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20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 15:14

 

Donald Trump vient donc d'être officiellement déclaré 47e président des USA. Pour certains c'est un moment historique en bien ou en mal. Je dois dire que l'on est là dans une des grandes illusions des modernes, celle qui consiste à donner beaucoup trop d'importance aux individus dans les mouvements historiques. Ce qu'Emmanuel Todd rappelle d'ailleurs dans sa dernière émission sur Fréquence populaire que je ne peux que vous conseiller de regarder. D'autant qu'il s'agira d'intervention régulière de Todd sur l'actualité. Pour revenir sur Trump, je ne crois guère aux ruptures structurelles. Trump va devoir gérer la défaite de l'OTAN et donc des USA en Ukraine et contrairement aux nombreux discours claironnés par nos médias il ne va pas forcer la Russie à négocier. Car c'est la Russie qui est en position de force. Sur le terrain c'est elle qui gagne et cela malgré le soutien de l'ensemble de l'OTAN. C'est donc une cuisante défaite et tout ce que Trump pourra faire consistera à camoufler cette défaite en jouant sur la communication.

 

Alors vous allez me dire que les USA feront comme d'habitude, ils ignoreront simplement cet état de fait pour passer rapidement à la prochaine crise. Après tout, ce n'est pas la première défaite militaire des USA, ils en ont collectionné un paquet depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les Américains ont même perdu en Afghanistan contre des ennemis faiblement armés, mais bien déterminés. Cependant, cette guerre en Ukraine était d'une autre importance. Comme certains l'ont souligné, l'incapacité de l'OTAN à fournir du matériel militaire a été observée par tout le monde, en particulier par la Russie et la Chine. On peut dire en quelque sorte que le roi est nu. Jusque là si la désindustrialisation avancée des USA et de leurs larbins était déjà actée, la plupart des nations du monde y compris les Occidentaux eux-mêmes pensaient que l'Empire maintenait quand même ses capacités de production militaire au moins à un niveau de capacité lui permettant d'affronter n'importe quelle puissance sur la planète. Mais l'Ukraine fut une énorme surprise finalement puisque les Occidentaux ont même été assez bêtes pour démolir leurs propres capacités de production militaire. Et l'on ne parlera pas ici du fait que même les matériels de pointe américains dépendent maintenant de certaines productions d'autres pays, en particulier de la Chine.

 

On pouvait se douter que les capitalistes sont stupides et à courte vue, mais observer cela en vrai à quelque chose de stupéfiant. Trump aura beau hurler America Great Again, et Elon Musk envoyer des fusées sur Mars, cela ne pourra plus camoufler la réalité américaine. L'enthousiasme pour le phénomène Trump est en soi extrêmement étrange tout comme la croyance dans le dynamisme économique américain. Certains soulignent régulièrement la technologie américaine comme source de ce dynamisme. Beaucoup comparent les USA et leurs investissements dans l'IA à la nullité européenne en la matière. C'est oublier bien vite que dans le monde réel c'est l'UE qui accumule des excédents avec les USA et non l'inverse. Les USA font de l'investissement spectaculaire, mais qui en réalité n'a guère d'impact sur la réalité de leur commerce extérieur. Ce n'est pas en envoyant des hommes sur Mars ou avec des IA que les USA combleront leurs trous commerciaux, mais en répondant aux besoins de base de sa population. Chose que le capitalisme dérégulé et financiarisé américain semble incapable de faire aujourd'hui.

 

 

C'est l'économiste Jean Luc Gréau qui nous avait prévenus il y a deux décennies déjà dans son livre « L'avenir du capitalisme ». Laissez à lui-même, le capitalisme financiarisé à la recherche de taux de croissance de plus en plus déconnectés des réalités triviales de l'économie, finira par ne plus financer les productions de base. À tel point que l'état finira par devoir les produire à la place du système privé. L'afflux délirant de capitaux dans l'IA alors même qu'on n’a aujourd'hui aucune preuve de la réalité tangible des gains de productivité que cela pourrait hypothétiquement produire . Cette focalisation de l'investissement sur quelques secteurs certes potentiellement intéressant, mais n'ayant en réalité pas besoin de tels niveaux d'investissement est l'une des marques du capitalisme décadent de ces dernières décennies. On se rappelle tous de la bulle internet et de ses conséquences. L'IA suivra très vraisemblablement le même chemin en pire. Et à côté de ça des pans entiers de l'économie US qui aurait besoin d'investissement, mais qui ne pourrait prétendre faire des retours sur investissement au niveau que le désirerait la finance globalisée se voit privés de financement.

 

S'il y a un échec du capitalisme dérégulé, c'est bien celui-là. Laisser tout le monde investir dans n'importe quoi n'importe comment finit par concentrer tous les capitaux sur certains secteurs très rentables provoquant la mort par asphyxie de tous les autres. On a peut-être ici l'une des explications de l'étrange déclin américain qui d'un côté brille de mille feux sur des secteurs à la mode, mais coule complètement sur les activités pourtant primordiales dans tous les autres secteurs. Cela explique aussi pourquoi les milliers de milliards de capitaux étrangers engloutis dans les illusions du moment n'arrivent pas à faire redémarrer la production industrielle des USA, qui s'embourbent dans des déficits commerciaux malgré le retour du protectionnisme. Cela s'ajoute bien évidemment aussi aux effets du dollar et de l'incapacité des USA à former des ingénieurs et des techniciens en nombre suffisant. Rajoutons à cela que l'attrait global pour les investissements à la mode américaine, engendre des rentrées de capitaux qui font grimper le dollar, et aggrave encore un peu plus la situation des producteurs aux USA. Décidément, la dérégulation financière est tout autant problématique que le libre-échange. Or là-dessus Trump n'a rigoureusement aucune volonté de remettre des frontières, et de toute façon son milieu ne le lui pardonnerait pas.

