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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 21:10

piggy-bank.jpgPendant que l'actualité continue sa course folle avec un Japon empêtré dans une catastrophe naturelle d'ampleur gigantesque, et un risque nucléaire toujours aussi inquiétant, ou encore un moyen-orient en ébullition, la Libye étant devenue le symbole de cette instabilité nouvelle, nous ne devrions pas pour autant  oublier que l'Europe est toujours en crise. Et cette crise ne peut d'ailleurs que s'aggraver, puisqu'en réalité rien n'a été fait pour régler les problèmes de fond à part faire de l'arrosage automatique de fond public par l'endettement d'autres états. L'euro a même eu la mauvaise idée de remonter face au dollars, ce qui n'est pas sans accroître les tensions économiques déjà fortes  à l'intérieure de la zone euro. Car comme je l'avais dit dans une autre analyse, la seule chose qui pourrait réellement sauver l'euro actuel serait qu'il tombe à des niveaux très bas ou que l'UE se décide à faire du protectionnisme, ce qui reste toujours le souhait de notre prophète Emmanuel Todd. Mais ce n'est pas la direction prise, et la crise japonaise pourrait encore aggraver le déséquilibre entre l'euro et le dollars. Les autorités internationales ont d'ailleurs dû intervenir en urgence pour permettre au yen de ne pas trop s'apprécier face au dollars, car les capitaux japonais rentrent à la maison poussant ainsi le dollars à la baisse. Rappelons que le Japon est le deuxième pays à détenir des bons du trésor américain, devant la Chine, et celle-ci est en plus de moins en moins enthousiaste à l'idée de soutenir la monnaie américaine à tout prix, et notamment au prix d'une inflation interne qui grimpe. Le dollars ne peut donc que fortement se déprécier dans les mois qui viennent ce qui par réaction ne peut faire que grimper l'euro poussant l'euro divergence vers des niveaux extrêmes. On se demande vraiment jusqu'à quel écart de taux d'emprunt les états européens vont pouvoir aller.

 

  Mais il n'y a pas que la zone euro qui va mal en Europe, la Grande-Bretagne vient par exemple de connaître son plus mauvais chiffre en terme de chômage depuis 17 ans, et là  il s'agit bien évidement des chiffres officiels déjà largement trafiqués comme chez nous. La politique de rigueur du gouvernement Cameron qui est censé faire une purge salvatrice, comme aime les faire nos amis néolibéraux, a donc commencé à faire ses premiers effets "salvateurs". La croissance est en berne et le chômage explose, le pauvre gouvernement anglais ne devait pas savoir que comme les autres pays d'Europe font aussi des purges salvatrices les exportations ne risquaient pas de tirer la  croissance du pays. Une purge libérale dans de telles conditions ne pouvait que provoquer une grave récession. Mais la situation est tout de même plus grave pour nos amis portugais qui ont les contraintes de l'euro comme facteur de contrainte. Les taux d'emprunt portugais viennent d'atteindre 7.7% rien que çà. Et l'on parle encore d'une intervention européenne pour sauver le soldat portugais après avoir tu... sauvé le soldat grec.  On attend avec impatience l'achat de Lisbonne ou de Porto par la Chine pour sauver le Portugal, enfin surtout pour sauver les banques allemandes, françaises et le mythe européïste.

 

 taux

Les PIGS ont toujours des déficits commerciaux 

 

  L'origine de la crise de l'euro qui semble s'éterniser a toujours la même source. Des pays ayant des divergences dans leurs besoins macro-économiques ne sauraient avoir la même monnaie sous peine de créer des déséquilibres commerciaux massifs. Si la Grèce, le Portugal ou l'Espagne ont autant de problèmes, c'est que leurs balances commerciales les contraints à emprunter toujours plus sur les marchés financiers. Ce sont ces déséquilibres commerciaux qui sont à l'origine de leur difficultés macro-économiques, c'est valable aussi et dans une moindre mesure pour la France et l'Italie. Sans retour à l'équilibre la situation continuera à se dégrader. Cependant le seul moyen d'équilibrer les comptes dans le cadre de l'euro et du libre-échange est de faire une récession artificielle, en cassant les salaires,  la demande ou les services publics, et c'est ce que s'évertuent malheureusement à faire ces états inféodés à l'idéologie européïste et libérale. Bien évidement la population ne l'accepte pas et la crise économique se transmet peu à peu à la sphère politique y compris en France avec la montée récente de Marine Le Pen. Un coup d'oeil à la balance commerciale de l'Espagne ou de la Grèce nous montre les difficultés que rencontrent ces pays, tant qu'elles existeront ne compter pas trop sur un redressement de leurs taux d'emprunt. 

 

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CommerceGrece.png

 

Dans le cas de l'Espagne sur le premier graphique on voit bien les effets de l'euro sur le commerce extérieur et que l'on ne dise pas que c'est un hasard si la balance commerciale espagnole se dégrade fortement à partir de 1999-2000. C'est l'époque où les taux sont unifiés en Europe et où l'on met en place l'euro. La réduction récente des déficits commerciaux n'est dû qu'à l'effondrement des importations et donc à un affaiblissement du niveau de vie de la population comme on le verra ultérieurement. Si l'on regarde la production industrielle  espagnole, hors immobilier, on retrouve la même cassure en 1999, l'indice de la production industrielle espagnole de fin 2010 est ainsi  revenue à son niveau de 1997. En plus cet indice  avait fait du surplace de 1999 à 2008. Bien évidement ces pays ont bénéficié d'une inflation moindre durant cette période à l'image de l'Argentine avant 2001. Mais la recherche de l'inflation la plus basse possible en ayant des politiques monétaires absurdes emmène toujours les pays vers la catastrophe et c'est très exactement ce qui se passe aujourd'hui en Europe.  

 

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  Les nations les plus déséquilibrées tombent en premier, mais il ne fait aucun doute que le reste du continent suivra le même chemin. Il n'y a aucun espoir de redressement réelle de ces économies dans le cadre actuel. Et la réduction des déficits commerciaux actuelles en Espagne, en Grèce ou au Portugal n'est que le produit de la contraction du niveau de vie des populations et de la forte de hausse du chômage. Une hausse qui atteint des proportions vertigineuses chez nos voisins espagnoles, il suffit de regarder le graphique de l'évolution récente pour s'en convaincre:

 

 ChomeEspagne.png

 

Le taux de chômage officiel de l'Espagne vient de dépasser les 20% et l'on trouve des économistes assez idiot pour déclarer qu'il n'y pas à s'inquiter pour l'Espagne parce que son taux d'emprunt a légèrement baissé. La France et les pays européens du nord s'inquiètent régulièrement des risques d'arrivée massive d'immigrés en provenance des pays arabes, pour cause de crise politique grave. On s'affole ainsi de ce qui se passe à Lampedusa Marine Le Pen se faisant même de la pub en allant sur place.  Mais à nos portes il y une nation de 40 millions d'habitants qui est en train d'asphyxier sa propre population avec des politiques complètement débiles fomentées par les technocrates libéraux pro-européens et surtout complètement irresponsables. Où irons donc les espagnoles, les portugais et les grecs  fuyant le chômage et la misère de masse dans les années qui viennent? Plutôt que de regarder les problèmes de l'autre coté de la mediterranée, il faudrait peut-être que les européens réalisent dans quelle situation ils sont eux mêmes. Les crises politiques ne vont pas tarder à se montrer sur notre continent, faute d'actions visant à améliorer le sort de la majorité de la population. Au Portugal le gouvernement est dans une situation difficile, et pour cause, les régimes de rigueurs sont rejetés par le peuple.  En Grèce les politiques de contritions si douloureuses n'ont pas amélioré la situation financière, ce qui est aujourd'hui reconnu même par les officiels. Mais il a fallu en passer par les plans d'austérité pour que les "élites" comprennent qu'une diminution drastique des dépenses produisent toujours une forte réduction des recettes fiscales. Où est donc l'Europe de la croissance et de l'investissement? L'Europe c'est la paix et la prospérité, vraiment?

 

Sans protectionnisme l'euro éclatera, ou l'Europe brûlera 

 

Les populations ont aujourd'hui compris dans leur majorité que l'euro s'était fait au détriment des intérêts des pays membres. La crise était latente depuis la mise en place de la monnaie unique, comme l'atteste  l'évolution de la production industrielle espagnole. C'est uniquement les endettements publics, privés et les bulles que cela a provoqué, qui ont permis à ce machin de fonctionner ces dix dernières années. Maintenant que la facture arrive personne ne peut payer l'addition, même l'Allemagne grand bénéficiaire de l'euro.  Si l'UE persiste dans ses erreurs il ne fait guère de doute qu'il n'y aura que deux sorties possibles. La première est une sortie pure et simple des pays les plus déséquilibrés de la zone euro ou la création d'un euro commun plutôt qu'unique. La deuxième possibilité c'est l'aggravation des politiques de contrition visant à équilibrer les balances des paiements sans changer les politiques monétaires ou commerciales. Il faudra pour cela forcer les peuples à rester dans cette zone monétaire malgré l'appauvrissement généralisé, ou pourrait imaigner alors un glissement vers des régimes de plus en plus autoritaires. Il ne faut pas se faire d'illusion, si la population ne descend pas dans les rues ou ne met pas au pouvoir des politiques visant un changement radicale, nous nous dirigeons vers le pire des scénarios. Il est possible cependant que le vieillissement de l'Europe empêche une révolte pourtant nécessaire, l'on pourrait alors assister à une vidange des populations européennes qui finiront par fuir un continent devenu invivable pour une majorité de la population. On est très inquiet à droite et à l'extrême droite d'une vague d'immigration massive en provenance d'Afrique ou d'ailleurs. Et si finalement le vrai risque était inverse? Ne va-t-on pas finalement assister dans les dix ans qui viennent à un départ massif des jeunes européens, désespérés par la situation de l'emploi et le manque de perspectives pour eux? Le reste du monde changeant et abandonnant  les lubies libérales et mondialistes, pendant que le continent européen s'enfoncera dans le conservatisme libérale en provoquant  misère et l'inégalité. L'Europe c'est peut-être le monde arabe de demain, en France on a peut-être déjà notre Kadhafi.

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 19:50

  Les yeux du monde sont toujours rivés sur l'empire du soleil levant, et pour cause il semblerait que le pire soit maintenant à craindre en matière de sécurité nucléaire. Je ne reviendrais pas sur la question énergétique nous l'avons abordé précédemment, cependant cette crise va aussi être un catalyseur de réflexions sur les questions monétaires et économiques. Car au-delà des pertes humaines et du danger nucléaire, qui, on l'espère, pourra être contenue, l'économie japonaise pourrait sembler à première vue comme complètement sinistré et condamné. D'autant plus que l'économie nipponne était déjà dans un état dramatique avant et que son PIB avait fortement chuté en 2009 suite à la crise mondiale. C'est en tout cas ce qui ressort régulièrement des analyses économiques qui font le bilan de la catastrophe tout en soulignant le nombre de destruction physique auquel le pays doit  faire face après ce tremblement de terre. En plus de  cela certains on la mauvaise idée de rappeler que le Japon c'est aussi le pays de l'OCDE avec la plus forte dette publique. La crise ne pouvant pour ces esprits étriqués qu'aggraver la situation du Japon en la matière. Pourtant rien n'est plus faux, je vais m'évertuer à le montrer cette crise pourrait bien être une opportunité de changement pour un pays qui s'enfoncer lentement mais sûrement dans un déclin de longue durée. Encore faut-il que le Japon se serve évidement de cette oportunité pour changer. En réalité une fois l'orage passé, le Japon pourrait tout aussi bien nous rappeler que l'économie c'est avant tout des hommes qui produisent, qui échangent  et qui travaillent avant d'être une affaire comptable. Les japonnais n'auront pas le choix de toute façon,  pour s'en sortir ils vont devoir réinventer leur organisation économique et outrepasser les dogmes libéraux qui les guident depuis trop longtemps maintenant. C'est seulement en empruntant une voie différente qu'ils sortiront du lent déclin qui leur colle à la peau depuis plus de 20 ans. 

