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8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 15:42

 

 

Une fois n'est pas coutume, nous allons nous placer du côté de nos maîtres américains pour imaginer quels stratagèmes tordus ils pourraient mettre en place dans les années qui viennent pour maintenir leur statut monétaire et impérial. Je parle de cela parce qu'il semble clair que la première partie de leur plan en Europe se soit assez bien déroulé pour eux. En effet, on vient d'apprendre que le Congrès américain siffle la fin de la récré pour la guerre en Ukraine. Il n'y aura plus d'efforts pour soutenir ce pays financièrement. Les Usa vont simplement laisser la patate chaude aux imbéciles d'Europe de l'Ouest qui sont largement tombés dans le panneau. Si la Russie est évidemment l'attaquant dans cette guerre, personne ne le nie, il faut bien reconnaître que les USA et l'UE ont tout fait depuis 2014 pour pousser la Russie à faire cette guerre. Et s'il est probable que l'un des objectifs, celui de faire s'effondrer la Russie, a largement échoué, l'objectif secondaire, celui de couper l'UE de cette dernière, a lui bien réussi. À tel point qu'on peut se demander si l'objectif réel des tensions entretenues dans la région n'était pas celui-ci.

 

En cassant les relations entre l'UE et la Russie, les USA maintiennent la région sous leur domination, en particulier par le contrôle de l'énergie. L'autre gain est la crise économique induite par cette coupure brutale. Cette politique a clairement jeté l'Allemagne dans une contradiction économique. Ce pays a désormais une énergie trop chère, ce qui dégrade sa compétitivité et plombe son économie mercantiliste basée sur des excédents extérieurs. L'euro et sa faiblesse ne protègent plus l'économie allemande face à une énergie dont le prix a beaucoup trop augmenté. Il est probable que les USA comptent en partie récupérer les entreprises et les savoir-faire allemands par des délocalisations chez eux. Mais je pense que le premier but était vraiment la coupure entre l'Allemagne et la Russie et c'est largement réussi. L'une des grandes forces de cette entourloupe est l'incroyable passivité des élites européennes devant le saccage. On peut y voir de la bêtise collective ou une emprise extrêmement importante des USA sur les élites du continent. Que ce soit par l'influence culturelle ou par la corruption, il est aujourd'hui indéniable que l'UE et les pays du continent sont sous leur contrôle. Bien plus encore que cela ne pouvait être le cas juste après la Seconde Guerre mondiale. Cet état de fait devrait être analysé profondément, mais ce sera le sujet d'un autre texte. La désaméricanisation de la France et de l'Europe devra un jour se faire si nous voulons à nouveau être maîtres de nos destins.

 

La dépendance extérieure américaine

 

Maintenant que l'Europe est brisée, esseulée et sous contrôle que doit faire l'Empire pour encore se maintenir ? Nous en avons déjà parlé longuement, le grand problème des USA c'est justement qu'ils sont un empire et plus une nation. Leur économie étrange qui produit des emplois et des gains de productivité comptable, mais qui croule sous les dettes et les déficits commerciaux sont la marque économique de ce caractère impérial. Le dollar semble être un cadeau du ciel permettant à ce pays de consommer sans produire quoi que ce soit d'autre que du papier-monnaie et des titres de dette. Mais c'est aussi à cause de cela que la production locale est devenue inutile. Cela ne serait pas un problème si les USA étaient garantis d'avoir leur empire pour l'éternité, et que le dollar reste la monnaie universelle, lui aussi pour l'éternité. Cependant si le rôle de la monnaie américaine est remise en question c'est toute la structure impériale qui est en danger . Et la grande peur des USA est de se retrouver seule sur leur île continentale, à devoir à nouveau produire eux-mêmes ce qu'ils consomment. Nécessairement un tel changement engendrerait dans un premier temps un immense appauvrissement de la population américaine et des taux d'inflation bien pire que tout ce qu'on a pu connaître dans le passé dans ce pays.

 

C'est pour cela que les USA ne peuvent pas redevenir à court terme ce qu'ils ont été depuis leur construction à ses débuts, à savoir une nation isolationniste. Les tentations politiques existent, Trump en un sens était relativement proche de ces positions historiques d'isolationnisme. Mais les contraintes liées au modèle économique impérial poussent les USA à favoriser leur activisme à l’international dans le but de maintenir impérativement le statut du dollar. C'est dans ce cadre là général qu'il faut analyser les actions américaines. Et c'est pour cela qu'il ne faut pas penser que l'élection d'un individu à la tête de ce pays, même bien intentionné, puisse changer sa direction. Comme on a coutume de le dire, nécessité fait loi. Ce sont les contraintes des USA qui vont faire leur politique, il est absurde de penser que la réélection d'un Trump ou d'un autre personnage moins caricatural pourra changer la direction des USA. C'est d'autant plus vrai que le pouvoir est loin d'être aussi centralisé qu'en France dans ce pays. On peut même parfois se demander si la hiérarchie dans ce pays est claire et si chaque partie du pouvoir américain ne tend pas à agir de sa propre initiative parfois.

 

L'empire va donc tout faire pour casser la dynamique en cours et qui est très largement contre lui. Les multiples attaques des USA contre l'économie chinoise font partie de cette réaction épidermique. Les Américains aimeraient briser la Chine en petits états obéissant comme Taïwan. Ils ont tenté le coup contre la Russie, mais cela n'a pas fonctionné. L’establishment américain a donc probablement pensé qu'une telle stratégie aurait encore moins de chance de fonctionner sur la Chine. Il faut pourtant accélérer la réaction face à cette immense puissance que la stratégie à courte vue des USA a fabriquée. Parce que la Chine super industrialisée est aussi une création américaine en quelque sorte. Ce pays n'aurait jamais pu rattraper aussi vite son retard sans les énormes transferts de technologie opérés par les industriels occidentaux illusionnés par la globalisation. Et cette création américaine est beaucoup plus problématique que l'islamisme saoudien ou les divers groupuscules extrémistes que les USA ont utilisés pour faire avancer leur agenda. La Chine peut tuer l'Empire. À l'échelle de la planète, le dollar est ainsi passé de 71% des réserves de change en 2000 à 58% cette année, et il est désormais clair que le déclin du dollar en tant que monnaie de réserve s'accélère. Cette accélération a commencé à partir de la crise de 2008-10, mais elle s'est subitement accru depuis la guerre en Ukraine. Jusqu'où cela peut aller avant que la valeur du dollar s'effondre, c'est une bonne question. Mais le déclin semble aujourd'hui en voie inéluctable tant que les USA ne mettent pas à l'arrêt leurs opposants.

 

Et c'est clairement la Chine plus que les BRICS qui a permis ce changement. Les rapports de force changent et les pays producteurs de pétrole n'hésitent plus à défier Washington et ses vassaux. L'incroyable réception de Vladimir Poutine à Abu Dhabi sous les couleurs russes récemment montre ces changements de rapport de force extrêmement rapides. La Russie apporte une indépendance militaire, la Chine, une indépendance économique vis-à-vis des USA. Et dans tous les cas, aux yeux de monde non occidental ces deux pays paraissent plus fiables que les USA dont les stratagèmes vicieux n'ont eu de cesse depuis 70 ans d'empoisonner plus ou moins la plupart des régions du monde. Dans un interview récent d'une heure, Nikola Mirkovic fait d'ailleurs un rapide rappel des nombreuses escroqueries qui ont servi régulièrement de justifications aux actions militaires américaines. Des actions qui n'ont pas été oubliées dans le reste du monde. Il n'y a que l'Europe qui semble comme anesthésiée face à son tuteur nationicide.

 

Tout porte donc à croire que les actions de l'empire se porteront surtout sur l'Asie et le Moyen-Orient dans les années qui viennent. Une guerre indirecte avec la Chine semble assez probable malheureusement et il faut souhaiter que les pays européens aient encore assez de bon sens et d'instinct de survie pour ne pas suivre les USA dans un tel conflit. Concernant la direction européiste, il n'y a aucun doute sur leur alignement, mais il est possible que les états membres jettent l'éponge après la déconfiture ukrainienne, en particulier l'Allemagne. L'objectif d'un conflit en Asie de la part des USA pourrait être double. Essayer de déstabiliser la Chine en comptant sur des ennemis intérieurs favorisés par Washington à l'occasion d'un conflit avec Taïwan par exemple. On parlera alors en occident de mouvements « démocratique ». Ce n'est pas inimaginable parce que la situation économique n'est pas si bonne que ça et que la Chine souffre d'une crise de surproduction et d'un chômage en forte hausse. Comme je l'ai déjà décrit sur mon texte consacré au risque de dépression dans ce pays. On sait d'expérience que les crises économiques peuvent favoriser des mouvements populaires qui peuvent ensuite être utilisés par les USA pour favoriser leurs intérêts.

 

Mais il y a aussi un autre objectif plus pragmatique qui consisterait à déstabiliser la région en vue de favoriser la réindustrialisation des USA. L'empire étant de toute manière condamné, les USA aurait intérêt à rapidement se remettre à produire. Pour l'instant comme en France, la réindustrialisation est plus du marketing politique qu'une réalité. Les USA connaissent toujours un énorme déficit commercial et les produits qui ne sont plus importés de Chine sont importés du Vietnam, d'Inde ou surtout du Mexique. Ce qui ne règle en rien leur problème de déficit commercial en cas de perte de statut du dollar. Une guerre en Asie impliquant la Chine, Taïwan, mais aussi la Corée du Sud, du Nord et le Japon pourrait donner aux USA un flux important de populations, de capitaux et d'industries. Un flux qui pourrait réellement leur permettre de se réindustrialiser sur le dos de l'Asie de l'Est en quelque sorte. C'est à mon avis le calcul cynique le plus probable à l'heure actuelle aux USA. Attirer une population nombreuse avec un très haut niveau d'étude et des capitaux c'est l'idéal pour reconstruire l'american dream après tout. Et cela avait très bien fonctionné avec les deux guerres mondiales même si les USA n'en étaient pas directement responsables. Il reste à espérer que les Asiatiques ne soient pas aussi bêtes que les Européens.

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24 novembre 2023 5 24 /11 /novembre /2023 15:34

 

Vous l'avez peut-être remarqué, mais en réalité je parle assez peu de notre pays. Cela peut sembler paradoxale pour quelqu'un qui se revendique souverainiste, et je dirai même plus indépendantiste français, étant donné l'état de soumission dans lequel se trouve notre pays. Et pourtant je viens de m’apercevoir que j'ai très peu parlé de la France depuis la reprise du blog il y a un an. C'est que pour tout vous dire la France m'attriste. Et mon esprit semble involontairement s'embrumer dès qu'il faut en parler. Mon pessimisme revient et la réalité du pays me saute des yeux sans qu'il ne voie une quelconque possibilité de redressement. Je le sais pourtant, le désespoir est aussi irrationnel que l'est l'optimisme béat, dans les deux cas il s'agit de prétendre tout connaître de la réalité du monde, et d'ignorer sa féconde capacité à produire de l'imprévisible. Mais il faut bien le dire, de l'espoir pour la France je n'en ai plus. La seule chose qui me motive encore pour en parler c'est ma raison qui me convainc en permanence de mes propres limites. Ainsi donc, je parlerais encore de ce pauvre pays en perdition en espérant que mon désespoir ne soit qu'une illusion temporaire.

