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7 septembre 2023 4 07 /09 /septembre /2023 15:54

 

Nous en avons un peu parlé dans un texte d'il y a quelques mois, mais il semble bien que la Chine se dirige vers de grandes difficultés macroéconomiques. Comme nous allons le voir même si cela coïncide avec le conflit entre elle et l'empire américain, le fond du problème était là depuis bien plus longtemps. Il s'agit d'un problème structurel de surproduction . Malheureusement pour nous à cause de la globalisation, une dépression en Chine associée à la déflation pourrait être catastrophique pour l'Europe et plus généralement pour l'économie mondiale. Cela pourra également dégrader fortement les relations entre les BRICS en entraînant des conflits économiques importants. En effet même si l'on parle surtout de la compétition entre la Chine et les USA il ne faut pas oublier que la tendance chinoise au mercantilisme est en soi un problème pour ses partenaires. L'Inde par exemple connaît une dégradation constante de sa balance commerciale avec la Chine, ce qui n'est pas au goût de New Delhi à juste titre.

 

Il faut bien comprendre que la Chine a eu un modèle assez extraverti depuis les années 70. On s'extasie à juste titre sur la vitesse de sa progression qui s'est fait en grande partie sur la destruction volontaire de l'industrie occidentale. Quand je dis volontaire, c'est bien évidemment du côté de l'occident qu'il faut chercher cette volonté. Au départ, la Chine n'avait pas les moyens de négocier quoi que ce soit, et c'est bien l'occident et les USA en particulier qui ont organisé la globalisation dont la Chine a profité. Illustrant ainsi avec entrain les propos de Lénine sur les capitalistes qui finiront par vendre la corde avec laquelle ils seront pendus. Si la stratégie mercantiliste chinoise a été un vrai moteur au début elle se retourne maintenant contre elle . Et en réalité, le retournement ne date pas d'hier puisque la croissance chinoise ralentie en fait depuis son entrée dans l'OMC. Le ralentissement est surtout palpable depuis la crise des subprimes aux USA vers 2007-2008. Même si la Chine a continué depuis à connaître une croissance forte comparativement aux pays développés, il faut bien rappeler que même si elle est déjà la première puissance économique du monde, le PIB par habitant reste notablement plus faible que celui des pays avancés.

 

Ce ralentissement économique est d'ailleurs à associer à la forte baisse de l'inflation et à la hausse des inégalités concomitantes . L'inflation des années 80-90 qui rongeait mécaniquement la rente a été réduite et l'accumulation massive du capital l'a remplacée en augmentant les inégalités comme en Europe à partir des années 80. Si l'inflation n'est pas le seul moyen de lutter contre les effets des taux d'intérêt et de la concentration du capital, cela reste le moyen le plus commode pour en limiter les effets à long terme. La crise chinoise actuelle n'en est pas vraiment une. Ou plutôt il s'agit du fameux phénomène décrit par Keynes dans les années 30, celui de la pauvreté dans l'abondance. En fait, la Chine a fait d'immenses progrès en matière de productivité. Une croissance de la productivité qui a été anormalement boostée par les délocalisations occidentales. La Chine a en quelque sorte fait un rattrapage technologique sans faire le rattrapage organisationnel qui allait avec. Car la course aux gains de productivité en occident n'a pas été de tout repos. La crise de surproduction aux USA à partir de 1929 a entraîné de graves problèmes qui n'ont pu réellement être résolus qu'avec la Seconde Guerre mondiale et les immenses efforts de guerre qui ont relancé la demande. Un exemple de surproduction chinoise, les batteries produites de façon excessive.

 

Rappelons tout d'abord rapidement ce qu'est une crise de surproduction. C'est assez simple, une crise de surproduction advient lorsque les gains de productivité ne sont pas accompagnés d'une croissance de la demande ou d'une réduction du temps de travail. En clair si le travail est de plus en plus efficace cela signifie que pour maintenir la quantité d'emploi il faut soit augmenter la consommation par différents moyens (hausses des salaires, politique d’investissement, etc.), soit réduire le temps de travail pour éviter de détruire des emplois. Car laissé à lui-même, le marché aura tendance à produire du chômage. Ce qui engendrera une réduction de la consommation, qui elle-même entraînera une réduction des investissements. De sorte qu'à terme un circuit économique pessimiste se mettra en place entraînant tous les acteurs économiques à réduire toujours plus leurs investissements, leur consommation et à augmenter l'épargne. À la fin c'est la déflation qui s'installe et quand les prix baissent les consommateurs préfèrent épargner puisque les prix baissent chaque année alors que l'épargne stagne ou même augmente avec les taux d'intérêt. Ajoutons à cela la situation démographique du vieillissement et de la baisse de la population et la dépression peut vraiment devenir chronique.

 

 

La Chine qui a connu longtemps une forte hausse de la productivité, mais une hausse des salaires moindres aurait dû entrer en déflation et en crise il y a très longtemps, sauf que la Chine a pu pendant longtemps compenser sa structure économique déflationniste par ses excédents commerciaux. Tant que l'économie chinoise était relativement petite, les excédents commerciaux pouvaient compenser sa faible demande intérieure. Mais c'est de moins en moins le cas depuis 2007-2008. La Chine est en fait devenue beaucoup trop grosse économiquement pour être tirée par la demande extérieure. Alors le problème n'est pas nouveau surtout quand on regarde l'anomalie énorme de l'économie chinoise en termes d'épargne. Aucun pays développé n'a une épargne qui représente près de 50% du PIB annuel, pas même le Japon qui en est très loin. L'état chinois a longtemps compensé avec des plans de relance à la manière d'un Roosevelt avec son New Deal. Mais la méthode à ses limites, le Japon a fait la même chose pendant des décennies sans arriver à relancer l'inflation et la croissance. En occident, c'est la création de l'état providence et la redistribution ainsi que la hausse des impôts pour les couches sociales aisées et les entreprises qui avaient permis le retour de la croissance après guerre. Le modèle keynésien d'alors était stable et a résolu le problème endémique du retard de la demande sur les gains de productivité. Malheureusement, ce modèle a été démoli comme vous le savez à partir des années 70 pour être remplacé par le modèle néolibéral basé sur l'explosion des dettes privées et publiques appuyée sur l'augmentation de la masse monétaire du dollar à partir de 74.

 

 

Avec la déflation la Chine risque de devenir une super-Allemagne

 

À l'heure actuelle, le seul moyen pour la Chine de ne pas entrer dans une déflation durable et une crise de la croissance serait de motiver les Chinois à moins épargner et à plus consommer. Cela peut passer par la mise en place d'un état providence à la sauce chinoise. Un exemple simple, la Chine a un énorme problème de natalité, une vigoureuse politique familiale d'allocation, de crèches et d'écoles gratuites, pourrait permettre à la fois de relancer l'économie par la consommation, et de résoudre en partie le problème de natalité. En créant un système social plus généreux d'un côté vous relancez directement la consommation parce que la population la moins bien lotie socialement est aussi celle qui a la propension à consommer la plus forte. Et dans le même temps, vous permettez à la population d'avoir moins peur pour l'avenir. En créant un climat de confiance économique, vous allez mécaniquement réduire l'obsession pour l'épargne. On l'a complètement oublié en occident et en particulier en France, la retraite par répartition avait aussi pour objectif de réduire le taux d'épargne et de maintenir une demande vigoureuse. Là où la retraite par capitalisation favorise la thésaurisation et donc la mécanique de déflation.

 

 

L'état chinois pourrait aussi réduire le temps de travail et améliorer les conditions de travail de la population permettant à la société de créer plus d'emplois par point de croissance. C'est une autre manière d'utiliser les énormes gains de productivité. Dans tous les cas, les Chinois sont devenus beaucoup plus riches qu'ils n'étaient, mais ils n'en profitent pas assez. Et c'est bien là le problème, et là que se niche la terrible crise de surproduction. Les imbéciles libéraux qui ne parlent que de réduction des salaires, des dépenses, et de contrition économique, nourrissent en fait largement les crises qu'ils prétendent combattre. Et je crains que la Chine fortement influencée par les écoles économiques américaines ne prenne pas les bonnes décisions macroéconomiques. Le néolibéralisme est la meilleure exportation des USA, après tout elle leur permet de plonger dans des crises les pays qui sont sous leur influence idéologique.

 

Mais quelle serait la conséquence pour l'économie globalisée d'une dépression chinoise prolongée ? Et bien c'est assez facile à imaginer. En effet, le meilleur exemple est l'Union européenne. L'UE est une petite globalisation à son échelle et elle a un énorme pays en son centre l'Allemagne. Or ce pays, qui est la première puissance du continent, s'est mis dans l'idée depuis la fin des années 90 de ne croître que par les exportations. À partir de 2005-2007 les lois Hartz ont conduit à une baisse des salaires pour accroître les excédents commerciaux au détriment des pays voisins. Bien loi du discours sur la solidarité européenne. Et la stratégie a marché puisque l'Allemagne a fait exploser ses excédents et cassé l'industrie de ses voisins. Le résultat est que l'UE est devenue la zone économique du monde avec la plus faible croissance. Il en sera de même avec la Chine, mais à une échelle encore plus grande. En effet l'Allemagne et l'UE pouvaient tout de même compter sur la demande provenant de l'extérieur de la zone euro. Celle des USA en particulier alimentés par leur dette et leurs politiques monétaires très laxistes. Comme le disait très bien Emmanuel Todd, les USA sont devenus l'état keynésien de la planète entière. Ils sont les seuls à comprendre l'importance de la demande. Le gros problème c'est qu'ils sont maintenant beaucoup trop petits pour endiguer les déflations japonaises, européennes et maintenant chinoises.

 

Quels que soient les choix macroéconomiques de la Chine, ce pays et la globalisation arrivent à un tournant. Il n'est plus possible de maintenir le modèle déséquilibré néolibéral qui tient artificiellement depuis les années 70. L'occident est exsangue et la Chine ne peut plus avoir de croissance par ses exportations. Si elle essaie de maintenir son type de croissance mercantiliste avec de nouveaux clients comme l'Inde ou l'Asie du Sud-est comme elle semble vouloir le faire, elle va au-devant de conflits à terme. Car ces pays qui sont encore très en retard ne pourront pas avoir de forte croissance si leur industrie est détruite dans l’œuf par les exportations chinoises. Au minimum il y aura de gros conflits commerciaux. Avec le recul il est clair que les fameuses routes de la soie visaient également à étendre la possibilité d'exportation aux entreprises chinoises. Mais là encore la volonté de croître sans améliorer sa demande intérieure va se heurter à des impossibilités pratiques. La Chine connaît aujourd’hui son 1929, sa crise de surproduction. Il reste à voir si la mentalité locale est capable de sortir par le haut et par l'amélioration des conditions de vie interne plutôt que par le mercantilisme délirant. Il reste aussi la possibilité à ne pas négliger d'une sortie par le militaire. L'état chinois relançant l'économie par de vastes plans d'investissement militaires pour écraser l'OTAN. Il faut espérer que ce ne soit pas cette direction que les élites chinoises prennent à long terme. Car le développement d'une immense capacité militaire, à la hauteur de la puissance de ce pays, pourrait pousser certains à l'utiliser. Surtout avec les provocations géopolitiques régulières de l'establishment anglo-saxon.

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4 septembre 2023 1 04 /09 /septembre /2023 16:04

 

 

La nouvelle a fait un peu de bruit, mais voilà qu'on annonce une hausse de 10% sur l'antibiotique le plus utilisé en France, l’amoxicilline. L'annonce n'a pas fait énormément de bruit et pourtant elle est assez symptomatique du problème actuel de notre organisation économique totalement déliquescente. En effet, que constate-t-on dans cette affaire ? La France depuis des années fait face à des pénuries de plus en plus dramatiques sur les médicaments, y compris sur les médicaments de première nécessité comme les antibiotiques. Pendant la crise COVID, les pénuries ont été féroces d'ailleurs. L'origine est connue, la France a totalement délocalisé sa production de médicament dont l'un des principaux fabricants est l'Inde désormais. Une absurdité totale dans un secteur où le coût de la main-d’œuvre est absolument ridicule par rapport au volume de production. L'industrie pharmaceutique n'est pas l'industrie textile ou la sidérurgie, le besoin de main-d’œuvre y est largement inférieur. Mais la rapacité du système capitaliste à courte vue y a vu une opportunité de réduire encore et toujours plus les coûts de production au risque de provoquer des pénuries mondiales de médicaments en cas de problème en Inde.

