ne serait pas dans cette situation. On remarquera de plus que depuis le début de la crise de la mondialisation libérale que malgré la baisse des exportations chinoises la consommation a continué à chuter en proportion du PIB.

 

Cela provient certainement des politiques pseudo-keynésienne chinoises qui ont eu comme effet de maintenir la demande croissante malgré l'effondrement simultané de la consommation extérieur et le tassement de la consommation intérieure. Il y a d'ailleurs de nombreuses incohérences dans les données officielles chinoises. D'un côté l'on voit la part de l'épargne qui reste excessive, de l'autre la part des dépenses publiques est stable et pourtant officiellement la croissance continue. Il faut prendre avec une certaine méfiance les statistiques officielles chinoises comme l'avait rappelé en 2009 le site WSWS.

 

 

Mais si le régime de croissance chinois est en danger, c'est aussi parce que sa structure est fondamentalement inégalitaire. La course à l'inégalité n'est en effet pas l'apanage de l'occident. Comme je l'ai déjà répété à de nombreuses reprises, l'économie mondialisée est un système de domination des riches à l'échelle planétaire. Les élites économiques de chaque pays tirant de la mondialisation un moyen pour faire plier ses propres forces de travail et pour concentrer les richesses vers le haut de la pyramide. La course à l'inégalité est un phénomène mondial pas uniquement occidentale. Il suffit pour s'en rendre de compte de voir les émeutes qui ont lieu en ce moment au Brésil. En général cette croissance des inégalités est le fruit d'une baisse étrange de l'inflation. Une inflation qui est sans cesse présentée comme un poison alors même qu'elle n'a pas vraiment dérangé la France des trente glorieuse. En Chine la baisse de l'inflation coïncide comme par hasard avec l'orientation massivement exportatrice du pays comme on peut le voir sur le graphique suivant.

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Le Brésil l'autre pays de la crise.  

 

L'inflation était en fait largement plus forte dans la période peu excédentaire de la chine. Grâce au libre-échange et à l'excédent, l'économie chinoise a permis une croissance peu inflationniste puisque l'on pouvait se passer de la consommation intérieure. Inutile de hausser les salaires pour que la demande soit là. La baisse de l'inflation étant parfaitement corrélée à la baisse de la part de la consommation intérieure chinoise dans le PIB. À cette époque la croissance du pays était pourtant aussi forte qu'aujourd'hui au cas où certains penseraient que globalement le pays a connu une accélération avec la mondialisation. Ce que le modèle mercantiliste a changé ce n'est pas la croissance chinoise, mais la répartition intérieure des richesses , tout comme les déficits commerciaux ont changé la répartition des richesses aux USA ou en France. On assiste en Chine comme ailleurs à un détachement des élites de leur propre pays.

 

Elles courent vers leurs intérêts à court terme. Il se trouve qu'en Chine cette course inégalitaire a pris l'apparence d'un modèle mercantiliste parce que l'élite chinoise avait une contrainte telle qu'elle n'avait pas le choix pour tirer son épingle du jeu. Le problème évidemment c'est que ce modèle est à bout de souffle et ce ne sont pas des plans d'investissement massifs qui changeront la donne dans le cas chinois. L'on sait par ailleurs que le pays est déjà inondé de villes vides et d'aéroports inutilisés. La Chine a effectivement besoin de recentraliser son système industriel pour sa consommation intérieure, mais cela ne se fera pas par la planification. Cela sera le résultat de contraintes que les autres nations lui imposeront par le biais de douanes et des dévaluations. Le Japon vient d'ailleurs de déterrer la hache de guerre en dévaluant. La fin de la mondialisation poussera la Chine à mieux traité ses salariés pour qu'ils épargnent moins et consomment plus.

 

 

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 16:30

 Mon titre étrange résume à mon sens parfaitement la contradiction du système économique occidentale actuelle. Le fait est que ce que les objecteurs du libre marché oublient sans cesse c'est que l'action individuelle des entreprises est d'abord subordonnée à l'anticipation que ces mêmes entreprises font de l'avenir du marché et de la société en général. L'idée saugrenue d'une autorégulation de l'économie est ainsi battue en brèche par l'intuition simple que nous agissons d'abord en rapport à notre environnement. C'est vrai pour les animaux, les plantes, les hommes, et bien évidemment les entreprises. Les actions individuelles ne sont ainsi jamais réellement individuelles puisqu'en quelque sorte elles dépendent les unes des autres. Cela crée un système d’interaction complexe qui ne converge pas naturellement vers le plus grand bien-être général, mais vers un équilibre instable qui peut vaciller à tout moment autour d'une moyenne économique pas forcement très enviable. Le système économique libre et sans entraves est par nature chaotique. Il n'est ni bon ni mauvais, il est juste irrationnel et imprévisible dans ses évolutions.

 

Les états et les puissances publiques dans le passé n'ont pas mis sous les verrous la finance, les banques et le commerce pour des questions idéologiques, ou par amour du centralisme. De Gaule qui avait mis la finance sous clef et qui n'avait guère d'appétence pour le milieu boursier n'était pas vraiment un communiste. Le marché a été mis sous tutelle après guerre parce que les vivants d'alors avaient en leur mémoire les tristes effets du libre marché et de la finance globalisée qui avait concouru à la crise de 29 et par ricochet à la Seconde Guerre mondiale. Il fallait donner du sens à l'orientation économique. Il fallait maintenir des équilibres qui n'étaient pas possible d'obtenir par le simple jeu de la concurrence libre, et le plus souvent faussée. La situation de sous-investissement actuelle en Europe n'est pas le fruit du hasard, mais bien le résultat à long terme de la dérégulation économique qui tenait lieu de politique publique dans les années 70-80. À force de ne plus investir sur son sol l'occident se retrouve aujourd'hui dépourvu d'entreprise et d'hommes aptes à le faire avancer. Son élite vivant de sa rente en important des masses d'objets que nos pays ne savent plus fabriquer. Aucune nation ne s'est jamais enrichie en achetant aujourd'hui ce qu'elle faisait elle même hier. Tout juste, cette situation permet-elle à quelques groupes sociaux minoritaires de sortir enrichis pendant que la masse de la population s'appauvrit. L'Europe actuelle ressemble à l'ancien Empire ottoman en fin de vie, lui aussi a préféré au 19e siècle échanger ses industries et ses artisans contre un enrichissement commercial temporaire. Cela lui a couté la vie quelques décennies plus tard.

 

L'Europe en panne d'investissement

 

C'est sur le blog de Jacques Sapir que l'on trouve des chiffres très intéressants sur le désastre grec. Des chiffres qui comme d'habitude infirment par l'absurde l'efficience de mesure d’austérité sur l'économie des pays en crise. Et que l'on ne parle pas de faire des économies aujourd'hui pour rebondir demain, car on voit mal comment un pays qui connaît un effondrement de ses investissements productifs, seul à même d'hypothétiquement relancer la machine économique, peut préparer l'avenir. La Grèce est doublement punie. L’effondrement des salaires ne la rend pas suffisamment compétitive pour concurrencer l’Europe de l'Est ou l'Asie. Et dans le même temps, l'effondrement de la demande induite par ces politiques a produit un effondrement de l'investissement productif ce qui se mesure dans l'évolution de la formation brut du capital. Disons-le tout net. Les entreprises n'investissent que si elles pensent que cet investissement est nécessaire. À quoi bon accroître les capacités de production, si la demande que l'on prévoit est en baisse ? Le FMI et la BCE redécouvrent ce que Keynes avait démontré depuis longtemps, le lien entre l'investissement et la demande est l'inverse de ce que pense la doxa libérale. C'est la demande qui pousse l'investissement et non l'inverse.

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 Comment peut-on imaginer un redressement productif avec des investissements qui chutent?  : Source le blog de Jacques Sapir


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                             Evolution de l'investissement en Grèce : Source le blog de Jacques Sapir

 

En dehors de la Grèce, il faut aussi noter la triste situation française que vous pouvez voir sur ces deux graphiques. La FCBF sur les biens d'équipements notamment indique clairement le sous-investissement productif qui frappe notre pays. Plus étonnant, le blog crieusa vient de montrer dans son dernier texte le caractère illusoire de la croissance allemande. Il montre, chiffre à l'appui que l’Allemagne se désindustrialise et perd petit à petit ses capacités productives. C'est notamment la FCBf allemande qui contrairement aux idées reçues stagne, voir recule. Cela confirme l'analyse que Jean Luc Gréau avait faite du capitalisme allemand à savoir qu'effectivement les bons chiffres du commerce extérieur allemand sont complètement trompeurs sur le caractère réel de la force productive allemande. En réalité, l'Allemagne importe la plus-value qu'elle réalise dans les pays de l'Est réinventant au passage une nouvelle forme d'asservissement. Mais le territoire allemand lui se vide de sa substance industrielle hypothéquant ainsi l'avenir. Plus grave, la stratégie allemande est, selon criseusa, consubstantiellement autodestructrice. Le choix du capitalisme allemand est littéralement cannibale. L'Allemagne a un modèle de croissance fondé sur sa propre destruction et celle de ses voisins. Sa croissance étant fondée sur la réduction tendancielle de la demande intérieure et de l'investissement local.

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 L'Allemagne un géant aux pieds d'argile : source le blog de criseusa

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La FBCF de la france n'est même pas revenu au niveau d'avant crise.Le plus inquiétant est l'extrême faiblesse de l'investissement dans les biens d'équipement qui traduit la désindustrialisation accélérée du pays.

 

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Si l'on regarde à plus long terme l'on voit que le sous-investissement est bien le fruit de la vague de libéralisation des années 70. La fin de la préférence communautaire datant de 1974. Source l'INSEE.

 

 

Optimisme et investissement

 

Après ce petit aparté sur la situation de l'investissement en Europe, il faut rappeler quel est le mécanisme qui permet à l'investissement de repartir. L'idéologie, actuellement au pouvoir, ne conçoit l'investissement que comme un mécanisme répondant à un mouvement naturel des marchés. Pour les libéraux, le manque d'investissement ne peut venir que deux sources. La première est que la sphère publique est trop étendue et siphonne en quelque sorte le capital et l'énergie de la population. La lutte contre la fonction publique découle de l'imaginaire libéral qui considère le fonctionnaire comme totalement inutile et la fonction publique comme un gaspillage collectif. Car le privé peut faire mieux et moins cher en tous les cas. Ce raisonnement découle de l'hypothèse de départ du libéralisme qui est que l'homme donne le meilleur de lui même uniquement grâce au moteur de l'intéressement économique. Si vous suivez ce blog depuis longtemps vous savez ce que je pense de cette hypothèse. Il est donc évident en partant de cette hypothèse libérale que le fonctionnaire est inefficace puisque son salaire n'est pas directement le fruit de son labeur. Tous le discours sur la haine de la fonction publique et les discours du comptoir du commerce viennent de là. À ce stade l'on pourrait demander à ceux qui croient en ces fadaises s'ils feraient réellement confiance en un médecin qui ne serait mu que par l'appât du gain. En effet ce dernier aurait-il réellement intérêt à ce que vous soyez en bonne santé?

 

Bon, la première hypothèse libérale est fausse, mais la suivante est peut-être plus proche de la réalité. Celle-ci découle de l'équilibre naturel entre l'offre et la demande. Si l'investissement est trop faible, c'est probablement parce que le coût de l'offre est trop fort pour que la demande se fasse sur les produits proposés par les entreprises. Dans cette hypothèse, il faut réduire le coût de production pour que l'investissement reprenne et que la croissance reparte. C'est visiblement cette hypothèse qui sous-entend toute la politique dite de l'offre et qui vise à réduire autant que possible le prix des produits locaux. On remarquera cependant que dans ce cadre d'analyse et en supposant que l'on y adhère il existe de nombreuses solutions au problème. Pour réduire le prix des produits locaux, la solution la plus évidente est de réduire les salaires, ou en cassant l'état et en baissant les charges sociales. Cependant, il y a d'autres variables sur lesquelles nos amis libéraux pourraient pourtant jouer. Par exemple en réduisant la part de revenu de la finance à travers la réduction des dividendes pour les actionnaires. Une solution qui a l'avantage de ne pas comprimer la demande locale. On pourrait rajouter le fait que le protectionnisme commercial et la dévaluation ont exactement le même effet que les baisses de salaires sans en avoir les conséquences sociales. Mais aucune de ces solutions alternatives n'est jamais proposée. Preuve, s'il y en avait besoin, que ce sont bien les intérêts de la finance et de la rente qui tirent les ficelles de la commission européenne ou de l'état français.

 

Mais oublions le libéralisme et revenons à la réalité. Il y a d'abord plusieurs problèmes à l'investissement dans nos pays. Le premier est une folie de la rente capitaliste qui réclame des rendements de plus en plus délirants et qui rend des activités même très rentables non intéressantes. Pour rétablir l'investissement dans des secteurs peu propice à la profitabilité il nous faudra un jour ou l'autre rétablir la main mise de l'état sur les banques et produire du crédit à coût nul pour ce type d'activité. Car ce n'est pas parce qu'une activité a une faible rentabilité qu'elle est inutile. Ne tombons pas dans le piège de l'utilitarisme délirant des libéraux. L'agriculture est bien plus essentielle que l'industrie des semi-conducteurs elle est pourtant bien moins profitable. Ensuite, il faut bel et bien rompre avec l'idée que nous aurions besoin de capital. L'on présente souvent le capital comme un truc qui circule et que personne en particulier ne contrôle. Une ressource rare et précieuse qu'il nous faudrait apprendre à extraire avec l'aide de nos bons docteurs libéraux. Il faut attirer le capital étranger pour qu'ils investissent. Pour cela, cassons le Code du travail, privatisons l'éducation, euthanasions les vieux, etc.. Tout est bon pour attirer le capital si rare et si précieux. Cette vision du capital étonnait déjà Keynes qui y voyait une réminiscence de la société agricole fondée sur la rente terrienne. Les libéraux et la population considérant le capital financier comme le capital terrien et agricole. Sauf que cela n'a rien à voir. Si la terre est rare, le capital il se fabrique. Et que l'on ne sorte pas l'argument de l'hyperinflation. Car avec l'avalanche délirante de produits financiers et d'émission monétaire actuelle, le loup inflationniste met pourtant bien du temps à se montrer. L'émission monétaire publique permettra de se passer de la bourse et des produits dérivés et je crois que l'on ne s'en portera que mieux.

 

Les entreprises n'investissent que lorsqu'elles n'ont pas d'autres choix

 

Ensuite il faut rendre rentable un investissement en France. Là on en revient à la question monétaire et au libre-échange. À l'heure actuelle, la différence du coût du travail interdit l'investissement productif dans notre pays. Mais il faut bien se rendre compte de l'écart salarial phénoménal qu'il y a entre nos vieilles nations et les nouvelles puissances industrielles . Un écart qui s'ajoute au fait que les puissances agressives d’Asie utilisent abondamment leur monnaie pour tailler nos industries en pièces. Les politiques de baisse des charges sont en ce sens complètement à côté de la plaque puisqu'elles ne sont absolument pas à l'échelle du problème. Dans le meilleur des cas, nous diviserions par deux le coût du travail local et cela en ignorant le coût qu'engendre la privatisation des services publics qui accompagnerait inéluctablement la baisse des charges. Les USA nous montrent par exemple l'inefficacité spectaculaire d’un système de santé privé. Les entreprises US doivent dépenser bien plus d'argent au final que les entreprises françaises pour la santé de leurs salariés et cela pour une efficacité largement inférieure. La suppression des charges sociales ne produira aucun effet positif en France parce que les entreprises savent bien que le coût de l'importation du travail asiatique restera, même dans ce cadre, largement inférieur. Paradoxalement, il est probable que les baisses de charge accélèrent en fait la baisse de l'investissement puisque les économies réalisées grâce à ces baisses de charge permettent aux entreprises de délocaliser plus vite.