 

      Pour reconstruire une économie détruite il faut laisser tomber les dogmes et les croyances comptables. C'est la crise de 1929 et la seconde guerre mondiale qui permirent la naissance des économies régulées d'après guerre, parce que les hommes et les femmes qui ont vécu cette période ont alors compris que les bilans comptables n'avaient aucun intérêt. Lorsqu'un immeuble s'écroule on a pas besoin d'argent mais d'hommes capables d'agir, lorsqu'un incendie éclate on a besoin d'eau et de pompier, pas de billets de banque. Si vous n'avez pas de pompier vous pouvez avoir tout l'argent que vous voulez, vous brûlerez avec. Pour redresser leur pays les japonnais vont devoir imiter leurs anciens  regarder l'économie réelle et sortir des illusions comptables et libérales.  Mais le Japon a de la chance dans son malheur, il possède sa propre monnaie et il est relativement indépendant en matière de production, il n'aura donc pas trop à se soucier des relations extérieurs. On imagine une telle catastrophe en France, avec un état qui ne maîtrise même plus sa monnaie et qui serait obligé de  lancer un emprunt d'urgence à l'international pour financer le colmatage des brèches d'un réacteur nucléaire, et personne ne voulant lui faire un prêt car trop risqué. Cette situation prouve une fois de plus qu'il est important  pour une nation d'émettre sa propre monnaie surtout en cas d'urgence. Ne pas pouvoir faire venir des secours qui existent simplement parce qu'il n'y aurait pas d'argent voilà bien une idiotie totale. On a de la chance qu'une telle catastrophe ne se produisent pas dans la zone euro, l'organisation économique de la zone ne permettant absolument pas de gérer une telle situation, c'est à méditer pour nos européïstes.

 

Pour en revenir au Japon sa seule dépendance est celle des exportations, mais c'est une dépendance malsaine dont il ferait mieux de se guérir comme nous le verrons par la suite. En réalité si beaucoup de monde s'inquiète pour l'économie japonaise, l'on ferait peut-être mieux de s'inquiéter des conséquences pour les USA qui dépendent beaucoup de l'épargne japonaise. Or celle-ci pourrait très bien se retirer en masse du pays pour faire face à la catastrophe. De la même manière la baisse de la consommation en pétrole, conséquence de la catastrophe, pourrait faire baisser le prix du baril si favorable au maintient du dollars américain. En réalité c'est aux USA que les conséquences économiques pourrait se faire le plus durement sentir au moment même où les nuages noirs s'amoncelaient. Le Japon c'est l'un des pilier de l'empire américain, sans lui et avec une zone euro condamné à court terme, il suffit de voir l'évolution récente des taux d'intérêts, les USA ne sont plus viables économiquement. Sans parler de la perte du contrôle du moyen-Orient et du pétrole.  Mais qui va donc financer l'empire décidément c'est problématique.

 

L'évolution économique japonaise sur le long terme

 

1)La dette

 

    Si la dette japonaise à atteint les niveaux qu'elle a aujourd'hui c'est pour plusieurs raisons. La première c'est que le gouvernement japonais n'a jamais vraiment revue à la hausse les impôts du pays, les impôts japonais sont relativement bas à l'échelle de l'OCDE. De plus le Japon depuis 20 ans est devenu  l'un des pays les plus inégalitaires de l'OCDE alors même qu'il était le plus égalitaire au début des années 90, la compression de la classe moyenne n'est pas favorable à de bonnes rentrée fiscale surtout si les grandes entreprises mettent leurs sièges dans des paradis fiscaux. Autre facteur d'endettement le Japon n'est jamais sortie réellement de la déflation  après le tremblement de terre de Kobe, cette situation est avant tout le résultat d'une absence de volonté pour redresser les salaires de la population du pays. Mais comme il fallait continuer à produire un peu de croissance on a préféré endetter l'état plutôt que d'augmenter les salaires, en ce sens l'économie japonaise n'est pas très différente de celle de ses homologues occidentaux. Le choix de la compression salariale a seulement été momentanément solutionné de manière différente le Japon a endetter son état plutôt que les particuliers. Cela tient également à la réticence de la population japonaise à pratiquer le crédit à la consommation, les japonais étant de gros épargnants, l'état n'a eu d'autre choix, dans un cadre libéral, que de creuser les dépenses publiques.

 

Les différents plans de relances qui ont été fait dans la période des années 90 n'ont pourtant jamais fait redémarrer l'économie faute de continuité de la demande. Celle-ci retombait une fois les effets des plans estompés, il aurait mieux valu augmenter les salaires, mais ce choix demandait un abandon des politiques d'excédent commercial comme nous le verront par la suite. A cela s'ajoute une grave crise démographique et la concurrence de la Chine et de la Corée du Sud dans un régime de libre-échange généralisé. Le Japon subit de plein fouet la concurrence des pays à bas salaire, et contrairement à une idée reçue le Japon ne s'en protège pas vraiment, au contraire même, bon nombre d'industries japonaises ont délocalisé leurs activités dans les pays voisins. Les effets ont donc été similaires à ceux observés en France ou aux USA une désindstrialisation progressive, à l'image des dessins animés nippon, fer de lance du soft power japonais, qui sont aujourd'hui fabriqué pour une part sans cesse croissante en Corée du Sud.

 

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  Les effets de la désindustrialisation sont cependant moins visibles au Japon, et ce pour plusieurs raisons, la première c'est que celle-ci a commencé plus tard qu'en France ou aux USA. La seconde c'est que le niveau technique et culturel japonais est très supérieur à celui de nos pays, au Japon plus de la moitié des jeunes font des études supérieurs c'est beaucoup plus qu'en France. Ce niveau scolaire a eu l'effet d'un frein grâce à la spécialisation dans le haut de gamme et les produits à haute valeur ajouté, les industries de bases sont  parties sans que l'on aperçoivent le déclin de l'industrie dans la part du PIB. Le Japon produit beaucoup moins de choses, mais la valeur globale des produits fabriqués a fortement augmenté, ce qui se traduit par une part relativement stable de l'industrie dans le PIB. Par contre cela a détruit beaucoup d'emplois et fait fortement augmenter les inégalités. Le Japon c'est la société de la connaissance incarnée si l'on puis dire, mais elle ne pourra pas durer.  En effet la hausse progressive du niveau scolaire chinois ou coréen condamnera même les emplois les plus qualifiés à la disparition à terme, la monté en gamme coréenne est déjà fatale à bon nombre de groupes japonais. Si le Japon reste en régime de libre-échange il sera un jour ou l'autre victime des mêmes problèmes que les USA ou la Grande-Bretagne. Ensuite il y a la question démographique, car comme en Allemagne la population active diminue, c'est ce qui fait qu'une stagnation de la quantité d'emploi  ne produit pas nécessairement de hausse de chômage. Le pays peut produire de moins en mois d'emplois sans subir une hausse du taux de chômage. Cela donne au pays le visage d'un vieil homme s'assoupissant tranquillement avant de mourir dans son lit.

 

2)La cassure date des années 90 ou 70?

 

La cassure de l'économie japonaise est souvent daté de 1990 car c'est là qu'elle apparaît au grand jour la croissance passant d'un régime de 4% à presque 0 en moyenne sur une décennie. Depuis cette période le Japon tourne autour de 0%  de croissance avec des années positives et d'autres négatives, certains présentent même le Japon comme étant la première société passé au régime de la décroissance tant chérie par certains écologistes. 

 

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  Si l'on regarde la production industrielle sur une période plus longue la rupture apparaît plus nettement la production industrielle commence à faire du surplace à partir de 1990 effectivement. Mais à mon humble avis la rupture date de bien avant cette date seulement il faut utiliser d'autres donnés pour s'en rendre compte. La crise que va connaître le Japon à partir des années 90 n'est que la résultante d'un phénomène plus ancien, celui d'un modèle économique qui ne pouvait conduire qu'à cette situation.  En réalité c'est le choix d'un modèle mercantiliste, celui de l'accumulation d'excédents commerciaux, qui va créer les bulles et les anomalies qui seront fatales à l'économie japonaise.  En devenant dépendant de l'extérieur pour sa croissance et son développement le Japon va entrer dans un cycle qui lui sera finalement fatal économiquement.

 

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    Dans les années 70 le Japon a orienté son économie vers la conquète des marchés extérieurs, alors que sa balance des paiements était à l'équilibre pendant toute la période d'après guerre, ce pays a commencé à accumuler des excédents  après 75. Ce choix d'avoir des excédents ne fut pas le fruit de la seule volonté des dirigeants japonais, c'est aussi le résultat de la mise en place en occident des délires libéraux et libre-échangistes. Avant cette époque l'Europe avait par exemple le tarif extérieur commun qui rendait peu intéressantes les exportations depuis le Japon, ce n'est qu'une fois ces barrières douanières supprimées que les produits japonais vont envahir nos contrés. Les portes de l'occident ouvertes, il ne restait au Japon qu'à faire une politique d'invasion commerciale, on se souvient bien en France de cette période caractérisée par la multiplication des discours sur le péril nippon, à l'image du japonais homme ou fourmis de notre premier ministre d'alors, madame Edith Cresson.  Ce n'était pas une vue de l'esprit, le Japon et l'Allemagne était alors les grands gagnant du libre-échange intégral, provoquant sans le comprendre la déstabilisation de l'économie planétaire en poussant des pays à la compression salariale et à l'effondrement. Bien évidement le contrecoup fut rapidement arrivé, les pays en déficit se sont mis à contraindre leur consommation ne pouvant lutter à armes égales avec les deux géant de l'exportation. Les deux pays mercantilistes furent finalement punis puisqu'ils virent leur croissance diminuer fortement sur le long terme, à tel point qu'aujourd'hui il font figure d'homme malade sur le plan de la croissance économique. Mais le Japon et l'Allemagne ont toujours des excédents, et malgrés leurs difficultés intérieures ces pays semblent toujours croire que ces excédents sont une bonne chose pour eux.

 

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      Le deuxième point qui montre le changement de régime économique du Japon dans les années 70 est le changement dans le rythme de l'inflation. Les années 70 sont caractérisée par une forte poussée inflationniste que l'on peut voir dans tout les pays industrialisés de l'époque.  Mais contrairement aux pays européens la croissance économique et industrielle au Japon continue à des rythmes élevés, il n'y a pas eu de stagflation au Japon. Les exportations japonaises ont pris  le relais de la croissance et le Japon va devenir un prédateur de la demande mondiale pour compenser la compression salariale chez lui. Car pour juguler son inflation il va favoriser au maximum les exportations au détriment de sa demande intérieure, jadis seul moteur de la production, c'est le même choix que fit l'Allemagne à la même période, et c'est le choix qu'à fait la Chine pour notre plus grand malheur. En effet en tirant votre croissance des exportations et non de la demande intérieure vous n'avez pas besoin d'augmenter les salaires, ces derniers sont mêmes nuisibles à vos exportations. Les pays exportateurs se caractérisent par une forte croissance sans inflation du moins à cour terme. Le modèle mercantiliste japonais donnera toute sa puissance dans les années 80 avant de montrer ses effets dans les années 90. La demande mondiale est maintenant insuffisante pour nourrir l'excédent japonais, allemand, chinois ou coréen en même temps, ces pays ont poussé jusqu'à au bout un modèle qui par nature était déséquilibré puisque toute les nations du monde ne peuvent pas avoir un excédent en même temps.  Et les gagnant actuels sont la Chine et la Corée du Sud, l'Allemagne malgrés ses excédents énorme arrive à peine à tirer sa croissance son niveau de vie est probablement trop élevé pour que la croissance des ses excédents arrive à réellement dynamiser le pays. Quant au Japon il est le perdant des années 2000 face aux trois autres sur le plan commercial. 