 

Alors, pourquoi parler aujourd'hui de la France? Tout simplement parce que Jacques Sapir vient de le faire assez brillamment comme d’habitude dans une discussion avec Georges Kuzmanovic sur la chaîne YouTube de son parti souverainiste de gauche, République Souveraine. Je vous invite évidemment à regarder cette discussion qui était très intéressante et qui était centrée sur les perspectives à long terme par rapport à la montée en puissance des BRICS et du déclin inéluctable de l'occident. Jacques Sapir est comme toujours très rigoureux sur ses sujets de prédilection et parfois trop timoré à mes yeux sur les solutions. Je préfère clairement le radicalisme d'un Emmanuel Todd, un radicalisme capable à mes yeux de véritablement redresser la situation dramatique du pays. Car la France a besoin d'une rupture franche, le bain glacé de mollesse politique qui nous dirige depuis tant d'années nous conduisant tout droit à l'impasse. Et les ennemis de la France, qui sont en grande partie intérieurs, ne s’embarrassent pas eux, de propos ou d'analyses modérées. Ils veulent véritablement dissoudre le pays et ne s'en cachent même plus à commencer par le baratineur qui nous sert de président. Le vote sur la question de la suppression du droit de veto pour l'UE, ainsi que la volonté d'affaiblissement supplémentaire des derniers pouvoirs dont disposent les états membres montre encore une fois la grande taille du camp de la trahison nationale.

 

L'extrême gauche de Mélenchon, comme à son habitude, a trahi ses électeurs en votant massivement pour ce texte. On voit qu'en réalité si les hommes politiques font semblant de s'opposer LFI, EELV, les républicains ou Renaissance c'est exactement le même camp en réalité. Celui de l'antifrance pour le plus grand intérêt de leur classe sociale. Ils occupent différents segments marketing du marché électoral pour obstruer toute possibilité d'une naissance d'alternative. Il faut bien le dire, la bourgeoisie est extrêmement forte collectivement pour imposer sans le faire voir ses intérêts. Le problème c'est que bien évidemment ce monopole sur la politique française conduit inéluctablement le pays à l'effondrement à long terme.

 

Les deux voies pour la France :

 

1- Le destin creusois de la France européiste :

 

Jacques Sapir dans sa discussion a en quelque sorte résumé le destin français à deux options. Je suis assez d'accord avec son propos sur l'ensemble, même si comme je l'ai dit j'ai trouvé certaines de ses propositions trop timorées. Disons-le au préalable, les deux hypothèses de Sapir partent du fait que nos élites acceptent ou non le déclassement de l'occident et en tirent ou non les conséquences. La première hypothèse est la continuation de la France dans la direction actuelle. C'est-à-dire la continuation de l'enfermement dans le camp occidental et dans la construction européenne qui va avec. Pour Sapir la France est pourtant l'un des rares pays à pouvoir construire un pont avec ce qu'il appelle le sud global. Je préfère parler du monde et de l'Empire américain à titre personnel. L'idée de sud global est à mon sens trop réducteur. Aujourd'hui, il y a l'Empire américain et ses vassaux contre le reste du monde qui s'est débarrassé de sa tutelle. Parler d'occident quand il n'y a qu'un seul pays qui dirige ce n'est pas une description correcte. D'autant que comme je l'ai déjà dit dans d'autres textes l'Amérique du Sud par exemple est culturellement occidentale, alors que le Japon pas du tout. Et parler d'occident pour décrire l'empire américain revient un peu à surestimer le poids de l'Europe et à sous-estimer gravement le rôle des USA dans tout ça.

 

Quoiqu'il en soit dans cette première hypothèse, celle d'une France qui reste coincée dans l'Empire et son comité de gestion locale l'UE, la France continuera de décliner de plus en plus fortement. Je suis entièrement d'accord avec cela bien évidemment. Le simple fait de continuer la construction européenne et l'euro condamner la France au déclin de toute manière. Comme je l'ai expliqué dans mon texte sur la géographie et l'euro, notre pas n'a pas d'avantage comparatif lui permettant de briller au sein de la construction européenne. On peut dès lors imaginer un scénario pour la France qui soit similaire à celui des régions du centre de la France. Si l'UE se maintient assez longtemps ainsi que l'euro, on devrait assister à l'effondrement pur et simple du pays. Dès que l'endettement ne sera plus possible et que des mesures similaires à celles qui ont été prises en Grèce seront appliquées à la France, on pourrait assister à un effondrement non seulement économique, mais aussi démographique. Les jeunes déjà en voient d’extinction faute de naissances suffisantes, allant nourrir les usines allemandes en manque de main-d’œuvre. En quelques générations, le pays pourrait dans ces conditions trouver un nouvel équilibre en se dépeuplant à la manière d'un Portugal, les jeunes allant ailleurs pour avoir un avenir. Le rêve des élites françaises d'une France devenant un hôtel pour riches Américains ou Allemands pourrait alors advenir dans une France qui n'aurait plus qu'une vingtaine de millions d'habitants. Triste destin pour un pays qui fut glorieux.

 

Je grossis le trait à peine honnêtement. La France ne serait d'ailleurs pas la première nation à décliner de la sorte. Fut un temps où la Grèce ou le Portugal étaient de grandes puissances, et pourtant regardez-les aujourd'hui . Mais le déclin ne concernerait pas que la France. En continuant sa soumission à l'Empire américain, c'est toute l'Europe qui suivra la France par la suite. À dire vrai étant donné que le PIB de l'UE stagne depuis 20 ans et l'avènement de l'euro, il n'est guère difficile de deviner ce que pèsera cette région du monde dans 20 ou 30 ans. On peut même se demander si de simples pays comme le Vietnam à eux seuls ne pèseront pas plus que l'UE néolibérale dans à peine une génération. Être le seul à stagner, quand tout le monde croît, c'est finir dernier à la fin. On le sait très bien, nous français qui avons stagné démographiquement depuis deux cents ans. Il est malheureusement assez probable que cette hypothèse soit celle qui adviendra. Mais nous devons quand même imaginer un autre chemin, même si je n'y crois guère.

 

2- Le redressement national sans « l'Europe »

 

La seconde hypothèse de Jacques Sapir est celle d'un retour à l'action nationale. Sapir parle essentiellement de politique économique et de la nécessité du retour à un véritable commissariat au plan et à la planification. On ne peut être que d'accord avec ça. Il faut véritablement rompre avec l'idée que le marché tout seul permettra une politique efficiente. Bien évidemment cette réindustrialisation ne sera possible qu'avec une rupture avec l'euro actuel. Et c'est là que je divergerais avec Sapir. En effet, ce dernier parle de transformer l'UE et de la faire redevenir une simple structure économique visant à organiser les relations entre les nations européennes. Ce qu'elle fut en partie à l'époque de la CEE. C'est l'hypothèse d'un retour en arrière. Convenant que le saut fédéral est impossible même si les européistes délirants essaient tant bien que mal d'y parvenir, soutenu par l'Allemagne qui aimerait bien reconstruire son Reich. L'Europe actuelle est un système hybride qui n'a ni les avantages d'un état nation ni la force du nombre que théoriquement sa taille devrait lui donner. En réalité, c'est une structure dont le poids devient un inconvénient plus qu'autre chose. L'idée de Sapir est donc de revenir à une structure plus légère où l'UE ne pourrait plus agir que dans les domaines où l'action collective à l'échelle de l'UE est plus efficace, et laisserait les autres tâches aux états membres.

 

L'idée théorique peut être séduisante, mais cela revient à penser que l'on peut refaire le même vase en terre cuite une fois cassé en recollant les morceaux. Les bureaucrates européens et leur structure administrative sont à mon sens irrécupérables. Ils ne renonceront jamais à leur fantasme de fédération européenne et ils iront jusqu'au bout pour détricoter les nations membres. Il n'y a donc pas d'autre solution que la dissolution de l'UE et la sortie de l'euro purement et simplement. On pourra imaginer ensuite d'autres moyens de coordination, mais penser que l'on puisse changer ce mammouth administratif, relève de la croyance au père Noël à mes yeux. Et c'est une perte de temps inutile. Temps que nous devrions mieux mettre à profit en reconstruisant le pays après le saccage néolibéral de ces quarante dernières années. La France n'a de toute manière aucune raison de se contenter de travailler avec des pays européens. Nous avons par exemple des territoires en Amérique du Sud et une grande frontière avec le Brésil. Un pays de 215 millions d'habitants qui pourrait être un bon partenaire à long terme avec une croissance de près de 5% cette année.

 

Pour ce qui est de la stratégie géopolitique, je ne suis par contre guère gaulliste. Si nous parvenions à retrouver notre indépendance nationale, je pense que nous gagnerions à ne plus jouer les gros acteurs internationaux. Nous n'en avons plus les moyens et les élites françaises, par leur incompétence notoire depuis deux générations, ont prouvé qu'elles étaient plus une nuisance qu'autre chose en la matière. Plutôt que jouer les ponts entre les peuples du monde, je pencherai bien plus pour une neutralité du pays à la Suisse. Pour le siège à l'ONU, je pencherai pour offrir notre siège à une véritable grande puissance, l'Inde ou le Brésil serait plus convenable qu'un modeste pays comme le nôtre. Les temps ont changé et la France n'est plus qu'un petit pays d'un continent en déclin. Cela doit être accepté comme le dit d'ailleurs Sapir sans pour autant en conclure la même chose sur le plan diplomatique. En tout cas même si nous arrivons à redresser le pays en rompant avec l'européisme et l'occidentalocentrisme, il faudra tout de même accepter la réalité d'un monde dont le centre a pivoté vers le pacifique et l'Asie. Ce n'est qu'en acceptant cette réalité que nous pourrons nous y insérer convenablement.

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20 novembre 2023 1 20 /11 /novembre /2023 16:06

 

Nous avons régulièrement parlé sur ce blog des questions démographiques. Vous le savez maintenant, l'avenir de l'humanité n'est pas un avenir à la « soleil vert », c'est-à-dire un monde surpeuplé sans aucune ressource notamment alimentaire, au point de manger ses vieux sous forme de pastille, mais plutôt un monde de vieillards décrépits dans une société en voie de dépopulation rapide. Je ne suis pas le premier à écrire sur le sujet bien évidemment. C'est d'ailleurs John Manyard Keynes qui fut le premier à vraiment réfléchir sur la question du déclin démographique sur l'économie. Il fut l'un des rares penseurs à réfléchir à un déclin à long terme des populations dans un monde qui ne cessait pourtant de croître. Ce fut tout à son honneur de penser le monde d'après qui commençait à poindre en Grande-Bretagne son pays natal lorsqu'il écrivit sur le sujet, mais aussi dans la déjà vieille France voisine qui avait déjà passé sa transition démographique bien avant tout le monde. Si le mythe malthusien d'une humanité condamnée à la misère par la surpopulation avait décliné après la guerre devant le constat d'un génie humain semblant plus fort que les raisonnements bassement comptables du malthusianisme. La prévision de Keynes sur une Grande-Bretagne en déclin démographique était par contre bien vraie.

 

Soleil Vert le Film qui a accompagné les délires malthusiens du club de Rome

 

La baisse de la population mondiale n'est bien évidemment pas pour tout de suite. La natalité de la planète est d'ailleurs encore supérieure au seuil de renouvellement à 2,3 enfants par femme environ, mais cela baisse vite. Si l'évolution se maintient au rythme de ces dernières années, on devrait voir la natalité mondiale tomber en dessous du seuil de 2,1 dans les dix ans qui viennent. C'est-à-dire demain pour ainsi dire. Alors bien évidemment les spécialistes de plateau télé vont ressortir les discours sur la nécessité de l'immigration pour compenser. Mais ils n'ont pas vraiment réalisé qu'à long terme plus personne n'aura de main-d’œuvre à proposer pour compenser les populations vieillissantes des anciens pays riches. Au-delà de la question de l'assimilation de ces populations et des problèmes que cela peut générer, il y a un simple problème d’arithmétique. Vers 2050, il n'y aura simplement plus de territoires à forte natalité dans le monde et susceptibles de fournir de la main-d’œuvre. Du reste, les pays encore jeunes à cette époque seront sûrement en plein boom économique et auront encore moins envie de fournir de la main-d’œuvre à un occident décrépi. Il suffit d'observer aujourd'hui des pays comme le Vietnam qui était encore il y a peu de temps un fournisseur de main-d’œuvre immigrée, mais qui est maintenant un pays dynamique qui récupère de plus en plus de jeunes d'origine vietnamienne qui ont grandi dans d'autres nations. Rien n'interdit de penser que beaucoup d'immigrés vivant actuellement en France pourraient simplement quitter le pays pour rentrer dans leur pays d'origine avec de meilleures perspectives économiques à l'avenir. Étant donné l'état de la France et les faibles perspectives du pays, ce ne serait pas très étonnant à terme.