 

Pour réorienter l'investissement en France, il faut avant tout faire en sorte que les entreprises n'aient pas d'autre choix que de le faire. Tout d'abord en rendant les importations non compétitives en jouant sur la dévaluation, les quotas et les droits de douane. Ces politiques devront être à la mesure du problème. Ensuite en redonnant à la demande un vrai dynamisme, car comme je l'ai dit précédemment ce n'est pas l'investissement qui crée la demande, mais le contraire. Étrangement et contrairement aux idées actuellement très en vogue, relancer les salaires en France ne refera pas reculer l'investissement bien au contraire. En anticipant une demande en hausse et en bloquant les possibilités de faire appel à l'étranger pour produire nos entreprises seront beaucoup plus en clin à investir dans notre pays. On l'a bien vue dans la courte période 1998-2000, il a suffi d'une dévaluation et d'un retour à l'anticipation positive pour que l'investissement reparte fortement pendant quelque temps. Bien payer les salariés ce n'est pas amoindrir l'investissement, c'est bien au contraire le favoriser. Il faut sortir de l'idée absurde qui conduit à penser le dynamisme économique comme contraire au bien-être de la population.

 

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21 mai 2013 2 21 /05 /mai /2013 16:03

 Emmanuel-Todd_IsUgoria_5-12-11_DSC88321.jpg Le dernier débat de l'émission de Frédéric Taddéi a vu un affrontement entre Emmanuel Todd et le célèbre eurobéat certifié Jean Quatremer. Un débat qui n'en était pas vraiment un puis qu’à mon sens on ne débat pas avec des intégristes et des idéologues, on les affronte. Les idéologues européistes et germanophiles compulsifs s'en prennent en ce moment à Todd. D'après eux il serait un infâme germanophobe à cause de ses attaques verbales répétées contre l'Allemagne. Emmanuel Todd, dont j'adore les œuvres, est, il faut bien le dire, un sacré poil à gratter national. Et si je l'ai souvent critiqué pour ses orientations politiques, ou ses propos légèrement angéliques sur l'immigration. Il n'en demeure pas moins l'un des esprits les plus importants de l'histoire française récente. Et nul doute que l'on parlera encore des œuvres de Todd en 2100 alors que le pauvre Quatremer aura depuis longtemps été oublié et son UE avec lui. Enfin j'exagère, il paraîtra sûrement dans les œuvres d'un historien parlant des penseurs décadents du début du 21e siècle. On pourrait toutefois ici dire que le Todd s'est encore laissé emporter par ses propos et son exubérance habituelle en faisant aussi ouvertement un procès à l'Allemagne et à son élite. 

 

Après tout, ce ne serait pas la première fois que Todd s'emporte. Ce n'est pas un homme de média qui calcule ses propos en fonction du nombre de caméra qui l'observe. Il est toujours naturel, et peut éventuellement avoir des termes qu'il regrettera ensuite. Cependant sur l'Allemagne je lui donnerais entièrement raison, et je pense même qu'il a été bien timoré sur ce coup.

 

L'Allemagne un pays sans avenir

 

Car la seule véritable critique que l'on peut faire de Todd c'est son étrange surestimation de la nation allemande. Loin d'être germanophobe, il y a même chez Todd une espèce de méfiance excessive quant à la puissance allemande. Une méfiance étrange puisque Todd est mieux placé que quiconque en tant que démographe pour savoir que l'Allemagne est un pays qui décline et qui va décliner de plus en plus vite. La situation actuelle est d'ailleurs en grande partie le fruit de ce déclin démographique qui aura nécessairement des effets extrêmement graves sur l'économie de ce pays à long terme. On pourrait dire en un sens que l'excédent allemand actuel est une espèce de chant du signe, ou de dernier feu d'artifice avec extinction définitive. Osons le dire, au rythme démographique actuel les allemands parleront le turc bien avant que l’Europe ne se mette à parler l'allemand.

 

Cet étrange paradoxe qui nous fait voir une nation mourante comme dynamique tient à la perception purement économique de l'homme moderne. La vision éconocentrique, si je puis user d'un néologisme, rend la perception de la réalité des nations étrange. Les intelligentsias modernes ne voyant et n'analysant la réalité qu'à l'aune du PIB ou du commerce extérieur d'un pays. Pourtant l'économie n'est qu'un paramètre lui-même assez secondaire. La démographie, la pensée, le progrès technique, la géographie, les ressources naturelles sont tous des données largement plus importantes que le taux de croissance du PIB qui dépend d'ailleurs essentiellement de ces éléments précité. La nation allemande est en train de se vider de ses hommes. Un coup d’œil rapide au taux de natalité et à l'évolution démographique suffit à s'en convaincre. Il ne faut pas avoir peur de l'Allemagne, il faut avoir peur pour elle et pour les conséquences macroéconomiques que cette situation va engendrer.

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(Source : dastatis.de

 

Les Allemands nous entraînent avec eux

 

Ce déclin démographique allemand extrêmement prononcé a évidemment de nombreuses conséquences sur l'économie allemande. Mais comme dans tous processus démographiques, ces conséquences suivent une évolution avec des phases séquentielles fort différentes au fur et à mesure que le temps passe. De la même manière, la transition démographique dans tous les pays du monde a eu des conséquences macroéconomiques différentes suivant le stade de la transition dans lesquels les pays se sont retrouvés. Un mécanisme qui peut être favorable à un pays à un moment donné de l'histoire économique peut aussi casser ce dernier à long terme. La transition démographique passe ainsi toujours par une phase dans laquelle la population active gonfle très fortement lorsque la natalité baisse . Il existe ainsi un laps de temps d'une trentaine d’années où les vieux sont encore rares et les jeunes sont en moins grand nombre. Cet allègement collectif du nombre de personnes à charge permet momentanément d'avoir une surcroissance et d'élever la quantité de capital par tête plus rapidement. L'Asie de l'Est et la Chine notamment sont dans cette phase particulièrement favorable de leur transition démographique. On notera d'ailleurs que moins un pays va avoir d'enfants et plus à court terme il va pouvoir élever le capital disponible par tête. On pourrait citer la Corée du Sud pour l'illusion de dynamisme fourni à court terme par la très faible natalité. Malheureusement, cet effet produira un très fort ralentissement économique lorsque le ciseau démographique aura fait son œuvre. Les jeunes actifs en surnombre devenant des retraités en surnombre. L'hiver démographique certains pays le connaissent déjà, le Japon et l'Allemagne notamment. Et l'on va voir que les conséquences économiques sont extrêmement désagréables non seulement pour ces pays, mais aussi pour leurs voisins.

 

La décision récente du premier ministre japonais de dévaluer le Yen a surpris beaucoup de monde. Et effectivement entre novembre et aujourd'hui le Yen est passé de 82¥pour un dollar à plus de 103¥. Mon collègue Laurent Pinsolle s'est empressé de voir dans l’accélération de la croissance japonaise au premier trimestre les effets bénéfiques de la dévaluation. Évidemment il défend la dévaluation en France à travers la sortie de l'euro, ce que je veux moi aussi. Il peut y voir un argument favorable aux idées qu'il défend à court terme pour la France. Sauf que la situation du Japon avant la dévaluation est très différente de celle de la France. Ce pays n'avait pas de déficit commercial majeur. Le Japon doit faire face comme tout le monde à la concurrence de la Chine et de la Corée du Sud. Il y a eu aussi l'affaire Fukushima qui a dégradé la balance des paiements en augmentant la dépendance au pétrole du pays. Mais on ne peut pas dire que le Japon avait un gros problème de déficit commercial surtout avec l'Europe et les USA. Or la dévaluation va surtout permettre au Japon d'exporter plus en occident c'est-à-dire avec une région du monde avec laquelle il était déjà en excédent. En fait loin de nous réjouir nous devrions plutôt nous inquiéter, car le Japon a compris une chose, il doit imiter l'Allemagne.... Il n'y a pas eu de relance au Japon, les salaires font du surplace et la demande intérieure est neurasthénique à cause de la démographie déclinante et d'une forte hausse des inégalités de revenu. Le Japon est l'un des pays développés où le coefficient de Gini s'est le plus dégradé depuis les années 90. Avec la dévaluation le Japon a choisi de faire comme l'Allemagne et de tirer sa croissance par l'excédent commercial avec les pays développés. Il va aggraver la crise mondiale en tirant vers lui la maigre demande de l'occident. On est dans un immense jeu de chaise musicale ou chaque pays essaie de faire son beurre au détriment du voisin. Les Américains étant hors jeu puisque produisant la monnaient pour que le jeu continue. 

 

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Exportation japonaises jusqu'en 2011 (sources stat.go.jp)

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 Importations japonaises jusqu'en 2011 (sources stat.go.jp)

 On voit bien en comparant les deux tableaux que le Japon avait des excédents avec l'Europe et les USA. Sans relance de la demande intérieure rien ne justifiait la dévaluation avec ces deux zones commerciales. Le vrai problème du Japon étant l'Asie de l'Est. 

 

Taux du Yen 

Dévaluation du Yen (source Bloomberg) 

 

Les Japonais ont des conceptions commerciales et économiques très proches de nos voisins allemands. Ils partagent en plus avec eux le même destin démographique. La différence entre les deux pays dans l'évolution commerciale récente est que l'Allemagne a un précarré de nations imbéciles soumises qui partage la même monnaie qu'elle. Le Japon n'a pas la possibilité comme l'Allemagne d'avoir une monnaie « faible » comme l'euro, tout en engendrant des excédents commerciaux pour stimuler sa croissance anémiée par sa démographie. En effet, l'euro évolue en fonction de la balance commerciale de l'ensemble des pays membres. Les déficits français, italiens, espagnols et autre compensent en quelque sorte les excédents allemands faisant de la zone euro une zone monétaire à l'équilibre. De fait, l'euro reste à son niveau stable, et l'Allemagne peut grâce à la faiblesse de ces voisins faire exploser ses excédents commerciaux. Le Japon, lui, est obligé de payer monétairement le prix de sa politique. Il faut bien comprendre que le Japon et l'Allemagne sont des nations mercantilistes anciennes, elles sont aujourd'hui concurrencées par les nouvelles venues et elles adaptent leurs stratégies de strangulation de l'occident à ces nouvelles venues.

 

Cependant si à l'origine ces stratégies commerciales agressives sont nées dans les années 70-80 avec l'ouverture aux échanges de leurs futurs victimes, la motivation de ces nations a quelque peu changé. En effet, la gueule de bois démographique commence à sérieusement se faire sentir que ce soit en Allemagne, ou encore pire au Japon. Le Japon ne faisant aucune politique migratoire il ne peut cacher comme l’Allemagne son effondrement humain. L'Allemagne quant à elle fait venir des immigrés en grand nombre, mais les problèmes s'accumulent comme chez nous. À long terme les démographes d'ailleurs pour dire que les nouvelles venues finissent souvent par faire aussi peu d'enfants que les locaux ce qui ne fait que prolonger l'agonie en quelque sorte. Cette contraction de la population produit mécaniquement une stagnation, voire une contraction du PIB, et ceci même si le PIB par tête augmente. Il induit dans les entreprises et la population un certain pessimisme sur le plan économique poussant à la réduction des investissements. La seule façon de compenser est alors de chercher ailleurs la demande qui manque à l'intérieur. De fait, au mercantilisme triomphant germano-nippon des années 70-90 a succédé un mercantilisme de survie. Il est probablement plus dangereux, car il est mu par un instinct de survie économique de ces nations. En un sens, on pourrait dire qu'avec la dévaluation du Yen intervenue cette année le Japon et l'Allemagne ont reformé l'Axe sur le plan commercial. Mais à la place d'un espace vital, ces pays cherchent maintenant une demande vitale chez les pays moins démographiquement suicidaires.

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Démographiquement l'Allemagne et le Japon ont le même destin. Va-t-on vers l'Axe des vieux?  

 

Stop à la francophobie française

 

Avec tout ceci on pourrait se dire comme Obélix « ils sont fous ces japonais et ces Allemands ». En quelque sorte oui puisque leur logique nous conduit irrémédiablement dans l'impasse, eux y compris. Puisque leurs excédents finissent par tuer leurs clients. Pour corser le tout, les Chinois et les Coréens sont aussi mercantilistes et ils suivent les mêmes traces démographiques que les prédécesseurs avec des déséquilibres encore plus graves d'ailleurs. On pourrait croire que quelques voix vont s'élever au milieu de cette folie pour dire qu'il faut peut-être relancer la natalité locale, et augmenter les salaires pour tirer la demande intérieure. Cependant, je crains qu'à moins d'une vraie réaction des victimes ces pays ne changent pas de politique. Nous nous dirigeons nécessairement vers un choc en retour, qu'il soit volontaire ou non.

 

Ce qui est cependant étrange c'est l'incroyable haine de soi que dégagent les élites françaises et une partie de sa population. Qui n'a pas entendu « les Français sont nuls », on a même des guignols d'extrême droite suisse nous disant du haut de leur paradis fiscal que la France est foutue, surtout à cause des immigrés. Cette haine de soi prend d'ailleurs des allures de farce chez l'extrême droite du FN dont le site fdesouche se fait le porte-parole. Pas un seul texte économique parlant de la France n'évitant les sempiternels délires sur la « France n’est qu'un pays d'assistés » ou le « imitons l'Allemagne, eux y sont travailleurs » . Avec des patriotes de ce genre, la France n'a plus besoin d'ennemis. De l'extrême gauche à l'extrême droite, tout le parc politique semble nourrir une incroyable haine de la nation française, un pessimisme totalement délirant. Pourtant notre démographie, même si trop faible, n'est pas catastrophique. Et étant donné les politiques absurdes pratiqués par nos élites depuis trente ans c'est un miracle que le pays ne soit pas dans une situation bien pire. Cela prouve au contraire l'incroyable résistance du pays. Plus tôt que d'essayer d’imiter une nation mourante comme l'Allemagne, laissons là s'enfoncer seul dans son délire. La simple sortie de l'euro fera déjà beaucoup de bien à l'économie française. Imposons à l'Allemagne l'équilibre de la balance commerciale à travers des taxes et des dévaluations, ils finiront par arrêter leur folie et retrouveront alors peut-être le chemin de la raison. Comme l'avait bien vue Todd dans l'illusion économique, les Français par leur veulerie et leur mentalité de dominé, poussent les Allemands à donner le pire d'eux mêmes.

 

Dans tous les cas, l'Allemagne ne peut pas être donnée en exemple. Ni le Japon d'ailleurs. Si encore Shinzo Abe avait relancé la demande intérieure et les salaires, la dévaluation aurait pu être considérée comme une relance keynésienne. Mais il n'en est rien. Les avantages comparatifs de ces pays mercantilistes se font au détriment de son propre avenir. Si tous les pays du monde pratiquaient la même politique qu'eux, nous irions droit vers l’extinction. Ce n'est donc pas un modèle généralisable. À nous français, d'inventer un modèle équilibré, fondé sur une politique d'équilibre extérieur et de relance intérieure. Nous devons inventer un modèle qui pourrait être généralisé. Pour cela il devra être fondé sur des équilibres économiques démographique et écologique à long terme. Le modèle germano-nippon est une impasse.

