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16 octobre 2023 1 16 /10 /octobre /2023 16:07

Depuis quelques années pour ne pas dire quelques décennies la dégradation progressive de nos sociétés sous les coups de la globalisation et de la construction européenne pousse les dirigeants occidentaux apeurés à remettre en question la liberté d'expression de façon plus ou moins directe. Mais cette tentation de la limitation de la liberté d'expression n'a pas pour seule origine la remise en cause des politiques économiques menées depuis les années 70, c'est en réalité la conséquence presque mécanique d'une société pseudoméritocratique où les diplômes et les inégalités économiques deviennent des marqueurs de qualité individuelle. Comme l'a si bien montré Emmanuel Todd, les nouveaux aristocrates que ce sont les diplômés et les gens qui réussissent économiquement n'acceptent pas que des gens qu'ils considèrent comme inférieurs puissent donner leur opinion.

 

La nouvelle fragmentation sociale produite par la fragmentation scolaire crée une société fortement polarisée. Et contrairement à la société aristocratique où les possessions étaient le fait d'héritage et donnaient donc une élite qui avait conscience de ses privilèges, et pouvait concevoir le fait de devoir négocier avec le tiers état, la société actuelle produit des supérieurs qui se pensent réellement supérieurs. Le très grand égoïsme des classes sociales dominantes actuelles est paradoxalement le produit du système méritocratique des diplômes qui donne cette impression de réussite uniquement individuelle aux personnes qui en ont profité. C'est paradoxal parce que l'on imagine tout le temps qu'un système méritocratique c'est forcément très bien pour une société. Après tout, qui peut vouloir des incompétents au pouvoir, qui ne sont là que par le fait de leur naissance ? D'abord, c'est oublier un peu vite que les méritocraties occidentales reproduisent en réalité en grande partie les inégalités de naissance. La méritocratie dans le cas français en particulier est essentiellement une illusion surtout depuis quelques décennies.

 

On a donc la constitution de corps de diplômés qui ne sont pas vraiment issus d'une méritocratie puisque seules les personnes sortant d'un certain niveau social peuvent accéder aux diplômes les plus prestigieux. Mais qui bénéficie de l'image d'un corps social produit par la méritocratie. C'est extrêmement vicieux, la France récoltant le pire des deux mondes, l'incompétence de la société aristocratique accolée à la prétention produite par la méritocratie. On peut voir les effets maximisés de ce phénomène dans les grandes écoles de l'état avec l'ENA et Science Po en tête. Alain Juppé ou François Bayrou, représentants parfaits de l'incompétence permanente couplée à la prétention infinie. Ensuite, rappelons que les diplômes ne devraient pas être des marques de supériorité. Un diplôme ne fait que valider des connaissances acquises à un moment donné de la vie pour tel ou tel sujet. Passer un diplôme de physique ne vous donne pas une supériorité sur le citoyen moyen pour les questions politiques ou économiques. Malheureusement trop souvent les diplômés ont tendance à penser que parce qu'ils ont acquis un diplôme d'un certain niveau leur avis vaut plus que celui de leur boucher charcutier du coin sur tous les sujets.

 

On ne dira jamais assez à quel point l'enseignement supérieur massifié a fait des dégâts dans le débat démocratique et l'esprit démocratique. Car au fondement de l'esprit démocratique, il y a l'esprit d'égalité. Si vous ne pensez pas que tout le monde peut participer au débat alors la démocratie est déjà morte. Nous n'aurions probablement pas eu ce problème si toute la population avait fait des études supérieures, mais ce n'est pas le cas. Nous sommes donc obligés de fonctionner avec une partie de la population qui pense être supérieur à toutes les autres parce qu'elle est diplômée avec tout en haut les diplômés des grandes écoles qui pensent être aussi supérieures à tous les autres diplômés. Car les diplômés se hiérarchisent entre eux bien évidemment comme tous les systèmes hiérarchiques. Avouons que dans ces conditions le fonctionnement démocratique est déjà passablement problématique.

 

Ajoutons à cela un mécanisme là aussi bien vu par Emmanuel Todd, celui de l'obéissance des diplômés. S'il ne faut pas généraliser, il est bien évident que l'une des qualités pour réussir à l'école telle qu'elle est produite aujourd'hui, c'est bien celle de l'obéissance. En effet pour réussir son instruction, il faut obéir en grande partie aux professeurs et au système d'instruction, c'est implicite. C'est d'ailleurs l'une des raisons de la meilleure réussite des filles par rapport aux garçons dans le système scolaire actuelles, elles sont plus calmes et obéissantes. Ce faisant, on peut en déduire que le système éducatif tend à favoriser les individus faisant preuve d'une plus basse capacité de rébellion que la moyenne. Cette qualité d'obéissance se traduit politiquement par la très forte capacité des couches supérieures diplômées à obéir comme des petits soldats. Il ne s'agit pas bien évidemment de dire que tous les diplômés sont des couilles molles pour être vulgaires. Mais les personnalités atypiques capables de désobéir seront statistiquement beaucoup moins nombreuses chez cette partie de la population. On comprend dès lors mieux leur attachement à toutes les folies collectives que l'état macroniste a pu produire en particulier pendant l'épisode grotesque de la crise Covid. On comprendra également que ce n'est pas chez les plus diplômés qu'on trouvera les troupes pour renverser le système eurolibéral qui détruit ce pays.

 

La diplômecratie contre la démocratie

 

La véritable source de la mise en question de la liberté d'expression, et des principes mêmes de la démocratie, vient donc de cette scission produite par l'échec de la généralisation de l'instruction supérieure. La fragmentation de la population en couches sociales, déterminées en grande partie par son niveau d'étude, a produit une société aristocratique d'un nouveau genre . Cette fragmentation est visible un peu partout dans le pays. Christophe Guilluy a très bien décrit cette fragmentation dans son livre sur la France périphérique. Et il est clair que la bulle immobilière a favorisé aussi la séparation spatiale de ces populations par le simple jeu du marché immobilier. Paris intra-muros est l'exemple même d'une ville bourgeoise de Bac+2 et Bac+5 et plus qui a expurgé ses couches populaires. Si la bulle continue, elle pourrait même expulser ses couches diplômées, mais pas assez pour rester dans les années qui viennent.

 

C'est dans ce contexte socio-économique que s'inscrit les mesures de contrition de la liberté d'expression que nous connaissons aujourd'hui et dont la loi Digital Services Act n'est qu'un énième épisode. En effet, les atteintes à la liberté d'expression ne sont pas nouvelles en France et elles se multiplient avec la montée en puissance de la domination des diplômés. Emmanuel Todd a daté le début véritable de cette scission des élites du vote sur Maastricht en 1992. Ce n'est guère critiquable même si le phénomène a probablement commencé avant. En France, on pourrait d'ailleurs souligner cette dérive du détachement des élites par l'usage quasi pornographique de l'anglais, enfin plutôt du globish dans la vie courante du pays. L'anglais étant le latin moderne permettant aux nouveaux aristocrates de bien se détacher de la plèbe, et de camoufler la baisse du niveau en français même chez les diplômés par la même occasion. Le globish est bien évidemment surreprésenté chez les couches diplômées qui en abusent souvent de façon totalement ridicule.

 

La question de la liberté d'expression est donc fortement liée au détricotage du lien social et à l’effondrement des affects des dominants par rapport au reste de la population. La haine de classe des bourgeois diplômés a remplacé la lutte des classes des temps aristocratiques. Pendant la crise des gilets jaunes, la haine de classe était littéralement visible et certains bourgeois auraient bien aimé tirer sur la foule comme à la grande époque . Je pense sincèrement que la France n'est plus très loin de ce genre d'exaction. La mentalité des dominants est aujourd'hui mûre pour la violence et elle le montre à chaque remise en question de ses intérêts. Si nous ne risquons pas de tomber dans un système fasciste à cause de l'individualisme féroce qui dévore aussi les couches sociales dominantes, on peut quand même imaginer un système violent pour asseoir l'autorité des hommes supérieurement diplômés. C'est ici que le contrôle de la parole prend sens. Au final, la limitation progressive de la liberté d'expression n'est que la continuation de la dégradation démocratique dans notre pays, ce n'est qu'un symptôme. Et même si on réussissait à l’endiguer ce qui est douteux, cela n'empêcherait pas les dominant d’asseoir encore plus fortement leur pouvoir par la violence sous une autre forme.

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18 septembre 2023 1 18 /09 /septembre /2023 16:39

 

Depuis plusieurs décennies, la France soufre d'une véritable cabale contre sa propre existence. Ce vieux pays est extrêmement mal armé pour lutter contre cette haine antinationale, car cette violence vient d'en haut, de ses strates sociales les plus élevées. Or la France contrairement à bon nombre de pays n'est pas une nation ethnique ou unifiée par des pressions extérieures comme cela peut être le cas de pays comme le Japon ou la Suisse. La France est une nation qui a été construite petit à petit par la monarchie française. On ne va pas faire de cours d'histoire ici, je ne suis d'ailleurs pas historien et ce serait bien prétentieux de le faire. Mais il est indéniable que la France est une des rares nations sur terre à avoir été réellement construite par une petite élite. D'ailleurs, le pays a été longtemps considéré comme un empire, tant il y avait de variété culturelle et linguistique sur ses terres. On ajoutera d'ailleurs à ça le fait que pendant longtemps la France a été, et de très loin, le pays le plus peuplé d'Europe.

 

De fait, cette forte variété linguistique et culturelle a été longtemps combattue avec succès pour asseoir l'unité du pays face aux menaces extérieures. Avant de devenir la nation culturellement unifiée que nous connaissons aujourd’hui, le pays a largement pratiqué l'assimilation forcée des minorités culturelles de son territoire. Le mouvement jacobin n'a été en quelque sorte que le prolongement d'une volonté centralisatrice que la monarchie a pratiqué depuis des siècles. Et ce n'est pas sous la monarchie que la volonté d'assimilation a été la plus grande, mais sous la troisième république. Les hussards noirs n'avaient pas uniquement pour vocation d'instruire la population, mais aussi de faire taire les derniers restes de la diversité culturelle et langagière du pays. Il est assez drôle d'ailleurs de voir l'extrême tolérance actuelle de la gauche vis-à-vis de l'islam et des traditions culturelles importées par l'immigration quand on sait que c'est la gauche qui a été la plus violente contre les cultures et les langues régionales par le passé.

 

Quoiqu'il en soit la France telle que nous la connaissons aujourd’hui est le produit d'une volonté politique historique. Or, depuis quelques décennies, l'on constate clairement la disparition de cette volonté. On peut même affirmer que depuis le président Valéry Giscard d'Estaing qu'il y a désormais au pouvoir une véritable volonté de détricoter la nation française. Comme nous allons le voir, cette volonté prend deux formes, d'où le titre de ce modeste texte. À titre personnel, je pense que le désamour pour la nation est à associer à l'époque de la Première Guerre mondiale. Non seulement parce que la guerre a été violente, mais aussi parce que contrairement à d'autres nations , en France, les élites ont été extrêmement touchées par la mort sur les tranchées. Elles ont véritablement payé le prix du sang si je puis dire. Rappelons au passage que la France a été après la Serbie le pays qui a eu le plus de morts en proportion de sa population lors de ce conflit. Et nombre de polytechniciens et de jeunes issues de la haute bourgeoisie ont connu une fin abrupte lors de ce conflit. La haine de la guerre qui a été associée trop hâtivement à la nation prend donc probablement racine dans cette difficile période de notre histoire. Il a fallu du temps pour que la maladie de l'âme nationale ne prenne le pouvoir, et la Seconde Guerre mondiale a probablement retardé l'échéance, mais depuis les années 70 on peut dire que c'est acté. La France n'est plus dirigée que par une caste anti-France, mais cette anti-France comme je l'ai dit prend deux visages. Car il y a deux façons d'être anti-français même si au final les motivations profondes et les origines sociales sont les mêmes dans les deux cas.

 

L'anti-France de droite

 

La première façon d'être anti-France est dans le discours sur le retard permanent de notre pays, sur sa petitesse et sur l'adulation délirante d'autres systèmes nationaux forcément meilleurs et fantastiques. Cette haine de soi de droite est extrêmement courante en France, elle peut d'ailleurs aussi être pratiquée par la gauche de temps en temps. La droite libérale vous dira que la France est un pays communiste où tout est étatisé alors même que les libéraux détiennent le pouvoir depuis 40 ans, ne faisant guère de lien entre la situation actuelle et les politiques macroéconomiques menées. Elle vouera aux gémonies la France trop étatiste, les Français trop fainéants , et adorera tour à tour l'Allemagne , les USA, la Chine ou n'importe quel pays tant qu'il n'est pas la France. La taille est aussi un argument régulièrement proféré dans ce camp. C'est que la droite bourgeoise est un peu orpheline de l'époque où notre pays était encore grand sur le plan démographique. Et il est indéniable aujourd'hui que notre pays n'est plus une grande puissance ni même un grand pays à l'échelle du monde. Mais est-ce que cela interdit pourtant autant d'avoir une politique, une économie ou une langue qui nous est propre ? Combien de pays dans le monde bien plus petits encore que notre nation subsiste-t-il encore aujourd’hui ? Combien d'ailleurs de petites nations prospèrent, même alors que leur taille devrait les condamner, si l'on suit cette logique de complexé de la taille ?

