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28 octobre 2024 1 28 /10 /octobre /2024 15:29

 

Après notre petite escapade chez nos amis canadiens, visiblement aussi mal dirigés que nous le sommes, et nous compatissons, nous partons bien plus loin. Quoique l'Australie soit presque un pays frontalier de la France si l'on prend en compte la Nouvelle-Calédonie, mais cette dernière devra faire le sujet d'un autre texte étant donné la situation toujours difficile dans ce département des DOM-TOM. Cet ancien dominion britannique qui est la dernière grande colonie occidentale avec la Nouvelle-Zélande est tout comme le Canada un territoire massivement sous-peuplé et immense. La méthode de colonisation anglaise sur ces terres est tristement connue puisque l'Australie était littéralement une colonie pénitentiaire, la Grande-Bretagne se débarrassant des criminelles en les envoyant dans ses colonies. C'est ce qui explique d'ailleurs la très faible proportion de femmes dans les premiers temps de la colonisation sur ce territoire. Si au départ les Anglais pensaient le territoire non peuplé, ils se sont vite rendu compte de leur erreur. Il y eut de nombreux conflits avec les aborigènes qui n'étaient pas vraiment accueillants à la manière de leur cousin de Papouasie voisine.

 

Ces peuples étaient, malheureusement pour eux, bien trop en retard pour opposer une réelle résistance aux Anglais. Comme l'a souligné Emmanuel Todd dans ses travaux l'étrangeté de l'Australie est que les peuplades locales semblent avoir adopté les systèmes familiaux communautaires fermés des Papous précocement, ce qui les a enfermés dans un retard technique effroyable. En effet, les aborigènes n'avaient même pas l'arc lorsque les Anglais sont arrivés. Or ces populations ne vivaient pas totalement en autarcie, elles auraient donc dû importer ces techniques de leurs voisins, il n'en a rien été. Mais passons, ce n'est pas le but de ce texte, qui s'intéresse à l'Australie actuelle et à son économie. Nous pourrions quand même commencer par nous moquer un petit peu des dirigeants australiens qui se sont fait visiblement avoir par leur grand frère américain dans l'affaire de l'Aukus et des sous-marins. Souvenez-vous, il y a de cela trois ans l'Australie surpris la France et ses industriels en annulant la commande de sous-marins français pour lui préférer des sous-marins à propulsion nucléaire. Ce qui a bien évidemment titillé les oreilles de pékin puisque d'un seul coup ces sous-marins sont passés du statut de matériel de défense à celui de matériel d'agression potentiel puisque leur rayon d'action était plus élevé. Rappelons qu'en Asie les USA et la Chine sont en plein rivalité, les USA ne cessant de perdre du terrain.

 

L'annulation de la commande de sous-marins français fut l'occasion pour l'Australie d'annoncer la création de l'Aukus qui est un accord de défense anglo-saxon rassemblant les USA l'Australie et la Grande-Bretagne. Cela s'inscrit dans la montée des tensions entre les deux superpuissances. Mais les fameux sous-marins américains semblent de plus en plus lointains pour les Australiens qui commencent visiblement à regretter leur choix. On a appris dernièrement que l'Australie pourrait même quitter l'Aukus, ce qui à mon humble avis ne serait pas une mauvaise idée pour comme nous allons vite le comprendre par les données économiques.

 

La situation économique australienne

 

 

Commençons quand même avant l'économie par la démographie. Si l'Australie est un pays gigantesque de 7,7 millions de km², c'est tout comme le Canada, un nain démographique avec seulement 27 millions d'habitants. On pourrait relativiser ici en disant que le pays est très aride sur une grande partie de ses terres, mais même en prenant ce facteur en considération, il est assez clair que l'Australie est un pays sous-peuplé. Et ce sous-peuplement ne risque pas de s'améliorer puisque l'Australie a fait, comme tout le monde en occident, sa transition démographique et la natalité australienne est malheureusement comparable à celle des autres descendants anglais avec seulement 1,6 enfant par femme. Comme on peut le voir ci-dessous, le pays passe en dessous du seuil de renouvellement au milieu des années 70. Le pays a jusqu'à présent compensé ce phénomène par l'immigration de masse, mais la nature de l'immigration change avec les transformations démographiques et celle-ci est de moins en moins européenne ce qui n'est pas sans poser de problèmes à ce pays.

 

 

On constate cependant que l'Australie n'a pas fait le même choix que le Canada en lâchant la bride à l'immigration depuis une décennie. Si après la crise Covid il y a eu un pic d'immigration, celle-ci est revenue au taux habituel juste après. Et l'Australie reste un pays extrêmement sélectif sur son immigration . Cette sélection était déjà élevée, mais il semble que le pays veuille encore plus restreindre cette immigration dans les années qui viennent. Même la gauche australienne semblant être hostile à l'immigration de masse. Quoiqu'il en soit, il est tout à fait normal que l'Australie attire des immigrés comme nous allons le voir. C'est un pays très riche, qui bénéficie non seulement d'un climat sympathique, mais aussi du fait d'être une espèce d'Arabie Saoudite des matières premières de l’Océanie. En effet, l'Australie jouit d'un niveau de vie qui a maintenant rattrapé l'Allemagne et qui connaît une croissance économique forte. La croissance australienne est en effet plus forte que celle des autres pays occidentaux en moyenne. En 2023, elle fut par exemple de 3% sur l'année, nettement plus que celle de la zone euro par exemple après une année 2022 à 4,3%.

 

 

Cette anomalie de dynamisme par rapport aux autres pays d'occident s'explique simplement par la géographie. Si l'Australie est un pays occidental sur le plan historique, démographique et culturel, il ne l'est pas du tout sur le plan géographique et de moins en moins sur le plan économique. En tant que pourvoyeur de ressources naturelles, l'Australie voit donc sa croissance tirée par le dynamisme des pays d'Asie. Pour vous donner un ordre de grandeur, l'Australie exporte trois fois plus en Corée du Sud qu'aux USA, et trois fois plus en Chine qu'en Corée du Sud. Pour les importations, c'est un peu différent puisque là les USA ont un rôle plus important, mais ils ne sont que le second partenaire de l'Australie loin derrière la Chine, et le Japon plus à la Corée du Sud dépasse les USA sur ce plan. On le voit donc d'un point de vue économique l'Australie n'est plus un pays occidental. C'est d'ailleurs d'autant plus vrai que la Chine est devenue essentielle au commerce australien. L'Australie étant l'un des rares pays au monde à avoir un excédent important avec la Chine. Évidemment il s'agit d'un excédent grâce aux matières premières.

 

Nature et destination des exportations Australiennes
Les importations australiennes

C'est le second point important dont il faut parler. Ce pays a un peu repris la spécialisation qu'il avait sous l'Empire britannique. À l'époque l'Australie était surtout un fournisseur agricole en plus des matières premières. Aujourd'hui si l’agriculture pèse encore c'est surtout le secteur minier qui a explosé, au point qu'aujourd'hui l'industrie minière représente plus de 70% des exportations. Cela n'était pas le cas en l'an 2000. Il y a seulement 24 ans, la production manufacturière australienne représentait 25% des exportations, contre seulement 8% aujourd'hui. On voit ici les effets du libre-échange et de la spécialisation économique produit par ce choix macroéconomique. L'industrie chinoise et asiatique a décimé l'industrie manufacturière australienne conduisant ce pays à devenir un simple exportateur de matière première. On pourrait dire que ce n'est pas grave puisque le pays s'en sort bien économiquement, mais c'est négliger gravement les problèmes géopolitiques que cela implique. Il faut vite relativiser tout de même puisque l'on constate une remontée de l'industrie australienne depuis 2015. L'industrie représentait 30% du PIB en 1990, elle est tombée à seulement 22% vers 2015 pour ensuite remonter à 27% en 2023 ce qui est un taux largement supérieur à celui de la plupart des pays européens par exemple. Reste à savoir ce qui est comptabilisé dans l'industrie. Une grosse part doit concerner l'industrie extractive.

 

Composition des exportations australiennes

 

Quoiqu'il en soit en regardant rapidement ces statistiques, on comprend vite le problème australien. C'est un pays de culture occidentale au sens large, ayant une histoire attachée à celle de l'Europe, mais qui ne commerce presque plus avec le reste de l'occident qui est devenu largement minoritaire dans son commerce extérieur. Ce dilemme se traduit par des politiques étrangères assez chaotiques où la proximité d'attachement avec les USA et la Grande-Bretagne conduit le pays à entrer en conflit plus ou moins ouvert avec ses principaux partenaires commerciaux. Un conflit avec la Chine au-delà du caractère très dangereux sur le plan militaire ruinerait instantanément le pays pour des raisons évidentes. En un sens et toute proportion gardée, la situation actuelle de l'Australie fait un peu penser à l'Allemagne et à son rapport avec la Russie. Cette dernière était son principal pourvoyeur de matière première et d'énergie, mais les liens avec les USA l'ont obligé à entrer en conflit avec cette dernière ruinant l'économie allemande. Il est à craindre que l'Australie ne suive le même chemin avec la Chine cette fois. Cependant, le fait que ce pays semble vouloir finalement rompre avec l'Aukus semble indiquer que les dirigeants australiens prennent peut-être conscience que leurs intérêts ne sont pas vraiment dans le suivisme vis-à-vis de Washington. Je dirais même plus que l'Australie, étant donnée la structure de son économie, aurait tout intérêt à rejoindre les BRICS. Après est-ce que l'intérêt de l'Australie à long terme est vraiment de rester un simple fournisseur de matière première pour la Chine et l'Inde, c'est à eux de voir.

 

 

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24 octobre 2024 4 24 /10 /octobre /2024 15:30

 

Aujourd'hui, nous sortons un petit peu de notre vieille et mourante Europe pour nous intéresser un peu aux autres vassaux de l'Empire américain en voie de déclin accéléré. On essaiera de faire le bilan dans les anciens membres des dominions britanniques devenus des vassaux plus ou moins assumés de l'Empire américain à l'exception de l'Inde bien évidemment. On commencera donc aujourd'hui par le Canada, un pays qui est cher au cœur des Français puisque comme le disait Yves Duteil dans sa célèbre chanson, au Canada il y a une bulle de France au nord d'un continent. Il était donc normal de commencer notre tour en passant chez nos cousins canadiens pour voir comme se comporte l'économie et la société canadienne et ces temps de crise et de changement de rapports de force internationaux.

 

Je dois dire que leur curieux premier ministre n'a rien à envier à notre pathétique président. On sent clairement le produit industriel made in USA pour diriger les états vassaux. Mais nous ne parlerons pas trop de Justin Trudeau de ses frasques ou des légendes urbaines qui tournent autour de lui comme celle de sa ressemblance physique étrange avec Fidel Castro. Tout ceci n'a guère d'importance. Le Canada est un immense pays encore plus sous-peuplé que son voisin du sud avec une population de 40 millions d'habitants sur une superficie de près de 10 millions de km². Un titan géographique, mais un nain démographique. C'est important d'insister sur ce point, car ce genre de contrainte n'est pas sans effet général sur l'économie d'un pays. En effet, la faible densité de population entraîne souvent des coûts pour les infrastructures plus importants. Dans le cadre de l'économie globaliser cela tend également à transformer ce genre de pays en simples fournisseurs de ressources comme à l'époque coloniale. Comme nous le verrons dans le cas de l'Australie où c'est encore plus voyant, le Canada est très dépendant de ses exportations de ressources naturelles. Et c'est assez logique étant donné les avantages et les inconvénients naturels de ce pays.