 

Si l’imbécillité du capitalisme libéral n'est plus à démontrer depuis longtemps, il est important de rappeler que ce système sans une contrainte collective forte se transforme rapidement en machine à détruire non seulement l'économie, mais toute la société. La situation aux USA où l'espérance de vie s'effondre malgré les dépenses médicales les plus fortes du monde nous le montre en pratique. L’appât du gain comme seul moteur ne saurait produire une société fonctionnelle quoiqu'en disent les fous du libéralisme intégral. Or depuis les années 70, nous avons petit à petit affaibli nos états et dérégulé nos économies. En Europe en particulier l'ancienne régulation, qui avait permis un capitalisme relativement civilisé après guerre, a été détruite sous les coups idéologiques des néolibéraux anglo-saxons d'un côté et des ordolibéraux germaniques de l'autre. La France qui est coincée entre sa passion délirante pour le modèle anglo-saxon ultra-individualiste, et de l'autre côté par sa soumission à l'Allemagne depuis Giscard, n'a pas fait de choix. La France a pris les pires des deux mondes. Une dérégulation financière à anglo-saxon et un modèle monétaire psychorigide à l'allemande. Mais tout ceci a déjà été longuement décrit par tout un tas d'auteurs et nous n'allons pas y revenir.

 

Le système capitaliste monopolistique occidental se soviétise

 

Comme nous l'avons vu dans un texte récent consacré à la concurrence, le marché n'est qu'un phénomène transitoire. En réalité, laissez à lui-même, il ne produit naturellement que des cartels et des monopoles par le simple mécanisme de l'économie d'échelle. Plus une entreprise est grosse, plus elle est efficace dans un premier temps, et plus elle peut écraser ses concurrents. Un peu à l'image de l'accrétion des poussières qui ont permis l'apparition des étoiles et des planètes par le simple jeu de la gravité et de l'énergie cinétique, le marché de la même manière fabrique des planètes-entreprises qui concentrent les activités d'un secteur ou de plusieurs par le simple jeu de la concurrence. Et ce phénomène est diablement apprécié par le capital. Car le capital n'aime pas la concurrence. En effet, la concurrence oblige à l'investissement que ce soit dans le développement de l'activité et des machines pour accroître la productivité ou dans le marketing pour accroître les parts de marché. Globalement, le but du capital n'est pas le bien commun, la réponse aux besoins de la population ou le salut de l'humanité. Il n'y a que les libertariens et les libéraux naïfs ou ignorants pour croire ça. Le seul but du capital est de toujours croître ou de ne jamais diminuer suivant les conditions macroéconomiques. Le capital tend donc à pousser les entreprises à la concentration et à l'élimination de la concurrence. À la fin quand il n'y a plus que des cartels et des monopoles, le capital peut tirer un maximum de profits. La dérégulation libérale est donc l'allié objectif des monopoles privés à terme, même si à première vue, elle semble être sa Némésis.

 

Sans tomber dans le marxisme, il est quand même assez facile de comprendre qu'un mécanisme dont le seul but est de croître sans arrêt est soit un problème. Dans un monde rempli de limite, un organisme qui croît sans arrêt devient vite un danger pour tous. La croissance du capital doit donc trouver rapidement des limites. Ces limites bien évidemment étaient produites par l'état et les frontières que les libéraux ont donc fait sauter dans les années 70-80. Nous ne faisons que subir les multiples crises produites par ce système depuis. Les problèmes de pénurie de médicaments sont le symptôme d'un système qui n'est pas organisé pour produire mieux, et moins cher, mais pour produire des plus-values pour les actionnaires. On l'a d'ailleurs bien vu pendant l'épisode du COVID. Ce sont bien les intérêts des entreprises pharmaceutiques qui ont primé sur l'intérêt général. L'état s'étant lui-même dépourvu de moyens scientifiques et techniques, la recherche publique étant de plus en plus désœuvrée et sans ressources. En effet dans le même temps que le libéralisme a promu le marché dérégulé intégral, il a également encouragé le désinvestissement de l'état dans la recherche publique. Le privé étant censé être mieux sur tous les plans. L'état n'avait d'autre choix que de devenir l'otage des multinationales pharmaceutiques qui ont imposé leurs produits et leurs agendas. Nous avons la même chose ici avec la question des antibiotiques. Alors évidemment ces entreprises vous diront qu'elles ont des contraintes de coût, de brevet, etc. Mais n'oubliez pas que l'industrie pharmaceutique est l'une des plus rentables et qu'elles versent bien plus de dividendes aux actionnaires qu'elles n'investissent dans la recherche. Si l'on prend les marges aux USA en moyen tout secteur d'activité confondu aux USA les marges représentent 7,7% des activités économiques, pour l'industrie pharmaceutique c'est 18,3% or pour l'informatique par exemple c'est seulement 16,3%, c'est pourtant déjà un secteur très rentable.

 

On a donc ici surtout un effet d'aubaine produit par l'irresponsabilité de l'état qui a ouvert toutes les frontières et laissé l'industrie pharmaceutique produire ailleurs échappant ainsi à d'éventuelles sanctions. Car aujourd’hui l'état n'a plus d'autre choix que de plier face au chantage à la pénurie. Et l'on comprend donc bien qu'on est passé d'une société « libéral » de marché à un système néo-féodal où des intérêts sont maintenant au-dessus de l'état et de l'intérêt général. La globalisation capitalistique ayant permis au capital d'échapper à toute contrainte collective. Évidemment ce système détruit en fait nos sociétés en les privant petit à petit de tout ce qui est essentiel pour donner toujours plus à la rente financière. Il ne faut pas s'étonner de l'explosion des dividendes à l'échelle mondiale, car il n'y a plus de marché ou de concurrence seulement des cartels et des monopoles qui imposent leur dictat aux peuples et aux nations à part peut-être en Chine. Et la France est très bien placée puisque nous avons fourni en 2021 la plus grosse hausse des dividendes pour les actionnaires en Europe. Notre système pharmaceutique n'est donc plus capable de soigner correctement la population, mais il fait exploser les revenus des actionnaires. Comment ne pas y voir le caractère suicidaire du capitalisme dans ces conditions ? En définitive, le capitalisme finit par produire les mêmes méfaits que le communisme à son stade suprême, des pénuries, mais pour d'autres raisons.

 

Réinsérer les entreprises dans le cadre du bien commun

 

Comment faire pour sortir de ce système néo-féodal qui s'est mis en place avec la globalisation ? La première étape est bien évidemment de sortir du globalisme en remettant des frontières sur les marchandises et les capitaux. Bien sûr il est difficile de le faire d'un seul coup, il faut y aller pas à pas et contraindre les entreprises à relocaliser leurs productions. Mais ce ne sera pas suffisant, hélas. En effet, la nature monopolistique du système économique conduira quand même à des problèmes même si à l'échelle d'un pays ce sera beaucoup plus facile à gérer qu'avec des entreprises d'échelle mondiale. C'est dans ce but qu'on peut voir plusieurs solutions ou une combinaison d'entre elles si possible.

 

1- On peut essayer d'appliquer réellement les thèses ordolibérales en cassant volontairement les monopoles et les cartels et en réduisant simplement ces entreprises. Le problème c'est que l'on perdra dans ce cas l'efficacité collective que la concentration d'activité produit. Cependant dans certains secteurs cela peut tout à fait être imaginé. Il s'agirait donc d'introduire en France des lois antitrust à l'image de ce que Roosevelt avait fait dans les années 30 aux USA.

 

2- On peut nationaliser certains secteurs clefs trop importants pour les laisser au contrôle d'acteurs privés. C'est ce qu'avait fait le CNR en nationalisant les secteurs à caractère monopolistique. Au moins dans ce cas là la population peut contrôler en partie ces entreprises par le biais des élections. Mais il ne faut pas oublier que les activités publiques elles-mêmes peuvent devenir problématiques avec le temps. L'entropie touche aussi les entreprises publiques.

 

3- On peut aussi imaginer un retour de l'état dans la production, chose qui a été abandonné petit à petit depuis Giscard et Mitterrand. Il ne s'agirait pas ici de créer des monopoles publics, mais des entreprises publiques dont le but serait de pourvoir à certains produits de base essentiels. Elles pourraient aussi servir à faire pression sur le marché et les entreprises privées pour limiter leur possibilité de contrôle du marché par une concurrence publique.

 

4- On peut aussi penser à plus long terme et imaginer un système social politique qui ferait rentrer un tas de règles obligeant les entreprises à s'insérer dans le tissu social en les responsabilisant. Un peut à l'image des guildes du moyen-âge qui avaient des droits, mais aussi des contraintes par tout un tas de règles des mesures. Dans ce cadre-là, on pourrait aussi limiter l'espace dans lequel ces entreprises pourraient se déployer en limitant leur espace marchand et en délimitant fortement les activités.

 

Dans tous les cas, il s'agit évidemment de remettre les marchands et les rentiers à leur place. Il ne s'agit pas de dire que le profit est un mal en soi. Mais de bien faire comprendre qu'il ne doit pas être fait à n'importe quel prix, car son coût collectif peut s'avérer dommageable à l'ensemble de la société et être mortel y compris pour les capitalistes eux-mêmes. À force d’abîmer nos sociétés, de les détricoter, les gens ne font plus d'enfant et ne se projettent plus dans l'avenir, ce qui hypothéquera l'avenir du capitalisme lui-même à terme. Pour l'instant, les capitalistes fuient les conséquences de leur égoïsme en partant loin en Asie ou en Afrique, mais tôt ou tard c'est bien la planète entière qui tombera malade de cette vision à court terme. Et à ce moment-là il n'y aura plus d’échappatoire pour le capital, enfin s'il reste encore des êtres humains pour le faire fonctionner.

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31 août 2023 4 31 /08 /août /2023 16:28

 

La crise actuelle des économies européennes n'est pas une crise fondamentalement conjoncturelle même si certains éléments le sont effectivement. La crise avec la Russie est par exemple conjoncturelle, elle pourrait très bien en théorie se terminer demain, même si elle peut être durable tant les tensions géopolitiques sont fortes et l'hystérie anti-russe prégnante chez nos dirigeants et surtout dans nos médias. De la même manière la crise énergétique actuelle est en grande partie le fruit de décisions stupides qui peuvent très bien être revues si les élites du continent cessent leur delirium, surtout la guerre stérile et contre-productive contre le nucléaire en Allemagne. Tout ceci reste des problèmes solubles avec un peu de sagesse et d'intelligence, ce qui ne signifie pas que nos élites actuelles en soient capables malheureusement. On voit bien l'acharnement du gouvernement français à rester dans le marché européen de l'énergie alors que la France en est largement la première victime. Les prix de l'électricité en France étant maintenant totalement déconnectés des prix de revient et de production.