 

La déglobalisation est une nécessité

 

Il reste que la situation américaine n'est simplement plus tenable. Les déséquilibres commerciaux atteignent des niveaux absurdes que ce soit par les déficits commerciaux aux USA ou par les excédents en Chine. Car c'est désormais officiel, la Chine qui accumule maintenant près de 1000 milliards de dollars d'excédent commercial est bien en situation de déflation. Si le chômage des jeunes semble légèrement reculer, il n'en demeure pas moins que la première puissance économique du monde se lance dans une expérimentation mercantiliste extrêmement dangereuse, y compris pour sa stratégie géopolitique. En effet la Chine connaît également des excédents importants avec les autres membres des BRICS. L'inde par exemple accumule des déficits avec la Chine, près de 85Md de dollars en 2024. Combien de temps cela pourra-t-il continuer sans que cela ne remette en cause les apparentes bonnes relations entre ces nations ? On le vit ici, Trump et son protectionnisme ne sont finalement que la conséquence de la globalisation. L'évolution protectionniste avait d'ailleurs déjà commencé sous Obama et Biden. Tant que les USA et l'occident en général étaient suffisamment gros par rapport au reste du monde pour soutenir la demande mondiale par l'endettement relatif de leur pays et par des déficits commerciaux, la Chine et les autres puissances montantes pouvaient croître par l'excédent commercial.


Mais ces pays ont rattrapé l'occident en termes de poids sans pour autant modifier leur rapport économique avec l'occident. Il en va de même d'ailleurs à l'intérieur de l'occident avec une UE qui attend toujours des relances américaines, une relance de sa propre croissance par les exportations. Ne comprenant pas qu'elle est aussi trop grosse pour ça. Comme les nations du monde n'arriveront pas à s'entendre sur une politique macroéconomique globale, les Européens n'y arrivent déjà pas à leur échelle. Il faudrait pour cela que les pays en excédent relancent leur demande intérieure par diverses méthodes tirant ainsi la croissance globale et réduisant leurs excédents avec les autres. Il ne reste plus que la fermeture commerciale et le protectionnisme. Trump n'est sans doute que la première vague d'un courant de déglobalisation qui va toucher ensuite toute la planète, y compris les BRICS progressivement. Il est loin d'être acquis que Trump arrive aux objectifs qu'il se donne, c'est même probable qu'il n'y arrive pas. Cependant, le courant large qu'il représente à savoir une rupture avec la globalisation a de l'avenir, simplement parce que les gens doivent continuer à vivre, et qu'ils ne voudront pas se laisser mourir au nom de la globalisation. Il reste à voir quelle forme ce courant prendra dans la vieille Europe avec l'UE comme machine à interdire tout changement macroéconomique et politique.

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16 janvier 2025 4 16 /01 /janvier /2025 14:36

 

Nous allons donc avoir aujourd'hui le premier vote avec un risque de censure pour ce grotesque attelage politicien qui nous sert de nouveau gouvernement. Normalement, il ne devrait pas y avoir cette censure puisque les partis « d'opposition » ne veulent pas en réalité d'élection anticipée. Car si le gouvernement tombe encore, Macron aura bien du mal à continuer à justifier sa présence à la tête du pays. Le petit jeu des partis qui consiste avant tout à conquérir ou à maintenir des postes est de plus en plus voyant, l'intérêt général n'étant en réalité défendu par personne. Le grotesque débat sur les retraites le prouve une nouvelle fois. Entre ceux qui rasent gratis et font de la démagogie ou ceux qui veulent en réalité enterrer le système pour valoriser des intérêts privés à travers les fonds de pension, le débat est devenu totalement malsain. L'absence de cohésion de groupe devient criante et chacun s'affaire à faire progresser simplement ses propres intérêts. L'agonie de notre pays tient ici à la démonstration magnifique du nihilisme toddien dont nous sommes nous victimes et qui ronge notre pays à une vitesse invraisemblable.

 

La France arrive finalement au bout du voyage d'une société tout entière plongée dans les eaux du calcul égoïste. Ce n'est plus qu'un amoncellement d'homoeconomicus calculateurs sans chef d'orchestre pour tempérer ces appétits quand ils sont contraires à l'intérêt collectif. C'est Jean-Frédéric Poisson qui a très justement souligné l'incroyable fait qui montre cette réalité. Alors que le gouvernement ne cesse de parler des retraites, il n'y a pas eu un mot dans le débat pour parler de l'effondrement de la natalité française depuis 2014. Nous venons de tomber au niveau de la mortalité nationale, un phénomène qui aurait du arriver seulement dans vingt ans. Mais la très forte baisse qui nous avons connu ces dix dernières années vient de produire ce rattrapage. On peut parier qu'à partir de l'année prochaine la France va rentrer dans le club des pays à population déclinante la natalité passant en dessous du taux de mortalité. Or aucun système de retraite ne peut survivre à une telle évolution. Vous pouvez passer à la capitalisation, cela ne changera rien au problème. Ce sont toujours les actifs qui payent pour les inactifs.

 

 

L'absence de débat public sur l'effondrement dramatique des naissances est en soi un révélateur du nihilisme actuel et du désintérêt pour l'intérêt du pays à long terme. Tous les imbéciles qui vous parlent de sens des responsabilités en parlant sans arrêt de la très grande méchante dette publique sans parler de cet effondrement des naissances sont des escrocs pour ne pas dire plus. L'effondrement des naissances est infiniment plus grave que la dette publique, car cela conditionne l'existence même de la société. Mais cette obsession pour la dette cache en réalité les intérêts réels de ce qui prétend sans arrêt défendre l'intérêt du pays à long terme. Ainsi nous pouvions voir dernièrement l'actuel président du MEDEF, monsieur Patrick Martin, nous faire un discours sur la nécessaire fin du système social français. Ce monsieur oubliera les milliards de subventions versées aux entreprises sous diverses formes ou les immenses dividendes que les entreprises françaises versent aux actionnaires. De l'argenté qui ne sert à rien d'autre qu'à faire gonfler des rentes de gens qui ont déjà beaucoup trop d'argent. Non le problème de la France c'est la sécurité sociale. À ce stade de stupidité et de malhonnêteté, on ne peut plus rien faire.

 

Aucun rapport avec les déficits publics et l'euro, non vraiment, la crise c'est la Secu.

 

Le président du MEDEF s'il s’intéressait réellement à l'intérêt du pays parlerait par exemple du prix délirant de l'électricité complètement surélevé par rapport au coût de production en France. Il parlerait du libre-échange ou de l'euro qui participent massivement à la désindustrialisation du pays. Mais tout ceci ne l'intéresse pas. Ce qu'il veut c'est l'extension du domaine du marché pour pouvoir spéculer sur la santé des gens en leur faisant extrêmement cher les soins comme aux USA même si cela accélère le déclin démographique par la baisse de l’espérance de vie. Encore une fois, nous avons ici l'exemple de gens faussement rationnels qui défendent de fausses solutions soit par stupidité, soit par enfermement idéologique, soit par intérêt personnel et désintérêt pour le pays. C'est même souvent un mélange de ces trois hypothèses.