 

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 16:00

shadoks-3.1170669778Que le temps passe vite lorsque l'on n’écrit pas sur son blog. Il y a sept mois que je vous ai lâchement abandonnés. Je ne m'étendrais pas sur cette raison. Disons pour faire simple que des raisons techniques et personnelles m'ont empêché d'écrire dans un premier temps, et qu'une crise de fainéantise aiguë m'a empêché de reprendre lorsque cela aurait pu être possible. Il y avait aussi une espèce de lassitude face à la sombre débilité qui semble frapper nos gouvernants. Quelques mois après cet arrêt donc, tout semble plus clair, enfin non, pas vraiment en fait. Ce qui devait arriver est arrivé, et le PS s'enfonce de plus en plus vite dans la gadoue qu'il a lui-même fabriquée avec sa pseudo-opposition ces quarante dernières années. Malheureusement, il nous entraîne avec lui. Mais ne vous inquiétez pas, leurs collègues de l'UMP nous surprendront avec des propositions visant à faire couler la France encore plus vite que ne le font les socialistes.

 

Pour cette reprise du blog, il me semble nécessaire de faire une petite mise au point de la situation actuelle et de réexpliquer clairement l’impossibilité d'une sortie de crise dans les conditions actuelles. Car il faut bien avouer que les quelques bribes de réflexions qui fusent à travers le petit écran et les organismes de propagande officiels font montre d'une indécrottable bêtise dogmatique. Les chiens de Pavlov du néolibéralisme étant bloqué en position déflation salariale, et contrition des niveaux de vie. Et pourtant le désastre de ce genre de politique est déjà là en Grèce et en Espagne pour montrer en pratique le caractère complètement suicidaire d'une contraction volontaire de la demande intérieure. D'ores et déjà l'on signale des phénomènes de malnutritions en Grèce, en Europe, au 21e siècle. C'est tout simplement inacceptable et les responsables, intellectuellement irresponsables, de cette situation devront un jour, je l'espère, répondre de leurs crimes, comme naguère les nazis à Nuremberg. Car il s'agit bien aujourd'hui d'un crime contre l'humanité et contre les peuples d'Europe qui se trame chez les élites européennes. Loin de défendre leurs peuples, ces élites continuent sans faiblir à défendre les intérêts des multinationales et leurs petits profits personnels. L'affaire Cahuzac ne fut en ce sens qu'un révélateur de quelque chose de plus profond , d'une corruption systémique qui est profondément encrée dans les institutions françaises et européennes.

 

Comment sinon expliquer l'incroyable situation actuelle qui voit des politiques économiques infructueuses se faire reconduire inlassablement année après année ? Les deux piliers des politiques libérales sont le suivisme idéologique et la corruption. Je pensais assez naïvement jusqu’alors les deux piliers de même envergure, il semblerait pourtant que le second soit de bien plus grande importance que le premier. On comprendra donc mieux les propos récents de Frédérique Lordon qui pense maintenant qu'aucun changement ne pourra sortir des urnes. Il me semble cependant peu probable qu'un quelconque mouvement de masse renverse le système. Certes, les élections italiennes récentes semblent prouver que des changements peuvent arriver. L'union antinationale en Italie (appellation plus légitime, eu égard aux politiques qu'elle va pratiquer) prépare probablement l'effondrement général des institutions de ce pays. Car désormais les jeux sont clairs, la gauche officielle ou la droite officielle que ce soit en Italie en France en Grèce ou en Allemagne ce sont avant tout des libéraux qui agissent dans l’intérêt des multinationales et des possédants. L'UE et l'euro c'est leurs moyens de contrôle sur le revenu des peuples d’Europe. Ce sont des structures qui mécaniquement, par le libre-échange et la libre circulation des capitaux favorisent la rente au détriment du travail, de la production et du développement de nos nations. Mais ce n'est pas une éventuelle émeute française ou italienne qui mettra fin à l'UE et à l'euro. Mais bien plus les intérêts divergents des classes possédantes européennes. Et particulièrement l'imaginaire des classes possédantes allemandes qui mettra, je l'espère, fin aux délires européens par syndrome de supériorité interposé.

 

 

Petit résumé de l'origine de la crise.

 

Mais avant d'en venir à l’Europe, et à la France, parlons un peu de la situation mondiale. L'économie mondiale ne va pas bien. Même si l'Europe semble être l'homme mourant de la planète, le reste de l'économie mondiale n'est pas vraiment en meilleure forme. Et ce n'est guère surprenant puisque cela fait maintenant quarante ans que les libéraux et les multinationales euro-américaines poussent à la mondialisation et à la libéralisation des échanges. On a voulu rendre les peuples totalement interdépendants, il ne faut donc pas être surpris que l'agonie de l'Europe ou des USA ait des répercussions sur le reste de la planète. L'Asie a fait sa prospérité sur la destruction des industries européennes et américaines, oubliant au passage de rémunérer correctement leurs propres ouailles. Aux salariés bien rémunérer et protéger d’Europe et d’Amérique d'après-guerre ont succédé des esclaves sous-rémunérer et des riches vivant de leurs rentes en nombre infinitésimal comparativement à l'ancienne classe moyenne occidentale. De facto, cette situation a contracté mécaniquement la demande solvable de la planète, celle qui n'a pas pour moteur le crédit à la consommation. Et c'est bien là le hic dans la grande mécanique néolibérale. Les riches ne consommant pas autant que les pauvres en proportion croissante de leurs revenus. Ils achètent certes à profusion des choses inutiles. Mais malgré tout leurs délires consuméristes, ils ne parviendront jamais à maintenir le rapport entre le revenu épargné et le revenu consommé que les pauvres ont. De fait, la part du revenu épargné augmente pratiquement proportionnellement au niveau de richesse. C'est cette contradiction qui est fatale à cette mondialisation. La crise actuelle n'est que la démonstration par l'absurde que l'accroissement des inégalités de revenu est néfaste pour une économie aux gains de productivité croissants. Loin d'être le moteur de l'économie, l'inégalité est hautement nuisible. Les élites chinoises qui ne veulent pas de l'inflation salariale, pas plus que celles d’Europe, se sont donc mises elles aussi à la croissance par l'endettement des ménages et des entreprises. Avec des excès à l'espagnole puissance 10. La crevaison des bulles chinoises préparant la retombée du soufflé chinois avec toutes les conséquences géopolitiques que cela pourrait avoir en Asie. On imagine déjà une chine avec une croissance à seulement 2 ou 3% et un taux de chômage qui explose. Connaissant la mentalité chinoise on pourrait se retrouver avec quelques guerres à l'ancienne visant à exporter les tensions intérieures, on connaît ça en Europe.

Balticdry Avril2013

Sur le graphique ci-dessus on constate à quel point le commerce mondial est au point mort (source bloomberg) 

Cette concentration des richesses, aboutissement inéluctable de la globalisation, a produit la crise à travers les mécanismes d'endettement. Des dettes qui ont permis pendant quelques décennies de continuer à faire semblant de croire en Amérique comme en Europe que tout était comme avant. Et que l'on pouvait avoir de la croissance tout en voyant l'industrie, l'agriculture et toute la sphère de l'économie réelle partir en Asie ou en Europe de l'Est. La crise économique officiellement partie de l'explosion de la bulle immobilière américaine en 2007 n'est en fait que l'aboutissement d'une crise beaucoup plus profonde et datant des décisions économiques prises en occident dans les années 70. La libéralisation des échanges commerciaux condamnant toute forme de politique macroéconomique de relance en créant des phénomènes de vase communicant par l'intermédiaire des déficits commerciaux. Lorsque les USA relancent leur demande intérieure à coup de milliards de dollars, le seul effet qu'ils obtiennent aujourd'hui est une aggravation du déficit commercial. Ils ne créent d'ailleurs chez eux que des emplois de service lors de ces plans de relance. Il en va de même en Europe. De fait les pays mercantilistes, ceux qui attendent de leurs excédents commerciaux un retour à la croissance, pompent la demande mondiale dans une stratégie non coopérative destructrice aujourd'hui de la croissance mondiale. Et s'ils sont gagnants à court terme dans le jeu de la mondialisation, ils finiront par être rattrapés par la langueur que leurs avantages commerciaux provoquent ailleurs dans le monde. À l'heure actuelle la Chine l'Allemagne, le Japon, et la Corée du Sud qui forment ce que l'on pourrait appeler l'Axe du mercantilisme ont pompé collectivement toute la sphère productive de la planète.

 

On a oublié en Europe comme aux USA que les politiques de l'offre si chère aux libéraux sont des politiques intrinsèquement microéconomiques. C'est-à-dire qu’elles négligent le cadre collectif de leur application et supposent, sans le savoir, une indépendance entre l'évolution de l'offre et la demande. Pour les libéraux l'offre trouvera toujours une demande si le produit ou le service correspond à la demande. Dans leur « pensée », il n'existe pas de problème de demande, car « l'offre crée sa propre demande ». C'est évidemment faux, tout comme il est faux d'affirmer que l'épargne est naturellement égale à l'investissement. Il existe des déséquilibres qui produisent des crises s'ils ne sont pas corrigés par des politiques macroéconomiques compensatrices. Politiques qui sont évidemment impossibles dans le cadre du libre-échange total. Répétons cette évidence, tous les pays du monde ne peuvent pas avoir des excédents commerciaux en même temps. Une économie mondiale viable ne peut être réalisée que si les balances des paiements sont à l'équilibre partout à plus ou moins long terme. Et cela n'est possible que s'il y a une régulation du commerce mondial par le truchement des politiques protectionnistes, par des politiques de revenu et par des variations des taux de changes locales. Faire une politique de l'offre, dans un monde où la croissance est forte lorsque l'on est un petit pays, peut ne pas poser de problème, car notre propre poids est négligeable en regard du PIB mondial. Dans ce cas, et en partant de l'hypothèse que cette politique n'est pas imitée par les marchés visés à l'exportation, alors oui la politique de l'offre peut fonctionner. Mais cela fait bien longtemps que de telles conditions ne sont plus réunies. L’Allemagne et le Japon ont pu faire illusion dans les années 90-2000 grâce à l'énorme endettement qui s'est formé aux USA et ailleurs dans les pays de l’Europe latine. Mais aujourd'hui, ces pays sont exsangues, quant aux USA les relances n'ont plus aucune efficacité sur l'emploi. Et malgré l'avantage du dollar, on en vient à se demander si les USA ne vont pas en venir à n'employer que des fonctionnaires directement payer par l'impression de billets verts pour créer des emplois. Tellement les plans de relance sont devenus inefficaces sur l'emploi.

balance commer US 2012

 

La balance commerciale des USA a replongé sous l'effet des plans de relance Obama. Quand la croissance US plonge, la balance commerciale remonte. Ce qui finit par casser la croissance qui ne peut pas s'auto-entretenir. La consommation locale ne soutenant que partiellement l'emploi local, si ce n'est indirectement sous la forme d'emploi dans les services lié aux produits importés. C'est aux USA que la déconnexion entre l'offre et la demande est la plus grande engendrant des difficultés de plus en plus grandes dans la gestion macroéconomique du pays. C'est le prix à payer pour permettre à la finance rentière de vivre avec son train de vie délirant, pendant que le prolétariat US crève en silence.

 

 

Affirmons-le, aujourd'hui il y a une crise de surproduction planétaire. Trop d'offres et pas assez de demandes. La plupart des pays du monde attendent que les autres relancent leurs demandes intérieures. La Chine, pays de plus de 1,4 milliard d'habitants, attend impassiblement que l'oncle Sam arrose la planète de billets verts pour qu'elle puisse continuer d'exporter et d'employer ses millions d'esclaves. L'international des riches conduit la planète à une impasse. Et si tous les yeux sont rivés sur l'Europe, il ne faudrait pas oublier la très rapide dégradation des économies des pays émergents en commençant par la Chine et l'Inde. La grande déconnexion planétaire entre l'offre et la demande a créé une situation ingérable pour tous les pays du monde. La seule solution étant bien évidemment la relocalisation des activités et une réévaluation des rémunérations du travail à l'échelle de chaque pays. Il faut réapprendre à payer le juste prix des choses.

 

 

Et la France dans tout ça ?

 

En Europe et en France se rajoutent à la crise la lourdeur des structures européennes et le poids incommensurable de l'euro. Dans le système du libre-échange intégral, il ne reste en effet qu'un seul moyen de protéger un peu sa propre production et sa demande intérieure, c'est la dévaluation. Cet outil peut d'ailleurs être couplé à une politique de la relance intérieure pour réorienter la consommation vers les produits ou les services locaux en renchérissant le coût des importations. Et ceci tout en faisant baisser le coût de vos propres produits à l'exportation. La relance dans un cadre libre-échangiste doit donc toujours s’accompagner d'une dévaluation pour éviter le creusement du déficit commercial, le seul qui compte et dont on ne parle jamais. Hors cet outil-là, la France ne l'a plus. Nous partageons en Europe une seule monnaie pour des économies totalement divergentes. Cet état de fait concentre donc en Europe les effets de la crise de la demande planétaire.

 

Si l'on résume la situation mondiale actuelle, il y a trois zones économiques. La première, celle de l'empire américain est très particulière. En effet, les USA possèdent le dollar, une monnaie dont la valeur ne dépend pas de la situation commerciale des USA . Les USA peuvent inlassablement produire de la monnaie internationale leur permettant d'acheter des produits provenant de la planète entière. Cet avantage colossal leur permet d'exporter leur inflation et d'avoir une économie totalement désindustrialisée. En effet à quoi sert-il de produire quelque chose quand vous pouvez imprimer des billets et acheter indéfiniment tous les produits du monde ? La seule industrie américaine c'est celle de l'imprimerie et de la finance. De l'autre côté il y a l'Asie qui joue dans l'empire le rôle que l'Europe et le Japon d'après-guerre ont joué, celui de producteur. La chine est devenue en deux décennies le producteur attitré de l'empire, son avantage en matière de coût étant imbattable. La dernière zone est celle de l'Europe. Cette zone était il y a peu le gros fournisseur de l'empire, mais ce dernier a trouvé moins cher ailleurs. D'abord au Japon dans les années 70-80, puis en Corée et maintenant en Chine. Le problème des Européens c'est qu'ils n'ont aucun des avantages des deux autres zones. Les élites européistes ont voulu faire de l'euro le nouveau dollar, mais cette stratégie a échoué. Et nos pays ne sont pas compétitifs sur le plan industriel à moins de contracter de manière considérable le coût du travail comme le font les Allemands. Les élites européennes qui ne veulent pas de la dévaluation pour pouvoir elles même continuer à consommer des produits pas chers venant d'Asie ont donc choisi la stratégie du pire, celle de la déflation salariale et du chômage de masse qui lui est associé.

 

 

Si nous voulons continuer à vouloir vivre de l'exportation, il va soit falloir réduire fortement les salaires soit dévaluer massivement l'euro. Mais il existe une autre voie de sortie et j'en ai longuement parlé sur ce blog celui de la rupture avec la mondialisation impériale américaine. Il faut ignorer les marchés extérieurs et nous concentrer sur le nôtre comme nos ancêtres l'ont toujours fait. Nous devons relocaliser la production, mais aussi la demande en recréant un équilibre entre les deux. Un équilibre qui sous-entend évidemment une situation de plein emploi. Dans cette optique c'est bien vers le protectionnisme qu'il nous faut aller. Mais un protectionnisme qui ne vise pas les excédents commerciaux, mais le découplage progressif de l'économie mondiale. Et cela de façon à rendre à nouveau efficaces les plans de relance et les hausses de salaire sur le dynamisme de la production locale.