 

Tous ces problèmes ne sont donc pas durables en tant que tels. Mais cela ne signifie pas pourtant que leurs résolutions entraîneraient un fort redressement des économies européennes à long terme. En effet, il y a un véritable problème de fond que vous connaissez bien si vous suivez depuis longtemps ce blog, c'est la question du libre-échange. Les théories du libre-échange qui se sont développées sous la houlette des libéraux, notamment celle de David Ricardo, sont devenues littéralement consubstantielles aux nations européennes et à l'institution européenne. Fruit de réflexions produites dans un monde archaïque où l'agriculture était encore largement l'activité économique principale de l'humanité, les thèses ricardiennes malgré leurs inanités pratiques sont encore au cœur de la « raison » économique européenne. On pourrait même dire que la construction européenne c'est d'abord et avant tout le libre-échange et le laissez-faire. Je rappellerai ici que contrairement à ce que racontent les thèses libérales c'est bien le protectionnisme qui a permis le développement industriel des pays riches actuels. Il suffit pour cela de regarder les statistiques historiques. Les USA par exemple ont eu des droits de douane de 50% en moyenne entre la fin de la guerre de Sécession et 1945. Or il s'agit de la période la plus prospère de leur histoire. La Grande-Bretagne n'est devenue libre-échangiste que lorsqu'elle a accumulé de gros avantages en matière technologique. Et l'on constate très rapidement que le libre-échange va rapidement entraîner son déclin industriel face aux puissances montantes d'alors.

 

Tableau tiré du livre de l'historien et économiste Suisse Paul Bairoch :"Mythes et paradoxes de l'histoire économique"

 

Comme l'avait très bien dit Emmanuel Todd, historiquement il y a des périodes libre-échangistes et d'autres plus protectionnistes. On peut associer ça à l'idée de Friedrich List de l'industrie dans l'enfance. Tant que vous êtes en retard techniquement, le protectionnisme vous permet de construire votre industrie en copiant les pays les plus avancés. C'était d'ailleurs surtout vrai au 19e siècle. Aujourd'hui grâce aux délocalisations, le rattrapage peut se faire encore plus rapidement. On l'a vu avec la Corée du Sud ou la Chine. Le protectionnisme dans ce cas doit surtout porter sur les transferts de technologie, en plus des installations d'activités industrielles. Là encore, la Chine a brillamment montré comment un protectionnisme bien utilisé pouvait faire accélérer considérablement la vitesse de développement d'un pays. Mais si l'on connaît les effets du protectionnisme historique sur le développement d'un pays, on connaît aussi les effets du libre-échange. Dans le cas de pays qui sont en retard, c'est fatal. Les pays qui pratiquent le libre-échange absolu en n'ayant aucune capacité industrielle ou alors des activités peu productives en regard des standards internationaux, vont se spécialiser comme producteur de produit de base, quand ils en ont. Comme disait Friedrich List, un pays qui n'a aucun avantage comparatif sur aucun produit ou service n'aura plus qu'à prostituer ses femmes et ses enfants. List n'était pas si loin que ça de la réalité, lorsqu'il a dit ça.

 

La situation actuelle de bon nombre de pays tient évidemment à ce phénomène en particulier en Afrique même si d'autres facteurs entrent en jeu comme la croissance démographique naturelle beaucoup trop rapide. Pour se développer, un pays doit construire patiemment une industrie même si cette dernière coûte plus cher et s'avère moins efficace au début que celle des autres pays et des importations. Il faut bien comprendre que la productivité et les capacités industrielles ne sont pas statiques, elles évoluent dans le temps. Et les pays en retard qui décident de se protéger, quitte à payer plus cher certains produits à court terme pour développer un embryon d'industrie, finira tôt au tard par rattraper les pays les plus avancés. J'ai déjà souvent cité cet exemple, mais la Corée du Sud dans les années 90 a préféré produire ses propres voitures au lieu d'importer du Japon. Alors que le FMI sous obédience libérale lui conseillait d'ouvrir ses frontières et de se spécialiser dans la construction navale qui était alors son point fort. Heureusement que la Corée n'a pas écouté le FMI ou des entreprises comme Hyundai ou Samsung aurait alors disparu et la prospérité qu'elles ont ensuite apportée à la Corée du Sud n'aurait jamais eu lieu.

 

Le libre-échange avec l'Asie aujourd'hui est suicidaire

 

Mais si les cas des pays en retard tués par le libre-échange et transformés en pays du tiers-monde sont connus tout comme le développement industriel produit par le libre-échange. Il existe un troisième cas, celui des pays anciennement industrialisés qui perdent petit à petit de leur prospérité à cause d'un libre-échange permanent. Il existe bien évidemment un cas historique, c'est celui de la Grande-Bretagne. Mais il est à relativiser. En effet, si les effets négatifs à long terme du libre-échange se sont fait sentir tout au long du 20e siècle qui fut celui du déclin de l'industrie anglaise. Il faut bien avoir conscience que les pays qui en ont profité ont rapidement vu leur poids et leur coût de production augmenter aussi. De sorte que si la Grande-Bretagne a perdu une partie de son industrie, elle est tout de même toujours restée un pays industriel jusqu'aux années 70.

 

La situation actuelle pour l'Europe et les USA est très différente. En effet, les rapports de force démographique sont sans commune mesure avec ce qu'a dû subir la Grande-Bretagne entre 1880 et 1970. La Chine à elle seule est plus peuplée que l'ensemble de l'occident tout entier et derrière il y a l'Asie du Sud et du Sud-est sans parler de l'Inde et demain peut-être l'Afrique. Il s'agit d'une masse humaine colossale qui bénéficie désormais d'un nouveau d'instruction de plus en plus comparable à l'occident et qui est beaucoup plus jeune et dynamique. Les thèses du libre-échange ne prennent absolument pas en compte les évolutions de la productivité. Ce sont des thèses imaginées pour un monde statique dans lequel les avantages comparatifs sont immuables. Mais dans le monde réel, il n'en est rien comme dans l'exemple coréen. Les pays moins avancés rattrapent inéluctablement les pays les plus avancés qui se retrouvent alors dépourvus perdant sur le plan commercial tout ce qui leur permettait de subvenir jusqu'alors à leurs besoins. Et cela se traduit par une dégradation continue de la balance commerciale.

 

Les USA ont fortement payé le prix du libre-échange d'abord avec l'Europe et le Japon et aujourd'hui avec l'ensemble de l'Asie, particulièrement la Chine. Ils ont le dollar qui jusqu'à aujourd’hui permit aux USA de faire illusion, mais comme je l'ai déjà expliqué cela ne durera pas éternellement. Il en va de même pour nous. La dégradation actuelle du commerce européen et particulièrement allemand montre que même dans les technologies où les Allemands avaient un avantage comparatif très important ils commencent à perdre du terrain. Pour tout dire, même, le très libéral journal Les Échos s'en inquiète dans cet article récent. Mais cela ne peut surprendre que les racistes cette affaire. En effet, il était évident dès le départ que la globalisation entraînerait à terme cette situation. Comme le disait très bien Jean Luc Gréau, le libre-échange a toujours eu un fond intellectuel assez raciste, surtout le libre-échange moderne. Les Occidentaux pensant se spécialiser dans la haute technologie pendant que le reste du monde leur fournirait leur produit de base. Désormais l'Europe qui n'avait que sa technologie et ses savoir-faire pour compenser sa faiblesse en ressource naturelle n'aura même plus ça. Dans ces conditions que deviendra le niveau de vie en Europe ? C'est assez facile à deviner, la grande misère dont la baisse actuelle du niveau de vie n'est qu'une ébauche. On peut donc décrire cette évolution comme un processus de pays en voie de sous-développement. Si nous ne réagissons pas en protégeant nos industries par des politiques protectionnistes, il ne restera aucune activité productive sur le continent dans les décennies qui viennent. À moins que nos élites aient comme projet de transformer l'Europe en continent-musée pour riches étrangers, un peu comme la France actuelle.

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21 août 2023 1 21 /08 /août /2023 16:30

 

S'il est un point commun à toutes les écoles libérales c'est bien l'idée que la concurrence est en soi une bonne chose. La concurrence serait en tout temps en tout moment le meilleur moyen de lutter contre les rentes de situations et contre l’apathie créative. Elle stimulerait toujours l'innovation, la créativité et le génie humain. En général, les gens qui pensent cela sont sincères et nous sortent les vieux comparatifs anachroniques entre l'URSS et le système capitaliste. Quelques imbéciles compareront Cuba avec le Japon par exemple oubliant que Cuba est sous embargo depuis 1962 ce qui ne facilita pas vraiment le développement du pays, quel que soit le système économique en place. L'obsession pour la concurrence est en grande partie le fruit de l'influence de la pensée darwinienne aux 19 siècles qui a révolutionné notre façon de voir la vie sur terre et son évolution. Cependant, Darwin parlait dans un cadre particulier qui était celui de l'évolution biologique, et il ne s'agissait en réalité que d'une partie de la réalité de cette dernière. Même dans la nature, la compétition n'est pas le seul mécanisme qui fait fonctionner les biotopes loin de là. Les symbioses et les coopérations sont nombreuses dans la nature et bon nombre de choses sont difficiles à expliquer uniquement par le mécanisme de la sélection naturelle.

 

Quoiqu'il en soit l'influence de Darwin sur les théories économiques libérales est indéniable, même s'il n'avait probablement pas lui-même adhéré à ces visions. Si les libéraux ne sont pas forcément d'accord entre eux suivant les écoles pour le rôle de l'état vis-à-vis du marché, ils sont en revanche tous plus ou moins convaincus que la concurrence est toujours bonne. La grande divergence se fait sur l'idée que le marché puisse parfois avoir besoin d'une intervention extérieure pour maintenir l'état de concurrence. Pour l'école néoclassique ou néolibérale, le marché doit être toujours laissé à lui-même. L'état devant être réduit à ses fonctions régaliennes minimales. C'est l'école de l'ordolibéralisme qui nous vient d'Allemagne qui va vouloir imposer une intervention étatique pour maintenir une concurrence « artificielle ». En effet, l'idée est que le marché, laissé à lui-même, finit par concentrer les activités. Et plus une entreprise est grosse, plus elle fait d'économie d'échelle ce qui lui permet à terme d'écraser la concurrence. Donc le marché ne s'autorégule pas en réalité, mais bien souvent il finit par créer de véritables monopoles privés ou des cartels. Ce qui revient au même, car dans les deux cas l'évolution des prix n'est plus le produit du rapport entre l'offre et la demande. Je rappelle que dans la théorie libérale un marché n'existe que s'il y a atomicité des acteurs. C'est-à-dire qu'aucun acteur n'est assez gros pour manipuler le marché. Pour les ordo libéraux, il faut donc réguler le marché, non dans le sens keynésien où l'offre et la demande doivent être régulées, mais dans le sens du maintien de la concurrence en limitant la concentration des activités.

 

Cette idée a été déjà appliquée notamment aux USA à l'époque de Roosevelt avec les lois antitrust qui visaient quelque chose de similaire même si ce n'était pas basé sur les thèses ordolibérales. Malheureusement si ces lois existent toujours, elles sont rarement employées en particulier parce que les monopoles ou les cartels privés ont du poids sur les hommes politiques. On retrouve le même type de pensé dans la construction européenne qui a été largement influencée par l'ordolibéralisme germanique. La volonté de casser tous les monopoles vient de là, la SNCF étant la dernière victime en date de cette idéologie après EDF. En France après guerre, nous avons choisi un système d'économie mixte qui séparait bien les activités privées des activités publiques. Les gens du Conseil national de la résistance avaient bien compris que certaines activités essentielles ne pouvaient être efficaces si elles étaient soumises à la concurrence. C'était le cas en particulier du secteur de l'énergie et du train. La France a alors organisé sa société sur l'idée que les secteurs où la concurrence était possible devaient y être soumis, pendant que les monopoles naturels étaient mis sous la tutelle de l'état. C'était une vision complètement différente de l'ordolibéralisme qui veut construire des marchés artificiels partout même là où c'est inefficace. Les monopoles publics n'étaient pas libres de faire ce qu'ils voulaient puisqu'ils étaient soumis justement à l'état et donc in fine au citoyen-contribuable. Avouons que le système français des monopoles publics fonctionnait très bien jusqu'à ce que la construction européenne et ses délires ordo-libéraux s'en mêlent. Il n'y avait pas de théorie complexe à sa constitution, mais simplement des idées basées sur l'observation du comportement économique réel. Et c'est probablement pour ça que cela a si bien fonctionné jusqu'au désastre actuel.