 

On le voit donc, la solution qui consiste à tricher avec la pyramide des âges en important de la main-d’œuvre et en jouant un peu les négriers des temps modernes n'a pas d'avenir. Chose étonnante, le discours que je tiens ici a été pour une fois tenu sur la revue de droite conservatrice Causeur. Les commentaires sous l'article furent gratinés, les lecteurs de cette revue étant convaincus que la France finira en Califat à cause du grand remplacement. La réalité est un peu différente, l'immigration de masse n'ayant probablement pas un avenir durable sur nos terres. Pour en revenir à notre sujet, il s'agit donc ici de réfléchir un petit peu à des conséquences à long terme d'une baisse de la population. Nous partons du principe donc que cette évolution est durable, c'est-à-dire qu'il n'y a donc pas de redressement de la natalité à plus ou moins long terme, et que l'immigration n'existe plus pour boucher artificiellement les trous.

 

 

Déclin démographique = déclin économique ?

 

Il existe bien évidemment un pays qui correspond à peu près déjà à ces critères, c'est bien évidemment le Japon. Dernièrement, le pays a fait l'objet d'une campagne de dénigrement en France. La presse libérale présentant le Japon comme un pauvre pays en déclin parce qu'il accepte son déclin démographique et ne fait pas d'immigration de masse. Il faut rappeler que la presse française est avant tout une presse bourgeoise qui s'adresse à des cadres supérieurs. Cette population aime l'immigration surtout pour ses petits besoins personnels comme le montre une étude récente sur l'usage des livraisons à domicile. Les CSP+ votant à gauche aimant particulièrement les services qui ne sont rentables qu'avec un usage massif de population d’immigrés sous-rémunérés. Donc le Japon c'est un peu leur Némésis. Un pays affreusement réactionnaire qui rejette l'immigration. D'où cette étrange campagne présentant un Japon dont le PIB serait dépassé par l'Allemagne et tombant à la quatrième place économique mondiale. C'est absolument ridicule. Le PIB exprimé en dollar ne permettant pas des comparaisons internationales. Le Japon pèse en réalité encore aujourd’hui beaucoup plus que l'Allemagne. Cependant, il est vrai que le déclin démographique entraîne un ralentissement mécanique de la croissance. Mais le Japon sans immigré depuis 20 ans n'a pas vraiment à rougir pour l'instant face à une Allemagne qui effectivement fait de l'immigration de masse, mais n'a pas de croissance plus forte. En réalité, malgré l'immigration très importante qu'elle a reçue depuis 20 ans l'Allemagne n'a pas eu de croissance plus forte que le Japon sur la période. On pourrait y voir un des effets de l'euro, mais indéniablement en pratique dire que le Japon va mal à cause de son manque d'immigration ne colle pas aux données.

 

 

Il y a cependant une limite à faire du Japon, un exemple pour l'avenir de l'humanité. En effet, si le Japon peut compter sur une population travailleuse, productive et sur une automatisation massive pour compenser le manque de main-d’œuvre dans la production. Le Japon compte beaucoup sur les exportations pour compenser son déclin de la demande intérieure. C'est d'ailleurs l'une des raisons de la chute récente du Yen. Le Japon pour maintenir ses exportations face à la concurrence très violente de la Chine a fait ce que faisait la France autrefois, il a dévalué. D'où une perte relative du poids du PIB exprimé en dollar. La dévaluation a deux effets, d'une part elle augmente le prix des importations ce qui rend les produits étrangers moins compétitifs sur son marché intérieur. Cela peut nourrir l'inflation à court terme dans les pays trop dépendants aux importations comme la France par exemple. Et dans le même temps, cela rend les productions japonaises moins chères à l'exportation. Le Japon a fait deux dévaluations compétitives ces vingt dernières années. La première en 2013 et la seconde l'année dernière. C'est cela qui a produit ce déclin apparent, mais qui n'est qu'un artefact comptable lié à l'erreur qui consiste à comparer des pays avec des PIB exprimés en dollar.

 

Si le progrès technique peut permettre de compenser les effets sur la production de la diminution de la population par l'automatisation massive, il ne compense pas par contre les effets sur la demande. On peut faire des robots pour produire, mais pas des robots pour consommer. (Quoique dans un monde de shadoks) Les pays comme le Japon ou l'Allemagne et donc demain la Chine dont la natalité s'est effondrée vont donc avoir tendance à court terme à compenser leur manque de demande intérieure par les exportations. Ils vont pomper la demande des autres pays et ainsi compresser la demande mondiale. C'est déjà le cas dans l'UE avec une Allemagne qui a cassé la croissance du continent grâce en grande partie à l'euro. Cependant en pratique si l'on raisonne comme Keynes, on pourrait compenser cet effet de baisse de la demande. Il suffirait en théorie de compenser la baisse de la demande provoquée par la baisse de la population par une hausse de la demande par tête. En gros si l'on augmente le niveau de rémunération par individu plus rapidement que ce que provoque la baisse de la population sur la demande globale, on compense théoriquement les effets d'une baisse quantitative de la population. Et comme la propension à consommer de la population est généralement plus forte chez les pauvres que chez les riches, une société qui tend à décroître démographiquement devrait donc lutter pour accroître plus vite le revenu des plus pauvres. On le voit ici pour compenser notre déclin démographique, il faudrait consommer plus, et être plus riche en réalité que nous ne le sommes. Malheureusement étant donné les mentalités actuelles qui tendent plutôt à vouloir accroître les inégalités, il n'est pas certain que cette solution puisse être politiquement praticable.

 

On doit donc convenir que la dépression démographique aura comme effet une réduction durable de la demande. Une baisse constante de la demande poussant mécaniquement à la déflation. Cela veut dire moins d'investissement et des consommateurs qui préfèrent attendre et épargner plutôt que de consommer tout de suite. Le pire est qu'il est probable qu'une telle évolution entraîne une aggravation de la dépression démographique. Les perspectives baissières à long terme entraînant une dégradation des conditions de vie réduisant encore plus la natalité des familles. L'humanité pourrait donc se diriger à terme vers une espèce de dépression du type 1929, mais sans aucune perspective de sortie à long terme. En effet même pendant la crise de 1929, la croissance démographique faisait naturellement contrepoids à la crise de la demande. La population augmentant naturellement, la demande augmentait de façon mécanique même si la croissance par tête était faible. Mais ce mécanisme de sauvegarde n'existe plus maintenant dans nos pays. Et il est à craindre que notre société ne finisse dans un marasme interminable. Cela rend d'autant plus importantes les politiques de relance de la natalité. Car les solutions purement économiques à ce problème seront difficiles à pratiquer et même probablement impossibles à faire dans l'univers mental dans lequel nous sommes.

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9 novembre 2023 4 09 /11 /novembre /2023 15:43

 

J'ai déjà parlé de la question de l'euro à de multiples reprises sur ce blog, mais étant donné l'importance de la question pour l'avenir de notre pays j'y reviens encore. Cette fois pour reparler brièvement du lien entre l'unification monétaire et la spécialisation géographique. Nous en avions déjà parlé dans un texte, mais j'y reviens à l'occasion de la création d'une carte assez récente qui donne la proportion d'emploi manufacturier par région d'Europe et l'image est assez saisissante par sa clarté comme vous allez pouvoir le voir. Nous allons réexaminer rapidement pourquoi l'euro est une très mauvaise monnaie et quels sont les effets d'une unification monétaire sur un territoire. La zone euro est aujourd'hui la zone du monde avec la plus faible croissance économique et son décrochage n'est pas le fruit du hasard. Quoiqu'en pensent les idéologues de l'européisme, il y a bien un lien entre l’unification du continent et son déclin qui devient aujourd'hui une évidence même pour ces défenseurs les plus acharnés. Alors évidemment on entendra comme d'habitude des discours pour une autre Europe. Des discours qui supposent que l'échec de l'UE est le produit d'une mauvaise politique de la part des dirigeants de la commission. C'est complètement erroné. Même avec la meilleure politique possible l'UE entraînerait quand même le continent au déclin. Car c'est la structure même de la construction européenne et de l'euro qui entraînent le marasme et le déclin économique.

 

Les effets des unifications monétaires

 

Les unifications monétaires ne sont pas des premières, et l'euro n'est même pas la première monnaie transnationale à avoir existé. Les élites françaises obsédées par la valeur monétaire depuis longtemps avaient déjà été à l'origine d'un projet similaire au 19e siècle, c'était la célèbre union latine. Une union qui engagea énormément de pays, dont la Russie qui participa à l'expérience. La grande différence avec l'euro actuelle c'est que la monnaie était gagée sur un métal. L'obsession de la thésaurisation de la valeur contre l'inflation étant particulièrement élevée au 19e. On n’avait pas encore compris (il semble que les Européens ne l'aient toujours pas compris) que la véritable richesse d'une nation n'est pas la valeur de sa monnaie, mais de ses capacités de productions. La volonté de maintenir une valeur de change contre vents et marées au détriment de la production nationale est l'une des pires imbécillités que le dogmatisme puisse créer. Malheureusement, c'est aussi le produit de la domination de nos sociétés par une poignée de rentiers, qui eux n'ont effectivement aucun intérêt à des réajustements fréquents de la valeur monétaire.

 

L'Union Latine un euro avant l'heure qui a fini dans les poubelles de l'histoire

 

Cependant, les unifications monétaires ont dans leur ensemble surtout accompagné les unifications nationales à l'époque moderne. Les deux plus célèbres étant l'unification allemande et l’unification italienne. En créant une seule monnaie là où il y en avait plusieurs, vous commencez un processus de spécialisation régionale qui peut aller très loin. En Italie le sud a été le grand perdant de l'unification italienne. Ne pouvant plus dévaluer pour garder une certaine compétitivité, le sud a perdu son industrie et s'est appauvri relativement pendant que le nord a concentré toutes les activités les plus productives. Les unifications monétaires accroissent les inégalités naturelles des territoires en favorisant ceux où les coûts de transport et de production sont les plus faibles. Il n'y a pas à chercher plus loin les phénomènes de concentration de population dans certaines régions et la désertification de territoires entiers. Si l'industrialisation à cet effet naturel de concentration des populations, les unifications monétaires l'ont aggravé.

 

Le cas allemand est très intéressant puisque ce pays a connu en fait deux unifications monétaires. Celle du Deutscher Zollverein au 19e siècle qui a été précédé d'une union douanière. Ce n'est qu'après avoir fait converger les niveaux de vie de la population allemande que l'unification monétaire s'est faite. Le résultat fut une relative réussite l'Allemagne de l'époque n'ayant pas coupé son pays entre régions riches et régions pauvres comme l'Italie. À l'inverse l'unification en catastrophe avec l'ancienne RDA va avoir le même effet que l'unification monétaire italienne maintenant un niveau de vie bas en Allemagne de l'Est ainsi qu'une désindustrialisation. Les transferts massifs que l'Allemagne aura faits pendant la période de réunification ne compensant pas les effets monétaires d'une unification beaucoup trop précoce et rapide. On le voit même en parlant la même langue et en partageant la même culture une monnaie unique mal faite peut avoir des conséquences à long terme dramatiques. L'AFD le parti d'extrême droite allemand fait d'ailleurs ses meilleurs scores en Allemagne de l'Est et ce n'est pas un hasard.