 

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  Comme on le voit sur le graphique précédent l'inflation au Japon devient très basse dans les années 80, elle ne fait plus alors que la moitié de son niveau d'avant 1973. Mais jusqu'en 1990 la croissance va rester forte alimenté par les excédents commerciaux, mais bien sûr les USA et les pays européens vont finir par réagir à ces excédents qui leurs sont nuisibles. La forte hausse du Yen et l'affaiblissement progressif des économies occidentales finiront par casser la croissance japonaise. Contrairement à ce que disent certains ce n'est pas la faute de la hausse du Yen si la croissance japonaise s'est cassée, du moins pas directement, en effet rien n'interdisait au Japon de tirer sa croissance de sa demande intérieure. Il est tout à fait normal que les pays en déficit comme les USA demandent un rééquilibrage commercial, accuser les pays victimes du mercantilisme asiatique de se protéger c'est ne pas vraiment comprendre qui est l'agresseur. Alors pourquoi le Japon n'a-t-il pas changé de politique à l'époque de la réévaluation du Yen dans les années 80? Probablement pour les mêmes raisons qui poussent les élites français à ne pas protéger leur industries, elles n'aiment pas les hausses de salaires et l'inflation.

 

Les élites japonaises comme celles d'occident voient toujours d'un mauvais oeil l'inflation et la hausse des salaires, elle préfèrent même avoir une croissance faible et un chômage élevé plutôt que que d'avoir de l'inflation. On l'avait vue dans le cas de l'Argentine récemment où cette haine l'inflation a fini par produire un effondrement brutal de l'économie du pays. Le japon diffère de l'Argentine dans le sens où il n'a pas besoin d'arrimer sa monnaie à une monnaie étrangère pour maintenir basse son inflation, mais l'objectif d'une croissance sans hausse des salaires est la même. Seulement c'est contradictoire quelque soit votre modèle économique à un moment ou  un autre il faudra bien redistribuer les gains de productivités sous forme de hausse des salaires, les pays qui ne le comprennent pas finissent toujours par provoquer des catastrophes sous diverses formes, comme on le verra bientôt dans la zone euro. Cette politique mercantiliste et anti-inflationniste a des limites surtout parce que le Japon n'est plus tout seul à faire cela, il est aujourd'hui fortement concurrencé par la Chine et la Corée du Sud qui font aussi bien que lui pour beaucoup moins chère, allant même jusqu'à concurrencer les japonais sur leur propre sol. Sans parler de la puissance Allemande qui grâce à l'euro s'est réserver un cheptel de victimes pour elles toute seule.  Si les japonais veulent redresser leur situation économique, surtout après cette grande catastrophe, il leur faudra enfin revoir leur modèle mercantiliste. Ils devraient enfin réorienter leur économie sur leur demande intérieure car ils n'auront plus le choix. Leurs marges extérieures vont se réduire, les puissances montantes d'Asie faisant de l'ombre à leur production, et le marché d'exportation vers l'occident sera de moins en moins porteur puisque cette région du monde devra soit se protéger, soit s'appauvrir pour équilibrer sa balance des paiements.  La crise de 2009 fut un avertissement pour le Japon c'est le pays qui subit le plus durement l'effondrement des importations américaines. Que se passera-t-il lorsque le dollars se transformera en nouveau rouble...

 

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Face à la catastrophe il faut une politique monétaire de production

 

  Nous avons fait ici un petit bilan de l'économie japonaise, mais c'était avant la catastrophe. Le japon va devoir retourner son économie vers lui même si je puis dire pour reconstruire. On peut tout à fait comparer la situation à celle de la sortie d'un conflit militaire par son ampleur, il semblerait que près d'un tiers du pays a été littéralement détruit par le tremblement de terre, c'est une proportion énorme d'une tout au dimension que celui de Kobe. Cependant comme l'état est officiellement surendetté, il va devoir changer de stratégie en matière économique et il va falloir faire transvaser les revenue du capital vers le travail à travers l'inflation pour reconstruire rapidement le pays. Il va falloir émettre de la monnaie de crédit public pour l'investissement productif de reconstruction, des prêts à taux zéro pour l'immobilier et l'industrie de reconstruction. Des aides massives pour les personnes qui vont devoir reconstruire leurs vies et leurs villes.  Une telle politique de  grands travaux va devoir être nécessaire et celle-ci ne sera effective qu'à travers une émission monétaire massive et pas autrement. A l'occasion la dette se dégonflera par la conjugaison de l'émission monétaire et le retour de l'inflation, ce qui me parait inévitable dans ces conditions. Rappelons au passage que la dette japonaise est essentiellement détenue par les épargnants japonais, il n'y aura pas d'exportation des problèmes par ce biais, c'est plutôt les risques de rapatriement des capitaux investis hors du Japon qui poseront problèmes aux puissances étrangères. Le Japon devrait donc connaître une forte hausse de son inflation dans les années qui viennent ainsi qu'une hausse de sa croissance économique pour réparer les dégâts.  Il est malheureux que les états ne trouve une justification à l'inflation et à l'investissement public que dans la guerre ou la catastrophe, le chômage n'étant apparemment pas assez grave pour justifier une telle politique.

 

A l'occasion du retour d'une certaine dynamique économique, le gouvernement japonais devrait en profiter pour rompre avec son modèle mercantiliste qui l'avait conduit au marasme avant la catastrophe.  Le Japon devrait reconstruire une économie plus auto-centré et moins dépendante de ses exportations, il leur faudra aussi se protéger commercialement de leur rivaux asiatiques qui eux vont être renforcé par cette situation, l'économie japonaise risquant d'être paralysée pendant quelques temps. A n'en pas douter la Chine et la Corée du Sud vont bénéficier commercialement de leur concurrent nippon. On peut également espérer que cette épisode relance la natalité du pays, je sais que cela peut paraître paradoxale mais l'on constate souvent une hausse des naissances après de grandes catastrophes. Si tel était le cas et si le gouvernement agissait à encourager celle-ci alors une nouvelle ère démarerait pour la nation japonaise. Une ère moins morbide et plus optimiste, le Japon deviendra également à coup sur l'un des pivots du changement énergétique nécessaire à l'échelle mondiale. Ne voulant certainement plus du nucléaire après ces péripéties, et en étant privé du pétrole, le Japon usera probablement de sa main d'oeuvre très qualifiés pour mettre au point le plus rapidement  possible des alternatives durables au duo pétrole-nucléaire. Donc si aujourd'hui le pessimisme et la tristesse sont bien présentes,  il faut bien voir que cette catastrophe peut aussi être utilisé à des fins positives. En tout cas je souhaites bien du courage aux japonais et je suis certains qu'ils sortiront de cette épreuve plus sage et en meilleurs état que lorsqu'ils y sont rentrés. 

 

 

 

Les graphiques présents dans ce texte proviennent du site Gecodia qui offre une grande quantité de mesures économétriques.  

 

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 20:52

  ble.jpgLa question peut sembler étrange puisque l'on pense généralement que plus on exporte et plus l'on s'enrichie,  pourtant ce n'est pas toujours vrai. On peut trouver de nombreuses raisons à la limitation de ses propres exportations et l'on va essayer de voir dans quel cas ce type de politique peut-être nécessaire. Certains pays pratiquent d'ailleurs déjà cette limitation d'exportation, on peut penser au blé russe par exemple, dont les exportations ont été limité en 2010, ou à certains pays qui limitent leurs exportations de matières premières.  Je parle de cela parce que je viens d'apprendre que la France va être obligé  d'importer du blé cette année. En effet  son blé de qualité s'est exporté de façon trop importante en regard de nos propres besoins. C'est un paradoxe mais la France qui produit largement plus que ce qu'elle consomme en blé va devoir en importer, c'est un des effets magiques de la stupidité du libre-échange. A force d'éloigner de plus en plus les lieux de productions des lieux de consommation, on en arrive à des  aberrations de ce type. On pourrait citer aussi ces pays qui ne produisent que pour l'exportation et qui se retrouvent à devoir importer de quoi nourrir leur population alors qu'ils pourraient directement user de leurs terres pour faire des cultures vivrières.

 

  Quoiqu'il en soit il faut en premier se poser quelques questions sur les exportations et leurs effets. Si l'on connaît bien sur ce blog les effets des importations sur le chômage et les déficits commerciaux d'un pays, il ne faut pas croire pour autant que les pays qui exportent beaucoup et qui accumulent des excédents n'ont aucun problème. En réalité dans les deux cas, que vous soyez dépendant par les importations ou dépendant par les exportations, vous perdez des degrés de liberté comme on dit en mécanique. Cette perte de liberté causée par les exportations n'est pas de même nature, mais elle est tout aussi contraignante par certains aspects que celle de la dépendance aux importations. En premier lieu en exportant des denrées produites en surplus sur votre marché, vous devenez tributaire de la demande étrangère. Cela signifie que vous devenez dépendant de la politique économique menés par ces pays. Que leur demande se contracte et vous vous retrouver en surproduction à l'image de la Chine à l'heure actuelle dont les exportations vers les USA se sont contractée obligeant le gouvernement à compenser par diverses mesures. Mais à l'inverse que leur demande s'envole de façon excessive et vous pouvez vous retrouver à devoir choisir entre exporter vos produits ou alimenter votre propre population. Et c'est dans ce deuxième cas que la limitation des exportations prend tout son sens. Bien sûr la question de l'excès de demande ne se pose que dans les secteurs limités en terme d'augmentation de production c'est surtout le cas des matières premières et de l'agriculture. Secteurs où la production n'est pas extensible à l'infinie.    

 

Nourrir les miens ou nourrir les autres?

 

  Si j'ai parlé du blé en premier ce n'est pas un hasard, l'alimentation est probablement l'un des secteurs qui posera le plus de problèmes dans la décennie qui vient, et ce pour de multiples raisons. En premier la raréfaction du pétrole et la hausse des prix des hydrocarbures provoquera une inflation sur les pesticides, les engrais et le transport. On pourrait également parler de l'échec des monocultures et de l'épuisement progressif des sols qui connaissent des rendements décroissant extrêmement rapide que seul l'abus d'engrais compense, mais j'ai une liste de vidéos dans la média-thèque du blog qui en parle plus amplement.  Disons pour être rapide que la demande mondiale ne va faire qu'augmenter alors que la production dans le cadre du système de production agricole actuel aura beaucoup de mal à suivre le rythme. Il s'en suivra donc une inflation sur les produits alimentaires à l'échelle mondiale. Mais alors on peut se poser une question. Si la France produit largement plus qu'elle ne consomme de blé par exemple, pourquoi devrait-elle aligner ses prix sur ceux du marché mondiale par le biais des exportations? Car vendre sur le marché mondiale signifie vendre au plus offrant, auquel cas nos agriculteurs pourront vendre plus cher sur le marché mondiale une denrée moins abondante, s'ils avaient été limité au marché français leur prix eut été moins élevé. Mais dans ce cas cela signifierait que le blé français servirait surtout à nourrir le consommateur chinois ou le consommateur allemand. Le français lui verrait le prix de son blé augmenter simplement parce que d'autres contrés ont connu soit un démographie déraisonnable, soit une politique agricole absurde, mais pourquoi devraient-il en payer le prix?

 

    Cette situation n'est pas que théorique, elle se produit déjà dans bon nombre de pays du tiers-monde qui exportent des denrées alimentaires spécialisées comme le cacao ou le soja mais qui ne sont pas capable de nourrir leur propre peuple,car ces productions monopolisent leur terres. Si la Russie a limité en 2010 les exportations de blé ce fut pour limiter la hausse des prix à l'intérieur du pays et pour ainsi éviter une inflation alimentaire que les russes les plus pauvres auraient eu du mal à supporter. Cette situation nous commençons à la connaître aussi en France puisque notre blé de qualité manque sur notre propre territoire, et cela grâce aux exportations excessives, comme l'indique l'article AFP que j'ai mis en lien au début de ce texte.  On voit là, une fois de plus, les effets nocifs d'un marché d'échelle mondiale. La formation des prix n'est plus le produit des rapports de forces locaux entre production et consommation, mais le fruit d'une moyenne mondiale de ces même rapports. On a vendu aux français depuis longtemps l'idée que la mondialisation faisait baisser les prix. Ce fut vrai jusqu'à aujourd'hui, mais avec l'épuisement des ressources et la concurrence mondiale féroce sur ce qu'il en reste, nous risquons rapidement de voir la mondialisation se transformer en une machine hyperinflationniste d'un nouveau type. Le consommateur français est désormais en concurrence avec le consommateur chinois qui a derrière lui une industrie florissante à l'inverse du français. Voilà pourquoi il faudra aussi parler d'un protectionnisme de limitation aux exportations, chose dont les partisans du protectionnisme dont je fais parti parlent rarement.

