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9 décembre 2024 1 09 /12 /décembre /2024 15:09

 

On commence par une citation latine, ce n'est pas commun sur ce blog. Célèbre locution dont la traduction est très connue « L'erreur est humaine, persévérer [dans son erreur] est diabolique ». Pourquoi est-ce que je commence mon propos par cette citation, c'est en référence bien évidemment par ce qui vient de se passer en Syrie. Comme à la grande époque des printemps arabes, voilà nos médias qui se gargarisent de la chute du méchant dictateur local en présentant tout cela comme un immense espoir démocratique. Il faut dire que depuis l'élection de Trump, et la mise en déroute de l'armée ukrainienne, les médias atlantistes commençaient à sérieusement broyer du noir. Et ne rajoutons pas dans l'affaire la question de Macron et de ses échecs politiques massifs. L'effondrement du gouvernement Barnier confirmant l'instabilité politique française dont nous avons parlé rapidement dans le dernier texte de ce modeste blog.

 

L'affaire syrienne est en quelque sorte une aubaine, un moyen de remonter le moral des troupes du globalisme et de l'impérialisme américain qui était très mal-en-point. Nous avons donc à nouveau tous les discours sur la démocratie au Moyen-Orient et toutes les inepties qui furent longtemps ânonnés par nos dirigeants sur cette région du monde que nous aurions bien mieux fait de laisser tranquille ces 20 dernières années. On voit même l'un des grands artisans de l'instabilité géopolitique locale, monsieur François Hollande, nous donner son avis sur les discours encourageants du nouveau futur dictateur islamiste local. On nous ressort les thématiques sur les extrémistes musulmans modérés. On le voit donc, l'engouement autour de la chute du régime syrien ne tient pas tant de la rationalité géopolitique avec l'idée de nuire à l'Iran derrière, que d'un effet de redressement momentané des forces de l'impérialisme américain et de ses vassaux. Au passage, n'oublions pas le rôle majeur de la Turquie et même d'Israël dans l'affaire. Israël, la nation qui peut bombarder tous les pays qu'elle veut parce qu'elle est une gentille démocratie qui est surtout du bon côté, celui de Washington.

 

Alors le bon sens bien évidemment nous incite bien logiquement à être beaucoup moins enthousiastes que nos dominants sur l'affaire. Car si l'on pouvait douter de l'efficacité de la politique de la canonnière pour créer des régimes démocratiques dès l'intervention US en Irak en 2003, l'expérience montre depuis plus de vingt ans maintenant que la chute des régimes dans les pays musulmans par des puissances extérieures produit surtout de nouveaux régimes bien plus dangereux pour les locaux et pour le monde. Et ce n'est pas le nouveau locataire du pouvoir et son CV dramatiquement islamiste qui vont nous convaincre du contraire. Ce ne sont pas non plus quelques discours qui nous convaincront. Encore une fois, cela s'est passé de la même manière en Libye, en Irak, en Afghanistan, etc. La démocratie ne s'impose pas de l'extérieur et encore moins dans des pays où il y a une faible unité culturelle, linguistique et religieuse. Car la démocratie nécessite une unité collective. Celui qui gagne ou qui perd une élection doit le faire pour l'ensemble de la population et pas seulement sa tribu. Or il s'agit de quelque chose de complexe qui ne peut aboutir qu'au bout d'un long processus d'unification nationale qui bien souvent n'a jamais eu lieu dans ces pays. Un coup d’œil aux ethnies vivant en Syrie montre la fragmentation territoriale. Même chose sur le plan religieux, même si l'hétérogénéité est ici plus faible.

 

 

 

Cette faible hétérogénéité religieuse pouvant d'ailleurs expliquer les montées de l'islamisme dans les sociétés arabes modernes. En effet, quand il n'y a pas d'unité linguistique et ethnique, il ne reste plus que l'unité religieuse pour pourvoir à un semblant de cohérence nationale. On peut ici en conclure que le seul ciment dans la région étant la religion, la « démocratisation » des pays de cette région devient rapidement intolérante sur le plan religieux, les minorités étant considérées comme inassimilables dans le processus national. Nous voyons chez nous la démocratie comme quelque chose de merveilleux alors qu'elle a en elle une forte capacité à l’intolérance, car elle nécessite une adhésion minimale de toutes les composantes de la société aux prémisses qui permettent le vivre ensemble démocratique. Dans une démocratie le perdant de l'élection doit se sentir suffisamment solidaire du gagnant pour obéir aux résultats. Un système monarchique ou féodal peut très bien tolérer les fortes différences et faire des lois différentes pour les différentes strates d'une société. La démocratie égalitaire en est incapable en réalité en dehors de certaines limites. La démocratie française elle-même fut accompagnée d'une chasse méticuleuse et violente de toute forme de différence linguistique par exemple. La république a uniformisé le pays comme il ne l'avait jamais été. Pourquoi? Parce que sans cela certaines identités auraient pu rejeter la démocratie française en appelant à l'indépendance par exemple au nom même des principes démocratiques et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. La démocratisation des sociétés du Moyen-Orient fonctionne en faîte avec l'islamisation de ces sociétés, comme un processus qui se nourrissent l'un l'autre. Le Moyen-Orient n'est pas l'Europe où des nations qui étaient très homogènes sur le plan linguistique et culturel s'étaient formées après moult guerres. Et après l' effondrement de beaucoup d'empires, faut-il le rappeler ?

 

Pourquoi font-ils autant d'erreurs ?

 

On peut dès lors craindre que cette affaire syrienne ne devienne qu'un nouveau foyer pour l'islamisme radical, une fois les nécessaires mensonges de communication pendant que le nouveau pouvoir s'installe seront finis. La Syrie pourrait alors devenir un énorme problème pour l'Europe puisque ce pays est proche et qu'en plus il sera très vraisemblablement protégé par la Turquie alliée. Une véritable base arrière géante de l'islamisme radical aux portes de l'Europe. La méditerranée n'étant pas vraiment une mer infranchissable. Il est donc assez étonnant de voir cet engouement chez nos prétendues élites, qui, bien au contraire, devraient être extrêmement inquiètes de la situation. La dernière fois que des pays ont été déstabilisés dans la région, ce fut un raz de marée démographique sur l'Europe et une explosion des actes terroristes. Il est donc assez dramatique de voir des gens qui d'un côté se lamentent du terrorisme, et multiplient les processions à base de bougie à chaque événement terroriste en France, se réjouir dans le même temps des causes de ces attentats. On est là en plein délire irrationnel. Un délire qui ne touche pas seulement cette question de géopolitique, mais l'ensemble des sujets politiques.

 

En effet, l'on a fait de la méthode du « en même temps » macronien la marque de fabrique de l'actuel président de la République. Mais en réalité cette méthode de gouvernance n'est probablement pas qu'une méthode de communication. Je crains qu'elle ne soit en réalité le reflet de l'absence de pensée cohérente chez les couches sociales dominantes en France et plus généralement en occident. La marque d'une incapacité à comprendre le réel dans toutes ses dimensions et dans toute sa complexité. On pourrait appeler cela la pensée Lego. Une pensée ou chaque pièce est vue comme indépendante de l'autre sans aucune interaction possible. On pourrait y voir les effets délétères de l'instruction et de la pensée cartésienne faite de petits raisonnements collés les uns avec les autres sans aucune forme de structure globale qui rassemble le tout et lui donne une cohérence. Dans un monde qui en réalité fonctionne de manière beaucoup plus holiste que cartésienne, cette forme de pensée simpliste devient rapidement une catastrophe. Les erreurs de nos prétendues élites ne sont donc peut-être pas de simples erreurs, mais le produit d'une éducation qui rend en réalité imperméable à ce qui ne se résume pas à une juxtaposition de raisonnements cartésiens.

 

C'est ce qui donne une réponse , peut-être , à la question que se posait récemment Marcel Gauchet qui était l'invité de la NAR au sujet de son dernier livre « Le nœud démocratique ». Il se demandait pourquoi les élites semblaient devenues incapables de comprendre des problèmes qui n'entraient pas nécessairement dans le cadre de leur raisonnement. Chose que l'on attend pourtant naturellement d'une « élite » ? S'adapter aux changements c'est quand même la marque de l'intelligence par excellence. Or nos élites semblent fossilisées dans des concepts et des idées qui sont marqués du sceau de l'incompatibilité avec le réel sur tout un tas de sujets. Rien que la question de l'euro ou du libre-échange montre leur incapacité à remettre en question des choses pourtant terriblement évidentes. Elles acceptent également des actes totalement contradictoires avec leurs propres principes. Comment en effet ne pas voir l'étrange enthousiasme pour la « démocratisation » dans certains pays, alors que dans le même temps l'UE annule très ouvertement une élection dans un pays comme la Roumanie ? N'est-ce pas légèrement incohérent. On peut bien évidemment y voir d'une hypocrisie construite autour de mensonge, la démocratie étant en réalité le cadet de leurs soucis. La seule chose qui compte étant que leur camp, celui du globalisme impérial, s'impose. Mais on peut aussi y voir cette façon de raisonner en prenant chaque morceau d'information sans le coller dans l'ensemble du grand puzzle de la géopolitique globale.

 

Car si l'hypocrite et le mensonge sont effectivement une explication, il faut bien voir qu'en réalité tous ces comportements affaiblissent en pratique progressivement le pouvoir des globalistes et des idéologues néolibéraux. Ils jouent un peu contre le camp en réalité. L'élection de Trump fut en fait bien plus la défaite des démocrates globalistes que la victoire du milliardaire. Ce dernier a réussi à se faire passer comme un opposant au globalisme en comprenant très bien que la globalisation n'avait plus la cote chez une grande partie de la population américaine. Reste à savoir si tout ceci n'était pas une entourloupe en réalité. Même chose en France où chaque arc républicain nous rapproche un peu plus d'un RN au pouvoir. Les accumulations de mauvais choix ne résultent donc peut-être pas de simples manipulations, comme beaucoup aiment à le penser, mais d'une véritable bêtise collective structurelle de nos « élites ». Et ce n'est pas forcément beaucoup plus rassurant en réalité.

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5 décembre 2024 4 05 /12 /décembre /2024 14:58

 

Ce qui devait arriver arriva, le gouvernement de Michel Barnier est tombé sous les coups de l'opposition. C'était pour ainsi dire inéluctable puisque ce gouvernement n'avait rigoureusement aucune légitimité électorale. Que va-t-il se passer maintenant ? Grande question, la logique de l'intérêt général voudrait qu'Emmanuel Macron démissionne puisqu'il n'a en réalité plus aucune légitimité ni aucun pouvoir pratique, mais s'il devait le faire, il l'aurait fait au lendemain de sa défaite aux législatives. Le sens des institutions de la cinquième république a de toute façon été complètement perdu depuis quelques décennies déjà. Rappelons-nous Mitterrand qui ne démissionna pas lors de sa défaite aux législatives de 1986. Le sens des institutions aurait dû pousser Mitterrand à une élection présidentielle anticipée, il ne le fit pas, et cohabita avec la droite. Même chose sous Chirac en 1997, je m'en souviens, c'était ma première élection en tant que personne majeure.