 

 

L'euro a créé l'hinterland industriel allemand

 

Ce mécanisme d'unification monétaire qui empêche les territoires de protéger leur production oblige les états ainsi unifiés à faire généralement des transferts. Mais même dans le cadre très généreux de l'état français, les transferts ne compensent pas les effets de l'union monétaire. On pourrait d'ailleurs se demander si une bonne politique des réaménagements du territoire ne passerait pas par des monnaies locales comme je l'avais moi-même imaginé il y a quelques années. Le franc pouvant être vu comme un euro avant l'euro pour les régions françaises. La concentration des richesses dans quelques régions posant de vrais problèmes moraux à mes yeux ainsi qu'un problème d'usage de l'espace français. Est-ce une si bonne idée de concentrer toute la population dans quelques territoires et de faire du reste un véritable désert humain ? Pour en revenir à l'euro, il est évident que ce qui est vrai pour des nations comme l'Italie ou l'Allemagne l'est également pour la zone euro. En ouvrant toutes les frontières et en unifiant l'Europe sous une seule monnaie, le même mécanisme de concentration des richesses en fonction des avantages locaux s'est produit. Mais cette fois à l'échelle du continent.

 

Le résultat est bien évidemment que l'industrie s'est concentrée là où le travail est le plus efficace. Il ne s'agit pas juste d'une question de salaire, la géographie a aussi son importance. Et notamment le transport fluvial comme nous en avions déjà parlé et comme on peut le voir sur les deux cartes ci-dessous. La première montre le pourcentage de la population travaillant dans l'industrie. La seconde montre le beau Danube bleu. On voit bien que la concentration de l'industrie se fait autour du transport fluviale et bien évidemment ces régions font partie de l'Hinterland industriel allemand. La géographie a fait que la concentration de l'industrie s'est réalisée dans ces régions avec comme point de sortie finale les ports néerlandais et belges. Évidemment la France est complètement en dehors de ce réseau naturel, n'ayant aucun avantage réel, elle a perdu toute son industrie. On comprend également par ces cartes l'empressement de l'Allemagne à vouloir étendre toujours plus l'UE vers l'Est et en particulier maintenant vers l'Ukraine. Car l'Ukraine n'est vraiment pas loin du Danube par liaison maritime dans la mer noire. Un moyen de gonfler son hinterland industriel qui a un gros problème de vieillissement à cause de la faible natalité régionale. L'Ukraine pourra donner un peu de souffle à l'industrie allemande d'autant que les salaires sont extrêmement faibles là-bas. C'est ce que doivent probablement penser les dirigeants allemands. Bien sûr, cela détruira l'agriculture polonaise et ce qui reste d'agriculture dans le reste de l'UE, mais l'Allemagne s'en fiche un peu.

 

 

Il y a cependant une grande différence entre l'unification européenne et les unifications nationales. Une différence qui probablement condamne cette malheureuse expérience. C'est la mobilité des populations. Si en théorie le marché européen est totalement libre, les populations pouvant se déplacer où elles veulent. En pratique, elles vont là où on parle leur langue. En clair, les Français restent surtout en France, les Italiens en Italie, etc. De fait, l'Allemagne et son hinterland qui accumulent tous les emplois industriels devraient aussi attirer des Français par exemple frappé par un chômage de masse et une pauvreté croissante. Mais ce n'est pas le cas , du moins ce n'est pas statistiquement significatif. Si l'UE allait jusqu'au bout de sa logique, les pays qui se sont désindustrialisés et appauvris devraient se dépeupler au profit des états riches. La France par exemple devrait perdre une bonne partie de sa population au profit de l'Allemagne ou de l'Autriche . La logique même de l'unification européenne transformant la France en une espèce de Creuse géante. Mais ce n'est pas le cas, les populations ne bougent pas. C'est très important parce que c'est là qu'est la différence avec les unifications nationales. Les peuples restent sur place et comme il faut bien les occuper on laisse la France et les autres victimes de l'euro s'endetter jusqu'à la catastrophe inéluctable. Comme il n'y a pas de transferts et de solidarité réelle et massive entre les régions riches et pauvres contrairement à ce qui se passe à l'intérieur des États-nations. On ne peut que deviner les tensions politiques de plus en plus fortes en défaveur de la construction européenne. Comme dans le cas de l'Allemagne de l'Est, le ras-le-bol général finira par advenir tôt ou tard condamnant par la même occasion la monnaie unique. Une structure politique d'unification qui est aussi ouvertement inégalitaire ne peut que provoquer à terme des conflits violents et la cause de sa propre disparition.

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3 novembre 2023 5 03 /11 /novembre /2023 15:10

 

Nous avons souvent parlé sur ce blog des USA. Le fait est que ce pays joue un rôle particulier depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et que malheureusement les orientations de nos élites et leurs politiques nous ont trop fortement liés à ce pays pour que nous puissions totalement l'ignorer. Que nous le voulions ou non, à l'heure actuelle, notre destin est lié en grande partie à l'évolution des USA. De fait, nous allons parler ici rapidement de la nature du modèle économique américain. Pourquoi de sa nature me direz-vous ? C'est que l'on présente régulièrement les USA comme un modèle économique par bien des aspects. Surtout à l'heure où l'Europe s'enfonce dans le marasme eurolibéral que sa monnaie unique a mécaniquement provoqué. Les USA dont l'apparente croissance économique contraste avec le reste du vieux monde semble donc devenir à nouveau un modèle avec le père Biden et ses injections monétaires comme nouvel apôtre d'un nouveau modèle économique. Même notre grand président François Hollande dit de lui qu'il est le meilleur président que les USA aient connu depuis des décennies, c'est dire.

 

De la même manière, la gabegie économique que représente la politique de Macron est en soi le produit des USA. Je soupçonne notre président d'avoir voulu imiter grossièrement Biden en faisant une injection monétaire qu'il pense être keynésienne dans l'économie française. C'est ce qui explique l'énorme explosion du déficit public et l'accroissement de la dette qui en découle. Un déséquilibre qui commence à sérieusement inquiéter en haut lieu et qui pourrait être fatal à l'économie française. Car cette politique n'a pas réellement eu d'effet sur la croissance économique et donc sur les rentrées fiscales contrairement à la politique US. Mais c'est que notre président n'a pas vraiment compris une chose, ce qui marche aux USA ne marche pas ailleurs. Parce que la structure de l'économie américaine et son rôle à l'échelle internationale n'ont rien avoir avec celui d'un pays normal.

 

Les USA ne sont pas un modèle imitable

 

Comme l'avait très bien décrit Emmanuel Todd en 2003 dans son livre « Après l'empire », les USA sont devenus le consommateur en dernier ressort, l'état keynésien de la planète entière. Il n'en a pas toujours été ainsi. Il fut un temps où les USA étaient un pays normal jusqu'en 1944 très exactement et aux accords de Bretton Woods. À l'époque, les grandes puissances préparaient déjà l'après-guerre, le sort de l'Allemagne et du Japon n'étant plus alors qu'une affaire de temps. C'est à cette époque que fut organisée cette réunion pour structurer l'économie d'après-guerre qui ne pouvait plus être structurer par l'ancien système. Le déclin de la Grande-Bretagne condamnait le retour de la livre sterling comme monnaie d'échange international. Les USA qui représentaient alors à eux seuls la moitié de la richesse mondiale imposèrent leur dollar comme monnaie internationale et celui-ci était alors gagé sur l'or. C'est-à-dire que le dollar pouvait être converti n'importe quand en or. Ce qui garantissait une stabilité de la valeur monétaire et garantissait la confiance des puissances étrangères dans le fait de détenir des dollars dans leurs caisses.

 

Les USA de 1945 étaient une énorme puissance industrielle qui accumulait les excédents commerciaux. Une puissance industrielle construite derrière des droits de douane extrêmement élevés avec plus de 50%, en moyenne, entre la fin de la guerre de Sécession et 1945. Il ne faut jamais oublier que la puissance industrielle US s'est construite grâce au protectionnisme massif en plus de leurs immenses ressources naturelles et de leur éloignement géographique qui constituait lui aussi une forme de protectionnisme naturel. Et c'était tout le problème, il fallait réduire ces excédents pour permettre aux autres nations de retrouver une dynamique économique. Le plan Marshall et les politiques d'après guerre ont consisté à reconstruire les pays ravagés par la guerre et leur industrie. Le rôle du dollar permit aux USA d'importer des marchandises d'Europe et du Japon moins cher. Cela a participé à la hausse du niveau de vie américain et à la reconstruction de l'Europe et du Japon. La balance commerciale américaine s'est réduite, revenant à l'équilibre. Donc dans ce premier temps les accords de Bretton Woods avaient un sens et ont produit de brillants effets économiques. Malheureusement comme l'avait très bien prévu Keynes, qui était le représentant britannique lors de la conférence de Bretton Woods, le fait de faire d'une monnaie nationale une monnaie internationale était en soi un grave problème à long terme.

 

Très rapidement le fait de pouvoir importer des marchandises en émettant des dollars, qu'il ne tient qu'à eux d'émettre, va produire une destruction progressive de l'appareil productif américain. Le rattrapage des USA par l'Europe et le Japon va faire connaître dès la fin des années 60 des déficits extérieurs aux USA. La guerre du Vietnam va finir par achever la balance commerciale du pays dans les années 70. Et en 1971, le président Richard Nixon se retrouve à devoir faire un choix, car le coût de la guerre du Vietnam et les déficits commerciaux mettent le pays en danger. En effet, les USA n'ont pas assez de stock d'or pour couvrir leurs déficits. Si les pays étrangers, à l'image de la France de De Gaulle, se mettent à réclamer de l'or plutôt que des dollars c'est la banqueroute. Plutôt que de revenir sur le libre-échange et rééquilibrer la balance commerciale, Nixon va mettre fin à l'accrochage du dollar à l'or. La plupart des problèmes de l'économie mondiale actuelle viennent de ce choix crucial. En faisant cela, Nixon n'a pas sauvé l'économie américaine et son industrie, il lui a juste permis de vivre à crédit indéfini au croché du reste de la planète. Ce fut une stratégie maline à court terme, mais probablement catastrophique pour l'avenir du monde et des USA eux-mêmes.

 

 

Les USA sont devenus une nation de pillards

 

Depuis cette date, le dollar n'étant plus gagé sur rien, il devient possible d'en émettre autant que les USA le veulent. Le rôle détenu par la monnaie américaine leur permet d'importer en payant avec du simple papier. La valeur du dollar qui devrait se déprécier est maintenue par les autres régions du monde parce que cette monnaie est essentielle au commerce mondial et en particulier au commerce des matières premières. Ainsi les autres nations sont-elles obligées d'acheter des titres de dette exprimés en dollar ou d'avoir des réserves de cette monnaie pour pouvoir commercer, ce qui maintient artificiellement la valeur du dollar. Et par ce mécanisme les USA exportent leur inflation monétaire. D'où la célèbre phrase « le dollar c'est notre monnaie, mais votre problème ». C'est le véritable fond du problème depuis plus de 40 ans. Et les diverses crises que nous traversons encore aujourd'hui sont liées à ça, il faut bien le comprendre. Même le conflit israélo-palestinien est le produit de cette problématique, les USA ayant besoin d'avoir des appuis dans le Moyen-Orient pour maintenir l'usage du dollar qui permet aux USA de maintenir leur croissance artificielle. Israël c'est un peu le porte-avions américain géant de la région qui permet de contrôler l'énergie de l'Europe et de l'Asie et ainsi de maintenir le recyclage du dollar et des dettes US. C'est en ce sens qu'on peut vraiment penser les USA comme un empire puisque la source de leur richesse est un système d'exploitation d'autres peuples.

