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Le retour en grâce de Von Der Leyen malgré son grotesque passif vient de montrer une nouvelle fois l'impossibilité de changement à la tête de l'UE. Cette structure bureaucratique organisée autour de concepts économiques erronés hérités du néolibéralisme anglo-saxon et de l'ordolibéralisme allemand n'arrive pas à produire autre chose qu'une dérive de plus en plus totalitaire et éloignée des préoccupations des citoyens du continent. Jamais la construction européenne n'avait à ce point mérité son titre de totalitarisme européen. Et il ne faut pas s'étonner de l'éloignement progressif de l'UE avec les principes démocratiques, car elle est née justement pour permettre aux dirigeants des états membres d'échapper aux principes démocratiques. C'est particulièrement vrai en France où les pilules néolibérales n'ont jamais permis de remporter une élection. Grâce à l'UE, nos élites ont trouvé la contrainte parfaite pour imposer ces politiques à la population française. La comédie jouée par certains politiciens français qui joue les révolutionnaires à Paris et avalise toutes les directions prises par l'UE de l'autre n'est qu'une énième preuve de cette triste réalité. Les élites françaises ont trahi, cela depuis longtemps, et les accolades chaleureuses de Manon Aubry à Von Der Leyen, ne sont qu'un triste étalage de cette réalité. Il ne faut plus guère s'en étonner.
Si le projet européen, qu'on pourrait vraiment décrire comme fasciste désormais, semble gagner en ampleur écrasant de plus en plus fortement les peuples et les derniers pays libres du continent. Il faut quand même souligner à nouveau sa grande fragilité. En effet même s'il s'oriente de plus en plus vers une fédéralisation en poussant à retirer aux états membres leurs derniers atours de souveraineté, n'oublions pas qu'un système économique et politique, même tyrannique, a besoin d'un certain succès économique pour être stable. J'ai même envie de dire que plus un système est tyrannique et plus il a besoin d'une assise économique forte pour asseoir son autorité. Je sais qu'il y a aujourd'hui le grand fantasme du contrôle absolu des citoyens grâce à l'électronique moderne et à l’ingénierie de surveillance moderne. Mais le simple événement des gilets jaunes a montré que toute la surveillance moderne s'écrase rapidement quand la population se met vraiment en colère. Ce qui maintient réellement le pouvoir européen c'est avant tout la mentalité des populations européennes qui se laissent petit à petit enfermer dans cette prison. Mais elles pourraient bien se réveiller quand les frigos seront vides, ce qui pourrait arriver assez vite en réalité.
La fin de la globalisation
C'est que l'UE est une structure pensée et fondée dans la réalité idéologique et géopolitique des années 70-80 même si sa carte maîtresse fut le traité de Maastricht en 1992 . L'UE n'étant pas une nation, mais un système bureaucratique fondé et organisé autour de règles intangibles, elle est incapable de faire de la politique, c'est-à-dire de s'adapter au monde qui l'entoure en fonction des changements. Coincée dans son idéologie mélangeant autoritarisme bureaucratique et libéralisme macroéconomique, elle a pu faire illusion quand les USA ont imposé la globalisation dans les années 70 jusqu'aux années 2010. Mais cette situation a clairement pris fin. Le reste du monde a commencé à remettre en cause les principes du libre-échange , le changement d'orientation des USA est d'ailleurs arrivé assez tardivement par rapport à d'autres pays comme le Brésil l'Inde et bien sûr la Chine qui n'est pour le libre-échange que lorsque cela arrange son commerce. De l'extérieur, l'Europe ressemble de plus en plus à une zone sans dynamique qui n'attend que de se faire dévorer par l'extérieur et ce ne sont pas les atermoiements d'Emmanuel Macron sur la « souveraineté » européenne qui y changeront quelque chose.