 

Du hollandisme révolutionnaire au hollandisme involutionnaire ?

 

L'avenir de la France est partagé. S'il n'en tenait qu'à notre propre pays d'agir et à nos élites de nous sauver, nous aurions bien du souci à nous faire. Car c'est à mon humble avis vers la dictature soft que les élites françaises aimeraient nous mener. Les solutions à la crise ne sont guère compliquées en fait. Tout le problème est d'imaginer la manière dont ces politiques pourraient arriver au pouvoir. Et dans le cadre de la « démocratie » française, il y a beaucoup de raisons d'être pessimiste. On imagine déjà l'élection de 2017 avec un taux de chômage officiel à 25 ou 30% et un FN qui arrive en tête au premier tour. Le gouvernement annule les élections puis interdit le parti de Marine Lepen au nom des droits de l'homme et de la démocratie.... Puis l'arrivée d'un gouvernement d'union national comme en Italie avec les militaires dans les rues pour empêcher les émeutes. Fort heureusement, l'euro aura peut-être explosé avant d'en arriver là. Mais ce n'est pas sur le suffrage universel qu'il faut compter, mais bien plus sur la bêtise des croyances collectives qui servent d'analyse économique à la masse des peuples européens. Comme je l'ai longuement souligner le scénario le plus probable de la fin de l'euro sera celui d'un rejet allemand. Même si c'est irrationnel et contraire à court terme aux intérêts de ce pays, tout concourt à cette hypothèse. En effet, ce n'est pas la réalité économique qui compte dans les politiques menées ,mais bien l'image que s'en font les élites et les peuples. La dialectique libérale a autant empoisonné le peuple allemand que le peuple français. Et les Allemands sont convaincus que l'euro est mauvais pour eux, non pas parce qu'il détruit la demande de leurs voisins,  mais bien parce qu'il nuit à l'économie allemande qui paye pour les irresponsables.

 

François Hollande grâce à son incroyable inaptitude à diriger le pays, et à sa formidable aptitude à pratiquer des politiques contraires aux intérêts du pays, va faire s'écrouler la demande française plus rapidement que je ne l'aurai espéré. C'est triste évidemment puisque cela va conduire à l'explosion du chômage, seulement ce n'est qu'à cette condition que la croissance allemande plongera puisque la France est son premier client. S'en suivra l'arrivée à complétude de mon hypothèse de fin de la monnaie unique, à savoir la sortie de l'euro de l'Allemagne. L'effondrement de l'euro permettra peut-être enfin à un bouleversement politique salutaire en France. Le Hollandisme révolutionnaire de Todd sera alors réalisé par l'involution économique produite par le libéralisme hollandien. Si Hollande devient révolutionnaire ce sera vraisemblablement par inadvertance.

 

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3 septembre 2012 1 03 /09 /septembre /2012 22:40

TrouNoir1_defaultbody.jpgL'heure est grave, même les chantres de la mondialisation heureuse commencent, à voir le gouffre dans lequel l'humanité est entrée. Mais ne rêvons pas. Les libéraux, bien loin de comprendre la nature de ce gouffre, ne vont pas cesser de l'élargir avec leurs remèdes empoisonnés. Les statistiques sont maintenant formelles, les pays excédentaires, derniers illusions d'un modèle qui fonctionnerait tombent à leur tour dans la crise. Même l'immense Chine connaît un ralentissement économique important ce qui ne semble pas atteindre le cerveau de cette pauvre Angela Merkel qui croit sauver l'Allemagne en laissant périr ses voisins et en développant ses exportations dans le chimérique marché chinois. À quoi ressemblera donc ce marché lorsque les USA et l'Europe seront en récessions ? Cependant si cette crise qui ne devrait pas exister selon les théories pseudo-scientifiques du libéralisme produit des effets dévastateurs sur l'économie de nos nations, et si le discrédit des économistes est aujourd'hui total dans la population, le fait est que leurs idées malsaines continuent d'étendre inlassablement leurs effets pervers. Paralysant toujours les élites et les populations en les empêchant de faire la nécessaire rupture copernicienne d'avec l'Ancien Monde. En cette fin d'été 2012, les pensées sont paralysées, tétanisées face à l'ampleur du désastre que quelques jeux et diversions parviennent  tant bien que mal à cacher à l'opinion publique. En France même la vie est paisible, les médias sont aux anges depuis l'élection du saint socialiste qui va tous nous sauver. Et pourtant le chômage monte malgré les efforts désespérés des statisticiens pour camoufler le niveau de chômage réel du pays qui est au moins de double du taux officiel.

 

Allons-nous tous mourir pour sauver le libéralisme?

 

La crise actuelle est maintenant politique, bien avant d'être purement économique. Car les blocages des politiques sur le mode libéralisme sont plus le fait de lourdeurs politiques que d'une victoire intellectuelle d'un libéralisme agonisant. Cette rentrée scolaire va être redoutable et l'année 2013 qui arrive est porteuse de lourdes difficultés pour les élites occidentales et françaises en particulier. J'aimerai vous dire à la manière d'un Jacques Sapir qui voit la fin de l'euro à tous les coins de rue que cette monnaie absurde va disparaître et ainsi soulager momentanément l'économie française. Je pense malheureusement que l'euro se maintiendra ou plutôt que les élites le maintiendrons quel qu'en soit le prix. Face au chaos mondial qui pointe, nos élites ne sont pas prêtes à lâcher la seule bouée intellectuelle qui leur semble flotter. Même si celle-ci, nous le savons, est imprégnée de plomb. Nous allons donc au-devant d'une aggravation permanente de la crise et vers un renforcement démultiplié des politiques de réduction de la demande. Il va sembler à la majorité des nations du monde, non sans quelques raisons, que l'Europe devient le trou noir de l'économie mondiale. D'ores et déjà les effets de la réduction de la demande européenne font sentir leurs effets en Asie et particulièrement en Chine.



Mais le plus drôle dans cette histoire c'est que ce seront les systèmes sociaux et les politiques plus égalitaristes en Europe qui seront pointées du doigt comme étant la cause de l'aggravation de la crise. De sorte que l'on présentera ces politiques comme néfastes et que la crise sera l'occasion rêvée pour les rentiers et les multinationales de mettre fin à l'exception européenne. Ainsi l'on peut décrire la crise du libéralisme comme folie collective fonctionnant à la manière d'un emballement thermique ou d'une avalanche. Chaque décision prise par le système de pensée libéral aggrave la crise et autojustifie l'amplification des mesures libérales pour cause d'aggravation de la crise. Tout ceci aura une fin que lorsqu'il n'y aura plus rien à détruire, plus rien à privatiser. C'est alors seulement que le libéralisme se mangera lui même et cessera d'être au centre des prises de décisions. En un sens le libéralisme est tout à fait semblable au communisme ou au nazisme. Ces doctrines sont évidemment très différentes quant à leurs visées et aux moyens qu'elles emploient. Cependant une chose les réunis l'acharnement et l'entêtement. Ils iront jusqu'au bout du délire, l'humanité dut-elle disparaître pour y parvenir. Si ce n'est pas de la foi religieuse, une nouvelle forme de croisade et de délire messianique. Qu’est-ce donc ?

 

L'Europe dans le trou noir libéral



La politique européenne de contrition salariale est d'autant plus grave que le moteur consumériste américain ne redémarre pas contrairement à ce qu'affirmait la propagande médiatique de ces derniers mois. Le chômage remonte et la croissance américaine déjà faible, ralentie. Le seul moteur de la demande mondiale est en panne et n'est pas près de repartir. Et de toute manière même s'il repartait les pays mercantilistes accumulateurs d'excédents commerciaux sont aujourd'hui trop nombreux et trop gros pour permettre à la seule demande américaine de tirer la croissance mondiale. La stupidité d'un système commercial asymétrique mis en place ces trente dernières années atteint maintenant son rythme de croisière poussant à la récession permanente et à la contrition salariale. Le placebo du crédit et de l'endettement ne permettant plus de cacher l'ampleur du désastre en occident. La demande inlassablement va devoir s'aligner sur la maigre production encore solvable qui reste en Europe et aux USA. Il ne peut plus y avoir de croissance en Europe et aux USA dans ce cadre libre-échangiste, cependant les tenant du pouvoir font encore semblant de ne pas l'avoir compris.

 

 Les pays exportateurs cherchent de la demande, mais ils ne la trouvent plus. Quant à l'idée que la chine devienne un marché solvable, c'est simplement une escroquerie intellectuelle. Le taux d'épargne reste énorme en chine. Qui plus est même en supposant que la chine prenne une direction plus égalitaire, ce qui est peu probable, il faut tenir compte de l'hyperspécialisation économique du pays vers l'exportation. Et même si la demande augmente en chine pourquoi importerait elle nos produits puisqu'elle cherche depuis des années à devenir autosuffisante dans tous les secteurs industriels ? Les pays qui font un pari sur le développement de la chine pour leur propre croissance à l'image de l'Allemagne ou du Japon vont rapidement s'en mordre les doigts. La croissance en Europe et aux USA ne peut revenir que si l'on recrée un lien entre production et consommation. Ce qui revient à relocaliser les activités économiques pour rendre aux politiques de régulation de la demande toute leur efficacité. Toutes les autres voies sont juste de la poudre de perlimpinpin. Seulement, nous le savons, pour des raisons de rapport de force sociologique et économique ces décisions ne seront jamais prises.



François Hollande le dernier des présidents socialistes?



Face à cette réalité, on préfère détourner l'attention, et faire semblant de résoudre les problèmes. Je l'avais exprimé assez durement sur ce blog le lendemain pratiquement de l'élection de François Hollande. Cela fait quelque temps déjà qu'il est au pouvoir et le fameux changement ses partisans l'attendent toujours. Arnaud Montebourg celui qui a semblé un instant ramener la raison au PS s'est autodétruit en devenant membre d'un gouvernement qui pratique le libéralisme rose bonbon. Notre ministre du redressement productif ne possédant aucun levier économique réel s'est mis à gesticuler comme les autres, mais lorsque l'on se rappelle de ses positions préélectorales on ne peut plus que le trouver pathétique. La rose est déjà fanée et le président socialiste pourrait bien devenir le champion toute catégoriel du désenchantement. Il a déjà battu Sarkozy sur le plan de la vitesse de dégringolade d'opinion favorable. Cette situation ne fait que confirmer en passant qu'Hollande n'a guère convaincu, il était juste là en face d'un énergumène que plus personne ne supportait. Un autre candidat socialiste aurait pu tout aussi bien être élu. Seulement voilà Hollande est désormais au pouvoir et sa faiblesse intellectuelle due à son libéralisme tranquille ne peut que le pousser à aggraver sans cesse les problèmes qu'il prêtant combattre.



On peut d'ailleurs se demander à quoi ressemblera le parti socialiste dans quatre ans quand le taux de chômage sera de 20 ou 30% et que la seule chose que l'on retiendra de ce parti politique est son incroyable tolérance vis-à-vis de l'appauvrissement du peuple français. Sarkozy faisait au moins semblant de s'y intéresser, le PS ne fait même plus cet effort. La population comprend que plus rien ne sera fait pour inverser la tendance. De toute façon, les seules manières d'inverser cette crise seraient de contredire toute la doxa eurolibérale de ces trente dernières années. C'est simplement impossible pour les membres du PS et de l'intelligentsia française dans son ensemble.



Il n'y a plus vraiment d'espoir pour notre continent



Mon pessimisme latent peut certainement rendre mon discours noir. Cependant, il faut se rendre à l'évidence, cette crise va durer. En réalité, elle dure déjà depuis trente ans, mais elle était jusqu'à présent cachée par divers mécanismes. Je vois bien poindre ici ou là de multiples discours sur une révolution, sur une révolte des peuples, mais je crois qu'il est vain d'espérer cela. Nous nous dirigeons vers un pourrissement de longue haleine. À dire vrai sur une longue période historique je crois que c'est la période des trente glorieuses qui apparaîtra comme une anomalie historique. L'Europe va devenir une extension du tiers-monde, c'est maintenant inéluctable et c'est ce qu'elle a choisi. Il n'y aura ni révolte, ni mouvement d'aucune sorte. La vraie question est l'effet qu'aura cette crise ailleurs qu'en Europe, ce continent étant d'ores et déjà mort. À l'image de la Grèce du Portugal ou de l'Espagne, où il n'y a rien qui se passe malgré la violence de la crise. Cette région du monde se laisse porter par l'histoire, elle a cessé de l'écrire, et s'est suicidée. La chine pourra-t-elle survivre à la fin de son modèle exportateur ? Les états d’Amérique du Sud pourront-ils continuer à s'extirper de la mondialisation autodestructrice ? Quel sera l'effet géopolitique mondiale de la fin de l'empire américain ? Autant de questions véritablement importantes pour l'avenir. Je crois que je vais laisser l'Europe agoniser en silence cette année de blogue.

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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 15:00

comfra.pngL'élection législative à peine terminée voila que la réalité reprend pied dans l'actualité sur les sornettes et les mensonges à répétition. Le pauvre François Hollande se voit obligé de montrer toute son impuissance verbeuse deux mois seulement après sa victoire. Quant aux pauvres électeurs de gauche encore aveugle sur la nature fondamentale du parti socialiste, ils sont maintenant condamnés à se voir répéter l'affaire Vilvoorde. Cela tombe bien d'ailleurs puisque le gouvernement refait appel à celui qui avait arrêté la politique. Le génial Lionel Jospin. Le monsieur qui n'a pas réellement compris d'où venait son relatif bon bilan à savoir de la dévaluation monétaire d'alors. Les socialistes ne peuvent rien faire puisqu'ils ont renoncé aux seuls outils réellement efficaces pouvant inverser la tendance à la désindustrialisation. Rappelons ici que les deux seuls outils sont les dévaluations et les protections douanières (droit de douane ou quotas d'importation). Les joies européennes se font au prix fort cher de l’appauvrissement général de notre nation. Et il faudrait être d'une mauvaise foi absolue pour affirmer l'inverse. Cela fait trente ans déjà que les socialistes ont troqué l'intérêt du peuple contre leur dogme postnational euromondialiste.

 

Une grande créativité justificatrice :

 

Bien évidemment pour justifier leur inaction collective les gens de « gauche » ne peuvent sortir les arguments sur l'efficacité économique comme les guignols libéraux de droite. Ce faisant, ils vont inventer tout un tas de justifications alternatives pour faire admettre cette destruction. Mieux que cela, ils vont réussir probablement à présenter cela comme un progrès. Il suffit de lire les réactions de la gauche pseudorévolutionnaire sur cette affaire pour s'en convaincre.

 

1-C'est la faute aux patrons

 

Argument habituel du type bouc émissaire. Cependant, ne dites pas aux gauchistes que les riches et les patrons sont leurs boucs émissaires. Ils risqueraient de vous menacer, ou pire encore. Le fait est que les riches et les patrons sont à la gauche française ce que les immigrés et les fonctionnaires sont à la droite française. Des arguments simplistes permettant de ne jamais vraiment penser de façon argumentative. Il suffit de lire ce type d'article sur couillon89 ( journal numérique ayant réussi à battre Libération , Le Monde et le Figaro sur le plan de la nullité journalistique)pour comprendre le caractère limité de ce type d'argumentation. Le fait est que les patrons de PSA ont en fait été bien plus patriotes que ceux de Renault et qu'ils en payent aujourd'hui le prix. Le vice est récompensé et la vertu punie grâce au fabuleux monde mondialisé que les petits gauchistes sont incapables de réellement critiquer puisqu’un monde non mondialisé est ipso facto un monde d'états nation. Or la gauche a horreur de la nation et des frontières.