 

Les BRICS ont évidement conscience du problème et cherchent à trouver un substitue au dollar. Le problème étant que le dollar, un peu comme le logiciel Windows, est devenu un standard dont il est bien difficile d'échapper. Les Européens auraient pu y arriver si l'euro n'avait été qu'une monnaie de réserve, malheureusement les concepteurs de cette monnaie en ont fait une monnaie fiduciaire unique liant des économies fortement disparates. Transformant ainsi l'avantage que la monnaie européenne aurait pu représenter en inconvénient qui affaiblit le continent depuis sa mise en place. Mais le pillage que les USA exercent à l'encontre de la planète ne s'arrête pas aux questions commerciales et aux flux de capitaux. La possibilité d'émission monétaire infinie leur permet littéralement d'acheter le monde gratuitement. Entreprises, territoires, ressources, tout est susceptible d'être racheté par l'oncle Sam. Cette possibilité monétaire leur donne une puissance disproportionnée par rapport à leurs capacités réelles. Car comme nous l'avons dans mon texte consacré au poids réel de l'économie américaine, les USA sont aujourd’hui une puissance de seconde zone sur l'industrie et la production. C'est-à-dire sur le cœur de ce qui fait la puissance réelle d'une nation. La Chine est déjà la première puissance réelle de l'économie mondiale. Mais le dollar permet encore aux USA de peser très fortement même si cette puissance se casse la figure dès que le dollar ne suffit plus. Dans la crise ukrainienne, on a en effet vu les limites de la puissance monétaire dès qu'il s'agissait de produire des choses concrètes comme des obus et que là les USA ne pouvaient pas les acheter aux concurrents chinois ou autre.

 

Dernier point sur cette question du pillage, celui des hommes. L'économie américaine étant complètement déconnectée de la réalité du fonctionnement du monde réel, elle achète aussi la population qui lui fait défaut. Ne faisant plus assez d'enfants depuis longtemps et connaissant de graves difficultés dans l'enseignement de ses propres jeunes, les USA sont devenus dépendants de l'immigration de masse pour faire tourner leur économie. On présente souvent le dynamisme économique des USA grâce à l'immigration comme formidable. C'est oublier un peu vite que ce type de dynamisme n'est possible que si vous éliminez la contrainte du capital à investir. Les USA n'ont pas besoin d'une grosse épargne pour investir, ils impriment des billets et des titres de dette. Les puissances étrangères payant à leur place les problèmes induits par cette augmentation de la masse monétaire comme l'inflation. L'Europe n'a pas cette chance et l'immigration y est du coup beaucoup moins profitable, engendrant des coûts importants nécessitant des investissements supplémentaires.

 

La magie de l'économie américaine n'est donc pas le produit d'un miracle ou d'une supériorité de leur modèle, mais bien d'un système de prédation dont nous serions bien avisés de sortir. Car il n'y a rien de plus dangereux qu'un modèle de société qui ne paie pas le prix de son confort et qui ne s'inquiète pas des équilibres à long terme. Si toute la planète se comportait comme les USA, il n'y aurait plus de jeunes bien formés et la planète deviendrait invivable en deux générations maximum. Heureusement, il est probable que la fin de ce modèle de prédation arrive assez vite. Les USA sentent d'ailleurs assez bien leur propre faiblesse et le ras-le-bol général que leur empire produit sur la planète du moins en dehors de la pauvre Europe totalement asservit à leurs intérêts. La multiplication des conflits à l'heure actuelle vient de cette inquiétude pour le maintien inconditionnel de leur statut monétaire. Et même Biden vient de reconnaître que les prochaines années vont déterminer le sort du monde pour la fin du 21e siècle. L'humanité a besoin que les USA redeviennent une nation normale qui ne vit pas au-dessus de ses moyens pour ne pas entraîner l'extinction pure et simple de notre espèce à long terme.

 

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19 octobre 2023 4 19 /10 /octobre /2023 15:33

 

L'économie indienne

 

Comme nous avons pu le voir dans la précédente partie consacrée à la démographie indienne, ce pays va dans les quarante prochaines années bénéficier d'une évolution démographique très favorable au développement économique. En effet, le nombre d'actifs par inactifs va fortement croître au fur et à mesure que la population indienne va vieillir. Je sais qu'en occident et en Asie de l'Est le vieillissement est maintenant vécu comme une calamité essentiellement parce que la natalité ne s'est pas stabilisé à deux enfants par femme provoquant une baisse mécanique la population. Cependant, il faut bien comprendre que pendant la phase de transition ce processus démographique a finalement été très bénéfique. Il a permis une forte croissance économique et l'amélioration des conditions de vie. Cette phase est encore en devenir en Inde en espérant que ce pays ne tombe pas dans la très faible natalité comme l'Asie de l'Est l'Europe et les USA, ce qui est malheureusement à craindre.

 

Avant de commencer à parler purement d'économie, je tiens à parler d'un autre facteur qu'il ne faut pas négliger dans le développement économique d'une nation celui de l'instruction. Parce que l'Inde fournit un grand nombre d'ingénieurs aux USA ou à l'Europe et qu'elle vient d'envoyer des sondes sur la lune on pourrait croire a priori que ce pays a déjà rattrapé en grande partie le niveau d'instruction des pays développés en tout cas sur le plan scolaire de base. Et bien, ce n'est pas le cas. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un pays gigantesque avec une population monstrueuse maintenant supérieur à celle de la Chine avec plus de 1,4 milliard d'habitants. Si l'Inde produit évidemment déjà beaucoup d’ingénieurs et de scientifiques de haut niveau en proportion de sa population, cela reste en fait assez faible. Et surtout, l'Inde est encore assez loin du standard éducatif de base pour un pays avancé à savoir la généralisation de la lecture et de l'écriture. Ainsi en 2015 l'Inde n'avait encore que 76% de sa population sachant lire et écrire contre plus de 96% pour la Chine. Heureusement, le taux chez les jeunes atteint maintenant plus de 91%, l'Inde devrait donc rattraper la normalité des pays avancés dans les décennies qui viennent le temps que les nouvelles générations remplacent les anciennes.

 

 

Cependant, ce retard éducatif est quand même un frein au développement. On s’aperçoit d'ailleurs que l'évolution démographique a finalement dépassé l'évolution éducative puisqu'en général les démographes s'accordent à penser que c'est la hausse de l'instruction des femmes en particulier qui fait baisser la natalité. Surtout quand elles commencent à faire des études poussées. Pourtant l'Inde qui est encore en retard sur ce plan est déjà à deux enfants par femme. Comme quoi l'évolution de la démographie est beaucoup plus complexe qu'une simple question d'instruction des filles ou du système économique. Pour revenir à l'éducation si l'on regarde le temps d'étude moyen de la population l'Inde est encore loin des standards occidentaux bien qu'en rattrapage. Cet indicateur montre un progrès rapide qui cache par sa nature l'état de l'instruction chez les plus jeunes puisque les vieilles générations sont peu instruites. On constate d'ailleurs que les USA restent le pays le plus éduqué en moyenne devant le Japon et l'Europe. La Chine et l'Inde restent nettement en retard, mais cela ne durera probablement pas. Si l'on regarde sur les études les plus avancées comme les doctorats, la percée de la Chine est une évidence. Dès 2011, la Chine produisait plus de 125000 doctorants autant que les USA, 13000 en France et 28000 en Allemagne, l'Inde n'était qu'à 24000. Si ce pays a bien évidemment un énorme potentiel à cause de sa démographie et de l'attachement à l'instruction chez les familles. Il a donc encore un retard certain sur la formation la plus avancée. Rappelons que si la globalisation et les délocalisations ont fortement participé au développement de la Chine et à son rattrapage. C'est quand même le fort accroissement de l'instruction qui a permis à la Chine de faire des ingénieurs, des chercheurs et des techniciens capable de faire concurrence aux anciennes grandes puissances industrielles. Sur ce plan l'Inde est encore très loin d'égaler le monstre chinois malgré son poids démographique.

 

 

Croissance et commerce

 

 

Si l'Inde pouvait donc passer pour une Chine en devenir, il ne faut pas oublier aussi les grandes orientations macroéconomiques prises par ce pays. La Chine a construit son développement sur trois piliers. La bêtise occidentale qui a délocalisé ses entreprises chez elles. Le transfert de technologie obligatoire pour s'implanter en Chine, avec un protectionnisme très fort. Et une forte hausse de l'instruction publique. L'inde bénéficie d'une croissance régulière qui comme on le voit sur les statistiques dépasse désormais celle de la Chine. Le gouvernement Modi semble pleinement conscient de l'importance du protectionnisme dans le développement économique, mais ce pays va subir l'influence des pays occidentaux en matière d'idéologie économique. Il y a également le surdéveloppement des services en Inde qui pèsent sur l'économie. En effet, le secteur industriel ne représente que 20% du PIB de l'Inde. Cela se traduit par une balance commerciale systématiquement déficitaire. Quand on compare l'Inde et la Chine cette année, l'une est à plus de 3% d'excédent commercial quand l'autre est à plus de 4% de déficit commercial. Il s'agit là de la plus grande différence entre la Chine et l'Inde.

 

 

Malheureusement, l'Inde risque de faire le choix de la facilité en favorisant les délocalisations chez elle sans pour autant valoriser les productions locales. Déjà en 2022 ce pays commençait à négocier des traités de libre-échange avec l'UE espérant ainsi attirer les investisseurs européens et des délocalisations chez elle. Pour asseoir un développement réel, il est impératif d'avoir une production centrée sur la demande locale et pas seulement sur les exportations. Les expériences de l'Europe de l'Est en ce sens sont assez parlantes. L'Europe de l'Est a globalement échoué à rattraper l'Ouest. Ces pays sont devenus des usines allemandes en quelque sorte. Car contrairement à la Chine, ils n'ont pas eu de stratégie d'autonomie productive et de transfert de technologie alors que leur niveau de formation très élevé le leur permettait. L'idéologie libérale est passée par là et en a fait de simples zones de production qui permettent à l'Allemagne et à d'autres pays de faire des plus-values plus importantes chez eux. Si l'Inde veut éviter ce type d'évolution, elle a intérêt à ne pas tomber dans le panneau du globalisme bébête.

 

L'autre problème est également les relations avec la Chine. En effet, comme je l'ai déjà dit dans mon texte récent sur la Chine, ce pays est structurellement déflationniste. Si l'Inde ne se protège pas du commerce chinois, elle risque d'avoir la même relation avec la Chine que la France avec l'Allemagne. À savoir une relation de dominant dominé où le pays qui accumule des excédents finit par imposer ses choix économiques à sa victime. On a dans les relations économiques entre l'Inde et la Chine un vrai potentiel de monter en tension dans les décennies qui viennent. Comme on peut le voir dans le tableau suivant si les USA sont le premier client de l'Inde avec 17% des exportations, la Chine ne représentant que 3,3%. Le premier fournisseur est la Chine avec 14% des importations. Cela vous montre le gros déséquilibre qu'il y a entre les deux pays. Et les orientations de plus en plus libre-échangistes des dirigeants indiens ne portent guère à l'optimisme sur ce plan. Ces mauvaises orientations économiques libérales pourraient simplement gaspiller l'avantage démographique que ce pays va avoir dans les décennies qui viennent. Et cela pourrait aussi nourrir les tensions internes sous-jacentes.

 

 

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2 octobre 2023 1 02 /10 /octobre /2023 16:11

 

Depuis une vingtaine d'années, l'économie française s'est transformée sous l'effet coagulé de la libre circulation des capitaux, des marchandises et de l'euro. La transformation s'est faite assez rapidement en réalité en particulier de 2000 à 2008. Nous sommes passés d'une économie qui équilibrait à peu près ses comptes extérieurs en jouant sur le chômage et la limitation de la demande interne durant la période 1983-2000, à une économie qui ne s'implique plus dans l'équilibre de la balance des paiements. Et ce passage s'est fait naturellement sous l'effet de l'euro. La transformation a commencé en réalité dès la mise en place de l'euro où l'on voit rapidement une dégradation de la balance commerciale . Si l'euro a détruit l'industrie française et donc la demande qui était produite par les salaires versés par cette industrie, il a en même temps permis une baisse énorme des taux d'intérêt. Cette baisse a permis aux Français d'acheter massivement en particulier dans le domaine immobilier. Il y a un lien mécanique entre la dégradation de la balance commerciale et la bulle immobilière. Cette dernière a permis une « croissance » par une activité qui a fini par devenir parasitaire et excessive, exactement comme aux USA avec les subprimes. La différence c'est que le marché en France n'a pas été corrigé durant la période de la crevaison entre 2008 et 2010 contrairement aux USA.