 

Redonner de l'importance au présent

 

J'en ai parlé très souvent et c'est une des grandes leçons de Keynes. Le discours sur le futur est très souvent utilisé à des fins malhonnêtes. Il est d'ailleurs souvent l'extension d'une pensée prétentieuse, car en réalité nous ne savons pas vraiment à quoi ressemblera le futur et nous agissons dans le présent en prétendant connaître un futur qui en réalité n'adviendra jamais. Toute la pensée de Keynes a été justement de s'extraire des fausses illusions que donne notre image fausse du futur. Comme il le disait lui-même, on ne voit pas en quoi améliorer la vie des gens aujourd'hui pourrait hypothéquer l'avenir. La maîtrise du discours sur l'avenir est donc avant tout une astuce de rhétorique pour imposer des choix dans le présent et camoufler ainsi des intérêts bien contemporains. On voit très bien que la dette publique qui a clairement été creusée volontairement par les néolibéraux et monsieur Macron sert de justification à la démolition des services publics. On parle de gens qui continuent à émettre des OAT indexés sur l'inflation quand même. Vous ne me ferez pas croire que l'explosion de la dette n'a pas été provoquée volontairement.

 

La direction de la France sous Macron a d'ailleurs été marquée par une explosion des inégalités. Jamais les riches en France n'ont été aussi riches et jamais les entreprises n'ont versé autant de dividendes. Le graphique ci-dessous de monsieur Sébastien Tixier le montre allègrement. On remarque d'ailleurs que la bourse n'a jamais réellement financé les entreprises, c'est tout le contraire. Le système boursier n'est qu'un nouveau servage général de la population qui en définitive a retrouvé son statut social féodal, mais sous une autre forme bien plus camouflée et pernicieuse. Si les néolibéraux ont toujours présenté cet accroissement des inégalités comme bénéfique, car l'argent va dans l'investissement. On a aujourd’hui la démonstration parfaite que ce n'est absolument pas le cas. La concentration des richesses réduit bien au contraire les investissements productifs par l'entremise de l'effondrement de la demande qu'elle provoque. Quand nos politiciens ou nos chefs d'entreprises vous parlent de la France qui travaille, ils mentent simplement. Ils défendent la France qui s'enrichit en dormant et non le travail ou l'investissement.

 

 

Le problème de fond est la tendance naturelle du capital à se concentrer indéfiniment. Laisser à lui-même le capitalisme peut théoriquement concentrer indéfiniment les richesses jusqu'à ce qu'une seule personne finisse par détenir toutes les richesses. C'est seulement la réaction politique et économique à cette concentration permise par la logique des taux d'intérêt qui empêche ce désastre d'arriver. Il n'y a pas besoin d'être marxiste pour comprendre que cette concentration de richesse est en elle même porteuse de grands malheurs et de crises. Le taux d'intérêt est une progression mathématique à croissance exponentielle. La formule est simple si Vi est la valeur initiale Vf la valeur finale alors les taux d'intérêt composés se calculent par la simple formule Vf= Vi x (1+t)^n avec t le taux d'intérêt et n le nombre de périodes. La croissance est extrêmement rapide, laissez à lui-même et sans croissance économique ou d'inflation, la totalité des richesses d'un pays serait accaparée par une seule personne très rapidement. Le capitalisme totalement dérégulé arrive à ce type de situation. Ayant éliminé toute forme d'opposition à sa propre rapacité, il concentre les richesses à un rythme jamais vu.

 

Effondrement des naissances et concentration des richesses

 

Marx a fait une énorme erreur, il pensait que le capital laissait juste assez aux prolétaires pour se nourrir et se reproduire. Ce n'est plus le cas. Dans la plupart des pays développés, le prix de la reproduction devient simplement trop élevé pour la majeure partie de la population. C'est le cas en occident depuis les années 70, mais le problème s'étale maintenant sur toute la planète. Nous arrivons donc à la seule limite que le capital ne peut pas acheter ou détruire celui de ses propres contradictions provoquées par sa rapacité. Il détruit les conditions de sa propre continuation en détruisant les sociétés de l'intérieur et l'effondrement démographique est la destruction par excellence. Ne voulant pas payer pour renouveler le cheptel, le système capitaliste a probablement trouvé ici sa véritable faille. Et s'il a échappé aux conséquences de l'effondrement démographique pendant 50 ans, c'est avant tout parce qu'il a pu compenser ces conséquences grâce à l'immigration. Malheureusement pour lui le capitalisme conduit maintenant la planète entière à la baisse des naissances.

 

Tout comme il épuise les ressources naturelles, le système de consommation de production capitaliste épuise aussi les populations et les peuples qui le font fonctionner. En rendant la vie trop coûteuse pour la majeure partie de la population par l'insuffisance des hausses de salaire, le chômage, les diverses spéculations, dont la spéculation immobilière. Le capital atteint maintenant un stade où le parasite tue son hôte. La seule question qui se pose c'est de savoir si les peuples se rebelleront sous une forme ou sous une autre, ou s'ils se coucheront pour mourir?

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13 janvier 2025 1 13 /01 /janvier /2025 14:38

 

Nous avons parlé récemment de la nouvelle version de l'impérialisme américain. Plus qu'une nouvelle version, il s'agit surtout d'une adaptation au déclin réel de la puissance américaine. Les USA semblent se recroqueviller sur leur île-continent en pensant soumettre facilement leurs malheureux voisins. Mais même pour cela il n'est pas certain que leur puissance déclinante y arrive. Les USA pris au piège de leur propre modèle économique valorisant l'individualisme contre toute forme de collectif arrivent en bout de course exactement comme son modèle inverse l'URSS qui s'était fracassée contre la réalité, mais pour des raisons contraires. En un sens, l'incendie en Californie montre toute l'absurdité d'une société sans contrainte collective et valorisant uniquement l’égoïsme de chacun. Même les riches ne peuvent survivre au néolibéralisme en fin de compte. Au premier gros problème, tout s'effondre. Le Trumpisme est en quelque sorte la réaction américaine à cet effondrement collectif. Le paradoxe c'est que cette réaction est portée par des gens qui pensent qu'il faut encore moins de collectifs et qui adulent l'individualisme le plus détonant.