 

Cette question de la taille est en fait un faux problème, il s'agit d'un argument servant avant tout à nourrir le discours de la haine de soi de droite. Il légitime la déconstruction nationale que ces couches sociales aisées souhaitent en réalité. Alors si j'ai dit qu'effectivement le discours de la haine de soi est né probablement avec la guerre de 1914, il existe aussi une autre raison plus simple. Le peuple de France est dominé en son centre par les valeurs de la famille nucléaire égalitaire cher à Emmanuel Todd. Des valeurs qui sont la liberté et l'égalité. Et si la liberté plaît énormément à la bourgeoisie qui s'en est servi pour abattre l'ancienne couche sociale aristocratique, l'égalité par contre la gêne énormément. Il s'agit là probablement de l'autre source de la haine nationale. La pauvre bourgeoisie française n'a pas la chance d'avoir une population obéissante et soumise comme peut l'être celle d'Allemagne ou du Japon. On l'a revu récemment avec les gilets jaunes, les Français peuvent très bien dire « merde » à leur dirigeant même les plus diplômés et savant quand ils les jugent incompétents, ce qu'ils sont en toute objectivité. La globalisation et l'Europe pour la droite antifrançaise sont donc des outils visant à dresser, voire à démolir ce peuple égalitaire et emmerdant, qui les empêche de jouir tranquillement de leurs privilèges.

 

Il est d'ailleurs important de rappeler ce rôle de l'amour pour l'égalité des Français à l'heure où la droite pseudopatriote essaie de surfer sur la montée électorale de mouvements similaires en Italie ou en Allemagne. En effet, les identitaires, le mouvement de Zemmour ou le Rassemblement National sont des mouvements de droite qui s'affichent souvent comme nationaux. Ils ont tous en partage la volonté affichée de mettre fin à l'immigration de masse par exemple. Et un esprit un peu naïf pourrait y voir justement un recul de l'anti-France ou une réaction contre ce phénomène, mais pas du tout en fait. En réalité, ces mouvements sont une adaptation de la droite bourgeoise anti-française à l'effondrement de sa domination doctrinale classique ultralibérale. Melonie en Italie qui vient d'abdiquer sur l'immigration montre toute l'hypocrisie qu'il y a à défendre l'arrêt de l'immigration tout en restant dans le libéralisme décomplexé de l'UE et des traités européens. Mais la couche sociale qui domine ces partis, si elle peut par moment regretter les effets de l'immigration ou de la globalisation, n'entrera jamais en contradiction avec elle. Parce que ce n'est absolument pas dans son intérêt économique. Pour résumer ça en une formule, la droite pseudonationale aime moins la régulation économique que les immigrés. Elle craint la fin de la globalisation et de l'UE qui signifierait devoir négocier avec les salariés français pour produire et réindustrialiser le pays. La grève géante dans le secteur automobile américain montre qu'en cas de déglobalisation il y aurait un nouveau partage de la valeur ajoutée . Un nouveau partage qui sera nécessairement défavorable aux couches sociales dominantes actuelles. Les discours zemmouriens ou identitaires sont en réalité un traquenard pour maintenir le statu quo économique. On accuse souvent la gauche, à juste titre, d'utiliser l'immigration comme un moyen électoral grossier, mais c'est exactement la même chose à droite.

 

L'anti-France de gauche

 

L'anti-France de gauche est plus visible et assumée que l'anti-France de droite. C'est pour cela que je vais en parler plus rapidement. L'origine de l'anti-France de gauche est plutôt à chercher dans la vision extrêmement égalitariste des Français. Si vous pensez que tous les hommes sont égaux alors les nations n'ont aucun sens et les frontières encore moins. On peut imaginer assez facilement que le discours postnational pousse facilement sur ce genre de terreaux anthropologique, comme on l'a vu lorsqu'on a parlé de l'Argentine récemment. Un pays qui a la même structure anthropologique que le bassin parisien. Il faut cependant bien distinguer ici la base électorale de l'élite qui profite de l'esprit de la gauche. Si la base électorale a sans doute un anti-nationisme réel produit par un égalitarisme excessif mal compris et niant l'existence des peuples et des nations. Un égalitarisme un peu con et pas très pragmatique si l'on peut dire. Celui de l'élite par contre est très souvent cynique. Quand on pense à un homme comme Mélenchon dont le cynisme est même la base de toute la carrière électorale, c'est vraiment visible. On a là un homme qui a été élève de Mitterrand, qui a voté « oui » à Maastricht ouvrant ainsi toutes les portes à la dérégulation économique du pays produisant misère et pauvreté et qui se prétend pourtant de « gauche ». Un homme qui parlait encore de laïcité en 2017 et qui maintenant nous fait un discours pratiquement pro-islamique. C'est à y perdre son latin si l'on n’admet pas tout simplement qu'il joue un rôle.

 

On ne peut pas comprendre les évolutions de la gauche française devenue antinationale, si l'on n’admet pas au préalable le fait que le discours n'est qu'une façade pour d'autres intérêts. Quand la gauche milite contre l'église et la religion catholique au 19e siècle jusqu'à la mise en place de la loi sur la séparation de l'église et de l'état en 1905, le catholicisme était un frein au commerce et au capitalisme. En réalité, tout ce qui concourt à gêner le capital doit être démoli pour le patronat. La laïcité a donc trouvé facilement des alliés au sein de la bourgeoisie parce qu'elle réduisait le poids de l'église et facilitait les intérêts du capital et de l'industrie. Il ne s'agit pas ici de critiquer la laïcité qui a été bénéfique, mais de comprendre pourquoi la gauche officielle a pu passer d'une position laïque à une position anti-laïque pour l'islam. De fait si l'on admet que les dominants de la gauche ne sont en fait de gauche que par intérêt tout prend sens. Il s'agit des mêmes couches sociales que la droite anti-France, ils sont juste sur un autre segment du marché électoral si je puis dire. Hier la laïcité a permis l'extension du capital en éliminant le frein catholique. Aujourd'hui, le capital a besoin d'immigré pour remplir ses entreprises et ses usines, mais comme les immigrés sont surtout musulmans et qu'ils n'aiment pas la laïcité, il faut donc s'en débarrasser au moins pour eux. On voit d’ailleurs poindre à gauche des discours sur la nécessité d'un double standard sur le droit. On aurait un droit spécifique pour les musulmans. Il s'agit là bien sûr de favoriser les intérêts du patronat même si ce sera présenté comme de « gauche » et progressiste alors qu'il s'agirait en pratique d'une régression absolue de plusieurs siècles en arrière.

 

Si l'on se place d'un point de vue électoral, on comprend vite l'anti-nationisme de gauche. La gauche française, qui a abandonné les ouvriers et les pauvres avec le tournant de la rigueur en 1983 pour suivre son rêve postnational européen, n'avait plus les moyens de plaire à son électoral traditionnel. Les ouvriers qui vivaient les effets directs de l'immigration se sont enfermés dans le piège de la fausse droite nationale du FN. La gauche a alors changé de discours et essayé de plaire à un électorat plus citadin et étudiant. Ce fut le culte des minorités qu'elles soient immigrées ou sexuelles. Plus grave, depuis le discours de la fondation Terra Nova en 2014, on voit clairement une orientation de plus en plus anti-française voulant littéralement remplacer la population locale par des immigrés. Cette dérive est véritablement un mouvement dangereux et l'on pourrait même déclarer que la gauche française devient un danger pour le peuple français tant cette dernière à intérêt électoralement à sa disparition.

 

Comme nous l'avons rapidement vu, il ne faut pas se focaliser trop fortement sur les postures. La séparation droite-gauche est en réalité extrêmement artificielle sur bien des plans. On a surtout affaire à une couche sociale dominante qui lutte pour maintenir son emprise sur une population exsangue de ses choix économiques depuis 40 ans. Le théâtre électoral sert essentiellement à empêcher de vraies alternatives d’apparaître. Si le macronisme a pour un temps affiché l'unité réelle des intérêts de la bourgeoisie française en montrant qu'en réalité la gauche et la droite pratiquaient la même politique, il a aussi fragilisé la position des dominants. En effet, l’essuie-glace UMP-PS permettait de mieux camoufler la réalité du pouvoir. Il est possible qu'à travers la pseudodroite nationale et la NUPES la bourgeoisie essaie d'imposer un nouveau système de camouflage. L'important étant surtout une absence de débat autour de l'UE et de l'euro, ces partis ne représentent absolument aucun danger pour les couches sociales supérieures. En particulier le RN qui a complètement abandonné l'hypothèse d'une sortie de l'UE et de l'euro. Après les choix économiques absurdes et la dégradation extrêmement rapide du niveau de vie de la population pourraient pousser fortement le pays vers l'implosion. L'absence de véritable alternative électorale par la domination des médias et des principaux partis politiques pourrait pousser la population à des réactions extrêmes.

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7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 16:30

Alors que l'élite française se débat pour défendre un pré carré en Afrique, qui avait en réalité déjà disparu depuis un moment, le nouveau chiffre de la natalité n'a fait guère de bruit. Et pourtant il s'agit d'une nouvelle infiniment plus grave que nos rapports avec l'Afrique qui était déjà largement en bout de course. Et les chiffres sont très mauvais, la France affiche désormais un taux de natalité à 1,67 enfant par femme. On peut dire aujourd’hui que grâce à Hollande et Macron la France a enfin réussi à rattraper l’Allemagne quelque part, même si nous eûmes mieux fait de ne pas le faire. À dire vrai l'incroyable négligence des élites françaises actuelle pour les questions démographiques est absolument incompréhensible pour un pays qui a pourtant payé un lourd tribut au fait d'avoir été la première nation du monde à traverser la transition démographique. Mais nos élites n'ont plus depuis longtemps le sens de ce qui est réellement important pour une nation à long terme. C'est d'ailleurs essentiellement pour cette raison que nous déclinons sur tous les plans qu'ils soient géopolitique, économique ou autres.

 

Et comme le dit mon titre, le déclin ne date pas d'hier. En fait, il est continu depuis le milieu du 18e siècle. Les questions politiques ont joué un rôle dans ce déclin, notamment la défaite de la guerre de Sept Ans qui a fait monter la Prusse comme nouvelle puissance militaire sur le continent et produit la perte énorme de la nouvelle France . Cette guerre fit perdre officiellement à la France ses terres d'Amériques, mais il faut bien se rendre compte que l'échec de la colonisation l'avait précédé. Il y avait trop peu de français en Amérique pour défendre ces terres face aux colons anglais largement plus nombreux. On ne fera pas d'histoire pour comprendre cet échec, mais il est clair que cette perte, nous en payons encore le prix aujourd'hui. On pourrait rajouter à cela la bêtise des élites françaises qui poussa la France à soutenir les Américains contre l'Angleterre. Ce soutien est toujours fêté comme quelque chose de formidable, la défense de la liberté et de la nouvelle nation américaine. Et l'on oublie que cette guerre d'indépendance ne fut pas sans conséquence pour la nation française, car le royaume se retrouva fortement endetté pour un allié qui se retrouvera rapidement à jouer les ennemis contre nos intérêts. On sait bien aujourd'hui que l'énorme dette contractée pendant la guerre d'indépendance américaine contribua fortement à la catastrophe de la révolution. La bêtise des élites françaises n'a donc pas attendu la république ou Macron pour faire son œuvre. Les monarques français avaient déjà beaucoup d'idioties à leurs actifs.

 

On pourrait même dire que la France a la particularité d'avoir une élite très idiote qui a multiplié les erreurs historiquement parlant. Si le pays a toujours su se remettre, c'est grâce en grande partie à sa dynamique démographique. Et c'est bien là le problème, il n'y a plus de dynamique démographique pour nous sauver et cela depuis 200 ans au moins. Mais nous avons toujours une élite aussi médiocre si ce n'est pire qu'autrefois. Pendant longtemps, la France fut un monstre démographique, jusqu'en 1795 la France était le troisième pays le plus peuplé du monde. Il n'y a pas à chercher plus loin pour expliquer le poids de notre pays dans l'histoire universelle. Les miracles militaires français face à d'énormes coalitions d'autres nations européennes tenaient aussi à cette particularité, la France avait simplement des moyens démographiques largement supérieurs à n'importe quelle autre nation du continent. Mais tout change à partir du milieu du 18e. La France connaît un déclin rapide des naissances et tout au long du 19e notre pays aura la plus faible natalité du monde. Fait aggravant, sur la même période, la France n'a pas connu la baisse de la mortalité infantile la plus forte loin de là, les Anglais faisaient beaucoup mieux. Cela s'accompagnera donc d'une quasi-stagnation de la population sur tout le long du 19e qui engendrera mécaniquement un déclin politique, économique et militaire concomitant. Lors de la guerre de 1870 pour la première fois, la France est vaincue par une seule autre nation, la Prusse de Bismarck, qui deviendra l'Allemagne grâce à cette victoire.