 

La concurrence est un luxe coûteux

 

Il ne s'agit pas ici de dire que la concurrence ne peut pas avoir d'effet bénéfique. Il est évident qu'un monopole privé ou un cartel crée des problèmes. Le rapport de force faisant que le monopole ou le cartel impose les prix qu'il veut à ses clients qui n'ont pas le choix de toute manière. Dans le cadre d'un monopole public, l'état s'il abuse des prix pourrait être puni par les citoyens aux élections s'il y en a. Cela permet d'imaginer une pression populaire face aux éventuels abus d'un monopole public. N'oublions pas non plus qu'une entreprise publique n'ayant pas pour but de faire du profit aura moins à cœur suivant ses traditions à fournir des tarifs excessifs. Mais dans le cadre privé, la pression du marché peut effectivement avoir des effets importants de limitation. Cependant, il faut bien comprendre que les raisonnements libéraux sur la concurrence sont hérités d'une période historique où les entreprises étaient effectivement petites et le niveau technique général faible. Que ce soit à l'époque d'Adam Smith ou de David Ricardo, la production d'alors ne nécessitait pas d'immenses organisations complexes et le marché pouvait être une réalité puisque les entreprises pouvaient être très nombreuses à se les partager. Mais l'industrialisation et le progrès technique sont passés par là entre temps.

 

Dès 1967 l'économiste John Kenneth Galbraith écrit son livre « Le nouvel état industriel » dans lequel il montre la disparition de fait de la concurrence dans bon nombre de secteurs à cause de la concentration des entreprises. Mais cette concentration qui est dommageable puisqu'elle produit des monopoles et des cartels est aussi un atout technique, car elle permet une plus grande efficacité par la mécanique des économies d'échelle et de la montée en gamme technologique. Plus les productions sont d'un niveau technique élevé, plus elles nécessitent un large nombre de compétences et de techniques, produisant des entreprises géantes. Ce processus rend les marchés de moins en moins concurrentiels par nature. Le progrès technique est donc une machine à détruire le marché et à concentrer les activités pour des raisons d'efficacités. L'on pourrait dire ici que cette question est anachronique puisque la globalisation en élargissant le marché à l'échelle planétaire a permis la cohabitation à de nombreuses entreprises d'activités techniques complexes grâce à la taille du marché mondial. De plus, les entreprises d'aujourd'hui font beaucoup appel à l'externalisation qui limite leur inflation organisationnelle. Sauf qu'en réalité l'externalisation ne produit pas de concurrence bien souvent les sous-traitants n'ayant qu'un ou deux gros clients ce qui les met à la merci de ces derniers. Ensuite, la globalisation si elle a au départ produit une augmentation de la concurrence a petit à petit créé des géants d'échelle planétaire. Des géants qui n'ont même plus d'état pouvant limiter leurs appétits à cause justement des mécanismes de la globalisation.

 

On ne s'étendra pas ici aussi sur les problèmes de concurrence entre nation et sur le fait que certaines ont aujourd'hui des monopoles sur des secteurs clefs de l'économie mondiale comme on le voit sur la question du gallium avec la Chine. Bref, la concurrence aujourd'hui est en réalité dans bien des secteurs plus un fantasme qu'autre chose, nos sociétés doivent gérer une collection d'entreprises monopolistiques ou de cartel suivant les secteurs. Mais cette question ne semble pas vraiment poser de problème à l'UE qui ne s'intéresse réellement qu'aux monopoles qui ne sont pas privés. Du reste, est-ce que ces monopoles paralysent l'innovation ? Pas vraiment, la Corée du Sud qui est le pays des monopoles privés par excellence reste un pays très innovant et un pôle important de la recherche mondiale. L’innovation et la créativité tiennent plus à la mentalité de la population et à son niveau d'instruction que de l'organisation économique est qui est très largement surestimé pour ces questions. Du reste dans nombre de secteurs, la concurrence peut également faire grimper les prix, car elle a un coût. Par exemple, les mutuelles en France ont des frais de gestion six fois plus élevés que la sécurité sociale. La multiplication d'acteurs sur un marché réduit mécaniquement les effets d'économie d'échelle et donc augmente le coût unitaire des services ou des biens produits. Et je ne parlerais pas du coût du marketing et des multiples coûts engendrés par le simple fait qu'il y a différents acteurs sur un même marché.

 

Bref si la concurrence peut avoir quelques qualités il ne faut pas en faire un remède miracle à tous les problèmes de nos sociétés et de nos économies. Le marché européen de l'électricité a au moins eu le mérite de montrer les limites des raisonnements libéraux en pratique. Malheureusement pour nous le logiciel ordo-libéral est littéralement incrusté dans la structure même de la construction européenne. L'UE étant en effet la seule structure politique du monde à avoir une politique économique intégré dans sa constitution. Le seul exemple historique précédent étant l'URSS qui n'a pas très bien fini comme vous le savez.

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17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 16:37

 

 

Des élections ont lieu en ce moment chez nos amis argentins. Et c'est apparemment un candidat ultralibéral qui arrive en tête, ce qui est très inquiétant pour ce pays dont l'économie est déjà dans une situation extrêmement difficile. Ce pays traverse depuis plusieurs décennies de grosses difficultés et des crises à répétition. L'on pourrait y voir les effets d'un certain retard de développement si l'on oublie que pendant longtemps l'Argentine fut un pays prospère et même très riche . Au début du vingtième siècle, l'Argentine n'avait pas un niveau de vie plus bas que celui de la France. L'échec argentin c'est un peu l'exemple même de l'échec des pays latins d'Amérique du Sud qui sont pourtant des pays qui ont théoriquement tout pour réussir. On reviendra sur l'origine potentielle de ces problèmes en regardant avec l'aide des analystes d'Emmanuel Todd sur les structures familiales. Pour en revenir à ce pays, la première chose qui frappe à l'heure actuelle c'est l'hyperinflation. Cependant comme nous allons le voir l'image extrêmement négative que l'on peut avoir sur ce pays d'un point de vue économique est loin d'être aussi évidente en réalité. Une bonne part de cette image est surtout le fruit de notre ignorance et de la déformation produit par les médias français comme dans bon nombre de secteurs.

 

 

En effet, l'inflation en Argentine atteint des niveaux extrêmement élevés de plus de 100% d'après les estimations de certains experts. Cependant, il faut prendre avec des pincettes les arguments des économistes néolibéraux qui pullulent dans les médias et sur le net. Car si l'on fait le bilan de ces 20 dernières années, il est largement positif. Rappelons que dans les années 90, les élites d'Argentine avaient eu la riche idée de coller la valeur du peso argentin à celui du dollar. Effectivement, cela limitait l'inflation en permettant de réduire le coût des importations et cela a facilité l'investissement étranger, mais dans le même temps cela a fortement nui à la production locale. Cette surévaluation monétaire, tout à fait comparable à ce que la France subit depuis l'euro, a mis l'économie argentine en déficit commercial permanent. Le résultat fut la crise de 1998-99 qui entraîna un effondrement de la monnaie et une fuite des capitaux. L'Argentine nous montre ce qu'une erreur sur le plan monétaire peut produire comme catastrophe, c'est à méditer pour l'avenir français et l'euro.

 

Quoiqu'il en soit après cela, les élites locales sont revenues à la raison et ont également favorisé les productions locales. Je viens de remarquer au passage que la page Wikipédia ne donne que l'avis d'Eric Leboucher économiste ultralibéral qui se trompe fréquemment et dont la seule solution à tout problème économique est toujours la privatisation et la suppression de l'état. Le fait est que l'Argentine si elle a effectivement une forte inflation surtout ces cinq dernières années n'en demeure pas moins un pays dynamique nettement plus que la France. Le taux de chômage est 6,8% alors que le pays connaît encore une importante croissance démographique. Je rappelle que l'Argentine est un des rares pays au monde à avoir passé sa transition démographique et avoir encore un niveau de natalité raisonnable à 1,91 enfant par femme, mais ce taux était encore à 2,3 en 2015. Ce qui fait que la population s’accroît encore naturellement de 0,9% par an. Il faut souligner qu'il est nécessaire de créer plus un emploi pour maintenir le taux de chômage ou le réduire que dans un pays dont la population stagne ou décroît. C'est un facteur extrêmement important à prendre en compte quand on parle de ce genre de chose, mais c'est souvent ignoré par nos médias ou nos économistes mainstream qui préfèrent coller des bons ou mauvais points en fonction d'un ou deux paramètres maximum.

 

Balance commerciale de l'Argentine

Si l'on regarde au niveau de la balance commerciale, l'Argentine va bien, elle a même un excédent malgré son importante inflation. La situation du peso argentin est à mettre sur le dos de la fuite de capitaux. En effet, les possesseurs de capitaux n'aiment pas l'inflation et vont donc préférer investir à l'étranger plutôt que dans le pays. La question du contrôle des changes devrait donc sérieusement se poser à ce pays. Si l'on regarde du point de vue des inégalités, les réductions sont très importance depuis 20 ans. La part des 10% les plus riches s'est rétractée alors que celle des 10% les plus pauvres a augmenté au niveau d'avant la crise de 2001. Voir l'Argentine comme un échec est donc une vision de bourgeois et de rentier des grandes villes. Il ne faut jamais oublier que le point de vue qui prédomine dans les médias est essentiellement celui des riches, des rentiers et des hauts revenus. Et il est clair que ces couches sociales n'ont aucun intérêt à valoriser un modèle économique qui a mis leur puissance financière en déclin pendant presque deux décennies.

 

En un sens, la montée d'un ultralibéral est la conséquence de cette lutte des classes. En survalorisant l'importance de l'inflation et en négligeant tout le reste, la croissance économique, les inégalités, la balance commerciale positive, ils donnent à la situation argentine une image catastrophique alors que la réalité est tout autre. C'est un peu le macronisme inversé. En France tout va très mal, mais comme la politique économique est très favorable aux rentiers, elle est présentée comme formidable pour le pays. L'inflation semble être un mécanisme nécessaire aux sociétés fortement individualistes comme l'Argentine ou la France. En son absence les inégalités explosent et la société dysfonctionne en concentrant trop fortement le capital. L'inflation joue le rôle d'un lubrifiant social en quelque sorte favorisant la circulation des richesses au sein de la société. Des pays moins individualistes peuvent probablement vivre avec une faible inflation, mais ce n'est pas le cas de la France et encore moins de l'Argentine.

 

La similitude franco-argentine

 

Le lien que l'on pourrait faire entre la situation argentine et la situation française tient à la faible appétence nationale des élites économiques. La France partage avec une large partie de l'Amérique latine le fait d'avoir une élite économique peu patriote quand elle n'est pas carrément antinationale comme le parti actuellement au pouvoir en France. Cette similitude entraîne des effets macroéconomiques importants. Dès qu'elles en ont l'occasion, les élites de ces pays font fructifier leur argent à l'étranger et consommeront des produits importés plutôt que des produits nationaux. L'origine de ce comportement est probablement à mettre sur la similitude des structures familiales chères à Emmanuel Todd. L'argentine, tout comme l'essentielle de la zone sud-américaine, a une structure de famille de type nucléaire égalitaire, la même qui domine en France dans le bassin parisien. La différence c'est que contrairement à la France, les pays d'Amérique latine n'ont pas une large population avec des systèmes familiaux plus complexes comme les familles souches. La famille souche ayant probablement beaucoup joué dans la possibilité d'organisation état en France par son amour de l'autorité et de la hiérarchie. Cependant comme le souligne Todd dans ses derniers travaux, les structures familiales minoritaires en France sont en déclin.