 

Nous verrons bien où mènera cette orientation des USA, mais je ne suis guère optimiste. En Europe par contre, les velléités nouvelles des USA et leur agressivité plus assumée (elle a toujours été là, mais de façon plus camouflée) risquent de produire des réactions plus ou moins chaotiques. Rappelons que l'UE est la chose que les USA et leurs sbires ont imposée au continent depuis 1957 et le fameux traité de Rome. Si des Européens ont activement participé à cette construction absurde, c'est bien les Européens les plus proches des intérêts américains qui ont été mis en avant. Le but premier était de réduire les possibles dissensions au sein de l'appareil occidental et de forcer les Européens de l'Ouest à se soumettre totalement aux USA. L'UE n'est en réalité que l'équivalent politique et économique de l'OTAN. Dans les deux cas, il ne s'agit pas de structures visant à l'intérêt des membres, mais à l'intérêt d'un membre qui est en plus en dehors du système à savoir les USA. Durant sa courte période de pouvoir politique, le général de Gaulle a bien essayé d'infléchir la direction prise par le continent. Mais il a échoué et s'est trompé en pensant pouvoir réorienter la construction européenne vers quelque chose de plus compatible avec les intérêts du continent.

 

De fait, l'UE est depuis le départ une machine relativement contraire aux intérêts des Européens favorisant leur soumission. Plus grave au fur et à mesure que cette construction s'est élargie et a augmenté son poids sur les décisions politiques et économiques, le continent a connu petit à petit un déclin de plus en plus voyant. J'ai écouté le pauvre physicien Alain Aspect qui est certainement très bon dans son domaine, mais qui raconte n'importe quoi dès qu'il en sort, nous dire sur LCI récemment que l'UE sauvait la cherche européenne. Ne sachant pas lui-même que la plupart des partenariats scientifiques ne dépendaient pas de l'UE et que bien souvent c'est la pression européenne pour réduire les dépenses qui obligeaient les états membres à réduire leurs efforts de recherche. On passera aussi sur le fait que la dégradation économique du continent produit par la dérégulation financière, commerciale et par l'euro sont les véritables responsables de l'effondrement de l'effort de recherche sur le continent. Mais cela n'entre visiblement pas dans les calculs de monsieur Aspect. Il démontre ainsi qu'une intelligence particulière peut être totalement stupide lorsqu'elle sort de son domaine d'expertise. On le savait déjà, mais on en a ici une nouvelle preuve.

 

La fin des illusions, le réveil des nations

 

Mais voilà maintenant que les USA changent de direction et se retournent soudain contre leurs petits vassaux. Comme nous l'avons souvent vu, les USA ont un énorme problème de déficit commercial et les élites US ont une peur bleue de l'abandon du dollar comme monnaie d'échange international. C'est que la perte de ce statut rendrait l'endettement extérieur intenable et que la valeur du dollar à terme pourrait fortement se dégrader. Comme je l'ai déjà expliqué, une grande partie de ces déficits sont le produit des entreprises d'origine américaines elles-mêmes. L'iPhone d'Apple à lui seul représente des importations essentiellement chinoises à plus de 300 milliards de dollars par an. L'innovation scientifique qui soi-disant permettrait un rebond de l'économie US n'est qu'une illusion puisque l’essentiel des produits issus par la R&D américaine est produit en dehors du territoire US. Le capitalisme américain dévore en quelque sorte son propre pays en détruisant le renouvellement des forces productives interne et en pillant au maximum le système par l'intermédiaire du financement indéfini du déficit extérieur US permis grâce au statut du dollar. C'est à cela que les USA font face et il est clair que même des droits de douane importants ne corrigeront pas le tir. On n'assiste pas à une délocalisation massive vers les USA, mais vers des pays tiers. L'Inde, le Vietnam ou le Mexique risque d'être les vrais gagnants du nouveau protectionnisme américain qui n'a pas l’intention en réalité de rendre le prolo américain à nouveau tout puissant. Ce serait fatal aux immenses bénéfices des grands capitalistes US à court terme.

 

Pour l'Europe la situation est différente. Washington veut quitter le continent et le piller au passage. Les Européens, et en particulier les Allemands, qui ont tout misé sur le mercantilisme et l'accumulation d'excédent vis-à-vis des USA en particulier, vont chèrement payer le prix de ces réorientations. Mais cela ne signifie pas nécessairement la mort de l'industrie du continent comme on l'entend un peu trop souvent. Le Trumpisme est en quelque sorte le signal de fin de l'illusion marchande et libérale qui est née en 1945 et a pris tout son poids à partir des années 70. Il n'y a pas de fin de l'histoire, et tant qu'il y aura des humains il n'y aura pas de fin de l'histoire. Nous revenons à un monde fait de rapport de force et de stratégie, et nous sortons d'un monde qui pensait être entièrement régi par les seules forces marchandes. Ce monde n'a pu exister que durant la pax americana qui régna sur notre continent depuis sa soumission en 1945. Car oui je considère les USA comme des envahisseurs, probablement moins violents et barbares en apparence que les nazis, mais des envahisseurs tout de même. Notre liberté depuis 45 fut toute relative. Et les tentatives de De Gaulle pour libérer le pays de cette tutelle ont d'ailleurs été largement combattues par les Américains et leurs sbires dans notre pays. La preuve, aujourd'hui les atlantistes sont omniprésents sur les antennes et dans les médias de masse, alors qu'on pouvait encore entendre des sonorités divergentes il y a une quinzaine d'années.

 

La rétractation de l'empire américain si elle va poser des problèmes économiques certains puisque nos merveilleuses élites américanisées ont tout fait pour nous rendre dépendantes de ce pays, va aussi laisser les pays européens seuls pour la première fois depuis presque un siècle. Je comprends que cela puisse faire peur, mais c'est aussi une opportunité. La fin de l'illusion d'un monde qui finirait par tranquillement s'endormir dans un rêve global de marché postnational permettra aussi aux nations d’Europe de retrouver une action politique et économique à la fois plus conforme à leurs intérêts respectifs, mais aussi plus proche des désirs de leurs propres peuples. Car l'une des maladies de la démocratie moderne fut cette imposition d'un modèle unique, américain, pour tous les peuples du continent alors que leurs intérêts et leurs préférences étaient au moins aussi nombreux que les langues et les cultures de notre vieux continent. Ce réveil aura aussi des effets violents. La montée de l'AFD en Allemagne montre un rejet très fort de l'Europe, de la BCE, mais aussi de l'immigration. Une immigration qui n'a été acceptée que durant ce laps de temps où les nations d'Europe pensaient disparaître dans un maelstrom d’américanisation. Maintenant que les peuples du continent vont retrouver la direction de leurs propres intérêts, les conséquences de l'immigration de masses vont être rejetées de plus en plus violemment.