 

En fait en suivant ce type d'argument il faudrait littéralement fermer toutes les usines en France pour que les groupes français puissent lutter et être efficaces à l'internationale. Mais alors se pose la question fatale : « Quid de l'intérêt pour le peuple français ? Avoir des multinationales championnes du monde, mais qui n'embauchent aucun français. Ça sert à quoi ? » Mais c'est probablement une question de facho nationaliste. À un moment donné, il faut se poser la question de savoir si l'on défend l'intérêt des entreprises ou l'intérêt du peuple et de la nation. Ici l'on voit bien que la gauche française défend en réalité l'intérêt des multinationales d'origine française bien plus qu'elle ne défend l'intérêt du peuple français. Paradoxalement, ces arguments pourraient même être utilisés par les riches qu'elle prétend honnir tant ses visées idéologiques coïncident comme par hasard avec l'intérêt de ces derniers. Évidemment ce n'est pas une coïncidence puisque la gauche bobo est issue en réalité du même milieu social. On entendra donc rarement, voir jamais, un type de gauche dire que la mondialisation est peut-être la cause du problème. Et si tant est qu'ils l'admettent, ils se retourneront en déclarant que c'est inévitable et que tout arrêt de l'ouverture des frontières produirait une catastrophe. Ce qui est illogique si l'on admet que la mondialisation est à l'origine de la dégradation de la situation économique de la majorité de nos concitoyens. Il est donc plus facile à gauche de jeter la pierre sur les patrons plutôt que de voir qu'en réalité ces derniers n'ont guère le choix eu égard aux conditions économiques construites par les défenseurs du libre-échange et de l'Europe mère de toutes les « prospérités ».

 

2-L'argument pseudosociologique

 

C'est probablement l'argumentation la plus pitoyable et la plus hypocrite que je connaisse voir ici. Il s'agit de présenter l'automobile comme un truc de beauf et de français archaïque. Un truc d'individualiste qui ne pense pas aux autres, un outil affreusement réactionnaire. C'est le recyclage à l'infinie des idéologies de la gauche des années 60-70 qui présentait la consommation de masse comme un truc affreux alors même qu'elle était issue de milieux aisés pour la plupart de ses membres. Je doute fortement que les soi-disant critiques de l'automobile vivent sans elle. Et s'ils le font, c'est généralement parce que leur milieu social et leur niveau de vie leur permettent le plus souvent de vivre dans les centres-ville et d'habiter à côté de leur lieu de travail. Bien loin de ce milieu périurbain où vit la majorité de la classe moyenne française. Des lieux de travail qui rendent obligatoires les déplacements en voiture. Les bobos veulent que tout le monde arrête la voiture ? Et bien il va falloir qu'ils se serrent un peu parce que l'on va manquer de place dans les centres-ville. Il va falloir également qu'ils acceptent que des pauvres « blancs » (Quoi ça existe ?) s'installent dans des logements sociaux près de chez eux. Un vrai cauchemar pour boboland ? C'est que les pauvres blancs ils s'entassent et font des gosses qui vont polluer la planète, ils pourraient en plus croiser nos filles. Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur (© Chirac). Les noirs on les veut bien tant que l'on ne les croise que dans la rue. Ils décorent et mettent de la diversité, mais des pauvres blancs vous n'y pensez pas.

 

Avant de vouloir que les gens cessent d'utiliser la voiture, il faut penser aux conséquences pratiques et aux conditions sociologiques qui poussent les gens à s'entasser dans les embouteillages. Si les bobos pensent que la classe moyenne fait ça par plaisir, c'est qu'ils ont une vision du peuple français encore plus exécrable qu'on aurait pu le penser. C'est toutes les structures de nos villes de notre distribution et de notre organisation économique et agricole qu'il faut revoir si l'on veut que les gens abandonnent la voiture. Mais pour faire ça, il faut une industrie et des gens capables de transformer cette organisation. Pas seulement de beaux discours et des postures morales visant à discréditer une population et à s'exonérer soient même de toute responsabilité.

 

 

3-Il faut sauver la planète !

 

 

Là c'est le pompon. L'argument massue répété à l'envi par des réactionnaires qui s'ignorent. Oui parce qu'on le veuille ou non la décroissance est fondamentalement réactionnaire. La thématique a d'ailleurs pignon sur rue à l'extrême droite même si la pseudogauche n'a pas encore compris que son idéologie verte est fondamentalement d'extrême droite. Les groupuscules de gauche s'étonnent de la récupération que fait l'extrême droite de la thématique écologique, et pourtant l'écologie ne fait que revenir à son origine (voir cet article de Slate). Les nazis étaient de grands écolos, ils sont même passés maîtres dans le contrôle de la croissance des populations. Je ne dis pas bien évidemment que toute préoccupation écologique fait de vous un nazi, mais en faire une justification pour l'acceptation de la misère sociale voila bien qui nous ramène vers les heures les plus sombres de notre histoire . De plus, ce n'est pas en perdant les capacités de production et de création des automobiles que l'on préparera l'après-pétrole. Ne comptez pas trop sur le pizzaiolo du coin, et encore moins sur les énarques. Bien au contraire nous avons besoin de ces savoir-faire de ces ouvriers, de ces ingénieurs, de ces créateurs pour fabriquer des alternatives. Qui plus est, ce qui serait véritablement écologique serait un abandon de la production suite à une baisse propre de la consommation pour cause de substitution. Si la consommation baisse pour cause d'alternative, c'est très bien, mais ce n'est pas le cas aujourd'hui. Celle-ci baisse essentiellement à cause de l'appauvrissement croissant de la jeunesse. Ensuite, une part croissante de la consommation se tourne vers des véhicules importés, ce qui accroît encore l'impact écologique de cette production automobile. Car ne soyons pas dupe. Si les productions faites ailleurs que sur le sol national sont si peu onéreuses, c'est aussi parce que les normes environnementales y sont minimalistes. Tout comme les salaires et les droits sociaux.

 

 

L'industrie automobile est une nécessité vitale

 

L'automobile est l'un des derniers remparts industriels de la nation française dont les déficits commerciaux battent record sur record. Après elle l'industrie aéronautique suivra plus rapidement qu'on ne le croit puisque d'ores et déjà une bonne partie des Airbus sont réalisés à l'étranger. Il ne faudra guère de temps pour que la création suive la production, comme c'est le cas à chaque fois qu'une industrie est délocalisée. Nous perdons les derniers savoir-faire, les derniers ingénieurs, et techniciens, qui ont permis à la nation d'atteindre son actuel niveau de vie. À n'en pas douter une telle perte ne fera que provoquer à long terme une tiers-mondisation de la nation française. Le niveau de bêtise atteint par les dirigeants français en la matière est proprement hallucinant. Comment imaginer qu'un pays totalement désindustrialisé puisse inventer ou préparer l'avenir ? Nos dirigeants croient-ils qu'une avancée technique et des révolutions industrielles peuvent naître simplement dans le cadre d'un simple laboratoire de recherche. En supposant bien sûr qu'il en reste une fois les industriels partis, et les délocalisations des centres de recherche terminés. L'économie ne marche pas toute seule par l'opération du Saint-Esprit, il faut des hommes ayant la culture industrielle et technique pour porter des idées et des innovations vers des réalisations industrielles concrètes. Et ces hommes ils doivent se nourrir et nourrir leurs familles. S'il n'y a plus d'emploi dans leur secteur, ils en changent quand ils le peuvent, et perdent ainsi petit à petit leurs liens et leurs connaissances pratiques. De plus, ils ne transmettront plus aux prochaines générations ces savoir-faire. On peut parler de biotope techno-industriel. Et ce biotope français s’appauvrit à grande vitesse, il se vide de ses bras et de ses cerveaux. On embauche des polytechniciens pour faire des modèles mathématiques idiots sur les marchés financiers au lieu de les employer dans l'industrie et la recherche. On laisse nos thésards partir à l'étranger parce qu'ils ne trouvent aucun emploi pour leur qualification en France. Et l'on s'étonne ensuite de la désaffection croissante des jeunes pour les études scientifiques et techniques. Ils ne font pourtant que s'adapter à l'évolution du marché de l'emploi.

 

Ce que font nos élites à l'heure actuelle est totalement irresponsable et les socialistes porteront à jamais la marque de l'infamie s'ils laissent s'accélérer encore le niveau de désindustrialisation du pays. Cela relève de la haute trahison, voir du crime contre l'humanité si l'on se réfère à la violence, à la mort et à la misère que ces politiques provoquent. Et accuser le gouvernement précédent qui lui même accusait ses prédécesseurs n'excuse rien. Combien de temps nous faudra-t-il pour réparer les dégâts ? Deux ou trois décennies minimum si les désindustrialisations se poursuivent. Il est encore temps de tout stopper et de nous appuyer sur les quelques industries qui nous restent en les protégeant pour redresser la barre et régénérer le tissu industriel. Il n'est pas encore trop tard, mais la fin est proche. Des mesures brutales et protectionnistes sont nécessaires en rompant les traités néolibéraux. Que les dirigeants prennent enfin leurs responsabilités et agissent comme des adultes responsables. Ce n'est pas des hypothétiques réactions mondiales, si nous nous protégeons, qui devrait inquiéter nos élites, mais bien plus le destin funeste vers lequel ils conduisent actuellement la nation française.

 

 

 

Cette vidéo montre comment les socialistes de l'époque ont géré le déclin de la sidérurgie. Loin de vouloir l'arrêter il l'on juste accompagné. Il se passe excactement la même chose avec l'automobile. (La vidéo date de 1985)

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15 juillet 2012 7 15 /07 /juillet /2012 17:30

135123.jpgSi je parle régulièrement sur ce blog de la question de la régulation commerciale par le protectionnisme c'est qu'à mon sens il s'agit là de la priorité absolue à court terme pour redresser la situation. Cela ne signifie pas cependant que ces mesures seules parviendront à nous sortir du bourbier dans lequel nous sommes empêtrés. C'est pour cette raison que je parle également de la relance de la demande par des mesures d'investissement, mais aussi, et surtout, par la relance des salaires. Il s'agit là du deuxième pilier sur lequel peut s'appuyer une véritable politique de sortie de crise. Mais comme en mécanique un système n'est stable que s'il a trois points d’appui, il y a un troisième pilier nécessaire au redressement économique du pays. C'est celui du financement de notre développement et du choix des orientations de ce même développement. S'il est nécessaire de rendre à l’investissement public, toute la place qu'il n'aurait jamais dû abandonner. Il ne faut pas oublier non plus que l'actuel système qui permet de financer les entreprises a totalement échoué sur le plan collectif. La finance actionnariale et le système qui a jusqu'à aujourd'hui prétendu à l’efficience la plus grande s'avèrent incapables de financer le plus petit projet collectif. Notre système d'investissement est incapable de financer des projets portés par autre chose que l'intérêt à très court terme et à taux de retour sur investissement démentiel. Il ne faut pas douter du fait qu'il s'agit là d'un tournant majeur dans l'histoire économique, car c'est une rupture avec l'ancien capitalisme. Celui qui certes avait ses défauts inégalitaires, mais qui savait financer les idées les plus folles faisant bouger l'innovation et l'économie. C'est cette réussite apparente qui permettait aux gens d'accepter les inégalités du système comme l'avait bien compris Keynes.

 

Le capitalisme ne doit son succès qu'à la passion non économique de ses investisseurs



En vérité, l'on s'est bien trompé sur l'origine du succès du capitalisme occidental. Et c'est encore une fois la pensée libérale qui nous a induits en erreur, car elle a pris une contrainte pour cause et a ignoré ce qu'était le moteur réel du capitalisme et des sociétés occidentales. À la base de la thèse libérale, c'est l'intérêt purement économique qui motive l'investisseur, de la même manière que c'est l'intérêt purement économique qui motive le salarié, le consommateur et toute la société. Chez les libéraux il y a une espèce de cynisme qui considère toute autre apparente raison comme un cache-sexe aux intérêts économiques auxquels tous se rapportent. Nous ne sommes pas trop durs avec eux cependant, leurs cousins marxistes en pensent autant. Là est à mon avis une des erreurs fatales de ces pensées économicocentriques. On pourrait parler d'ailleurs parler pour qualifier ces théories économiques d'éconocentrique.



La vérité c'est que le capitalisme occidental s'est développé dans des cultures particulières et dans des cadres qui lui ont fourni une qualité d'individu qui lui a permis son développement. Comme le dit si bien Jean Claude Michéa, ce n'est pas le capitalisme et l'intérêt individuel qui ont construit l'honnêteté, la passion des arts et des sciences, ou qui ont donné aux hommes l'envie du savoir et la puissance créatrice. Le développement du capitalisme fut le fruit d'hommes passionnés. On pourrait sortir les célèbres créateurs américains de Ford à Edison pour montrer que la passion première de ces hommes n'était pas en réalité la passion de l'argent. La première volonté d'Henry Ford était par exemple d'alléger la charge du travail des agriculteurs qu'il connaissait bien, lui qui venait d'un milieu agraire. Si la Ford-T était d'ailleurs une voiture capable d'être utilisée par les gens de la campagne ce n'était pas un hasard. Loin de la seule motivation pécuniaire Ford avait le souci de la société qui l'entourait et des passions qui le guidaient. On peut en dire autant de la plupart des grands créateurs d'entreprise ou d'innovation majeurs. Le succès du capitalisme fut donc surtout le succès des hommes qui le portait, hommes produits d'une éducation particulière et de passions. Ce ne sont pas des gens avec des mentalités de banquier qui innovent ou qui créent, ce sont les passionnées.



Le problème c'est que le capitalisme actuel est porté justement par des individus de pensée marchande qui ne sont justement passionnés que par l'argent. Loin de sa passion des débuts, le capitalisme n'est plus que l'ombre de lui même. Les générations de rentiers qui ont hérité des héros du passé ont sclérosé le capitalisme. Cette sclérose n'est pas le fait du capitalisme lui-même, même si sa nature avare en matière de richesse accélère considérablement le processus. Toutes les organisations humaines sont touchées par le même mal, celui de la dégénérescence consubstantielle à l'héritage sociologique. Les héritiers des bâtisseurs de jadis ne souhaitant plus que jouir de leur rente le système met à sa tête des gens sans talent et sans passion. On retrouve la même dégénérescence dans le système politique français, combien de députés sont enfants de ministre ou de députés ? Combien y a-t-il d'enfants d'ouvriers ou de classes sociales inférieures chez les ministres ? Et surtout combien y a-t-il d'hommes passionnés par la politique et par l'intérêt du pays ? Bien peu malheureusement. Et c'est bien là le problème. Plus que l'inégalité économique c'est la nullité de ses élites qui condamne notre société.



Les artistes, les scientifiques, et les créateurs d'abord !