 

 

Mais le Canada est tout de même moins extrême que des pays comme l'Australie ou l'Arabie saoudite. Les exportations de pétrole et de gaz ne représentaient ainsi « que » 26% du PIB en 2015 et 16% pour les produits agricoles. Les produits manufacturés représentaient un peu plus de la moitié des exportations, soit 51%. Bref si le Canada comme tous les pays sous-peuplés avec d'immenses ressources naturelles est très dépendant de ses exportations de matière première, il l'est nettement moins que les autres pays du genre. Si l'on regarde la balance commerciale du Canada, on s’aperçoit assez vite que contrairement au voisin géant du sud elle se maintient en équilibre relatif. On remarquera tout de même un changement majeur depuis la crise des subprimes vers 2008. En effet jusqu'à cette date, le Canada connaissait un excédent commercial important, et ce depuis les années 90. Or le Canada depuis semble devenu de moins en moins capable de revenir à cet excédent. La réponse probable est que la demande intérieure a crû plus fortement que les exportations et cela sans doute en raison de la politique migratoire qui a été mise en place depuis, mais nous y reviendrons par la suite.

 

 

Il faut bien se rendre compte par contre que si le Canada semble aller bien commercialement parlant cet équilibre cache une autre réalité. Comme dans le cas de nombreux pays, le Canada a un énorme déficit commercial avec la Chine même s'il s'est un peu réduit cette année. Les Chinois exportent au Canada environ trois fois ce que les Canadiens exportent en Chine. Mais cet énorme déficit est compensé par les très gros déficits que le Canada produit avec les USA. Ainsi si l'on se fit aux statistiques, le Canada a exporté aux USA en 2023 pour 595 Md$, et importé de ce même pays pour 374Md$ soit un excédent de 221Md$. Le déficit avec la Chine a représenté lui 60Md$, cela fait plus que compenser. C'est que le Canada n'a pas des déficits uniquement avec la Chine avec d'autres régions du monde, en particulier l'UE et la zone euro. En 2023 c'était 35Md$. En fait, le Canada a des déficits commerciaux avec l'ensemble du monde, mais compense ce déficit par ses excédents avec les USA ce qui met ce pays dans une situation de très grande dépendance avec son voisin du Sud. On pourrait même se demander si finalement le Canada n'est pas devenu une extension économique des USA. Un 51e état en quelque sorte.

 

 

On imagine également la situation désastreuse qui pourra advenir pour le Canada si les USA se retrouvaient en grande difficulté économique avec la remise en cause de leur statut monétaire et du dollar. Si les USA devaient d'un seul coup rééquilibrer leurs échanges, le Canada entièrement dépendant de leurs excédents avec ce pays se retrouverait devant un mur économique difficilement surmontable à court terme. Le Canada a peut-être un peu trop mis tous ses œufs dans le même panier.

 

Le délire migratoire de Trudeau

 

 

Penchons-nous maintenant sur le cœur de l'actualité canadienne à savoir l'immigration. Vous ne le saviez peut-être pas, mais le Canada sous monsieur Trudeau est devenu un géant mondial de l'immigration. C'est en réalité une grande nouveauté pour ce pays qui a en réalité historiquement surtout grossi grâce à sa fécondité locale. Le plus brillant exemple fut le dynamisme démographique des Québécois dont la plupart sont les descendants directs des Canadiens français installés là au 18e siècle en effet de 1710 à nos jours les Québécois ont connu une explosion de population par une multiplication de 80, rien que ça. Il n'y a pas d'exemple historique d'augmentation de la population par la natalité plus rapide. C'est cette vitalité démographique qui a permis en réalité au français de subsister au milieu d'un pays et d'un continent anglophone largement dominant. Sans cette dynamique démographique, les Québécois auraient eu le même destin que les Cajuns aux USA. Il n'est d'ailleurs pas exclu que ce soit finalement leur destin à terme étant donné la situation démographique actuelle qui ne leur est plus du tout favorable.

 

En effet au Canada comme ailleurs, la natalité s'est effondrée. Mais contrairement aux USA le Canada n'a pas camouflé l'effondrement de sa natalité par l'immigration mexicaine dans les années 80-90. Le Canada n'est devenu un pays massivement ouvert à l'immigration qu'à partir des années 2010, surtout depuis 2015. Si la tendance était à une augmentation progressive de l'immigration pour compenser le déclin de la population locale depuis l'an 2000, on voit bien une explosion de l'immigration à partir de 2015 c'est-à-dire depuis l'arrivée de monsieur Trudeau. On passe d'une immigration nette de 200000 personnes par an environ à 400000, un doublement alors que dans le même temps les effets de l'effondrement de la natalité dans les années 70 se font sérieusement sentir augmentant la pression démographique des nouveaux arrivants. C'est d'autant plus marquant que la nature de l'immigration a évidemment changé, elle n'est pratiquement plus d'origine européenne maintenant. L'affaire récente opposant le gouvernement canadien au gouvernement indien qui a fait assassiner un opposant sur le sol du Canada soulignant ce changement démographique extrêmement rapide.

 

On peut donc déjà dire sans se tromper que la croissance démographique canadienne est entièrement due à l'immigration, un peu comme en Allemagne. Alors faut-il y voir une immense chance pour le Canada comme on l'entend si souvent sur les plateaux de télévision parlant d'immigration ? Pas vraiment en fait. Les statistiques économiques sont assez mauvaises et la croissance économique assez faible. L'immigration n'a pas créé de croissance au Canada à tel point que le PIB par habitant fait du surplace depuis 2010. Comme aurait pu le dire Emmanuel Todd, c'est une croissance quantitative plutôt que qualitative. Cela explique d'ailleurs la dégradation de la balance commerciale canadienne qui est passée dans les années 2000 d'une économie mécaniquement excédentaire à une économie qui peine à équilibrer ses comptes extérieurs. Et nous ne parlerons pas de la dégradation de la qualité de vie des Canadiens ou des risques que cette immigration fait courir à ce pays à long terme. L'islamisme commence à poser les mêmes problèmes que chez nous.

 

 

Mais il y a un autre problème produit par cette augmentation artificielle de la population, c'est la crise du logement. Le nombre de logements vides est à un niveau historiquement bas et les prix atteignent des records. Il est à noter d'ailleurs que le silence radio dans nos médias sur le lien entre l'immigration et la crise du logement en dit long sur les orientations idéologiques sur ces sujets. Il est pourtant évident qu'il y a un lien direct entre les deux. Si l'évolution démographique n'était pas manipulée par l'immigration, la crise du logement ne serait pas une crise de prix et d'insuffisance du nombre de logements, mais au contraire une baisse des prix produite par une diminution de la demande faute de Canadien né en nombre suffisant depuis 40 ans. On peut d'ailleurs se demander si ce gonflement artificiel de la demande de logement par l'immigration ne participe pas quelque part à l'effondrement de la natalité locale. Car plus le logement est cher et moins les familles auront les moyens de faire et d'élever des enfants. Quoiqu'il en soit, vous voyez que l'herbe n'est pas plus verte au Canada. La crise qui frappe l'occident qui connaît la gueule de bois du néolibéralisme touche tout le monde de façon plus ou moins forte, le Canada ne fait malheureusement pas exception.

 

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21 octobre 2024 1 21 /10 /octobre /2024 15:34

 

 

Étrange élection sur l'entrée dans l'UE, hier en Moldavie, qui a connu une étonnante évolution puisque tout le long du dépouillement le non à semblait nettement l'emporter pour que finalement le « oui » l'emporte de façon très serrée à la dernière minute. On ne va pas conjecturer ici pour savoir s'il y a eu triche ou pas. Il est vrai que la confiance dans les systèmes électoraux semble s'étioler surtout dans les pays sous influence euroaméricaine . Il faut dire qu'entre les peuples qu'on fait revoter jusqu'à ce qu'ils acceptent, ceux comme la France où on ne leur demande même plus leur avis, la démocratie en occident ressemble de plus en plus à une vaste blague. Et n'oublions pas les changements de partis qui ne changent strictement rien une fois au pouvoir. Bref, il y a de nombreuses raisons qui pourraient nous faire douter de la fiabilité du vote en Moldavie, mais en définitive est-ce vraiment important pour nous? Pour la Moldavie certainement, mais pour nous c'est discutable.

 

De toute façon, nous allons considérer ce vote comme valide et discuter du point important. Voilà encore un pays de plus dans la longue liste de la machinerie bruxelloise. La première question que l'on pourrait se poser, c'est que trouvent ces pays à vouloir participer à des projets qui ont pourtant manifestement échoué sur tout ? Une question qu'on peut effectivement légitimement se poser. Car il n'est de secret pour personne maintenant que l'UE est l'homme malade de l'économie mondiale depuis plus de 20 ans. Faiblesse des investissements productifs, absence d'ambition technologique, obsession pour les excédents commerciaux au point de conduire le continent à la dépression économique de façon systématique. L'UE ne brille guère par ses réussites et nous en avons longuement parlé. Pourtant il y a encore des pays qui veulent adhérer à ce truc, pourquoi ? En réalité, le nombre de pays voulant adhérer à l'UE est aujourd'hui plus restreint qu'autrefois. On peut dire que la Turquie par exemple a abandonné le projet même si ce n'est pas officiel. La première motivation est à recherche plutôt non pas dans la question de la construction européenne, elle même, mais dans le rapport avec l'OTAN. En effet si tous les membres de l'OTAN ne sont pas membre de l'UE l'inverse est par contre vrai. Vous ne pouvez pas être dans l'UE sans être membre de l'OTAN. Quelque part il y a clairement chez les pays qui ont cherché à rentrer dans l'UE une stratégie visant à s'abriter sous le parapluie de plus en plus fantasmagorique de l'OTAN. C'est probablement la première motivation.

 

D'ailleurs, les pays de l'Est qui faisaient jadis partie du pacte de Varsovie étaient très ouvertement surtout intéressés par l'entrée dans l'OTAN pour se protéger de la Russie. Même si cette stratégie n'était à mon sens pas forcément la mieux avisée à long terme, du moins à mon humble avis. L'UE était en quelque sorte la cerise sur le gâteau, le truc en plus du passage sous l'autorité de l'Empire américain. Rentrez dans l'OTAN, en plus vous pourrez être dans l'UE et ces idiots de français, d'Allemands et d'Italiens paieront pour délocaliser leurs usines chez vous. Cette stratégie a très bien marché avec l'Europe de l'Est et la Pologne en particulier. Il n'est dès lors pas très surprenant que les Moldaves tentent leur chance, les Géorgiens ayant pour l'instant abandonné l'idée après la mise en place de lois contre les ingérences étrangères. Lois condamnées par l'UE alors même que les USA et l'UE ont multiplié ce type de règlement contre les ingérences russes ou chinoises. Mais on est habitué aux deux poids, deux mesures, avec les puissances occidentales maintenant. Il y a donc derrière le choix de l'UE une logique qui n'est pas avant tout économique, mais géostratégique. L'économie arrivant derrière ces considérations. Du reste même si l'UE va extrêmement mal économiquement elle reste pourvoyeuse d'aide et de délocalisation potentielle pour des pays qui sont extrêmement pauvres à l'image de la pauvre Moldavie où le SMIC doit être aux environs de 250 euros.

 

Une fuite en avant suicidaire

 

De l'autre côté quel est l’intérêt de l'UE à cet élargissement permanent ? C'est une vraie question que l'on peut se poser même depuis les débuts de la construction européenne. Car en réalité il y a eu dès le départ un énorme problème conceptuel dans la nature même de cette construction. D'un côté il y avait les gens qui étaient favorables à un état européen. Ceux qui voulaient faire les États-Unis d'Europe en quelque sorte. C'était la voie de Robert Schuman d'une certaine façon. Mais il y avait aussi ceux pour qui l'Europe était avant tout une machine pour assurer la domination des USA et du capital face au communisme. Là on serait plutôt du côté de Jean Monnet. Il y avait bien évidemment un troisième courant, le grand perdant de l'histoire, celui de la souveraineté des nations européennes voulant que l'Europe ne soit qu'une organisation interétatique où chaque nation aurait gardé l'essentielle de sa souveraineté. C'était en quelque sorte le projet gaulliste, mais qui a vite été évacué par les agents américains, car trop dangereux pour leurs intérêts.