 

Évidemment, cette croissance avait comme effet secondaire un accroissement progressif du déficit commercial. Comme je l'ai dit, la France s'est adaptée à la globalisation par le chômage de masse et la précarisation de l'emploi. Pour maintenir les grands équilibres, nos élites qui ont ouvert totalement l'économie française à partir des années 70 ont cassé la demande intérieure. Comme je l'ai brièvement expliqué dans mon texte précédent, le chômage était devenu la variable structurelle qui permettait d'équilibrer la balance des paiements. On maintenait ainsi les salaires en dessous de la hausse de la productivité. La globalisation a été faite pour ça d'ailleurs. Les capitalistes ont eu une peur bleue lors de la forte inflation des années 70 produite par la crise pétrolière et surtout par la fin du système du dollar or sous Richard Nixon. Pour calmer les ardeurs des salariés à faire augmenter leurs salaires, la globalisation fut une réponse pratique. En mettant les salariés français en concurrence avec le reste de la planète, vous cassiez mécaniquement les salaires et vous faisiez exploser les taux de profit. Ce qui se passa d'ailleurs très exactement à cette époque charnière. Mitterrand, qui fit un peu semble de rompre avec le système, rentrera vite dans le rang avec comme outil de défense idéologique, la construction européenne.

 

 

À partir de là, la croissance devint insuffisante pour absorber la croissance de la population active, ce qui donna l'économie des années 80-90. Une croissance molle qui permettait quand même un enrichissement, global, mais qui s'accompagnait d'une hausse progressive du chômage et de la précarité. On ne le dira jamais assez, le chômage est un drame non seulement humain, mais c'est un gaspillage de la force de travail d'une nation . En préférant importer moins cher les produits qu'elle consomme, notre pays a choisi sciemment de s'appauvrir pour le bénéfice d'une toute petite partie de sa population. La France perdit ainsi une partie de son industrie durant cette période, mais elle maintenait tout de même quelques fleurons comme l'industrie aéronautique et automobile. À partir de 1986 et de l'acte unique européen, le marché immobilier qui était régulé jusque là sera à son tour dérégulé, comme les dogmes de la construction européenne le réclamaient. On connaîtra dès la fin des années 80 une bulle immobilière comme à chaque fois qu'un marché est laissé à lui-même. On parle souvent de Maastricht à cause de l'euro qui a fait d'énormes dégâts, mais les effets néfastes de l'UE sur notre économie avaient commencé bien avant. Bref juste avant l'euro, la France souffrait, mais arrivait encore à fonctionner.

 

Avec l'euro l'industrie française va totalement rendre l'âme, c'est l'industrie automobile qui va faire l'effondrement le plus impressionnant. D'un excédent commercial à la fin des années 90, la France va passer rapidement à des déficits qui ne se combleront plus. Ne pouvant plus dévaluer, et les Français pouvant emprunter à faible taux grâce à la monnaie unique, notre pays va se lancer dans l'économie délirante de la bulle immobilière et des services. En un sens, l'euro a constitué, comme le dit très bien Emmanuel Todd, une rupture dans le sens des responsabilités. Loin d'avoir contraint les élites françaises à plus de rigueur comme le supposaient les créateurs de la monnaie unique et du traité de Maastricht. Il a bien au contraire permis à nos dirigeants toutes les folies. Il n'y avait plus à se soucier de la balance commerciale puisque l'euro nous « protège ». C'est tout le sens du « quoi qu'il en coûte » macronien en quelque sorte. On ne fait plus de choix en fonction des contraintes réelles. Les élites françaises pouvaient à la fois vivre leur délire de libre-échange et d'euro tout en arrosant la plèbe de dépenses publiques et de prêts immobiliers irresponsables. Évidemment il ne leur est pas venu à l'esprit que cela n'aurait qu'un temps. À ce petit jeu la France n'a pas été la seule à jouer. Les Espagnoles ou les Grecques ont fait de même. La réalité les a juste rattrapés plus vite que nous.

 

 

L'écologisme est une aubaine pour le marché immobilier

 

Nous arrivons à la fin de cette absurdité. Le retour de l'inflation et la crise de l'industrie en Allemagne en particulier font remonter les taux d'intérêt. La France totalement désindustrialisée se retrouve comme la Grèce dans la période 2008-2010 et elle s’apprête à faire les mêmes erreurs malheureusement comme nous en avons parlé il y a peu de temps. Cependant, la crevaison de la bulle immobilière en soi n'est pas un problème bien au contraire. La courbe de Friggit qui rapporte le prix de l'immobilier aux revenus disponibles montre mieux qu'un long discours l'énormité de la bulle. Sa correction est donc tout à fait normale même si beaucoup de gens vont y perdre. Il faut bien se dire que si la France avait gardé sa monnaie et fait du protectionnisme il est pratiquement certain que cette immense quantité d'épargne investie excessivement dans l'immobilier l'aurait plutôt été dans l'industrie et dans le développement réel du pays. La bulle n'a pas été seulement un drame pour tous les gens qui n'arrivent plus à se loger même en travaillant durement, ce fut aussi un énorme gaspillage de ressources. On a créé trop d'emplois dans les services et dans l'immobilier que ce soit dans la construction, dans la gestion ou comme promoteur immobilier, et pas suffisamment dans la production et l'industrie.

 

Courbe de Friggit septembre 2023

 

Cependant comme ce gaspillage fait vivre beaucoup de monde il est évident que les politiciens peu enclins à défendre l'intérêt général vont tout faire pour sauver la bulle. C'est plutôt dans ce sens qu'il faut comprendre l'empressement du gouvernement à exclure 2 millions de logements de la vente et de la location pour des raisons officiellement écologiques. Mais la vérité c'est que l'isolation ne sert pas à grand-chose d'un point de vue énergétique. Une étude récente en Allemagne le confirme d'ailleurs, ça n'a pas du tout réduit la consommation énergétique du pays. Par contre, il est certain que cela a nourri une ribambelle de parasites économiques. Elle a investi près de 340 milliards d'euros depuis 2010 et cela n'a eu aucun effet sur sa consommation. Avec une telle somme, elle aurait pu se doter d'un gros parc nucléaire lui fournissant une énergie stable et beaucoup moins chère que l'éolien, le solaire et le gaz. Alors, pourquoi promouvoir l'isolation alors qu'on a un échec allemand sous les yeux ? Simplement parce que cela peut permettre d'éviter l'effondrement des prix de l'immobilier. Les politiciens vont tout faire pour défendre la bulle, car elle est un peu le dernier pilier des apparences. Sans elle la France se retrouvera plus pauvre qu'elle n’apparaît. Et les apparences c'est très important pour un homme politique. Sans cette bulle il faudrait que les politiciens français admettent leurs erreurs économiques de ces 40 dernières années et qu'ils laissent tomber l'euro et la construction européenne pour redresser le pays. C'est absolument impensable pour eux. On devrait donc voir se multiplier les initiatives pour empêcher l'effondrement de la bulle même si cela veut dire avoir des millions de gens incapables de se loger correctement dans le pays. On peut déjà prévoir le retour des bidonvilles massifs et des nuées de tentes à l'entrée des villes française pour les prochaines années.

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28 septembre 2023 4 28 /09 /septembre /2023 16:08

 

Elle est de retour, la fameuse pensée récessive qui gère notre pays depuis les années 70 à savoir l'obsession pour les réductions budgétaires et la baisse des dépenses publiques.Vous allez me dire qu'elle n'était jamais vraiment partie, et vous n'auriez pas tort. Les discours sur la dette qui enfle et qui mettrait en danger les petits enfants est toujours là et n'a jamais quitté le paysage. La particularité de ce retour à la flagellation économique tient au fait que nous sortons d'une période que certains qualifiaient de « quoi qu'il en coûte ». L'on aurait pu croire bêtement que les élites françaises avaient enfin compris que la contrition économique n'était pas une bonne chose, mais non en fait. C'est-à-dire qu'il faut bien admettre que les dépenses de monsieur Macron furent particulièrement stupides. Nous ne parlerons pas ici de sa gabegie consistant à endetter les Français, pour compenser une hausse des prix de l'énergie, qui aurait pu être arrêtée facilement, et gratuitement, en sortant du marché européen de l'énergie. Nous ne parlerons pas non plus des mesures de confinement complètement absurdes d'un point de vue sanitaire et qui ont coûté des centaines de milliards d'euros à l'état pour compenser l'arrêt artificiel des activités économiques. Cette collection d’imbécillité a fait effectivement exploser la dette sans créer de la croissance économique pour autant.

 

 

Au total, monsieur Macron aura accru la dette française deux fois plus vite que le PIB soit près de 700 milliards d'euros en l'espace de six ans seulement. On notera également que l’imbécillité portée à l'extrême poussera ces idiots à émettre des OAT indexées sur l'inflation. Vous me direz dès lors, il faut serrer les vis et réduire pour réduire la dette. Je vous répondrais, regardons la Grèce. Loin de réduire les dettes, les politiques de contrition économique se traduisent toujours par une augmentation des dettes. Parce que la réduction des dépenses produit un ralentissement économique qui provoque une baisse des recettes plus rapide que les économies que l'on comptait faire. De fait, la contrition de la demande réduit rarement les dettes, ou au prix d'une violence sociale incroyable. Pour autant, les politiques de relance dans le cadre libéral actuel ne fonctionnent plus non plus. Pour ceux qui suivent ce blog, la hausse de la dette plus rapide que la hausse du PIB est facile à expliquer. Les politiques de relance en régime de dérégulation financière et commerciale tendent à moins fonctionner. Le multiplicateur keynésien dépend en effet essentiellement de la capacité d'un pays à pourvoir à ses besoins. Ainsi le multiplicateur keynésien fonctionne totalement si 100% de la consommation du pays se fait sur les produits fabriqués dans le pays. L'argent circule alors uniquement dans le pays et l'effet multiplicateur fait son œuvre jusqu'à ce que la totalité des moyens de production et de la population soit employée. La politique keynésienne fonctionne dans un cadre fermé ou au moins fortement régulé que ce soit sur le plan financier ou commercial.

 

Dans ce cas-là, le multiplicateur keynésien est supérieur à un . Ce qui signifie que pour un point de dette vous créerez mécaniquement plusieurs points de PIB supplémentaires. L'endettement dans ces conditions n'est pas un problème, car les recettes augmentent plus vite que le coût de la dette. Ce fut le cas durant toute la période d'après-guerre où l'on s'est rapidement désendetté malgré les hausses importantes de dépense publique. Le problème arrive lorsque vous dérégulez votre économie et que vous importez les marchandises ou que vous laissez les capitaux sortir. D'un seul coup, vous cassez la mécanique keynésienne du lien entre la production, la consommation et la masse monétaire en circulation. Ce que l'on appelait l'économie monétaire de production. Et si votre économie devient trop ouverte, le risque est que le multiplicateur keynésien devienne inférieur à un, ce que la France connaît désormais. En réalité, le problème en France est connu depuis les années 80 et la politique du franc fort puis de l'euro a aggravé la situation puisque la dévaluation était le dernier mécanisme protectionniste utilisable dans la globalisation néolibérale. Et Macron savait très bien cela. D'autant que la dérégulation commerciale et financière avait justement pour but de rendre impossible ce genre de politique pour favoriser les revenus du capital au détriment de celui du travail dans les années 70.

