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Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.

La souveraineté nationale ou la mort

 

L'Europe de l'Ouest arrive désormais au stade terminal du libéralisme. Prônant depuis plus d'un demi-siècle une libéralisation au forceps et une dérégulation de tous les instants, la machinerie européenne a totalement cassé la capacité des nations qui en sont membre à l'autodéfense et à produire elles-mêmes ce dont elles ont besoin . En se spécialisant à outrance pour faire bonne mesure dans le grand mécano globaliste, les nations européennes ont finalement perdu toute forme d'indépendance et de capacité de souveraineté. Bien évidemment il s'agissait là de l'objectif premier de la construction européenne. Dans l'esprit, il fallait déconstruire les nations d'Europe pour faire de l'Europe une nation. Mais voilà, le monde est ainsi fait que l'on ne construit pas une nation en collant trois peuples disparates ensemble. Et même la construction des vieilles nations européennes fut une marche longue et sanglante que les idéologues bruxellois ont peine à imaginer. Et un marché financier et économique ne produit pas non plus une nation, il faut pour cela partager une langue, une histoire, une culture, une religion, un projet collectif . On a coutume de dire que l'argent ne fait pas tout, il faut croire que les européistes ont voulu faire une démonstration pratique du proverbe avec les nations .

 

La déconstruction des nations d'Europe n'a pas fait une nation

 

En ces temps de grand vent soufflant sur le vieux continent où les crises se multiplient, l'on voit bien que l'incapacité de la bureaucratie européenne à défendre ses propres intérêts provient tout simplement de l'incapacité à définir en réalité ses propres intérêts. La somme des intérêts de chaque nation européenne n'a pas fait un intérêt commun. Et à partir du moment où vous ne pouvez pas savoir quel est votre intérêt, il devient impossible d'avoir une stratégie claire. C'est la raison principale de l'échec de l'UE, elle ne sait pas où elle va ni qui elle est. Elle n'est en définitive qu'un assemblage artificiel d'intérêts souvent contradictoires qui ne se meut que grâce à des impulsions de quelques grands états dominants, surtout l'Allemagne. Une espèce de monstre de Frankenstein à l'échelle d'un continent. L'on voit bien ici avec l'UE que la taille n'a aucune importance en matière de grande politique et de souveraineté, tout aussi théoriquement puissant que puisse être l’ensemble européen, son unification autour d'un pouvoir central l'a considérablement amoindri au plan international. Nous avons ici l' exemple d'un ensemble qui fait finalement moins bien que la somme des partis qui le compose. L'Europe plus divisée de 1960 pesait nettement plus lourd que l'Europe unie de 2020. Car l'UE n'a pas défendu les intérêts de ses membres et n'a pas plus défendu celui qu'elle n'a pas pu définir. Elle a accompagné la désindustrialisation du continent, sa perte en termes de capacité technique et de créativité. Et point d'orgue de son inaction, elle n'a strictement rien fait pour combattre le déclin démographique du continent en dehors de l'organisation d'une immigration qui s'apparente de plus en plus à une nouvelle forme de colonisation qui sera extrêmement dangereuse à long terme.

 

Pire que ça, l'UE est devenue le jouet exclusif de sa puissance tutélaire américaine. La voici plongée dans un conflit avec la Russie pour défendre les intérêts à peine cachée de la puissance anglo-saxonne. Et dire que l'on nous présentait jadis l'UE comme un barrage à la puissance américaine et l'euro comme un remède au dollar. Ce fut finalement l'inverse qui se produisit et avec l'effondrement rapide de l'euro l'on pourrait même craindre à terme une dollarisation progressive de la zone . Pourquoi en effet utiliser une monnaie qui singe l'empire quand on peut directement utiliser la monnaie impériale ?

 

La souveraineté et la puissance

 

La France fut un très gros pays démographiquement parlant.