 

On voit bien que si le projet d'une Europe fédérale avait un sens dans la CEE des six premiers membres, l'élargissement de la construction européenne ne pouvait conduire le projet qu'à l'échec. On peut dire sans trop se tromper que le premier élargissement qui fit entrer la Grande-Bretagne dans la CEE fut le début de la fin pour les fédéralistes européens, même si certains font encore semblant de croire, y compris dans le camp souverainiste, qu'une Europe fédérale va advenir. La réalité c'est que plus l'Europe est élargie, moins elle est un espace économique, et politique cohérent, et moins elle fonctionne correctement. L'élargissement à l'Europe de l'Est et l'euro qui furent presque simultanés résument à eux seuls les incohérences du projet européen. D'un côté on s'élargit pour accueillir plus de membres sous la pression en réalité des USA ce qui réduit l'UE à un simple marché, et de l'autre on crée une monnaie unique qui normalement est la touche finale à la construction d'un État-nation. Il ne faut pas s'étonner ensuite des désastres macro-économiques que produisent ce genre d’incohérences. Créez un marché unique avec des niveaux de vie extrêmement disparates, sans redistribution à l'échelle du marché, le tout avec une monnaie unique et des normes sociales qui changent suivant les pays ne pouvait que produire un grand marasme économique.

 

L'élargissement de l'UE à l'Est a été finalement l'enterrement définitif de l'Europe de Schuman, celle qui voulait être les États-Unis d'Europe. Les deux voies alternatives, celles de l'Europe des peuples et celles de l’Europe fédérale ne restent donc plus que le projet américain, celui d'une Europe grand marché soumis à l'ingérence américaine. En un sens, l'adhésion de la Moldavie à ce grand marché n'est donc guère étonnante puisque les Moldaves pensent visiblement qu'il vaut mieux être sous le parapluie américain. Ils n'ont pas adhéré à l'Europe, mais à l'Amérique. Le vrai problème c'est plutôt les européistes qui continuent à croire que l'UE est autre chose qu'une structure de vassalisation du continent européen aux intérêts US.

 

L'étrange passion moderne pour les gros blocs

 

L'autre grande question que l'on pourrait se poser avec cet élargissement ne concerne pas seulement la question de l'élargissement, mais plus généralement le besoin de structure supra-étatique. Les pays semblent se passionner pour les organisations internationales et pas seulement les Occidentaux. Le sud global comme certains l'appellent ne se lance-t-il pas finalement dans les mêmes délires avec l'organisation des BRICS ? Pourtant, est-ce que ces organisations sont réellement utiles ? L'OMC a-t-elle jamais servi à quelque chose ? On pourrait poser la même question sur l'ONU, l'UE, le Mercosur et compagnie. Si l'on regarde de façon objective le monde, on voit bien que ce sont toujours les rapports de force qui structure le monde, même si les puissants jouent parfois les bons samaritains en apparence. Quand à la prospérité, bon nombre de petits pays font mieux de très grosses organisations. La Norvège, l'Islande ou la Suisse ne sont-elles pas globalement en meilleure santé économique que les membres de l'UE et de l'euro ? Pourtant il s'agit de pays biens plus petits que la France, ou l'Allemagne, et ne parlons pas de Singapour ou de la Corée du Sud.

 

On voit bien que du point de vue économique, l'argument du plus on est gros, mieux c'est, ne tient pas la route deux minutes. Alors, comment expliquer ces choix étranges d'autodissolution? Dans le cas français, on pourrait à juste titre penser que cette obsession pour la grande taille vient du déclin historique et démographique de ce pays qui fut effectivement une grande puissance pendant longtemps du fait de son poids démographique, mais que le déclin de cette dernière a entraîné le déclassement. Les élites françaises chercheraient en quelque sorte à reconstruire artificiellement cette grandeur passée par des projets internationaux plus ou moins farfelus, et même dangereux pour le pays comme l'UE et l'euro. Pour les pays européens, l'unification dans un grand ensemble ne vise pas la prospérité, mais la volonté de continuer à jouer les gros bras en compensant leur effondrement démographique par l'élargissement de la construction européenne. Malheureusement, le projet a eu l'effet inverse à l'effet recherché puisqu'il a plongé l’Europe dans un déclin accéléré. Ce serait le premier type de motivation.

 

Mais pour les grandes puissances comme les USA, l'Inde ou la Chine, l'argument ne tient pas. Il s'agirait plutôt dans leur cas d’asseoir leur domination sans faire trop apparaître cette domination. Après tout pour les USA officiellement l'OTAN est une alliance, et non une vassalisation aux USA. En pratique c'est évidemment une soumission aux intérêts US automatique. Mais on pourrait se demander si finalement les BRICS ne sont pas une autre sorte de mécanisme de soumission à terme. Alors les protagonistes s'en défendront très certainement, mais le simple poids de la Chine fera à terme tourner le système autour de ce pays, et je suis certain que les Chinois en ont parfaitement conscience. Donc à mon sens, la seconde pulsion qui favorise ces instruments internationaux, qui peuvent parfois apparaître comme de bonnes idées, émane de cette volonté des grandes puissances d'user de leur pouvoir sans en faire un étalage trop voyant. Ce fut le cas du FMI et de l'OMC pour les USA, je ne vois pas pourquoi il n'en irait pas de même à terme avec les BRICS. Ces instruments, il faut le rappeler, étaient aussi pensés comme internationaux au départ.

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17 octobre 2024 4 17 /10 /octobre /2024 15:21

 

 

Nos médias semblent parler extrêmement peu de la réunion très importante qui aura lieu dans une semaine à Kazan en Russie. Elle réunit pourtant l'essentielle de la planète à l’exception de l'Empire américain et de ses vassaux. L’économiste, probablement bien connu de mes lecteurs, Jacques Sapir, vient de résumer les enjeux de cette réunion dans une courte entrevue à Sud radio. Il s'agit de l'enjeu crucial de la question de la monnaie internationale et il semblerait d'après certaines sources que Vladimir Poutine s’apprêterait à annoncer la création d'une monnaie internationale en remplacement du dollar américain. Une monnaie de remplacement au dollar américain qui a donné tant de pouvoir à la puissance US surtout depuis le décrochage du dollar de l'or à partir de 1971 sous Richard Nixon. À partir de cette date, les USA peuvent acheter le monde avec des dollars qu'il ne tient qu'à eux d'émettre, et ils ne vont pas se gêner pour s'en servir de manière abusive.

 

Rappelons cependant brièvement l'histoire économique héritée de la fin de la guerre de 39-45. C'est en 1944 que la célèbre réunion de Bretton-Woods va édicter la structure de l'économie mondiale telle qu'elle s'est dessinée après guerre. Ce fut une réunion entre représentants britannique, et américain, sur fond d'une victoire militaire sur l'Allemagne qui était pour ainsi dire déjà inéluctable. Le représentant anglais n'était autre que John Maynard Keynes qui fut longtemps haut fonctionnaire du trésor britannique. De l'autre côté, il y avait Harry Dexter White le représentant américain. Évidemment le dialogue était fortement déséquilibré puisque la Grande-Bretagne n'était plus la puissance dominante et que les USA étaient devenus surtout avec la guerre la grande puissance industrielle de la planète. Rappelons que les USA fabriquaient à l'époque plus de la moitié de l'acier mondial par exemple. Pour reconstruire le système économique d'après-guerre, les deux protagonistes sont arrivés avec deux projets assez différents dans le fond et la question qu'ils avaient alors abordée ressurgit aujourd'hui avec la montée des BRICS et de cette fameuse monnaie internationale.

 

Le représentant américain voulait simplement imposer le dollar comme monnaie d'échange international remplaçant ainsi la livre sterling comme monnaie internationale. Il s'agissait de garantir également le dollar sur l'or, tout comme l'était la livre sterling autrefois avant les deux grandes guerres qui ont secoué le monde et l'Europe. Ce faisant, cela obligerait les pays voulant acheter n'importe quoi sur le marché mondial de détenir des dollars pour pouvoir le faire, mettant ainsi la banque centrale américaine et le dollar au cœur du pouvoir économique mondial. La garantie pour les pays membres de ce système était la possibilité à tout instant de pouvoir changer leur dollar en or s'ils le souhaitaient. Le plan de Keynes était différent. Ce dernier avait vu pendant la crise des années 30 qui avait durement touché la Grande-Bretagne que la gestion d'une monnaie nationale qui était aussi une monnaie internationale était une véritable quadrature du cercle. En effet, les intérêts nationaux étant souvent contraires aux intérêts de la politique monétaire internationale.Par exemple si votre pays connaît des difficultés sur le commerce extérieur et qu'il vous faut dévaluer c'est très difficile à faire si votre monnaie est aussi une monnaie de réserve internationale. Vous vous attirez les foudres des autres puissances en quelque sorte.

 

Keynes a alors l'absolue certitude qu'aucune nation en particulier ne devrait avoir le droit monétaire internationale. Il proposera alors le projet du Bancor. Celui d'une monnaie internationale basée non pas sur un métal, ce qui pose d'autres problèmes, ou une monnaie de grande puissance, mais sur un panier de devises dont le poids serait au prorata du poids économique de chacun des pays membres. L'avantage est évident, cela crée un système égalitaire et neutre. Un système qui peut aussi s'adapter aux changements souvent rapides des rapports de force économiques. Il suffit pour cela de changer le poids des pays dans la devise en question en fonction des évolutions économiques. Mais si la supériorité de la solution keynésienne était évidente, il était aussi assez évident que le plan américain serait imposé à cause du rapport de force entre les deux parties d'alors. Pourtant à long terme si la solution keynésienne n'aurait pas fait des USA l'hyperpuissance qu'elle a été, elle lui aurait aussi probablement évité bien des déconvenues et la désindustrialisation massive qui l'a frappé à cause justement du privilège du dollar.

 

Vers une restructuration de l'économie mondiale

 

Nous sommes 80 ans après le traité de Bretton-Woods et on est bien obligé de constater qu'effectivement c'était bien Keynes qui avait raison. Le calcul à court terme pour les USA qui ont eu le bénéfice de ce rôle monétaire stratégique surtout à partir des années 70 s'est en réalité retourné contre eux. Dans les années 60, c'est le général De Gaule qui avait prévenu les Américains des dangers qu'ils courraient à garder un système monétaire aussi bancal à long terme. C'était dans sa fameuse conférence sur le dollar et l'or de 1965. Malheureusement à l'époque le général était conseillé par le néolibéral Jacques Rueff qui l'a induit en erreur en lui conseillant un retour à l'or comme étalon international ce qui n'avait aucune chance d'advenir. Il rapatria l'or français contre ses dollars ce qui peut-être sera à l'origine de la rupture de 1971 où les USA décideront alors de rendre le dollar inconvertible, leur assurant ainsi une émission monétaire théoriquement infinie.

 

Rappelons qu'en théorie la valeur des monnaies est associée à l’équilibre de la balance des paiements. Cet équilibre est lié à la capacité d'une nation à pourvoir à ses propres besoins ou du moins à être capable d'échanger à l'échelle internationale des biens, des services et des capitaux à la hauteur de ses importations. Lorsqu’une nation a des déficits, la valeur de sa monnaie décroît parce qu'elle est moins demandée. À l'inverse une monnaie se réévalue lorsqu'un pays accumule des excédents. En règle générale, ce système régule le commerce puisque les dévaluations rendent plus compétitifs et les réévaluations moins compétitifs. Mais cela c'est la théorie, en pratique il y avait aussi des quotas et des droits de douane pour réguler le commerce, mais tout change dans les années 70 sous la pression des USA engluée dans un début de déclin industriel face aux Européens et aux Japonais à l'époque. La dérégulation financière et commerciale à partie des années 70 va considérablement dérégler les systèmes économiques nationaux et l'on va voir apparaître des déséquilibres massifs qui n'existaient pas lorsque la monnaie internationale était encore accolée à l'or. Les USA en particulier vont se mettre à accumuler de façon croissante des déséquilibres extérieurs sans que cela n'ait apparemment d'effet sur la valeur du dollar.