 

La France n'est pas le seul pays dans cette situation, c'est le cas de la plupart des pays du monde, puisque la globalisation a rendu totalement interdépendants la plupart des pays de la planète. Les plus gros comme la Chine qui en plus est totalement autonome sur le plan commercial peut faire des relances sans craindre grand-chose par contre pour nos pays c'est beaucoup plus compliqué. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui rend la globalisation naturellement déflationniste. Elle tend à contracter la demande intérieure mondiale puisque chaque pays n'a aucun intérêt à faire des relances au risque de s'endetter dangereusement sans produire de croissance suffisante. Ainsi la globalisation tend donc à réduire la consommation en comprimant la demande globale des pays qui en sont membre. Elle crée un système de non-coopération favorisant l’égoïsme et le mercantilisme de certaines nations qui vont chercher à croître au détriment d'autres nations. Le seul mécanisme jusqu'à présent qui permettait encore une croissance était la capacité des USA et plus généralement de l'occident à s'endetter toujours plus et à mettre en place des mécanismes financiers permettant la hausse de masse monétaire mondiale. Tout ceci provoqua bien sûr d'immenses déséquilibres commerciaux et financiers qui se traduisent régulièrement par des crises et des cracks .

 

 

Revenir à une politique de dépense nationale et rationnelle

 

Dans cette immense chienlit qu'est la globalisation néolibérale, l'Europe est l'ultime démonstrateur d’inefficacité. C'est la région qui a le plus dérégulé et le plus libéralisé son commerce. C'est la seule région du monde où il n'y a plus du tout de stratégie économique collective. C'est donc là aussi que les possibilités de politique macroéconomique de relance sont les moins possibles et les plus néfastes. La politique de dépense de Macron s'est surtout traduite par un plongeon des déficits publics et surtout commerciaux. Quand les Français ont plus d'argent, ils consomment des produits étrangers, rendant impossible une création d'emplois productifs sur le territoire. On voit clairement sur les graphiques que la forte hausse de la dette s'est traduite par une dégradation rapide de la balance commerciale. Les dépenses de Macron se sont traduites par une hausse de la demande chez nos pays partenaires commerciaux. Alors à ce stade on pourrait dire oui, mais on pourrait faire la stratégie d'Attali, après tout l'UE a un excédent commercial et elle pourrait faire un plan de relance à son échelle. Sauf que depuis 40 ans la majorité des pays de l'UE sont néolibéraux ou ordolibéraux. Ils n'entendent pas faire de politique de relance. C'est pour ça que le discours, sur l'option de faire à l'échelle de l'UE, ce que l'on ne peut plus faire à l'échelle de la France, n'a aucun sens. C'était déjà les propos de Rocard et Delors dans les années 80 d'ailleurs. C'est d'ailleurs devenu totalement impossible dans une UE composé d'autant de membres et qui veut encore s'élargir.

 

Soit on revient à l'échelle nationale soit on admet le néolibéralisme et on détruit notre état providence pour suivre la course suicidaire à la recherche du coût de production le plus bas. C'est ce dernier choix que toutes les nations de l'UE ont fait. C'est un choix suicidaire à long terme, et qui n'est pas étranger à l'effondrement de la natalité du continent, mais c'est leur choix. En France par contre comme la population est très rétive au néolibéralisme, parce qu'on pense bêtement que le but de la vie n'est pas de produire du dividende pour les actionnaires, l'état a choisi une action souterraine. On peut en effet soupçonner Emmanuel Macron d'utiliser l'endettement pour justifier a posteriori la démolition de l'état. La stratégie n'est pas nouvelle, les USA et la Grande-Bretagne l'ont pratiqué longtemps. Vous dégradez un service public pour des raisons économiques, puis quelques années plus tard vous déclarez que le public ne fonctionne pas et qu'il faut privatiser. La dette est un outil puissant non seulement pour soumettre une population, mais aussi pour justifier tout un tas de politiques stupides qui n'aurait jamais été accepté sans ça. En endettant la France à un niveau grec tout en sachant pertinemment que cela ne produirait pas de croissance, Macron a juste créé une situation idéale pour justifier son programme de démantèlement des services publics déjà bien abîmé. On le voit encore une fois en Grèce où l'état justifie ainsi des retraites à 74 ans et un temps de travail à 13h par jour. La Grèce n'était probablement qu'un laboratoire d'expérimentation pour faire la même chose à tous les pays de l'UE plus tard. Je rappelle que l'UE est une structure néolibérale depuis sa création.

 

Si maintenant des dirigeants responsables arrivent par hasard au pouvoir en France que pourraient-ils faire ? Tout d'abord, comprendre que la dette n'est jamais un véritable problème. Dans le pire des cas, on peut la répudier même si cela fera bondir les pontes de la rente à perpétuité. On peut aussi la monétiser. Ce qui est vraiment important c'est la capacité de production d'une nation, votre base industrielle et votre balance commerciale. D'ailleurs la crise inflationniste que nous subissons montre l'importance de l'autonomie. C'est parce que notre prix énergétique explose pour de mauvais choix industriels, en particulier l'arnaque que constituent les énergies renouvelables, que l'on paie aussi cher notre énergie. Le marché européen ayant fait le reste. Le prix de l'énergie étant fondamental pour toutes les productions, l'inflation a touché tous les secteurs. On croise encore quelques rigolos pour croire que l'inflation est le produit de la politique monétaire de la zone euro, mais cela ne tient pas face à l'observation.

 

Plus on est autonome et moins la dette posera de problèmes en tant que tels. C'est pour cela que toute politique macroéconomique alternative doit être accompagnée et même précédée d'une politique de change favorable ainsi qu'une politique protectionniste et industrielle. Redonner la capacité à la France de produire ce qu'elle consomme c'est lui rendre la possibilité d'avoir une véritable croissance économique. Vous ne pouvez pas consommer indéfiniment sans rien produire vous-même. Les gens qui parlent de politique de relance sans ce préalable sont des irresponsables ou des escrocs. Plutôt que de parler de contrition de la demande, il vaudrait donc mieux sortir de l'UE et de l'euro et remettre des frontières commerciales. D'ailleurs si monsieur Macron avait investi ces 700 milliards de dettes supplémentaires dans la réindustrialisation, la construction de centrales nucléaires et l'agriculture, peut-être aurions-nous eu une vraie croissance et un rééquilibrage de la balance commerciale. Des solutions pour la France il y en a, et il y en aura toujours. Le véritable problème c'est ceux qui tiennent le pouvoir et qui n'ont pas vraiment pour objectif la prospérité du pays.

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21 septembre 2023 4 21 /09 /septembre /2023 15:22

 

Une fois, n'est pas coutume même lorsqu'il dit quelque chose de vrai, il arrive à glisser une réflexion fausse. Je parle bien évidemment de parler de notre penseur historique, le faiseur de président, et dont l’anagramme de son nom lui fait un point commun avec un glorieux ennemi de l'Empire romain. Je parle bien évidemment de Jacques Attali qui vient de se faire remarquer avec un propos relativement eurocritique même si de sa part il y a bien évidemment une forte dose de cynisme. Attila mit l'Europe à feu et à sang , l'idéologie d'Attali fit de même et il regarde maintenant le continent dépérir grâce en grande partie aux idées qu'il défendait. Il était donc invité sur une émission douteuse de France télévision « C ce soir ». Le voilà disant après moult défense de l'Union européenne pendant des décennies :«Depuis 1958, on a tout fait pour détruire les frontières internes et externes de l'Europe. Et aujourd'hui, l'Europe est une passoire ». Ce serait drôle si ce n'était pas aussi dramatique. Jacques Attali qui a défendu pendant 40 ans le libre-échange, la libre circulation des capitaux et des personnes fait maintenant le même constat que les affreux souverainistes, l'UE est une passoire inutile.

 

Alors on rappellera tout de même l'historique de l'adhésion d'Attali et de Mitterrand au processus européen. Quand la gauche est mise au pouvoir en 1981, les premiers actes de celles-ci sont plutôt d'essence souverainiste dans le sens où les politiques menées le sont sans vraiment prendre en compte les fameuses contraintes européennes. Pourtant à l'époque, la France faisait déjà partie de la CEE, et du fameux serpent monétaire, qui a précédé la future monnaie unique. Mitterrand va faire une politique de relance qui n'était pas keynésienne dans son esprit, car fortement influencé par l'idéologie marxiste. Cependant, cette relance va vite se heurter aux contraintes libérales que la France s'était infligées depuis les années Giscard. Il faut rappeler qu'avant les années 70 la communauté européenne des six était relativement protectionniste avec des droits de douane moyens de 30%. C'était le fameux tarif extérieur commun qui a fondu depuis. De la même manière depuis la fin des accords de Bretton Woods avec l'abandon par Nixon de la conversion du dollar en or, les USA ont aussi imposé la dérégulation financière, une dérégulation à laquelle la France a souscrit. Ce faisant, les dirigeants socialistes de l'époque savaient pertinemment que leur politique de relance se heurterait aux effets sur les déficits commerciaux. Et cela n'a pas manqué. Dès 1983, les socialistes se retrouvent à devoir faire un choix entre abandonner les lubies libérales et remettre des frontières aux marchandises et aux capitaux, ou laisser exploser le chômage en arrêtant la relance et en comprimant la demande.

 

Comme vous le savez, c'est ce second choix qui fut fait. Cependant si beaucoup de gens pensent qu'il s'agissait d'une erreur, je pense à titre personnel qu'il s'agissait d'un objectif. Je ne peux pas croire que Mitterrand et son entourage n'avaient pas conscience de ce qu'ils faisaient. Leur politique de relance sans mesures protectionnistes ou contrôle des changes avait justement pour but de décrédibiliser les politiques keynésiennes et de favoriser la construction européenne dès le début. On connaît la peur maladive de Mitterrand pour l'Allemagne, c'était peut-être sa motivation profonde avec l'idée que l'UE empêcherait l'Allemagne de nuire. Ce qui a posteriori s'est révélé complètement faux. Mais l'étrange tournant de la rigueur me semble en réalité avoir été préparé. Et dans ces stratégies faites de coup tordu et de conseil malavisés, on retrouve monsieur Jacques Attali qui fut l'un des proches conseillés de Mitterrand. Sachant qu'en plus il n'est pas étranger au président actuel, et qu'il l'a même en partie fabriqué, vous comprendrez bien qu'on a du mal à acquiescer sans broncher aux propos qu'il vient de tenir.

 

L'UE est d'essence libérale depuis le début

 

Dire comme il le fait que l'UE est un échec parce que c'est une passoire que ce soit sur le plan migratoire ou économique, c'est faire semblant d'oublier ce qu'est la construction européenne depuis le départ. Nous n'allons pas revenir à l'histoire obscure de ses fondateurs français. Jean Monnet et Rober Schuman n'étaient pas des patriotes, mais des agents américains détestant l'état et la France. En réalité, ils ont fait l'Europe parce qu'ils ne pouvaient pas faire de la France un état américain sans quoi ils ne se seraient pas enquiquinés avec la construction européenne. Et dès le départ cette construction artificielle est fondée sur l'idée du marché comme seul régulateur de la vie publique. La CECA est fondée sur des principes supranationaux avec l'idée très bête de Montesquieu du doux commerce. Si j'ai beaucoup de respect pour Montesquieu et pour son œuvre, l'idée que le commerce amène la paix est probablement l'une des idées les plus stupides jamais imaginées par un intellectuel. Combien de guerres ont-elles été déclenchées justement parce que les peuples étaient trop interdépendants? La crise actuelle entre les USA et la Chine provient en grande partie du fait que les USA sont trop dépendant de cette dernière, ce qui les met en position de faiblesse. Il en va de même au sein de l'Europe avec une Allemagne qui a utilisé l'UE et l'euro pour abattre l'industrie de ses voisins.

 

La vision des fondateurs de la future Union européenne n'était pas une vision fédérale au sens de faire une nation européenne. Les gens qui ont fondé l'UE sont des libéraux pur jus, ils ne croyaient pas aux nations et les voyaient comme des structures contraignantes pour les individus. Ce qu'elles sont en partie. Mais pour les libéraux extrémistes, l'idéale c'est l'absence de nation, et de collectif, la disparition du commun. Ainsi libérés de la contrainte étatique, les individus donneraient libre cours à leur créativité. Mue par leurs intérêts égoïstes, ils réaliseraient la mise en pratique de la fameuse fable des abeilles de Mandeville (une autre absurdité intellectuelle libérale). Il est donc ridicule de penser que l'absence de frontières, et le fait que l'UE soit une structure impuissante soient un accident ou une erreur. C'était l'objectif de la construction européenne dès le départ, faire disparaître les nations et les états et ne laisser qu'un bouillon d'individus égocentriques n'agissant que dans leurs intérêts. Avec les mécanismes du marché comme seul régulateur, l'Europe aurait dû connaître 1000 ans de prospérité.