 

C'est une autre forme de protectionnisme de régulation, il ne s'agit pas là de protéger la production nationale, mais d'empêcher l'importation de l'inflation internationale. Alors comme dans le cas du protectionnisme commercial on parlera d'égoïsme, cependant c'est négliger le fait que nos concitoyens ne sont pour rien dans l'évolution globale de la production agricole. On peut également espérer que les différentes puissances du monde s'orienteront vers des changements de politiques agricoles. Si la planète manque de blé c'est parce que l'on réserve les surfaces à d'autres usages. Quant à l'agriculture pétrolière il faudra de toute manière en changer même si à court terme la France ne cours pas encore de danger en terme de production. Toutefois cela ne durera pas. En dehors de la question agricole on peut aussi parler de l'énergie. Un pays ayant des ressources pétrolières ou autre a-t-il ,réellement intérêt à les vendre ou vaut-il mieux qu'il les garde pour son propre développement à long terme?  Quoiqu'il en soit il faut bien prendre en compte que l'excédent commercial dans un domaine n'est pas plus une bonne chose que le déficit? Ce qui compte toujours au final c'est d'être capable de subvenir à ses propres besoins. La planète souffre d'une spécialisation locale excessive, la fin de la mondialisation entraînera de multiples problèmes dont des pénuries locale de grande ampleur autant nous y préparer.

 

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 22:38

831316371_small.jpgUne récente dépêche AFP qui est passée relativement inaperçu montre les changements qui commencent à s'opérer un peu partout sur la planète. Les effets de la crise commencée en 2008 semble être de pousser les nations à s'affranchir, chaque jour un peu plus,  du marché mondiale et cela dans le but d'éviter d'importer ses effets de plus en plus nombreux et délétères. Petit à petit certains pays redécouvrent l'intérêt d'être relativement auto-suffisant en matière de politique intérieur. Être plus auto-suffisant permet d'avoir une bonne politique de l'emploi, bien adaptée aux besoins démographiques de la population, d'indépendance économique permet aussi une plus grande liberté dans les relations internationales. En effet pas besoin de faire des génuflexions à des dictateurs lorsque votre nation peut se nourrir toute seule. Certaines nations redécouvre que le but d'une politique économique n'est pas d'avoir la croissance la plus forte ou l'inflation la plus faible, mais de garantir la pérennité du pays ainsi que la paix sociale chose que l'on a complètement oublié en Europe.  La dépêche en question nous relate en faite les décisions prises par le gouvernement argentin qui veux réduire d'au moins 45% les importations en y substituant des productions locales. Pour y parvenir ce gouvernement utilise d'une part une politique industrielle, ensuite une mise en place d'une politique de protection douanière. C'est ainsi que l'on apprend que pour l'Argentine s'en est fini des poupées Barbie, symbole de la domination américaine sur nos chères têtes blondes depuis la fin de la seconde guerre mondiale.  Le motif de l'interdiction de cette poupée, et des jouets produits par des fabriquants américains, provient de leur incapacité à fournir des preuves sur la provenance  de fabrication de ces jouets. Car l'industrie des jouets est maintenant protégée en Argentine et leur but est l'autosuffisance. Grâce aux politiques protectionnistes la production locale est ainsi passée de 5% de la consommation nationale en 2003 à près de 30% aujourd'hui.

 

    Le secteur du jouet n'est bien entendu pas le seul concerné, on peut citer le secteur textile ou la production d'électroménager. Ce protectionnisme ne plaît pas à Pékin qui montre ici son véritable visage en taxant par exemple les huiles de soja produit par l'argentine. La Chine n'aime pas que l'on mette des bâtons dans les roues de sa stratégie de commerce impériale. Il faut dire que cette nation fait largement sa prospérité sur le dos des pays importateurs. Cette affaire montre ensuite que la mondialisation du commerce n'est pas qu'un problème de pays riches, en réalité la problématique est universelle. Partout la mondialisation entraîne inégalité et impossibilité de régulation macro-économique de la part des états qui respectent le laissez-faire. L'Argentine est une nation qui  été meurtrie par les délires néolibéraux, et il est quelque part normale qu'elle soit l'un des points de départ de la fin de la domination de cette idéologie destructrice. Le protectionnisme argentin vis à vis de la Chine n'est que le début, des pays comme l'Inde seront bientôt obligé de faire pareil tant leur déficit commerciaux se creuse avec l'Empire du milieu. Pour paraphraser Malraux le 21ème siècle sera protectionniste ou ne sera pas. Nous allons assister à un éclatement du commerce planétaire puis à une régionalisation des relations économiques. Le commerce à l'échelle mondiale que nous avons pu connaître touche probablement à sa fin essentiellement à cause des déséquilibres commerciaux qu'il provoquait.

 

Le redressement argentin après 2001

 

    L'économie argentine n'a fait que préfigurer ce qui allait se passer chez les PIGS une décennie plus tard, mêmes causes mêmes effets. Les causes de la crise de 2001 nous les connaissons bien, libéralisation totale des capitaux et des marchandises, monnaie indexée sur une monnaie étrangère et surévaluée pour l'industrie locale, bulle immobilière, croissance bidon nourrie par l'hypertrophie du secteur tertiaire et l'endettement public comme privé etc...  En 2001 les capitaux sont sortie en grande quantité du pays pour fuir l'inévitable, à savoir l'effondrement des expérimentations hasardeuses des économistes néolibéraux, le résultat fut l'effondrement de la monnaie du pays. Un effondrement brutal après plusieurs années d'une surévaluation totalement asphyxiantes pour les industriels du pays. L'Argentine était en quelque sorte un coup de semonce de la grave crise que nous allions connaître en occident près d'une décennie plus tard.

 

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Nous voyons bien sur le graphique ci-dessus représentant l'évolution du PIB depuis 1993 que la croissance a bien rebondis après l'effondrement de 2001. Elle se situe à des niveaux supérieures à celle d'avant la crise, preuve qu'il y a bien eu un changement de modèle économique. Un changement qui peut d'ailleurs s'observer que ce soit au niveau de l'inflation ou au niveau de la balance commerciale. L'Argentine est passée d'une situation de pays importateur à celui de pays producteur. Son régime de croissance est maintenant plus soutenue mais aussi plus inflationniste.

 

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   Le graphique représentant la production industrielle est beaucoup plus parlant que l'évolution du PIB. Depuis la crise de 2001 et la dévaluation de la monnaie argentine celle-ci à vue son potentiel industriel fortement augmenter. La courbe rouge représente les variations annuelles de la production industrielle. La courbe marron, la plus importante, représente l'indice de production industrielle. On voit qu'avant 2001 la production est relativement stagnante, elle est même cyclique variant d'une année sur l'autre autour d'une moyenne stable. Après la crise on constate une croissance beaucoup plus stable et forte. Alors que l'Argentine connaissait régulièrement une croissance cyclique en stop and go, chaque cyclique durant environs trois années, la croissance argentine dura de 2002 à 2008. Et la crise de 2008 fut évidement une importation et non le fruit d'une évolution propre du pays, sans cette accident il est probable que la croissance argentine aurait continué comme si de rien n'était. Et l'on constate d'ailleurs que ce pays s'est vite repris puisque la croissance en 2010 est déjà repartie sur les rythme d'avant crise. 

 

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Si l'on regarde la balance commerciale on comprend mieux la réalité de la croissance de l'Argentine. Pour éviter une nouvelle crise, comme celle qu'elle avait connu, ce pays a décidé d'une stratégie à l'asiatique, une accumulation de devises étrangères comme coussin de secours.   C'est une stratégie de type mercantiliste qui est compréhensible, même si l'on comprendra aisément qu'elle a des limites puisque les excédents des uns sont forcement les déficits des autres. L'Argentine en ayant des excédents commerciaux pousse d'autres pays à être en déficit provoquant des crise ailleurs que chez elle. Quoiqu'il en soit la politique protectionniste du gouvernement Kichner semble bien porter ses fruits, elle est en plus  accompagnée d'une politique monétaire raisonnable. Les autorités argentines semblent vouloir tenir le peso à une valeur stable, mais non pénalisante pour les industriels locaux. En utilisant une politique monétaire et protectionniste, ils usent des deux outils les plus efficaces en matière de politique économique. La croissance de ce pays est fondée sur quelque chose de solide, pas comme celle des années 90.  L'Argentine est probablement un modèle pour les pays latins dont la mentalité est proche. Avec une politique industrielle forte, et une monnaie relativement fondante sont les mamelles de la croissance pour les pays latins à l'image de la France et de l'Italie pendant les trente glorieuses. L'inflation est en effet relativement élevé en  Argentine encore aujourd'hui comme le montre ce graphique, mais elle est nécessaire pour la dynamique locale.

 

inflation.png

 

L'Argentine est d'ailleurs un cas d'école si l'on compare l'évoluton de l'inflation et du chômage en parallèle. On constate en effet que la période 1993-2001 est une période de faible inflation, c'est lié à l'accrochage du peso au dollars. Cette surévaluation va permettre d'importer des marchandises bon marché de l'étranger, et de faire grimper le chômage et les inégalités locales. Durant cette période l'Argentine est devenue en quelque sorte une société de rentiers, à l'image de la France actuelle. Un pays qui ne produit que des emplois de services et où le capital rapporte beaucoup plus que le travail, quand il y en a.

 

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    Il ne surprendra personne de voir que la faible inflation des années 90 a été accompagné d'un fort taux de chômage et d'une stagnation de la production industrielle comme on la vue précédemment. Et c'est normal puisque l'on préfère importer des produits plutôt que de donner du travail aux industries locales. Le prix à payer d'un tel modèle est bien sûr l'explosion des inégalités sociale et une stagnation économique à long terme. Par contre les couches aisées de la population voient sûrement leurs revenues croître beaucoup plus rapidement. Lorsque le Peso a  craqué en 2001 ce fût un retour brutal à la réalité, et oui, il faut produire pour consommer, et un pays doit toujours à peu près équilibrer sa balance des paiements. A partir de ce moment on assiste, comme dans le cas de l'Islande dont nous avions parlé récemment, à un transfère des revenues du capital vers le travail à travers une forte inflation. Celle-ci est d'ailleurs d'autant plus forte que l'inflation avait été trop basse dans la période précédente, c'est une sorte de retour de balancier. Le pic inflationniste a atteint 45% en 2002-03 en Argentine, ce fut terrible, mais ensuite la sphère productive du pays a redémarré et l'inflation est maintenant aux alentours de 8%. Il faut croire que pour ce pays cette inflation est une nécessité fonctionnelle puisque par ailleurs le taux de chômage a fortement baissé. Encore une fois le fait qu'il y est une forte inflation n'est pas un drame en soit tout dépend de l'évolution globale des salaires et du chômage. Si l'on regarde l'évolution du niveau de vie il y a un plus indéniable depuis 2002 le niveau de vie ayant presque doublé en  six ans, seul les rentiers doivent y avoir perdu.

 

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La France un futur à l'argentine?

 

  La similitude des situations entre la France ou même les pays latins de l'Europe avec l'Argentine de 2002 est tout à fait flagrante.  Notre destin sera probablement une évolution similaire avec je l'espère moins de brutalité car l'effondrement en 2002 fut très difficile pour la population. On peut imaginer qu'une fois que la monnaie unique aura éclaté les pays latins seront traversés d'une forte dévaluation, ce qui produira dans un premier temps une forte inflation sur les produits importés et d'une contraction des importations. Par la suite la production locale prendra le relais et ces pays connaîtrons enfin une hausse plus rapide de leur production industrielle accompagné d'une forte baisse du chômage et des inégalités. Le régime de croissance de cette nouvelle économie sera forcement plus forte, mais aussi plus inflationniste au grand damne des rentiers qui ne jurent que par l'enrichissement sans efforts et sans investissement productif.  Nos pays étant latin il connaîtrons une dynamiques assez similaire à celle de nos cousins sud américains. Mais c'est une situation que nous avions déjà connu pendant les trente glorieuse la France avait souvent une inflation à 4 ou 5% sans que cela n'eut empêché la hausse du niveau de vie global, au contraire même.

