Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Alors que les débats se multiplient sur la question de la dette publique et que l'on voit poindre diverses opinions sur la façon de traité ce problème de plus en plus gargantuesque. Je pense qu'un petit retour sur la base des choses peut nous éclairer et nous éviter de tomber dans de fausses solutions ou dans de mauvais raisonnement. Car de la même manière que l'on ne construit pas une maison ou un édifice sur du sable, il est bien dangereux de construire des raisonnements sur des approximations et des malentendus. J'ai toujours distingué personnellement ce que j'appelle l'économie comptable de l'économie physique, l'économie comptable étant la représentation monétaire de l'économie physique. Et je crois que pour bien comprendre ces questions de dette et d'économie en général, il faut bien avoir à l'esprit que ce ne sont que des chiffres, des représentations qui peuvent ne pas coïncider avec une réalité dont ils peuvent diverger. Comme je l'avais expliqué sur la question des retraites par capitalisation, la monnaie est par nature une déformation de l'échange, en ce sens que la monnaie s'accumule, elle se stock, alors que le travail humain non. La représentation comptable de l'économie peut donc tout à fait nous induire en erreur dans nos jugements sur ce qui est bon ou pas pour un pays. Par exemple si d'un point de vue comptable il peut-être à court terme intéressant d'importer certains biens que l'on pourrait pourtant produire,on ignore souvent les effets à long terme de telles décisions. En fermant des usines nous détruisons non seulement des vies, mais aussi des savoir-faire qui auraient pu hypothétiquement être à l'origine de création d'autres secteurs d'activités économiques. Gérer un pays en ayant comme unique boussole l'optimisation comptable à court terme c'est se fermer des portes de développement futur. Et c'est d'ailleurs être hautement prétencieux car c'est en fait prétendre être omniscient et capable de prévoir les évolutions futur de l'économie alors qu'en réalité nous sommes dans une situation d'incertitude radicale. Il est impossible de prévoir les évolutions économiques avenir et c'est bien pour cela qu'il faut à tout prix garder une certaine diversité dans notre tissu économique et non se sur-spécialiser comme le souhaiteraient les fous de la mondialisation heureuse.
Nous avions vue pour les retraites par capitalisation et le capitale accumulé, que par nature ils ponctionnent un revenue qui ne correspond pas à un échange mais à une situation de domination social. Gagner de l'argent avec du capital accumulé est une violation du principe de l'échange marchand qui stipule que derrière la monnaie échangée, il y a quelque chose de produit pour que l'échange bénéficie aux deux partis en présence. Et dans ce système la dette est le Janus du capital. En effet dans un système monétaire normal tout argent qui ne circule plus dans l'économie, qui est retiré du circuit monétaire, fait une contraction de masse monétaire en circulation . Or cette réduction sous forme d'épargne se transforme mécaniquement en un mécanisme de contraction économique, en effet qui dit épargne dit non consommation. Et pour compenser cette épargne les états sont obligés de régulièrement compenser par l'injection de monnaie dans le système, sous peine de se retrouver comme dans les années 30 en situation de dépression. Certains états ont aussi trouvé un moyen pour augmenter l'endettement privé pour arriver à ce même objectif, celui d'éviter la contraction économique. Toute la théorie keynésienne et tout les travaux économiques pendant les années postérieures à 29 ont d'ailleurs consisté à trouver une solution pour permettre à la consommation de se maintenir. Pour en revenir à la question de la dette, s'il y a dette publique c'est parce qu'une partie de nos contemporains s'astreignent à ne pas consommer tout leur revenu disponible. Ce faisant ils obligent quelque part la collectivité à s'endetter pour compenser cette faible propension à consommer car si la collectivité ne le faisait pas alors le chômage augmenterait et l'activité économique diminuerait.
L'endettement public est donc bien l'effet résultant de l'épargne privée, il en compense en partie les effets néfastes. A cela s'ajoute les gains de productivités du système de production qui contraint aussi à l'augmentation de la consommation et donc à l'accroissement de la masse monétaire en circulation pour éviter, là aussi, le chômage de masse. Mais le paradoxe c'est que cette dette publique est en général achetée par la population la plus riche du pays, et effectivement en règle générale seule les riches ont les moyens d'épargner et plus on est riche plus on a une propension à consommer en baisse. Plus on a d'argent plus on a du mal à savoir comment le dépenser et donc plus on épargne. Il résulte de ce raisonnement que la dette d'une nation est aussi représentative de sa structure sociale et de son niveau d'inégalité. Dans le cas d'un pays développé à fort niveau de productivité du travail, plus un pays est inégalitaire et plus la dette publique ou privée sera élevée pour compenser l'épargne des très riches, c'est çà ou alors un taux de chômage mirobolant. De fait et contrairement à certaines idées en vogue, lutter contre les inégalités économiques c'est aussi quelque part lutter contre la dette publique puisqu'il sera moins nécessaire à l'état d'investir si la propension à consommer de la population reste à un niveau raisonnable. C'est en tout cas l'autre explication à la monté de la dette publique dans les pays développés ces trente dernières années, en plus de la désormais célèbre problématique de la privatisation de l'émission monétaire.