 

S'il y a échec, ce n'est pas sur la réussite des objectifs européens qu'il est. Il a été au contraire parfaitement réussi, les nations européennes n'existent pratiquement plus, les chefs d'État étant réduits à de simples agents commerciaux amusant la galerie et faisant croire au maintien de la démocratie et à la fable de la prise de décision autonome. L'UE est une pleine réussite sur ce plan, les états sont morts, les différents droits des salariés sont petit à petit détricotés. Et même les systèmes sociaux disparaissent, on le voit aujourd'hui en Grèce où c'est presque le retour du servage qui pointe. Les grands services publics sont privatisés et toutes les nouvelles décisions ou réformes se résument à détruire plus ou moins rapidement les derniers restes de l'état providence. S'il y a échec, c'est sur l'objectif de prospérité. C'est qu'ils y croyaient les libéraux à leur société de marché pure et parfaite. Ils pensaient réellement, et beaucoup le croient encore, que toute la misère du monde venait de la contrainte collective. L'échec de l'URSS les en avait d'ailleurs persuadés.

 

Le collectivisme ayant échoué lamentablement, son contraire devait forcément mener au paradis. On sent d'ailleurs que le mouvement néolibéral a vraiment accéléré après la chute de l'URSS, en particulier en Europe. Malheureusement pour eux c'était faux. La nature a horreur des extrêmes, et il faut croire que c'est la même chose pour l'économie et la gestion des sociétés. Le néolibéralisme qui se voulait le contraire du communisme échoue de la même manière, mais pour d'autres raisons. Les marchés ne s'autorégulent pas, il n'y a aucune raison pour que la somme des intérêts individuels mène à l'intérêt général. Et si les marchés et l'initiative sont nécessaires, les états régulateurs le sont tout autant, car ils sont les seuls à pouvoir défendre l'intérêt général contre les égoïsmes excessifs. L'échec de la construction européenne n'est donc pas l'échec de ses objectifs, ils ont été atteints. C'est avant tout l'échec de l'idéologie qui s'est servi d'elle pour s'imposer aux Européens. C'est l'échec du néolibéralisme et du tout marché. Las, si l'échec est aujourd’hui patent, reconstruire quelque chose après ça va être très difficile. Pour paraphraser un célèbre adage « Là où Attali a passé, l’économie ne repousse plus. »

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14 septembre 2023 4 14 /09 /septembre /2023 16:20

On peut maintenant réellement parler d'un effondrement civilisationnel en Europe. L'invasion de l'île de Lampedusa en Italie est le symbole de la très grande faiblesse d'un continent qui n'est même plus capable de défendre ses frontières. Car il s'agit là d'un acte d'invasion ni plus ni moins. Tel l'empereur romain Augustule en 476 abdiquant contre les envahisseurs menés par Odoacre, l'Italie abdique face à l'invasion de son territoire. Rome fut pillé plusieurs fois avant la chute finale et en Europe nous sommes un peu dans cette situation toute proportion gardée. Incapable d'absorber des flux migratoires sans précédent dans l'histoire européenne et confrontée dans le même temps à un effondrement démographique intérieur catastrophique. Le continent pourrait bel et bien s'effondrer dans les décennies qui viennent. Il ne s'agit plus du tout d'un roman de fiction ou d'un fantasme d'extrême droite. Mais si l'invasion « barbare » est ce qui mettra peut-être un coup d'arrêter définitif à l'existence des civilisations européennes, la maladie fondamentale n'est pas là . L'immigration invasive n'est finalement qu'une conséquence d'une « culture » et d'une façon de voir le monde qui conduit naturellement à ce désastre.

 

Au fondement du problème vient l'idée saugrenue que le vice privé formerait collectivement l'intérêt général par le simple mécanisme du marché et de la concurrence. Comme je l'avais longuement expliqué dans un autre texte consacré aux origines du libéralisme économique, les libéraux ont appliqué la méthode de Descartes sur les questions économiques. Pour résoudre un problème trop grand, on le divise en petite partie puis on résout chacune de ces parties plus simples. À la fin on est censé résoudre l'ensemble du problème . C'est la fameuse méthode de Descartes qui a ses qualités, elle est au fondement du progrès scientifique moderne après tout. Mais elle a aussi ses limites. En effet, elle suppose une indépendance totale des parties que l'on analyse. C'est ce qui conduit les physiciens et les scientifiques à ternir leur célèbre phrase « Toutes choses égales par ailleurs ». À savoir que le problème que l'on analyse ne connaît pas de paramètres qui viennent en modifier le fonctionnement a posteriori. Or cette question fondamentale de l'indépendance des variables d'un problème est complètement ignorée par les thèses libérales. De sorte qu'ils raisonnent sur des morceaux de problèmes dont ils ne savent même pas, si une fois rassembler dans leur contexte général, leur hypothèse de départ fonctionnera encore.

 

C'est cette vision en forme de construction en pièce de Lego qui conduit irrémédiablement la pensée économique libérale au désastre, et nous avec. Les économistes ont même un terme pour cette façon de penser, ce sont les robinsonnades. C'est-à-dire le fait de produire un raisonnement dans un milieu clos, comme Robinson et son île coupée du reste du monde. Évidemment dans le monde réel, en pratique, il est malheureusement impossible de couper une partie de la société et de l'économie pour l'analyser à part. L'analyse économique comme celle du climat ou de la médecine sont en fait holistique. On ne peut pas vraiment analyser correctement l'économie d'une nation et son fonctionnement social simplement par partitionnement. Il faut prendre l'ensemble des données et essayer de faire le mieux possible avec les différents paramètres qu'on observe. En ce sens, le pragmatisme et l'empirisme de l'expérience historique sont amplement plus utiles en économie que les raisonnements en robinsonnades.

 

L'Europe et l'occident victime de la pensée cloisonnée

 

Quel est le rapport avec notre situation migratoire et aux multiples problèmes économiques que nous rencontrons, me direz-vous ? C'est simple, nos dirigeants sont englués dans la pensée cloisonnée. Ils ne font aucun lien entre les multiples décisions qu'ils ont pris, et leurs interactions multiples qui en résultent. La guerre en Libye notamment qui a ouvert les portes de l’Europe à une armada d'immigrés subsahariens. C'est la même chose pour la fécondité, le problème est ancien puisque la natalité en Europe est devenue dangereusement basse à partir des années 70. De nombreux démographes avaient pourtant prévenu du désastre à venir, mais rien n'a été fait. Le lien avec la dégradation des conditions économiques pour la majorité des salariés est pourtant clair. La baisse de la fécondité en France suit la mise en place du régime libéral et de l’ouverture des frontières commerciale. La hausse du chômage et la contrition salariale entraîneront une chute des naissances indéniable. Tout se passe comme si les civilisations occidentales étaient devenues incapables de se projeter dans l'avenir ou d'avoir une quelconque stratégie qui dépasse la date de péremption médiatique, à savoir quelques semaines voir quelques jours. On ne fait plus d'articulation générale entre les diverses politiques menées et l'ensemble de la situation de nos nations. C'est un peu comme si l'on conduisait une voiture et que chaque commande était aux mains d'une personne différente ne communiquant pas avec aucun des autres individus pilotant la voiture. Vous imaginez la catastrophe. Et bien la civilisation néolibérale c'est ça en quelque sorte. Chacun agit en fonction de ses intérêts propres en limitant son action à ce qui l'intéresse directement sans se préoccuper de l'ensemble. Cela produit une société dysharmonique sans aucune cohérence d'ensemble et donc dysfonctionnelle.

 

La fameuse main invisible est plus qu'invisible, elle n'existe pas. Adam Smith avait introduit dans sa logique un instrument pour rendre une certaine cohérence collective à son monde individualiste parce qu'il savait bien au fond qu'une telle société ne pourrait pas fonctionner en pratique, mais ce n'était qu'un artefact intellectuel. Il n'y a aucune raison pour qu'une société où chacun agit uniquement dans son propre intérêt puisse collectivement agir dans l'intérêt général, il n'y a aucune raison pour cela. La déstructuration avancée que connaît notre société, particulièrement en Europe, est la conséquence naturelle de l'absence de stratégie et d'action collective. Particulièrement en France où l'individualisme est vraiment très prononcé. La construction européenne n'a jamais eu pour but de former un nouvel État-nation, mais de déstructurer les anciens. En cela, elle a parfaitement réussi. L'Europe est une utopie libérale réalisée au sein de laquelle il est impossible d'imposer une direction collective dans quelque direction que ce soit. Toute la structure politique de l'UE est de défaire le collectif et d'organiser la compétition et le marché partout. La situation du marché artificiel de l'énergie montre où ce genre d'idéologie peut mener dans l'absurde. Après l'explosion du prix de l'électricité qui a eu lieu en France et qui n'a aucune justification technique pour notre pays (les centrales nucléaires sont amorties) . La CRE annonce d'ailleurs une nouvelle hausse pour 2024. Au risque de faire complètement s'effondrer les maigres restes de notre industrie et de provoquer ainsi misère et même famine au stade où l'on en est.

 

Le domaine de l'énergie est en lui-même le symbole des effets de la pensée cloisonnée néolibérale qui a colonisé la totalité de nos élites. À aucun moment les dirigeants européens n'ont pensé aux effets de retour de leur politique anti-russe par exemple. L'effondrement actuel de l'économie allemande, particulièrement du secteur de la chimie, est directement le fruit de cette ignorance et l'explosion du prix du gaz qui en a résulté. En prenant uniquement un paramètre, le PIB (paramètre en lui-même discutable d'ailleurs), les élites européennes se sont tiré une balle dans le pied. C'est d'ailleurs la même chose pour le secteur automobile. L'UE a décidé de mettre fin à l'automobile thermique sans même se demander si son industrie pourrait rapidement se convertir. Le magnifique résultat est que la Chine vient de devenir la première exportatrice de voitures dans le monde alors qu'elle était 15e productrice il y a seulement deux ans... Pour réussir son pari l'UE aurait dû accompagner sa politique d'investissement public massif et de mesure protectionnistes pour développer sa propre production. Mais voilà, il faut laisser faire le marché et la libre concurrence, même si l'UE est la seule à raisonner ainsi sur la planète. Le résultat est déjà prévisible, l'Europe ne produira probablement plus aucune voiture dans dix ans et se retrouvera totalement à la merci des importations, si le continent ne s'est pas effondré d'ici là.

 

Pour sortir de nos problèmes, il faut donc changer de rapport au réel et cesser de séparer les problèmes de façon excessive. Ils sont très souvent interdépendants. Vous ne pouvez pas régler le problème de l'immigration sans parler de géopolitique, sans remettre des frontières et donc sans remettre en question Schengen , l'UE ou la CEDH. Pourtant les opposants à l'immigration de masse en France ignorent pour la plupart ces contraintes. De la même manière, on ne peut pas résoudre notre problème de déficit commercial en ne parlant que de formation professionnelle, d'impôt sur les sociétés ou de charge sociale. C'est un ensemble de mesures qu'il faudrait prendre, dont une politique monétaire plus souple, des quotas et des droits de douane ou encore des investissements publics massifs dans le développement industriel. N'agir que sur un ou deux paramètres ne peut en aucun cas résoudre des problèmes multifactoriels. Sortir du néolibéralisme ce n'est donc pas seulement rompre avec le laissez-faire et le marché, c'est aussi rompre avec une façon de penser erronée qui ne prend pas en compte l'ensemble de la complexité d'une société.

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