 

Notre décadence créative est donc surtout due au fait que les pouvoirs économiques, ceux qui permettent l'action collective des hommes, sont aux mains de gens peu à même d'en faire bon usage. Tout comme ceux qui dominent l'espace politique sont incapables de résoudre les problèmes de la nation. Problèmes qui en vérité les intéressent bien moins que leurs intérêts propres et carriéristes. Pour redresser la barre, nous devons donc remettre à la tête de nos entreprises et de la finance ceux qui ne sont pas passionnés par l'argent ou par l'intérêt économique, mais ceux qui sont passionnés par la création par l'invention par l'originalité et l'intérêt général. Ce n'est pas de banquier dont nous avons besoin pour diriger nos entreprises, mais d'artistes, de scientifiques, d'ingénieurs et de créateurs. En mettant le marketing et la finance au cœur de la domination économique ce qui s'est traduit par le remplacement des polytechniciens et des normaliens par des gens de HEC ou de l'ENA, nous avons cassé la créativité collective et la passion du bien commun.Ils nous faut des gens passionnés par l'art de créer et non par l'art d'accumuler. Ce n'est qu'à cette condition que la mécanique positive du capitalisme pourra reprendre, celui de la création et de l'innovation.



Réinventer le financement de projet



Vous allez me dire : « Tout cela, c'est très bien. Mais comment peut-on faire concrètement ? » Quelles décisions un état peut-il prendre pour redresser la situation ? Au-delà de la question du contrôle des capitaux nécessaires au redressement productif national, il est important d'imaginer des systèmes de financement alternatifs pour les créateurs d'entreprises. Pour ce qui est de la création d'entreprises, on peut penser à des prêts à taux nul ou même négatif pour les entreprises. Cependant, nous tombons là dans un problème essentiel, même si l'état décide de faire ce type de prêt il y aura toujours le problème du choix. Des fonctionnaires ne sont pas forcément mieux placés que les banquiers pour financer des projets. Pour des activités relativement normales du type petite entreprise de BTP ou de commerce, ce n'est pas un problème. Pour des activités plus pointues, ce n'est pas l'idéal. L'idéal serait que des passionnées de l'art puissent décider collectivement de l'investissement à fournir. En clair, le choix d'un financement d'une entreprise particulière devrait pouvoir se déclencher grâce à un choix collectif fait par ceux qui sont le plus à même de juger de la qualité intrinsèque du projet. Par exemple si un scientifique veux créer une entreprise dans un domaine de génie génétique il faudrait que l'octroi du prêt soit décidé par des gens neutres, mais de culture scientifique suffisante pour générer le prêt. On pourrait donc imaginer que des prêts publics à taux nul ou négatif soient octroyés dans tous les domaines, mais chapeauter par des décideurs non intéressés et neutres, mais ayant des capacités techniques leur permettant de faire une mesure de la potentialité de la future activité de l'entreprise. L'idée étant d'exclure autant que possible le choix sur des critères purement économiques, pour se concentrer sur l'intérêt proprement scientifique, technique, artistique et collectif. Pour ce qui est de la gestion des grandes entreprises, l'inclusion de processus démocratique me semble à l'heure actuelle la meilleure façon d'éliminer l'influence de la finance et de l'actionnariat. Associer les salariés au processus décisionnel de l'entreprise est non seulement nécessaire, mais vital. On pourrait aussi responsabiliser les actionnaires en diminuant fortement la liquidité des titres. On obligerait un titulaire de titre d'action à garder celle-ci au moins 5ans avant de la revendre. Responsabiliser les actionnaires c'est aussi améliorer la prise de décision à long terme.

 

Mais d'autres solutions moins concentrées sur l'état, plus rapides, et moins administratives peuvent également se faire. Je vais prendre un exemple qui nous vient d'une industrie particulière, celle du jeu vidéo et de l'informatique. En effet, le jeu vidéo est une industrie qui entre en crise à l'heure actuelle. On assiste à une désaffection croissante d'une partie des anciens joueurs face à ce que l'on peut considérer comme une baisse notable de la qualité globale des titres produits. L'industrie du jeu vidéo si elle est une industrie relativement récente, a connu très rapidement toutes les étapes qui font passer de l'artisanat à la superproduction. Elle est passée à la maturité en une vingtaine d'années tout au plus. Dans les années 80-90 une poignée d'individus suffisait à faire un jeu à succès, le faible nombre d'individus permettait à la créativité d'être grande et la prise de risque maximum. Les dirigeants des entreprises du jeu vidéo à l'époque étaient essentiellement les créateurs eux même. L'exemple typique fut le français Éric Chahi qui créa seul l'un des jeux les plus culte de l'histoire, Another World. Cependant petit à petit comme dans le cinéma, les investisseurs, les financiers et les actionnaires ont vu que le jeu vidéo pourrait être rapidement une industrie hautement lucrative. Et comme dans la musique, le foot ou le cinéma les créateurs ont perdu la main et se sont fait dominer par des gens qui ne s'intéressent aux jeux vidéo que pour gagner de l'argent. On assiste depuis à la création de jeux de moins en moins innovants, de moins en moins intelligents, et de plus en plus violents, stupides et simplistes. Les marketeux fonctionnant avec leurs lunettes sociales particulières ils pensent que des jeux cons sont plus susceptibles de se vendre que des jeux intelligents puisqu'ils pensent que la majorité des gens sont stupides.

 

Face à cette décadence, certains créateurs ont décidé de réagir et ils ont eu une idée que je crois simplement géniale. C'est le projet Kickstarter. L'idée est de faire financer les projets directement par les personnes qui sont intéressées en payant d'avance. Les personnes présentent leur projet sur le site, puis les gens font des donations par palier et avec un certain niveau par exemple vous donnez 15 euros pour acheter le programme d'avance dans le cas d'un projet de programmation. Les projets peuvent être informatiques, vidéoludiques ou autres. Et tout un chacun peut financer le projet et en bénéficier par la suite si le projet aboutit. Le principe contourne directement les banques, l'état ou le système financier. C'est un peu le principe du lien direct du producteur vers le consommateur, mais inversé. On pourrait dire que c'est une production directe du créateur vers les passionnés. De gros projets sont déjà financés grâce à ce système totalement novateur et qui mériterait d'être imité en France. Ainsi le créateur de jeux vidéo Brian Fargo a-t-il réussi à financer son projet de jeu à hauteur de 3 millions de dollars sans emprunt et en tout indépendance financière. Un jeu qu'aucun financier ne voulait créer sans le façonner à la mode pour « optimiser » les ventes selon les règles du marketing (simplification, vulgarité, sexe abondant, etc.). On pourrait imaginer un tel système en France soutenu par l'état pour attirer le chaland. Bien sûr tous les projets ne réussiront pas, mais le mécanisme permettra sûrement de financer des projets originaux et audacieux, bien plus audacieux que ceux du système actuel. Il s'agit peut-être de la naissance du véritable capitalisme 2.0, car ce type d'initiative n'aurait pas pu émerger sans internet .

 

Quoi qu'il en soit, il faut mettre fin à l'idée que la bourse, l'actionnariat et le système financier actuel sont le nec plus ultra du financement d'entreprises. Au contraire, dans les conditions actuelles ils réduisent à néant la créativité en mettant au centre du choix de financement l'intéressement économique à court terme. Ils produisent du laid parce que ce serait trop cher de faire du beau. Ils prônent la stagnation et le conservatisme, car il serait trop risqué pour les investissements de créer de nouvelles activités et potentiellement de nouveaux marchés. Enfin, n'oublions pas qu'aujourd'hui la finance se nourrit bien plus des entreprises qu'elle ne les finance. La finance a perdu son rôle d'investissement pour devenir un énorme parasite qui se nourrit de l'activité productive. Tuons là avant qu'elle ne nous tue.

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11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 17:01

1227221702_small.jpgEt voilà, ils palabrent les néolibéraux espagnols. Ils viennent de sauver leur pays grâce à la "rigueur" et à l'amélioration de la "compétitivité". Certes, on augmente les impôts, et on fait baisser le niveau de vie local, mais c'est pour le bien du peuple, pour améliorer ses performances à l'exportation et pour retrouver la croissance à long terme. On connaît le discours en France et plus généralement en occident, on justifie toujours les sacrifices du présent pour soi-disant sauver l'avenir, les petits enfants ou les ours polaires du 29e siècle. Le fait est que l'on pourrait copier/coller les discours des mêmes politiques en France aux USA ou en GB dans les années 70-80 et trouver exactement les mêmes justifications néolibérales. En France déjà le rouleau compresseur médiatique prépare la population à une énième politique d'austérité pour sauver la croissance. Et déjà l'on salue le "courage" des élites espagnoles comme on donnait en exemple hier le courage des élites britanniques puis le courage des élites grecques. Et cela sans que jamais l'on ne regarde les résultats désastreux de ces entreprises d'autoflagellation massives et autodestructrices. Le bilan est pourtant calamiteux y compris d'ailleurs sur le plan de la fameuse compétitivité. 

 

Les libéraux ne comprennent rien au fonctionnement de l'économie réelle!

 

Ils ignorent parfaitement les interactions et raisonnent en cryptocartésien, segmentant chaque secteur de la société et de la vie économique en autant de petites robinsonnades sans voir la structure générale d'ensemble. Comme je l'avais dit dans un de mes premiers textes sur ce blog, le libéralisme est un enfant bâtard du cartésianisme le plus simpliste. Il a une pensée segmentée, fragmentée, incapable de voir les interactions énormes entre les différents compartiments de la société. Le libéral peut à la fois prôner l'austérité partout sur terre et penser que la croissance continuera grâce aux exportations. Il ne semble pas se poser la question de savoir où seront exportés les surplus si tout le monde contracte sa demande. Nous vivons pourtant dans un monde économique en contraction et pas seulement en Europe. Même les pays asiatiques flanchent, et pour cause leur croissance provient des exportations vers l'occident ou le Japon, qui sont aujourd'hui sinistrés. Dès lors, faire croire à ces pauvres pays en perdition d'Europe qu'ils s'en sortiront grâce à l'amélioration de leur « compétitivité » c'est-à-dire grâce à l'amélioration des exportations est une escroquerie. D'une part parce que même en supprimant les charges, l'état et les méchants fonctionnaires, les pays d’Europe resteraient infiniment plus coûteux que ceux d'Asie ou d'ailleurs. Mais même une forte baisse des salaires n'y parviendrait pas. On est dans des rapports de 1 à 20 ou 30.

 

Le rééquilibrage des balances commerciales ne se fera pas alors par l'amélioration des exportations, mais bien par l'effondrement de la demande intérieure et par l'explosion du chômage comme aux USA ou en GB. Ensuite même si les pays européens devenaient compétitifs face aux Asiatiques d'où viendrait donc la demande puisque ces mêmes pays asiatiques comptent eux aussi sur leurs exportations vers l'occident pour boucler leurs fins de mois ? C'est le cercle d'Ouroboros littéralement. Et cela nos petits économistes libéraux ne peuvent le voir. Puisqu'il faudrait pour cela qu'ils laissent tomber leurs pseudo-modèle microéconomiques farfelus pour s'intéresser à la globalité des choses et des interactions internationales. En suivant leurs raisonnements de toute façon, on se demande comment l'Europe ou les USA ont pu se développer sans marché extérieur au 19e siècle. C'est au-delà de la compréhension libérale qui croit que le commerce international est le moteur des économies nationales alors qu'il est en fait une conséquence du développement des états nations. La politique du gouvernement espagnole va donc se terminer exactement la même manière que la politique grecque, portugaise, italienne ou britannique par une accélération de la crise. Et cela alors que le taux de chômage en Espagne est déjà très élevé. La France doit s'attendre à une explosion de réfugiés espagnols pour les deux ou trois ans qui viennent. Le temps que les mêmes politiques poussent les Français à quitter eux aussi leur propre pays pour des contrées moins folles. ( S'il en existe, elles ne sont pas situées en Europe de l'Ouest) .

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On n’améliore pas la productivité en réduisant les débouchés !

 

L'autre billevesée de ces raisonnements crétins de contrition généralisée c'est l'idée que ces contractions amélioreraient la productivité . Quelle ânerie ! Où a-t-on vu qu'une baisse de la consommation et donc des investissements des entreprises améliorerait la productivité du travail ? Car, ne nous y trompons pas, on n’a jamais vu une entreprise augmenter ses investissements avec une baisse de ses commandes. À moins qu'elle ne soit gérée par un farfelu. Au contraire, la baisse de la demande accélérera les délocalisations en convainquant les derniers industriels produisant en Europe que le continent est condamné et que l'avenir est ailleurs. Loin d’accroître les investissements et l'amélioration de la productivité, ces politiques d'austérité dégradent encore plus la situation de l'investissement et réduisent encore les gains de productivité. Car il est irrationnel pour un acteur d’accroître ses investissements dans un marché qui lui semble en déclin. Les politiques déflationnistes conduisent en réalité toujours vers les situations qu'elles prétendent combattre. Elles accroissent les déficits, démolissent les investissements et réduisent le niveau de vie des populations en produisant un cercle infernal de dépression qui s'aggrave indéfiniment.

 

 

Comme le disait Keynes la seule chose qui empêche ces politiques de mener à des taux de chômage de 100% ce sont les diverses « rigidités » que nos dirigeants libéraux s'empressent par tous les moyens de supprimer. Ce sont ces rigidités qui maintiennent encore un semblant de vie économique. On imagine déjà la tête du marché automobile le jour où l'on supprimera le SMIC et le statut du fonctionnaire en France. Le parc automobile vieillissant va encore vieillir, car le niveau de vie déclinant des Français et des Européens ne leur permet plus d'acheter des voitures neuves. Ainsi en 1990 les voitures en France avaient en moyenne 6 ans d'âge, elles ont aujourd'hui en moyenne 8 ans. Plus intéressant serait de voir l'âge moyen des acheteurs, car nous savons que la crise a surtout concentré ses effets sur les nouvelles générations. Même si les écologistes souhaiteraient que ce fussent pour sauver la planète que les jeunes cessent d'user de l'automobile, les raisons en sont plus bassement matérialistes. Ils n'ont pas les revenus suffisant pour se loger ou pour acheter des véhicules. Et l'instabilité de l'emploi résultant des politiques néolibérales aggrave encore les choses en rendant impossibles les emprunts de consommation à moyen terme. On peut parier que sans les derniers stabilisateurs keynésiens de l'économie française on assisterait à un effondrement bien plus spectaculaire. Quoi qu'il en soit la situation espagnole ne risque pas de s'améliorer avec les dernières politiques menées. Le gouvernement espagnol pense-t-il vraiment sauver son pays en condamnant ainsi sa jeunesse ? J'attends avec impatience dans un an un discours du même acabit que celui du premier ministre portugais qui n'a d'autre conseil à donner à sa jeunesse que de quitter le pays. Et ces gens se disent responsables et sérieux ?

 

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Imaginez le taux de chômage lorsque la rigueur aura été instaurée en Espagne !

 

Comment les Espagnols pourraient-ils se sauver?  Et nous avec ?

 

En premier lieu plutôt que de quitter leur pays pour rejoindre des nations qui font exactement les mêmes politiques stupides je pense que les Espagnols devraient plutôt conseiller à leurs élites et aux euro-libéraux de quitter le pays ou de les pendre directement. Oui, il faut cesser l'euphémisme face à la violence délirante des oligarques, ils ne comprennent que la force. Si les peuples n'agissent pas, les européistes libéraux iront jusqu'au génocide par chômage et misère interposé. Ils l'ont déjà fait en Amérique du sud et en Russie. Une fois des gens plus sérieux au pouvoir que pourrait-on faire ? La voie pour l’Espagne est étroite, mais pas impraticable. Et pour peu que les nouvelles élites éventuellement bien intentionnées veuillent agir correctement les solutions sont en fait très simples, même si la guérison des effets du néolibéralisme sera longue. En premier lieu, il faut sortir de l'euro pour rendre au pays sa capacité en matière de politique monétaire et d'investissement.