 

Le déficit commercial américain a longtemps été présenté comme un signe de dynamisme, ou de plus grande capacité à consommer, sans que les économistes se questionnent sur sa possibilité existentielle. En effet, n'importe quel autre pays croulant sous les déficits connaît généralement des ajustements monétaires et parfois très violents, entraînant inflation et changement de structure économique interne. Les USA non. Ils sont en déficit depuis les années 60, et leur balance des paiements, elle, est en déficit depuis les années 80. Mais comme nous l'avons vu, le dollar est une monnaie internationale et l'essentiel des dollars circule en dehors des USA, et ce depuis longtemps. C'est cette déconnexion qui permet aux USA de faire des plans de relance sans se soucier vraiment des déficits extérieurs. Toute proportion gardée, la France fait de même avec l'euro même si nous avons aujourd'hui des conséquences. C'est le reste du monde qui paie en réalité l'inflation américaine et cette situation beaucoup de pays ne l'acceptent plus. D'autant que les USA ont depuis quelques années utilisé l'extraterritorialité de leur droit à travers l'usage du dollar contraignant les entreprises étrangères utilisant des dollars à se soumettre à leur droit. Ce qui est clairement un abus du statut monétaire du dollar.

 

C'est pour ces raisons que nous nous retrouvons aujourd'hui avec cette réaction des BRICS qui cherchent une alternative à l'ordre américain qui a aujourd'hui du plomb dans l'aile. D'une part parce que les USA ne sont plus la puissance industrielle qu'ils ont été. Ce qui réduit leur légitimité à détenir la monnaie internationale, mais aussi parce qu'ils ont largement abusé des avantages que cela leur donnait. Ils ne sont pas les premiers à chercher une solution. Les Européens l'avaient fait avant eux dès les années 70. Le SME (système monétaire européen) était une tentative pour sortir de l'imposition du dollar. Malheureusement, cette stratégie a été dévoyée par la suite sous l'influence des européistes dogmatiques, particulièrement français, qui ont voulu faire de la CEE une nation au lieu d'en faire un lieu de coopération interétatique. Le résultat fut l'euro, une erreur stratégique monumentale dont nous payons lourdement le prix aujourd'hui, en particulier en France. Les BRICS ne veulent pas faire la même erreur et il ne s'agit pas pour eux de faire une monnaie unique internationale, mais une monnaie commune. C'est-à-dire ce qu'aurait dû être l'euro si des idéologues n'avaient pas voulu utiliser une monnaie pour fabriquer une nation artificielle. Il s'agit d'un retour à l'idée de Bancor de Keynes, un panier monétaire de plusieurs nations au prorata du poids de chacune des nations. Rien ne dire pour l'instant si l'initiative sera couronnée de succès, mais cela semble aller dans le sens de l'intérêt de la planète, les USA ayant largement failli comme tuteur de l'économie mondiale. Reste à savoir si les Européens auront la sagesse d'abandonner leur atlantisme pour profiter de cette évolution à fin de retrouver leur indépendance.

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14 octobre 2024 1 14 /10 /octobre /2024 15:32

 

L'affaire Sanofi commence à faire du bruit médiatique avec des réactions plutôt saines pour une fois chez certains députés demandant l'arrêt du rachat par des Américains de l'usine produisant le célèbre Doliprane. Cette affaire n'est en définitive que l'énième conséquence des dérégulations économiques mise en place par nos élites depuis une cinquantaine d'années. L'idée dernière étant que la libre circulation des capitaux et des marchandises ne pourrait que profiter à tous en créant plus de richesse, car la qualité des entreprises augmenterait que la libre concurrence favoriserait les meilleurs à l'échelle mondiale. Ça, c'est ce qui a été vendu aux Français et à une large partie de la population occidentale. On voit d'ailleurs encore sur les plateaux télé les démagogues de cette idéologie apparaître à l'image récemment d'Alain Madelin dont on se demande pourquoi il ne se cache pas au fin fond d'une forêt quand on voit les conséquences dramatiques pour le pays de l'idéologie du monde sans frontières. Au lieu de ça il se permet de donner des conseils pour faire des économies en bradant toujours plus les derniers avoirs de l'état.

 

Quoiqu'il en soit cette affaire, rappelle que le laissez-faire ne conduit pas mécaniquement au mieux-être général ni à un paradis magnifique dans une société peuplée d'homoéconomicus œuvrant par leur égoïsme à l'intérêt général sans le savoir. Dans le monde réel, il n'y a aucune raison pour que la somme des actions individuelles conduise à un quelconque intérêt général, le contraire serait en fait très étonnant. De plus nous ne vivons pas dans un monde homogène où toute la population mondiale serait soumise aux mêmes contraintes, aux mêmes règles ou aux mêmes fonctionnements sociologiques que les nôtres. Ce faisant si la France est effectivement un pays où l'état n'intervient plus dans l'économie sauf pour éponger les conséquences de son laissez-faire, bon nombre d'états sur la planète ne se gênent pas pour contourner les règles libérales et faire des interventions plus ou moins déguisées. C'est d'autant plus vrai que la globalisation est maintenant moribonde, y compris dans le pays qui l'a imposé à savoir les USA. Ces derniers n'ont pas caché leur protectionnisme depuis quelques années. Et ils n'ont jamais hésité à violer leurs propres principes en soutenant leurs entreprises par des subventions plus ou moins déguisées. Ne parlons pas des marchés publics qui sont réservés aux entreprises américaines contrairement à nous.

 

Évidemment dans un monde de laissez-faire et de libre-échange c'est les pays qui continuent à faire du protectionnisme et de l'intervention étatique qui s'imposent. Les entreprises ayant un comportement égoïste par nature ne risquent pas de compenser une absence d'action collective de la part de l'état. La France et l'UE font un peu penser aux derniers des Mohicans du libéralisme triomphant des années 70-80. Le reste du monde a compris que cela ne fonctionnait pas, ou alors qu'il fallait tricher à l'image de la Chine qui n'a jamais obéi à ces dogmes, heureusement pour elle d'ailleurs. Mais l'Europe, elle est restée engoncée dans ce cadre qui organise aujourd'hui son propre déclin à vitesse accélérée. Alors que la Chine, les USA et d'autres grands pays n'hésitent plus à défendre leurs industries et leurs intérêts par diverses mesures plus ou moins ouvertement protectionnistes l'UE s'est rigidifiée dans le laissez-faire. En un sens, l'UE, loin de ressembler à l'URSS ou à l'Empire romain sur sa fin, ressemble plutôt à l'Empire ottoman de la fin du 19e siècle. Pour la petite histoire, l'Empire ottoman était la star des économistes libéraux de l'époque parce que l'Empire était largement libre-échangiste. Alors c'était plus par négligence des choses du commerce que par intérêt pour le libéralisme. Mais cette réalité faisait de l'Empire ottoman la grande puissance la plus libérale de l'époque. Vous savez sans doute ce qu'il est advenu de cet empire. Alors qu'il avait une immense base artisanale de production. Son commerce va rapidement être éradiqué par la concurrence occidentale. Si l'Empire avait pris plus soin de son commerce et taxait les importations, il est tout à fait possible que l'histoire ultérieure du Moyen-Orient fût très différente.

 

Un système n'est gouvernable qu'avec des frontières

 

Notre affaire du Doliprane nous rappelle donc que l'intérêt des entreprises ou des individus peut entrer en contradiction avec l'intérêt général et qu'il est parfois nécessaire pour la puissance publique de défendre cet intérêt général contre les intérêts particuliers. Il est tout de même stupéfiant qu'avec la crise que nous connaissons déjà en matière de pénurie de médicaments, il n'y ait pas eu de réaction publique pour relocaliser les activités de production. Car en dehors des grands discours, la pratique de nos hauts fonctionnaires reste encore celle du laissez-faire dont nous savons qu'il conduit dans les conditions actuelles du commerce international qu'à la destruction des derniers restes de notre souveraineté nationale. Pour les médicaments de première nécessité, dont ne fait pas vraiment partie le Doliprane qui reste une molécule de confort plus que de soin, il serait aujourd'hui urgent d'organiser une production publique puisque le système privé sous l'influence de la finance et des rendements élevés n'arrive pas à fournir le marché français.

 

29 ans d'augmentation des dividendes chez Sanofi. Mais le problème c'est le prix trop bas des médicaments

 

Certains prétendent que cela résulterait des prix trop bas, certes. Mais le problème provient surtout de la financiarisation de notre économie d'un système qui demande des rendements de plus en plus absurdes et déconnectés de l'économie réelle. Il est tout à fait possible de faire des activités rentables de production de médicament en France. Par contre, il est bien difficile de correspondre au niveau de rendement demandé par le système financier actuel, là est le vrai problème. Rappelons que Sanofi a fait exploser ses dividendes pour les actionnaires, elle s'est même parfois endettée pour parvenir à hausser les dividendes, ce qui est une absurdité totale. Et nous rejoignons ici la question de la frontière, de la limite. Une limite aux dividendes versés pour les actionnaires serait peut-être d'intérêt général. En effet, si la frontière commerciale est aujourd'hui d'une importance cruciale pour redresser notre économie et notre industrie, il n'y a pas que ce type de frontière qui soit nécessaire. La limite est ce qui permet de réguler, de contrôler, de rendre compatible des humanités aux intérêts et aux comportements divergeant. Et s'il en est ainsi des rapports entre les peuples, il en va de la même manière des comportements à l'intérieur même des nations. Un exemple tout bête sur la question des activités bancaires. On sait pertinemment que la création de banques universelle est porteuse en soi de graves crises potentielles. Autrefois, les métiers bancaires étaient cloisonnés, avant l'acte unique européen, l'expérience de la crise de 1929 ayant fait comprendre le danger de mélanger les métiers de la banque, en particulier celui des banques de dépôt et des banques commerciale et d'investissement.

 

La frontière entre ces métiers permettrait une réduction massive des risques que peuvent faire courir les banques d'investissement. Si une banque fait de la spéculation avec des gens pour qui c'est le but, il n'y a pas de problème. Par contre lorsque les banques qui gèrent les immenses dépôts des épargnants, dont beaucoup ne veulent pas gagner plus, mais simplement avoir un dépôt qui ne se dévalue pas, là vous avez un problème. La crise que nous avons connu en 2008 est en grande partie le produit de cette création de banques universelles qui mélangent tous les métiers et qui font courir des risques immenses à nos sociétés. Des risques tellement grands qu'elles peuvent mettre le couteau sous la gorge des dirigeants lorsqu'il y a des crises et faire éponger leurs erreurs par le contribuable comme cela s'est passé entre 2008 et 2010. Une bonne partie de notre dette actuelle est imputable à ce phénomène d'ailleurs. Ici aussi la frontière, la structuration de l'espace d'activité par des limites permet une rationalisation des activités et leur régulation. La séparation des marchés et leurs cloisonnements permettraient un meilleur fonctionnement de ces derniers et éviteraient la propagation de crise générale.

 

Dernier exemple de l'intérêt des frontières, le secteur du logement. L'un des problèmes massifs en France et en occident c'est l'utilisation du logement non plus comme un lieu que l'on habite, mais comme source de revenus. Aux USA le problème devient même catastrophique puisque la finance maintenant recycle ses avoirs dans l'achat massif de logement. L'habitation devient maintenant un simple outil de spéculation mettant à la rue des millions de gens. Rappelons que le marché n'a de sens que si les personnes qui agissent sur ce marché ont un besoin et une offre qui correspondent à un échange potentiel. Si je veux acheter du blé, c'est pour produire par exemple de la farine. Dans ce cas là l'offre et le prix correspondent à une réalité tangible et observable. Et l'évolution du prix correspond effectivement à un équilibre entre une offre et une demande. Mais si une personne avec beaucoup d'argent obtenu dans un autre domaine achète du blé pour faire grimper le prix en raréfiant la matière première sur le marché, c'est-à-dire en spéculant, alors on n'est plus sur un mécanisme d'offre et de demande. En gros en permettant à n'importe qui d'acheter n'importe quoi n'importe comment vous cassez de facto la mécanique d'offre et de demande que les libéraux prétendent favoriser.