 

Là encore, Chirac qui pourtant se prévalait du gaullisme ne démissionna pas. Il cassa même un peu plus la constitution en mettant l'élection présidentielle à 5 ans au lieu de 7 ans. C'était pour éviter les cohabitations, disait-il, on voit à quel point cette stratégie a bien fonctionné. Car c'est l'autre problématique de nos institutions, chaque gouvernement a voulu y apporter ses petites touches de façon à faire prévaloir ses petits intérêts électoraux à court terme sans jamais vraiment se demander pourquoi les lois ou le cadre qui avait été institué avaient cette forme. On ne devrait pourtant toucher les institutions que de la main tremblante, surtout lorsqu'elles fonctionnent comme ce fut le cas pendant un certain temps. Mais ils n'ont pas cassé la cinquième république à grand coup de marteau, ils l'ont grignoté petit à petit tels des termites. Et aujourd'hui, on s’aperçoit que le bois est creux et que la structure du bâtiment républicain est au bord de l'effondrement avec un égotique en haut du toit qui crie à qui veut l'entendre « Qu'ils viennent me chercher ! »

 

Au demeurant, on remarquera que les « élites » françaises ont coulé nos institutions de la même manière qu'elles ont détruit le système économique d'après guerre, à pas feutré, dans les couloirs des ministères et sans jamais ouvertement dire ce qu'elles faisaient aux électeurs. Là est à mon avis le cœur du problème actuel. L'image désastreuse des hommes politiques français est à mettre en parallèle avec leur cynisme permanent et leurs doubles discours. On feint l'indépendance nationale et la souveraineté dans les discours au parlement ou à la télévision française pour ensuite s’asseoir sur les intérêts français une fois au parlement européen en faisant de grand sourire à madame Von der Leyen. Si cette stratégie déjà ancienne fonctionnait pendant les heures de gloire de l'européisme des années 80-90, c'est beaucoup moins vrai aujourd'hui. Grâce à internet, aux réseaux sociaux et aux médias alternatifs, même les plus naïfs, des Français commencent à comprendre qu'on se fout littéralement de leur gueule à droite comme à gauche.

 

Comprenons-nous bien. Si l'UE et l'euro sont bien des camisoles de force qui ont été conçues pour imposer des politiques libérales dont les Français ne voulaient politiquement pas, elles ne sont pas arrivées là par l'action du Saint-Esprit. Ce sont bien nos hommes politiques qui ont participé à cette forfaiture et ils savaient très bien ce qu'ils faisaient. Rappelons que l'euro, même l'Allemagne n'en voulait pas, ce sont les hommes politiques français qui ont multiplié les garanties et les offres alléchantes pour que Berlin se laisse tenter par l'aventure absurde de la monnaie unique. Nous nous retrouvons donc, nous français, comme ayant le pays le plus endommagé par la construction européenne avec nos amis italiens, alors même que ce sont nos propres élites qui ont conçu cette machine infernale. Et le problème de trahison vient de loin. Comme j'aime à le faire remarquer, c'est sous De Gaulle que les premières pièces de la contrainte économique néolibérale furent mises en place.

 

Le nœud gordien de la souveraineté économique

 

En effet après-guerre le libéralisme économique était complètement discrédité. Il faut dire que les gens avaient pu apprécier l'efficacité du marché pendant la crise de 1929 puis les effets des interventions étatiques dans le redressement économique sous Roosvelt et malheureusement sous Hitler. Bref, le libéralisme en tant que doctrine n'avait plus la cote. On lui a préféré l'interventionnisme modéré de Keynes. Ne négligeons pas non plus les effets de la pression soviétique qui dans un premier temps connaissait des croissances monstrueuses qui dans les années 50-60 faisaient peur aux capitalistes de l'ouest. Mais si le libéralisme n'avait plus d'intérêt en public, ce n'était pas la même chose chez une partie des élites en particulier en France. Rappelons que l'un des grands conseillers économiques du général de Gaulle était Jacques Rueff. Si de Gaulle était un interventionniste, ce n'est pas du tout le cas de son conseiller économique.

 

L’œuvre de De Gaulle et du Conseil national de la résistance ne sera donc pas détricotée dans les urnes par un débat public, mais en en silence, de façon souterraine par nos élites qui rejetaient en réalité la nouvelle organisation économique héritée de la Seconde Guerre mondiale. C'est la très grande différence entre le néolibéralisme anglo-saxon et le nôtre. Celui des pays anglo-saxons fut affirmé et il a eu du poids politique. Margaret Thatcher et Reagan ont été élus avec des programmes ouvertement néolibéraux. En France au contraire le début du néolibéralisme fut exercé en cachette, car la population du pays était beaucoup plus rétive à la globalisation et à la dérégulation économique. C'est ce qui explique en réalité la précocité du néolibéralisme français et sa forme très spécifique par rapport à d'autres. En particulier le fait que certains pensent que la France est un pays de gauche, voir d'extrême gauche parce qu'elle a de grosses dépenses étatiques. Ne comprenant pas que cette dette est surtout le résultat des dérégulations macroéconomiques entamées dans les années 70 et aggravées par le franc fort puis l'euro. En France, on peut dater le retour du libéralisme dans la décision arbitraire qui mit fin au financement de l'état par le circuit du trésor en 1967.

 

C'est-à-dire avant l'arrivée de la vague néolibérale des années 70-80. Pourquoi est-ce que cette décision fut importante ? Essentiellement parce qu'elle conditionne la suite des affaires publiques. En effet en supprimant le circuit du trésor vous obligez l'état à emprunter sur les marchés financiers, et donc in fine à emprunter avec des intérêts plus ou moins gros suivant les critères arbitraires du marché. Toute l'idée de ce traquenard libéral était de contraindre les politiques économiques par la sanction du marché, la croyance libérale étant que le marché sait toujours mieux que tout le monde ce qui est bon ou pas pour l'économie. Les libéraux avaient toujours en tête cette idée centrale de dépolitiser l'économie, et donc de faire en sorte que l'état en aucun cas n'intervienne dans ce domaine. Et l'imposition de la politique d'emprunt sur les marchés financiers fut la première camisole mise en place. Tout le reste des politiques économiques des années 70 jusqu'aux années 2000 se résuma à un accroissement constant des contraintes économiques sur les états. La dernière camisole fut l'euro, outil terminal de la dépolitisation de l'économie. Évidemment si plus aucun choix économique n'est possible, à quoi servent donc les élections ? Je l'ai déjà dit, mais le libéralisme économique est tout simplement antidémocratique par nature, et donc illibéral sur le plan politique. Nous en avons une démonstration par l'absurde en Europe, où le libéralisme a accouché d'un monstre oligarchique absolu.

 

Au final, le néolibéralisme est allé beaucoup plus loin en Europe qu'aux USA. Et paradoxalement, c'est probablement l'existence de politiques sociales en Europe qui ont permis au néolibéralisme d'aller beaucoup plus loin dans la déconstruction des politiques économiques publiques. En effet, les politiques sociales ont empêché l'explosion des inégalités comme les USA ont pu les connaître. Cela a rendu la dérégulation plus soutenable politiquement parlant, l'effet secondaire étant l'explosion des dettes et des déficits publics. Et Washington a quand même gardé l'instrument monétaire pour réguler les crises, ce qui explique des taux de croissance moins rachitiques qu'en Europe et des redémarrages plus rapides lorsqu'il y a des crises. Mais le plus gros avantage pour les USA fut que le globalisme y a été un choix assumé politiquement. Et comme ce fut un choix assumé, revenir dessus politiquement fut en fait assez simple. L'élection de Trump qui est officiellement un protectionniste ne choque pas vraiment les Américains qui pensent qu'il s'agit simplement d'un choix contraire à ceux qui ont été faits à l'époque de Nixon. Les Américains, à juste titre, pensent que le libre-échange a fait beaucoup de dégâts chez eux, ils reviennent donc sur ces choix. On reste ici dans un contexte politique et donc démocratique.

 

Mais en Europe et en France en particulier, ces choix n'ont jamais été faits par les hommes politiques, du moins ouvertement. Aucun homme politique français n'est arrivé au pouvoir en criant on va tout déréguler, ouvrir les frontières commerciales, et cela va être formidable. On a eu des candidats libéraux qui n'ont jamais eu beaucoup de succès électoraux. Il y a bien eu le vote sur le traité de Maastricht, mais le libre-échange et la dérégulation financière avaient été instaurés avant sous l'Acte unique européen avec Jacques Delors comme seul décideur français. Cette façon d'imposer des politiques en catimini est au cœur du problème institutionnel actuel. Les Français dans leur majorité ont compris que les dirigeants faisaient ce qu'ils voulaient sans jamais tenir compte de la volonté populaire. Aux USA on peut croire encore en la politique, en France et en Europe c'est beaucoup plus difficile. Et avec Macron cette réalité est arrivée à produire une forme d'apoplexie nationale. Je pense qu'il ne reste plus que le renversement de régime politique pour nous en sortir. Tous le personnel politique et les hauts fonctionnaires doivent être licenciés et remplacés. Nos institutions doivent être repensées, la constitution réécrite. Et tout cela en prenant en compte la nécessité de rompre avec l'UE et l'euro. Je vois mal le processus électoral produire une telle rupture à moins d'un miracle. Mais je ne crois pas aux miracles.

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28 novembre 2024 4 28 /11 /novembre /2024 15:08

 

C’est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s’engager à rester couillonné, sous prétexte qu’un traité n’a rien prévu pour le cas où il serait couillonné ?Non. Quand on est couillonné, on dit : « Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp ! » Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça.

Source : Alain Peyrefitte, "C’était De Gaulle", Fayard, tome 2, page 267.

 

Je commence ce texte par ces célèbres propos du général de Gaulle qui les tenait en rapport avec les traités européens déjà. C'est d'actualité parce qu'effectivement la France se fait couillonner, et ce depuis longtemps. C'est que de Gaulle n'avait peut-être pas prévu que la majeure partie des dirigeants qui lui succéderait n'aurait plus vraiment à cœur les intérêts de la nation et de la population française. Le traité de libre-échange avec le Mercosur n'est qu'une énième insulte aux intérêts français produite par l'aréopage européen et globaliste. Ce traité est en quelque sorte la démonstration par l'absurde de l'inanité européenne. L'UE est une construction grotesque qui colle ensemble des nations qui n'ont aucun intérêt commun. Et cela donne régulièrement des affrontements lorsque tel ou tel groupe n'est pas satisfait des traités ou des décisions prises à l'échelle de l'UE. Seulement l'UE étant une structure hiérarchique avec l'Allemagne tout en haut, et la Grèce tout en bas, les choix « collectifs » effectués par cette structure vont régulièrement dans les intérêts de ce pays. Ce nouveau traité de libre-échange n'en est qu'une énième démonstration.

 

La construction européenne nous en parlons souvent et pour cause elle a tué le continent. Il est cependant assez symptomatique de voir que les élites en France et ailleurs en Europe n'ont pas encore totalement conscience de l'origine des problèmes de notre continent et s'obstinent à maintenir cette construction artificielle. Et comme nous l'avons déjà dit longuement l'UE a fait deux grandes victimes l'Italie et la France. La première n'a visiblement pas encore compris d'où viennent ses difficultés, la seconde a une élite qui a bloqué tous les processus démocratiques pour empêcher toute forme de changement et de remise en cause des traités européens. La mise en place d'un européiste comme Barnier en tant que Premier ministre après les résultats électoraux récents, fut quand même une insulte invraisemblable envers la population française. Barnier, c'est quand même largement le contraire idéologique des partis mis en avant par les électeurs récemment. C'est pourtant passé comme une lettre à la poste, sans que la population ne prenne la Bastille si je puis dire. Donc nos élites vont continuer puisqu'elles ne rencontrent pas d'obstacle à leurs délires idéologiques.

 

On sait par avance que les mouvements actuels des agriculteurs français ne mèneront à rien. D'une part parce que les traités commerciaux sont une compétence exclusive de l'UE comme vient d'ailleurs de le rappeler le président de « gauche » brésilien, monsieur Lula. D'autre part parce que les agriculteurs tapent sur un pouvoir évanescent en la matière à savoir le pouvoir français qui ne peut rien faire dans le cadre actuel. À la limite si les agriculteurs français allaient bloquer les ports hollandais et belges, ou le commerce allemand, là peut-être qu'il se passerait quelque chose. Mais le pouvoir fantoche parisien lui ne sert à rien. En un sens cependant, cette situation pourrait s'avérer intéressante à plus long terme. L'évidence du problème européen va croître dans la population. L'UE n'a pas une image extraordinaire dans la population, mais cette fois l'UE démontre factuellement qu'elle bloque les processus démocratiques au sein des nations membres et qu'elle pose donc un énorme problème politique aux populations européennes.