 

J'ai souvent expliqué sur ce blog la nécessité qu'il y a, à bien distinguer la notion d'indépendance de celle de puissance . C'est un point essentiel pour bien situer la notion de souveraineté . Il y a malheureusement dans la classe sociale supérieure française un problème de confusion en la matière qui provient essentiellement de notre histoire nationale propre. La France a longtemps été la Chine de l'Europe avec une démographie largement supérieure à celle de ses voisins . Ce poids démographique a naturellement donné du poids à la France d'un point de vue historique . On a du mal à l'imaginer aujourd'hui, mais la France a longtemps été le troisième ou quatrième pays le plus peuplé du monde. Donc évidemment ce poids de longue durée a eu un effet sur la culture des élites habituées à être un centre de gravité intellectuel et culturel. Cela se combinait assez bien d'ailleurs avec la culture égalitariste des familles du bassin parisien pour faire appel à une base d'analyse Toddienne. Le problème c'est que depuis plus de deux cents ans la France décline d'un point de vue démographique relatif. Notre poids a baissé dans des proportions phénoménales. Des régions du monde jadis sous-peuplées sont désormais largement plus peuplées que nous et notre poids relatif a donc décru dans les mêmes proportions. Pendant un temps l'industrialisation précoce de l'Europe et de la France a maintenu l'illusion de grandeur française, mais maintenant le monde entier s'industrialise et là encore nous perdons du poids. Cette réalité doit être admise, la France et l'Europe ne pèseront plus grand-chose dans les décennies qui viennent. Mais ce n'est pas un drame pour autant . Nombreuses sont les nations de petites tailles qui n'ont jamais pesé vraiment sur l'histoire, mais qui ont pu continuer tout de même à écrire leur propre histoire et c'est cela en définitive qui importe le plus, le fait de pouvoir continuer sa propre histoire en tant que peuple.

 

C'est cette réalité que fuient nos élites en cherchant un empire de substitution. À travers l'UE ou à travers les USA quand ils se font plus atlantistes que les Américains eux même ils cherchent à retrouver ce poids qui était celui de leurs glorieux ancêtres . L'immigration délirante elle-même peut être vue comme la poursuite de cette course à l'abîme impérialiste, un délire qui consiste à vouloir être plus grand qu'on ne l'est, au risque même d'y perdre son identité et son âme en tant que peuple et nation. Et peu importe s'il ne s'agit que d'une illusion qui nous conduit au désastre, l'important c'est d'avoir encore l'impression d'être important. Ils ont ainsi laissé tomber le récit national pour celui de l'Europe et de l'Atlantisme pour s’identifier encore une fois à ceux qui comptent. Cette réalité est particulièrement importante en France parce que nous avons été longtemps une grande puissance, mais aussi parce que la mentalité égalitariste du cœur de la France a facilité cette identification à l'autre. La même mécanique qui permet au français d'aimer le monde entier et d'accepter si facilement l'immigration produit aussi cet étrange phénomène d'acceptation de sa propre disparition dans un ensemble plus grand. Notre égalitarisme hérité des structures familiales du bassin parisien qui a été une force lorsque nous étions grands est aujourd'hui une faiblesse qui facilite notre dissolution nationale.

 

Car le problème comme nous l'avons vu précédemment c'est que l'UE n'est pas une nation. La destruction de la nation française ne nous a pas fait intégrer une nation plus grande dans laquelle nous faisons corps, mais a simplement laissé les Français orphelins d'une identité collective, d'une force collective qui agit en leur nom. Nous ne sommes plus qu'un amas d'individus égocentriques, apeurés et perdus au milieu d'un monde de nations collectives qui ,elles, défendent leurs intérêts nationaux. S'en suit bien évidemment un déclin de plus en plus rapide, car seul un collectif peut combattre un autre collectif. Oubliez les imbécillités survivalistes, nul individu ne peut survivre vraiment seul dans le monde tel qu'il est.