 

Mais la sortie de l'euro n'est qu'une condition pour pratiquer des politiques de réindustrialisation et de relocalisation seule à même de permettre de nouvelles politiques de hausse de la demande intérieure et de plein emploi. Car le plein emploi n'est pas du tout une utopie ou un fantasme qui nous serait inaccessible à l'âge de la robotique. Il y a beaucoup de fantasmes d'ailleurs sur ces questions. Le but des relocalisations et de la réindustrialisation n'est pas, et n'a jamais été de réemployer tout le monde dans l'industrie. Le niveau de productivité ne le permettant pas où alors il faudrait augmenter la consommation dans des proportions délirantes. Le but est de permettre une politique de plein emploi y compris grâce au service. Comment ? Pour faire une politique de plein emploi, il faut d'abord jeter à la poubelle l'idée d'autorégulation des marchés qui est totalement fausse. En vérité il n'y a aucune raison pour que l'offre et la demande s'ajuste naturellement, par les forces du Saint-Esprit de sorte que tous les salariés soient employés. Le marché est la résultante de multiples décisions indépendantes et donc potentiellement contradictoires sans aucune sorte de correction collective puisque sans mécanisme coïncidant naturellement avec l'intérêt général.

 

Le marché n'est pas un système autorégulé. Plus exactement le véritable régulateur a toujours été extérieur au marché, c'est l'état, la loi, les mœurs, la culture, les croyances et tout ce qui fait le cadre au-dessus de la pure logique économique. Il ne faut pas oublier non plus que le moteur même de l'économie le désir, l'inventivité, la passion sont autant de choses qui échappent à la question économique et qui forment pourtant un substrat sur lequel s’appuie sans le savoir le marché pour fonctionner. Si la logique libérale de l'intérêt individuel était le seul mécanisme, on voit mal pourquoi les gens respecteraient les lois ou la propriété individuelle. En effet si rien ne vous en empêche, l’inhibition et la morale notamment, il est plus simple de voler que de travailler durement. Il est plus simple de copier que d'inventer, plus facile d'écraser son concurrent en le tuant, ou en le corrompant, que de le battre à la loyale en usant de l'inventivité et de la créativité. Le marché n'est donc rien sans un bon substrat culturel, sans état et plus généralement sans un cadre de régulation.

 

La régulation est donc une nécessité ontologique au marché et à son fonctionnement. La régulation n'est pas son opposé, mais son complément nécessaire comme les lois, le droit, l'instruction, etc.. Pour obtenir le plein emploi, il faut faire en sorte de favoriser la hausse des salaires, la stabilité de l'emploi au contraire des politiques dites de flexibilité. Il faut un salaire minimum. Il faut augmenter la demande nationale jusqu'à obtenir un taux de chômage très faible et de courte durée. Ces politiques n'augmenteraient aucunement la dette publique puisque ce qui serait investi dans l'économie serait de toute manière récupéré par l'impôt. L’économie fonctionnant de nouveau en circuit fermé et non en circuit ouvert comme à l'heure actuelle. Dans le cas de l'Espagne, un fort investissement dans la recherche scientifique ne serait pas non plus un luxe. Mais au préalable de ces politiques de dépense, il faudra bien évidemment mettre en place des politiques protectionnistes visant à favoriser l'investissement local au détriment des importations. Sans parler de la nécessité de fermer ou de réguler très étroitement l'entrée et la sortie des capitaux comme dans la plupart des pays asiatiques. Et cela de façon à garder un équilibre de la balance des paiements malgré l'inflation. On peut remarquer d'ailleurs que le fait d'user d'une monnaie européenne a perverti les élites en les déresponsabilisant. Pourquoi se soucier de ses équilibres extérieurs si on est dans l'euro et que la monnaie ne risque pas de s'effondrer ?

 

Cette politique sera douloureuse pour une partie des Espagnols, car elle entraînera inéluctablement une hausse des prix. Cependant, l’expérience montre que  les gains de productivité s'accélèrent très rapidement lorsqu'il y a protectionnisme et une forte dévaluation. La hausse des prix ne sera que momentanée le temps de la réindustrialisation qui sera plus rapide qu'on ne le croit. De plus à mon sens le chômage de masse est socialement et économiquement bien plus dangereux que l'inflation. Même si elle atteint 10% . Il faut bien comprendre que les politiques protectionnistes, et les politiques de dévaluation n'ont que pour but de rendre possible des politiques de relance intérieure. Il faut cesser d'avoir des ambitions mondiales, et faire en sorte que le tissu économique fasse ce pour quoi il existe, c'est-à-dire répondre aux besoins locaux de la population. On se contrefiche de savoir que Renault vend des voitures au Brésil qui sont fabriquées au Maroc. Les écologistes disent qu'il faut « penser global et agir local ». Je crois qu'en matière de politique économique il faut « penser local et agir local aussi ». En réduisant l'interdépendance des peuples, nous résoudrons naturellement les problèmes de l'humanité que ce soit sur le plan du chômage ou sur le plan du développement économique. L'Espagne a en plus un formidable atout à jouer dans les énergies nouvelles grâce à son ensoleillement. Elle pourrait devenir un poumon énergétique pour l'Europe grâce à l'évolution rapide de la production d'énergie solaire. Encore faut-il que son état cesse de se torturer et son peuple avec.

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 23:53

 

EURSS.pngLes médias qui ont largement soutenu François Hollande pendant la campagne continuent sur leur lancée en défendant inlassablement les politiques qu'ils pratiquent même si elles sont contradictoires avec les idées mêmes des médiacrates. Voici donc nos médias trouvant superbe une idée qu'ils rejetteraient immédiatement si elle était défendue à l'échelle française. Mais il est vrai que c'est le propre des religions que de ne pas voir les contradictions qui sont inscrites dans leurs propres raisonnements. Il suffit de sortir le mot magique Europe et alors tout devient merveilleux. Je crois que jamais le continent européen n'avait été à ce point religieux ce qui peut paraître paradoxal puisque bon nombre d'intellectuels s'inquiètent de l'effondrement des croyances collectives, politiques ou religieuses. La foi européenne dogmatique et folle est pourtant bien installée. On accepte tout en son nom, même l'abolition de la démocratie. Démocratie que l'on dit pourtant défendre grâce à l'UE. Ainsi nos médias et amis européistes se battent pour recevoir la pauvre Daw Aung San Suu Kyi, l'icône de nos pseudodémocrates pendant que l'on conduit le continent vers le totalitarisme bureaucratique.

 

On croit rêver. L'Europe aime la démocratie quand elle ne s'impose pas à elle, sinon c'est du populisme. En attendant, les difficultés s'amoncellent et le pauvre président français se comporte exactement comme je l'avais prévu lors de l'élection et même avant. Son fond intellectuel libéral et pro-européiste lui fait prendre le pire chemin imaginable pour le continent européen à court terme. En même temps, son dogmatisme, et son incapacité à comprendre l'évolution réelle des choses, font de lui le candidat idéal pour provoquer la dernière grande crise, celle qui poussera l'Allemagne a mettre fin à l'expérience digne de du monstre de Marie Shelley, la construction européenne. Car je le rappellerai ici, pour moi il n'y a aucune chance pour que l'Europe soit victime des élections. Le système est bien trop installé et violent pour pouvoir être brisé par une élection dans un état membre. Ce sont les intérêts contraires et les égoïsmes nationaux provoqués par les quelques restes de patriotisme en Europe qui permettront la mise à mort de ce golem monstrueux qu'est l'UE. Il faut rappeler d'ailleurs que les peuples d'Europe sont soumis à une propagande phénoménale visant à présenter toujours l'UE ou l'euro comme la seule voie possible. Dès les petites classes l'Europe c'est formidable et le nationalisme c'est la guerre. Comme à la grande époque de l'URSS nul ne peut imaginer l'écroulement de la superstructure postnationale et pourtant elle s'est effondrée. Il en ira de même pour l'UE, mais les chemins seront probablement différents de ceux de l'URSS.

 

L'apparente victoire de notre président sur la question du plan de relance est typiquement un mécanisme qui va nourrir la crise plutôt que l'arrêter. Car l'important ce n'est pas que Merkel, une dame aussi peu brillante que notre actuel président, ait cédé sur cette question. L'important c'est l'opinion allemande. Les Allemands jouent aujourd'hui le même rôle que la France dans les années 30, un pays dont Keynes disait qu'il était peuplé de petits paysans assis sur leurs tas d'or. Ils accumulent les excédants et sont obsédés par le maintien de la valeur de leur monnaie. Ils pratiquent ainsi des politiques déflationnistes aggravant la crise du continent. Ils sont également pétris d'un certain sentiment de supériorité qui les fera prendre toute politique de solidarité, ici avec les plans de relance, comme une spoliation de la richesse allemande. Je ne discute bien évidemment pas ici du bien-fondé de ce type de réaction, je constate juste que toute orientation allant vers plus de solidarité en Europe conduira à ce phénomène. De sorte que la victoire de Hollande ne fera que précipiter les Allemands vers un plus grand rejet de l'Europe, et ce alors même que le patronat de ce même pays a lui bien conscience de l’origine de la croissance allemande. À savoir qu'elle est elle même le fruit d'une politique de spoliation de la richesse de ses voisins par excédent commercial interposé. Mais nous savons bien que ce n'est guère leurs intérêts réels qui guident les hommes et les peuples, mais leurs croyances dans ce qu'ils pensent être leurs intérêts. La nuance est de taille. De fait, ce n'est pas par intérêt réel que les Allemands mettront fin à l'UE, mais par intérêt imaginaire produit de l'idéologie qui domine, l'idéologie libérale.

 

Les Allemands tout comme les Français sont idéologiquement libéraux. Ils pensent tout comme les Français que l'état doit dépenser moins et que la dépense publiques, ou la hausse des salaires sont les ennemis de la croissance. On n’effacera pas quarante ans de propagande libérale rapidement, la crise n'a d'ailleurs pas conduit à une destruction de l'idéologie libérale dans la tête de nos concitoyens, mais à la réaffirmation des principes libéraux. La plupart des Français sont ainsi contre toute hausse des dépenses publiques. Il en va de même en Allemagne et plus rares encore sont les citoyens qui remettent en cause la dette publique et son mécanisme absurde d’auto-engendrement par intérêt composé. Ainsi les pays latins sont-ils des laxistes qui méritent leur châtiment. Le fait que ces pays tout comme l'Irlande aient été les meilleurs élèves du néolibéralisme n'entame pas la foi de charbonnier de nos citoyens dans la Sainte Trinité des dépenses publiques minimales, du marché libre et de la modération salariale. Le plus drôle est que c'est cette croyance néolibérale qui est à la fois à l'origine de l'UE et qui va maintenant la tuer. Car si c'est au nom de l'efficacité des marchés et de la marginalisation de l'intervention étatique que l'Europe réelle a été fabriquée, c'est aussi au nom de la Sainte Trinité libérale que les Allemands voudront la peau de l'UE. Le pauvre Hollande pourra toujours psalmodier son discours profédéral au nom de la solidarité européenne, il y aura en face de lui le rouleau compresseur de l'idéologie libérale allemande et française. En ce cas, je dirai « vive le libéralisme » s'il peut nous débarrasser de la mécanique européenne. Tout comme le rouleau européen nous a imposé le libéralisme.

 

 

Un plan de relance Européen uniforme ne pourra jamais marcher

 

Mais vous me direz: « la relance çà peut marcher à l'échelle de l'Europe, c'est même Todd qui l'a dit ». Il se trouve qu'un plan de relance européen c'était l'idée subversive de Todd dans « Après l'Empire », mais à cette époque le continent n'avait pas les déficits commerciaux actuels. La Chine se suffisait alors de la carcasse américaine. Il faut bien voir que dans la tête de nos dirigeants cette relance ne pourra être qu'égalitaire. Le syndrome universaliste français interdisant la proposition d'un plan adapté aux économies locales et à leurs grands déséquilibres. De fait nous aurons un plan qui touchera tous les pays en particulier les plus sinistrés comme la Grèce ou l'Espagne. Le problème c'est que ces relances ne transformeront pas ces économies en pays productif. Et ce pour les mêmes raisons que les plans de relance aux USA n'ont jamais réparé le tissu industriel du pays. François Hollande avec son plan stupide me fait penser à un type qui essaierait de planter un clou avec une perceuse, la perceuse c'est un très bon outil, mais pas pour planter les clous. Il en va de même pour les plans de relance. Ils sont adaptés pour résoudre des problèmes de demande insuffisante lorsque l'appareil productif est fortement ralenti. Mais dans les pays latins comme en France d'ailleurs il n'y a plus de tissu industriel. Les problèmes de ces pays sont les déficits commerciaux dus aux importations. Un plan de relance seul ne fera qu'aggraver la situation.

 

Heureusement pour nous le plan de Hollande est totalement sous-dimensionné. C'est d'ailleurs la preuve que sa solution il n'y croit pas. Il suffit de voir les décisions prises sur l'emploi dans la fonction publique en France. Si Hollande pensait faire une relance réelle de la demande: pourquoi donc contracter l'emploi dans la fonction publique ? Sans parler de la ridicule hausse du SMIC. Hollande devait faire mumuse devant les caméras pour faire croire à son électorat qu'il faisait quelque chose. Je rappelle au passage que la hausse des salaires c'est encore mieux que les plans de relances surtout dans des pays aussi saturés que les nôtres d'infrastructures en tout genre. Pour stimuler réellement la demande, la hausse des salaires et celle du pouvoir d'achat sont les seuls mécanismes réellement probant. Mais évidement on se heurte ici directement à la question du libre-échange et de la mondialisation. Ce choix là Hollande l'a fait depuis bien longtemps. Il l'a même affirmé devant les caméras de télévision « les salariés français il s'en fiche ». Il ne peut pas y avoir de croissance tant que l'on considère le libre-échange comme une nécessité ontologique. On peut l'affirmer aujourd'hui pour les pays les plus avancés. Le libre-échange et la croissance sont exclusifs l'un de l'autre. Et ce n'est pas le ralentissement rapide de la croissance des BRICS qui va arranger les choses de ce point de vue.

 

 

Relancer la croissance

 

Pour fonctionner à minima un plan de relance européen devrait prendre en compte les grands déséquilibres qu'ils soient intraEuropéens ou extraEuropéens. Disons-le tout net. La première chose qui devrait être entreprise avant la relance serait une dévaluation massive couplée à une mise en place d'un protectionnisme européen. Deux choses qui sont impensables pour nos élites qui considèrent cela comme des ignominies. On le voit, un plan de relance réel et effectif à l'échelle de l'Europe aura bien du mal à commencer avec ces deux conditions indispensables à son fonctionnement. Sans une dévaluation et une forme de protectionnisme, la relance européenne fera exactement comme la relance US, une petite étincelle en Europe et une relance de la croissance en Asie où toute la demande sera absorbée à travers les excédents commerciaux qu'ils ont vis-à-vis de nous. Il suffit de regarder les courbes de croissance en Asie pour s'apercevoir que les plans de relance américains ont surtout fait croître leurs déficits commerciaux et la croissance chinoise. Il en ira de même en Europe.