 

Le retour de l'histoire en Europe aura donc à la fois des conséquences néfastes et positives. Des conflits pourraient aussi ressurgir, ne nous faisons pas d'illusion sur la question. Surtout si l'on constate la très grande irresponsabilité des « élites » extrêmement dogmatiques qui ont été fabriqués par des décennies de soumission à l'imperium américain. Il reste qu'à mon sens le prix à payer pour cette libération me paraît beaucoup moins coûteux à long terme que celui d'une soumission perpétuelle à l'Oncle Sam nous conduisant à terme à une inéluctable extinction culturelle et même démographique. Nous allons devoir réapprendre à régler des conflits et à faire de la vraie politique. Une chose que nous n'avions plus faite depuis 1945 si l'on exclut la trop courte période gaulliste.

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9 janvier 2025 4 09 /01 /janvier /2025 14:55

 

Le président Trump n'est pas encore entré officiellement en fonction qu'il multiplie déjà les lieux de conflits avec les puissances étrangères. En effet, on a appris ces derniers jours que Trump voudrait à la fois annexer le Canada, le Groenland et le Panama. C'est une espèce d’Anschluss en version 2025, avec un blond à brushing plutôt qu'un brun à moustache. Pour jouer toujours dans la provocation, il décide de rebaptiser également le golfe du Mexique en golfe d'Amérique. La présidente mexicaine n'a pas tardé à réagir en rappelant que ce nom était internationalement reconnu. Ce à quoi nous pourrions rajouter que le Texas, et une bonne partie des actuels USA, faisaient partie à l'origine du Mexique d'où le nom du golfe au passage. On remarquera d'ailleurs que le Mexique a visiblement mieux réagi que les autorités danoises ou canadiennes qui se retrouvent un peu prises au piège de leur propre soumission aux USA à travers l'OTAN bien sûr, mais aussi à travers leur politique économique.

 

Si l'affaire du nom du golfe du Mexique est en réalité sans importance, ce n'est qu'un nom après tout. Elle caractérise la stratégie agressive des USA vis-à-vis de pays qui lui sont pourtant totalement soumis, en particulier le Canada. On pourrait ici dire qu'il s'agit de la méthode Trump pour faire bouger les lignes. Certes, il y a de ça, et il y a aussi toute une affaire de communication destinée avant tout à ses électeurs. Après tout, il a promis « Make America Great Again ». Et les USA sont un pays historiquement extrêmement agressif. Se servant allègrement de n'importe quel prétexte pour défendre leurs intérêts et envahir des nations. En un sens Trump, c'est la véritable Amérique, la seule différence avec ses prédécesseurs récents c'est que ces derniers faisaient tout en cachette si je puis dire. Mais l’agression de Trump vis-à-vis du Canada ou du Danemark n'est en un sens que la continuation de la politique anti-européenne qui l'avait précédé. La guerre en Ukraine est une guerre contre l'Europe même si beaucoup d'Européens ne l'ont pas encore compris. Il s'agissait de couper la Russie de l'Europe de l'ouest et surtout de l'Allemagne. La mission a été accomplie du moins pour le moment.

 

Or Trump n'était pas au pouvoir au moment de la guerre. On voit donc bien qu'il y a un mouvement de fond qui pousse les USA à être de plus en plus agressif même contre leurs vassaux directs. Mais nous y reviendrons plus tard. La question est de savoir comment réagiront les vassaux. Vont-ils se coucher comme le pense sûrement le président américain, qui n'a que mépris pour eux, comme l'essentiel de l'establishment US, Emmanuel Todd l'a rappelé récemment. Ou bien est-ce qu'ils vont réagir ? Le Mexique ne se fera certainement pas marcher sur les pieds. Le Canada affaibli par le départ de son pathétique premier ministre pourrait tout aussi bien se coucher que se lever. L'action de Trump pourrait en réalité produire l'effet inverse à ce qu'il recherche et produire exactement ce qu'avait prévu de Gaulle dans l'une de ses prophéties disant que les USA finiront par rentrer chez eux détestés de tous. Même si l'action de Trump est humiliante, elle pourrait aussi avec des effets bénéfiques pour les pays vassaux. Ces derniers comprenant enfin que les USA ne sont pas leur allié, mais leur suzerain. Et qu'il n'est peut-être pas très intelligent d’asseoir sa défense et tous ses intérêts en se cachant derrière les USA. Dans ce cadre les Européens tout comme les voisins des USA auraient tout intérêt à jouer de diplomatie avec les autres grandes puissances comme la Russie et la Chine plutôt que de se soumettre totalement à Washington. On mesure ici toute la bêtise des dirigeants européens qui ont servilement obéi aux USA en s'attaquant inlassablement à la Russie. Les Européens qui ont pourtant inventé le jeu géopolitique moderne, ne semblent plus comprendre le béaba du jeu des alliances et des contre-pouvoirs.

 

L'autre facteur est économique. L'obsession européenne et même canadienne des excédents commerciaux vis-à-vis des USA les a mis en état de soumission. Les USA ne dominent pas par la production, mais par la consommation. Ainsi les Allemands ou les Canadiens ont-ils peur d'être privés du client US devenu beaucoup trop important pour eux. Le plus drôle c'est qu'en plus c'est l'épargne de ces pays qui en partie finance les immenses déficits des USA. C'est une leçon qu'il faut bien comprendre. Exporter massivement sur un marché particulier ne vous rend pas fort, mais faible, car trop dépendant de ce marché. La liberté s’acquiert par l'autonomie économique ou au moins une diversification suffisante en termes de marché pour ne pas dépendre d'une puissance en particulier. Malheureusement, l'idéologie libérale de ces 50 dernières années a dépolitisé l'économie en Europe. Et les Européens sont en train de réapprendre dans la souffrance qu'on ne peut pas séparer l'économie de la politique et de la géopolitique. Trop dépendre du gaz russe vous rend dépendant de la Russie, trop dépendre du marché US vous rend dépendant des USA. La seule voie de l'indépendance est celle qui consiste à ne pas trop dépendre ni de l'un ni de l'autre même si le prix à payer est élevé économiquement, c'est une précaution essentielle pour garantir l'indépendance de nos pays.