 

 

Car sur la même période, le reste du monde explose démographiquement. C'est particulièrement vrai pour la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie et la Russie . Notre déclin n'est donc pas essentiellement le produit d'une nullité particulière ou d'un retard, c'est fondamentalement notre déclin démographique qui l'a produit. Le seul léger rebond que l'on aura connu ayant été celui du baby-boom après la guerre qui en réalité avait commencé avant. Les politiques familiales sont nées en réalité sous Pétain ce que peu de gens savent. Le genre de chose que l'on préfère oublier tant Pétain a été associé aux horreurs nazies. Mais les gens de sa génération avaient bien compris d'où était venu le grand déclin français qui finit en débandade en 1940. Le fond du problème était la démographie. Après guerre les gens du CNR et de Gaulle continuèrent donc dans une ligne de politique vigoureuse pour encourager la démographie et ce fut un succès relatif. La France combla une partie de son retard cumulé sur deux siècles vis-à-vis du reste de l'Europe. Mais vous connaissez la suite. Très rapidement après le départ de Gaulle, les politiques familiales devinrent les variables d'ajustement économique des nouvelles politiques néolibérales. Sous Giscard la famille n'avait plus la cote et les politiques natalistes non plus. La nouvelle mode des apôtres de la fin du monde commençait d'ailleurs déjà son travail de sape avec le fameux club de Rome. Nous étions trop nombreux sur terre. Oubliant que les sociétés humaines n'avaient pas du tout le même niveau d'avancée dans la transition démographique et qu'il était donc complètement ridicule d'en faire un bloc unique avec une politique antinataliste unique. Dans les années 70, il était pourtant déjà évident que la natalité en Europe allait tomber trop bas pour simplement renouveler les générations.

 

Redresser la situation démographique ou disparaître définitivement

 

Étrangement, l'Europe d'aujourd'hui subit la même mécanique de déclin que celle qui avait prévalu en France pendant les deux cents dernières années. En ce sens, l'Europe s'est francisée. Le continent va peser de moins en moins sur les affaires du monde parce qu'il pèse simplement de moins en moins démographiquement. Le seul avantage que nous avions, la science moderne et la méthode scientifique étant maintenant largement établies ailleurs qu'en occident. Il est difficile d'accepter un déclin, mais c'est un préalable essentiel si l'on veut rebondir plus tard. En 2050, le Nigeria, à lui tout seul, sera aussi peuplé que l'Union européenne par exemple. Pourtant aucune réflexion n'est faite pour redresser la barre. Bien au contraire, les antinatalistes ont la faveur des médias et tout concourt à faire accepter une mort inéluctable de la population française et européenne. La seule solution de recours étant toujours l'immigration de masse dont pourtant nous voyons tous les jours les effets néfastes que ce soit en termes de sécurité ou plus généralement d'ambiance culturelle. Peut-on sérieusement penser qu'une civilisation peut survivre à la disparition de la population qui la porte et qui lui a donné naissance ? Et si même elle survivait, quel sens cela aurait-il ? Une France peuplée essentiellement d'Africains même francisée serait elle encore la France ? C'est le genre de question que beaucoup ne se posent plus tant ils sont englués dans l'idéologie du moment qu'ils soient d'extrême gauche ou de simples adeptes d'Ernest Renan . L'histoire, la culture, la langue c'est important, la volonté de vivre ensemble aussi, mais la transmission génétique compte tout autant, même si elle n'a pas bonne presse. Vouloir continuer à être en tant que peuple n'a rien d'extrémiste, c'est la logique même de la vie sur terre.

 

 

De fait à mes yeux cette nouvelle d'une baisse dramatique des naissances en France devrait être une priorité nationale. Il est impératif de voir ce que l'on peut faire pour faire revenir le taux de natalité à un niveau raisonnable ou le déclin français, que la génération de Gaulle avait réussi momentanément à faire reculer, va recommencer et s'accélérer. Comme je l'avais déjà dit dans un texte précédent, on peut voir que la baisse récente coïncide quand fortement avec la réforme de la politique familiale sous Hollande. Revenir sur la mise sous condition de ressource des politiques familiales me paraîtrait être un bon départ. Je rappelle que la politique familiale en France n'a jamais été redistributive, ça n'a jamais été son but. Il y a les impôts pour réduire les inégalités. La politique familiale est là pour garantir que les gens qui veulent des enfants en aient. Elle n'est pas faite pour contrer les inégalités. La situation de la natalité traduit aussi des problèmes macroéconomiques importants. Le faux plein emploi macronien prend ici toute sa substance. Il est beacoup plus difficile de mentir sur la démographique que sur l'économie. Comment se fait-il qu'un pays qui va soi-disant si bien connaisse un effondrement des naissances alors même que la natalité avait résisté à la crise de 2008-10 ? Au-delà de la question de la création d'emploi et de la radiation sans précédent de chômeur des listes de l'agence pour l'emploi, il y a aussi la qualité des emplois.

 

 

Pour fonder une famille, il ne faut pas simplement avoir un emploi. Encore faut-il que les revenus permettent de se loger correctement et de se nourrir. Entre l'inflation, la faible hausse des rémunérations, la précarité de l'emploi qui est de plus en plus rarement en CDI, et les prix des logements c'est un véritable parcourt du combattant de nos jours pour avoir les conditions minimales pour fonder une famille. Je n'adhère pas aux discours réguliers qui expliquent la faible natalité par des discours pseudoreligieux réactionnaires ou par la montée d'idéologie antinataliste chez les jeunes. La vérité est bien plus triviale, notre système économique, notre organisation sociale n'est plus propice à la fondation de famille et à la natalité. Les discours réactionnaires dans ce domaine servent généralement à empêcher la remise en cause de l'organisation économique libérale et ce n'est pas un hasard si ces discours sont souvent tenus par des gens provenant des mêmes milieux sociaux que les globalistes délirants. Le redressement démographique passera évidemment par une réorganisation de nos politiques familiales, mais aussi très certainement par une réorganisation économique complète. Faire des enfants coûte cher et nécessite des efforts collectifs en matière d'investissement divers et varié, mais ils sont la condition même de l'existence et de la continuation de notre société. Faire des économies dans ce domaine pour faire des bénéfices à court terme revient à se suicider collectivement sans possibilité de retour.

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3 août 2023 4 03 /08 /août /2023 16:25

 

 

Frédéric Lordon s'est lâché dans son dernier texte sur son blog. Il s'est lâché, mais à mon sens il s'est largement fourvoyé en passant d'un rôle d'intellectuel plutôt spécialisé dans l'économie puisque c'est sa formation et son métier à penseur gauchiste un poil caricatural. Alors je préciserai en préambule que je n'ai rien contre Lordon à la base. Personnellement, je lis tout le monde y compris les gens de gauche, et j'ai souvent apprécié ses analyses économiques même si son style d'écriture est souvent fastidieux à lire. Mais il a aussi ses travers et je trouve que dernièrement son enfermement idéologique à la gauche de la gauche à rabougri son intellect sans vouloir être méchant. Je préférais le Lordon qui écrivait sur la globalisation et la finance, que le Lordon décrivant une France fasciste hautement fantasmagorique. Car Frédéric Lordon dans son dernier texte fait sans le vouloir une apologie du concept de lunette sociologique cher à Pierre Bourdieu. Il a une vision du monde qu'il colle sur la réalité sans même se soucier un instant de la véracité de ses propos. Trop enfermé dans le monde de la gauche pourrissante française, il ne voit plus le réel que dans ses dogmes littéralement. Voyant dans la police un organe uniquement raciste ne comprenant peut-être pas que les policiers ne sont guère racistes, mais que la réalité les fait probablement détester l'immigration plus qu'aucun discours de Marine Le Pen. Encore faudrait-il que monsieur Lordon comme tous les donneurs de leçon de gauche aient un jour mis les pieds dans les quartiers et vécu ce que vivent bon nombre de Français à longueur d'année. Quand l'essentiel des agressions sont perpétrés par des gens d'origine extraeuropéenne, cela produit une réaction normale du corps policier. Vous avez plus de chance d'être contrôlé par la police quand vous êtes basané parce que statistiquement il y a beaucoup plus de crime qui provient de ces populations. Ce n'est pas un hasard si l'on a aujourd'hui beaucoup plus d’aumôniers musulmans dans les prisons que chrétiens. L'inversion accusatoire de la gauche est un non-sens absolu et les dernières émeutes que la gauche a voulu grossièrement confondre avec des mouvements sociaux ont encore une fois prouvé cette malheureuse réalité française.

 

Comme je l'ai dit dans mon texte sur ces émeutes, on peut très bien expliquer la situation avec une analyse nuancée. Le fait que les jeunes garçons d'origine africaine pour faire large ont un échec scolaire largement plus élevé que les garçons français explique probablement largement la fuite dans l'économie souterraine propice à la violence. Ce n'est donc pas directement l'immigration qui est responsable de la forte délinquance et de l'effondrement des quartiers dits « sensibles ». Mais elle est clairement un facteur important qui joue et jouera encore dans les décennies qui viennent. Malheureusement, la gauche qui fait du clientélisme électoral vis-à-vis des populations immigrées qui sont un électorat captif, a tout intérêt à nier cette réalité comme le prônait la célèbre fondation Terra Nova. Mais les fonctionnaires de l’état voient la réalité, pas seulement la police d'ailleurs, tous les gens qui sont en contact avec le public et la masse. Que dire à des médecins, infirmières, pompiers ou enseignants qui sont régulièrement victimes de la violence dans ces quartiers ? Qu'ils sont racistes parce que leurs yeux voient ce qu'ils voient ? Monsieur Lordon, vous croyez que c'est par racisme que les enseignants fuient la Seine Saint-Denis? Ou bien simplement pour éviter les agressions à répétition et avoir une vie plus tranquille ? Il en va de même pour la police qui n'a que trop conscience de ces réalités tribales qui font aujourd'hui le lit du quotidien des Français.

 

Pour monsieur Lordon donc la police est raciste, c'est acté puisqu'elle a eu le malheur de tirer sur un jeune d'origine étrangère. On oubliera subitement les nécessités de l'enquête pour mesurer la part du vrai et du faux ainsi que le contexte. On juge sans savoir en quelque sorte, et les critiques que la gauche fait régulièrement contre la droite, parfois à raison, elle montre ici qu'elle ne se l'applique pas à elle-même dans ce cas. Le policier a-t-il tiré parce que le jeune était d'origine étrangère ou parce que son comportement a poussé le policier à agir ? Il ne faut jamais avoir été dans une situation difficile pour croire que l'on agit toujours de façon rationnelle et posée. Mais évacuons cette affaire et parlons des manifestations. La police a été brutale sur les manifestants des gilets jaunes ou pendant les manifestations sur les retraites, était-ce par racisme aussi ? Les minorités ethniques étaient pourtant assez peu représentées dans ces manifestations et pourtant la police n'y a pas été de main morte, c'est le moins qu'on puisse dire. Et j'objecterai au passage sur la comparaison faite entre les dernières émeutes de petits cons de banlieue et les manifestants réels des gilets jaunes aux questions sur les retraites. Ces phénomènes n'avaient rigoureusement rien à voir. Et l'on a constaté d'ailleurs que l'état mettait plus de moyens pour contrôler de vrais manifestants que pour lutter contre la voyoucratie et le lumpenprolétariat caractéristique des émeutes. Il ne s'agit pas ici d'excuser tous les actes de policier. Ce sont des humains comme les autres et l'on peut y voir aussi des abrutis et des gens violents. Et la justice doit effectivement être exemplaire sur les agents de l'État. Car plus que tout autre citoyen ils sont les garants de la vie collective. Mais utiliser des faits divers pour jeter l'opprobre sur toute une profession qualifiée de raciste, c'est plus que grotesque. C'est d'autant plus vrai que la police française est infiniment moins violente que la plupart des polices de l'OCDE. S’il est vrai que l'Angleterre fait mieux que nous en termes de mort par des policiers nous faisons nettement mieux que l'Autriche, la Nouvelle-Zélande, le Canada, et ne parlons pas des champions toute catégorie, les USA. Quand on regarde les chiffres réels, on relativise le discours sur la violence policière française. Mais le réel intéresse-t-il monsieur Lordon qui veut sa petite révolution, j'en doute ?

 

Si la police française est ultraviolente que dire de celle du Canada ou des USA?

 

La France est surtout en danger de nihilisme

 

Passons maintenant au cœur de ce qu'il y a dans l'esprit de monsieur Lordon et probablement de ce qu'il y a à gauche, enfin pas tout la gauche puisque visiblement le PCF de monsieur Fabien Roussel est aujourd'hui d'extrême droite s'il faut en croire le texte de Lordon. La dérive fasciste de l'état français. Alors puisque le pouvoir macronien ne tient plus qu'à sa police c'est la police qui détient le véritable pouvoir, et la confusion du pouvoir entraînerait une dérive fasciste de l'état français. Je suis le premier à critiquer Macron et sa politique. Ce type est un désastre, et son gouvernement un ramassis d'incompétents et de traîtres corrompus. Mais le fascisme c'est vraiment autre chose. À dire vrai je ne comprends pas bien ces anachronismes dans l'époque actuelle. Le fascisme est un phénomène étroitement lié à une forme de nationalisme dévoyé. Qu'il fut promu par la bourgeoisie ne signifie pas que le contexte français actuel puisse produire le même type de dérive. Certes, ce sont les mêmes couches sociales qui dominent la France actuelle d'une main de fer. Mais le libéralisme culturel et économique a broyé toute forme d'amour nationale permettant de produire même un patriotisme minimal de survie. Alors produire un nationalisme de type fasciste c'est encore moins probable. La triste vérité c'est que l'amour de la patrie est tellement faible en France que même un mouvement de défense minimal des intérêts du pays y est impossible. C'est ce qui explique la grande faiblesse économique du pays d'ailleurs.