 

La question de la légitimité

 

Lorsque le général de Gaulle parle des traités et du fait qu'ils doivent être déchirés lorsqu'ils sont contraires à vos intérêts, il rappelle en fait la source de la légitimité démocratique. L'UE est contraire à l'esprit démocratique parce qu'elle est une structure bureaucratique qui construit des lois et des contraintes sans jamais faire en réalité appel aux processus démocratiques. Et comment le pourrait-elle d'ailleurs, l'UE n'est pas une nation puisqu'il n'y a pas de peuple européen ? Elle consiste donc à procéder à la création d'un droit construit par des groupes et des intérêts privés qui imposent leur vision du monde à tous les peuples du continent. Alors le pays le plus puissant du continent, l'Allemagne, y échappe et utilise même son influence au sein de l'UE pour imposer sa propre vision. Mais globalement il n'y a pas de droit européen légitime. Il n'est qu'une structure imposant aux populations des codes et des principes pour lesquels elles n'ont jamais été consultées. C'est ici probablement que la forfaiture de l'UE est la plus grande, elle qui se prévaut des principes démocratiques alors qu'elle en est le contraire absolu. C'est une aristocratie de petits bourgeois élue par personne qui impose leur vision du monde et surtout leurs petits intérêts personnels à tous les autres.

 

La légitimité émane du peuple et de la nation. Tout texte, loi ou code qui s'impose à une population sans son accord n'a en réalité aucune valeur réelle aux yeux des principes démocratiques et peut donc être librement ignoré et abandonné. Allons plus loin même puisque l'on pourrait dire que toutes les décisions et politiques prises par l'UE et nos dirigeants au nom de l'Europe sont illégales en France puisque les Français ont rejeté le traité constitutionnel européen par référendum. Tous les accords, toutes les politiques prises depuis par l'UE et imposées au peuple français, n'ont par conséquent aucune légitimité, et procèdent d'un viol du droit du peuple français à disposer de lui-même. Par conséquent, n'ayez crainte à rompre avec l'UE ou avec les traités, tout ceci n'est qu'une mascarade visant toujours à défendre certains intérêts privés et rarement ceux de la France.

 

Que pourrait donc faire un gouvernement français actuellement pour redresser notre situation en prenant en compte tout ceci ? Et bien déjà en commerçant par remettre des frontières, comme l'Allemagne l'a fait récemment, faut-il le rappeler. Elle s'exonère bien du droit européen. La cour constitutionnelle allemande ayant bien précisé que le droit allemand était supérieur au droit européen dans une affaire récente concernant un d’achat d’actifs du secteur public. Un gouvernement français qui aurait pour but de redresser la situation française pourrait très bien rompre avec l'UE s'il le voulait. Avant même une sortie de cette absurdité, il pourrait très bien cesser de verser de l'argent à l'UE, soit une économie de 21,6 milliards d'euros cette année. En remplaçant les aides agricoles européennes par des aides françaises, on éliminerait un échelon et l'on ferait donc nécessairement des économies dans l'affaire. Sachant qu'en plus les subventions européennes servent à soutenir des pays qui accumulent des excédents commerciaux à notre encontre, ce serait tout bénéfice pour nous. Il est tant d'arrêter de se faire couillonner en subventionnant les délocalisations de notre industrie en Europe de l'Est ou ailleurs.

 

De façon plus radicale, nous pourrions immédiatement mettre en place des droits de douane de 10% pour tous les produits importés. Sachant que la France importe pour 750 milliards de marchandises par an environ, cela représenterait un revenu de 75 milliards. De quoi reboucher les trous de l'économie française. On pourrait même payer et utiliser cela pour abaisser les charges des entreprises et donc favoriser encore plus la production nationale au détriment des importations. Car le but bien évidemment est de rééquilibrer notre commerce extérieur et de réduire progressivement nos importations. Il faut bien comprendre que tout ceci peut être fait demain si un dirigeant clairvoyant et intéressé par l'intérêt national le veut. Rien ne nous empêche de le faire à part des traités qui comme nous l'avons vu n'ont en réalité aucune valeur sur le fond, puisque non démocratiquement validé par le peuple français. La seule chose qui manque c'est le courage et la volonté. La sortie de l'UE et de l'euro ne sera pas simple, personne ne dit le contraire. Nous aurons très vraisemblablement une phase d'inflation comme l'Islande lorsqu'elle a dû dévaluer massivement après la crise de 2008. Mais ensuite il y aura un redressement beaucoup plus pérenne que ce modèle absurde qui fonctionne à coup d'endettement public et qui nous soumet à des puissances étrangères pour toutes nos décisions collectives. Cher français, il est temps de suivre les propos de Gaulle et d'arrêter de nous faire couillonner.

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18 novembre 2024 1 18 /11 /novembre /2024 15:11

 

S'il y a bien une chose qui caractérise la civilisation actuelle, ou ce qui prétend être une civilisation , c'est le rôle fondamental qu'y tient le fétiche de la valeur marchande. Il ne s'agit pas ici de parler de la fétichisation de la marchandise qui fut décrite par d'autres. Car en réalité ce fut une erreur de voir dans la marchandise un fétiche. Ce n'est pas la marchandise qui a été fétichisée par les Occidentaux modernes sous l'influence de l'idéologie libérale, c'est la valeur marchande elle-même. Car dans notre mode absurde, elle mobilise toutes les énergies, suscite toutes les inquiétudes et produit tous les fantasmes. Elle façonne totalement l'imaginaire des hommes modernes et oriente à la fois leur vie et la politique qui s’astreint à eux. Évidemment on ne saurait mieux montrer l'importance que cette illusion revêt que dans l'importance que nous accordons par exemple aujourd'hui aux divagations des marchés financiers. Les marchés montent, c'est formidable, ils baissent, c'est le drame, sans que tout un chacun n'imagine un instant qu'en réalité tout ceci relève plus du jeu de casino qu'autre chose. La bourse c'est du sérieux, voyons. Le Bitcoin c'est un truc formidable qui va stocker la valeur marchande quelque part et produire une rente magique pour son propriétaire. Je pourrais plaisanter ici en montrant que les cartes Pokémon sont autant de valeurs marchandes sûres dans ce monde absurde que les bitcoins. Le simple fait que de simples cartes à jouer puissent susciter des « valeurs » marchandes immenses révèle la nature erronée du marché comme représentant réel de la valeur des choses. Les anciens économistes avaient bien raison de se méfier de la valeur marchande et du lui opposer la valeur d'usage.

 

La société peut s'effondrer, tant que ma valeur actionnariale est là, que ma cryptomonnaie grimpe, je n'ai rien à craindre de l'avenir. C'est évidemment totalement faux, mais c'est un peu le résultat de la collusion d'un individualisme sans cesse croissant, avec une idéologie qui résume l’importance des choses à leur valeur marchande. J'écoutais hier l'interview intéressant de Marcel Gauchet à l'occasion de la sortie de son dernier livre qui a souligné, à juste titre, cet étonnant paradoxe des sociétés occidentales modernes, alors que les individus sont en réalité de moins en moins autonomes et des plus en plus dépendants de la complexité de leur société, ils paraissent de plus en plus croire qu'ils sont des individus se façonnant d'eux-mêmes. Des individus totalement libres de leur choix et de leurs actions. La réalité triviale est pourtant inverse à cette croyance. Nos ancêtres pas si lointains étaient en réalité bien plus libre que nous ne le sommes par bien des aspects. Ils produisaient eux-mêmes leur nourriture et ne dépendaient si fortement de toutes les facilités de la société industrielle moderne. Le prix à payer était un niveau de vie largement inférieur au nôtre.

 

Alors pourquoi aujourd'hui voyons-nous de plus en plus cette idéologie de l'individu roi ? Car que ce soit dans sa version wokiste et faussement progressiste ou dans la version libertarienne à la Elon Musk, c'est toujours la croyance de l'individu tout puissant que ces idéologies valorisent. C'est effectivement paradoxal de voir ces individus en réalité de moins en moins capables de changer quoi que ce soit dans leur vie et dans leur société être également adepte de la croyance en la toute puissance de l'individu. Car c'est un paradoxe qu'Emmanuel Todd a souvent souligné, l’individu n'a de capacité d'action que s'il est membre en réalité d'un collectif. Si la contrainte collective constitue par définition une contrainte qui implique le respect de règle et l'action solidaire à l'intérieur du groupe, la collectivité permet également de démultiplier l'action individuelle. Les grands hommes de notre histoire n'étaient pas que des hommes, ils incarnaient des idées, la nation , une religion bref quelque chose qui rassemblait d'autres hommes derrière eux. Ils étaient grands parce qu'ils étaient en quelque sorte portés par d'autres qu'ils représentaient.

 

L'impuissance que produisent nos sociétés actuelles vient en grande partie de cette incapacité à créer de mouvement de masse et de groupe. L'idéal de rationalité collective se transforme petit à petit en une forme de paralysie généralisée conduisant les individus à l'impuissance collective. Il reste alors la fétichisation de la valeur marchande. Les milliardaires devenant les sauveurs puisque ce sont les super-individus par excellence dans une société qui a fait de la valeur marchande la mesure de toute chose. Dans un pays comme les USA il n'y a donc pas vraiment de surprise au phénomène Trump même s'il risque d'en décevoir plus d'un, mais c'est un autre débat.

 

Quand les sociétés négligent le plus essentiel

 

Pour revenir à la question de la valeur marchande, il faut bien comprendre que dans les sociétés d'autrefois celle-ci n'avait absolument pas le poids qu'elle a aujourd'hui. On n'a pas construit les cathédrales pour gagner de l'argent ou pour faire des gains de productivité. Les grandes œuvres de l'humanité n'avaient pour la plupart pas pour but des gains ou des bénéfices financiers contrairement à ce que certains peuvent penser. Il y avait d'autres motivations, d'autres mécanismes psychiques pour motiver la population à réaliser telle ou telle chose. On ne se rend pas compte de l'emprise progressive qu'a prise la valeur marchande depuis deux siècles dans l'esprit des contemporains. L'on s'offusque aujourd'hui de l'effondrement des naissances , mais en un sens n'est-ce pas le stade terminal du calcul économique égoïste qui le produit ? Notre pensée utilitariste permanente qui réduit tout à un calcul économique ne porte-t-elle pas intrinsèquement les germes de la stérilisation générale des êtres humains ?

 

En effet à quoi sert donc le fait d'avoir des enfants ? Cela coûte cher, cela ne rapportera rien, puisque plus tard ils vivront tout aussi égoïstement comme nous ? Si l'on se place du strict point de vue d'homo economicus, le fait d'avoir des enfants est sujet à caution. Alors les libertariens du coin vous diront qu'il faut détruire les systèmes de retraite pour que les gens retrouvent l'intérêt d'avoir des enfants pour leurs vieux jours. Parce qu'ils raisonnent vraiment comme ça nos amis libéraux, du moins les plus extrêmes. Mais la réalité c'est que les gens n'avaient pas d'enfants par calcul, cela arrivait comme cela. C'était le produit d'une rencontre entre un homme et une femme (oui je suis réactionnaire sur ce plan). Avoir des enfants n'était pas un calcul économique, ça ne l'a jamais été en tant que tel. Les couples d'ailleurs se formaient souvent à cause d'une certaine pression sociale, pression que nous avons jetée à la poubelle en valorisant les « libertés » individuelles, produisant aujourd'hui des individus souvent malheureux et esseulés. Nous produisons des individus caricaturant la célèbre chanson de Michel Berger « Si maman si. ».

 

Adieu Corée du Sud

 

De fait, la focalisation de toutes les énergies de la société sur la seule fabrication de la valeur marchande détruit en réalité la société. On en a un exemple extraordinaire avec la Corée du Sud dont le gouvernement vient de reconnaître que le pays risque l'effondrement à cause de sa natalité. Qu'ils sont nombreux ceux qui se moquent de la Corée du Nord, un pays d'arriérés communiste. Et pourtant le nord sera encore là dans 50 ans grâce à une fécondité plus raisonnable, le sud c'est moins sûr. Ils ne produisent pas d'iPhone, mais des enfants, c'est peut-être moins vendeur pour des sociétés obsédées par le taux de croissance économique, mais c'est probablement beaucoup plus sain. N'aurait-il pas mieux valu avoir un PIB moins élevé, une productivité plus basse et des valeurs marchandes moins élevées si cela avait permis une natalité plus raisonnable ? C'est ici à mon sens que le danger marchand se révèle. Il est pernicieux, met du temps à se faire sentir, mais provoque des effondrements dramatiques à long terme, car les sociétés qui sont tout entières vouées à la valorisation marchande négligent au final les choses les plus essentielles, celles qui lui permettent de perdurer.