 

Un empire mourant qui cannibalise ses vassaux

 

 

Alors, revenons maintenant aux USA. Pourquoi une telle agressivité vis-à-vis de pays qui jusque là n'ont fait qu'obéir aux USA ? D'un point de vue géopolitique on voit très bien où veut en venir Trump. Il veut faire de l'Amérique du Nord une île appartenant aux USA. Avec le Groenland il veut à la fois dominer les matières premières très importantes de la zone et contrôler en partie l’océan arctique en prévision d'une espèce de nouvelle guerre froide avec la Russie, la Chine et même les BRICS. En ce sens, il admet la fin de l'empire US et se recroqueville sur des places fortes. Dans cette optique, on peut imaginer les USA aller plus loin que le Groenland en Europe et certaines terres de la Grande-Bretagne et même la Norvège pourrait être des cibles pour contrôler réellement le Grand Nord. On peut être inquiet pour l'Islande, les Shetlands et les îles Féroé. En ce sens, Trump nous fait de la stratégie à la Bismarck, mais sans la profondeur et l'intelligence du prussien en se mettant à dos un peu tout le monde.

 

Du reste si la réaction de Trump pourrait se comprendre dans le cadre d'une nation visant à une certaine autosuffisance économique en ayant accès à toutes les matières premières possibles sans dépendre d'autres puissances, le cas des USA actuel est très différent. Les USA ne souffrent pas d'un manque de matières premières même s'ils ont laissé les Chinois dominer les métaux rares si utiles dans les technologies de pointe. La Chine a aujourd'hui un quasi-monopole sur ces matières premières bien qu'en réalité elles ne soient pas si rares. C'est jute que l'occident n'a simplement pas pensé l'économie autrement que dans des termes purement économiques et marchands. Il se retrouve aujourd’hui avec des conséquences dramatiques de dépendance vis-à-vis d'une nation qui utilise l'économie à l'ancienne c'est-à-dire dans une optique de puissance et non pour nourrir le grand capital et ses rentes. Mais cette dépendance à certaines matières premières n'est qu'une petite partie du problème américain. Le gros du problème est avant tout la très grande désindustrialisation du pays et son incapacité à produire les biens de consommation qu'il consomme.

 

Production d'énergie excédentaire aux USA et pourtant balance commerciale très déficitaire

 

Emmanuel Todd dans son dernier interview a bien décrit le destin de Trump, celui d'un personnage qui va devoir gérer la défaite face aux Russes. Trump pourrait simplement ici utiliser le conflit avec le Canada et le Danemark comme un moyen de camoufler la débandade en Ukraine. Mais en un sens Trump pourrait bien aussi avoir un destin à la Gorbatchev, celui d'un homme qui a voulu sauver un système politique et économique, mais qui l'a finalement dynamité sans le faire exprès. Car les USA dépendent du reste du monde pour tout et n'importe quoi pas seulement pour les matières premières. Le graphique ci-dessus que j'avais déjà utilisé montre l'évolution de la production d'énergie et la balance commerciale. On voit bien que malgré un retour à l'équilibre et même à l'exportation d'énergie, les USA ont continué à voir leur balance commerciale se dégrader. La faute à des niveaux de salaires et d'une monnaie trop élevée par rapport au reste du monde. En gros, les USA vivent largement au-dessus de leur capacité réelle. Il s'agit là justement des conséquences de la domination du dollar qui a rendu les producteurs locaux inutiles. Alors certes, Trump annonce des politiques protectionnistes pour réindustrialiser le pays. Mais il faut bien comprendre que c'est un processus long et pas vraiment compatible avec un système électoral aux élections fréquentes et surtout aux variations de politiques si prononcées.

 

Du reste comme je l'ai déjà expliqué dans d'autres textes à ce stade de désindustrialisation, la seule dévaluation ou le seul protectionnisme ne suffiront pas. Il faut une politique interventionniste, une planification. Il faut également rompre avec le système oligarchique US qui a beaucoup trop concentré les richesses en haut. Rendre les études beaucoup moins coûteuses et orienter les jeunes vers les sciences. Bref pour arriver à ses fins il faudrait véritablement que les USA rompent littéralement avec eux même sur le plan idéologique. J'ai quelques doutes sur la faisabilité de l'entreprise. Les USA changeront un jour parce qu'ils n'auront simplement plus le choix. Mais ce sera une fois leur empire à terre et leur dollar redevenu une simple monnaie nationale.

 

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6 janvier 2025 1 06 /01 /janvier /2025 15:06

 

 

La nouvelle année commence et les inquiétudes sont grandes dans la plupart des sociétés de la planète. Car ne croyez pas que la crise du système économique n'est une crise qu'en France ou en Europe. Si les imbécillités européennes ont donné un caractère particulier à la crise européenne, la réalité c'est que l'économie mondiale se craquelle un peu partout sur la planète. Et l'affaire n'est pas nouvelle, on peut voir qu'en réalité l'économie mondiale ne s'est jamais vraiment remise de la crise de 2008, celle des subprimes qui déstabilisa alors l'organisation financière planétaire. Comme le souligne très justement Jacques Sapir dans son dernier livre consacré aux BRICS, c'est à cette époque qu'une véritable brisure se fit dans la globalisation américaine qui avait jusqu'alors réussi à s'imposer à la planète entière.

 

Les raisons sont multiples, mais il est important de resituer l'origine du système économique mondial actuel pour montrer son inéluctable chute produite par ses contradictions internes. Car le capitalisme n'est pas un système viable en lui-même, et les illusions qui ont accompagné la disparition de l'URSS sur les performances du système capitaliste ont fait oublier aux Occidentaux ses nombreuses tares, et le danger qu'il peut représenter s'il est laissé sans limite à ses propres débordements. Las, les Occidentaux ont oublié la crise de 1929 et les leçons de l'histoire, au point de reconstruire toutes les conditions pour des crises encore plus graves que celle-ci. Mais commençons par le commencement. Le système économique global que nous connaissons et qui arrive en bout de course est avant tout le produit de la fin de la Seconde Guerre mondiale et du traité de Bretton Woods. Celui-ci a mis au cœur du système économique mondial l'économie américaine et le dollar. À l'époque les Britanniques qui négociaient avec les Américains pour réorganiser l'économie mondiale n'avaient pas la possibilité de faire changer d'avis les USA. Ces derniers voyaient après tout dans cette orientation une évidence puisqu’effectivement les USA étaient alors la première puissance économique du monde et pesaient à eux seuls plus de la moitié du PIB mondial. Leurs adversaires s'étant suicidés en quelque sorte.