 

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 16:41

    S'il est une certitude aujourd'hui c'est bien le déclin accéléré des nations dites développées, la crise économique a en faite fortement accéléré un phénomène qui est en réalité ancien. L'abandon par nos nations de ce qui faisait le fondement même de leur  prospérité, l'industrie et la production, a très logiquement fait basculer le centre du monde vers les pays de l'Asie émergente. Cela s'est fait petit à petit, mais les dégâts sont aujourd'hui bien visibles et il n'y  a guère à espérer un retour à la prospérité dans des pays qui ne peuvent qu'importer ce qu'ils consomment. Le graphique ci-dessous reflète assez bien cette évolution qui n'a pas épargné un pays comme le Japon qui est aujourd'hui l'homme malade de l'Asie de l'est. On voit bien ici le fait que l'occident a littéralement fait du surplace en terme de production industrielle sur les dix dernières années, alors que dans le même temps l'Asie  émergente multipliait par trois sa production. Sa consommation n'a bien évidement pas évolué au même rythme puisque ce sont les marchés d'exportation qui nourrissent en grande partie cette dynamique industrielle.

 

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    Il est bien entendu normal de voir l'asie nous dépasser en volume puisque ce sont des marchés bien plus peuplés et en retard, il était évident qu'ils allaient un jour ou l'autre nous dépasser en terme de poids. Cependant la stagnation dans les pays développés, elle, est une anomalie directement imputable au libre-échange. De nombreuses industries et activités de productions sont apparu ces dix dernières années, mais elle n'ont pas du tout profité aux pays développés. Il est aujourd'hui évident que les gains de la mondialisation échappent largement à ses promoteurs initiaux. Les pays asiatiques qui ne jouent absolument pas le jeu du libre-échange sont les grands gagnants commerciaux de la mondialisation en régime de libre-échange ceux qui gagnent sont ceux qui ne respectent pas les règles. Ils sont gagnant même s'il y a des effets secondaires comme une grande dépendance aux marchés d'exportation ce qui  pourrait leur nuire par les crises importées des pays occidentaux en voie de paupérisation avancée. Il y a aussi le fait que leur organisation sociale interne devient fortement inégalitaire, mais c'est justement ces inégalités produites par la spécialisation à l'exportation qui produiront le deuxième temps de la prospérité asiatique. En effet un jour où l'autre l'Asie devra tirer sa croissance de son marché intérieur, les conflits sociaux produit par le modèle mercantiliste finiront par les y pousser, mais cela arrivera  trop tard pour sauver nos propres industries.

 

Le suicide commercial de l'occident

 

      Le plus surprenant tout de même c'est l'absence totale de réaction des autorités occidentales, même si l'on commence à critiquer les comportements de la Chine ou d'autres, les pays d'occident restent essentiellement dans des postures purement verbales. On sommes la Chine de remonter la valeur de son Yuan mais si elle n'obtempère pas il n'y a aucune sanction d'aucune sorte. Et là je parle des USA, en Europe c'est pire on ne dit strictement rien à ce sujet tant les élites européennes continuent à penser que le libre-échange est un outil de prospérité. Pourtant un coup d'oeil au graphique précédent montre que la richesse réelle dans nos pays n'a pas progresser en dix ans, seule l'endettement et le gonflement des prix de l'immobilier ont permis d'afficher une pseudo-croissance du PIB. Si la croissance avait été réelle la production industrielle aurait du suivre le PIB, il n'en a rien été puisque la seule chose qui augmente c'est la quantité d'objets importés et les déficits commerciaux qui en découlent. Une croissance par la dette extérieure qui n'a évidement aucune pérennité et qui conduit irrémédiablement à la banqueroute. D'ailleurs si l'on regarde du coté des chiffres du commerce c'est assez édifiant:

 

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   Depuis 2000 en comptant l'effondrement dû à la crise de  2008, les exportations Japonaises ont augmenté de 50% celles des USA de 40% et celle de l'UE de 25%. L'Asie émergente, elle, a vue ses exportations augmenter de près de 300%!!! Sur le comparatif on voit d'ailleurs bien les effets extraordinaires de l'euro en matière de compétitivité commerciale, la zone euro est  de loin la moins dynamique même face au Japon en déclin démographique accéléré. Grâce à la dévaluation du dollars les USA ont clairement amélioré leur position commerciale entre 2008 et 2009 bien que cela soit loin d'être suffisant pour seulement arriver à équilibrer leurs comptes courant.  Cependant les derniers chiffres du commerce US montrent à nouveau un creusement de la balance commerciale. Il est évident qu'une bonne tenue des exportations n'est en soit pas forcement une bonne chose, tout dépend du contexte, après tout  le Japon a vue ses exportations augmenter plus fortement que la zone euro  mais sa situation économique intérieure est plus mauvaise en terme de dynamisme et de croissance. De la même manière la dynamique commerciale allemande n'a pas empêché cette dernière d'avoir l'une des croissances les plus faibles de la zone euro ces dix dernières années.

 

L'Asie n'a plus besoin de nous, mais nous sommes dépendants d'eux

 

          La situation des anciens pays développés est finalement assez similaire à celles des pays du tiers-monde industrie en berne dépendance aux importations et secteur tertiaire hypertrophié,  la différence se situe sur le fait qu'ils peuvent jouer sur leur image d'ancienne puissance industrielle pour emprunter à l'extérieure à des taux relativement bas, du moins jusqu'à présent. Il est probable que nous n'ayons pas encore une image bien claire de la réalité du délabrement de nos économies et du degrés de notre dépendance, les valeurs des monnaies actuelles ne reflétant en aucun cas la réalité des richesses mondiales et de sa répartition. Les bilans comptables sous-estiment largement les importations dont nous nous nourrissons. Nous verrons cette réalité lorsque les pays d'Asie commenceront à en avoir assez de payer les déficits extérieurs des USA et maintenant des pays d'Europe. La Chine ne voudra bientôt plus accumuler les dollars ou des euros qui ne lui servent rigoureusement à rien puisque les USA ne produisent pratiquement rien de tangible. Une fois l'Asie débarrassée des quelques dépendances techniques qui lui reste à copier, elle nous jettera comme une vielle paire de chaussette usagée. Le moment de vérité arrivera lorsque l'excédent chinois se réduira par la hausse de sa demande intérieure, à partir de se moment là, la hausse des salaires en Chine et dans les différents pays asiatiques produiront une inflation qui sera exportée dans les pays occidentaux. Une l'inflation résultant de ce phénomène sera beaucoup plus forte chez nous car nos pays ont créer une myriade d'emplois de service hypertrophié vivant comme intermédiaire entre l'importation des produits asiatiques et leur revente sur nos territoires.  Nous aurons un effet en cascade qui provoquera chez nous une hyperinflation, à cela s'ajouter les effets d'un effondrement monétaire brutal lié à la prise de conscience subite de nos déficiences macro-économiques.

 

   Nous vivrons alors en occident un phénomène totalement nouveau une resflation, une récession accompagnée d'une forte hausse des prix, avec comme résultat une baisse drastique du niveau de vie des populations locales. Niveau de vie  qui finalement ne fera que s'aligner sur la réalité productive de nos pays. Bien évidement un tel scénario n'est théoriquement pas inéluctable mais l'absence totale d'effort pour nous réindustrialiser et l'accélération des délocalisations pendant la crise nous mène malheureusement vers le pire des scénarios possibles. En Europe ce phénomène s'ajoute à l'hérésie que constitue la construction européenne et l'euro qui empêche toute forme de pragmatisme économique. Il n'y a pas une once d'un début de protection de nos industrie, au contraire même on appuie sur l'accélérateur sous l'impulsion de la commission européenne de l'influence des exportateurs allemands.

 

L'Europe tombera en premier

 

    Si la désindustrialisation est un phénomène qui touche tout les pays développés y compris le Japon,  c'est bien en Europe que la situation est la plus dramatique et non aux USA comme aiment à le faire croire les européïstes du LEAP. Ces derniers ont encore le dollars monnaie de réserve internationale comme arme, ils ont en plus une certaine réactivité et n'hésitent pas à dévaluer lorsqu'il le faut. La zone euro, elle, est pétrie de contradictions et sa monnaie est porteuse de déséquilibres internes qui condamnent à court terme celle-ci à l'éclatement. En fait le seul moyen pour empêcher l'euro d'éclater est de maintenir une stagnation économique abominable et fortement productrice de chômage. Les marchés financiers ne sont d'ailleurs pas dupe puisque l'on voit que malgré tout les efforts des états membres les taux d'intérêts sur les obligations d'état recommencent à grimper. On ne fait plus confiance aux états de la zone euro et à juste titre puisque l'on ne voit pas comment ces pays pourront rembourser à terme leurs emprunts, ils se désindustrialisent et ils sont pour la plupart en déficit commercial. Dans le cadre libéral qui constitue le seul de la construction européenne il n'y a qu'un seul moyen d'équilibrer les balances des paiements c'est par la contraction du niveau de vie des populations.  Ce qui bien évidement n'est pas politiquement viable indéfiniment.

 

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   La seule grande puissance en excédent est l'Allemagne mais celle-ci réalise la plupart de son excédent vis à vis des autres membre de la zone euro, ce qui est justement la cause principale de l'euro-diverge qui conduit irrémédiablement cette zone monétaire à éclater. De toute façon sans protectionnisme et sans réindustrialisation cette zone du monde est condamnée à des récessions permanentes. L'Europe a donc toute les chances d'être la première région de l'ancien monde développé à flancher et à montrer les vrais effets de trente ans de  désindustrialisation.  Cependant il est évident que d'un mal peu sortir un bien, ce désastre permettra peut-être un rebond politique et un retour au bon sens, on peu l'espérer du moins. Malheureusement nos pays en passeront certainement par la case misère généralisée avant d'en arriver à un éventuel sursaut  économique.  Dans tout les cas de tout façon le centre du monde est maintenant en Asie tout les chiffres en attestent, il est cependant étonnant de voir à quelle vitesse des nations largement en avance sur le reste du monde, se sont fait dépasser en l'espace d'une seule génération, uniquement à cause de la cupidité hystérique d'une petit partie de leur propre population. C'est une phénomène historique tout à fait fascinant et sans précédent par son ampleur et sa vitesse.

 

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 20:20

    le-capital-de-karl-marx-version-manga-01.jpgS'il y a bien quelque chose de dangereux en France, c'est  le sous-investissement chronique dans la recherche l'inovation ou plus simplement dans le développement d'activités industrielles.  Le capitalisme français investit peut dans le développement industriel, de la même manière nos grandes entreprises sont plutôt frileuses en terme de recherches scientifiques. Il faut dire que la nature du capitalisme n'est pas nécessairement de faire les meilleurs investissements pour la communauté à long terme. Le capitale ne cherche en effet à faire qu'une seule chose, croître le plus rapidement possible, ou perdre le moins possible lorsque la situation macro-économique est instable. Pour que le capitalisme donne des effets positifs, il faut impérativement qu'il soit encadré de façon à ce que son moteur, le profit, ne se fasse pas par la contraction du niveau de vie du reste de la population. Si les libéraux ont raison de mettre l'intérêt comme étant un puissant moteur d'action humaine capable de soulever des montagnes, il n'en demeure pas moins que cela n'est bon pour la société que si ces intérêts individuels n'entrent pas en contradiction avec l'intérêt générale. L'orientation prise par le capitale depuis trente ans montre à quel point le capitalisme libéré de toute entrave se transforme rapidement  en poison, même là où pourtant il avait fait des miracles en terme d'évolution du niveau de vie. Le passage d'un capitalisme industriel capable d'orienter vers un certains progrès le travail humain, à un capitalisme financier qui au contraire ne croit qu'au détriment du reste de la population et qui s'apparente plus à un jeu de casino qu'à autre chose, n'a fait que confirmer cette réalité. Tout seul, sans états, sans frontières et sans limites, le capitalisme n'est qu'une forme de barbarie. 