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Les chiffres sont assez éloquents, même le Japon, en déclin démographique rapide, a fait mieux que la zone euro en 2023 par exemple. Et chaque crise extérieure l'UE est la zone qui redémarre le moins vite sans jamais rattraper les années perdues. C'est systématique. Et les prévisions pour cette année et l'année prochaine montrent un décrochage de l'UE non seulement vis-à-vis des USA, mais de toute la planète. Ce qui est le plus inquiétant est probablement le fait que le reste de la planète se lance plus ou moins ouvertement dans des guerres commerciales plus ou moins affiché. Les USA, nous l'avons vu dans un texte précédent, ne cherchent pas tant que ça à réindustrialiser sur leur sol même si c'est l'objectif affiché par les dirigeants américains. Ils essaient surtout de casser la dynamique chinoise avec plus ou moins de succès. D'une part, ils mettent des droits de douane sur les produits exportés de Chine, mais cela ne concerne pas les produits chinois importés d'ailleurs comme le Mexique voisin. L'UE a fait la même chose et les constructeurs chinois ont vite réagi en installant leur production dans des pays comme la Turquie. Dans un cas comme dans l'autre, cette guerre commerciale ne vise pas à réindustrialiser l'UE ou les USA, mais à nuire simplement aux Chinois. Mais il est vrai par contre que les USA ont massivement subventionné leur industrie. Le léger redressement de la balance commerciale malgré la croissance économique des USA pourrait signifier un début de réindustrialisation même s'il est beaucoup trop tôt pour le dire. Les chiffres macroéconomiques américains étant en réalité à prendre avec des pincettes.
Quoiqu'il en soit les USA ont largement abandonné les idées de laissez-faire ce qui n'est pas du tout le cas de l'UE. Et pour cause les USA sont une nation, avec une politique, pas l'UE qui n'est qu'une bureaucratie qui applique des traités. Donc si effectivement l'accroissement du poids de l'UE sur nos vies et l'affaiblissement des nations peut légitimement faire très peur, il faut aussi bien voir que cette structure est par nature autodestructrice . Les chiffres de l'économie européenne sont très mauvais, et il n'y a pas à espérer d’embellie à l'avenir bien au contraire, l'effondrement démographique n'étant pas vraiment propice à une forte croissance. L'obsession pour les équilibres budgétaires pourrait même plonger l'UE dans une très grave crise lorsqu'elle s'attaquera à la France comme c'est très vraisemblablement ce qui va advenir dans les deux années qui viennent. La condamnation pour déficit excessif est désormais actée et le nouveau gouvernement français qui sera nécessairement très faible à la vue des conditions n'aura pas la force ni même l'envie de résister aux demandes européennes. Lorsque l'UE réclamera 100 milliards d'euros de réduction budgétaire, il n'y a pas vraiment de doute sur la réaction du futur gouvernement même s'il est de « gauche » ou prétendu comme tel.
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Évidemment une telle purge au milieu d'une UE qui connaît déjà une contraction de la production manufacturière ne pourra qu'aggraver la crise. Reste à savoir les conséquences politiques. Les Français à qui on vient de voler les élections accepteront-ils de courber l’échine comme les Grecques en leur temps ? Une telle réduction budgétaire nécessitera la destruction et la privatisation de nombreux services publics. Les hôpitaux largement saccagés par des politiques irresponsables depuis 50 ans pourraient bien être privatisés. Une France sans école publique et sans la sécurité sociale sera-t-elle encore bien viable pour la majeure partie de la population ? Sans parler du risque de privatisation du système de retraite. Et même si les Français plient ce qui est possible puisqu'ils ont tout accepté jusqu'à présent sans vraiment réagir sauf quelques petites jacqueries. Que se passerait-il au niveau européen ? La France reste par exemple un marché très important pour les exportations allemandes ou italiennes. Une forte réduction de la consommation dans ce pays se traduira nécessairement par une forte baisse des exportations de ces pays et donc une dépression. Même si la troïka européenne arrive à ses objectifs, il se pourrait bien que ce soit en fait le meilleur moyen pour provoquer une implosion de l'UE.