 

La carte des structures familliales selon Emmanuel Todd

 

On peut donc imaginer que la France dans quelques décennies finira par ressembler aux nations d’Amérique du Sud fortement instables avec des affrontements de classe assez violents. Le retour d'ultralibéraux en Argentine montre un retour de l'intérêt des classes supérieures au pouvoir. Il y aura sans doute une politique violente de réduction des dépenses de l'état et de lutte contre l'inflation. Le pays aura probablement une nouvelle phase de réduction de l'inflation suivie d'une hausse du chômage et des inégalités. Ce qui semble caractériser les sociétés nucléaires égalitaires, c'est l'absence de solidarité du haut en bas de l'échelle économique. Si cette structure familiale est censée défendre une certaine vision égalitaire de l'homme, ce même imaginaire égalitaire empêche ses membres d'imaginer une politique vraiment nationale. Les sociétés comme la France ou l'Argentine semblent plus susceptibles que d'autres d'imaginer leur propre dissolution dans un monde global fait d'individus sans appartenance. Malheureusement pour elle ce n'est absolument pas la vision sociale des sociétés aux structures familiales plus complexes et inégalitaires.

 

 

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14 août 2023 1 14 /08 /août /2023 16:14

 

S'il y a un pays en Europe qui a fortement souffert pendant les deux derniers siècles c'est bien l'Irlande. Pays martyre et victime de l'Empire britannique, elle fut sacrifiée au nom de l'idéologie libérale au 19e siècle pendant la crise de la pomme de terre. La crise fit un million de morts sur une population totale de 8 millions et entraîna une énorme fuite de la population vers les Amériques. La crise fut si grave que le pays ne s'en est toujours pas remis puisque la population irlandaise actuelle n'est plus que de 5 millions d'habitants. Et tout cela sous la direction de la Grande-Bretagne. L'on voit fréquemment des néolibéraux parler de la famine produite par le communisme en Russie ou en Chine ils sont pourtant bien plus discrets sur ce crime . Car la Grande-Bretagne aurait très bien pu arranger les choses si elle l'avait voulu. Il s'agit donc d'un crime contre l'humanité, mais qui n'a jamais été reconnu comme tel. Imaginez même le sultan ottoman de l'époque où Abdülmecit Ier avait voulu aider la population irlandaise en envoyant une aide de 10000 livres sterling à l'époque, mais la Reine Victoria l'en découragea en limitant son aide à 1000 livres. Les dogmes du laissez-faire avaient été utilisés par les Britanniques pour simplement dépeupler l'île probablement un peu trop rebelle à leurs yeux.

 

Les effets démographique de la crise de la pomme de terre

 

Cette première absurdité montrait déjà que le marché libre pouvait être aussi catastrophique que le maoïsme ou les pires tyrannies de l'histoire. Mais l'Irlande, la nation martyre du libéralisme, a depuis quelques décennies décidé de devenir un nouvel exemple de ce que le libéralisme peut produire de plus absurde. En effet, l'Irlande depuis son entrée dans l'UE en 1973 a choisi une orientation économique des plus discutable et qui pourrait assez vite se retourner contre elle dans les années qui viennent même si aujourd’hui les libéraux voient en elle le succès de leurs dogmes délirants. En effet, il est de notoriété publique que l'Irlande est aujourd'hui le plus grand paradis fiscal de l'UE. Même si l'Irlande a révisé son taux d'imposition pour les sociétés qui est passé de 12.5% à 15%, elle reste le hub principal des grandes entreprises internationales en Europe. En matière commerciale, elle vit en parasitant le commerce européen littéralement. En effet en exportant officiellement à partir de l'Irlande, vous êtes dans l'UE tout en bénéficiant d'une très basse fiscalité. On voit tout de suite l'avantage pour les entreprises étrangères. Comme dans le cas de nombre de paradis fiscaux, il s'agit en réalité bien souvent d'un commerce fantôme. Les marchandises ne transitant pas vraiment par l'Irlande, le pays n'a pas du tout les infrastructures qu'on peut trouver dans les ports néerlandais ou allemands. Aucun port irlandais n'arrive dans le classement des 10 premiers ports d'Europe alors que ce pays a officiellement un gros excédent commercial.

 

C'est cette caractéristique de parasitage et d'illusion comptable qui fait produire à l'Irlande des chiffres économiques souvent très étrange. Par exemple en 2015 l'Irlande avait eu une croissance de 25% . C'est absolument impossible pour un pays normal même en investissant beaucoup, ça n'a aucun sens. Inversement ce pays avait très fortement souffert de la crise de 2008 pour les mêmes raisons. Il se trouve que les néolibéraux qui ont une mémoire à géométrie variable redonnent à nouveau à l'Irlande ses lettres de noblesse en ce moment même. En effet, le pays dégage d'énormes excédents budgétaires. Les libéraux sous-entendant ainsi que moins d'états, et moins de fiscalité, cela mènent vers le paradis économique. Ils oublient juste qu'un tel modèle économique n'est possible que dans de tout petits pays. Si un pays de la masse de la France s'amusait à faire ça, elle y gagnerait peu, car le pays pèse une partie importante du PIB de la zone euro. Ensuite, la concurrence fiscale que cela engendrerait conduirait à réduire encore les gains potentiels. Être un parasite fiscal n'a d'intérêt que pour une toute petite quantité de pays, tout le monde ne peut pas vivre en parasitant les autres par définition. Bref, on retrouve toujours les limites de la pensée libérale qui est un pseudocartésianisme mal fichu qui oublie les multiples interactions qui existent dans le monde réel.

 

Un modèle économique dangereux à long terme

 

Le modèle irlandais dans le monde tel qu'il évolue à l'heure actuel risque pourtant de rapidement se retourner contre ses promoteurs. Je crains le pire pour l'avenir de cette île. En effet, elle dépend entièrement du modèle néolibéral européen. Si l'euro et l'UE disparaissent et que les états européens reprennent en main leurs économies, ils ne tarderont pas à remettre en question la libre circulation des marchandises et des capitaux. Et là les états organisés autour de l'optimisation fiscale internationale se retrouveront dépourvus de recette avec tous les drames que cela pourrait engendrer. D'autant que l'Irlande avec sa spécialisation économique a simplement détruit ses capacités de production locales. À quoi bon produire quelque chose si vous pouvez ponctionner du revenu grâce aux multinationales implantées sur votre sol. On notera au passage que malgré sa « réussite » économique l'Irlande ne croule pas sous les emplois. Si le pays n'a pas un taux de chômage officiel important, ces activités parasitaires créent peu d'emploi par rapport aux chiffres de revenu qu'ils génèrent.

 

 

Et cette réalité conduit à un autre problème en plus du danger qu'il fait courir au pays à long terme. En effet, l'Irlande est un pays où les inégalités ont beaucoup progressé comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous. Avec un modèle économique qui fonctionne en ponctionnant du revenu par des activités relativement fictives, ce n'est guère étonnant, même si les inégalités étaient déjà élevées avant la mise en place de ce modèle économique. L'autre curiosité dans le modèle économique irlandais en dehors du fait qu'il y est une Irlande à deux vitesses tient à l'évolution du PIB. En effet, officiellement, le PIB irlandais a fortement progressé ces vingt dernières années à tel point que le niveau de vie officielle irlandais est de cent mille dollars par habitant et par an. C'est plus de deux fois le niveau de vie français. Pourtant quand on regarde la consommation énergétique, elle stagne depuis 2001 à une époque où le niveau de vie était largement inférieur. Encore une fois comme dans le cas américain, il faut fortement se méfier des indices synthétiques comme le PIB. La consommation d'énergie sur la période de forte croissance économique théorique est stable alors que le PIB explose et que la population augmente sur la même période. C'est extrêmement curieux sauf si l'on admet que le rôle de parasite financier camoufle largement la réalité structurelle du pays.

 

 

Alors vous me direz que l'Irlande, jadis pays pauvre, a quand même eu raison de choisir ce modèle de développement. C'est une île sans ressource naturelle autre que la pêche. Grâce à son rôle de parasite fiscal et à son lien avec les USA dont une partie importante de la population est d'origine irlandaise, le pays a pu momentanément devenir très riche. Cependant comme je l'ai dit, gare au retour de bâton. La situation irlandaise me fait penser à l'île de Nauru qui était devenu le pays le plus riche du monde dans les années 60-90 grâce au phosphate de son sous-sol. Pendant la période de prospérité, l'ancien mode de vie est mort et les habitants se sont habitués au luxe. Malheureusement à la fin des années 90 c'est la fin. Aujourd’hui, l'île de Nauru est un dépotoir géant peuplé d'une population misérable qui n'est même plus capable de vivre comme le faisaient ses ancêtres. Le jour où la libre circulation des capitaux et des marchandises prendra fin, l'Irlande risque de se retrouver dans la même situation toute proportion gardée. Il aurait peut-être mieux valu avoir un développement moins rapide, mais plus équilibré. Un développement à base d'activités locales pour répondre aux besoins de la population plutôt qu'un modèle de croissance rapide fondé sur un parasitage du commerce européen. Comme on le voit avec l'Allemagne à l'heure actuelle, la spécialisation n'est pas quelque chose de pérenne surtout dans un monde qui change aussi vite.

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10 août 2023 4 10 /08 /août /2023 16:09

 

Le processus a probablement commencé avec la crise de 2008-2010 provoqué par le système des subprimes aux USA, mais la guerre en Ukraine et la compétition entre les USA et la Chine l'ont accéléré. Je veux bien évidemment parler de la déglobalisation à ne pas confondre avec la démondialisation même si l'on pourrait lier facilement les deux phénomènes. Tout dépend de la manière dont on décrit la globalisation et la mondialisation. Pour faire simple, on va dire que la globalisation concerne la question du commerce et de la spécialisation des nations dans le grand chaudron du marché mondialisé quand la mondialisation concerne plutôt la culture, les voyages, la science, etc.. On pourrait aussi qualifier par un certain degré la mondialisation, tout du moins celle de départ, d’américanisation tant la culture américaine a imprégné cette période où leur domination fut effectivement quasiment totale sur une grande partie de la planète. Cela n'a évidemment aucun rapport avec les mondialisations précédentes dominées par les puissances européennes.

 

Nous allons donc ici surtout parler de la globalisation, celle du commerce et de l'économie. Il est vrai que la prise de conscience de la fin de la globalisation est assez récente. En fait, c'est aujourd'hui avec les conflits commerciaux entre la Chine et les USA, ou encore la guerre en Ukraine qui provoque une prise de conscience dans la population et chez les dirigeants, qu'ils soient politiques ou chefs d'entreprise. Dans de plus en plus de secteurs économiques, la question de savoir si l'on pourra ou non continuer à commercer librement avec tel ou tel pays commence à vraiment prendre de l'importance. On voit par exemple que les investissements étrangers en Chine se sont effondrés. Cela ne sera pas vraiment un problème pour l'économie chinoise qui est aujourd'hui extrêmement autonome dans la plupart des secteurs économiques clefs. Mais cela démontre les effets de la guerre que se livrent maintenant les grandes puissances. En particulier les USA et leurs satellites (UE, Japon, Corée du Sud) contre les BRICS avec la Chine au centre. Cependant en matière purement économique la déglobalisation avait commencé bien avant. Si le commerce mondial continue d'augmenter en valeur et en volume, il n'augmente plus du tout au rythme d'avant 2008. Les derniers chiffres montrent une forte baisse des exportations en Asie sans oublier l'Allemagne. À tel point que la part du commerce mondial dans le PIB a même commencé à baisser, et cela bien avant la crise COVD comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous.