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7 novembre 2024 4 07 /11 /novembre /2024 15:44

 

Ce qui devait arriver arrive. Donald Trump est donc à nouveau président des États-Unis d’Amérique. J'aime bien préciser qu'il est à nouveau président puisqu'il semble que dans les médias français on l'ait un peu oublié, nous présentant le bonhomme comme un Hitler en puissance. La communication politique moderne à ceci de fascinante qu'elle devient hystérique, et absolument irrationnelle, en permanence, et cela de tous les côtés politiques, il faut bien l'admettre. La campagne de la presse et de la télévision française pendant cette élection américaine devrait d'ailleurs à elle seule remplir une analyse longue sur la situation médiatique dans notre pauvre pays. On se demande bien où sont passées les institutions de régulation visant à garantir l'impartialité des médias pendant cette campagne. Cet état de fait vient d'ailleurs d'être très justement souligné par le député UDR Maxime Michelet. Il ne s'agit pas de prendre parti pour un candidat ou un autre, mais de garantir une information la plus objective possible. Or le service public et plus généralement les médias français ont totalement échoué en la matière.

 

Ce n'est bien évidemment pas la première fois qu'ils montrent un tel déséquilibre, mes lecteurs qui ont l'âge doivent bien se souvenir de la campagne pour le « Oui » à Maastricht en 1992, ou sur le traité constitutionnel européen où là aussi transparaissent massivement un déséquilibre médiatique. Et qui dire de nos élections ridicules qui se transforment à chaque fois en barrage contre la haine que représenterait le RN. Mais il serait quand même tant de remettre un peu les pendules à l'heure et de rappeler que les médias sont là pour informer, pas pour donner ou imposer leur avis. Cette campagne électorale américaine aura encore plus fortement que les autres événements médiatiques et politiques, montré le déséquilibre massif de l'information en France. Il faut espérer que cette question soit enfin mise en avant ce serait le minimum. Mais revenons donc à l'élection en elle-même, Trump a donc largement gagné. Est-ce qu'il a gagné par son talent ou par la nullité de l'adversaire, probablement un peu des deux ? Les études montrent que c'est bien l’Amérique populaire qui l'a fait triompher en tous cas. Un phénomène qui n'est pas nouveau et qui est même bien implanté en France, les couches populaires votent maintenant à droite ce qui est assez étrange quand on pense à l'histoire politique de nos pays.

 

 

En effet, normalement les couches sociales les moins aisées devraient plutôt militer pour les courants politiques favorisant en théorie leurs intérêts. Mais depuis quelques décennies dans l'ensemble de l'occident, il semble y avoir un mouvement de déconnexion entre les partis de gauche et les couches populaires. Même le vieux démocrate Bernie Sanders vient enfin de s'en rendre compte avec cette élection, mieux vaut tard que jamais, mais c'est vraiment un constat tardif. Nous avons eu évidemment le même phénomène en France avec le RN qui canalise aujourd'hui l'essentiel de l'électorat populaire. La lecture des travaux de Christophe Guilluy nous avait prévenus de ce phénomène qui n'est pas nouveau en France. Aux USA par contre il semble que ce changement soit relativement récent. Un très intéressant graphique montre l'évolution du vote Trump/démocrates par rapport au niveau de revenu. On voit clairement que le vote Trump a attiré les plus pauvres cette fois de façon flagrante. C'était plus équilibré lors de l'élection précédente même s'il était déjà en tête chez les couches populaires. La comparaison avec le vote RN n'est donc pas du tout idiote au moins sur ce plan. Le RN n'ayant pas contre rien à voir avec Trump sur le plan programmatique. Les évolutions sociologiques sont assez similaires toute proportion gardée.

 

Le trumpisme, comme le RN, est un phénomène de réaction contre un establishment jugé à tort ou à raison comme incapable de résoudre les problèmes de la population, en particulier celle des couches populaires. Reste à voir si les prétendus révolutionnaires peuvent réellement atteindre les objectifs qu'ils prétendent atteindre. Je ne vais pas vous le cacher, je suis extrêmement sceptique sur Trump. Et sur le RN je ne me fais plus aucune illusion surtout lorsque l'on voit les sorties récentes de monsieur Jorda Bardella. Mais laissons le bénéfice du doute à monsieur Trump même s'il n'a guère brillé lors de son précédent passage. Vous me direz qu'on peut au moins espérer un arrêt de la guerre en Ukraine, peut-être, mais là aussi j'attends de voir du concret et non des discours.

 

La guerre commerciale

 

Si les couches populaires américaines ont massivement voté pour Trump, ce n'est pas forcément comme j'ai pu le lire ici ou là que les Américains sont passionnés par les winners et les gens qui innovent comme Musk. C'est à mon humble avis surtout à cause de son discours protectionniste. Parce qu'une grande partie de la population américaine va mal, très mal. Il suffit de regarder les statistiques sur la mortalité en général, sur la drogue, les morts par armes à feu ou la baisse d’espérance de vie. Loin des discours comptables sur la croissance américaine, la réalité quotidienne de la majeure partie de la population ne s'est pas arrangée sous Biden. L'économie a été beaucoup trop réduite à la croissance du PIB. Un PIB qui est d'ailleurs de moins en moins composé de production réelle et de plus en plus de valorisation de secteurs de services dont la croissance accompagne surtout l'inflation des prix, à l'image du système médical à la fois le plus cher d'occident, de loin, et le moins efficace, de loin aussi.

 

Beaucoup s’extasient ainsi sur les salaires américains bien plus élevés que celui des Français, oubliant un peu vite que les prix aux USA sont aussi beaucoup plus élevés, relativisant fortement le soi-disant décrochage de l'Europe. Nous pourrions ici aussi rire de la prétendue productivité américaine qui ne se voit que dans le PIB par heures travaillées, mais qui est totalement invisible dans le commerce. Si les USA étaient le pays le plus productif d'occident, comment se fait-il qu'ils croulent sous les déficits commerciaux ? Au contraire, les industriels devraient se battre pour produire aux USA. Le fait qu'il faille massivement subventionner une industrie pour qu'elle veuille s'installer aux USA devrait mettre pourtant la puce à l'oreille de ceux qui prétendent que les USA sont le pays le plus productif du monde. La réalité transparaît en fait dès que les USA essaient de se réindustrialiser comme avec l'industrie du semi-conducteur. L'entreprise Taïwanaise TSMC monte en ce moment même des usines pour produire des semi-conducteurs aux USA, les Américains leur ont un peu forcé la main, et subventionnent massivement. Et bien les coûts sont dramatiquement élevés et l'ouverture des usines prend de gros retards. En grande partie à cause du manque de main-d’œuvre qualifiée. C'est d'autant plus pathétique que TSMC a ouvert très rapidement une usine au Japon. Pourtant, si l'on se fit aux statistiques des économistes, les Américains sont beaucoup plus productifs que les Japonais. Dans les faits, les USA ont beaucoup de mal à produire des choses et quand ils le font, cela coûte nettement plus cher qu'ailleurs. Quand je vous dis qu'il faut relativiser l'importance et la véracité des instruments de mesure économétriques.

 

Il ne suffira pas simplement de taxer les importations pour réindustrialiser, et c'est probablement là que toute la difficulté va se faire sentir dans les années qui viennent. Comme Keynes l'avait habilement dit, il ne s'agit pas de bouleverser une économie comme on déracinerait une plante pour en mettre une autre. Il faut au contraire habituer petit à petit l'économie à aller dans une autre direction avec un tuteur. L'industrialisation ou la réindustrialisation ne peuvent pas être un phénomène instantané, il faut du temps pour le faire. Il faut former la population, transférer des savoir-faire, implanter des lieux de production, acheter des machines, etc. Le protectionnisme de monsieur Trump s'il est appliqué sans discernement va surtout produire de l'inflation, les producteurs locaux étant dans l'incapacité à fournir dans les volumes nécessaires la consommation actuelle des USA. Le manque de main-d’œuvre qualifiée est le produit de près de soixante ans de désindustrialisation constante. Les populations occidentales se sont adaptées à la globalisation en s'orientant surtout vers les métiers de services. Mais si fabriquer un vendeur à partir d'un ouvrier spécialisé ou d'un ingénieur est assez simple, l'inverse ne l'est malheureusement pas. Je crains donc que le trumpisme ne se finisse un peu comme la perestroïka de l'Union soviétique à savoir qu'elle accélère l'effondrement des USA plutôt qu'elle ne l'évite à cause de changements trop rapide.

 

Malgré le protectionnisme affiché, la situation commerciale US ne s'arrange pas.

 

Du reste, il y a la question de la volonté réelle de Trump et de son entourage en la matière. Jusqu'ici le protectionnisme américain ne vise pas réellement à la réindustrialisation. En effet, les USA taxent les importations chinoises. Sauf que les Chinois n'ont eu qu'à créer des usines d'assemblage au Mexique ou ailleurs pour exporter encore aux USA sans problème. Taxer un pays en particulier n'est pas une politique protectionniste visant à réindustrialiser, c'est une politique impérialiste qui vise avant tout à nuire au pays visé. L'on pourrait simplement penser que la nouvelle politique de Trump ne vise pas en réalité à réindustrialiser le pays, ce qui de toute manière aurait un effet de perte de niveau de vie, les USA vivant largement au-dessus de leur niveau de vie potentiel grâce à l'exploitation des pays à bas salaire. Si les USA produisaient eux-mêmes ce qu'ils consomment, leur société serait sûrement beaucoup plus saine et équilibrée, mais le niveau de vie moyen pas forcément plus élevé, en fait il serait probablement moindre. Le statut du dollar ayant garanti à Washington de ne jamais souffrir de ses excès monétaires, du moins jusqu'à présent. Je suppute dès lors que le vrai but de Trump est simplement de réorganiser l'empire de façon à ce que les lieux de production soient sur des territoires que les USA contrôlent plus ou moins ouvertement.

 

Le protectionnisme américain actuel ne viserait donc pas une réindustrialisation qui serait difficile, longue et coûteuse, mais une réorganisation vers des pays moins puissants et plus soumis que la Chine aux intérêts US. D'ailleurs, les chiffres du commerce extérieur semblent plutôt confirmer cette hypothèse, les USA ont vu leurs déficits commerciaux à nouveau plonger ces derniers mois. Prouvant ainsi que la réindustrialisation n'est encore qu'une chimère aux USA. Dans le même temps, on apprenait que la Chine pulvérise ses records d'exportation montrant l'inefficacité des mesures prises contre elle. Les chiffres montrent aussi la baisse des importations chinoises, traduisant la crise de surproduction dont nous avons déjà longuement parlé. Alors il est possible que je me trompe sur le nouveau locataire de la maison blanche, tant mieux si c'est le cas. Mais j'ai beaucoup de mal à croire qu'un empire puisse renoncer volontairement aux avantages que ce système lui procure à lui et à ses élites. Trump à mon humble avis est juste la nouvelle mouture du reaganisme des années 80. Et s'il essaie vraiment de mettre fin à l'empire en réindustrialisant, il serait bien inspiré de ne pas trop brûler les étapes à moins de provoquer ce qu'il cherchait justement à éviter.

 

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4 novembre 2024 1 04 /11 /novembre /2024 15:53

 

L'excitation des commentateurs politiques de tous les camps semble aujourd'hui à son paroxysme pour la fameuse élection américaine. Jamais la France n'avait semblé si soumise à la domination américaine puisque même les souverainistes français semblent devenir béats devant Trump et son soutien Elon Musk. Il ne s'agit pas de dire ici qu'il est stupide de croire que peut-être un camp serait plus favorable à la cause française que l'autre. Mais de souligner quelque chose de tout à fait stupéfiant dans ces soumissions mentales à l'ordre américain. Nous nous intéressons tant à l'élection d'un pays situé à 5000 km alors que nous savons à peine lorsqu'il y a une élection chez nos voisins directs de l'Espagne à la Belgique. Emmanuel Todd avait récemment ironisé sur cet aspect de notre soumission à l’Amérique rien qu'à la place que nous donnons dans l'espace informatif de nos concitoyens.