 

La dérégulation totale ne fait qu'aboutir à des dysfonctionnements massifs des marchés en permettant à la finance, et aux spéculations de déformer la formation des prix à leur profit faisant au passage des dégâts de plus en plus monstrueux dans la société. Dans le cadre du logement une limitation de la possession de logement paraît inéluctable. Que ce soit la limitation de la possession ou la limitation spatiale des usages. Les villes doivent d'abord loger ceux qui y habitent et ceux qui travaillent dans la ville. Une grande partie des absurdités économiques qui nous vivons viennent donc de cette volonté nihiliste de détruire toutes les frontières et tous les mécanismes qui limitaient l'action humaine. Loin d'être un asservissement abominable, la limite, la frontière est au contraire ce qui permet une véritable liberté de chacun et une action politique réellement efficace. Son absence ne fait que soumettre le plus grand nombre à la loi de quelques individus que le système de concentration de richesse produit naturellement.

 

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Hors sujet Emmanuel Todd vient de faire une longue explication de ses théories sur le site d'Olivier Berruyer. L'interview dure deux heures si cela vous intéresse c'est à cette adresse.

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10 octobre 2024 4 10 /10 /octobre /2024 15:32

 

Il semble que beaucoup de personnes se fassent des illusions en ce moment sur un soi-disant modèle italien qui contrairement à la France fonctionnerait, en particulier au niveau de l'industrie. Nous avions déjà parlé de l'économie italienne il y a quelque temps déjà, mais c'est une bonne raison de parler à nouveau de ce pauvre pays, tout aussi victime que nous de la construction européenne, et de l'euro en particulier. Les deux plus grands pays latins semblent effectivement diverger depuis quelques années en particulier sur le plan commercial puisque l'Italie contrairement à la France a maintenant des excédents commerciaux. De là à courir partout sur les plateaux télé pour annoncer la renaissance de l'industrie italienne, il n'y a qu'un pas. Un pas que les plus zélotes défenseurs de la construction européenne, et de l'euro, n'hésitent bien évidement pas à franchir. La preuve, le journal de « référence » du pouvoir, à savoir Lemonde, nous a fait un titre grotesque nous présentant « la revanche économique du sud de l'Europe». Nous présentant la Grèce et l'Espagne comme des pays presque dynamiques avec leur 2% de croissance face à une Allemagne et à une France qui coulent.

 

"La revanche des pays du sud" d'après Le Monde

 

On est ici à la limite de la grossièreté intellectuelle, particulièrement avec la Grèce. Mais les journalistes aiment les titres à sensation, et si des raisonnements à court terme collé avec un ou deux chiffres moins mauvais que d'habitude leur permettent de faire des sensations alors ils le font, même si cela nuit gravement au débat public, particulièrement dans la France de Barnier prête à faire les mêmes catastrophiques erreurs que les Grecques il y a plus d'une dizaine d'années. La réalité est évidemment tout autre comme on l'a déjà vu. La pauvre Grèce n'en finit plus de couler, sachant que le pays connaît de nouveau de graves déficits commerciaux qui vont vite rattraper le pays avec son très maigre redressement qui laisse la nation avec un PIB toujours nettement inférieur à ce qu'il était en 2008. Je ne parlerais pas non plus de l'Espagne, de son chômage toujours massif, et qui a ici bénéficié quand même du fait d'être sorti du marché européen de l'énergie. Ce qui effectivement était une très bonne idée que visiblement Lemonde n'aura pas soulignée comme par hasard.

 

La divergence franco-italienne d'adaptation à l'euro

 

Parlons donc plutôt de nos amis italiens qui effectivement ont un excédent commercial maintenant alors qu'ils sont toujours membres de l'euro. Sur la balance commerciale, la France et l'Italie sont deux pays frères si je puis dire, car l'évolution de leur commerce extérieur a été longtemps similaire. Probablement parce que les deux pays faisaient des politiques similaires. L'Italie encore plus que la France était un pays qui pratiquait régulièrement des dévaluations pour s'adapter à la concurrence allemande. Le côté latin explique peut-être en partie ce besoin de dévaluation monétaire, les négociations collectives n'étant pas aussi fortes qu'en Allemagne. Emmanuel Todd parlerait ici de la différence entre famille souche et famille nucléaire pour expliquer ces divergences collectives. Même s'il faut le dire, le nord et le centre de l'Italie ont des structures familiales complexes. Le nord est proche du monde germanique avec des familles souches, le centre autour de Rome ce sont des familles complexes de type communautaire comme en Russe, le sud par contre est de famille nucléaire. Cette réalité et l'unification monétaire très tardive et brutale expliquent probablement en grande partie les très fortes inégalités de développement entre le sud et le nord. Le sud ayant été tué par l'unification italienne avant même que l'euro ne tue finalement à son tour toute l'Italie pour les mêmes raisons.

 

De fait, l'évolution commerciale de l'Italie et de la France au sein de la zone euro à partir de 1999 fut similaire jusqu'à la crise de 2008-2010. L'euro s'étant traduit par une hausse progressive du déficit commercial lié à l'impossibilité de dévaluer les monnaies nationales face à l'Allemagne. Comme vous le savez déjà, les problèmes en la matière explosent vraiment à partir de la mise en place des lois Hartz en Allemagne sous Gerhard Schroeder entre 2003 et 2005 qui va casser les salaires allemands et ainsi conduire à des excédents commerciaux germaniques. Cette stratégie agressive et non coopérative est contraire à l'idée même de monnaie unique, faut-il le rappeler. Puisque normalement l'euro aurait dû exister grâce à une certaine solidarité européenne, ce qui n'a jamais été le cas. Loin d'avoir favorisé la coopération entre les nations comme le projet était officiellement présenté, la construction européenne et l'euro ont en réalité exacerbé les concurrences entre nations, et la nation la plus avantagée au départ a bien évidemment damné le pion à toutes les autres.

 

 

La France et l'Italie ont donc connu sur la période une forte dégradation de leurs balances commerciales respectives. Mais après la crise de 2008-2010, on constate une divergence entre les deux pays. L'un continue de s'enfoncer dans les déficits commerciaux croissants, c'est la France. L'autre semble avoir un rééquilibrage de la balance. Alors faut-il y voir un miracle italien soudain transformé en Allemands grâce à la sainte vertu de l'euro comme pourrait le croire un européiste compulsif comme monsieur Barnier. Il n'en est rien bien évidemment. Tout d'abord si l'Italie connaît une amélioration de la balance commerciale, ce n'est pas grâce à sa production manufacturière. Celle-ci stagne en effet depuis 20 ans. Or si la production manufacturière stagne, mais que la balance commerciale s'améliore, on ne peut en déduire qu'une chose c'est que la demande intérieure s'est atrophiée. L'économiste Anthony Morlet-Lavidalie vient de mettre en avant un graphique éloquent en la matière, comparant l'évolution de la production manufacturière italienne et française. On constate que la France sur la même période a connu une augmentation de 18% contre seulement 3% pour l'Italie. On ne peut donc pas mettre l'excédent sur le dos d'une dynamique économique et industrielle. Il faut aussi préciser que les chiffres français sont déjà assez lamentables, on parle d'une augmentation inférieure à 1% par an. Merci à l'euro.

 

 

Le déficit français s'explique lui par une hausse de la demande supérieure à la hausse de la production nationale. Un peu à la manière de l'évolution américaine, toute proportion gardée. Les deux pays ayant des monnaies ne correspondant pas à leurs besoins nationaux. Les USA ont une monnaie mondiale qui leur permet d'acheter sans se soucier des déficits. La France a un peu la même chose avec l'euro, ce qui favorise les déficits commerciaux dangereux. La désindustrialisation française est donc surtout en grande partie une insuffisance d'investissement dans l'industrie à proportion des besoins. Cela se traduit par des déséquilibres commerciaux de plus en plus massifs. Si l'on regarde maintenant l'évolution du niveau de vie comparé à l'évolution de la balance commerciale, on constate rapidement ce qu'est le fameux modèle italien. Alors que l'Italie avait un niveau de vie comparable à celui de la France et même supérieur quand la France s'est suicidée avec le franc fort à la fin des années 80 et au début des années 90. Les deux pays qui avaient des évolutions similaires se séparent après la crise de 2008. La France continue sur sa lancée et voit sa balance commerciale toujours se dégrader. L'Italie réagit en cassant la hausse du niveau de vie qui devient nettement inférieur à celui de la France. Moins de salaires distribués signifient une moindre demande, et une baisse de la demande permet d'afficher un redressement comptable de la balance commerciale.

 

Une telle stratégie n'a évidemment de sens que si tous les autres pays ne font pas la même chose en même temps sinon c'est la dépression. L'Italie doit donc en grande partie remercier la France de ne pas l'avoir suivie dans ce suicide collectif. D'un certain point de vue, l'Italie a fait des réformes à la Grecque toute proportion gardée. Cela explique aussi pourquoi cela va si mal pour les jeunes dans ce pays soi-disant dynamique sur le plan industriel. Rappelons pourtant que l'Italie a des problèmes beaucoup plus graves que ses problèmes économiques. Le pays a l'un des taux de natalité les plus bas du monde. Et taper sur les salaires et la demande intérieure ce n'est pas une chose qui risque de la faire revenir à l'équilibre sur ce plan. Alors on constate effectivement que sur le plan comptable, l'Italie peut rester dans la zone euro, mais à quel prix ? Le pays sort de plus de vingt ans de croissance nulle. Est-ce que les Italiens veulent encore connaître vingt ans de panne ? Le tout avec une population qui va fortement diminuer. Car pendant cette période de stagnation le pays avait encore une certaine dynamique démographique maintenant c'est terminé. Combien de générations de français, d'Italiens, d'Espagnols ou de Grecques nos élites vont-elles encore sacrifier pour leur dogme monétaire ? Tout ça pour finir comme les croupions de l'empire américains.

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7 octobre 2024 1 07 /10 /octobre /2024 15:41

 

L'économiste David Cayla a soulevé récemment une question, qui pourrait se généraliser à tous les partis politiques en réalité, sur l'absence de projet sur la création de richesse. Il fustige dans ses propos les partis de gauche, en particulier LFI, qui semblent se désintéresser totalement du problème de la production industrielle pour se focaliser uniquement sur les questions de redistribution. On ne peut ici que soutenir une telle analyse même s'il y a des exceptions comme l'ancien ministre Arnaud Montebourg, qui est l'un des très rares politiciens issus du sérail à avoir conscience de l'importance de l'industrie, et plus généralement de la production pour le pays et son avenir. De fait, la remarque de monsieur Cayla tape juste même si en réalité cela concerne tous les grands partis sans exception. On voit d'ailleurs aujourd'hui à quel point notre nouveau gouvernement ne pense la crise qu'en terme purement comptable. On va baisser tel budget, augmenter tels impôts pour afficher un bilan moins négatif. Une politique qui n'a jamais réussi et qui est en grande partie responsable en réalité de la situation française actuelle.

 

Ne nous y trompons pas, les politiques comptables, à courte vue, ne mènent à rien d'autre qu'à d'autres problèmes découlant de ces mêmes politiques. Les économies à court terme sur les dépenses d'investissement se payent par exemple au centuple des années plus tard. Or la France fait des investissements essentiels, comme l'éducation ou la recherche, les premiers postes d'économie. Cela ne veut pas dire bien évidemment qu'il ne faille pas revoir les dépenses publiques, vous connaissez mon faible amour de l'Adem qui mange maintenant 4 milliards d'euros par an pour rien, ou pour les éoliennes qui sont subventionnées de façon absurde. Ce qui revient à favoriser nos déficits commerciaux puisque ces éoliennes ne sont même pas produites dans notre pays. Sans parler du fait ces énergies intermittentes sont largement inférieures au nucléaire classique en termes d'efficacité de production, et j'ose le dire beaucoup moins écolo. Donc bien évidemment revoir les dépenses de l'état n'est pas en soi critiquable lorsque l'on pense qu'il y a beaucoup d'erreurs d’aiguillage dans les priorités de dépense.