 

Mais même ces précautions prises, nous aurons toujours le problème des déséquilibres internes à la zone euro. Un plan de relance appliquée à la Grèce accroitra les importations de ce pays plus que la production locale, car l'Allemagne et les pays de l'Est seront exclus des mesures de protection et de dévaluation. La seule solution en restant dans la zone euro serait alors une régulation du commerce interne de la zone euro. En permettant aux pays déficitaires de se protéger. Ou alors en faisant en sorte que la relance soit plus forte dans les pays excédentaires. Il faudrait donc un plan asymétrique et inégalitaire par essence. Paradoxalement, il faudrait que l'Allemagne fasse un plan de relance et augmente ses salaires. En espérant que cette relance tire les importations et rééquilibre les pays dont la balance est déficitaire avec elle. Nous entraînerions alors par ricochet les pays déficitaires. Cependant, je vois mal le président français, tout socialiste et égalitariste qu'il est, proposer un plan de relance et d'augmentation des salaires en Allemagne. Cela serait « injuste » pour les pays qui souffrent. Mais comme on dit, l'enfer est pavé de bonnes intentions. L'Europe est une idée qui pouvait séduire les générations qui ont vécu la guerre, mais le fait est qu'elle est la plus grande horreur que le continent a connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle nous ramène la misère, les crises et peut-être demain la guerre. Tout comme le communisme elle voulait changer les peuples, changer le monde, elle l'a finalement défiguré. Il ne nous reste plus qu'à espérer que les Allemands soient suffisamment égoïstes pour mettre fin à notre agonie collective.

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 16:28

 

  Il est fascinant de voir les grands dirigeants de ce monde tenir des propos complètement contraires aux faits et aux chiffres du monde réel. C'est particulièrement vrai de la situation économique outre-Atlantique, mais aussi sur notre vieux continent tout décrépi. Le commerce mondial n'étant pas vraiment reparti à la hausse, et étant donné que les pays occidentaux n'ont toujours pas pris le chemin de la réindustrialisation, il serait tout à fait étonnant donc que la croissance mondiale reparte durablement et c'est bien ce que montre l'évolution macro-économique dans les pays dits émergents. Pays qui connaissent des ralentissements de plus en plus prononcés en attendant la panne finale faute de clients vers qui exporter leur fabuleuse surproduction industrielle. On peut cependant se poser la question de l'aveuglement actuelle des élites en Europe et aux USA. Cet aveuglement est probablement le résultat de divers phénomènes d'intérêts de classe à court terme, croyance collective ou encore naissance de groupes sociaux internationaux sont autant de pistes nous permettant d'expliquer partiellement la folie collective actuelle de l'occident. Quoi qu'il en soit il ne faut pas espérer des nations émergentes qu’elles sauvent l'économie mondiale. En effet sauf exception leur propre croissance se fait uniquement grâce au système de la mondialisation. Elles en seront donc parmi les premières victimes lorsque celui-ci s'effondrera.



Une guerre commerciale planétaire pour absorber l'unique demande US



La mondialisation commerciale et la déconstruction de l'organisation commerciale de la planète ont produit une course à la dépression salariale qui a été cachée jusqu'à présent par le comportement de quelques états capables de soutenir momentanément d'énormes déficits commerciaux. Ce système mis en place par les USA en 1945 est aujourd'hui à bout de souffle sans qu'aucun des participants n'en ait encore conscience. L'Amérique qui s'est mise au centre de l'économie mondiale après guerre en devenant le marché au centre de tout n'a plus les capacités pour tirer l'économie mondiale par sa demande intérieure. Cependant, aucune des autres  régions n'est intellectuellement mûre pour prendre le relais. Ne serait-ce qu'en faisant une politique contracyclique locale. Tout le monde cherche à avoir des excédents commerciaux en minimisant la demande locale pour tirer la croissance en ignorant parfaitement le fait que si tout le monde fait cela il n'y a plus de demande nulle part. L'entrée de la Chine et de l'Inde dans le concert de la mondialisation ayant définitivement déséquilibré le système économique planétaire en réduisant à néant les possibilités d'amélioration des conditions salariales. C'est ce que Jean Luc Gréau avait appelé dans son libre « L'avenir du capitalisme » la dépression salariale.



Dans ce grand merdier planétaire ne subsistent que quelques poches de bon sens. On pourra donner l'exemple de l'Argentine qui continue sur sa lancée protectionniste en déconnectant petit à petit son économie du reste de la planète. Elle vient par exemple de réaliser l'expropriation partielle de la compagnie pétrolière YPF qui appartenait à l'Espagnol Repsol. Cette histoire de nationalisation est la dernière en date d'une longue série comme l'indique ce texte de l'AFP. À cela s'ajoutent les mesures protectionnistes prises par l'Argentine et dont nous avions parlé il y a quelque temps. Les résultats sont là. Il faut savoir que la croissance de l'Argentine est aujourd'hui supérieure à celle d'un pays comme la Chine. Elle est en effet à plus de 9% en moyenne annuelle. Le protectionnisme va rendre le pays de moins en moins sensible à la conjoncture mondiale. Mais l'Argentine est exception même en Amérique du Sud. La preuve, le Brésil voisin, lui, a clairement dévissé en ce début d'année la croissance passant de 7% à moins de 2,7% cette année. En Chine si la croissance reste très forte suivant nos critères celle-ci ne cesse de se détériorer. Faut-il rappeler à quel point les Chinois ont une économie fragile et très déséquilibrée ? En tirant leur croissance par l'exportation, ils se sont mis dans une situation dangereuse. Avec un taux d'épargne délirant atteignant 50%, la Chine a trop de capital inemployable. Surinvestissement et bulle dans tous les secteurs sont le résultat de ces déséquilibres qui menace le système chinois d'une rupture extrêmement brutale.

croissance PIB Argentine

PIB brésil

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Il en va de même pour toutes les nations qui tirent leur croissance des déséquilibres mondiaux. Les énergumènes qui pensent que les BRIC vont tirer la croissance mondiale n'ont décidément rien compris au fonctionnement réel de la mondialisation qu'ils prônent. Les USA sont le seul état keynésien de la planète, c'est-à-dire la seule nation qui s'évertue à faire des relances de la demande fréquente. Avec le libre-échange et la désindustrialisation massive, les USA se sont naturellement retrouvés avec un déficit commercial constant et croissant eu égard à leur rôle dans l'économie mondiale. Comme le disait très bien Todd dans après l'empire « Les USA ce sont un peu nos pyramides ». Elles ne servaient à rien en elles-mêmes. Mais elles justifiaient l'immense travail collectif qui lui permettait de donner des emplois à tous et de faire société. Les USA sont en faite, à l'heure actuelle, le seul état réel de la planète. Les autres n'étant que des subsidiaires qui se battent pour devenir le fournisseur industriel favori de l'Oncle Sam. En fait, les gros pays excédentaires sont les meilleurs larbins de l'empire. Ils fournissent du travaille, des marchandises, et divers produits réels gratuitement aux USA contre leur papier toilette vert qu'il ne tient qu'à eux d'émettre comme disait le général. Et tout ça pour que ces derniers continuent à leur acheter leur bazar. Sinon les pauvres ils seront en surproduction et ils feront faillite. La mondialisation c'est çà. Une aberration intellectuelle maintenue parce que nos dirigeants sont incapables de revenir aux bases d'une bonne économie qui n'a nul besoin d'échanges commerciaux superflus.

 

Tant que nos pays ne décideront pas de revenir à la raison c'est-à-dire de relocaliser la production et la demande, de relier production et consommation, il n'y aura pas de fin de crise. Surtout en Europe, car nous n'avons plus aucun avantage face aux géants à bas coût qui se lèvent en Asie. Les relances successives de l'Empire américain sont désormais totalement absorbées par l'Asie et pourtant elles sont insuffisantes pour maintenir longtemps la croissance. La dernière relance Obama commence déjà à s’essouffler. Il va falloir que la FED intervienne en permanence pour maintenir à flot une économie US qui ne produit rien de ce qu’elle consomme. Bien évidemment certains objecteront que le dollar finira bien par tomber, mais c'est à mon avis ne pas comprendre que le statut du dollar est une convention bien difficile à casser. Ce petit jeu pourrait bien durer encore trois ou quatre décennies. Mais si l'Asie peut se satisfaire de cette situation, l'Europe n'en a plus les moyens. Soit les peuples d'Europe réagissent et sortent de la mondialisation, soit ils finiront par ressembler à un nouveau tiers-monde. Il faut bien comprendre que la mondialisation est d'essence américaine, elle est le socle de la domination des USA. Seul le dollar permet à cette nation de dominer encore la planète malgré ses incapacités productives.



Les USA ont trouvé des producteurs moins chers et plus efficaces en Asie. Ils ont déjà jeté l'Europe à la poubelle, elle ne leur sert plus à rien. Les Asiatiques quant à eux sont déjà pris dans l'engrenage même si quelques mouvements peuvent faire croire que ces pays veulent se passer de la tutelle US. Certains voient ainsi dans les accords sino-japonais sur l'abandon du dollar comme monnaie d'échange entre les deux pays une volonté de rupture avec la domination des USA. C'est ne pas comprendre que cela ne sert à rien de ne plus utiliser le dollar comme monnaie d'échange si vous ne substituez pas dans le même temps la demande US par une demande locale. Ce n'est pourtant pas le chemin pris par la Chine et le Japon qui continuent à ne pas avoir de politique de relance de la demande intérieure. Ces pays continuent de faire du commerce extérieur l'alpha et l'oméga de leur croissance économique nourrissant ainsi la domination perverse de la puissance US.

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Les USA n'ont de la croissance que si leur déficit commercial s'accroit, ce qui en dit long sur l'état réel de leur économie.

Les USA, l'empire protecteur des riches



On peut se poser la question de savoir pourquoi les peuples de nations aussi avancées que celles d'Europe ou d'Asie continuent ainsi à se faire piller pour maintenir l'empire américain. Après tout, il est probable qu'une politique économique plus centrée sur leur propre marché leur permettrait de croitre plus vite. La crise US de 2008 a détruit une grande quantité de capitaux provenant des riches d'Europe ou d'Asie. Quant au matelas de dollars des puissances excédentaires, il ne sert à rien puisque son usage ferait immédiatement s'effondrer le cours du dollar vaporisant d'un seul coup toute cette richesse fictive faite de promesses de remboursement sur la dette américaine.



La réponse à cette question est double. Il y a d'abord une filiation directe entre les élites des pays du monde entier et celle des USA. Marx rêvait d'une internationale socialiste, il va bien falloir se rendre à l'évidence que l'internationalisme pratique est surtout vrai chez les élites économiques. Et même si elles parlent mal le français il y a fort à parier aujourd'hui que les riches français ou britanniques se sentent plus proche des riches américains ou indiens que de leurs concitoyens socialement inférieurs. Il est possible que les nouveaux médias et les transports rapides aient réellement réussi à mettre en place une hyperclasse mondialisée qui se pense comme un corps collectivement soudé. Même si des tensions peuvent apparaître entre elles, elles restent ensemble pour défendre leurs intérêts généraux à l'échelle mondiale. Les USA sont ici le socle culturel légitimant et protégeant cette nouvelle classe mondiale qui fait peu de cas de l'effondrement de tel ou tel petit pays. Cette classe ayant une vision mondiale et se sentant partout chez elle, comme disent les soi-disant « citoyens du monde », peu importe pour elle le destin de leur pays d'origine. Une telle vision peut effectivement permettre d'expliquer en partie le comportement de certains dirigeants. On peut aussi imaginer que comme dans tous les groupes humains il y a des idées reçues, des « croyances » qui permettent au groupe de créer un langage commun permettant l'assemblage de personnes aux origines très différentes. Le libre-échange et la libre circulation des capitaux faisant partie du socle indiscutable de la« culture » de ces mondialistes.



On peut aussi voir ces choix contraires à la raison et aux intérêts nationaux comme le résultat de simples calculs d'intérêts de classe à court terme. La croissance par l’excédent commercial n'est possible que si l'inflation est relativement basse dans un pays. En effet, l'inflation nuit à la compétitivité externe d'une nation. En faisant miroiter, que la croissance ne peut s'obtenir que par l'excédent commercial, les riches utilisent un argument qui permet de neutraliser définitivement les revendications des salariés locaux. Bien évidemment comme tous les pays du monde ne peuvent avoir d'excédents en même temps il faut bien une nation pour absorber ces excédents planétaires, cette nation ce sont les USA. Les élites de l'Ancien Monde se servent dans cette hypothèse des USA pour maintenir de fortes inégalités sur leur propre territoire. Dans cette vision les USA sont un empire mondial par défaut, une nécessité pour maintenir la croissance sans inflation et sans hausse des salaires. Seulement le problème que Keynes avait si bien vu c'est que par nature la hausse des gains de productivité entraine un besoin toujours plus croissant en terme de demande. La contradiction du système actuel c'est que le modèle fondé sur la demande US n'est plus valable, mais qu'aucune oligarchie locale européenne ou asiatique n'est prête à renoncer à ses rentes pour relancer la croissance économique mondiale. En Europe on voit bien que les rentiers sont prêts à plonger le continent dans la misère pour ne pas fermer les frontières commerciales et pour relancer une croissance nécessairement plus égalitaire et inflationniste. Si le protectionnisme est si détesté, c'est bien parce qu'il est le seul outil réellement efficace pour réduire les inégalités. Et çà les riches l'ont bien compris.

 

Les officines néolibérales choisissent la dépression



Comme il n'y a plus de portes de sortie possibles dans le système mondial actuel. Qu'il est impossible de maintenir à la fois la croissance économique et la croissance des revenues de la rente financière, en tout cas en Europe. Les riches ont décidé qu'il n'y aurait plus de croissance sur le continent. Il ne faut donc guère s'étonner de voir fleurir des politiques visant à réduire toujours plus la demande en Europe. C'est le résultat de la collusion entre les croyances des imbéciles du néolibéralisme qui continuent de croire en leurs fadaises et les intérêts de la rente et de la finance européenne. Une finance qui juge à juste titre impossible l'adéquation entre croissance et intérêt financier en Europe. Les riches d'Europe ont compris que le continent n'avait plus d'avenir en régime de libre-échange à son niveau de vie moyen actuel de salaire. Les flux de dollars allant surtout alimenter la croissance asiatique. Le seul moyen de réenclencher la croissance serait de faire une forte dévaluation et du protectionnisme ce qui serait fortement contraire aux intérêts de la finance européenne. Ils vont donc plutôt aller vers la stratégie du pire exactement en faisant des purges ultraviolentes. À l'image de ce qui s'est passé en Amérique latine dans les années 80-90. Ces politiques pour riches ont déjà commencé et c'est en Grèce que c'est le plus spectaculaire. Cependant il ne faut pas oublier nos amis britanniques qui détruisent toujours plus leur propre société pour maintenir la finance anglaise en état. La totalité des pays européens sera touchée. Il faut s'attendre même en France à des réductions de salaire extrêmement importantes. On voit déjà poindre le retour de Bolkestein pour faire baisser les salaires des emplois non-délocalisables. Après l'élection du nouveau gounerneur de la France on devrait voir poindre des politiques de suppression du SMIC, en attendant la suppression de la sécurité sociale et des allocations chômage. Ces politiques aggraveront considérablement la crise économique, mais maintiendront l'euro à son niveau actuel et les intérêts de la finance seront sauvegardés. Du moins si quelques inconvénients politiques ne mettent pas fin aux calculs financiers comme cela fut le cas dans les années 30...

 

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