 

Alors vous allez me dire oui, mais l'Amérique est importante, regardez la guerre en Ukraine, elle dépend du choix du futur président. En fait sans vouloir jouer les Normands on pourrait répondre par peut-être bien que oui, ou peut-être bien que non. Certes, les USA ont joué un grand rôle dans le déclenchement du conflit entre Moscou et l'Ukraine, personne ne dira le contraire à part peut-être les atlantistes les plus bornés. Peut-être que Trump pourra mettre fin au conflit en cessant le soutient à l'Ukraine, mais en réalité c'est avant tout le choix de la France et des Européens en général de suivre les USA qui nous ont mis dans une situation de conflit avec Moscou. Il ne faut pas surestimer le poids des USA sur nos décisions ou celles de nos dirigeants. Alors certes il y a l'hypothèse toddienne d'une corruption fondamentale de nos dirigeants par l'intermédiaire de la NSA. Et il est certain que les USA ont sûrement joué à fond la carte de la corruption des élites. C'est un peu dans leur nature puisque comme je l'ai déjà écrit les USA ont la corruption comme structuration de la vie politique au sein même de leurs institutions depuis le début. Ils font donc en Europe ce qu'ils font chez eux et partout ailleurs, ils corrompent, ils menacent, ils font du chantage, etc. La patrie des barons voleurs n'a jamais changé sur ce point.

 

Si quelque chose a changé, c'est bien la vielle Europe, et la France en particulier, qui a fait du discours patriotique une oraison funèbre dont chacun serait bien inspiré de ne plus s'exclamer. Les Français d'après guerre et surtout leurs descendants directs ont fait petit à petit de l’Amérique une nation de substitution puisque la nôtre était vouée aux gémonies par les discours postnationaux de gauche comme de droite. Car si le gaullisme fut une période d'illusion de renaissance du patriotisme, c'est bien de Gaulle qui finalement fera le lit de l'idéologie américaine. Non de son propre fait bien évidemment, mais par l'entremise de son entourage proche. Combien de prétendus gaullistes n'avaient en réalité d'yeux que pour l'Amérique ? Combien d'entre eux ont-ils trahi pour nous jeter dans les bras de l’Amérique alors même que le corps du général était encore tiède ? Il ne faut pas s'y tromper, de Gaulle était bien le seul à droite à faire réellement du gaullisme et à s'inquiéter de l'indépendance nationale. La suite des politiques menées dès son départ le montra aisément. Pourquoi cet amour de l’Amérique pour la droite ? C'est bien simple à comprendre, c'est l'amour de l'argent. C'est l'idée d'avoir enfin un enrichissement sans fin pour quelques-uns dans un océan de misère, et cela sans avoir à s'inquiéter de révoltes populaires d'un peuple aimant l'égalité, ou du mauvais œil d'une église catholique qui encore exerçait une modeste influence. L’Amérique c'était le pays de la liberté pour quelques-uns bien loti, et la tyrannie pour tous les autres. De quoi faire saliver les riches de tous les pays du monde, les Européens ne faisant pas exception.

 

La maladie de l'américanisme

 

De fait si les USA sont une puissance importante dans la déstabilisation du monde plutôt que l'inverse, on peut évidemment s'intéresser à cette élection sous cet angle. Il n'en reste pas moins vrai que les problèmes de l'Europe et de la France sont avant tous nos problèmes et que les changements aux USA n'auront en réalité guère d'influence sur le continent. D'ailleurs, la présence de Trump à la présidence USA n'avait pas changé grand-chose en réalité des comportements des Européens. Ils étaient juste devenus des atlantistes grincheux si je puis dire, se plaignant d'avoir un suzerain mal poli et mal coiffé. Et ils le redeviendront. Mais au fond le train-train impérial continuera parce que nos élites, ou plutôt nos dominants ne veulent surtout pas d'une indépendance nationale ni même européenne. Car l'indépendance signifierait pour eux le retour à la politique et aux choix propres. Or dans un pays comme la France, faire des choix qui nous soient propres revient à devoir négocier avec un peuple rétif à la dérégulation et aux inégalités extrêmes. L'horreur pour un capitaliste bien ordonné.

 

Et j'insiste sur ce fait, notre soumission n'est pas le fruit du poids des USA. Cela n'a jamais été le cas même au pire de leur domination économique dans l'immédiat après guerre. La soumission de notre peuple et de notre continent est volontaire. Elle est le fruit du choix d'une caste qui ne supporte pas la démocratie et qui ne veut pas de la politique. Car faire de la politique c'est faire des choix, c'est négocier avec les différentes couches sociales. Faire des compromis plus ou moins équilibrés pour aller quelque part et avoir des objectifs collectifs. La dissolution volontaire des nations européennes, si elle a eu comme prétexte moral la Seconde Guerre mondiale, avait pour motivation réelle la lutte des classes. Il fallait dissoudre les nations d’Europe pour libérer le capital de ses contraintes nationales qui l'obligeaient à une certaine limite et à une certaine solidarité. L'américanisme ou l'atlantisme, appelez ça comme vous voulez, c'est simplement la soumission aux puissances d'argent et rien d'autre.

 

On comprend ici mieux la solitude de de Gaulle ou les étranges difficultés de la droite françaises à défendre réellement l'intérêt national. Son atlantisme est en un sens consubstantiel à l'intérêt des classes sociales qu'elle représente. C'est d'ailleurs la même chose au RN. Son atlantisme soudain ne faisant que refléter au final le fond idéologique réel de ce parti même si dans ce cas il va y avoir une contradiction forte avec son électorat populaire. Alors nous pourrions ici ironiser à la manière de Régis Debray en prônant l'adhésion aux USA. En devenant galloricain comme il le dit nous pourrions au moins voter pour nos vrais maîtres et avoir une petite influence sur nos vrais dirigeants. Mais ce serait, je pense, induire en erreur nos concitoyens les plongeant dans la croyance que nous sommes réellement des vassaux au sens contraint du terme. J'insiste à nouveau, nous pourrions très bien faire autrement, et nous l'avons déjà fait à une époque où la France avait en fait plus de contraintes qu'aujourd'hui vis-à-vis des USA. Aujourd'hui les USA ne pèsent plus grand-chose sur le plan de l'économie réel. Leur poids c'est la finance, le cinéma et pas grand-chose d'autre. Quand vous achetez quelque chose, cela vient très rarement des USA et bien plus souvent de la Chine. Pourtant, la Chine n'a guère d'importance dans nos politiques au quotidien. Preuve que ce n'est pas une affaire de poids économique réel.

 

Notre emprisonnement est avant tout mental et cette prison est maintenue par nos geôliers que sont nos prétendus élites et qui ne veulent absolument pas que les Français soient à nouveau souverains pour leur plus grand bénéfice. L'atlantisme c'est exactement comme l'UE et l'euro, des prisons pour soumettre notre nation aux intérêts des plus aisés et des multinationales. Le monde d'aujourd'hui est suffisamment décentralisé, les savoir-faire industriels partager de par le monde pour que nous n'ayons en réalité pas grand-chose à craindre d'une colère américaine face à une France indépendante. Cette soumission est psychologique, et c'est seulement en rompant avec cet esprit de défaite et de soumission que nous pourrons à nouveau résoudre nos propres problèmes, pas en attendant les ordres d'un empereur orgueilleux venu d'un pays de barbares.

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21 octobre 2024 1 21 /10 /octobre /2024 15:34

 

 

Étrange élection sur l'entrée dans l'UE, hier en Moldavie, qui a connu une étonnante évolution puisque tout le long du dépouillement le non à semblait nettement l'emporter pour que finalement le « oui » l'emporte de façon très serrée à la dernière minute. On ne va pas conjecturer ici pour savoir s'il y a eu triche ou pas. Il est vrai que la confiance dans les systèmes électoraux semble s'étioler surtout dans les pays sous influence euroaméricaine . Il faut dire qu'entre les peuples qu'on fait revoter jusqu'à ce qu'ils acceptent, ceux comme la France où on ne leur demande même plus leur avis, la démocratie en occident ressemble de plus en plus à une vaste blague. Et n'oublions pas les changements de partis qui ne changent strictement rien une fois au pouvoir. Bref, il y a de nombreuses raisons qui pourraient nous faire douter de la fiabilité du vote en Moldavie, mais en définitive est-ce vraiment important pour nous? Pour la Moldavie certainement, mais pour nous c'est discutable.

 

De toute façon, nous allons considérer ce vote comme valide et discuter du point important. Voilà encore un pays de plus dans la longue liste de la machinerie bruxelloise. La première question que l'on pourrait se poser, c'est que trouvent ces pays à vouloir participer à des projets qui ont pourtant manifestement échoué sur tout ? Une question qu'on peut effectivement légitimement se poser. Car il n'est de secret pour personne maintenant que l'UE est l'homme malade de l'économie mondiale depuis plus de 20 ans. Faiblesse des investissements productifs, absence d'ambition technologique, obsession pour les excédents commerciaux au point de conduire le continent à la dépression économique de façon systématique. L'UE ne brille guère par ses réussites et nous en avons longuement parlé. Pourtant il y a encore des pays qui veulent adhérer à ce truc, pourquoi ? En réalité, le nombre de pays voulant adhérer à l'UE est aujourd'hui plus restreint qu'autrefois. On peut dire que la Turquie par exemple a abandonné le projet même si ce n'est pas officiel. La première motivation est à recherche plutôt non pas dans la question de la construction européenne, elle même, mais dans le rapport avec l'OTAN. En effet si tous les membres de l'OTAN ne sont pas membre de l'UE l'inverse est par contre vrai. Vous ne pouvez pas être dans l'UE sans être membre de l'OTAN. Quelque part il y a clairement chez les pays qui ont cherché à rentrer dans l'UE une stratégie visant à s'abriter sous le parapluie de plus en plus fantasmagorique de l'OTAN. C'est probablement la première motivation.

 

D'ailleurs, les pays de l'Est qui faisaient jadis partie du pacte de Varsovie étaient très ouvertement surtout intéressés par l'entrée dans l'OTAN pour se protéger de la Russie. Même si cette stratégie n'était à mon sens pas forcément la mieux avisée à long terme, du moins à mon humble avis. L'UE était en quelque sorte la cerise sur le gâteau, le truc en plus du passage sous l'autorité de l'Empire américain. Rentrez dans l'OTAN, en plus vous pourrez être dans l'UE et ces idiots de français, d'Allemands et d'Italiens paieront pour délocaliser leurs usines chez vous. Cette stratégie a très bien marché avec l'Europe de l'Est et la Pologne en particulier. Il n'est dès lors pas très surprenant que les Moldaves tentent leur chance, les Géorgiens ayant pour l'instant abandonné l'idée après la mise en place de lois contre les ingérences étrangères. Lois condamnées par l'UE alors même que les USA et l'UE ont multiplié ce type de règlement contre les ingérences russes ou chinoises. Mais on est habitué aux deux poids, deux mesures, avec les puissances occidentales maintenant. Il y a donc derrière le choix de l'UE une logique qui n'est pas avant tout économique, mais géostratégique. L'économie arrivant derrière ces considérations. Du reste même si l'UE va extrêmement mal économiquement elle reste pourvoyeuse d'aide et de délocalisation potentielle pour des pays qui sont extrêmement pauvres à l'image de la pauvre Moldavie où le SMIC doit être aux environs de 250 euros.

 

Une fuite en avant suicidaire

 

De l'autre côté quel est l’intérêt de l'UE à cet élargissement permanent ? C'est une vraie question que l'on peut se poser même depuis les débuts de la construction européenne. Car en réalité il y a eu dès le départ un énorme problème conceptuel dans la nature même de cette construction. D'un côté il y avait les gens qui étaient favorables à un état européen. Ceux qui voulaient faire les États-Unis d'Europe en quelque sorte. C'était la voie de Robert Schuman d'une certaine façon. Mais il y avait aussi ceux pour qui l'Europe était avant tout une machine pour assurer la domination des USA et du capital face au communisme. Là on serait plutôt du côté de Jean Monnet. Il y avait bien évidemment un troisième courant, le grand perdant de l'histoire, celui de la souveraineté des nations européennes voulant que l'Europe ne soit qu'une organisation interétatique où chaque nation aurait gardé l'essentielle de sa souveraineté. C'était en quelque sorte le projet gaulliste, mais qui a vite été évacué par les agents américains, car trop dangereux pour leurs intérêts.