 

Cependant, ce n'est pas cette logique comptable qui nous sortira des problèmes présents. La France souffre d'une trop faible croissance depuis plus de quarante ans. Et cette situation s'est fortement accélérée avec l'euro. La cause est en réalité assez simple, nous avons abandonné l'industrie et la production pour nous spécialiser dans les services. Ce fut un choix délibéré de nos élites même si elles ne le crient plus sur les toits aujourd’hui. Ce choix découle en réalité d'une croyance un peu idiote concernant l'évolution de l'emploi et des proportions de chaque secteur dans le PIB. En effet, si l'industrie a petit à petit remplacé l'agriculture dans l'emploi et dans la part du PIB. Les services ont fait de même avec l'industrie durant les trente glorieuses. La part de l'industrie et de l'agriculture n'a pas cessé de décroître avec le développement du pays. En gros même si l'industrie et l’agriculture continuaient de progresser, les services ont pris du poids plus rapidement. C'est probablement cette réalité qui a fait croire à nos élites que bientôt nous n'aurions plus vraiment besoin d'industrie à part une industrie de pointe comme l'aviation pour équilibrer les comptes extérieurs.

 

L'ouverture aux commerces extérieurs par le libre-échange à partir des années 70 sera la grande conséquence de cette croyance qui durera jusqu'à nos jours. On se souvient tous du fantasme de Serge Tchuruk sur l'entreprise sans usine. L'illusion tient à l'importance trop grande que l'on a donnée aux proportions des services dans l'emploi ou le PIB. Si effectivement ce secteur est devenu le premier créateur de « richesse » et d'emploi, c'est oublier bien vite que ce sont l'industrie et l'agriculture qui produisent les biens échangés par les services qui permettent en pratique à tout le reste de la population de subvenir à ses besoins. En gros, nos pays ont créé beaucoup d'emplois de services pour occuper la population pour compenser les énormes gains de productivité produits par le progrès organisationnel et technique. Mais l'inflation colossale des services ne signifie pas pour autant qu'ils étaient le cœur réel de la création de richesse, c'était une illusion comptable en quelque sorte. Si l'on comparait l'économie avec un corps humain, on pourrait ainsi décrire l'agriculture et l'industrie comme des organes vitaux, ce qui n'est pas le cas des services.

 

Ce faisant en négligeant l'industrie, en abandonnant la régulation commerciale et même la possibilité de dévaluer avec le franc fort puis l'euro, nous avons poussé nos industriels à quitter le pays. Cette désindustrialisation qui s’accompagne d'ailleurs d'une destruction massive de notre agriculture à cause des traités de libre-échange avec des pays très avantagés se traduit par un déclin de la croissance économique. Parce que ce sont justement ces secteurs d'activité qui sont ceux qui produisent les plus gros gains de productivité et donc la plus grosse croissance économique à terme. Le second effet est la destruction de l'autonomie française en matière de production qui la rend totalement dépendante de puissances étrangères. On l'a vu magistralement pendant la crise Covid où la France se battait avec les autres pays d'Europe pour obtenir les productions chinoises de masque. On le voit encore régulièrement avec notre incapacité à fournir suffisamment de médicaments importés pour nos malades. La désindustrialisation c'est simplement l'appauvrissement du pays réel et sa paupérisation progressive. C'est de là que provient les difficultés comptables que le pays accumule depuis des décennies et qui se traduit aujourd'hui par une incapacité à équilibrer les budgets. Mais nous avons déjà longuement parlé de ça dans d'autres textes.

 

Les effets de l'abandon de la production par les politiques

 

Comme nous venons de le voir, la question de l'abandon de la production et de l'industrie vient de loin. Cela fait deux générations maintenant que nos politiques se bornent à vouloir faire de la France un simple pays touristique abandonnant aux autres le soin de produire ce que nous consommons. Nous mettant ainsi dans une position de plus en plus inconfortable de pays soumis, et de moins en moins indépendant. Plus grave peut-être, l’abandon de la production, de la création et de l'invention met aussi notre culture et notre identité en danger. En effet, le fait de produire, de créer, de fabriquer, d'inventer, c'est aussi participer à la vivacité d'une culture. Et en abandonnant tout cela, nous avons littéralement transformé notre culture en un musée. Nous ne participons plus à la création du monde et du futur, nous attendons simplement que les autres l'inventent pour nous. C'est une rupture absolue avec l'histoire française. L'américanisation que nous connaissons et l'appel de l'étranger qui sévit chez les jeunes, qui sont plus intéressés par le Japon, les USA ou la Corée du Sud que par la France, viennent aussi en partie de cette évolution. En devenant un simple spectateur de l'évolution du monde, un pays de simple consommateur, nous avons renoncé à nos spécificités et nous finissons par ne plus nous aimer en tant que peuple et nation.

 

Le désamour de la France par les Français est donc aussi nourri par cet abandon de la production et de la création. Pour gagner quelques sous sur les salaires, et pour avoir des prix légèrement plus bas, et encore cela se discute, sur les biens que nous achetons, nous avons abandonné toutes nos ambitions collectives. Le prix de la globalisation n'est pas seulement un accroissement des inégalités comme le claironne la gauche, c'est carrément l'abandon de ce que nous sommes en tant que peuple. C'est un véritable pacte faustien nous condamnant à une disparition plus ou moins rapide des livres d'histoire. Triste fin pour une nation de plus de mille ans. Ainsi nous voyons que cette question de la production n'est pas simplement une question économique, c'est aussi une question fondamentale sur ce qu'est une société. Et le renoncement de la part des politiques à la question de la production tient au désintérêt qu'ils ont pour l'avenir réel du pays. Un désintérêt qui en réalité est largement partagé par la population quoi qu'on en dise. Le triomphe de l'homo œconomicus en France est malheureusement une triste réalité.

 

Alors oui comme le dit monsieur Cayla la gauche ne parle pas de production. Mais la droite non plus. Et en réalité la plupart des Français s'en foutent tant qu'ils ont leur petit confort de tous les jours et que la marmite bout encore. Je pense au fond que la majeure partie des Français se fiche de l'avenir du pays et les hommes politiques ne sont finalement que le reflet de cette évolution de la population. Alors effectivement on va crier lorsque l'état fera telle ou telle économie sur tel ou tel secteur. On criera pour défendre son petit lopin de prospérité, mais finalement on n’entrera pas dans le cœur du sujet, et l'on ne remettra pas en question le libre-échange ou l'euro qui sont les vraies causes de la destruction de notre économie. C'est que cette remise en cause pourrait faire augmenter les prix et que le consommateur préfère son rôle de consommateur à celui de citoyen qui sent un peu la naphtaline au pays du jouir sans entraves que nous sommes devenus petit à petit. Comme je l'ai déjà dit, mon pessimisme me pousse à penser que le choc et le réveil ne viendront que de l'extérieur. Mais j'espère bien évidemment me tromper.

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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 15:42

 

 

L'information est récente puisqu'elle date du 24 septembre dernier, il semble que les autorités chinoises prennent enfin conscience de la crise économique qui a commencé dans leur pays. Alors, entendons-nous bien même si la Chine est en crise, sa croissance est encore largement supérieure à n'importe quel pays occidental y compris les USA et leur économie nourrit à l'emprunt exponentiel. Mais comme la France des années 70, le ralentissement de la croissance économique entraîne une forte hausse du chômage dans un pays qui connaît encore pour un temps une croissance de la population active. Les jeunes en particulier sont fortement touchés par la faiblesse de l'emploi. S'ajoutent à cela des gains de productivité très forts qui nécessiteraient une forte croissance de la demande pour seulement maintenir l'emploi existant. La Chine actuelle se retrouve avec une crise classique que Keynes avait dépeinte en son temps comme une crise de surproduction. Ce n'est pas une crise provoquée parce que la société irait très mal, mais au contraire le produit d'un développement trop rapide pour en absorber correctement tous les effets.

 

 

Nous en avons déjà longuement parlé à plusieurs reprises, mais la Chine est un peu prise au piège de son modèle qui a fait d'elle la première puissance économique de la planète extrêmement rapidement. L'alliance tacite entre les élites chinoises et les élites occidentales, particulièrement américaines, à partir de l'époque de Nixon a été le fondement du décollage chinois. Les couches sociales dominantes en occident ont trouvé dans la main-d’œuvre chinoise l'arme absolue pour mettre fin au rapport de force qui leur était de plus en plus défavorable sur le plan économique par rapport à leur propre prolétariat. En effet, rappelons que les années 70, c'est l'époque de l'inflation, mais aussi des hausses de salaire. Les USA qui ont financé la stupide guerre du Vietnam ont exporté alors leur inflation grâce au mécanisme du dollar désindexé de l'or. L'inflation s'exporte alors partout notamment en Europe. Si l'inflation d'alors fut mise sur le dos du pétrole, on constate que cette vague d'inflation va durer beaucoup plus longtemps en réalité que la crise pétrolière. C'est donc surtout les changements effectués sur le plan macroéconomique qui expliquent cette crise, en particulier la dérégulation financière et l'exportation des coûts de la guerre américaine. Quoiqu'il en soit la Chine est arrivée alors comme une bouée de sauvetage pour des capitalistes occidentaux qui croyaient par-dessus tout la prévision de Keynes, celle de l’euthanasie des rentiers.

 

Il fallait casser les salaires et la dérégulation du commerce sera l'outil pratique pour y parvenir. Évidemment pour cela il fallait une grosse population, ne coûtant certes pas cher, mais suffisamment instruite pour pouvoir faire tourner des usines. C'est dans ce contexte-là que le pacte faustien entre la Chine et l'occident a été signé pour le plus grand malheur de la classe ouvrière occidentale. Il s'agit donc là du premier pas qui va permettre à la Chine son rattrapage. Car il faut quand même bien voir que la Chine des années 70 c'est l'un des pays les plus pauvres de la planète, très en retard sur tout un tas de domaines. La hausse de l'instruction aurait de toute manière conduit le pays à une amélioration progressive, mais ce transfert technique a été un gros accélérateur pour le pays. Encore une fois, il ne s'agit pas ici de critiquer les entreprises qui développent des activités dans des pays en retard, c'est au contraire très bien et on ne peut que souhaiter que tous les pays du monde puissent bénéficier du progrès technique et scientifique. Le problème c'est la transformation de pays en producteurs pour d'autres régions du monde. C'est quand la production est massivement déconnectée de son marché intérieur que les problèmes commencent.

 

La Chine a donc pu construire sa croissance sans augmenter sa demande intérieure au même rythme, la consommation occidentale permettant une demande permanente sans avoir besoin de fortement augmenter les salaires, en tout cas pas au rythme des gains de productivité. L'autre facteur de développement de la Chine fut bien sûr son état stratège. Loin de l'idéologie du laissez-faire, la Chine fut un état fortement interventionniste qui obligea les entreprises occidentales à faire des transferts technologiques pour pouvoir bénéficier de l'immense réservoir de main-d’œuvre chinoise. Grâce à cela la Chine n'a pas seulement bénéficié des usines neuves délocalisées chez elle, elle a pu aussi développer des champions nationaux qui sont petit à petit montés en gamme jusqu'à surpasser les Occidentaux sur leur marché intérieur puis carrément sur les marchés internationaux. Ce qui se passe aujourd’hui dans l'automobile s'était produit avant dans d'autres secteurs. C'est ici que l'on voit toute la bêtise stratégique de l'occident guidé uniquement par la logique du laissez-faire et de l'intérêt à court terme. Tout ceci était largement prévisible en réalité, la Chine a en quelque sorte réalisé ce que Lénine avait prévu à savoir que la Chine a pendu les capitalistes avec la corde qu'ils lui avaient vendus.

 

Le dernier facteur du développement de la Chine, et non des moindres, fut la transition démographique. Nous rejoignions ici la question démographique qui est fondamentale dans le développement économique. En effet, il existe une période très favorable à la croissance économique pendant la transition démographique, c'est celle qui correspond à la proportion maximale de la population active. Elle découle naturellement du laps de temps entre la baisse de la natalité, celle de la mortalité infantile, de l'augmentation de l'espérance de vie et le vieillissement que cela provoque à long terme. Pendant un temps vous avez la population active qui augmente très vite pendant une trentaine d'années avant de se réduire à cause du vieillissement de la population. Cette période, la Chine l'a connu des années 80 jusqu'à aujourd'hui. Moins d'enfant, cela veut dire aussi moins d'effort économique pour éduquer les jeunes. Ces économies ont participé à la forte croissance du pays augmentant le capital par tête investie. Malheureusement, cela a une fin et une fin qui peut être plus ou moins brutale suivant le taux de natalité finale. En Chine il est malheureusement tombé très bas à 1,2 enfant par femme.