 

Responsabiliser les investisseurs

 

      Pour retrouver une économie productive, c'est à dire une économie capable de satisfaire à ses propres besoins, nous aurons besoin de changer le rôle du capital dans notre économie. Il ne s'agit pas ici d'entrer dans les discussions éternelles sur pour ou contre le capitalisme, c'est un débat anachronique et sans intérêt qui ne passionne en définitive que les adorateurs de l'idéologie marxiste dont on a pu voir les effets à long terme. La question n'est pas de savoir s'il est bon qu'il y est des gens qui fonctionnent uniquement par l'intérêt économique individuel, le fait est qu'une grande partie d'entre nous agissent ainsi. Non, le problèmes est de créer les contraintes collectives qui permettront d'orienter ces comportements humains amoraux dans le sens de l'intérêt général. Changer l'être humain est une trop grande tache, mieux vaut en connaître ses limites pour s'employer à créer une société relativement décente pour un maximum de personne.  Une fois que l'on a abandonné l'idée très religieuse de changer l'homme, du moins à court terme, peut-être pourra-t-on en partie, et petit à petit, soigner les principaux maux dont notre société est atteinte.

 

  En premier lieu l'on pourrait s'atteler à faire en sorte que les actionnaires soient plus responsables face aux entreprises qu'ils possèdent. En effet l'évolution de nos société ont transformé les actionnaires en de simples spéculateurs n'ayant en réalité aucun attachement sur ce qu'ils possèdent. Si la gestion des entreprises est devenues si inhumaine, c'est en grande partie parce que ceux qui les possèdent ne les considèrent que comme des citrons à presser. L'être humain se comporte mal souvent parce que les effets des décisions qu'il prend lui sont invisibles, on est d'autant plus  détaché d'un problème que l'on est loin du terrain d'application. Il en va de même avec les entreprises et les actionnaires, le fait que ces derniers puissent à tout moment vendre ou acheter des actions uniquement en se fondant sur la valeur instantanée de celle-ci, rend la relation actionnaire-entreprise complètement malsaine. Inversement cela oblige les entreprises à se plier à la logique des marchés financiers plutôt qu'à la logique de leurs intérêts propres à long terme. C'est ce qui explique que des entreprises championnes de la bourse déclinent sur de longues périodes par épuisement. On sait d'ailleurs qu'aujourd'hui la bourse est financé par les entreprises plus que l'inverse, celle-ci considère uniquement les entreprises comme des rentes et non comme des aventures humaines de long haleine. C'est un changement drastique du capitalisme, la financiarisation  détruisant petit à petit le tissu économique et les entreprises qui ont eu la mauvaise idée de se financer par le marché boursier.

 

      Il faut donc réparer le lien entre les actionnaires et les entreprises et cela passe par la responsabilisation des acteurs financiers. Il faudrait associer les investisseurs sur le long terme et le meilleur moyen pour cela est bien évidement de transformer la nature des actions. En lieu et place d'être une forme d'épargne que l'on peut retirer à tout moment, il vaudrait bien mieux obliger les détenteurs d'actions à les garder pendant un laps de temps minimal à définir. On pourrait même favoriser par les impôts les actionnaires de long terme, ceux qui s'investissent réellement dans le devenir de l'entreprise qu'ils possèdent. Ainsi on pourrait avoir une durée minimale de six mois pour la possession d'une action d'entreprise, celle-ci ne serait pas vendable pendant cette période. Les gens qui revendrait leurs actions au bout de six mois se verraient taxer leur revenues globaux provenant de leurs portefeuilles d'action à un niveau maximum, à l'inverse les actionnaires ayant une faible propension à varier leur portefeuille, ceux qui se comportent correctement avec les entreprises en gardant leurs actions plusieurs années, se verraient progressivement détaxé jusqu'à un taux là aussi à définir.  Il faudrait définir un outil permettant de mesurer  la vitesse de variation dans la compositions des portefeuilles d'action, plus ce taux serait bas, plus plus le changement serait lent et moins l'actionnaire se verrait taxé. Ce serait un bon moyen de diminuer les comportements irrationnels du marché et cela sortirait nos entreprises de l'esprit de court terme dans lequel le système de la finance dérégulé les a plongé. A l'échelle nationale nous pouvons aussi déployer de nouvelles façons de financer les entreprises, par des banques publiques par exemple, mais cela sort du cadre de réflexion sur la responsabilisation du capital.

 

Petit remarque tout de même avant de passer au point suivant. Un tel changement dans l'organisation du financement des entreprises devra nécessairement prendre la précaution de rendre globalement les investissements plus visqueux comme disent les économistes. La préférence pour la liquidité étant fortement encrée dans les comportements humains l'on risque, si l'on y prend par garde, de voir l'argent s'investir dans les secteurs où la possibilité de retrait rapide serait toujours élevé, plutôt que dans le financement des entreprises. Il ne faudrait pas par mégarde assécher le financement des entreprises car tel n'est pas le but de ce genre de mesures, pour se faire il faut que la possibilité d'investissement à gain rapide mais à forte liquidité soit impossible ou très coûteuse.

 

La science, l'agriculture et l'industrie avant tout

 

    Un deuxième point est à prendre en considération dans l'usage du capital, c'est celui de son orientation. La France a grandement besoin de se réindustrialiser et pour se faire nous devons faire en sorte que les investissements industriels soient les plus attractifs sur le plan de l'intérêt économique. Il est évident que la mise en place de barrières douanières et une dévaluation monétaire favoriserait ces investissements. Car en rendant les importations plus cher et les producteurs locaux nettement plus compétitif nous rendrons dans le même temps plus intéressant le fait de posséder des actions d'entreprises de production hexagonale. Cependant au-delà de ces mesures de bon sens et de circonstance, nous pourrions aussi voir comment favoriser les emplois et les entreprises à haute valeur ajouté face au secteur des services, ou à l'investissement immobilier.  Nous pourrions par exemple user de taux d'intérêts très bas pour les entreprises industrielles, cela pourrait se faire grâce à un pôle d'investissement public ou directement par la banque de France (cela présuppose bien évidement la rupture avec la construction européenne actuelle).

 

    Mais pour ce qui est des investissements privés, nous pourrions là encore jouer sur l'exonération d'impôts. Pour que nos entreprises investissent plus dans la recherche et le développement nous pourrions baisser les charges sociales sur les employés travaillant en R&D. On a eu l'habitude en France, sous l'influence libérale, de faire de la baisse de charge essentiellement sur les bas revenues, c'est une absurdité grotesque qui a produit des trappes à misère en favorisant les bas salaires, en effet pourquoi hausser les salaires si cela signifie augmenter les charges en plus? A l'inverse une baisse de charges sur des emplois qualifiés dans la recherche et l'industrie serait en réalité beaucoup plus positif sur la qualité des emplois à long terme et sur notre innovation dans le secteur privé. Dans le même temps nous pourrions aussi rendre beaucoup plus coûteux les investissements dans les secteurs des services, du tourisme ou de l'immobilier. En résumé nous augmenterions les charges sur les emplois de services et nous les diminuerions dans les secteurs scientifiques industrielles ou agricoles.   La France pullule  d'hôtels, de musées et de lieux de loisir en tout genre, l'orientation touristique dont bon nombre de nos politiques se félicitent n'est pourtant pas si géniale que cela pour notre économie. Elle détourne des flux d'investissements productifs vers une économie festive et faiblement productive, tout comme elle détourne bon nombre de talent vers des métiers non productifs et pas réellement créatifs. Je n'ai personnellement pas envie de voir mon pays devenir un lieu touristique pour  riches chinois comme le souhaitait récemment ce pauvre Houellebecq. Enfin n'oublions pas les subventions publiques et une nouvelle politique de planification industrielle, c'est essentiel pour faire une coordination à l'échelle nationale de l'industrie et de la recherche. Autre secteur à favoriser l'agriculture alternative, celle qui nous permettra de continuer à nourrir la population lorsque nous n'aurons plus de pétrole, mais c'est un autre débat.

 

 

 

 

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 13:20

        infla.jpg  Les derniers propos de notre bien aimé banquier centrale européen JC Trichet ont eu au moins le mérité de ramener le sujet de la hausse des salaires sur la table, même si ces propos avez surtout  pour but d'en décourager l'hypothétique apparition. Cela fait longtemps que les économistes néolibéraux ont réduit la question de l'emploi et celle des salaires à une simple mécanique de vase communicant, le chômage étant dans la tête des néolibéraux produit par des salaires ou un coût du travail trop élevé en regard des équilibres du marchés. Pour les libéraux les marchés sont naturellement à l'équilibre et tendent toujours à y revenir. Si ce n'est pas le cas c'est qu'il y a des rigidités étatiques et salariales qui empêchent ce retour à l'équilibre entre l'offre et la demande, dans leur tête ce n'est jamais le marché qui se trompe. Et dans leurs délires qui servent malheureusement de théorie économique aux dirigeants de la majeure partie de la planète, la hausse des salaires arbitraires se traduirait forcément par une hausse du chômage et de l'inflation. Bien évidement ces affirmations sont fausses pour plusieurs raisons.

 

En premier lieu les marchés sont en réalité naturellement déséquilibrés et il n'y a aucune raison pour qu'ils ne le soient pas puisqu'ils résultent de multiples choix individuels d'entreprises ou d'individus. Le monde n'est pas ainsi fait que l'offre et la demande s'ajustent parfaitement entre de multiples acteurs qui ne font que s'ignorer parfaitement. A la rigueur s'il n'y avait qu'un seul et unique consommateur et un seul et unique producteur l'anticipation correcte des besoins serait toujours réalisée, mais nous ne vivons pas dans un tel monde et heureusement d'ailleurs. Quoique la mécanique d'uniformisation des besoins par le marketing et la production de masse tendent à pousser à cette uniformisation permettant une optimisation des marchés. Mais tant qu'il y aura des besoins divergents, de multiples producteurs et consommateurs, les marchés auront toujours beaucoup de mal à être en équilibre et le plein emploi à apparaître. On convient donc rapidement que pour que cet équilibre apparaisse un acteur extérieur au jeu production-consommation doit exister, un acteur qui ne peut être bien évidement que l'état seul garant de l'intérêt général.

 

    Ensuite l'inflation ne née pas uniquement de la question des hausses salariales, elle n'est pas non plus automatiquement le fruit de la hausse de la masse monétaire comme aime à le faire penser nos amis libéraux. L'inflation peut avoir de multiples causes, et il n'est d'ailleurs pas si grave d'avoir de l'inflation tout dépend de ce qui se passe en terme de rapport de force socio-économique au sein de la population. Si l'inflation est suivie justement d'une hausse des salaires, elle n'entraîne pas forcement de baisse du niveau de vie sauf pour les rentiers... Ensuite l'inflation peut avoir des causes purement physiques comme le fait que le prix des hydrocarbures sont condamnés à augmenter puisque l'offre ici ne pourra pas durablement suivre la demande. Face à ce genre de problème la seule solution consiste à apprendre à s'en passer, nulle politique économique ne pourra résoudre la question de l'énergie à elle toute seule. Elle peut aussi naître de la spéculation est un dérèglement du marché, la spéculation est  un emballement où les prix deviennent grotesquement énorme en regard de ce que la demande peut fournir. Les multiplications des bulles depuis la libération totale de la finance et des marchés prouvent d'ailleurs à elles toutes seules, le caractère fictif et illusoire de la prétendue rationalité de la main invisible régulant l'offre et la demande. La bulle immobilière en France par exemple est bien représentative  de cette réalité. Quand les prix divergent fortement de leur fondamentaux, il serait en réalité normal que l'état intervienne, mais les habitudes laissez-fairiste nous font croire à tort que le marché ne peut pas se tromper, même si l'expérience nous montre régulièrement le contraire.