 

On voit bien que si le projet d'une Europe fédérale avait un sens dans la CEE des six premiers membres, l'élargissement de la construction européenne ne pouvait conduire le projet qu'à l'échec. On peut dire sans trop se tromper que le premier élargissement qui fit entrer la Grande-Bretagne dans la CEE fut le début de la fin pour les fédéralistes européens, même si certains font encore semblant de croire, y compris dans le camp souverainiste, qu'une Europe fédérale va advenir. La réalité c'est que plus l'Europe est élargie, moins elle est un espace économique, et politique cohérent, et moins elle fonctionne correctement. L'élargissement à l'Europe de l'Est et l'euro qui furent presque simultanés résument à eux seuls les incohérences du projet européen. D'un côté on s'élargit pour accueillir plus de membres sous la pression en réalité des USA ce qui réduit l'UE à un simple marché, et de l'autre on crée une monnaie unique qui normalement est la touche finale à la construction d'un État-nation. Il ne faut pas s'étonner ensuite des désastres macro-économiques que produisent ce genre d’incohérences. Créez un marché unique avec des niveaux de vie extrêmement disparates, sans redistribution à l'échelle du marché, le tout avec une monnaie unique et des normes sociales qui changent suivant les pays ne pouvait que produire un grand marasme économique.

 

L'élargissement de l'UE à l'Est a été finalement l'enterrement définitif de l'Europe de Schuman, celle qui voulait être les États-Unis d'Europe. Les deux voies alternatives, celles de l'Europe des peuples et celles de l’Europe fédérale ne restent donc plus que le projet américain, celui d'une Europe grand marché soumis à l'ingérence américaine. En un sens, l'adhésion de la Moldavie à ce grand marché n'est donc guère étonnante puisque les Moldaves pensent visiblement qu'il vaut mieux être sous le parapluie américain. Ils n'ont pas adhéré à l'Europe, mais à l'Amérique. Le vrai problème c'est plutôt les européistes qui continuent à croire que l'UE est autre chose qu'une structure de vassalisation du continent européen aux intérêts US.

 

L'étrange passion moderne pour les gros blocs

 

L'autre grande question que l'on pourrait se poser avec cet élargissement ne concerne pas seulement la question de l'élargissement, mais plus généralement le besoin de structure supra-étatique. Les pays semblent se passionner pour les organisations internationales et pas seulement les Occidentaux. Le sud global comme certains l'appellent ne se lance-t-il pas finalement dans les mêmes délires avec l'organisation des BRICS ? Pourtant, est-ce que ces organisations sont réellement utiles ? L'OMC a-t-elle jamais servi à quelque chose ? On pourrait poser la même question sur l'ONU, l'UE, le Mercosur et compagnie. Si l'on regarde de façon objective le monde, on voit bien que ce sont toujours les rapports de force qui structure le monde, même si les puissants jouent parfois les bons samaritains en apparence. Quand à la prospérité, bon nombre de petits pays font mieux de très grosses organisations. La Norvège, l'Islande ou la Suisse ne sont-elles pas globalement en meilleure santé économique que les membres de l'UE et de l'euro ? Pourtant il s'agit de pays biens plus petits que la France, ou l'Allemagne, et ne parlons pas de Singapour ou de la Corée du Sud.

 

On voit bien que du point de vue économique, l'argument du plus on est gros, mieux c'est, ne tient pas la route deux minutes. Alors, comment expliquer ces choix étranges d'autodissolution? Dans le cas français, on pourrait à juste titre penser que cette obsession pour la grande taille vient du déclin historique et démographique de ce pays qui fut effectivement une grande puissance pendant longtemps du fait de son poids démographique, mais que le déclin de cette dernière a entraîné le déclassement. Les élites françaises chercheraient en quelque sorte à reconstruire artificiellement cette grandeur passée par des projets internationaux plus ou moins farfelus, et même dangereux pour le pays comme l'UE et l'euro. Pour les pays européens, l'unification dans un grand ensemble ne vise pas la prospérité, mais la volonté de continuer à jouer les gros bras en compensant leur effondrement démographique par l'élargissement de la construction européenne. Malheureusement, le projet a eu l'effet inverse à l'effet recherché puisqu'il a plongé l’Europe dans un déclin accéléré. Ce serait le premier type de motivation.

 

Mais pour les grandes puissances comme les USA, l'Inde ou la Chine, l'argument ne tient pas. Il s'agirait plutôt dans leur cas d’asseoir leur domination sans faire trop apparaître cette domination. Après tout pour les USA officiellement l'OTAN est une alliance, et non une vassalisation aux USA. En pratique c'est évidemment une soumission aux intérêts US automatique. Mais on pourrait se demander si finalement les BRICS ne sont pas une autre sorte de mécanisme de soumission à terme. Alors les protagonistes s'en défendront très certainement, mais le simple poids de la Chine fera à terme tourner le système autour de ce pays, et je suis certain que les Chinois en ont parfaitement conscience. Donc à mon sens, la seconde pulsion qui favorise ces instruments internationaux, qui peuvent parfois apparaître comme de bonnes idées, émane de cette volonté des grandes puissances d'user de leur pouvoir sans en faire un étalage trop voyant. Ce fut le cas du FMI et de l'OMC pour les USA, je ne vois pas pourquoi il n'en irait pas de même à terme avec les BRICS. Ces instruments, il faut le rappeler, étaient aussi pensés comme internationaux au départ.

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7 octobre 2024 1 07 /10 /octobre /2024 15:41

 

L'économiste David Cayla a soulevé récemment une question, qui pourrait se généraliser à tous les partis politiques en réalité, sur l'absence de projet sur la création de richesse. Il fustige dans ses propos les partis de gauche, en particulier LFI, qui semblent se désintéresser totalement du problème de la production industrielle pour se focaliser uniquement sur les questions de redistribution. On ne peut ici que soutenir une telle analyse même s'il y a des exceptions comme l'ancien ministre Arnaud Montebourg, qui est l'un des très rares politiciens issus du sérail à avoir conscience de l'importance de l'industrie, et plus généralement de la production pour le pays et son avenir. De fait, la remarque de monsieur Cayla tape juste même si en réalité cela concerne tous les grands partis sans exception. On voit d'ailleurs aujourd'hui à quel point notre nouveau gouvernement ne pense la crise qu'en terme purement comptable. On va baisser tel budget, augmenter tels impôts pour afficher un bilan moins négatif. Une politique qui n'a jamais réussi et qui est en grande partie responsable en réalité de la situation française actuelle.

 

Ne nous y trompons pas, les politiques comptables, à courte vue, ne mènent à rien d'autre qu'à d'autres problèmes découlant de ces mêmes politiques. Les économies à court terme sur les dépenses d'investissement se payent par exemple au centuple des années plus tard. Or la France fait des investissements essentiels, comme l'éducation ou la recherche, les premiers postes d'économie. Cela ne veut pas dire bien évidemment qu'il ne faille pas revoir les dépenses publiques, vous connaissez mon faible amour de l'Adem qui mange maintenant 4 milliards d'euros par an pour rien, ou pour les éoliennes qui sont subventionnées de façon absurde. Ce qui revient à favoriser nos déficits commerciaux puisque ces éoliennes ne sont même pas produites dans notre pays. Sans parler du fait ces énergies intermittentes sont largement inférieures au nucléaire classique en termes d'efficacité de production, et j'ose le dire beaucoup moins écolo. Donc bien évidemment revoir les dépenses de l'état n'est pas en soi critiquable lorsque l'on pense qu'il y a beaucoup d'erreurs d’aiguillage dans les priorités de dépense.

 

Cependant, ce n'est pas cette logique comptable qui nous sortira des problèmes présents. La France souffre d'une trop faible croissance depuis plus de quarante ans. Et cette situation s'est fortement accélérée avec l'euro. La cause est en réalité assez simple, nous avons abandonné l'industrie et la production pour nous spécialiser dans les services. Ce fut un choix délibéré de nos élites même si elles ne le crient plus sur les toits aujourd’hui. Ce choix découle en réalité d'une croyance un peu idiote concernant l'évolution de l'emploi et des proportions de chaque secteur dans le PIB. En effet, si l'industrie a petit à petit remplacé l'agriculture dans l'emploi et dans la part du PIB. Les services ont fait de même avec l'industrie durant les trente glorieuses. La part de l'industrie et de l'agriculture n'a pas cessé de décroître avec le développement du pays. En gros même si l'industrie et l’agriculture continuaient de progresser, les services ont pris du poids plus rapidement. C'est probablement cette réalité qui a fait croire à nos élites que bientôt nous n'aurions plus vraiment besoin d'industrie à part une industrie de pointe comme l'aviation pour équilibrer les comptes extérieurs.

 

L'ouverture aux commerces extérieurs par le libre-échange à partir des années 70 sera la grande conséquence de cette croyance qui durera jusqu'à nos jours. On se souvient tous du fantasme de Serge Tchuruk sur l'entreprise sans usine. L'illusion tient à l'importance trop grande que l'on a donnée aux proportions des services dans l'emploi ou le PIB. Si effectivement ce secteur est devenu le premier créateur de « richesse » et d'emploi, c'est oublier bien vite que ce sont l'industrie et l'agriculture qui produisent les biens échangés par les services qui permettent en pratique à tout le reste de la population de subvenir à ses besoins. En gros, nos pays ont créé beaucoup d'emplois de services pour occuper la population pour compenser les énormes gains de productivité produits par le progrès organisationnel et technique. Mais l'inflation colossale des services ne signifie pas pour autant qu'ils étaient le cœur réel de la création de richesse, c'était une illusion comptable en quelque sorte. Si l'on comparait l'économie avec un corps humain, on pourrait ainsi décrire l'agriculture et l'industrie comme des organes vitaux, ce qui n'est pas le cas des services.

 

Ce faisant en négligeant l'industrie, en abandonnant la régulation commerciale et même la possibilité de dévaluer avec le franc fort puis l'euro, nous avons poussé nos industriels à quitter le pays. Cette désindustrialisation qui s’accompagne d'ailleurs d'une destruction massive de notre agriculture à cause des traités de libre-échange avec des pays très avantagés se traduit par un déclin de la croissance économique. Parce que ce sont justement ces secteurs d'activité qui sont ceux qui produisent les plus gros gains de productivité et donc la plus grosse croissance économique à terme. Le second effet est la destruction de l'autonomie française en matière de production qui la rend totalement dépendante de puissances étrangères. On l'a vu magistralement pendant la crise Covid où la France se battait avec les autres pays d'Europe pour obtenir les productions chinoises de masque. On le voit encore régulièrement avec notre incapacité à fournir suffisamment de médicaments importés pour nos malades. La désindustrialisation c'est simplement l'appauvrissement du pays réel et sa paupérisation progressive. C'est de là que provient les difficultés comptables que le pays accumule depuis des décennies et qui se traduit aujourd'hui par une incapacité à équilibrer les budgets. Mais nous avons déjà longuement parlé de ça dans d'autres textes.

 

Les effets de l'abandon de la production par les politiques

 

Comme nous venons de le voir, la question de l'abandon de la production et de l'industrie vient de loin. Cela fait deux générations maintenant que nos politiques se bornent à vouloir faire de la France un simple pays touristique abandonnant aux autres le soin de produire ce que nous consommons. Nous mettant ainsi dans une position de plus en plus inconfortable de pays soumis, et de moins en moins indépendant. Plus grave peut-être, l’abandon de la production, de la création et de l'invention met aussi notre culture et notre identité en danger. En effet, le fait de produire, de créer, de fabriquer, d'inventer, c'est aussi participer à la vivacité d'une culture. Et en abandonnant tout cela, nous avons littéralement transformé notre culture en un musée. Nous ne participons plus à la création du monde et du futur, nous attendons simplement que les autres l'inventent pour nous. C'est une rupture absolue avec l'histoire française. L'américanisation que nous connaissons et l'appel de l'étranger qui sévit chez les jeunes, qui sont plus intéressés par le Japon, les USA ou la Corée du Sud que par la France, viennent aussi en partie de cette évolution. En devenant un simple spectateur de l'évolution du monde, un pays de simple consommateur, nous avons renoncé à nos spécificités et nous finissons par ne plus nous aimer en tant que peuple et nation.