 

Globalisation et crise de la demande mondiale

 

En fait d'un point de vue libéral, cette déglobalisation n'a aucun sens. Au contraire, la disparition de toutes les frontières commerciales et la grande mécanique de l'autorégulation des marchés devraient nous faire vivre dans un âge de très forte croissance économique et d'investissement. Sauf que ce n'est absolument pas le cas. En ignorant les problèmes macroéconomiques, particulièrement le problème de la demande, les lubies libérales ont simplement construit une structure économique fondamentalement viciée. Les revenus distribués à l'échelle du globe sont simplement insuffisants pour remplir les carnets de commandes des entreprises. C'est particulièrement vrai dans l'usine du monde, la Chine, qui connaît maintenant une déflation. Elle produit trop par rapport à ce qu'elle consomme et sa surspécialisation dans l'exportation se retourne contre elle. Évidemment les mesures américaines notamment dans le secteur des semiconducteurs n'arrangent rien, mais c'est avant tout la nature même de l'organisation économique mondiale qui a créé des pays qui produisent de d'autres qui consomment le problème. On est arrivé au bout du système en 2008 lorsque les USA se sont retrouvés en incapacité d’accroître encore davantage leurs dettes publiques et privées.

Car ce qui a permis à la globalisation néolibérale de continuer à croître alors qu'elle a cassé le salaria en occident, c'est bien la dette. Les libéraux sont généralement les premiers à se plaindre de la dette. Mon dieu la dette augmente, c'est affreux, les impôts augmentent c'est affreux, on va vers la banqueroute. On a tous entendu ces ritournelles régulièrement sur les grands médias et dans les revues spécialisées. On a même encore aujourd'hui des élucubrations sur la France communiste parce que l'état a une fiscalité importante. Ces économistes libéraux font bien sûr semblant de ne pas voir que la dette est en fait le corollaire au modèle économique qu'ils défendent ardemment depuis le milieu des années 70. En fait d'un point de vue macroéconomique je ne vois absolument pas comment les pays développés auraient pu continuer à avoir une croissance sans le gonflement des dettes privées et publiques. La globalisation a entraîné un vaste plan de délocalisation des productions en Asie, particulièrement en Chine. Ce phénomène a entraîné en occident une forte hausse du chômage et un fort ralentissement de la hausse des salaires et du niveau de vie. C'est particulièrement visible aux USA . À côté de ça les intermédiaires et la finance se sont gavés comme jamais.

 

 

À l'origine de ce plan stupide, il y avait la croyance dans l'égalité entre l'investissement et l'épargne, la bonne vieille idiotie de Jean baptiste Say. De fait si vous pensez que l'épargne est égale à l'investissement alors l'augmentation de l'épargne augmente mécaniquement la croissance par l'investissement. C'était tout le discours des économistes des années 70 avec la fameuse maxime d'Helmut Schmidt «les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain» (novembre 1974). Sauf que c'était complètement faux, on en paie le prix aujourd'hui. La globalisation si elle a fait exploser les profits des entreprises n'a pas du tout fait exploser l'investissement en occident bien au contraire. Elle a surtout fait exploser les dividendes pour les actionnaires et les inégalités mettant en grand danger nos démocraties. Parce que ce qui pilote l'investissement c'est la demande et pas les profits. C'est pourtant simple à comprendre. Si vous baissez les impôts pour les boulangers par exemple, est-ce que cela va se traduire par une hausse de leur production ? Non, pourquoi le feraient-ils ? Si la demande en pain est stable pourquoi augmenteraient-ils leur production? Ce serait du gaspillage de ressource. À la limite, ils se désendettent, augmentent les salaires, mais en aucun cas ils n'embaucheront ou ils n'augmenteront leur production, ce serait irrationnel d'un point de vue économique. C'est là le fond du problème de la globalisation, elle est le produit de théories économiques totalement erronées qui ont conduit les anciens pays développés dans une impasse extrêmement grave pour leur avenir. On découvre aujourd'hui que créer des masses de salariés pauvres et fermer les usines n'a pas enrichi nos nations, mais les a appauvris. On aurait pu le prévoir, mais à l'époque dire des idioties permettait en passant à la télé de faire semblant d'être très intelligent.

 

La crise de la globalisation n'est donc pas une surprise, c'est plutôt la surprise qu'elle engendre qui est surprenante. Cela ne pouvait pas marcher tout simplement. Maintenant, la planète se retrouve avec des activités de productions concentrées à quelques endroits où la déflation se développe. Pendant que dans d'autres on consomme sans produire ce qui engendre de l'inflation par le truchement de l'endettement et de l'émission monétaire. La déglobalisation n'est donc pas un accident, mais une nécessité fondamentale pour l'économie mondiale. La Chine est beaucoup trop grosse pour continuer à vivre par ses exportations et l'occident a trop désindustrialisé ce qui le met dans une situation d'appauvrissement général et de fortes inégalités en interne. Le problème c'est que le découplage va être long et extrêmement laborieux. D'abord parce qu'une grosse partie des élites en occident n'a toujours pas renoncé à son modèle globalisé. En France en particulier les élites aiment à parler de réindustrialisation, mais rien dans leurs actions concrètes n’amène à penser qu'il y a un réel changement sur ce plan. La récente réduction du déficit commercial en France n'étant que le résultat de la baisse du prix de l'énergie et du retour à un fonctionnement normal de nos centrales nucléaires. Aux USA le discours est plus musclé, on fait de la subvention pour l'investissement industriel, mais c'est en fait très loin d'être à la hauteur des enjeux. Je pense que les USA vont surtout essayer de déplacer leurs usines de Chine vers des pays moins problématique pour eux sur le plan géopolitique. Mais ce n'est pas une réindustrialisation, ça, juste un moyen de gagner du temps, cela ne résoudra pas leur énorme déficit commercial. Ensuite, on a des générations de population qui n'ont pas été formées aux sciences et à l'industrie en nombre suffisant. Former aux sciences et aux métiers de l'industrie c'est plus long et laborieux que de former des youtubeurs, des coachs en séduction ou des livreurs Uber.

 

 

Du côté de la Chine, il va falloir une rupture avec le modèle exportateur. Le taux d'épargne en Chine est toujours à des niveaux délirants près de 46% du PIB. Les Chinois consomment trop peu par rapport à ce qu'ils produisent. Je ne vais pas jouer les conseillers pour la Chine, mais il est évident que ce pays souffre d'une crise énorme de surproduction à l'image des USA en 1929. Il leur faut un Front populaire ou un New Deal s'ils ne veulent pas tomber dans une déflation comme cela semble être le cas à l'heure actuelle. Encore une fois, la Chine est un pays immense, elle ne peut pas se comporter comme la Malaisie ou Singapour d'un point de vue macroéconomique en parasitant la demande d'autres nations. À dire vrai même l'Allemagne est déjà trop grosse pour ça ce qui a fait beaucoup de dégât en Europe. Les autorités de Pékin doivent pousser la population chinoise à moins épargner et à plus consommer. On peut imaginer beaucoup de façons de la faire, un vaste plan pour les familles avec comme objectif secondaire de relancer une natalité beaucoup trop basse serait un bon départ. Quoiqu'il en soit, la Chine ne peut pas continuer à attendre que l'Occident et surtout les USA continuent à jouer les locomotives de la demande globale, ce n'est plus possible, la Chine est trop grande pour ça. Et la déflation actuelle se traduit d'ailleurs déjà par une forte hausse du chômage chez les jeunes. Comme vous le voyez, la déglobalisation est inéluctable, et le contraire serait dramatique pour l'avenir de l'économie mondiale.

 

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24 juillet 2023 1 24 /07 /juillet /2023 16:02

 

Je ne ferai guère un long texte cette fois. La chaleur et la fatigue ayant eu raison de moi. Mais j'ai eu la mauvaise idée d'écouter un peu les propos de notre PDG actuel, il est difficile de le décrire comme président. Emmanuel Macron est un piètre orateur même s'il aime s'écouter parler, mais vous le savez, la qualité apparente du discours m'importe moins que son fond. Et il faut dire que je reste toujours éberlué par sa capacité à émettre des idées et des conclusions totalement en contradiction avec la réalité observée. Et surtout le plus incroyable, c'est les prétendus journalistes qui acquiescent en permanence à ses logorrhées interminables alors même qu'ils savent probablement pertinemment qu'il s'agit de mensonges grossiers. Il est vrai que depuis que les médias audiovisuels ont pris de l'importance dans le discours public, la norme est devenue le mensonge et tous les prédécesseurs de Macron ont passé leur temps à construire des discours souvent bien éloignés de leurs pratiques, mais avec la macronie on atteint vraiment un niveau sans précédent. Un peu comme si toutes les vertus classiques avaient vraiment disparu. Le sens de l'honneur, l'esprit attaché à la vérité et le fait d'avoir honte de mentir ainsi ont probablement cessé d'exister dans la couche sociale qui domine ce pauvre pays. Ce qui caractérise vraiment la macronie à mon sens c'est vraiment une absence totale de pudeur publique. Ils osent tout.

 

Ainsi donc à l'issue de ses cent jours qui n'étaient qu'un énième plan de communication pour remplir l'agenda médiatique, Macron accouche d'un discours sur une France littéralement imaginaire. À commencer par les émeutes que le pays a connues récemment et dont la conclusion de Macron est l'urgence qu'il y a à censurer les réseaux sociaux. Pardons, il ne veut pas censurer, mais « mettre un ordre public numérique ». Un peu à l'image de la lutte contre le terrorisme qui a surtout servi à mettre en place des lois et des politiques liberticides, les émeutes servent ici de prétexte bien grossier visant à faire probablement taire les critiques du pouvoir. On a pourtant vu dans un texte récent sur ces émeutes que le fond du problème est anthropologique. Une différence de structure familiale entre les populations d'origine immigrées et la structure familiale française qui entraîne un problème éducatif chez les garçons maghrébins. Le problème n'est pas qu'éducatif, il est éducatif et migratoire. Un détail dont ne parlera jamais un immigrationniste compulsif comme Macron. Il faut donc absolument contrôler le discours public pour que rien ne dérange le récit officiel. Mais dominer la totalité des médias officiels n'est pas suffisant. Il faut vraiment faire taire toute critique potentielle. Et c'est normal quand on dirige un pays en fabriquant littéralement une réalité fantasmagorique et la présentant comme le monde réel. Car la France de Macron c'est un peu comme l'univers de Barbie, qui a été mis en avant par le film qui vient de sortir dans les salles obscures. C'est un univers en toc qui ne correspond en rien au monde réel. Un monde réel que nos élites ont probablement abandonné l'idée de changer.

 

En effet quand vous laissez la totalité des pouvoirs à des structures étrangères comme l'Union européenne ou la BCE et que vous n'avez plus aucun pouvoir réel vous ne pouvez plus rien changer à la situation de votre pays. Alors il y a deux possibilités soit vous l'avouez, mais vous risquez soit de pousser à la révolte la population, soit de perdre votre emploi. En effet, à quoi bon avoir un parlement, des ministres, et un président s'ils n'ont aucun pouvoir ? Autant mettre directement un gouverneur allemand ou américain à la tête du pays, on fera des économies sur les salaires. Ou alors vous maintenez votre utilité en jouant un spectacle. En ce sens, mettre un dirigeant immature qui aimait le théâtre est tout à fait à propos. Jouer la comédie c'est sa véritable vocation et il le pratique en jouant le président de la France même s'il sait au fond qu'il n'a aucun pouvoir et qu'il ne fait qu'appliquer des directives qui viennent d'ailleurs. L'avantage cependant avec Macron c'est que c'est tellement grossier que la population commence à s'en apercevoir et c'est probablement ce qui inquiète le pouvoir.

 

Quelques exemples de mensonges grossiers. Le chômage est, paraît-il, à un niveau extrêmement bas. Les médias nous parlent sans arrêt d'employeurs qui manquent de main-d’œuvre oubliant que la France est le pays d'Europe où le taux d'emploi non pourvu est le plus bas. Même le Figaro commence à se poser des questions sur la réalité du chômage. Je rappelle que l'état a surtout fait des efforts pour rayer les chômeurs des listes et maximiser l'apprentissage. Un apprentissage qui est loin de garantir l'emploi contrairement au discours ambiant, car en réalité à force de le favoriser les apprentis prennent simplement des emplois qui auraient pu devenir des CDI s'il n'y avait pas autant d'aide pour l'apprentissage. C'est un simple de jeu de chaise musicale où l'on troc de vrais emplois contre des statut précaire d'apprentie. En clair pour gonfler l'apprentissage, on a en partie cassé l'emploi dans ces secteurs. L'état français que les libéraux de tout poil présentent comme un état communiste est en réalité totalement néolibérale. On distribue d'immenses sommes aux entreprises et l'on peut dire qu'une grosse partie des impôts français servent en réalité à nourrir le système capitaliste. C'est particulièrement vrai depuis que Macron est arrivé au pouvoir d'ailleurs.