 

À mon humble avis, Lordon et la gauche française en générale souffrent de trouble d'analyse lié à son trop grand enfermement idéologique. À force de n'écouter que les gens avec qui ils sont d'accord, ils ont fini par ne plus penser du tout. C'est comme cela qu'on se retrouve avec des Sandrine Rousseau comme représentants politiques. Ils collent des plaques idéologiques à une réalité qui n'a rien à voir avec ce que l'on observe. La France de 2023 n'est pas l'Italie ou l'Allemagne des années 30. C'est un pays exsangue, sans corps collectif et sans croyance. Nous ne souffrons pas d'un excès de nationalisme détourné par une petite élite qui le transforme en fascisme, nous souffrons d'une absence de croyance collective. C'est l'anomie qui frappe les citoyens français et qui a tué la politique. Les partis fascistes à leur grande époque rassemblaient des millions d’individus, aujourd’hui les partis politiques, même les plus grands, peinent à recruter et se retrouvent avec une qualité de personnel fortement diminuée. La seule chose qui rassemble encore la population française ce sont des activités éparses comme le travail, les loisirs et les quelques événements locaux qui subsistent. L’individualisme excessif hérité de 40 ans de néolibéralisme a tout balayé. Dans ce contexte-là, il n'y a absolument aucune chance pour qu'un mouvement fasciste puisse advenir.

 

C'est d'ailleurs ce manque de croyance collective et de mouvement collectif qui paralyse aussi le pays. Le Macronisme n'est pas une force politique, c'est la résultante de l'absence de force politique dans le pays, il n'existe que parce qu'il n'y a rien en face. Il est l'ombre de l'ancienne politique qui existait jusqu'alors, une sorte de résidu politique fusion du PS, RPR, UDF. C’est l'incarnation du néant individualiste. Comme le disait Montesquieu, à la fin de la sa vie, dans une république mourante qui n'a plus le sens du patriotisme, les gens se servent au lieu de servir. Il n'y a plus de sens de l'intérêt général, c'est le chacun pour soi. Nous sommes dans ce stade-là et pas dans un stade préfasciste. Le mouvement de la police et les mouvements corporatistes prennent tout leur sens ici. Ce sont les dernières structures collectives qui permettent encore à l'individu de s'incarner dans quelque chose. On a donc le corps policier, le corps de la grande administration, le corps enseignant, le corps patronal, etc.. Et chacun de ces corps défend uniquement son bout de gras et ne voit que l'intérêt de son propre collectif. C'était la même chose lors des manifestations, au final chacun ne voyait que son propre intérêt à court terme, et personne n'est plus capable d'accepter qu'il y est un intérêt collectif qui lui soit parfois supérieur. Là est la grande maladie de notre temps et en définitive, je pense d'ailleurs que c'est plus mortel pour un peuple que le fascisme essentiellement fantasmé de l'extrême gauche.

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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 16:09

 

La crise actuelle au Niger que beaucoup de gens ont vu comme un signe de la fin de la Françafrique n'a pas du tout la même signification à mes yeux. Je sais qu'il s'agit ici d'un sujet épineux et controversé, les passions qui gouvernent excessivement les modernes tendant à transformer les faits dans un sens plus conforme à leur imaginaire. Nous vivons dans une époque où les récits semblent avoir plus d'importance que les faits et la réalité. C'est vrai dans tous les domaines qu'ils soient politiques, économiques, scientifiques ou même culturels. Nos présupposés confortables qui nous permettent de décrire le monde deviennent prépondérants sur ce que l'on observe en réalité. On l'a vu dans le cas de la guerre en Ukraine avec cet incroyable écart qu'il y a entre l'imaginaire des médias, des élites occidentales, et la réalité de terrain. La Russie ne s'est pas effondrée, et c'est même l'Europe de l'Ouest qui s'effondre économiquement. On en a parlé également sur les questions économiques en nous demandant si les USA étaient réellement encore la première puissance économique de la planète dans ce texte. Il était assez évident en prenant en compte tous les facteurs que la Chine est déjà la première puissance mondiale. Mais nous devons admettre qu'il y a une difficulté à accepter ces réalités, particulièrement dans les grands médias.

 

La Françafrique est morte depuis longtemps

 

Il en va de même pour les rapports que nous avons avec les anciennes colonies françaises. Des deux côtés des fantasmes demeurent qui décrivent bien souvent un monde qui n'existe pas, ou qui n'existe plus s'il n’a jamais vraiment existé. Je n'écrirais pas ici une ode à la colonisation pour simplement avoir le plaisir de contredire les discours gauchistes sur les questions coloniales. De nombreux historiens ont déjà parlé de ces questions qui ont fait couler beaucoup d'encre. Est-ce que la colonisation fut un désastre pour l'Afrique ou pas ? La question reste à trancher, il est indéniable que le grand problème de la colonisation de l'Afrique fut la création de nations artificielles, produites non par l'histoire des populations locales, mais par les besoins des nations colonisatrices. Paul Bairoch qui a longtemps écrit sur le sujet a souligné le fait que si l'Afrique a clairement souffert de la colonisation, les pays l'ayant pratiqué n'en ont pas vraiment tiré bénéfice. La colonisation de l'Afrique contrairement à la colonisation de l’Amérique fut un coût pur pour les pays qui l'ont pratiqué. C'est ce qu'il avait écrit dans ses livres parlant du sujet, dont le plus célèbre, Mythes et Paradoxes de l'histoire économique. On pourrait également citer Jacques Marseille qui avait montré que le colonialisme fut un obstacle au développement économique des pays qui l'ont pratiqué. Le raisonnement simpliste qui veut donc que les bénéfices des uns se fassent au détriment des autres est ici fortement discutable. Certains Français et certaines familles se sont enrichis par la colonisation, mais la France non.

 

Paradoxalement, le plus grand mal que la colonisation a pu faire est également son plus grand apport, celui de la médecine moderne. En effet, la médecine européenne va faire s'effondrer la mortalité en Afrique, ce qui est en soi une bonne action, et pourtant c'est cette même bénédiction qui va plonger le continent dans la misère. Comme je l'ai expliqué à de nombreuses reprises, la transition démographique est un des principaux pourvoyeurs de prospérité. Cependant dans le cas africain la baisse de la mortalité a été tellement rapide, et la fécondité de base du continent tellement élevée, que cela a engendré une croissance de la population difficilement gérable même avec tout le talent du monde. En 1900, le continent n'avait que 80 millions d'habitants alors que la France en faisait 45. Aujourd'hui, l'Afrique fait 1,2 milliard d'habitants. C'est une croissance absolument invraisemblable qui aurait mis à genou n'importe quelle organisation sociale ou économique. C'est là encore ce que Paul Bairoch soulignait dans un de ses autres livres « Le tiers-monde dans l'impasse ». On a ici la démonstration qu'une action qui n'était pas mauvaise ni dans ses intentions ni dans sa pratique s'est révélée à long terme désastreuse pour le continent. Vous voyez ici que la réalité est beaucoup plus complexe qu'une affaire manichéenne de grands méchants colonisateurs. L'Afrique ne doit pas plus sa misère à sa fainéantise, comme certains extrémistes de droite le disent parfois, qu'à la méchante colonisation de la vision gauchiste. C'est le fruit de diverses conditions qui ont conduit à la déstructuration. Heureusement, le continent a entamé vraiment sa transition démographique et on peut espérer à terme une amélioration de la situation des Africains. La fin de la transition démographique pourrait d'ailleurs participer à terme à une normalisation des rapports avec les anciennes puissances coloniales. Moins de peur d'invasion démographique d'un côté, et un rattrapage économique de l'autre mettant fin aux contentieux de l'autre.

 

Pour en revenir à notre sujet allons-nous condamner les colonisateurs français et anglais pour avoir réduit la mortalité infantile de l'Afrique parce que cela a conduit le continent à une transition démographique trop rapide? Évidement non, ce serait amorale. Il aurait probablement mieux valu que les Européens ne mettent jamais les pieds sur ce continent, mais on ne peut pas refaire l'histoire. Quoiqu'il en soit depuis quelques décennies déjà les états africains sont indépendants, la grande partie de la décolonisation a eu lieu dans les années 60. Et c'est postérieurement à cette date que l'on a parlé de Françafrique pour décrire les liens qui sont restés entre les anciennes colonies et la France. Mais la Françafrique est essentiellement une construction mentale de gauche, si c'est l'invention d'un journaliste français du journal l'Aurore. C'est la gauche qui va dépeindre ces relations comme une forme de maintient de l'empire colonial français. Mais comme on va le voir en chiffre la réalité c'est que la Françafrique est vraiment quelque chose qui appartient au passé.

 

La France est un bouc émissaire facile

 

La France est un pays en déclin rapide. Un déclin dont l'origine est essentiellement démographique. Je ne parlerai pas ici de ça, mais le simple fait que la France soit passée de 45 millions à 68 millions d'habitants alors que dans le même temps l'Afrique est passée de 80 millions à 1,2 milliard d'habitants explique les changements de rapport entre la France et ses ex-colonies. Sur le plan macroéconomique, l'Afrique ne représente plus que 5% de nos exportations (0,6% pour la zone CFA). À l'inverse la France ne représente plus que 7% des exportations africaines. D'autres pays pèsent largement plus que nous dans cette région du monde à commencer par la Chine qui mange littéralement le continent petit à petit. La Chine a accaparé une grande partie de la production minière africaine. Une simple carte expliquera bien mieux qu'un long discours sur le côté fantasmagorique de la Françafrique. La Chine est désormais le principal partenaire commercial de l'Afrique et de très loin. Il y a aujourd’hui près de un million de chinois en Afrique, bien plus que de ressortissants français. Si la Françafrique avait réellement existé, pensez-vous sérieusement que nos élites auraient laissé faire cet accaparement ? Pour moi la Françafrique est donc essentiellement une construction intellectuelle de gauche, un résidu de la période décoloniale dont certains n'ont pas encore compris qu'elle était finie depuis longtemps. La France est un petit pays qui a quelques restes de son époque glorieuse, mais rien d'autre. Et avec Macron elle a même fini par perdre ses quelques restes de crédibilité internationale.

 

 

Alors pourquoi cette haine de la France ? Certains nous expliquent que la France soutiendrait les dictateurs et qu'il s'agirait de la principale raison. Comme si la Chine ou la Russie ou les autres nations ne soutenaient pas des dictateurs dans tel ou tel pays de la planète. On évitera de citer les Anglo-saxons dont c'est la spécialité. La vérité c'est que la France obéit la plupart du temps au régime en place. La plupart des interventions françaises en Afrique ont été faites sur la demande des pays concernés comme ce fut le cas au Mali. Nous ferions peut-être mieux ne plus du tout intervenir en Afrique, mais dire qu'il s'agit d'une pure action française en oubliant les demandes des dirigeants locaux c'est un peu déformer la réalité. Il ne s'agit pas ici de défendre tout le temps les actions de nos dirigeants, mais je commence à m'agacer du fait de nous mettre sur le dos tous les conflits de ce continent comme cela a pu être le cas avec l'affaire de la guerre au Rwanda.

 

La vérité à mon sens c'est qu'elle est surtout un bouc émissaire facile à utiliser dans les médias. S'il y a de la corruption dans certains pays, est-ce de la faute de celui qui corrompt, ou de celui qui est corrompu ? Je critique souvent notre avachissement face aux USA ou à l'Allemagne, mais je souligne aussi que les principaux responsables de notre avachissement sont les élites françaises elles-mêmes. Et les Français sont en grande partie responsables de leur malheur puisqu'ils remettent sans arrêt au pouvoir des gens qui pillent leur propre pays. C'est la même chose en Afrique même si les situations sont disparates suivant les nations. En Algérie par exemple, il est extrêmement clair que la francophobie gouvernementale dont font montre les autorités est utilisée essentiellement pour des questions intérieures. Accuser la France de tous les maux est un exutoire facile pour éviter d'avoir à parler des mauvaises politiques pratiquées ou des choix douteux qui sont faits par les dirigeants. Et le grand avantage c'est que la France est un pays faible dont en plus les dirigeants n'hésitent pas à vomir l'histoire et la culture. Détester la France ne coûte donc pas grand-chose et permet de se faire bien voir par une population engluer dans l'imaginaire du passé. Le tout avec des idéologues de gauche qui expliquent que tous les problèmes africains viennent de la colonisation européenne et française.

 

Je sais que mon propos pourra choquer certain, mais il est à mon sens important de remettre les choses dans leur contexte et de ne pas tomber non plus dans des positions trop manichéennes et radicales. On peut clairement voir la main de Moscou dans les événements récents et c'est de bonne guerre puisque la France a soutenu l'Ukraine contre ses propres intérêts d'ailleurs. La Russie ne fait que profiter d'un climat général antifrançais dans ces pays. Mais ce climat ne reflète pas une réalité tangible, c'est bien plus souvent un fantasme basé sur les actions passées supposées d'une partie de la population de ces pays. D'un point de vue factuel l'Afrique et la France ont déjà divorcé depuis longtemps, il ne reste que quelques liens humains plus ou moins épars et surtout une énorme population africaine installés sur le sol français. La francophonie elle-même tendra petit à petit à disparaître non seulement parce que les locaux veulent s'en débarrasser, mais surtout parce que la langue française n'est plus une langue importante que ce soit pour l'économie, les sciences ou la culture. Ma défense de la France dans cette affaire ne tient pas à une position impérialiste loin de là. Je pense même que notre pays ferait mieux de réduire au minimum ses rapports avec les anciennes colonies pour réduire les fantasmes locaux. Mais je n’adhérerai jamais à un discours visant à faire de notre nation le monstre qu'elle n'a jamais été. Surtout dans un contexte où l'on voit d'autres puissances utiliser ces fantasmes pour défendre leur propre précarré comme la Russie, la Chine ou les USA.