 

Le désamour de la France par les Français est donc aussi nourri par cet abandon de la production et de la création. Pour gagner quelques sous sur les salaires, et pour avoir des prix légèrement plus bas, et encore cela se discute, sur les biens que nous achetons, nous avons abandonné toutes nos ambitions collectives. Le prix de la globalisation n'est pas seulement un accroissement des inégalités comme le claironne la gauche, c'est carrément l'abandon de ce que nous sommes en tant que peuple. C'est un véritable pacte faustien nous condamnant à une disparition plus ou moins rapide des livres d'histoire. Triste fin pour une nation de plus de mille ans. Ainsi nous voyons que cette question de la production n'est pas simplement une question économique, c'est aussi une question fondamentale sur ce qu'est une société. Et le renoncement de la part des politiques à la question de la production tient au désintérêt qu'ils ont pour l'avenir réel du pays. Un désintérêt qui en réalité est largement partagé par la population quoi qu'on en dise. Le triomphe de l'homo œconomicus en France est malheureusement une triste réalité.

 

Alors oui comme le dit monsieur Cayla la gauche ne parle pas de production. Mais la droite non plus. Et en réalité la plupart des Français s'en foutent tant qu'ils ont leur petit confort de tous les jours et que la marmite bout encore. Je pense au fond que la majeure partie des Français se fiche de l'avenir du pays et les hommes politiques ne sont finalement que le reflet de cette évolution de la population. Alors effectivement on va crier lorsque l'état fera telle ou telle économie sur tel ou tel secteur. On criera pour défendre son petit lopin de prospérité, mais finalement on n’entrera pas dans le cœur du sujet, et l'on ne remettra pas en question le libre-échange ou l'euro qui sont les vraies causes de la destruction de notre économie. C'est que cette remise en cause pourrait faire augmenter les prix et que le consommateur préfère son rôle de consommateur à celui de citoyen qui sent un peu la naphtaline au pays du jouir sans entraves que nous sommes devenus petit à petit. Comme je l'ai déjà dit, mon pessimisme me pousse à penser que le choc et le réveil ne viendront que de l'extérieur. Mais j'espère bien évidemment me tromper.

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3 octobre 2024 4 03 /10 /octobre /2024 16:00

 

L'histoire continue de donner cette impression d'accélération. Peut-être n'est-ce qu'une impression. Et il est vrai qu'en vieillissant on a cette impression que le temps passe plus vite probablement parce que l'on a derrière nous une certaine expérience. Vieillissant comme tous le monde et n'étant plus tout jeune, mes perspectives sur la question sont probablement un peu biaisées. Quoiqu'il en soit, force est de constater que le désordre de l'ordre américain commence sérieusement à s'amplifier. Nous pouvions entendre même récemment Emmanuel Todd s’inquiéter d'une guerre, voir d'une guerre nucléaire avec la Russie sur Radio Sud. On connaît le caractère prophétique des prévisions toddiennes, espérons que celle-ci fasse partie de ses erreurs. Les USA qui ont clairement utilisé l'Ukraine comme machine de guerre face à la Russie se retrouvent aujourd'hui avec un échec cuisant sur le Front de l'Est. Un échec à relativiser tout de même puisque l'Allemagne et la Russie ont bien été séparées comme le souhaitait Washington. Il reste cependant tout à fait possible que l'Allemagne arrive finalement à se réconcilier avec les Russes après le conflit.

 

Mais l'objectif qui était de mettre la Russie à genou et de faire à minima un changement de régime en Russie au profit des USA n'a pas réussi. Encore moins le projet loufoque d'un démembrement de ce pays. Car oui il y avait bien un projet américain de démembrement de la Russie comme l’ex-Yougoslavie qui a été démembrée dans les années 90 avec le succès que vous connaissez pour les autochtones. Alors dans cette affaire les Américains s'en sortent pour l'instant assez bien, mais comme d'habitude avec leurs stratégies à court terme les effets secondaires se font vite sentir. Car si les USA, à court terme, semblent avoir considérablement affermi leur position de domination sur l’Europe, cette politique a également considérablement affaibli l'économie du continent. Avec comme effet secondaire la poussée, un peu partout, des partis présentés comme extrémistes à l'image de l'AFD ou du BSW en Allemagne, du RN en France, ou plus récemment encore du FPÖ en Autriche. Alors certes bien souvent ces partis progressent à cause des situations migratoires, mais les questions économiques et géopolitiques participent aussi à leur montée. La guerre en Ukraine a d'ailleurs joué un rôle important dans la montée des partis contestataires en Allemagne. C'est malheureusement moins vrai en France puisque le RN qui veut se « normaliser » est devenue non seulement européiste, mais aussi extrêmement atlantiste, retrouvant en réalité ses orientations passé des années 80 sur ces questions. Quoiqu'il en soit la politique de conflit avec la Russie alimentée par Washington et ses relais pourrait in fine pousser une contre-réaction en Europe et un rejet de l'atlantisme devenu trop coûteux pour le continent. Mais il faut voir plus loin que les prochaines élections présidentielles pour penser à ça.

 

Dans le même temps, la nation porte-avions, comme l'avait dénommé Todd autrefois, alias Israël, semble s'enfermer dans une fuite en avant de violence contre tous ses voisins. Je trouve particulièrement déséquilibrés aujourd'hui les médias et plus généralement la communication officielle française sur le sujet. Alors que la France avait toujours eu une position d'équilibre sur le sujet, tout se passe comme si nous avions oublié qu'Israël n'est pas seulement une victime, mais aussi un acteur agressif. Là encore, je ne peux qu'approuver Todd sur l'étrange philosémitisme soudain qui s'est développé chez certains, particulièrement à droite. Rappelons ici que le bouc émissaire cher à notre grand penseur René Girard, que nous ferions mieux de relire en ce moment de violence mimétique, a deux visages. Le visage de la haine bien évidemment, et qui peut effectivement s'exprimer et, en aucun cas, il ne s'agit de dire ici qu'il n'y a pas d'antisémitisme en France à l'heure actuelle. Mais aussi celui de l'adulation irrationnelle. Le fait de décrire le juif comme un surhomme ou presque est tout autant suspicieux que celui de la haine irrationnelle. Le bouc émissaire est ainsi un Janus à deux visages, mais qui sont soutenu par une même essentialisation de la population juive.

 

Pour ma part, je pense qu'il faut cesser de parler de religion et simplement s'en tenir à la rationalité géopolitique. Israël est une nation comme une autre et de ce fait-là découle une condamnation lorsqu’elle se comporte violemment au-delà de toute forme de mesure. Imagine-t-on sérieusement les réactions si un pays lambda avait eu une réaction aussi disproportionnée pour des actes de terrorisme ? Qu'aurait-on dit si la France avait bombardé l’Algérie après l'attaque du Bataclan ? J'avoue que j'ai du mal à comprendre cette irrationalité chez certains à moins d'imaginer que la haine des immigrés musulmans ne les pousse aussi dans le camp de la haine de la population palestinienne. C'est ce que je crains être la vraie motivation derrière les discours pro-israéliens en France. Il est assez pathétique de confondre toutes ces questions, mais c'est aussi extrêmement inquiétant sur la santé mentale globale de nos compatriotes. Le droitard qui soutient aveuglément Israël, quel que soit son comportement est aussi dangereux que l’immigré musulman qui s'identifie aux Palestiniens et veut la mort des juifs en France.

 

Pour revenir à la question globale, on voit donc que la stabilité du monde est de plus en plus compromise. Il faut d'ailleurs rappeler que si des guerres bien réelles ont lieu aujourd'hui sur les marches de l'Empire US en Europe et au Moyen-Orient, d'autres sont aussi en préparation en Asie.Les tensions explosent entre la puissance montante qu'est la Chine et la puissance déclinante que sont les USA et qu'ils n'ont plus que l'armée pour maintenir leur autorité sur les vassaux. On est en plein dans le fameux piège de Thucydide. Mais les USA, s'ils utilisent régulièrement des agents locaux et des formes de propagande pour déclencher des conflits et des phénomènes qui semblent à court terme les favoriser, produisent également une dégradation de leur position à long terme. Fondamentalement, nous l'avons déjà expliqué longuement, les USA ne sont plus la première puissance de la planète. Et c'est bien là tout le problème, ils n'ont pas les moyens de maintenir leur empire. Et toute action visant à la renforcer ou à seulement la maintenir ne fait généralement qu’accélérer le déclin. Malheureusement c'est que depuis quelques années, la France et l'Europe qui devraient se tenir loin des affaires des USA, sont entraînées par leurs « élites » dans cette course folle au maintien d'une hégémonie qui n'existe déjà plus. La seule évolution des principaux partenaires commerciaux dans le monde montre ce déclin.

 

Le principal partenaire commercial de chaque pays. Cela se passe de commentaire.

 

L'indépendance française

 

Plus que jamais la question de la souveraineté nationale devient centrale, même si la question est rarement abordée ainsi par nos élites, qui préfèrent parler de souveraineté européenne, ce qui n'a aucun sens. Emmanuel Todd a souligné qu'il fallait soumettre un débat au parlement sur la question ukrainienne alors qu'on apprend que l'Europe continue à déverser des milliards en Ukraine et que certains de nos dirigeants veulent livrer des missiles supplémentaires pour bombarder la Russie. Ce que les Russes à juste titre considèrent comme de la co-belligérance faisant de la France une cible potentielle pour l'armée russe avec tout ce que cela signifie comme risque. Il est invraisemblable que nos dirigeants prennent de tels risques pour une région qui n'a aucune importance stratégique pour la France, alors même que l'on nous parle de notre pays comme d'un pays en faillite. Il y a là quelque chose de fondamentalement irrationnel sans parler de l'influence très nette des agents atlantistes infiltrés un peu partout dans nos ministères et nos administrations. Arrêter la gabegie en Ukraine serait déjà un bon moyen de réduire les dépenses excessives du budget.

 

Mais au-delà de cette question nous voyons bien ici que notre inféodation aux intérêts américains à travers l'OTAN, mais aussi l'UE, revient ouvertement à agir contre les intérêts français. Que ce soit sur la question ukrainienne, celle du Moyen-Orient, ou en Afrique, suivre les USA comme des toutous a réduit considérablement nos capacités diplomatiques, et a durablement abîmé notre économie. Le fait que rien n'a été dit sur la question de l'atlantisme aveugle du macronisme qui avait été précédé d'un atlantisme aveugle sous Hollande et Sarkozy de la part du nouveau premier ministre signifie la continuation de l'atlantisme. Autant dire que la ruine du pays va continuer. C'est pour cela qu'aujourd'hui à mon humble avis nous ne devons plus parler de souveraineté, le mot est trop faible. Il faut parler d'indépendance nationale. Nous devons véritablement lutter pour un retour à l'indépendance nationale vis-à-vis des structures de domination mises en place par les USA avec la complicité de nos « élites » très souvent corrompues. Il en va même peut-être de la survie même de la population française dans les années qui viennent.

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19 septembre 2024 4 19 /09 /septembre /2024 16:01

 

Nous venons d'apprendre que notre cher nouveau premier ministre semble très mal s'entendre avec le président en exercice, ce dernier ne voulant guère acquiescer aux propositions de formation du nouveau gouvernement. Il faut dire que notre Heliogabale national, alias Macron, ne semble pas s'être aperçu qu'en perdant deux élections, dont une qu'il avait organisée lui-même, il avait de facto perdu une grande part de sa légitimité. Pourtant il se comporte comme s'il venait de gagner une élection présidentielle, et qu'il avait la majorité absolue à l'Assemblée nationale, en voulant imposer un gouvernement au Premier ministre, alors que rappelons-le, c'est le Premier ministre qui forme le gouvernement. Le président n'a théoriquement que le pouvoir de nommer le Premier ministre. Si l'on peut imaginer que les postes ministériels en pratique sont souvent négociés entre le président et le Premier ministre ainsi que le reste de l'appareil du parti politique qu'ils représentent lorsqu'une élection vient d'être gagnée, et donc lorsque la légitimité est à son maximum, il en va différemment lorsqu'on est dans une situation de cohabitation problématique.