 

Il nous faut donc en France réhabiliter la souveraineté nationale comme seule porte de sortie aux problèmes français. La recherche de la puissance n'est qu'une illusion dangereuse qui conduit le pays et le continent au désastre. On en a la preuve en ce moment même, le soutien franco-allemand à l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine n'étant pas étranger au conflit avec la Russie. Et cet élargissement est le produit d'un sentiment de puissance produit d'une part par l'illusion européenne d'autre part par l'identification des élites du continent à l'empire américain. Mais l'hubris n'a jamais été un bon conseillé dans l'histoire. Il nous faut donc une souveraineté à petite dimension, mais une souveraineté tout de même . L'important n'étant pas la taille ou votre dimension économique, mais bien votre capacité à pourvoir aux besoins de votre population. En ces temps de disette énergétique l'on voit bien que la grosse Europe devenue dépendante excessivement de l'extérieur pour cause de divagation idéologique est moins souveraine que la France du début des années 80 qui avait réalisé une certaine autonomie énergétique stratégique grâce au développement du nucléaire. Pour résumer la chose, mieux vaut être petit et autonome que gros et dépendant. Et c'est d'autant plus vrai si l'on est attaché à la notion de démocratie qui est totalement dépendante de la notion de souveraineté. Nul n'est démocrate s'il n'est maître en son pays. Vouloir perdurer doit devenir le projet français du 21eme siècle, et c'est un projet noble, qui vaut bien tous les empires du monde.

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S
Bonjour,<br /> Le capitaine Thomas Sankara clamait : "La patrie ou la mort. Nous vaincrons."<br /> Il en est mort.<br /> Pas de patrie sans la souveraineté.<br /> La souveraineté revient à fixer des règles pour le bien commun et pour les personnes qui font peuple.<br /> Ces règles importunent l'empire, les élites et les classes mondialisées.<br /> Ils ne font plus peuple.<br /> Défendre la souveraineté revient fondamentalement à imposer ces règles aux élites et aux bavards qui font le jeu politique, associatif et culturel.<br /> Ce n'est pas gagné.<br /> A2.
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S
Bonsoir,<br /> Vous écrivez : <br /> "Et il ne faut pas oublier que les élites ne sont pas vraiment unies à l'échelle de la planète. Il y a de nouvelles élites en Asie qui prennent la place des anciennes."<br /> Certes, mais les pays asiatiques, la Chine mais pas uniquement, cadrent leurs élites. Une différence fondamentale avec les pays occidentaux.<br /> De plus, le Chinois de Pékin et le Russe de Moscou se veulent, se sentent proches de leurs homologues de Paris, de Londres ou de Madrid.<br /> Prolétaires de tous les pays unissez-vous. Ben, non.<br /> Mais, sous nos yeux, l'internationalisme des classes bavardantes.<br /> <br /> "Avec leur effondrement les sociétés occidentales pourraient en fait rebondir dans une structure plus nationale à long terme. Mais il faudra en passer par un effondrement du niveau de vie je le crains. Ça a déjà commencé de toute manière."<br /> A ce jour, je ne vois pas l'effondrement du niveau de vie des classes bavardantes.<br /> Le niveau de vie des milieux populaires a été sérieusement entamé.<br /> Comme vous, je l'espère, bien sûr, ce rebondissement dans une structure plus nationalisée.<br /> Il faudra quand même mettre en marge les illuminés des temps modernes.<br /> A2.
Y
C'est pas gagné effectivement mais leur modèle de société ne fonctionnant pas à terme on peut toujours espérer un retour à la raison. Sans faire de marxisme les contradictions structurelle de l'organisation globaliste finira par avoir raison d'elle. Entretenir l'empire à coup de dette ça ne pourra pas durer éternellement. Et il ne faut pas oublier que les élites ne sont pas vraiment unies à l'échelle de la planète. Il y a de nouvelles élites en Asie qui prennent la place des anciennes. Avec leur effondrement les sociétés occidentales pourraient en fait rebondir dans une structure plus nationale à long terme. Mais il faudra en passer par un effondrement du niveau de vie je le crains. Ça a déjà commencé de toute manière.