 

 

L'autre mensonge répété en boucle est le mirage de la réindustrialisation. Celui-là est carrément évident. Il n'y a aucun phénomène de réindustrialisation en France, aucune donnée pour corroborer ce discours à commencer par la production manufacturière qui est toujours inférieure à ce qu'elle était avant la crise du COVID et ce n'était déjà pas très glorieux. Et cerise sur le gâteau, elle a même reculé en janvier dernier, et pour cause avec des prix de l'énergie totalement délirants il n'y a aucune raison pour que la situation de l'industrie s'améliore. Et l'on n’entend toujours pas Macron sur la question du marché européen de l'énergie pourtant largement responsable de l'explosion récente des faillites d'entreprises. Mais c'est vrai que ses maîtres ne désirent pas y mettre fin. Il ne suffit pas de dire qu’on fait de la réindustrialisation pour la réaliser, on n'est pas dans Harry Potter. D'autant que les chiffres du commerce extérieur eux non plus ne corroborent pas le discours sur la réindustrialisation. En 2022, la France a enregistré le plus gros déficit extérieur de son histoire avec 164 milliards d’euros, même sur la production agricole nous devenons importateurs, ce n'était probablement jamais arrivé à notre pays même en temps de guerre. Autre indice de l'absence de réindustrialisation, les importations de bien d'équipement rebaissent cette année. Rappelons que les biens d'équipement sont le gros indicateur de l'activité de production. En effet pour faire des usines il faut des machines-outils souvent complexes, la France n'en produisant pratiquement pas une réindustrialisation se traduirait par une forte hausse des importations des biens d'équipement. L'année dernière à cause en partie de l'inflation, les importations en valeur des biens d'équipement avaient grimpé de 30%, on aurait pu y voir un indice de réindustrialisation, mais le soufflé est retombé, cette année la hausse est estimée entre 5% et 10% soit les effets directs de l'inflation. Difficile de dire qu'on réindustrialise alors que les outils principaux de la réindustrialisation ne sont pas achetés. Ajoutons à cela que la France est toujours lanterne rouge des pays de l'OCDE en matière de robot par habitant et cela ne s'arrange pas non plus. La startup nation ressemble bien à un pays du tiers-monde en devenir.

 

La startup nation n'a pas de robot

 

J'aurais pu continuer ici à montrer le décalage formidable qu'il y a entre le discours de Macron et la réalité française. Il est important de le rappeler puisque les médias et les journalistes ne le font plus du tout. Les données sont pourtant extrêmement faciles à trouver. Mais à l'ère d'internet il y a mieux que la censure, c'est l'occupation du temps de cerveau disponible par de faux problèmes et des concours d'ego dans les médias. Le remaniement ministériel récent n'avait aussi qu'une seule fonction continuée d'occuper les médias et la population alors que rien n'a changé ou ne changera de fondamental. Les services de l'état font encore leur boulot en donnant régulièrement les données, mais personne n'en fait rien comme si la réalité n'intéressait plus personne. Un peu à l'image des dirigeants byzantins à la fin de l'Empire romain d'Orient alors que les turcs étaient derrière les remparts de la ville, on préférait discuter du sexe des anges. Si le mensonge et la tromperie sont compréhensibles de la part des dirigeants français qui ont littéralement abandonné tout pouvoir au profit d'institutions bureaucratiques étrangères, le fait que bon nombre de Français préfèrent l'ignorer est extrêmement inquiétant. Je sais que je ne dois pas retomber dans mes travers pessimistes, mais il n'y a vraiment aucun indice que ce pays puisse un jour se sortir de son agonie actuelle.

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17 juillet 2023 1 17 /07 /juillet /2023 15:50

 

Un graphique très intéressant vient d'être publié sur un comparatif en termes d'évolution des salaires au sein de l'OCDE. Il inclut bien évidemment les effets de l'inflation . Et bien, surprise, il semble que ce soit la Belgique qui s'en sorte le mieux. C'est étonnant parce que ce pays a osé braver la doxa libérale qui lie stupidement hausse des salaires et inflation par la vieille idée stupide qui veut que la hausse des salaires alimente automatiquement l'inflation produisant la fameuse boucle prix-salaire. Ces thèses qui sont fausses, héritées de la fameuse courbe de Phillips dont on a déjà parlé, et qui sont assénées comme des vérités intangibles depuis 40 ans, sont une nouvelle fois prises au dépourvu par rapport à la réalité observée. Évidemment cela ne remettra pas en cause les politiques économiques menées, car les économistes officiels et les hommes politiques ne s'intéressent pas vraiment à la véracité des théories qu'ils emploient. Leurs objectifs sont ailleurs, c'est avant tout la défense des intérêts de leurs propres classes sociales. Et puis il faut bien dire que reconnaître comme fausses toutes les théories sur lesquelles ils fondent leurs politiques, ou sur lesquelles a été fondé la construction européenne dans son entièreté, ce serait remettre en question leurs propres compétences. Ne doutons donc guère sur l'influence que de telles données pourraient avoir politiquement parlant.

 

 

Normalement si l'économie était une véritable science, les thèses qui sont contredites à ce point par l'observation seraient immédiatement invalidées, mais ce n'est jamais le cas. Cela fait malheureusement longtemps que l'économie préfère les récits cohérents d'un point de vue logique à la méthode scientifique. Si l'on devait se référer à la hiérarchisation de l'évolution de la pensée d'Auguste Comte, je dirais que la pensée économique est restée au stade de la métaphysique, elle a même l'apparence parfois du stade précédent, celui du monothéisme religieux. Ainsi les économistes préfèrent de jolis récits logiques à une réalité complexe qui n'entre souvent dans aucun schéma facilement prédictible. Mais un véritable rapport scientifique à la réalité nécessite d'admettre son impuissance parfois à comprendre ou prédire un phénomène. Un véritable homme de science préfère dire " je ne sais pas" , plutôt que de dire qu'il sait quelque chose qu'il ignore. Tout ceci ne serait pas bien grave si les économistes se contentaient de faire des raisonnements en forme de robinsonnade dans leur coin, malheureusement leurs thèses non scientifiques sont employées dans le monde réel et cause d'innombrables catastrophes. Aux USA, il semble cependant que les autorités commencent à prendre un peu moins au sérieux la « science » économique et ce n'est pas plus mal. Même si toute la pensée économique n'est pas forcément à jeter bien évidemment.

 

Pour en revenir à notre cas belge, il est donc évident que ce pays remet en question la fameuse courbe de Phillips par sa situation même si ce n'était évidemment pas l'objectif du gouvernement belge qui souhaitait simplement défendre l'intérêt de ses citoyens en les protégeant de l'inflation. Il ressort donc de ces observations que l'inflation en Belgique, malgré la décision d'indexer les salaires sur cette dernière, ne fut pas plus forte que dans les autres pays de l'OCDE ou de la zone euro. Elle a même fortement ralenti exactement comme dans le reste de la zone euro. Au mois de juin, l'inflation en Belgique est ainsi retombée à 4,15%. Comme je l'ai dit dans un texte précédent, les mesures de la BCE sont parties d'un mauvais diagnostic et vont probablement provoquer une récession à laquelle la Belgique n'échappera probablement pas. On risque donc d'aller vers une déflation assez rapidement. Mais l'on constate empiriquement que le lien supposé entre inflation et hausse des salaires est loin d'être aussi évident ou aussi direct que ce que les économistes mainstream ont pu croire. Il reste cependant à voir les effets sur la balance commerciale. Car si l'engrenage entre hausse de l'inflation et salaire n'est pas évident, on peut se demander quels effets une hausse salariale de ce type peut produire sur la balance commerciale.

 

Inflation Belgique

La Belgique connaissait déjà depuis la crise du COVID un déficit de la balance commerciale. Le système belge indexe les salaires sur l'inflation depuis longtemps, depuis 1920 plus exactement. Il faut rappeler aussi que c'était également le cas de la France pendant les trente glorieuses. Cependant depuis 40 ans nos pays vivent en régime de libre-échange, on peut donc légitimement craindre qu'un tel mécanisme engendre automatiquement une dégradation de la balance commerciale en cas de forte inflation. Cependant là encore la Belgique semble casser les prédictions si la balance commerciale reste négative, ce qui n'est pas une bonne chose en soi, on ne note pas une dégradation de la balance commerciale suite à l'épisode inflationniste que nous venons de vivre. Encore une fois, on a ici la preuve que ce n'est pas parce quelque chose est logique, que c'est vrai dans le monde réel. Et c'est bien ce qui différencie un raisonnement scientifique d'un raisonnement métaphysique. La méthode scientifique s'appuie d'abord sur l'observation, peu importe si on n'a pas d'explication logique à y apporter. Comme disait Keynes quand les faits changent, je change mon point de vue, peu importe si cela paraît au premier abord illogique.

 

 

D'ailleurs alors que nous sortons d'un épisode de forte inflation petit à petit que peut-on constater sur les effets pratiques de ce phénomène ? Et bien tout d'abord qu'il a été accompagné d'une assez forte croissance économique. Cela n'a guère été noté, mais pour la première fois depuis extrêmement longtemps la croissance économique de la zone euro a été plus forte que la croissance mondiale. Un petit détail qui casse un peu l'idée que l'inflation c'est le drame. Bien sûr cette situation ne va pas durer puisque la BCE a comme seule mission d'enrayer l'inflation par ses supposées efficaces mesures de hausse des taux d’intérêt. Ensuite, on en a déjà parlé, mais cette inflation a désendetté les états. Parce que le PIB a grippé plus vite que les dettes en valeur absolues. S'en suit que la part de la dette dans le PIB a baissé par rapport à la situation préinflationniste confirme l'effet bien connu de l'inflation par les économistes keynésiens. L'inflation ronge bien les dettes et les rentes quoiqu'en disent les libertariens qui pullulent sur le web français. Au final, si les Français ont été bien éduqués depuis 40ans pour avoir une peur viscérale de l'inflation l'épisode récent devrait quand même faire réfléchir un peu nos citoyens. L'expérience historique au contraire des récits libéraux nous dit que sans inflation la situation économique est mauvaise. Il vaut mieux avoir une inflation à 3% et des salaires qui grimpent de 4% qu'une inflation à 2% et des salaires qui stagnent. Je crains cependant que cet épisode anormal que nous avons connu et qui est surtout la conséquence des mesures anti-COVID ne serve pas à changer le récit officiel concernant l'inflation. La peur de la hausse des prix est malheureusement trop ancrée dans la tête des Européens.

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13 juillet 2023 4 13 /07 /juillet /2023 16:21

 

 

Risquons-nous pour une fois à faire des prospectives. C'est un exercice dangereux qui souvent peut se retourner contre vous parce que la réalité se déroule rarement comme on l'imaginait. C'est que le réel est toujours infiniment plus complexe que l'image que nous pouvons nous en faire même pour les plus sages et les plus avertis des penseurs. Que dire, même Emmanuel Todd, notre Hari Seldon contemporain, se trompe parfois. Il va sans dire que n'ayant pas la prétention d'égaler notre démographe préféré, je ne m'offusquerai guère si vous ne preniez pas très au sérieux le texte suivant. D'ailleurs, je m'étais déjà amusé à faire quelques prospectives et ce n'était pas forcément très concluant. Pour les plus anciens qui suivent le blog depuis longtemps, savent qu'en 2017, au premier tour des élections, j'avais appelé à voter Macron par cynisme. Mais il ne s'agissait pas vraiment d'un engouement pour sa personne et son programme, c'était simplement parce qu'il était le seul candidat capable d'unifier le camp bourgeois, et donc de mettre fin à l’essuie-glace droite-gauche qui paralysait le pays alors. En 2017, le RN parlait encore d'une sortie de l'euro et l'espoir pouvait nous faire penser que la domination d'un néolibéral comme Macron mettrait le RN au pouvoir en moins de 5 ans. Je ne me suis guère trompé sur l'agenda macroniste, par contre le RN n'est pas encore passée en 2022 et il a même tourné casaque en devenant européiste ce qui est le comble.