 

Pourtant notre président fait comme si de rien n'était depuis plusieurs mois. Selon la pratique institutionnelle normale, il aurait dû démissionner en réalité au lendemain des législatives. Cela ne veut pas dire que les problèmes français auraient été réglés, y compris politique, car la France est largement divisée, et la population n'a toujours pas vraiment compris dans sa masse, qu'elle ne peut garder son état social en restant dans l'UE et dans l'euro. Les Français ont fait le choix à partir de Maastricht d’abandonner leur souveraineté, mais ils n'ont pas compris, je pense, dans l'ensemble ce que cela signifiait pour leur vie de tous les jours. Il faut dire que les médias et les hommes politiques d'alors ont tout fait pour camoufler la chose. En un sens, les Français pensaient probablement que la France pourrait continuer indéfiniment à limiter les inégalités internes tout en démolissant son industrie et ses capacités productives en étant dans l'UE et dans l'euro. Aujourd'hui, on assiste en quelque sorte à un retour sur terre, l'augmentation de la dette n'étant plus vraiment possible. À cette situation politique assez ubuesque s'ajoute donc la situation globale du pays dont on dit qu'elle est catastrophique, même si je pense que l'on exagère assez dramatiquement la question de la dette alors que c'est surtout pour l'industrie, nos déficits commerciaux et notre natalité qu'on devrait essentiellement s'inquiéter.

 

 

La crise gouvernementale actuelle découle donc de l'arrivée en bout de course de la stratégie de camouflage des effets de l'euro par l'endettement. On a maintenu des activités économiques en compensant les destructions d'emplois productifs dans l'industrie par l’avalanche d'endettement qui permit le maintien artificiel de la demande. La bulle immobilière qui explosa en particulier sous Sakorzy était en fait liée à cette réalité, nos déficits commerciaux croissant au même rythme que notre industrie s'installait en Europe de l'Est et ailleurs. De la même manière, l'ouverture du marché des capitaux a permis aux grandes fortunes de s'installer partout où la fiscalité était nettement plus basse. Les entreprises américaines déclarent par exemple plus d'activité en Irlande que dans l'ensemble de l'UE ce qui est évidemment absurde, le pays n'ayant que 5 millions d'habitants. Il s'agit simplement d'une fuite fiscale qui engendre d'énormes coûts dans les autres pays et des manques à gagner pour les états qui sont compensés par la fiscalité sur les classes moyennes et les pauvres. En ce sens, la gauche a parfaitement raison de souligner l'injustice fiscale actuelle en France, le problème c'est que les mêmes qui critiquent cette situation ne veulent surtout pas s'attaquer aux causes à savoir l'UE, l'euro et la libre circulation des capitaux.

 

Il n'y a pas de bonne solution dans le cadre conventionnel actuel

 

Nous sommes donc à la croisée des chemins comme on dit communément. Mais on continue à faire semblant de croire que nos débats franco-français sans questionnement sur l'UE et l'euro sont à même de résoudre nos problèmes, évidemment non. J'entends les longues litanies droites et à gauche tout aussi fausses les unes que les autres. À droite on fustige les dépenses publiques parlant de gestion en bon père de famille et de gaspillage des méchants fonctionnaires. Sauf que comme je l'ai dit précédemment, les énormes dépenses de l'état depuis la mise en place de l'euro ont été surtout pour le secteur privé que ce soit sous forme de baisse d'impôt ou de subventions directes. Ce ne sont pas les services publics, en particulier la santé et l'éducation ou la recherche qui ont bénéficié de ces hausses de dépenses. En vérité, une grande partie du système entrepreneurial français ne tient plus que grâce aux dépenses de l'état. Si l'on purgeait d'un coup le système pour mettre fin à la gabegie, on assisterait à une hécatombe dans le secteur privé. Or vous n'êtes pas sans savoir que le secteur privé est déjà en grande difficulté. Il ne s'agit pas de dire ici qu'il ne faut rien changer aux dépenses de l'état, mais il faut bien prendre en considération le contexte.

 

Alors vouloir réduire massivement les dépenses de l'état ailleurs que dans les subventions aurait des répercussions massives sur le fonctionnement des services publics déjà passablement abîmé par 40ans d'idéologie néolibérale. Autant dire les choses clairement qu’il s'agirait en réalité d'une privatisation massive puisque l'état ne pourrait tout simplement plus assurer le service minimum dans les écoles ou les hôpitaux si l'on baissait les dépenses à la hauteur des besoins pour équilibrer le budget. Comme nous l'avons déjà vu, l'endettement est d'ailleurs l'un des outils du néolibéralisme pour imposer des privatisations. Et on ne doutera pas un seul instant des vraies intentions en la matière de la part d'européistes compulsifs comme Macron ou Barnier. Le discours permanent sur la dette oubliant comme par hasard ses vraies origines vise très clairement à justifier une démolition massive des dernières structures publiques, les néolibéraux rêvent de privatiser totalement depuis des décennies comme la santé, les retraites ou l'éducation. Il faut toujours se méfier des discours ne donnant pas l'entièreté des faits, ils ont toujours un objectif caché.

 

Mais de l'autre côté de l'échiquier, le discours n'est guère meilleur. Alors que la gauche, pendant la campagne des législatives, a littéralement ignoré les problèmes macroéconomiques ne parlant de que hausse des salaires, la voici maintenant avec ses solutions clef en main à base de hausse des impôts pour les plus riches. Comme je l'ai dit effectivement il y a un problème d'imposition des plus riches et des grosses entreprises. Mais il faut bien comprendre qu'augmenter les taux ne résoudrait rien puisque nous sommes en situation de libre circulation des capitaux. C'est toute la structure de notre économie qu'il faut repenser avant de taxer à nouveau les plus riches. Et je pense que les gens qui proposent ça le savent très bien, l'ISF dans le cadre économique actuel, c'est de la poudre aux yeux, et du marketing un peu démagogique, rien d'autre. Il faut préalablement rendre son pouvoir économique à l'état et donc remettre des frontières que ce soit sur les capitaux ou les marchandises. Ce n'est pas parce qu'un discours est moralement juste qu'il parviendra aux objectifs qu'il se fixe en apparence. Et de la même manière que les baisses d'impôt démagogique d'Emmanuel Macron sur les plus riches n'ont pas ramené la croissance et l'investissement, l'inverse ne ramènera pas non plus l'argent dans les caisses de l'état. Il faut d'abord éliminer le cadre eurolibéral et cela ne peut pas se faire instantanément ni avec un gouvernement faible comme c'est aujourd'hui notre situation.

 

Dévaluer, monétiser.

 

Alors, résumons la situation française. On a beaucoup de dettes, un déficit commercial qui même s'il s'est un peu réduit est extrêmement élevé et traduit la désindustrialisation du pays. Les impôts en général sont trop haut et ne peuvent pas être augmentés. L'imposition des riches et des grandes entreprises n'est pas possible dans le cadre actuel puisqu'ils pourraient largement l'éviter en mettant leurs activités dans des paradis fiscaux comme l'Irlande. Pour les réductions des dépenses, c'est plus facile à dire qu'à faire et si l'on met fin aux subventions pour les entreprises on risque un effondrement économique complet du secteur privé. Il reste donc la solution de la démolition de l'état providence et la destruction de l'école publique de la santé et des retraites par la privatisation. Par élimination, on sait déjà ce que l'UE et ses agents locaux vont prôner. Une politique à la grecque qui évidemment n'aura pas d'effets positifs à terme puisque l'expérience montre que ce genre de politique casse complètement le PIB et que finalement les réductions de dépenses seront plus que compenser par l'effondrement des recettes fiscales. Rappelons que la Grèce ne s'est jamais rétablie et qu'elle a une dette aujourd'hui plus forte qu'elle ne l'était lorsque la troïka bruxelloise et allemande a pillé le pays.

 

Vous voulez vraiment une solution grècque en France en voyant ça?

 

Mais la solution grecque, qui en réalité n'est pas une solution puisque la Grèce ne s'est jamais vraiment rétablie, n'est pas la seule possibilité qui nous reste, même si les experts de plateau télé vous diront qu'on n’a pas le choix. En vérité, on a le choix, et on a même plein de solutions, mais pour cela il faut un peu réfléchir, connaître l'histoire économique, et sortir du cadre de la raison libéral qui est justement à l'origine de tous nos problèmes. Et cela tombe bien, puisque la Grèce en 2008 a coulé en même temps qu'un autre pays, il s'agissait de l'Islande. Un pays dont les économistes mainstream n'aiment pas trop parler parce qu'il a été une véritable claque dans le visage des penseurs de l'économie orthodoxe. D'une part, l'Islande à l'époque a refusé de payer pour les banques privées. Ce fut un choix salutaire, mais unique en Europe. Alors que les Islandais ont simplement appliqué le principe de responsabilité. Pourquoi en effet faire payer aux citoyens les âneries des spéculateurs privés. Rappelons qu'à l'époque la France a doublé sa dette publique pour sauver les banques sans qu'aucune véritable mesure ne soit prise à leur encontre. On n'a même pas séparé les banques d'affaires des banques de dépôt.

 

 

Ensuite, l'Islande a fortement dévalué sa monnaie, mais dans de très grosses proportions jusqu'à 70%. Le résultat fut évidemment une forte inflation puisque les produits importés coûtaient d'un seul coup beaucoup plus cher. Alors vous allez me dire que c'est un désastre, en apparence oui, puisque l'inflation a atteint à son pic un joli 13% annuel. Sauf que l'économie s'est vite rétablie justement grâce à ça. En effet, l’Islande est devenue beaucoup plus compétitive et la balance commerciale s'est rééquilibrée. La dévaluation ayant favorise les forces productives du pays au détriment des rentes. Rappelons que la dévaluation revient à taxer les importations, et à subventionner les exportations, cela sans avoir besoin d'une politique administrative coûteuse et de façon totalement neutre, toutes les entreprises productrices en bénéficiant à égalité. La dévaluation n'a par contre aucun effet sur ce qui est produit et consommé localement bien évidemment. L'autre effet de cette politique fut une diminution de la dette par l'effet inflationniste.

 

L'effet de la dévaluation islandaise se passe de commentaire sur le commerce extérieur

 

On peut donc faire la même chose pour la France, ce qui supposerait bien évidemment une sortie préalable de l'euro et de l'UE. On pourrait très bien monétiser une partie importante de la dette avec la banque de France. On peut même en abroger une part même si cela effraie les orthodoxes, ce ne serait pourtant pas du tout la première fois en France et en Europe. C'est même assez courant en réalité d'un point de vue historique. Cela s'accompagnerait d'une dévaluation monétaire vis-à-vis des autres monnaies du monde et surtout de la zone euro. D'ailleurs, la sortie de la France de la zone euro pourrait avoir un effet de réévaluation monétaire de la monnaie unique, la zone euro ayant déjà de très forts excédents commerciaux. Cela rendrait d'un seul coup les entreprises françaises beaucoup plus compétitives sans coût pour l'état français. Comme l'a souligné Jacques Sapir dans sa dernière interview, cette dévaluation permettrait également de supprimer les subventions aux entreprises devenues inutiles pour la compétitivité externe. De quoi faire plus de 60 milliards d'économies par an, on arrive déjà aux critères de Maastrich rien qu'avec ça. Je rajouterai ici que l'inflation qui en résulterait, probablement pas aussi forte que celle qu'a connu l'Islande en 2010, pourrait être utilisée pour réduire le poids des rentes. En indexant les salaires sur l'inflation tout en ayant une inflation plus importante que les intérêts, vous réduisez en effet mécaniquement les rentes accumulées au fil des décennies. Ce n'est pas à négliger, car les inégalités en France sont surtout le fait des rentes foncières et financières plus que sur les revenus.

 

La dette de la Grèce est toujours là

 

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