 

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24 juillet 2023 1 24 /07 /juillet /2023 16:02

 

Je ne ferai guère un long texte cette fois. La chaleur et la fatigue ayant eu raison de moi. Mais j'ai eu la mauvaise idée d'écouter un peu les propos de notre PDG actuel, il est difficile de le décrire comme président. Emmanuel Macron est un piètre orateur même s'il aime s'écouter parler, mais vous le savez, la qualité apparente du discours m'importe moins que son fond. Et il faut dire que je reste toujours éberlué par sa capacité à émettre des idées et des conclusions totalement en contradiction avec la réalité observée. Et surtout le plus incroyable, c'est les prétendus journalistes qui acquiescent en permanence à ses logorrhées interminables alors même qu'ils savent probablement pertinemment qu'il s'agit de mensonges grossiers. Il est vrai que depuis que les médias audiovisuels ont pris de l'importance dans le discours public, la norme est devenue le mensonge et tous les prédécesseurs de Macron ont passé leur temps à construire des discours souvent bien éloignés de leurs pratiques, mais avec la macronie on atteint vraiment un niveau sans précédent. Un peu comme si toutes les vertus classiques avaient vraiment disparu. Le sens de l'honneur, l'esprit attaché à la vérité et le fait d'avoir honte de mentir ainsi ont probablement cessé d'exister dans la couche sociale qui domine ce pauvre pays. Ce qui caractérise vraiment la macronie à mon sens c'est vraiment une absence totale de pudeur publique. Ils osent tout.

 

Ainsi donc à l'issue de ses cent jours qui n'étaient qu'un énième plan de communication pour remplir l'agenda médiatique, Macron accouche d'un discours sur une France littéralement imaginaire. À commencer par les émeutes que le pays a connues récemment et dont la conclusion de Macron est l'urgence qu'il y a à censurer les réseaux sociaux. Pardons, il ne veut pas censurer, mais « mettre un ordre public numérique ». Un peu à l'image de la lutte contre le terrorisme qui a surtout servi à mettre en place des lois et des politiques liberticides, les émeutes servent ici de prétexte bien grossier visant à faire probablement taire les critiques du pouvoir. On a pourtant vu dans un texte récent sur ces émeutes que le fond du problème est anthropologique. Une différence de structure familiale entre les populations d'origine immigrées et la structure familiale française qui entraîne un problème éducatif chez les garçons maghrébins. Le problème n'est pas qu'éducatif, il est éducatif et migratoire. Un détail dont ne parlera jamais un immigrationniste compulsif comme Macron. Il faut donc absolument contrôler le discours public pour que rien ne dérange le récit officiel. Mais dominer la totalité des médias officiels n'est pas suffisant. Il faut vraiment faire taire toute critique potentielle. Et c'est normal quand on dirige un pays en fabriquant littéralement une réalité fantasmagorique et la présentant comme le monde réel. Car la France de Macron c'est un peu comme l'univers de Barbie, qui a été mis en avant par le film qui vient de sortir dans les salles obscures. C'est un univers en toc qui ne correspond en rien au monde réel. Un monde réel que nos élites ont probablement abandonné l'idée de changer.

 

En effet quand vous laissez la totalité des pouvoirs à des structures étrangères comme l'Union européenne ou la BCE et que vous n'avez plus aucun pouvoir réel vous ne pouvez plus rien changer à la situation de votre pays. Alors il y a deux possibilités soit vous l'avouez, mais vous risquez soit de pousser à la révolte la population, soit de perdre votre emploi. En effet, à quoi bon avoir un parlement, des ministres, et un président s'ils n'ont aucun pouvoir ? Autant mettre directement un gouverneur allemand ou américain à la tête du pays, on fera des économies sur les salaires. Ou alors vous maintenez votre utilité en jouant un spectacle. En ce sens, mettre un dirigeant immature qui aimait le théâtre est tout à fait à propos. Jouer la comédie c'est sa véritable vocation et il le pratique en jouant le président de la France même s'il sait au fond qu'il n'a aucun pouvoir et qu'il ne fait qu'appliquer des directives qui viennent d'ailleurs. L'avantage cependant avec Macron c'est que c'est tellement grossier que la population commence à s'en apercevoir et c'est probablement ce qui inquiète le pouvoir.

 

Quelques exemples de mensonges grossiers. Le chômage est, paraît-il, à un niveau extrêmement bas. Les médias nous parlent sans arrêt d'employeurs qui manquent de main-d’œuvre oubliant que la France est le pays d'Europe où le taux d'emploi non pourvu est le plus bas. Même le Figaro commence à se poser des questions sur la réalité du chômage. Je rappelle que l'état a surtout fait des efforts pour rayer les chômeurs des listes et maximiser l'apprentissage. Un apprentissage qui est loin de garantir l'emploi contrairement au discours ambiant, car en réalité à force de le favoriser les apprentis prennent simplement des emplois qui auraient pu devenir des CDI s'il n'y avait pas autant d'aide pour l'apprentissage. C'est un simple de jeu de chaise musicale où l'on troc de vrais emplois contre des statut précaire d'apprentie. En clair pour gonfler l'apprentissage, on a en partie cassé l'emploi dans ces secteurs. L'état français que les libéraux de tout poil présentent comme un état communiste est en réalité totalement néolibérale. On distribue d'immenses sommes aux entreprises et l'on peut dire qu'une grosse partie des impôts français servent en réalité à nourrir le système capitaliste. C'est particulièrement vrai depuis que Macron est arrivé au pouvoir d'ailleurs.

 

 

L'autre mensonge répété en boucle est le mirage de la réindustrialisation. Celui-là est carrément évident. Il n'y a aucun phénomène de réindustrialisation en France, aucune donnée pour corroborer ce discours à commencer par la production manufacturière qui est toujours inférieure à ce qu'elle était avant la crise du COVID et ce n'était déjà pas très glorieux. Et cerise sur le gâteau, elle a même reculé en janvier dernier, et pour cause avec des prix de l'énergie totalement délirants il n'y a aucune raison pour que la situation de l'industrie s'améliore. Et l'on n’entend toujours pas Macron sur la question du marché européen de l'énergie pourtant largement responsable de l'explosion récente des faillites d'entreprises. Mais c'est vrai que ses maîtres ne désirent pas y mettre fin. Il ne suffit pas de dire qu’on fait de la réindustrialisation pour la réaliser, on n'est pas dans Harry Potter. D'autant que les chiffres du commerce extérieur eux non plus ne corroborent pas le discours sur la réindustrialisation. En 2022, la France a enregistré le plus gros déficit extérieur de son histoire avec 164 milliards d’euros, même sur la production agricole nous devenons importateurs, ce n'était probablement jamais arrivé à notre pays même en temps de guerre. Autre indice de l'absence de réindustrialisation, les importations de bien d'équipement rebaissent cette année. Rappelons que les biens d'équipement sont le gros indicateur de l'activité de production. En effet pour faire des usines il faut des machines-outils souvent complexes, la France n'en produisant pratiquement pas une réindustrialisation se traduirait par une forte hausse des importations des biens d'équipement. L'année dernière à cause en partie de l'inflation, les importations en valeur des biens d'équipement avaient grimpé de 30%, on aurait pu y voir un indice de réindustrialisation, mais le soufflé est retombé, cette année la hausse est estimée entre 5% et 10% soit les effets directs de l'inflation. Difficile de dire qu'on réindustrialise alors que les outils principaux de la réindustrialisation ne sont pas achetés. Ajoutons à cela que la France est toujours lanterne rouge des pays de l'OCDE en matière de robot par habitant et cela ne s'arrange pas non plus. La startup nation ressemble bien à un pays du tiers-monde en devenir.

 

La startup nation n'a pas de robot

 

J'aurais pu continuer ici à montrer le décalage formidable qu'il y a entre le discours de Macron et la réalité française. Il est important de le rappeler puisque les médias et les journalistes ne le font plus du tout. Les données sont pourtant extrêmement faciles à trouver. Mais à l'ère d'internet il y a mieux que la censure, c'est l'occupation du temps de cerveau disponible par de faux problèmes et des concours d'ego dans les médias. Le remaniement ministériel récent n'avait aussi qu'une seule fonction continuée d'occuper les médias et la population alors que rien n'a changé ou ne changera de fondamental. Les services de l'état font encore leur boulot en donnant régulièrement les données, mais personne n'en fait rien comme si la réalité n'intéressait plus personne. Un peu à l'image des dirigeants byzantins à la fin de l'Empire romain d'Orient alors que les turcs étaient derrière les remparts de la ville, on préférait discuter du sexe des anges. Si le mensonge et la tromperie sont compréhensibles de la part des dirigeants français qui ont littéralement abandonné tout pouvoir au profit d'institutions bureaucratiques étrangères, le fait que bon nombre de Français préfèrent l'ignorer est extrêmement inquiétant. Je sais que je ne dois pas retomber dans mes travers pessimistes, mais il n'y a vraiment aucun indice que ce pays puisse un jour se sortir de son agonie actuelle.

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13 juillet 2023 4 13 /07 /juillet /2023 16:21

 

 

Risquons-nous pour une fois à faire des prospectives. C'est un exercice dangereux qui souvent peut se retourner contre vous parce que la réalité se déroule rarement comme on l'imaginait. C'est que le réel est toujours infiniment plus complexe que l'image que nous pouvons nous en faire même pour les plus sages et les plus avertis des penseurs. Que dire, même Emmanuel Todd, notre Hari Seldon contemporain, se trompe parfois. Il va sans dire que n'ayant pas la prétention d'égaler notre démographe préféré, je ne m'offusquerai guère si vous ne preniez pas très au sérieux le texte suivant. D'ailleurs, je m'étais déjà amusé à faire quelques prospectives et ce n'était pas forcément très concluant. Pour les plus anciens qui suivent le blog depuis longtemps, savent qu'en 2017, au premier tour des élections, j'avais appelé à voter Macron par cynisme. Mais il ne s'agissait pas vraiment d'un engouement pour sa personne et son programme, c'était simplement parce qu'il était le seul candidat capable d'unifier le camp bourgeois, et donc de mettre fin à l’essuie-glace droite-gauche qui paralysait le pays alors. En 2017, le RN parlait encore d'une sortie de l'euro et l'espoir pouvait nous faire penser que la domination d'un néolibéral comme Macron mettrait le RN au pouvoir en moins de 5 ans. Je ne me suis guère trompé sur l'agenda macroniste, par contre le RN n'est pas encore passée en 2022 et il a même tourné casaque en devenant européiste ce qui est le comble.

 

Vous le voyez, on peut donc se tromper même en réfléchissant beaucoup. C'est pourquoi il est sage de toujours prévoir ses propres erreurs et de comprendre que le monde est soumis à des facteurs qui sortent généralement de nos propres prédictions. Comme disait Keynes, il faut prendre en compte l'incertitude radicale et ce n'est pas facile. Une chose que les dirigeants occidentaux sous influence américaine ont largement oubliée, la sagesse n'étant plus une vertu pour eux. Le texte d'aujourd'hui se consacre donc à la guerre en Ukraine. Enfin, pas à la guerre en elle-même, je ne suis pas spécialiste, ni au fait des dernières manœuvres, et encore moins adepte de stratégie militaire. Je laisse ça aux gens qui sont plus compétents ou à ceux qui prétendent savoir en faisant de grandes déclarations tonitruantes sur les antennes de LCI ou BFM. Sortons du discours lénifiant sur la nullité russe et leur effondrement immédiat qui doit se produire depuis le début du conflit et imaginons maintenant que tous nos spécialistes, souvent trop atlantistes pour être indépendants, se soient trompés . Imaginons un instant qu'en réalité ce pays perde, même avec tous les soutiens de l'OTAN, qui est pratiquement en guerre ouverte avec la Russie puisque fournissant des tonnes de matériel et de soutien économique à l'Ukraine. Notre président vient même tout seul de décider d'envoyer des missiles SCALP en Ukraine nous impliquant dangereusement dans le conflit.

 

La défaite de l'OTAN

 

C'est avec cette hypothèse hautement improbable si l'on en croit nos nombreux spécialistes de plateau télé que nous allons réfléchir ici. Quelles seraient les conséquences pour notre pays, pour l'Europe, les USA et pour le reste du monde ? La première conséquence bien évidemment serait un découpage probable de l'Ukraine. Je doute fortement que la Russie cherche à s'accaparer les terres hostiles de l'ouest. On irait probablement vers un partage de l'Ukraine entre plusieurs partis en fonction du peuplement culturel local. Je ne serais d'ailleurs pas étonné que la Hongrie ou même la Pologne en profite. Ils ont des territoires peuplés avec des populations de leur culture sur ces terres. Rappelons d'ailleurs que la Pologne avant son partage en 1795 entre la Prusse, l'Autriche, et la Russie avait un immense territoire. Une bonne part de l'Ukraine actuelle en faisait d'ailleurs partie. Ce n'est pas un hasard si les Polonais sont si bruyants dans ce conflit, ils détestent les Russes, mais ils ont aussi des intérêts en Ukraine si je puis dire. Donc on peut dire que la victoire russe sonnerait le glas de l'Ukraine actuelle qui serait probablement réduite à une petite proportion de ce qu'elle est aujourd'hui. On n'est pas non plus à l’abri d'un déplacement massif de population comme on l'a connu lors du tracé des frontières actuelles entre l'Allemagne et la Pologne. Plusieurs millions d'habitants avaient dû être déplacés pour permettre un tracé de frontière simple dans une région où l'histoire avait laissé des mélanges complexes de populations. Après guerre, c'est près de 12 millions d'Allemands qui ont été déplacés de force pour donner un ordre d'idée.