Les différents types de dette
Il y a plusieurs types de dette et malheureusement dans l'esprit de nos contemporains, sous l'influence d'un système médiatique qui ne cherche ni à expliquer, ni à comprendre, on confond toutes les formes que peut prendre ce que nous appelons la dette. Ces confusions rendent difficile le dialogue lorsque l'on parle de dévaluation par exemple, ou lorsque l'on parle de monétisation de la dette publique, ou même de répudiation. La confusion rend l'explication difficile et l'on se retrouve souvent avec des gens qui confondent dette intérieure publique et dette extérieure alors qu'il y a une grosse différence entre les deux:
1-La dette publique intérieure
Ainsi la première forme de dette, celle qui est vilipendée par les libéraux depuis toujours, la dette publique ou dette de l'état, même si les collectivités locales ou les villes peuvent aussi s'endetter, on parle généralement de dette publique pour qualifier celle qui correspond à la dette de l'état. L'état s'endette en émettant des bonds du trésor qui sont des reconnaissances de dette publique. Ces bonds sont achetés par n'importe qui désirant les acquérir, la dette française est ainsi détenue pour une bonne part par nos concitoyens français. Mais les français possèdent également des titres de dettes d'états étrangers, et de la même manière des étrangers détiennent aussi des titres de dette française. Il n'en fut pas toujours ainsi et ces échanges de titre de dette entre pays font partie intégrante de la crise des dettes souveraines européennes actuelle. En effet en permettant à n'importe qui d'acheter n'importe quoi, on a permis la transmission des crises liées à l'endettement de pays en pays. Lorsqu'un pays fait défaut sur sa dette intérieure cela a aujourd'hui des conséquences internationales. Or d'un point de vue purement intellectuel un état nation n'a nul besoin de s'endetter vis à vis de populations étrangères pour effectuer des travaux et des investissements sur son propre sol et dans sa propre monnaie.
En effet s'il s'agit d'investir pour construire des logements en France, ce qui nécessite des entreprises et de la main d'oeuvre française, on ne voit pas pourquoi l'état français va s'endetter sur les marchés internationaux, cela n'a rigoureusement aucun sens. Sauf à vouloir mettre une contrainte sur l'endettement public. Nous tenons là évidement l'argument fatal des libéraux pour empêcher les états de trop s'endetter, de trop investir. Il faut faire appel à la contrainte du marché et donc obliger l'état à s'endetter vis à vis, non pas de la banque centrale à taux faible, mais vis à vis des marchés financiers de façon à rendre l'état "vertueux" au sens libéral. C'est cette volonté de contraint de les états dans les années 70 qui ont poussé à la privatisation de l'emprunt dans le but de réduire l'inflation, cependant cette politique n'a pas eu les effets escomptés puisque l'inflation a galopé nettement plus vite une fois l'état devenu quémandeur devant les banques et les marchés internationaux. Car comme nous l'avons vue au début de ce texte, l'investissement public qui produit la dette compense en partie les effets de l'épargne privée. Pour que l'état n'ai plus besoin d'investir ou de compenser ces effets nos amis les libéraux auraient du trouver une astuce pour compenser la baisse des investissements publics. Ils auraient du d'ailleurs redoubler leurs efforts pour lutter contre les inégalités sachant que ce sont les inégalité qui nourrissent en partie la surabondance d'épargne, or ils firent le contraire. Faisant ainsi le jeu de l'endettement public qui n'a jamais été aussi fort que depuis que les idées libérales ont pris le pouvoir. Encore une fois l'accumulation de monnaie et d'épargne, si elle semble bien venue à un individu isolé, est une catastrophe pour un pays dans son ensemble, car l'épargne n'est pas mécaniquement égale à l'investissement contrairement à ce que racontait ce pauvre Jean Baptiste Say. Ce déséquilibre entre investissement et épargne contraindra toujours la puissance publique à intervenir, quoiqu'en disent nos petits adeptes de l'état minimal.
2-La dette extérieure
Cette dette là est infiniment plus importante que la précédente, car celle-ci est le fruit de nos rapports commerciaux avec le reste du monde. Et si la dette publique peut-être renégociée ou effacée par diverses astuces, la dette extérieure est un rapport de force au monde, une dépendance dont il est plus difficile de s'extraire. La dette publique produite par les nécessités intérieures d'investissement, ne demande pas forcement un emprunt sur le marché international comme nous l'avons vue, la dette extérieure oui. Car elle résulte le plus souvent d'un déséquilibre de la balance des paiements avec d'autres nations, c'est cette dette là qui est véritablement dangereuse car elle remet en cause la souveraineté d'un état. Une nation doit donc toujours chercher à équilibrer ses comptes extérieurs par quelque moyen que ce soit. Les pays qui ont eu une croissance économique concomitante avec une aggravation de leurs déséquilibres extérieurs ont totalement oublié cette règle de base de l'économie qui veut qu'une nation ne peut pas indéfiniment importer plus qu'elle n'exporte. Lorsque l'on propose de dévaluer la monnaie d'un pays c'est essentiellement pour réduire ce déficit commercial et pour, à la fin, éviter cette endettement extérieur si dommageable pour l'indépendance d'une nation. Il faut aussi préciser que cet endettement extérieur n'est pas nécessairement le fruit de l'activité étatique, elle résulte même en grande partie des choix des acteurs privés qui préfèrent importer les produits de l'extérieur du pays souvent moins cher. Ce faisant quand des entreprises importent des produits sur notre sol français elles les payent en euro, ces euros vont s'accumuler dans les caisses des pays exportateurs. L'état lui va devoir compenser la perte monétaire par un emprunt toujours dans le but d'éviter la contraction de la masse monétaire. On remarquera que dans le cadre de la zone euro la particularité c'est que les pays excédentaires n'ont pas besoin de transformer la monnaie dans une autre puisque tout les pays de la zone euro usent de la même monnaie. La banque centrale allemande n'accumule donc pas des montagnes d'euros comme le fait la Chine avec l'euro et le dollars. Par contre les excédents commerciaux allemands produisent une hausse de la masse monétaire germanique et une contraction de la masse monétaire en France et dans les pays en déficit. Les contraingant ainsi à s'endetter pour compenser ce qui à terme produit des crises sur ces titres de dette.