 

      Enfin rappelons que l'inflation va être néfaste ou bénéfique suivant le secteur de la population que vous considérez. L'oligopole des supermarchés en France qui contrôle aujourd'hui la majeure partie de la distribution de marchandises ne voit pas l'inflation de la même manière que les salariés ou les producteurs agricoles. Ainsi on sait par exemple que le prix du lait à la production a baissé rendant d'ailleurs la production de lait en France de moins en moins rentable. Et pourtant à l'inverse le prix du lait à la vente a fortement augmenté ces dix dernières années. Comme les salaires n'ont pas suivie le même rythme que le prix du lait, le pouvoir d'achat moyen sur cette denrée a diminué. On voit bien dans cet exemple que si inflation il y a, c'est surtout à cause des intermédiaires et du cartel de la grande distribution qui augmente ses marges en pressurant à la fois les producteurs et les consommateurs, dans le but probable de nourrir ses actionnaires. L'inflation est mauvaise ici pour les producteur et le consommateur, mais bonne pour les supermarchés et leurs actionnaires. Dans un autre cas si un secteur augmentent ses prix pour augmenter ses salaires alors l'inflation sera bonne pour ses salariés, moins bonnes pour le consommateur moyen s'il ne travail pas dans ce secteur, et mauvaise pour l'actionnaire qui verra son pouvoir d'achat baisser. En fait ce qui compte réellement ce n'est pas l'inflation, mais le pouvoir d'achat, et ce pouvoir d'achat est un rapport entre l'évolution des salaires et celui de l'inflation. Que l'inflation soit de 10% par an vous vous en foutez si votre salaire augmente dans le même de 11%, à l'inverse que l'inflation soit de 1.5% par an, mais que votre salaire stagne et là vous avez un problème de baisse de pouvoir d'achat. La focalisation des économistes libéraux et des médias mainstream  sur l'inflation cache en réalité les intérêts qu'ils défendent, ceux de la rente financière ou immobilière qui elle n'a pas intérêt à un retour de l'inflation. 

 

En circuit ouvert ou fermé

 

          Cependant les liens entre l'emploi, l'inflation et les salaires, divergeront suivant la situation d'un pays face à l'extérieur,  parce que les problèmes d'une économie relativement auto-centrée ne sont pas ceux d'une économie totalement soumise au libre-échange. Dans le cadre d'une économie fermée les choses sont en fait plus simples à appréhender. Ainsi la hausse des salaires sera plus inflationniste en fonction du taux de chômage, c'est la fameuse thèse du Nairu le taux de chômage qui n'accélère pas l'inflation. Plus on est proche du plein emploi et plus les prix peuvent progresser rapidement à cause de l'avantage qu'en tirent les salariés face aux patrons en terme de négociation salariale. A l'inverse un chômage élevé tendra à produire un déflation, une baisse des salaires et des prix à tout les niveaux. Autre facteur à prendre en compte la productivité et l'amélioration du processus de production en réalité seul véritable facteur de progrès  économique. Comme l'avait montré Jean Fourastié l'inventeur du terme des trente glorieuses, c'est uniquement le progrès technique qui engendre un réel gain des salaires et du pouvoir d'achat.  Il faut aussi que ce progrès technique puissent avoir une énergie pour se produire, la hausse de la consommation énergétique couplé aux progrès techniques ont produit la hausse du niveau de vie globale que nous avons connu depuis la guerre. L'inflation et la hausse des salaires ne sont finalement que des moyens de répartition des richesses au sein du tissu sociale.

 


 

          En régime de libre-échange par contre les relations sont différentes, ainsi la hausse des salaires qui produisait une hausse de la production et de l'inflation si le taux de chômage était bas, va produire en circuit ouvert une dégradation de la balance commerciale. Les importations se substituant petit à petit à la production locale ce qui provoque du chômage et donc une pression à la baisse sur les salaires . En  régime de libre-échange vous produisez une contrainte extérieure, c'est d'ailleurs pour cela que nos élites ont ouvert notre économie pour contraindre les salaires à ralentir leur hausse, voir à baisser. Il faut dire que les politiques n'avaient pour seul but dans les années 70, époque où furent ouvertes les économies européennes, que de lutter contre l'inflation qui était en passe de définitivement liquider les rentiers. Le paradoxe c'est que cette inflation des années 70 n'a pas eu à l'origine la hausse des salaires, mais la dérégulation de la finance et l'abandon de l'étalon or par les USA. Et si l'inflation semble fortement augmenter après le premier choc pétrolier en France en 73, il faut rappeler que c'est à la même époque que l'on a privatisé l'instrument monétaire.  La baisse des prix du pétrole qui s'est produite par la suite n'a pas ralenti l'inflation qui est restée à des rythmes extrêmement élevés jusqu'en 84. On ne peut donc pas affirmer comme le font certains, que les chocs pétroliers aient été réellement la cause de la stagflation, mais c'était un argument bien commode à l'époque pour éviter de parler de la nouvelle doxa économique mise en oeuvre dans nos pays.

 

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    Si l'on regarde l'évolution des salaires depuis 1950, on constate que l'inflation entre 1975 et 1984 continue à niveaux élevés alors que les salaires commencent déjà à faire du surplace. Il est donc parfaitement malhonnête de dire que l'inflation est le fruit de la hausse excessive des salaires comme le prétend ce pauvre Trichet.

 

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      Si l'on regarde l'évolution des prix et des salaires sur le long terme, on obtient un tout argument pour la hausse de l'inflation que celui des salariés irresponsables. En réalité on a fait payer aux salariés les erreurs macro-économiques des élites, c'est  la privatisation de l'instrument monétaire a fait enfler l'inflation, et c'est sur les salariés que l'on a taper pour permettre à cette nouvelle organisation économique de fonctionner. Car pour éviter l'inflation il fallait un chômage massif et une croissance molle, on évitait ainsi que les banques ne prêtent n'importent comment et ne fassent progresser abusivement la masse monétaire  à coup de crédits, d'intérêts et d'emprunts privés. En renonçant à réguler la masse monétaire de façon centralisée comme nous le faisions jadis, nous avons ouvert une boîte de pandore et laissé à des acteurs privés le soin d'émettre la monnaie, une monnaie qui en plus ne peut s'obtenir qu'à crédit ce qui est encore plus inflationniste d'un point de vue collectif.  Pour permettre une émission monétaire décentralisé il a fallu ralentir considérablement la croissance, mais cela n'a quand même pas pu empêcher à long terme de multiples bulles et spéculations de se produire.

 

Il faut hausser les salaires en France

 

          Une grande part des problèmes économiques français viennent de la sous-rémunération du travail, mais il est vrai aussi  que les conditions qui ont emprisonné notre pays depuis trente ans sont toujours là et  rendent impossible ou dangereuse une telle hausse à court terme. C'est bien pour cela qu'il faut militer activement pour l'abandon du libre-échange et de l'euro, et non faire de grands discours sur le danger de la hausse des salaires.  Car c'est injuste et économiquement complètement faux. Un plan raisonnable pour la France serait à court terme de faire une dévaluation de 20 à 30% de notre monnaie couplée d'une hausse des salaires équivalente. Nous réduirions ainsi nos importations tout en stimulant la demande intérieure qui irait plutôt  exercer ses effets sur les producteurs locaux en créant des emplois dans l'industrie, mais aussi dans les services. Il est évident que nous aurions une inflation plus forte, mais les salaires augmentant plus vite, nous aurions de fait un transfère des revenus du capital vers le travail autrement plus efficace qu'en passant par une fiscalité confiscatoire, d'ailleurs relativement impraticable en régime de libre-circulation des capitaux. A long terme nous refermerions la parenthèse libre-échangiste en augmentant petit à petit les droits de douanes et en mettant des quotas pour réduire notre dépendance aux importations. Ces politiques auront aussi comme effet de rediriger le capital vers la sphère productive, car même si  le capital sera probablement moins abondant , les entreprises étant obligées dans ces conditions de faire moins de bénéfices, elles seront aussi plus incitées à investir dans la sphère productive. Les gains de productivité ne pourront plus s'obtenir à coup de délocalisations et de sous-rémunération du travail, seul l'investissement productif et l'automatisation pourront encore améliorer les marges. Dans ce nouveau système ce ne sont pas les entreprises qui seront les perdantes, mais belle et bien les rentiers qui ne pourront plus tirer autant de revenues leur rente.  Nous pourrons ainsi finir ce que l'évolution naturelle de nos économie avaient commencé à faire dans les années 60-70, euthanasier les rentiers comme le souhaitait Keynes.

 

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 22:00

   Suite de la conférence sur les  industries culturelles et l'épuisement du modèle capitaliste d'aprés guerre de Bernard Stiegler. Vous pouvez voir la  première partie  sur ce lien.

 

 

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 21:55

Jean-Claude-Trichet.jpegMais jusqu'où iront-ils dans la stupidité nos défenseurs de l'orthodoxie néolibérale? C'est la question que l'on peut se poser en lisant les derniers propos de Jean Claude Trichet, propos dans lesquels il déclare: Augmenter les salaires, "la dernière bêtise à faire" . L'homme du franc fort puis de l'euro fort, grand massacreur devant l'éternel des travailleurs français récidive et va toujours plus loin dans ses délires. Le voilà qui condamne par avance toute mécanique pouvant entraîner une hausse des salaires car  pour lui il faut impérativement lutter contre l'inflation. Or pour monsieur Trichet la seule origine possible de l'inflation est celle des salaires s'il faut en croire ses dire. On ne le voit nullement condamner les ponctions de plus en plus délirantes de la sphère financière sur l'économie réelle. En aucun cas la rétribution des rentiers, des actionnaires et des spéculateurs ne pourrait produire d'inflation, c'est toujours ceux qui produisent la richesse réelle qui font grimper les prix plus que de raison. Les profits excessifs, les crédits délirants et la masse monétaire inflationniste produite par le système bancaire n'est pas du tout responsable. Et puis l'inflation c'est le mal incarné qui s'attaque aux pauvres, c'est d'ailleurs les pauvres et les chômeurs les premières victimes de l'inflation,  comme nous le dit saint Trichet: "Martelant le credo de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet a réaffirmé que la lutte contre l'inflation, "un impôt sur les plus pauvres et les plus démunis qui sont les moins protégés", restait "la priorité constante" de l'institution.""

 Amen

 

D'un coté il nous dit que l'inflation existe et qu'il faut lutter contre elle en restreignant les salaires, et de l'autre il prétend que l'inflation est l'ennemie des pauvres, en simplifiant il nous dit qu'enrichir les travailleurs ne peut que les appauvrir quel paradoxe. A cela s'ajoute sa prétention à régler le problème du chômage par une faible inflation, on aura tout vue c'est la confusion totale chez notre banquier européen. N'est-il pas un adepte de la théorie du Nairu , le fameux taux de chômage minimal qui n'accélère pas l'inflation? Car oui figurez vous qu'en réalité l'inflation est plus forte lorsqu'il y a plein emploi que l'inverse ce qui se comprend facilement, or là notre Trichet affirme qu'une basse inflation est bon pour lutter contre le chômage, au royaume des sophistes Trichet est le roi. Et le voilà s'appuyant sur l'exemple allemand dont on a dit ici à de multiples reprises à quel point il n'était nullement généralisable. On entend d'ailleurs pas beaucoup Trichet sur la question démographique qui est au coeur du recul du chômage en Allemagne. Mais même s'il est germanophile notre Trichet regrette cependant que les salariés allemands commencent à réclamer des hausses de salaire, eux qui ont vue leur niveau salarial stagner ces dix dernières années, salaud de pauvre. Pourtant la hausse des salaires en Allemagne serait une bonne chose pour l'emploi allemand et pour l'équilibre des balances des paiements à l'intérieure de la zone euro. Un accroissement de la demande allemande permettant de rééquilibrer par le haut les balances commerciale. Or semble-t-il, Trichet ne souhaite pas cette hausse y compris au pays des excédents commerciaux. Il montre ici très clairement les intérêts qu'il défend et ce ne sont pas ceux des pauvres et des chômeurs. Qui plus est il ne défend pas non plus l'euro puisque cette solution permettrait en partie de sauvegarder  la monnaie unique aujourd'hui en voie de dislocation. On voit bien  le coté idéologique des affirmations de Trichet qui ne se rend même pas compte du nombre d'incohérences qu'il y a dans ses propos. Avec de tels défenseurs la construction européenne n'a vraiment pas besoin d'ennemies.  