 

Le plus dramatique dans l'affaire n'est pas tant la perte de territoire que l'Ukraine aurait pu facilement éviter en ne cherchant pas le conflit, c'est plutôt l'immense coût humain pour eux. Dans un pays qui a subi déjà une hémorragie démographique avec des fuites de population par l'émigration depuis la fin de l'URSS, une natalité dramatiquement basse s'ajoute maintenant une quantité épouvantable de morts. Tout ça pour probablement finir découpé en morceau. Il n'y a pas à dire, les gens qui ont encouragé ce pays à faire monter les tensions avec la Russie sont des criminels. Je pense notamment à monsieur Hollande et à madame Merkel qui ont avoué n'avoir jamais eu l'intention de faire appliquer les accords de Minsk. Car de toute manière, que l'Ukraine perde ou non ses territoires de l'Est, elle aura quand même perdu parce qu'elle n'est pas près de se remettre de l'énorme hémorragie démographique à laquelle ce conflit, qui était pourtant largement évitable, l'a conduite.

 

Plus près de nous les conséquences sur l'Europe, elles sont déjà là en fait. On en a déjà parlé, mais la rupture avec la Russie est un drame économique massif pour le continent en particulier pour l'Allemagne où la situation de l'industrie surtout celle de la chimie est catastrophique. La combinaison d'un choix énergétique douteux, celui des énergies « renouvelables » intermittentes couplées au gaz s'est révélé dramatique avec la coupure brutale de la Russie. L'explosion du prix de l'énergie alimenté par la spéculation et les effets du stupide marché européen de l'énergie ont fait le reste. C'est simple, cette crise a fait de la zone euro une zone en déficit commercial, alors qu'elle avait des excédents jusque là. En cas de victoire russe, rien ne va s'arranger. La Russie a compris que les états européens n'étaient que des vassaux sans aucune autonomie décisionnelle. S'ajoute à cela une forte hostilité de certains membres comme les pays scandinaves ou la Pologne qui rend tout réchauffement diplomatique improbable. L'Europe sera donc laissée à son sort par la Russie. Plus vassalisée que jamais, l'UE prendra probablement dans un premier temps une apparence de plus en plus ouvertement américaine. On le voit justement en ce moment avec la nomination d'une citoyenne américaine Fiona Scott Morton à la tête des affaires européennes chargée de la concurrence. L'empire US ne prend même plus la peine de cacher la réalité de la construction européenne à ses membres.

 

 

Le destin de l'Europe ne s'écrit plus sur cette partie du monde, malheureusement d'autres l'écriront à sa place. C'est donc aux USA chez nos maîtres que nous allons tourner maintenant notre regard. A première vu, la défaite en Ukraine n'est pas une mauvaise chose pour les USA, dans un premier temps tout du moins. En effet, leur but réel a été de couper le lien entre les Européens de l'Ouest et la Russie et c'est un succès que la guerre soit gagnée ou pas. De plus, la peur de l'ogre imaginaire russe permet d'étendre l'OTAN et donc en apparence de sauver la structure. Mais en réalité à long terme cette défaite est une catastrophe pour les USA. Tout d'abord d'un simple point de vue du matériel miliaire, qui va acheter des armes à un pays qui perd sans arrêt ? L’Ukraine a été largement alimentée par du matériel US, si elle perd c'est donc que ce matériel ne vaut pas grand-chose. Que ce soit vrai ou non, c'est l'image que va renvoyer cette défaite. Ensuite d'un point de vue diplomatique, cette défaite s'ajoute à la débâcle récente en Afghanistan que les gens n'ont pas oublié. On peut donc imaginer que la défaite provoque une accélération du recul des USA sur le plan international en dehors de ses satellites directs (UE, Japon, Corée du Sud). Mais n’oubliez pas que l'épée de Damoclès du statut monétaire du dollar est toujours au-dessus d'eux. Ils ne peuvent se permettre de trop reculer. Or ici la plupart des pays qui comptaient sur le parapluie américain pour les protéger ou ceux qui avaient peur d'une intervention US vont réfléchir à cet aveu pratique de faiblesse.

 

Les USA vont donc probablement perdre encore plus rapidement leur contrôle sur le reste du monde. Ils pourraient donc être tentés d'un redressement avec un conflit direct avec la Chine qui est leur véritable adversaire stratégique en mettant le feu sur la question taïwanaise. Provoquant en fait leur propre mort en réalité, car je ne vois pas très bien comment ils pourraient gagner un tel conflit. Étrangement de la vitesse à laquelle l'Empire US et le dollar s'effondreront dépendra le sort de l'Europe. Un effondrement du rôle du dollar et un retrait de l'Empire US rapide permettraient aux Européens de peut-être revenir en scène et de reprendre leur indépendance. Si la mort de l'Empire est plus lente, un effondrement qui est à mes yeux inéluctable, quelle que soit l'évolution en Ukraine, l'Europe de l'Ouest risquerait de ne jamais se relever. Les USA vont littéralement nous piller pour résoudre leurs propres problèmes et cela déjà commencés. Réduire les Européens à la misère pourrait relancer un processus d'émigration massif vers les USA en vidant l'Europe de sa population. Les USA espérant ainsi contrebalancer leur propre déclin démographique pour peser plus face à la Chine et demain à l'Inde.

 

Pour le reste du monde il est clair que la défaite de l'OTAN en Ukraine sera vue comme un coup de sifflet international pour vomir l'occident et les USA. Et cela a déjà commencé. On voit même des aberrations nationalistes comme le président Lula qui intime aux Européens de verser des réparations aux nations colonisées d’Amérique du Sud, oubliant que les descendants des colonisateurs vivent en fait chez lui et dans le reste de l’Amérique latine. On voit également Erdogan donner des leçons d'humanisme à la France qui serait incroyablement raciste avec son passé esclavagiste. Alors même que les Ottomans ont été le plus grand trafiquant d'esclaves de l'histoire et qu'ils ont massacré bon nombre de peuples y compris musulmans comme les mamelouks d’Égypte. Ces attaques grotesques et fausses montrent que ces pays ne craignent plus les pays occidentaux ou d'éventuelles représailles. En cas de défaites en Ukraine on devrait connaître un redoublement de violence verbale et politique, les Occidentaux jouant les boucs émissaires bien pratiques pour certains régimes. On voit ici le désastre pour la France qui jusqu'à Sarkozy avait réussi à maintenir une relative liberté de ton. En faisant réintégrer la France au commandement intégré de l'OTAN nos élites ont sabordé notre avantage qui aurait permis justement à l'Europe de sortir son épingle du jeu en ce moment. Mais voilà, on ne refait pas l'histoire.

 

On ne sait pas encore quelle organisation économique et politique succédera à l'ordre américain. Les BRICS sont bien placés pour restaurer un nouvel ordre après la fin de la guerre en Ukraine. Mais n'imaginez pas par contre un paradis pacifique. La disparition de l'Empire américain ou sa simple rétractation sur son île- continent avec ses vassaux qu'il conduira à l'agonie, ne conduira pas à un moment pacifique. Dès l'ennemi commun disparu, les nouvelles puissances commenceront à se chamailler. On voit poindre à long terme un conflit au moins économique et politique entre la Chine et l'Inde. Les deux superpuissances du 21e siècle n'ont aucune raison de se comporter différemment de celles du passé, le monde est ainsi fait. Quoiqu'il en soit, on peut considérer que le conflit actuel est un nexus historique. Si dans tous les cas l'occident et l'empire américains sont condamnés à court terme à un fort déclin politique et économique. La vitesse à laquelle ce déclin se ferra dépendra du conflit ukrainien. Les USA vont probablement chercher un statu quo, un moyen de perdre en pratique, mais sans perdre médiatiquement. De façon à ralentir leur recul impérial et éviter la chute immédiate du dollar. Il est possible que les russes acceptent une telle chose, ce qui compte pour eux étant la fin de la menace sur les populations du Dombass et la neutralité de l'Ukraine. Mais si la défaite est officialisée, les choses pour les USA pourraient aller beaucoup plus vite et produire des effets dramatiques sur leur poids géopolitique et militaire. Nous sommes à un tournant, et il est dommage que les Européens se soient mis dans une situation qui les condamnes à perdre dans tous les cas.

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3 juillet 2023 1 03 /07 /juillet /2023 16:08

 

 

Il fallait bien parler de la situation française après ces événements dramatiques de ces derniers jours en France . Les événements ne sont finalement pas si surprenants pour qui se tenait au fait de la réalité du pays depuis des années. La France ayant une élite volontairement déconnectée des réalités de terrain que ce soit en économie ou dans le domaine social, elle est en réalité la seule à être vraiment surprise par ces mouvements de violence. De la part d'une tranche de la population qui pratique régulièrement ce type d'action dans tout le pays, cela n’était finalement pas si imprévisible. Ayant moi-même habité dans les cités je sais combien le racisme et la violence antifrançaise sont courants. L'on peut trouver de multiples explications sociales, économiques et historiques à cette situation, mais il faut quand même accepter cette réalité d'un affrontement ethnique sur notre territoire. Il y a une séparation entre différentes parties de la population, les immigrés eux-mêmes n'étant pas vraiment un groupe homogène.

 

On m'objectera que tout est parti du racisme supposé d'un policier qui aurait fait un usage excessif de son arme à feu. Je répondrai simplement que le meurtre de ce gamin n'est pas en réalité le fond du problème. L'excès de violence policière est effectivement un problème que l'on rencontre un peu trop fréquemment depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir. On se souvient tous de l'emploi souvent excessif contre les gilets jaunes ou sur les manifestants contre le projet de réforme des retraites. Macron a clairement utilisé la police nationale comme les troupes de la garde Prétorienne de l'Empereur romain. Et l'image des forces de l'ordre dans la population en avait clairement souffert. Seulement si l'on peut comprendre la colère des parents ou des manifestations de soutien, cela n'a strictement aucun rapport avec le fait d'incendier des écoles ou de piller des magasins. À moins d'avoir une cervelle de colibris, il est assez évident qu'une frange agressive de la population des banlieues a utilisé ce prétexte pour réaliser ses fantasmes de vol et de violence contre le reste de la population française. On est en fait assez proche de ce que Marx décrivait du lumpenprolétariat . Ce sont des outils aux mains de la bourgeoisie qui les utilisent à loisir pour casser les mouvements sociaux ou pour accaparer le débat public. Éloignant ainsi des feux des projecteurs les problèmes essentiels du pays comme les politiques macroéconomiques absurdes promu par Macron sous la direction de l'Union européenne.

 

Cependant, par définition, le lumpenprolétariat n'est pas entièrement contrôlable. Là, il a vraisemblablement échappé à ses maîtres pour dévaster excessivement le pays. L'extrême gauche qui utilise les immigrés et ce lumpenprolétariat a bien essayé d'être de leur côté pour faire de la récupération, mais cela ne fonctionne guère. Il semble même que la population française commence à comprendre ce qu'est la gauche française actuelle qui n'a plus rien en réalité ni de Française ni de gauche. Sous l'influence des think tanks comme la Fondation Terra Nova qui prônait de remplacer l'ouvrier français par la figure de l’immigrée éternelle victime, la gauche française est en fait devenue une excroissance des démocrates américains. C'est à dire des réactionnaires économiques déguisés en progressistes qui pensent la société comme un amalgame de communautés autonomes sans cohérence nationale. Avec en prime des discours anti-laïcité, voir ouvertement communautariste. À part quelques figures éparses comme Ruffin ou Roussel, la gauche française semble être apparue pour ce qu'elle est, un ramassis d'opportunistes dangereux pour le pays au moins autant que Macron et son parti.

 

Une immigration de masse jamais digérée

 

Le cœur du problème de ces émeutes est bien l'immigration même si tous les médias font mine de n'y voir que des problèmes sociaux, politiques ou économiques. Une immigration délirante camouflée depuis longtemps par un droit du sol aussi anachronique que dangereux dans un contexte mondial d'énorme déséquilibre démographique entre les nations. Beaucoup de gens accusent la gauche ou le socialisme d'avoir créé la situation, mais c'est oublier un peu vite que c'est surtout le patronat qui réclame toujours plus de salariés pour faire pression sur les salaires ou pour nourrir la demande en particulier dans le BTP. C'est d'ailleurs sous Giscard que l'immigration de masse a vraiment décollé.avec le regroupement familial. Quelque temps avant son décès, Giscard s'en était défendu en disant que c'était le Conseil d'État qui avait refusé la remise en cause du regroupement familial. Sauf qu'on sait très bien qu'en pratique le Conseil d'État peut se faire contourner. Quand les dirigeants français veulent quelque chose, il arrive souvent à passer outre les règles officielles. Il suffit de voir le nombre de fois où Macron a violé la constitution sans que cela n'émeuve pas grand monde. Dans les années 70, le patronat veut des immigrés, investir dans l'automatisation comme au Japon c'est trop coûteux. Donc le patronat va pousser les politiques vers cette acceptation. Il suffit de voir ce vieil interview de Francis Bouygues, le leader du BTP français pour voir d'où est venu ce choix.