 

Mais au départ, le dollar était indexé sur l'or. Ce qui garantissait théoriquement un juste échange aux autres nations qui pouvaient à tout moment changer leurs dollars accumulés par le commerce en or. Dans le même temps, les USA qui avaient accumulé d'immenses excédents commerciaux comprirent que ces excédents ne servaient à rien. Il fallait pouvoir vendre les produits US, mais pour cela il fallait une demande solvable chez les clients. Les USA qui furent le pays le plus protectionniste de l'histoire entre la fin de la guerre de Sécession et 1945, se mirent à faire du libre-échange. Le plan Marshall qui fut un coup de maître pour asseoir la domination US sur le continent européen avait aussi une utilité économique pratique. Il donnait des débouchés à une industrie US qui avait des problèmes de transition liés au changement de régime économique en passant d'une économie de guerre à une économie de paix. Petit à petit, ce libre-échange permit aux Européens et aux Japonais de rééquilibrer leur balance extérieure et de connaître des excédents avec les USA. Dès la fin des années 60, les USA commencent à accumuler des déficits commerciaux. Mais c'est surtout avec la guerre du Vietnam que la situation se dégrade franchement pour des raisons évidentes, la guerre coûte cher et pas seulement en vie humaine.

 

Cette période qui va de 1945 à 1971 est la première globalisation américaine. Elle se passe essentiellement entre pays déjà développés liant l'Europe de l'ouest, le Japon et la Corée du Sud aux USA. Elle fut assez efficace parce que les niveaux de vie vont rapidement s’aligner sur les standards US et que le capitalisme d'alors était relativement contrôlé. Les capitaux ne pouvaient pas circuler librement et le libre-échange était relatif. La communauté européenne a par exemple pratiqué le tarif extérieur commun aux alentours de 30% de droit de douane aux produits importé de l'extérieur de l'Europe des six. De la même manière, le Japon de l'ère Showa (1926-1988) était assez protectionniste. Seuls les USA pratiquaient réellement le libre-échange , mais ils avaient accumulé d'énormes avantages technologiques qui leur permettaient de tenir la distance, du moins jusqu'aux années 70. Tout se dégrade rapidement avec la guerre vietnamienne et Richard Nixon prit alors une immense décision dont nous subissons aujourd'hui les effets à long terme. Le dollar fut désindexé de l'or pour permettre simplement aux USA de financer la guerre en faisant tourner la planche à billets.

 

Si la crise inflationniste des années 70 fut souvent associée au choc pétrolier, c'est oublier un peu vite que les prix du pétrole sont vite retombés, bien plus vite que l'inflation. Au contraire on peut tout à penser que l'inflation de l'époque fut une inflation exportée par les USA à travers le dollar pour financer leur guerre et leur compétition militaire avec l'URSS. C'est tout le sens de la célèbre phrase de John Connally « le dollar est notre monnaie, mais c'est votre problème ». Mais face à l'inflation d'alors, le capitalisme et les rentiers paniquent. Il faut une réponse à cette inflation qui réalisait la fameuse euthanasie des rentiers dont Keynes avait fait la prévision quelques décennies plus tôt. C'est d'autant plus grave que la croissance ralentit parce que le progrès technique ne permet plus des gains de productivité aussi rapide qu'après guerre. C'est dans ce contexte que le néolibéralisme va s'installer durablement en occident des USA en Grande-Bretagne en passant par la France. Et l'arme des néolibéraux pour casser l'inflation sera la grande dérégulation économique.

 

La libération de la circulation des capitaux qui permettra d'échapper à l'impôt et donc de limiter les hausses d'impôt dans les pays qui le pratiquent sous peine de souffrir d'une fuite de capitaux. La concurrence fiscale fut un outil essentiel pour la destruction de l'état providence détesté par les idéologues libéraux. La libre circulation des marchandises qui vont mettre les systèmes sociaux en concurrence et donc tirer vers le bas les salaires en permettant à n'importe quelle entreprise de produire où elle veut et de vendre où elle veut. Et enfin la libre circulation des personnes qui permet de lutter encore une fois contre la hausse des salaires, mais cette fois également dans les emplois qui ne sont pas délocalisables. Cette triple camisole permet de casser la masse salariale et de faire exploser les taux de profit des entreprises. C'est à cette même époque que les bourses prennent une ampleur sans précédent à l'échelle planétaire. À la même époque, en 1972, pour favoriser la baisse des salaires et des prix, Richard Nixon trouvera un compris avec la Chine de Mao Zedong. L'ouverture des échanges commerciaux va permettre à la Chine de bénéficier des savoir-faire occidentaux, et le coût très bas de la main-d’œuvre chinoise va permettre de casser les prix de production et de mettre au chômage des millions d'Occidentaux.

 

Un capitalisme sans régulation n'est pas viable

 

Évidemment cela va avoir rapidement des effets néfastes sur la croissance occidentale. Les années 70 sont caractérisées par une forte hausse du chômage et par la baisse de la croissance économique un peu partout. La compression de la masse salariale distribuée provoquant une baisse concomitante de la demande. On constate en pratique que la dette en occident augmente à partir justement de cette époque. Car pour maintenir une certaine croissance économique, il va falloir que les états compensent la baisse tendancielle de la demande provoquée par la compression salariale et la hausse du chômage. Ce sera les années 80-90. Les USA s'endetteront à travers des programmes militaires et des subventions massives à certains secteurs. En Europe, on préférera le traitement social du chômage et de la misère consécutive au système dérégulé. Les inégalités augmentent surtout dans le monde anglo-saxon. Et les déséquilibres commerciaux commencent à vraiment fortement augmenter.