 

Une réaction probablement insuffisante

 

Le mercantilisme chinois est un problème pour la planète

 

Le modèle chinois s'il a été d'une très grande performance risque comme tous les modèles de provoquer une chute par son déclin inéluctable. Vouloir faire perdurer ce modèle économique est tout simplement aujourd'hui impossible pour plusieurs raisons. Même si les Chinois vont très certainement tout faire pour le maintenir. Il n'y a pas qu'en occident qu'on s'enferme dans des erreurs. En premier lieu, la Chine est devenue trop grosse pour croître grâce aux exportations. En devenant la première puissance économique de la planète, le PIB chinois exprimé en ppa a dépassé celui des USA dès 2017, mécaniquement le poids des exportations se réduit, c'est mathématique. Ensuite découle de cette réalité un second effet, les exportations chinoises très excédentaires et massives produisent des crises chez les pays importateurs. En accumulant des excédents, la Chine pousse beaucoup de pays dans des situations économiques dramatiques. On ne parlera pas des immenses déficits commerciaux en Europe ou aux USA, mais même des pays comme l'Inde ont des problèmes avec le commerce chinois.

 

En 2022 l'Inde a ainsi connu un énorme déficit de 87 milliards de dollars avec la Chine. Par son énormité, la Chine ne peut pas s'installer durable dans l'économie mondiale comme un exportateur central. Une telle orientation économique aurait comme conséquence soit un effondrement économique de la majeure partie des pays du monde à moins d'imaginer une Chine effaçant les dettes extérieures des pays concernés régulièrement. Soit une réaction protectionniste à son agressivité commerciale, ce qui dans les deux cas se traduirait par un effondrement des exportations chinoises. À l'heure actuelle, la Chine est un peu à l'économie mondiale, ce que l'Allemagne est à l'économie européenne, un géant qui ne joue pas son rôle économique en quelque sorte. Et l'on constate d'ores et déjà que les USA et d'autres pays dans le monde commencent à sérieusement réagir aux excédents chinois par des politiques protectionnistes. Les dévaluations fréquentes du Japon voisin sont une autre manière d'agir contre ces excédents.

 

Dernier problème, la démographie chinoise n'est plus favorable à de forts taux de croissance. La Chine commence à rallonger la durée du travail parce qu'elle se retrouve dans la même situation que les pays anciennement développés qui connaissent un vieillissement rapide. La fin de la transition démographique et la très basse natalité du pays ne risquent pas de favoriser la croissance de la demande intérieure de façon naturelle. Rappelons qu'en plus les Chinois ont un taux d'épargne extrêmement élevé de près de 50% du revenu alors que le taux pour un pays développé en général est plus proche des 15 à 20%. C'est autant de revenu qui ne va pas dans la consommation et donc aggrave l'insuffisance de la demande du pays.

 

 

On le voit, tout concourt ici pour une aggravation de la crise économique en Chine. Et ce n'est pas une bonne nouvelle étant donné que nous pratiquons le libre-échange et que la Chine risque d'exporter sa déflation interne. Cependant, on peut se réjouir de la prise de conscience des dirigeants chinois qui commencent par des mesures de relance économique. Mais il s'agit de mesurettes pour l'instant. La baisse des taux d'intérêt pour nourrir le marché immobilier n’est par exemple pas du tout à l'échelle du problème. Un peu comme les Américains en 1929 on dirait que les dirigeants pensent qu'en jouant seulement sur les taux on peut corriger un problème macroéconomique structurel . C'est aussi pertinent que d'essayer d'arrêter un boulet de canon en tirant une fléchette à la main, sans vouloir être méchant. C'est toute une machinerie de relance qu'il faut penser. Réduire le taux d'épargne en poussant les gens à consommer en donnant confiance en l'avenir, mettre en place des politiques familiales pour relancer la natalité, etc. Mais comme je l'ai déjà dit, je suis assez sceptique sur la capacité de la Chine à se réinventer de cette manière. Nous risquons donc de subir assez violemment la crise chinoise dans les années qui viennent.

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26 septembre 2024 4 26 /09 /septembre /2024 15:58

 

La panique commence à monter dans le débat public au sujet de la dette. C'est que l'on s’aperçoit de plus en plus que le précédent gouvernement a simplement camouflé une grande partie de la réalité du niveau d'endettement du pays. La France emprunte par exemple à des taux plus élevés que le Portugal ce qui choque beaucoup de gens alors qu'en réalité ça n'a guère d'importance. Mais nous y reviendrons, car la population semble ne pas vraiment comprendre le piège dans lequel ses élites l'ont enfermé depuis 50 ans au moins. Alors je ne suis pas juriste, ni avocat, mais je me demande quand même si à ce niveau-là de tromperie, on ne tombe pas dans une affaire pénale. Nous sommes, semble-t-il, très loin des fameux 3% de Maastricht, une limite qui le rappelle était complètement arbitraire et prise entre deux discussions au coin de la table pour convaincre les Allemands de faire cette stupide monnaie unique. En tout cas, mentir dans ces proportions est assez incroyable, pour ne pas dire étrange.

 

Au secour les taux de Grèce sont inférieurs aux nôtre. Mais la Grèce est un pays moribond on oublie de le dire.

 

Je ne suis généralement pas vraiment complotiste même si des stratégies tordues nos élites en font beaucoup, mais dans ce cas précis je me demande quand même si tout ceci n'a pas été largement orchestré pour justifier des politiques massives de restriction budgétaire et de privatisation derrière. Comment ne pas entendre également le chant des partisans de la privatisation des retraites nous louant les avantages fort discutables des retraites par capitalisation. Comme on le dit communément quand on veut tuer son chien, on l'accuse d'avoir la rage. Cette bonne vieille méthode de direction les élites françaises la pratiquent depuis longtemps et avec persévérance. Et comme nous allons le voir tout de suite elles ont mis tout un tas d'outils pour contourner les processus démocratiques et imposez des choix dont en réalité la population ne voulait pas. La crise actuelle est en grande partie une crise fabriquée, et que l'on ne me fasse pas croire que Bercy n'était pas au courant de la dérive des comptes publics ou des dépenses étranges et dysfonctionnelles que Macron a multipliée ces dernières années. Rien que l'affaire des emprunts indexés sur l'inflation aurait dû faire réagir nos hauts fonctionnaires, mais il n'en a rien été. Ils arrivent aujourd'hui en criant au loup et en prescrivant des remèdes, absurdes dont le seul but est en réalité la découpe des services publics et le démantèlement du système de retraite par répartition.

 

Si ce n'est pas un complot, cela y ressemble fortement quand même et ce ne serait pas la première fois d'ailleurs que notre haute administration impose des contraintes visant à interdire tout choix de politique économique différente de celles qui prévalent à savoir le néolibéralisme et l'extension permanente du marché. Alors il est possible aussi que tout ceci soit réellement le résultat d'une incompétence crasse, mais n'oublions pas que cela ouvre des appétits en particulier chez les grosses entreprises lorgnant sur les retraites françaises ou le secteur médical. Les avis que vous pouvez entendre ici ou là sur les antennes et sur les réseaux sociaux doivent être pris avec des pincettes, la neutralité des économistes, particulièrement ceux qui ont accès aux médias étant rarement une réalité. Ils défendent presque toujours des groupes financiers et des intérêts privés, sans même s'en apercevoir d'ailleurs puisqu'ils sont généralement à leur poste parce que justement ils défendent ce type d'intérêt particulier par leurs croyances. Je vous rassure, ce n'est pas le cas de ce blog, je ne fais que donner mon avis et j'annonce clairement mon keynésianisme et mon attachement à la nation française. C'est la seule chose qui compte pour les orientations politiques même si je peux bien évidemment me tromper.

 

Le cadenas idéologique

 

Nous avons déjà longuement parlé de la question de la dette, mais il est important d'y revenir, car c'est un outil de communication très puissant dans la tête de la population. C'est que malheureusement nous confondons souvent la situation d'un état avec celui d'un ménage. Nos amis libéraux n'emploient-ils pas eux-mêmes la vieille expression de gestion en bon père de famille ? Alors que bien évidemment un état n'a rien à voir avec un ménage et la comparaison n'a aucun sens. En premier lieu parce que l'état vit bien plus longtemps qu'un humain et qu'il gère l'espace économique d'une nation. Il est au cœur d'une interaction entre une multitude d'agents indépendants qu'il doit en réalité réguler pour les faire agir dans le sens de l'intérêt général. Alors certains économistes pensent que laisser faire les agents en question, selon leur bon vouloir, conduira nécessairement aux mieux-être général. C'est ce que croient les libéraux classiques et leurs divers courants. D'autres pensent que les individus ne peuvent pas du tout fonctionner correctement ainsi et doivent être totalement encadrés, là on est plutôt chez les communistes. Et il y en a d'autres comme les keynésiens qui pensent que la liberté individuelle est importante, que l'état ne doit pas totalement l'étouffer, mais qu'il faut prendre aussi en compte l'intérêt général par des mesures de contraintes plus ou moins fortes suivant les cas. L’intérêt général ne découle pas naturellement du comportement des agents économiques, mais seulement de l'interaction de ces agents avec le cadre. Si celui-ci est bien fait, il favorise les actions individuelles qui vont dans le sens de l'intérêt général. Sinon l'égoïsme naturel conduira la société vers une dégradation constante de la qualité de vie.

 

Le néolibéralisme est un dérivé du libéralisme dont nous avons déjà parlé. C'est un libéralisme sans substance moral dénué des quelques atours restant de la morale chrétienne classique. Il a aussi une tendance autoritaire à penser que l'économie est en quelque sorte une science qui n'a que faire des considérations politiques et démocratiques. On retrouve chez les néolibéraux les mêmes dérives que chez les communistes de la grande époque qui voyaient la lutte des classes dans absolument tous les sujets et réduisaient l'histoire à un ramassis de choix économiques bourgeois. On retrouve le même atavisme chez les néolibéraux qui prennent à mon sens leurs théories trop au sérieux et l'homo œconomicus comme une réalité. De fait si comme pour les libéraux ils ne pensent qu'à l'action individuelle comme moteur positif de la société, ils seront plus prompts que ces derniers à s'opposer aux contraintes politiques induites par le processus démocratique. En clair, ils n'admettent pas que la liberté individuelle soit remise en cause par des choix collectifs, même si ces derniers sont le produit d'un choix démocratique. Ce qui est paradoxal puisque le choix démocratique est justement l'amoncellement de choix individuels des citoyens. Toute l'architecture néolibérale qui va apparaître à partir des années 70 va donc prendre un tournant antidémocratique dès le début.

 

Il ne s'agissait pas de convaincre les électeurs du bien-fondé de leurs théories, mais de contraindre les politiques publiques à ne pas avoir d'autre choix que celui de se soumettre aux lois du marché pratiquement divinisées. Et le néolibéralisme s'est vite répandu comme idéologie au sein de la haute fonction publique française. Giscard d'Estaing et Raymond Barre en furent les plus voyants représentants, à gauche on parlera de Delors ou de Pascal Lamy. Mais ce ne sont que les noms les plus connus. Pour revenir à notre sujet sur la dette, les premières attaques contre la liberté économique des citoyens furent données à la fin des années 60 et la fin du fameux circuit du trésor dont nous avions déjà parlé. De 1945 jusqu'en 1967, la France n'empruntait qu'à la banque de France, mais les politiciens français noyaient sous l'idéologie de la limitation de la masse monétaire, n'eurent en réalité comme seule obsession que de mettre fin à la possibilité pour l'état de s'endetter sans intérêt. Quand on regarde la fiche Wikipédia sur le circuit du trésor, on voit même quelle idéologie a orienté la fiche puisque d’emblée le circuit du trésor est présenté comme une abomination produisant de l'inflation. Or rappelons que la période de forte inflation que la France connaîtra à partir des années 70 arrivera après la mise en place justement de l'emprunt sur les marchés financiers et non avant.