 

À partir de là l'immigration passe d'une immigration de travail à une immigration de peuplement. On crée littéralement des colonies sur le territoire français en espérant que l'école et le système social français pourront absorber cette énorme masse comme elle semblait le faire pour les Espagnoles ou les Italiens. On connaît la suite, ce fut un immense échec camouflé derrière quelques réussites individuelles. Mitterrand et la gauche française ont ensuite utilisé les immigrés en leur faveur pour se maintenir au pouvoir. La nation a été conspuée et le travailleur français ringardisé, compliquant encore plus les possibilités d'assimilation. On pourrait dire simplement pour décrire ce phénomène comme le résultat de l’irresponsabilité naturelle du capital vis-à-vis du bien commun. Le capital qui tend à externaliser toujours plus les coûts pour ne garder que les bénéfices a utilisé l'immigration de la même manière. Il en garde les gains produits par une main-d’œuvre moins chère, mais n'en paie pas le coût en termes d'infrastructure, d'éducation ou de sécurité. De la même manière que les grands bourgeois avaient organisé les grands mouvements de colonisation des Amériques en premier, puis de l’Afrique et de l’Asie. Les grands bourgeois et le capital ont donc organisé aujourd'hui la colonisation de l'Europe qui doit l'accepter et se taire. Il s'agit au fond des mêmes mécanismes, quand la seule motivation politique est purement l’intérêt économique, cela peut déboucher sur des catastrophes collectives. Sauf que cette fois c'est les Européens eux-mêmes qui en sont victimes.

 

En un sens ces pillages intempestifs rappellent un peu les pillages de l'époque des Barbaresques. Les Barbaresques étaient la dénomination du Maghreb de l'époque précoloniale qui a pratiqué de la fin du 15e siècle jusqu'à la colonisation des pillages systématiques des cotes et des navires européens. L'un des objectifs était bien sûr l'enrichissement immédiat, mais cela servait aussi à alimenter les marchés aux esclaves musulmans parce que le nombre de chrétiens était en diminution sur leurs terres. En effet, il était impossible de rendre esclave un musulman, c'est probablement ce qui a permis d'ailleurs l’expansion de l'islam. De l'autre côté, la puissance montante qu'était l'Empire ottoman voulait nuire aux flottes et au commerce des Européens pour garder le contrôle maritime de la méditerranée. La colonisation de l'Afrique du Nord avait comme premier but de mettre fin à ces pillages d'ailleurs. Même si on le dit rarement dans les grands médias qui préfèrent parler des horribles crimes de la France en Algérie, c'est mieux pour nourrir la haine du pays par les nouveaux venus. Il est donc assez étrange de retrouver ces phénomènes de pillage dans la France du 21e siècle, mais c'est un retour aux sources de nos relations avec l'Afrique du Nord en quelque sorte.

 

Un problème anthropologique, économique et éducatif

 

Plus sérieusement, la question de l'intégration des populations immigrées est plus que jamais d'actualité. Mais il y est bien évident qu'avant de parler d'assimilation ou simplement d'intégration il faudrait déjà stopper le flux constant arrivant dans notre pays. En réalité s'il y a des différences anthropologiques, culturelles, éducatives et religieuses importantes entre les immigrés d'Afrique et ceux qui venaient d'Europe, il y a aussi une différence structurelle de flux. Les vagues d'immigration précédentes en France étaient limitées dans le temps. Ce n'est pas du tout le cas de celle du Maghreb par exemple qui continue aujourd'hui alors qu'elle a commencé à la fin des années 60. Ce flux continu participe probablement en partie à la non-assimilation des immigrés qui continuent à avoir des liens importants avec leur pays d’origine. Et je ne parlerai même pas du problème du regroupement familial qui avec les mariages arrangés produit un effet boule de neige permettant à ces groupes de population de vivre socialement en vase clos. Avant de vouloir résoudre le problème, il faudrait donc déjà arrêter complètement ces flux de population.

 

L'autre facteur prépondérant dans l'échec de l'assimilation de ces populations est anthropologique. Même si Emmanuel Todd a toujours cru que la France pourrait assimiler ses immigrés, il reconnaissait lui-même que la structure familiale française et maghrébine était littéralement aux antipodes du genre humain. En gros, il n'y a pas de structure familiale sur terre plus éloignée l'une de l'autre que celles-ci. La France a en son cœur la structure familiale nucléaire égalitaire très simple, assez libérale et très exogame (Papa, maman, les enfants) avec un statut élevé des femmes, alors que la famille maghrébine est très complexe de type communautaire à forte endogamie et fortement patriarcal. Au Maghreb même encore aujourd'hui on pratique le mariage entre cousins. Et l'autorité ne dépend pas uniquement du père, mais du groupe des hommes, le père, les frères, les cousins, etc.. L'autorité sur les enfants en France est le fruit unique des parents directs alors qu'au Maghreb elle sera plus collective et diffuse. De cette différence née des disparités en termes de fonctionnement de l'autorité sociale.

 

On peut vite imaginer qu'une population à la structure familiale très divergente de sa société d'accueil aura du mal à s'inscrire dans un environnement qui a été pensé en réalité pour une structure familiale très différente. On a là à mon sens la vraie origine de l'échec de l'immigration que ce soit en France ou ailleurs en Europe. On ne mélange pas les populations impunément. Ce n'est pas la nature de ces systèmes familiaux qui est en cause, mais bien le fait de les déplacer dans des sociétés complètement différentes. L'une des preuves du problème anthropologique peut se trouver dans la différence d'assimilation et d'intégration entre les filles et les garçons issues de l'immigration. En effet, si bon nombre de pseudohumanistes à gauche accusent systématiquement le racisme français dans l'échec de l'intégration, comment expliquer la meilleure assimilation des jeunes femmes maghrébine que ce soit en matière d'emploi ou de scolarité ? Le spécialiste de l'éducation, Jean-Louis Auduc, est l'un des rares intellectuels à souligner cet aspect de l'inégalité de l'échec entre les filles et les garçons. Il existe déjà un écart entre les garçons et les filles français historiques. Mais cet écart devient dramatique lorsque l'on s'intéresse aux enfants issus de l'immigration. Comme vous pouvez le voir sur le tableau suivant, le taux de réussite au BAC des jeunes filles maghrébines est le même que celui des Françaises moyennes. Alors que pour les garçons il est nettement en dessous de la moyenne des garçons français.

Cet écart va bien évidemment conduire à un écart en matière de réussite sociale et économique. Pour imputer l'entièreté de l'échec de l'intégration au racisme présupposé de la société française, il fallut que les filles échouent de la même manière au moins. Or ce n'est pas du tout le cas. L'explication est donc plutôt à chercher dans la forte différence qu'il y a entre la façon dont les garçons sont éduqués dans les familles maghrébines et les filles, par rapport au reste de la société. Peut-être la plus forte autorité sur les filles y est-elle plus compatible avec la structure sociale française. Quoiqu'il en soit, on voit bien ici le caractère caduc de l'explication « racisme ». Ensuite, cette disparité entraîne aussi une réaction masculiniste des jeunes d'origine immigrée qui sont frustrés par leur situation par rapport à celles de leurs sœurs et cousines. On peut voir ici l'origine probable de la « haine » des femmes qu'on peut souvent voir chez ces populations. Si on peut donner cette explication au mouvement masculiniste pour toute la population masculine en France, les femmes faisant de plus en plus d'étude et étant moins au chômage que les hommes. L'écart est beaucoup plus grand chez les populations d'origine maghrébine. Cumulant la nature patriarcale de leur anthropologie d'origine à cet échec économique et éducatif relatif, il n'est guère étonnant de voir dans les mouvements excessivement antiféministes nombre de jeunes hommes de cette origine.

 

L'autre facteur à prendre en compte est bien évidemment d'ordre économique. Il est bien évident qu'une société qui fabrique peu d'emplois souvent mal payés aura plus de mal à assimiler ses immigrés. C'est d'autant plus vrai qu'il n'y a plus les grandes industries qui employaient énormément de monde et qui pouvaient ainsi brasser les populations et faciliter l'assimilation par contact social prolongé. Cependant, n'oublions pas que des pays, en bien meilleure santé que nous sur le plan économique, ont aussi de graves problèmes d'émeute et d'intégration, à l'image de la Suède ou des Pays-Bas. Mais il est certain que sans une situation positive en matière économique il y aura peu de chance de réussir l'assimilation de ces populations. En tout cas comme nous l'avons rapidement vu, ce problème est multifactoriel. Mais il est quand même temps de demander son avis à la population sur les questions migratoires, car c'est le français moyen qui paye pour les délires de l'intelligentsia parisienne et pour le grand capital. La Suède et le Danemark ont remis en question leurs politiques migratoires récemment même si cela reste pour l'instant du domaine de la communication et que ces deux pays ont eu la riche idée de ne pas rentrer dans l'euro, gardant ainsi une autonomie décisionnelle. Il serait bon que ces émeutes gravissimes servent à quelque chose pour une fois avec une vraie prise de conscience. Il faut arrêter les frais en matière migratoire et voir ce que l'on peut faire en pratique pour résoudre le problème d'assimilation. On ne peut plus continuer comme ça ou nous irons réellement vers une guerre ouverte à terme.

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26 juin 2023 1 26 /06 /juin /2023 15:04

 

Alors que mon dernier texte se concentrait sur le caractère néfaste de la construction européenne j'apprends que la ministre allemande des Affaires étrangères, madame Annalena Baerbock, avec le soutient de quelques autres pays dont l'Espagne, veut mettre fin à la nécessité de l'unanimité en matière de politique étrangère au sein de l'UE. En d'autres termes, elle veut mettre fin à l'un des derniers mécanismes permettant aux états membres de défendre encore un peu leurs intérêts en matière de politique étrangère. Étant donné la structure de cette construction aussi baroque qu'incohérente qu'est l'UE, nous nous retrouverions avec une politique étrangère européenne totalement calquée sur celle de l'Allemagne et donc totalement à la merci des intérêts américains. Car il est bien évident aujourd'hui que la politique extérieure allemande n'est qu'un résidu de celle des USA même quand elle est néfaste pour l'Allemagne elle-même.

 

Cette affaire est grave, ne nous voilons pas la face. Il s'agit de mettre réellement fin aux États-nations qui ont déjà été passablement abîmés par 40 ans de construction européenne et tout ça pour les remplacé par des pouvoirs aux contours flous et aux intérêts largement dissociés de ceux des peuples qui composent l'UE. Encore une fois, le cœur du problème est que l'UE n'est pas une nation, il n'y a pas vraiment de solidarité européenne. On l'a dramatiquement vu pendant la crise de 2008 où chaque nation faisait prévaloir d'abord ses intérêts. La Grèce a été largement dépecée par les grandes puissances européennes au lieu d'être aidé comme cela aurait dû être le cas si nous avions été réellement solidaires. Pendant la crise du COVID chaque pays tirait la corde dans sa direction, on a même vu certaines nations trahir éhontément les accords qu'ils avaient pourtant signés avec leurs voisins. Dès qu'il y a des problèmes graves, c'est en réalité chacun pour soi, l'UE n'est donc pas du tout une nation. Et pour cause, il n'y a pas de peuple européen, pas de culture commune, ni de langue commune en dehors du globish. Les démographies des pays membres divergent, et les structures économiques sont largement disparates. Quant à l'unification économique loin d'avoir homogénéisé le territoire, elle a fait exploser bien au contraire les divergences créant des régions appauvries et d'autres qui se sont formidablement enrichies. Bref comme je l'ai déjà longuement expliqué la construction européenne est une structure bancale qui n'est pas sans rappeler une plus vieille organisation qui a fini elle aussi dans les poubelles de l'histoire le Saint Empire Romain Germanique.

 

L'UE et le Saint Empire Romain Germanique

 

Avant l'Union Européenne il y a eu ça

Voltaire sur le Saint Empire Romain Germanique : "Le Saint-Empire romain germanique n'était nullement saint, ni romain, ni un empire"

 

Le Saint Empire Romain Germanique fut une structure politique qui a été créée par Otton 1er en l'an 962. Depuis la chute de l'Empire Romain d'occident, tous les monarques barbares, mais christianisés qui se sont succédé au pouvoir en Europe de l'Ouest n'avaient qu'une seule envie, c'était de reconstruire l'Empire Romain d'occident. Seulement, la tâche était rude, car l'Europe était peuplée de bon nombre de peuples disparates tant en termes de langue que de culture, et même si pour la plupart ils partageaient une foi commune ce n'était pas suffisant pour souder le pouvoir temporel de tous les peuples sous une seule couronne. Comme vous le savez tous, les seuls à avoir réussi une véritable ébauche d'un nouvel Empire Romain furent les francs et bien sûr Charlemagne qui mit la capitale de son empire à Aix-la-Chapelle. Hélas, la descendance de Charlemagne n'eut pas l'opportunité de faire perdurer son empire, la succession par partage salique ayant favorisé la fragmentation des terres entre les fils à parts égales. C'est de cette fragmentation que naîtront la France et bien plus tard l'Allemagne.