 

  Mais le plus grave au fond c'est que Jean Claude Trichet n'a toujours pas réalisé que la concurrence salariale ou fiscale produit un jeu de vase communicant. Il devrait pourtant comprendre cela lui qui a traversé, on ne sait trop comment, toute les péripéties européennes de ces trente dernières années. A son âge il est désormais certain qu'il ne comprendra jamais, quand un pays comme l'Allemagne réduit son chômage grâce à ses excédents il produit du chômage ailleurs. Dans un tel régime économique où chaque peuple cherche le plein emploi au détriment des voisins vous produisez une contraction collective de la croissance. C'est ce qui explique que l'UE soit l'homme malade de la planète,c'est  la région du monde qui va le plus mal en terme de dynamisme économique ou de création d'emploi. On se demande bien qui consommera allemand quand tout le monde réduira les salaires. Jean Claude Trichet est l'un des grands responsables du désastre européen, il n'y aura malheureusement  jamais de procès pour ses crimes qui sont pourtant nombreux. Ce vieux monsieur continue encore et toujours à l'image de Giscard à répandre ses idées stupides qui montrent  pourtant tous les jours  leur invraisemblances. Il est le symbole à lui tout seul de la décadence des élites européennes incapables de défendre l'intérêt générale et s'enfermant dans des constructions théoriques sans lien avec la réalité. On aurait pu croire que la crise allait réveiller un peu les consciences il n'en a rien été, ils accélèrent même en nous menant droit à la catastrophe. 

 

 

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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 23:00

Impots2.jpgS'il y a bien un sujet qui revient souvent, c'est bien celui  qui concerne les fameux paradis fiscaux, dont la Suisse ou les îles Caïmans sont de parfaits exemples. Les paradis fiscaux et les les états parasites sont les marteaux avec lesquelles les néolibéraux ont pu restructurer la fiscalité des grands pays développé. Grâce à la libre circulation des capitaux, ces états ont agi comme de puissants aspirateurs de la richesse mondiale, certains économistes ayant même calculé qu'un tiers du PIB mondiale passe par les paradis fiscaux. Les multinationales ne payent pas d'impôts grâce à eux, et les entreprises de grandes tailles ont appris à jouer sur ces fiscalités disparates pour alléger largement le coût des impôts. On sait qu'en France par exemple les grandes entreprises payent globalement beaucoup moins d'impôts que les petites, il en va d'ailleurs de même pour les individusPlus ont est riche, plus on a les moyens d'expatrier son capital et moins l'on paye d'impôts, les états étant obligé de concentrer de plus en plus l'effort fiscale sur la couche de la population la moins capable de faire jouer cette fameuse concurrence fiscale. Les PME sont écrasée par les charges, la classe moyenne est écrasée par une fiscalité de compensation face aux pertes occasionnées par les fuites de capitaux. Face à cette réalité il y a deux attitudes à avoir, et deux solutions théoriques. Mais comme dans le cas du commerce les deux solutions théoriques ne sont pas toutes les deux égales sur le plan pratique comme nous le verront à la fin de ce texte.

 

La concurrence fiscale

 

          Le principe de la concurrence fiscale fut un formidable outil pour réduire à néant les progrès sociaux entamé dans les pays développés au cours des trente glorieuses. Les économistes néolibéraux,qui pensent que l'état est une maladie rongeant la société, savaient parfaitement qu'il était politiquement impossible de mettre fin directement aux systèmes sociaux quand leur idéologie a commencé à prendre du poids chez les dirigeants politiques dans les années70. Ils  ont donc du produire des stratagèmes détruisant en pratique ces systèmes, sans pour autant faire apparaître au grand jour leurs desseins, et pour détruire les états providences, ils firent appels plusieurs techniques. L'une consistait à valoriser la libre circulation des capitaux en présentant cette dernière comme bénéfique pour l'investissement des entreprises la croissance et le progrès économique. Les mouvements libertaires ont sans doute jouer un rôle dans l'image positive que le libéralisme économique a eu au moment du tournant libérale des années 70-80. Le mot liberté étant alors dans toutes les bouches, même si on omettait à la masse qu'une plus grande liberté pour quelques uns signifiait en réalité beaucoup moins de liberté pour tout les autres. La deuxième stratégie consistera à endetter les états à travers la privatisation de l'émission monétaire. En effet en obligeant les états à emprunter sur les marchés financiers plutôt qu'auprès de la banque centrale du pays, vous enclenchez mécaniquement un cycle de sur-endettement qui fini par justifier à long terme la destruction des services publics.

 

   Cependant il faut préciser aussi que ces stratégies ne s'imposeront pas uniquement à cause d'une idéologie idiote, elles se sont imposées aussi parce qu'elles avantageaient, momentanément, l'empire américain toujours en proie à l'époque à la concurrence du bloc soviétique. Certains pensent même que la guerre du Vietnam, et son coût astronomique pour l'économie US, en perte de vitesse alors face à ses satellites ouest-européens et japonnais, à  encourager une stratégie différente pour maintenir le niveau d'investissement militaire sans en faire payer le prix à la population. Plutôt que de faire grimper les impôts les américains vont exporter leur inflation grâce au rôle jouer par le dollars, ils vont en quelque sorte faire payer leur système militaro-industriel au reste de la planète. Mais pour que cette stratégie fonctionne il fallait impérative deux conditions. En premier il fallait mettre fin à la limitation de l'impression du dollars et pour cela il fallait mettre fin au traité de Bretton-Woods et à l'étalon or, ce fut fait par Nixon en 1971. La deuxième condition, c'est qu'il fallait que le dollars puisse s'écouler partout dans le monde en grande quantité, c'est là que la libéralisation des capitaux va aider. Les théories néolibérales vont donc s'imposer petit à petit en occident, non pas parce qu'elles étaient meilleurs ou vraie intellectuellement, mais simplement parce qu'elles correspondaient à cour terme à l'intérêt supérieur de la puissance dominante, les USA. 

 

       La libéralisation des capitaux va donc jouer dans la fiscalité le même rôle que le libre-échange dans le niveau salarial, celui d'un nivellement par le bas.  En effet en supprimant les frontières des capitaux vous permettez à n'importe qui d'acheter n'importe quoi, ou de déplacer ses capitaux n'importe où sur la planète. Ce faisant il était évident que les capitaux iraient s'investir là où le coût pour eux était le plus avantageux. A l'image des entreprises installant leurs sites de productions là où la main d'oeuvre est la moins chère à compétence égale. Ce faisant les pays à la fiscalité la moins avantageuse n'ont eu d'autre solution que de réduire celle-ci pour éviter le départ massif des capitaux. Mais cette libéralisation des capitaux a eu un deuxième effet, celui de soumettre les politiques monétaires à l'autorité des marchés spéculatifs. Les capitaux mondiaux accumulés étant immenses en quantité, aucune structure étatique ne peut plus maintenant contrôler réellement son taux de change, celui-ci devenant de plus en plus le fruit de la volonté des marchés de par leur taille. Un pays peut ainsi se retrouver avec une monnaie qui grimpe malgré une balance commerciale en déficit et une croissance atone. En libéralisant les capitaux on a ainsi  interdit aux états la possibilité d'adapter leur politiques monétaires aux besoins de leur économie. La liberté de circulation des capitaux à en quelques sortes aggravé l'instabilité inhérente à la régulation du commerce uniquement basée sur l'évolution des taux de changes. 

 

La fiscalité est une souveraineté fondamentale d'un état nation

 

      Mais fondamentalement il y a plus grave que l'instabilité économique ou la concurrence fiscale, c'est la perte simple de la souveraineté des nations. En effet en empêchant les états d'avoir une fiscalité qui leur est propre, on produit une perte de souveraineté, et une contradiction avec les principes démocratiques.  Car à quoi peut bien servir le vote si la politique économique, dont la fiscalité est un des piliers fondamentaux, est imposée par des contraintes extérieures? On revient toujours aux mêmes problèmes, comme dans le cas du libre commerce des marchandises, la libre circulation des capitaux produit une perte d'autonomie directive, elle met fin à toute possibilité de faire de la politique et impose les structures fiscales des pays où la fiscalité est la plus basse. Comme dans le cas de la libre-circulation des marchandises, ce sont les nations aux structures sociales les plus faibles qui imposent in fine leurs propres systèmes économiques. Il s'agit finalement d'une autre forme de domination et de colonialisme, les uns imposant leurs règles aux autres, dans ces conditions il n'est guère surprenant de voir la violence entre nations augmenter. La suppression des frontières dans le domaine des capitaux comme dans celui des hommes et des marchandises ramène la guerre et la violence au lieu de la réduire. Bien loin de nous mener à un monde de paix c'est vers la guerre de tous contre tous que nous mène le libéralisme totalisant.

 

Les deux solutions théoriques

 

    En regardant ce problème fiscal ont voit tout de suite deux solutions à mettre en oeuvre. La première consisterait à faire converger toutes les fiscalités d'Europe puis du monde, on imposerait ainsi partout sur terre la même fiscalité en faisant une moyenne des taux d'imposition planétaire. C'est en partie la solution proposait actuellement par l'UE aux nations, on veut faire converger les états européens et leurs structures sociales pour faire marcher l'euro. Puisque c'est la divergence des états nations qui empêche le fonctionnement du libéralisme total, alors changeons les nations. On propose par exemple d'aligner les retraites européennes sur le régime allemand à 67 ans, même si la France par exemple n'a pas les mêmes problèmes démographiques. Mais pour résoudre cette divergence démographique et sauver l'euro, peut-être qu'un de nos joyeux drilles européïstes nous proposera de limiter la natalité en France ou de tuer les nouveaux nés en surnombre pour ainsi aligner notre fécondité sur celle de nos voisins. Les politiciens européens ont inversé la théorie du rasoir d'Occam, pour eux la solution la plus compliquée est toujours la meilleurs, même si elle est inapplicable. C'est la solution mondialiste, celle du politiquement correcte, une solution à l'image du fédéralisme européen complètement irréaliste, mais qui permet de faire croire que l'on propose une solution en apparence rationnelle. L'avantage de cette hypothèse c'est qu'elle permet de ne pas ramener le débat sur la question des nations et des frontières, si la gauche institutionnelle aime tant ce genres de propositions c'est finalement parce qu'elle sait très bien qu'elles ne changent rien et permettent d'amuser la galerie en se donnant bonne conscience. On a tous entendu ces représentants de  l'establishment nous dire qu'il fallait vraiment plus d'Europe, ou qu'il faut un état mondial  pour empêcher les méchants marchés de faire leurs mauvaises actions.

 

  Il serait pourtant tellement plus simple de revenir en arrière et de remettre des frontières là où elles ont été abusivement enlevé. Et que l'on ne me dise pas qu'il s'agit d'une solution trop compliqué à mettre en place, c'est en réalité infiniment plus complexe de faire converger les fiscalités rien qu'en Europe, que de contrôler à nouveau la circulation des capitaux. Des pays ont d'ailleurs déjà repris le contrôle, à l'image de la Corée du Sud qui avait cédé un temps aux sirènes du libéralisme avant de revenir sur ses décisions antérieures. Les pays d'Asie qui ont subi une grave crise en 97 ont bien compris l'immense intérêt qu'il y a à contrôler les frontières sur les capitaux et pas uniquement pour des raisons fiscales. On peut par exemple empêcher l'importation d'une bulle immobilière en contrôlant les capitaux et en évitant que des étrangers ne viennent spéculer sur le marché immobilier intérieur du pays comme c'est très souvent le cas en Europe. En plus de rendre leur souveraineté fiscale aux états, la mise en place de frontières aux capitaux permettrait d'éviter ce que l'on connaît aujourd'hui en europe, une transmission des crises d'un pays à l'autre par le truchement des spéculations financières transnationales. Avec un contrôle des capitaux les banques françaises et allemandes n'auraient pas pu autant investir en Espagne, la crevaison de la bulle immobilière n'aurait pas mis en danger les banques françaises et allemandes. On aurait ainsi évité bien des ennuis, les crises seraient déjà beaucoup plus facile à circonscrire. Encore une fois si nos ancêtres ont créé des frontières ce n'était pas seulement par chauvinisme ou stupidité nationaliste, ces frontières avaient des fonctions de régulation. Les frontières mettent un cadre en place et sans ce cadre nulle politique n'est possible.

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