 

Vous le voyez, on peut donc se tromper même en réfléchissant beaucoup. C'est pourquoi il est sage de toujours prévoir ses propres erreurs et de comprendre que le monde est soumis à des facteurs qui sortent généralement de nos propres prédictions. Comme disait Keynes, il faut prendre en compte l'incertitude radicale et ce n'est pas facile. Une chose que les dirigeants occidentaux sous influence américaine ont largement oubliée, la sagesse n'étant plus une vertu pour eux. Le texte d'aujourd'hui se consacre donc à la guerre en Ukraine. Enfin, pas à la guerre en elle-même, je ne suis pas spécialiste, ni au fait des dernières manœuvres, et encore moins adepte de stratégie militaire. Je laisse ça aux gens qui sont plus compétents ou à ceux qui prétendent savoir en faisant de grandes déclarations tonitruantes sur les antennes de LCI ou BFM. Sortons du discours lénifiant sur la nullité russe et leur effondrement immédiat qui doit se produire depuis le début du conflit et imaginons maintenant que tous nos spécialistes, souvent trop atlantistes pour être indépendants, se soient trompés . Imaginons un instant qu'en réalité ce pays perde, même avec tous les soutiens de l'OTAN, qui est pratiquement en guerre ouverte avec la Russie puisque fournissant des tonnes de matériel et de soutien économique à l'Ukraine. Notre président vient même tout seul de décider d'envoyer des missiles SCALP en Ukraine nous impliquant dangereusement dans le conflit.

 

La défaite de l'OTAN

 

C'est avec cette hypothèse hautement improbable si l'on en croit nos nombreux spécialistes de plateau télé que nous allons réfléchir ici. Quelles seraient les conséquences pour notre pays, pour l'Europe, les USA et pour le reste du monde ? La première conséquence bien évidemment serait un découpage probable de l'Ukraine. Je doute fortement que la Russie cherche à s'accaparer les terres hostiles de l'ouest. On irait probablement vers un partage de l'Ukraine entre plusieurs partis en fonction du peuplement culturel local. Je ne serais d'ailleurs pas étonné que la Hongrie ou même la Pologne en profite. Ils ont des territoires peuplés avec des populations de leur culture sur ces terres. Rappelons d'ailleurs que la Pologne avant son partage en 1795 entre la Prusse, l'Autriche, et la Russie avait un immense territoire. Une bonne part de l'Ukraine actuelle en faisait d'ailleurs partie. Ce n'est pas un hasard si les Polonais sont si bruyants dans ce conflit, ils détestent les Russes, mais ils ont aussi des intérêts en Ukraine si je puis dire. Donc on peut dire que la victoire russe sonnerait le glas de l'Ukraine actuelle qui serait probablement réduite à une petite proportion de ce qu'elle est aujourd'hui. On n'est pas non plus à l’abri d'un déplacement massif de population comme on l'a connu lors du tracé des frontières actuelles entre l'Allemagne et la Pologne. Plusieurs millions d'habitants avaient dû être déplacés pour permettre un tracé de frontière simple dans une région où l'histoire avait laissé des mélanges complexes de populations. Après guerre, c'est près de 12 millions d'Allemands qui ont été déplacés de force pour donner un ordre d'idée.

 

Le plus dramatique dans l'affaire n'est pas tant la perte de territoire que l'Ukraine aurait pu facilement éviter en ne cherchant pas le conflit, c'est plutôt l'immense coût humain pour eux. Dans un pays qui a subi déjà une hémorragie démographique avec des fuites de population par l'émigration depuis la fin de l'URSS, une natalité dramatiquement basse s'ajoute maintenant une quantité épouvantable de morts. Tout ça pour probablement finir découpé en morceau. Il n'y a pas à dire, les gens qui ont encouragé ce pays à faire monter les tensions avec la Russie sont des criminels. Je pense notamment à monsieur Hollande et à madame Merkel qui ont avoué n'avoir jamais eu l'intention de faire appliquer les accords de Minsk. Car de toute manière, que l'Ukraine perde ou non ses territoires de l'Est, elle aura quand même perdu parce qu'elle n'est pas près de se remettre de l'énorme hémorragie démographique à laquelle ce conflit, qui était pourtant largement évitable, l'a conduite.

 

Plus près de nous les conséquences sur l'Europe, elles sont déjà là en fait. On en a déjà parlé, mais la rupture avec la Russie est un drame économique massif pour le continent en particulier pour l'Allemagne où la situation de l'industrie surtout celle de la chimie est catastrophique. La combinaison d'un choix énergétique douteux, celui des énergies « renouvelables » intermittentes couplées au gaz s'est révélé dramatique avec la coupure brutale de la Russie. L'explosion du prix de l'énergie alimenté par la spéculation et les effets du stupide marché européen de l'énergie ont fait le reste. C'est simple, cette crise a fait de la zone euro une zone en déficit commercial, alors qu'elle avait des excédents jusque là. En cas de victoire russe, rien ne va s'arranger. La Russie a compris que les états européens n'étaient que des vassaux sans aucune autonomie décisionnelle. S'ajoute à cela une forte hostilité de certains membres comme les pays scandinaves ou la Pologne qui rend tout réchauffement diplomatique improbable. L'Europe sera donc laissée à son sort par la Russie. Plus vassalisée que jamais, l'UE prendra probablement dans un premier temps une apparence de plus en plus ouvertement américaine. On le voit justement en ce moment avec la nomination d'une citoyenne américaine Fiona Scott Morton à la tête des affaires européennes chargée de la concurrence. L'empire US ne prend même plus la peine de cacher la réalité de la construction européenne à ses membres.

 

 

Le destin de l'Europe ne s'écrit plus sur cette partie du monde, malheureusement d'autres l'écriront à sa place. C'est donc aux USA chez nos maîtres que nous allons tourner maintenant notre regard. A première vu, la défaite en Ukraine n'est pas une mauvaise chose pour les USA, dans un premier temps tout du moins. En effet, leur but réel a été de couper le lien entre les Européens de l'Ouest et la Russie et c'est un succès que la guerre soit gagnée ou pas. De plus, la peur de l'ogre imaginaire russe permet d'étendre l'OTAN et donc en apparence de sauver la structure. Mais en réalité à long terme cette défaite est une catastrophe pour les USA. Tout d'abord d'un simple point de vue du matériel miliaire, qui va acheter des armes à un pays qui perd sans arrêt ? L’Ukraine a été largement alimentée par du matériel US, si elle perd c'est donc que ce matériel ne vaut pas grand-chose. Que ce soit vrai ou non, c'est l'image que va renvoyer cette défaite. Ensuite d'un point de vue diplomatique, cette défaite s'ajoute à la débâcle récente en Afghanistan que les gens n'ont pas oublié. On peut donc imaginer que la défaite provoque une accélération du recul des USA sur le plan international en dehors de ses satellites directs (UE, Japon, Corée du Sud). Mais n’oubliez pas que l'épée de Damoclès du statut monétaire du dollar est toujours au-dessus d'eux. Ils ne peuvent se permettre de trop reculer. Or ici la plupart des pays qui comptaient sur le parapluie américain pour les protéger ou ceux qui avaient peur d'une intervention US vont réfléchir à cet aveu pratique de faiblesse.

 

Les USA vont donc probablement perdre encore plus rapidement leur contrôle sur le reste du monde. Ils pourraient donc être tentés d'un redressement avec un conflit direct avec la Chine qui est leur véritable adversaire stratégique en mettant le feu sur la question taïwanaise. Provoquant en fait leur propre mort en réalité, car je ne vois pas très bien comment ils pourraient gagner un tel conflit. Étrangement de la vitesse à laquelle l'Empire US et le dollar s'effondreront dépendra le sort de l'Europe. Un effondrement du rôle du dollar et un retrait de l'Empire US rapide permettraient aux Européens de peut-être revenir en scène et de reprendre leur indépendance. Si la mort de l'Empire est plus lente, un effondrement qui est à mes yeux inéluctable, quelle que soit l'évolution en Ukraine, l'Europe de l'Ouest risquerait de ne jamais se relever. Les USA vont littéralement nous piller pour résoudre leurs propres problèmes et cela déjà commencés. Réduire les Européens à la misère pourrait relancer un processus d'émigration massif vers les USA en vidant l'Europe de sa population. Les USA espérant ainsi contrebalancer leur propre déclin démographique pour peser plus face à la Chine et demain à l'Inde.

 

Pour le reste du monde il est clair que la défaite de l'OTAN en Ukraine sera vue comme un coup de sifflet international pour vomir l'occident et les USA. Et cela a déjà commencé. On voit même des aberrations nationalistes comme le président Lula qui intime aux Européens de verser des réparations aux nations colonisées d’Amérique du Sud, oubliant que les descendants des colonisateurs vivent en fait chez lui et dans le reste de l’Amérique latine. On voit également Erdogan donner des leçons d'humanisme à la France qui serait incroyablement raciste avec son passé esclavagiste. Alors même que les Ottomans ont été le plus grand trafiquant d'esclaves de l'histoire et qu'ils ont massacré bon nombre de peuples y compris musulmans comme les mamelouks d’Égypte. Ces attaques grotesques et fausses montrent que ces pays ne craignent plus les pays occidentaux ou d'éventuelles représailles. En cas de défaites en Ukraine on devrait connaître un redoublement de violence verbale et politique, les Occidentaux jouant les boucs émissaires bien pratiques pour certains régimes. On voit ici le désastre pour la France qui jusqu'à Sarkozy avait réussi à maintenir une relative liberté de ton. En faisant réintégrer la France au commandement intégré de l'OTAN nos élites ont sabordé notre avantage qui aurait permis justement à l'Europe de sortir son épingle du jeu en ce moment. Mais voilà, on ne refait pas l'histoire.

 

On ne sait pas encore quelle organisation économique et politique succédera à l'ordre américain. Les BRICS sont bien placés pour restaurer un nouvel ordre après la fin de la guerre en Ukraine. Mais n'imaginez pas par contre un paradis pacifique. La disparition de l'Empire américain ou sa simple rétractation sur son île- continent avec ses vassaux qu'il conduira à l'agonie, ne conduira pas à un moment pacifique. Dès l'ennemi commun disparu, les nouvelles puissances commenceront à se chamailler. On voit poindre à long terme un conflit au moins économique et politique entre la Chine et l'Inde. Les deux superpuissances du 21e siècle n'ont aucune raison de se comporter différemment de celles du passé, le monde est ainsi fait. Quoiqu'il en soit, on peut considérer que le conflit actuel est un nexus historique. Si dans tous les cas l'occident et l'empire américains sont condamnés à court terme à un fort déclin politique et économique. La vitesse à laquelle ce déclin se ferra dépendra du conflit ukrainien. Les USA vont probablement chercher un statu quo, un moyen de perdre en pratique, mais sans perdre médiatiquement. De façon à ralentir leur recul impérial et éviter la chute immédiate du dollar. Il est possible que les russes acceptent une telle chose, ce qui compte pour eux étant la fin de la menace sur les populations du Dombass et la neutralité de l'Ukraine. Mais si la défaite est officialisée, les choses pour les USA pourraient aller beaucoup plus vite et produire des effets dramatiques sur leur poids géopolitique et militaire. Nous sommes à un tournant, et il est dommage que les Européens se soient mis dans une situation qui les condamnes à perdre dans tous les cas.

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