 

Mais justement la partie germanique de l'Empire de Charlemagne ne se transformera pas en nation centralisée, mais prendra la forme d'un nouvel Empire sous l'impulsion d'Otton 1er. C'est cet Empire que l'on appelle le premier Reich, le Saint Empire Romain Germanique. La grande différence avec l'évolution de la France des Capétiens fut le rapport à la centralisation. Alors que les rois de France ont très tôt voulu lutter contre les ducs et les comtes pour asseoir leur autorité, même si cette lutte a été extrêmement longue, le côté germanique va au contraire laisser une structure extrêmement décentralisée. Le Saint Empire Romain Germanique avait une autorité assez floue. Il y avait un empereur, mais les pouvoirs locaux étaient très grands. Il y avait aussi une forte inégalité entre les membres qui nourrissaient des rivalités internes. Les Empereurs étaient élus par de grands électeurs qui étaient au nombre de sept en sachant que l'Empire était composé à un moment donné de 533 membres. Il y avait donc une structure très hiérarchisée où certains comme la Bohême ou l'Autriche étaient bien plus importants que d'autres. Faut-il voir ici l'esprit des familles souches pour faire appel aux thèses d'Emmanuel Todd ? L'incapacité à voir les peuples égaux tendant à pousser les dirigeants à traiter de façons inégales les territoires de l'Empire, ce qui nourrit un désamour interne et des conflits.

 

Quoiqu'il en soit pendant une longue période historique, le Saint Empire Romain s'est étendu sur l’ensemble de l'Allemagne, la Bohême (actuelle République tchèque) et le nord de l'Italie. C'était bien l'Union européenne avant l'heure avec les mêmes gros défauts de conception. Les Italiens seront d'ailleurs les premiers à quitter le Saint Empire qui était en réalité plus germanique que saint. Comment ne pas voir que l'Allemagne à travers la construction européenne est en train de reconstruire une structure similaire ? C'est-à-dire une structure qui, sous couvert de solidarité face à de supposés ennemis extérieurs dangereux, les Abbassides et les païens du temps du Saint Empire, les Russes ou la Chine aujourd’hui, fait en réalité une machine à favoriser les intérêts germaniques. La nature inégalitaire elle-même fait de cette structure une machine à produire des conflits et elle ne pourra que s'effondrer à terme sous l'effet de ses propres contradictions.

 

On peut ainsi voir dans la tentative de madame Baerbock une volonté absolue de dissoudre les anciennes nations européennes dans le système impérial germanique. Mais l'histoire montre que la volonté forte de soumettre les membres d'une telle structure à des intérêts contraires aux leurs, finit toujours par faire imploser la structure politique . Cela fut la même chose en France avec la centralisation progressive, seulement les rois de France étaient plus forts que leurs vassaux. Ils ont donc pu soumettre petit à petit les territoires disparates qui composaient leur empire. L'unification de la France ne fut pas une histoire sympathique et gentille, ce fut souvent sanglant. Les Allemands en voulant faire la même chose à l'échelle de l'UE n'auront pas cette force à terme. C'est d'ailleurs ce qui a fait échouer le Saint Empire Romain Germanique, il n'y avait pas de centre assez puissant pour vraiment tout unifier comme ce fut le cas en France avec la région parisienne. On ira donc certainement vers des conflits plus ou moins violents et probablement avec des ruptures brutales vis-à-vis de l'UE. En définitive, on peut se demander si cette volonté d'écraser véritablement les puissances locales en les soumettant à la majorité sous influence germanique ne va pas précipiter la chute de ce Saint Empire Libéral Germanique.

 

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19 juin 2023 1 19 /06 /juin /2023 16:25

 

 

Encore une fois, Emmanuel Todd, très motivé ces temps-ci, nous livre une analyse très intéressante de la situation européenne. Ou plus exactement de la situation des élites européennes depuis la guerre en Ukraine. Il s'est exprimé longuement chez Olivier Berruyer sur cette question et en arrive à la conclusion d'une corruption générale des élites européennes par la puissance américaine. Vous pouvez retrouver ce long interview d'une heure trente sur ce lien. Alors, entendons-nous bien ici sur la définition d'élite. Il s'agit bien évidemment ici d'élites au sens « dominant » d'un point de vue économique et politique. Emmanuel Todd comme à son accoutumé précise préalablement qu'une démocratie ne peut pas fonctionner sans élites. En réalité, il est probable qu'aucun système politique ne puisse fonctionner sans élites. Mais nous parlons ici d'élite au sens noble du terme c'est-à-dire de personnes ayant atteint dans leur domaine de prédilection des qualités et des connaissances qui leur permettent d'agir avec efficacité et intelligence dans leur secteur. On pense tout de suite à un physicien de renom, un mathématicien, un peintre, un philosophe, etc. Il en va de même dans la gestion des affaires de l'État, nous avons besoin de diplomates de talent, de gestionnaires, de spécialistes en droit, etc..

 

Il est évident que notre structure politique ne pourrait se passer de telles personnes pour faire fonctionner les affaires de l'État. C'est d'ailleurs pour cette raison que de Gaulle et le CNR n'ont pas puni à la hauteur qu'il aurait fallu certains hauts fonctionnaires qui avaient collaboré pendant la guerre. Ce n'est probablement pas par simple empathie que bon nombre d'entre eux ont échappé aux punitions les plus sévères, mais bien parce que nécessité fait loi et qu'il fallait alors redresser rapidement le pays dans l'intérêt de tous. Cependant, il faut bien distinguer ici les élites au sens pratique du terme des élites au sens de domination. Car ces dernières, les élites économiques qui exerce un pouvoir sur le pays sans avoir de talent particulier si ce n'est celui d'avoir accumulé pouvoir relationnel, politique et économiques sont beaucoup plus dispensables quand elles ne sont pas carrément nuisibles. C'est de ces élites-là que nous allons parler, et non, je ne considère pas qu'un milliardaire est une élite au sens noble du terme simplement parce qu'il a des milliards.

 

Avoir de l'argent n'est pas un talent et il n'est pas vrai que la réussite économique est le fruit d'un talent particulier, surtout en France. Bon nombre de gens talentueux n'ont d'ailleurs jamais réussi au sens financier et beaucoup d'imbéciles sans talent particulier se pavanent avec des Rolex aux poignets. Nos dominants aiment évidemment confondre les deux types d'élites, mais il est bien évident que leur nature est profondément différente. Du reste, comme le disait Keynes, le créateur, l'artiste, le scientifique prend plaisir souvent dans sa création sans qu'aucun calcul d'intérêt économique n'y soit pour quelque chose. C'est là probablement que se dessine la frontière la plus grande entre l'élite véritable, et le dominant. La motivation profonde de la création pour la véritable élite est souvent désintéressée là où l'appât du gain et de l’intérêt personnel est au centre des préoccupations du dominant. Nous parlerons donc de ces élites-là, celles dont l'intérêt personnel est au centre de tous et qui par leur poids économique entraînent l'ensemble de notre société dans certaines directions pas forcément propice à l'intérêt du pays dans son ensemble.

 

 

Les USA sont avant tout l'empire des bourgeois et des rentiers.

 

Maintenant que nous avons défini nos « élites » que nous appellerons dominant pour plus de commodité, nous revenons à l'analyse de Todd. Il est tout à fait stupéfiant pour lui de voir que les dominants en Europe ont finalement commencé à abandonner l'ambition européenne pour se réfugier sous la domination américaine. En effet jusqu'au début des années 2000, le projet européen était très fort chez les dominants. Il était devenu un peu leur seul grand projet de ces élites et il semble que ce projet ait atteint son paroxysme avec la mise en place de l'euro. Dans un sens, le vote de 2005 et le rejet par les dominants de ce vote a été l'apogée de la domination totale des intérêts des couches sociales aisées. En effet, ce rejet d'un référendum a prouvé qu'ils pouvaient désormais se passer de l'avis de la population. Et cela sans même que cela ne conduise à des manifestations ou à une révolution comme cela aurait du être le cas, et comme ce fut le cas parfois dans le passé tumultueux de notre nation. Le référendum de 2005 sur le TCE ne fut pas seulement un crime antidémocratique, ce fut la preuve évidente que nous n'étions déjà plus en démocratie, mais plutôt dans un régime ploutocratique électif. Un régime dans lequel les dominants choisissent par le truchement des médias qui sera ou ne sera pas acceptables pour la fonction présidentielle. Nous sommes dans un système électoral non démocratique.

 

Quoiqu'il en soit on pouvait imaginer que maintenant le projet eurolibéral en place, le démantèlement de l'état providence en route, l'étape suivante eut été de faire leur fameuse nation européenne. Centré sur l'Allemagne avec une France réduite à rien d'autre qu'un hôtel à touristes pour riches européen, le projet n’était claire. D'un côté l'UE permettait de démolir au nom de l'Europe les bases fiscales des états membres, de l'autre l'élargissement sans fin permettait de réduire toujours plus le poids des salaires dans la valeur ajoutée. L'UE c'était le stade suprême du néolibéralisme, une machinerie à accroître les inégalités sans fin pour assurer la jouissance d'une petite portion de la population assise sur ses rentes financières ou foncières. C'était ça le vrai rêve des pères de l'Europe même s'ils ne l'ont bien évidemment jamais présenté comme ça. Et pourtant avec la crise ukrainienne tout tombe par terre et étrangement ces mêmes élites qui avaient tout réussi semblent abandonner maintenant le projet pour littéralement suivre l'Empire américain dans ses projets insensés de conflit avec la Russie et même la Chine.

 

Le plus étonnant est l'évolution de l'Allemagne qui est bien le grand perdant dans cette affaire comme nous l'avons vu à plusieurs reprises. Clairement, la coupure géopolitique avec la Russie est un désastre pour eux, et je ne parlerai même pas de la catastrophe que serait une coupure avec la Chine pour l'Allemagne . C'est pourtant bien la direction que semble prendre l'élite européiste. Alors la grande question d'Emmanuel Todd c'est de savoir pourquoi. Le premier facteur auquel pense Todd et que l'on ne peut évidemment pas vraiment réfuter c'est l'intérêt économique. Les USA sont le refuge économique des populations les plus aisées en France et en Europe. Todd montre d'ailleurs dans sa vidéo l'évolution des placements financiers à l'étranger et l'on voit que le monde anglo-saxon remplace le rôle de refuge dévolu classiquement à la Suisse à partir des années 70. On voit encore ici le rôle de la grande dérégulation financière de cette époque. Les USA en déclin industriel à cette époque tentent un coup de poker avec l'abandon du standard or. À partir de là les USA attirent les capitaux du monde entier en particulier d'Europe. Ce lien incestueux entre la finance américaine et les dominants européens va conduire ces derniers à associer de plus en plus leurs intérêts à ceux de l'Empire américain.

 

Dès que leurs intérêts sont en danger, et la guerre en Ukraine les as évidemment mis en danger, nos dominants se réfugient dans les bras de l'Empire américain. Il s'agit là d'une question de pur intérêt économique puisque c'est là-bas que se trouve l'essentiel de leurs avoirs. De l'autre côté, la possession de ces avoirs en dollar permet un chantage de la puissance américaine sur ses dominés. On ne parlera pas non plus de l'usage que font les USA de leur système d'espionnage sophistiqué pour instaurer une loi du silence chez les élites européennes. Le rôle trouble de la CIA n'est malheureusement plus à démontrer. Et d'ailleurs, cette passion pour les traquenards se voit dans l'obsession américaine pour les influences étrangères qui pourra à aller à l'encontre de ses intérêts que ce soit le fait de la Russie ou de la Chine. Les Américains voient souvent chez les autres des comportements qui leur sont en fait propres. Mais il y a aussi dans cette affaire une dimension culturelle. Les USA c'est la nation des riches et des hyperriches. Un pays qui par nature valorise les inégalités. Todd en parle brièvement, mais il est certain que pour quelqu'un d'aisé il est beaucoup plus agréable de vivre dans un pays dans lequel la richesse est une vertu, les pauvres méritant leur sort, que dans une nation qui au fond n'aime pas les inégalités à l'image de la France. Pour moi le projet européen dès le départ c'était de faire les USA en Europe. Il ne s'agissait pas de faire une nation européenne, mais bien d'imposer les « valeurs » américaines en Europe par le truchement de la construction européenne. Ce n'est pas un hasard si les plus âpres partisans de la construction européenne étaient aussi souvent des atlantistes, américanistes compulsifs et néolibéraux. Ils voulaient faire l'Europe parce que la France ne pouvait pas demander à adhérer aux USA en tant que 51e étant membre. Sinon ils auraient directement choisi cette solution. En un sens l'UE c'était une peu leur Amérique par dépit.

 

Avec la crise ukrainienne, nous revenons donc à leur vraie motivation de départ, celui de faire fusionner les pays européens avec l'Amérique, même s'il s'agit plus d'un fantasme que de quelque chose de rationnel. En France en particulier je suis frappé par l'explosion de haine de soi et de discours américanophile délirant. Je me souviens encore de la crise irakienne en 2003 où la France était entrée en rupture avec l'Empire américain. Si les atlantistes étaient nombreux surtout à la télévision, il y avait aussi nombre de français pour être fier de cette opposition. Aujourd'hui plus rien, l'opposition à l'empire n'existe plus en dehors de quelques poignets d'individus et tout concoure à un alignement permanent de la France sur les intérêts US. C'est bien évidemment particulièrement vrai pour notre tartuffe de président. Alors certes l'on peut y voir l'influence corruptrice des USA dans nos médias, mais il y a quelque chose de plus profond qui motive cette perte d'indépendance d'esprit. On peut y voir l'influence néfaste de la sous-culture américaine. Quoiqu'il en soit, il s'agit d'un phénomène primordial à comprendre si nous voulons un jour redevenir une nation indépendante. Et l'on voit ici que sortir de l'UE et de l'euro, c'est surtout sortir de l'Empire américain et de son influence néfaste sur notre peuple.

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