 

L'inflation produite par l'emprunt à la banque de France n'était qu'une légende en réalité.

 

La réalité c'est que l'inflation n'est que très partiellement monétaire, il y a de très nombreuses autres sources. Dès lors, faire une politique économique dont le seul but est de contrarier la hausse de la masse monétaire pour diminuer l'inflation est complètement stupide. On l'a d'ailleurs encore vu récemment dans les tentatives ridicules de la BCE de contrarier une inflation qui en réalité était produite par la désorganisation post-Covid, par des choix énergétiques douteux, puis par la rupture du gaz russe. De fait, la première arme de contrainte pour les politiques publiques fut l’emprunt sur les marchés financiers. La seconde arme fut la dérégulation financière visant à réduire les politiques fiscales des états. Toute l'histoire économique et politique de ces 50 dernières années fut en réalité une accumulation de contraintes sur les politiques publiques visant à atteindre le fantasme de marché pur et parfait. La construction européenne est en quelque sort la quintessence de ces dogmes. C'est pour cela que personnellement je pouffe de rire en entendant des libéraux plus ou moins honnêtes nous parler du communisme français ou européen. Ils n'ont rien compris au sens de l'histoire. C'est bien la volonté de contraindre les politiques à un seul choix économique qui nous a mis dans la situation actuelle. Et cela n'est pas le fruit du communisme ou d'un socialisme dévoyé, mais bien celui d'une stratégie antidémocratique de la part d'un courant idéologique économique qui s'est cru plus malin que de tout le monde. Il est donc important de recadrer le débat actuel et de parler de ces fameuses contraintes ou la discussion citoyenne se réduira en réalité à choisir simplement la couleur de la corde avec laquelle le marché va nous pendre.

 

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23 septembre 2024 1 23 /09 /septembre /2024 15:24
En exclusivité une image du nouveau gouvernement Barnier sauvant la France avec plus d'Europe

 

Les choses commencent bien puisqu'à peine nommé, le nouveau ministre de l'Économie monsieur Antoine Armand commence par des félicitations de Bruno Le Maire dont il salue le bilan, avant d'enterrer la France avec un discours absurde sur le besoin de l'Europe. « Nous avons besoin de l'Europe » tel est son credo et vous comprendrez alors très vite pourquoi ce gouvernement de petits comptables technocrates ne risque pas de redresser la situation du pays. On a d'une part ici une parfaite démonstration des thèses de Paul-Antoine Martin dans son livre « Le clan des seigneurs » où il dépeint le fonctionnement mafieux de notre haute fonction publique et des grands corps d'état, qui bénéficient d'une immunité totale sur toutes leurs actions. Ici clairement un nouveau ministre de l'économie responsable avec le sens de l'intérêt général aurait dû afficher l'incompétence crasse de son prédécesseur, ou au moins ne rien dire de positif sur lui. Au contraire, il l'encense se protégeant ainsi probablement des critiques postérieurs qui viendront à la fin couronner son échec certain. Les hauts fonctionnaires se protègent les uns les autres comme les mafieux lorsqu'ils sont pris la main dans le sac. Et c'est l'omerta généraliser quand le désastre arrive, il n'y a plus de coupable. Pourtant Le Maire fut ministre de l'Économie pendant 7 ans, mais rien n'est sa faute à lui ou à son supérieur.

 

Ensuite, cette histoire montre l'accélération dans le vide européiste qui n'est plus qu'un marqueur identitaire et social. On invoque l'Europe comme on invoquait les puissances magiques et divines d'antan . Il n'y a aucun début de questionnement sur la construction européenne chez ce qui nous sert d'élite et ce discours lunaire le montre encore une fois. Alors nous ne sommes évidemment pas surpris par les choix du personnel de Barnier. Barnier est un européiste compulsif et un anti-gaulliste contrairement à ce qu'il prétend dans les médias. Toute sa carrière est le produit de cette volonté postnationale et il est allé jusqu'à la trahison totale avec la création du traité de Lisbonne visant à enterrer le vote des Français qui avaient rejeté le traité constitutionnel européen de 2005. Présenter cet homme comme un gaulliste est une insulte à l'intelligence. Cela fait d'ailleurs jaser cette histoire de gaullisme, puisque sur twitter on peut lire par exemple Régis de Castleneau a fait une boutade sur la question en soulignant que le nouveau chargé des affaires européennes, monsieur Benjamin Haddad, est pratiquement ouvertement un agent atlantiste. C'est tellement gros que cela laisse sans voix. Imagine-t-on un instant les réactions des journaux français si un tel poste était confié à un type ayant fait toute sa carrière à Moscou ? C'est à ce genre de détail que l'on prend conscience du niveau de vassalisation du pays. À ce stade on peut même parler de colonie, puisque nos dirigeants sont des agents étrangers même s'il parle français, pas toujours très bien il est vrai.

 

Le retour des shadoks de l'économie

 

On pourra aussi rajouter dans l'affaire que de toute manière, quel que soit le programme économique de ce nouveau gouvernement, il devra d'abord être validé par notre Führer Von Der Leyen, entérinant ainsi la réalité du pouvoir en France, à savoir que les Français sont un peuple dominé sans aucun moyen de choisir réellement les politiques qui s'appliquent à eux. Ce n'est jamais dit ainsi, mais c'est la réalité. Alors dans ce cadre européiste que va faire Michel Barnier et les comptables qui lui servent de ministres ? C'est simple et nous en avons déjà parlé, ils vont nous mettre au régime grec. Comme les célèbres shadoks nos comptables ne savent faire que des additions, des soustractions et des raisonnements assez simples à base de pompage. Avec eux l'économie c'est extrêmement facile, il suffit de raboter ici ou là pour redresser les comptes. Il n'y a ni macroéconomie, ni raisonnement à long terme, ni compréhension de la complexité des interactions entre l'économie et les divers aspects de la société. Il n'y a pas non plus de conscience de l'interdépendance des acteurs économiques. Il faut dire que le discours commun sur l'économie a toujours tendance à décrire la réalité comme manichéenne. Certains produiraient de la richesse pendant que les autres la consommeraient.

 

La réalité est tout autre. D'un point de vue collectif, il est souvent impossible de distinguer qui produit quoi. Un exemple simple. Vous vous dites que pour faire des économies vous allez supprimer massivement des emplois de fonctionnaires. Certains postes peuvent même en étant honnêtes être estimés comme superflus. À titre personnel, je ne pense pas que l'Adem qui nous coûte plus de 4 milliards d'euros par an ait effectivement une grande utilité. Contrairement à ce que certains croient, les keynésiens aussi pensent que l'argent public doit être utilisé à bon escient. La boutade de Keynes sur les gens payés à creuser des trous et à les reboucher pour faire tourner la consommation était une boutade. Le but était surtout de montrer que comprimer d'un seul coup la consommation par des coupes budgétaires massives en pleine récession est une très mauvaise idée. Et qu'il faut parfois impulser de la demande pour que le carnet de commande des entreprises et des producteurs se remplissent de façon à relancer la machine économique. Il faut donc prendre des pincettes avant de toucher aux dépenses publiques et faire n'importe quoi avec. Le président argentin libertarien qui pensait tout nettoyer avec sa tronçonneuse dérégulatrice est en train de l'apprendre en pratique, même si c'est tragique pour l'Argentine.

 

On a pris la mauvaise habitude de penser l'économie en séparant la fonction de production de la consommation, comme si l'on pouvait vraiment les disjoindre. Comme je le dis souvent sur ce blog, produire sans consommer est aussi absurde que consommer sans produire. Il y a un illogisme absolu dans ce type de raisonnement. Les deux fonctionnent ensemble et c'est le déséquilibre entre ces deux fonctions intriquées qui produisent les crises que nous connaissons régulièrement, même si le déclenchement des crises peut venir de conséquences parallèles comme les surendettements ou les effondrements de bulles quelconques. Ainsi donc, réduire massivement la demande revient à condamner une grande partie de l'activité économique privée. Cela revient à produire du chômage et une crise économique. Autant vous dire que les rentrées fiscales diminuent dans le même temps. Il est donc assez illusoire de croire que l'on peut réduire des déficits simplement en réduisant le train de vie de l'état. L'histoire est là pour le démontrer d'ailleurs, comme nous l'avons vu précédemment dans le cas de la Grèce qui a aujourd'hui une dette encore plus grosse qu'à l'époque des réductions alors que le niveau de vie s'est effondré.

 

Si des changements sont nécessaires avec des orientations plus prioritaires que d'autres, il vaut mieux transvaser les budgets pour que la dépense globale ne varie pas trop. Exemple si l'on supprime l'Adem ce serait pour dépenser l'argent là où il serait plus utile ou pour baisser les impôts, tout dépend des priorités. Notons que les baisses d'impôt ne nourrissent pas forcément la consommation. Si cela touche les couches sociales les plus aisées, il y a même fort à parier que cela irait surtout dans l'épargne. C'est d'ailleurs pour ça que les baisses d'impôts de Macron n'ont eu aucun effet positif, elles ciblaient des couches sociales qui ont déjà tout ce dont elles ont besoin. Et cela n' a pas favorisé l'investissement parce que la motivation de l'investissement vient en grande partie de la demande. Ajoutons à cela que l'on ne voit pas pourquoi en régime de libre-échange, de libre circulation des capitaux et avec une monnaie surévaluée les industriels s'amuseraient à produire en France alors qu'ils peuvent produire en Pologne à la place. Le paradoxe c'est qu'il est probable que les baisses d'impôts pour les grandes entreprises par exemple se traduisent en réalité dans notre contexte macroéconomique par des accélérations de délocalisation. C'est tout le problème de la pensée cloisonnée cartésienne qui ne prend pas en compte la réalité holistique dans laquelle nous vivons. Les solutions de ce type conduisent souvent à l'effet inverse de celui qui est recherché.

 

Donc si vous faites une coupe brutale dans les budgets, ce sont des dépenses en salaire qui ne viendront plus alimenter la consommation et qui donc produiront une récession. Après bien évidemment tout dépend de l'échelle de l'action. Une réduction des dépenses de 5 milliards passerait probablement inaperçue, de 100 milliards par contre.. Or comme le souligne Philippe Murer pour revenir aux stupides critères de Maastricht, il faudrait des coupes budgétaires annuelles de 30 milliards pendant plusieurs années. À titre de comparaison, le budget de l'éducation nationale en 2023qui est le second poste de dépense après les subventions aux entreprises, c'était 87 milliards d'euros . Et je ne vous apprendrai rien en disant que les salaires sont déjà trop bas pour attirer du personnel qualifié vers les métiers de l'enseignement et qu'il faudrait vraiment les revaloriser.

 

Donc nous voyons ici que le gouvernement Barnier ne peut pas résoudre le problème. C'est mathématiquement impossible dans le cadre actuel. Comme nous l'avons vu rapidement, la seule solution est de redonner du souffle à l'économie en utilisant la monétisation de la dette pour alléger son poids et la dévaluation pour redonner de la compétitivité externe au pays. On peut ajouter à cela des mesures protectionnistes et une politique de réindustrialisation assumée et « planifiée » par l'état. Dans le cadre eurolibéral, tout ce qui obtiendrons les shadoks comptables, qui au lieu de pomper en réduisant les dépenses, ce sera une récession et une forte baisse du PIB. Avec le mince espoir à long terme que le niveau de vie français tombe tellement bas que le pays finisse par espérer quelques délocalisations de production chinoises ou autre en guise de développement industriel. Le dépeuplement réduisant les risques de chômage de masse. Après tout, cela arrangerait bien l'Allemagne, un effondrement français, elle a besoin de main-d'œuvre. Si c'est ça que vous voulez pour vos enfants et pour la France, comptez sur nos hauts fonctionnaires pour y parvenir.

 

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