 

On peut dire que la seconde phase de la globalisation américaine a donc commencé en 1971 quand les USA abandonnent l'étalon or du dollar. Cette seconde phase s'accompagne également d'un élargissement puisque presque toute la planète va rentrer dans ce système économique qui devient réellement global avec la Chine qui se transforme petit à petit en usine du monde. Mais sans une intervention extérieure au marché et au capitalisme, ce système n'aurait jamais pu fonctionner. L'insuffisance de la demande globale liée à la compression des salaires distribuée en regard des gains de productivité aurait fait s'effondrer le système comme la crise de 1929 le fit du système de l'époque. C'est l'interventionnisme des états occidentaux et particulièrement celui des USA qui permit au système de continuer à croître. C'est l'endettement massif de l'état américain qui permit à la demande de se maintenir et aux Chinois, Japonais et Allemands de trouver des débouchés pour leurs exportations. Il est assez drôle d'entendre des libéraux hurler sur l'endettement des états lorsque l'on sait quand sans cela le système économique dérégulé aurait probablement rendu l'âme dès les années 80 dans une dépression massive.

 

Nous arrivons maintenant à la troisième et dernière phase de la globalisation américaine, celle qui signe sa fin. Cette troisième phase est le produit d'un libre-échange de très longue durée et qui a considérablement transformé les pays jadis industriels comme les USA ou la France. En effet, ces pays se sont massivement désindustrialisés et ont créé tout un système d'emploi d'occupation dans de multiples services à l'utilité douteuse en réalité. La crise du COVID a montré d'ailleurs la très faible utilité de l'emploi en occident. 80% des salariés pouvaient s'arrêter de travailler, mais les magasins étaient toujours remplis de victuailles provenant d'ailleurs. Preuve que l'emploi en occident est surtout une occupation sociale et de distribution de revenu avant d'être un emploi de production réel. Et à ce stade il ne s'agit pas de la productivité, mais bien de l'exploitation d'autres pays producteurs. Car il a suffi que la Chine ferme ses frontières quelque temps pour que tout le système globalisé craque et fasse vite remonter l'inflation.

 

Les USA sont redevenus exportateurs d'énergie primaire, et pourtant ils croulent sous des déficits commerciaux vertigineux

 

La montée des BRICS est une réaction à un système de domination qui n'a plus de raison d'être. En créant la globalisation, les USA et les Occidentaux ont eux-mêmes fabriqué leurs remplaçants. La Chine n'a aujourd'hui plus besoin des technologies occidentales. On peut même dire qu'aujourd'hui le rapport de force scientifique et technique s'est inversé. La seule chose qui permet encore aux USA de dominer est la finance et encore leur dollar qui sert de monnaie de réserve internationale. Mais il y a un énorme problème dont nous avons souvent parlé sur ce blog. La Chine a construit un système fondé sur les exportations et non sur un équilibre entre la production et la demande intérieure. La crise globale actuelle tient donc à deux gros facteurs. D'un côté les USA ne maîtrisent plus la globalisation, croulent sous les déficits commerciaux malgré leur nouvelle production énergétique, et paniquent face à la nouvelle puissance industrielle dominante. Ils essaient donc de rapatrier des productions sur des terres qu'ils contrôlent. Cependant, ils craignent les effets inflationnistes que cela pourrait engendrer. Donc ils ne réindustrialisent pas aux USA directement, mais sur des pays dominés comme le Mexique. Le protectionnisme actuel des USA s'explique ainsi. Il s'agit de nuire à la Chine et de favoriser les délocalisations vers les pays dominés ou « amis ».

 

Mais de l'autre côté, la Chine entre en déflation à cause de sa surproduction et de l'incapacité de la planète à absorber sa production. La Chine se retrouve un peu dans la situation des USA en 1945, mais sans en avoir conscience. Elle cherche malheureusement toujours à compenser sa surproduction par des exportations, ce qui mécaniquement entraînera des réactions d'hostilité des pays qui ne peuvent accepter d'accumuler indéfiniment des déficits avec eux. Et au milieu de tout ça, on voit l'Europe sans tête qui fait des politiques économiques coincer dans les illusions du modèle libéral des années 70-80 avec en plus des idioties en matière de politiques énergétiques qui aggrave encore la situation du continent.

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30 décembre 2024 1 30 /12 /décembre /2024 15:09

 

Pour ce dernier texte de l'année, nous reprenons brièvement notre analyse des propositions de Jacques Sapir pour sortir la France de crise. Même si nous allons le voir se cantonner à l'économie risque d'être insuffisant parce que notre pays et l'occident en général traverse une crise qui n'est pas économique en réalité, mais bien plus profonde que ça. Nous avons vu que Jacques Sapir propose en réalité le programme de l'autre Europe même s'il ne l'appelle pas comme ça. Il ne parle pas d'une sortie directe de l'UE et propose juste une sortie de l'euro. Comme je l'ai expliqué, je ne crois pas du tout à ce scénario. Cependant, je suis parfaitement d'accord avec Sapir sur la nécessité d'une forte dévaluation par la sortie de l'euro. Il a très bien expliqué les avantages et les inconvénients que cela aurait. Et nous avons vu que certains pays comme l'Islande ont traversé des turpitudes bien pire que celle qui nous attend tout en se redressant assez rapidement grâce aux dévaluations. Voilà de quoi rassurer concrètement les plus inquiets sur cette question. Évidemment dans l'histoire, il y aura des gagnants et des perdants.

 

Car l'objectif même des dévaluations est un choc de compétitivité. Il s'agit de favoriser les producteurs au détriment des rentes en particulier. Là je serais par contre en léger désaccord avec notre économiste puisqu'il dit que les rentes foncières, par exemple, pourraient échapper à l'effet de l'inflation causé par la dévaluation. Je dirais plutôt que les effets de la dévaluation dépendent totalement des politiques publiques. Il est par exemple évident qu'il faudra réindexer les salaires sur l'inflation, ce qui effraie les économistes néoclassiques embrumés par leurs idées reçues. Ils craignent en effet que ce mécanisme nourrisse l'inflation. Or en pratique les pays qui font cela comme la Belgique depuis un siècle n'ont pas eu plus d'inflation que la France. Du reste, la France elle-même l'a longtemps pratiqué. En utilisant cette astuce couplée à l'inflation, on peut réduire mécaniquement les inégalités massives qui se sont accumulées en France en particulier sur le patrimoine. Car de l'autre côté, nous pourrions également geler les loyers et les prix immobiliers pendant un certain temps  et laisser l'inflation réduire les rentes.

 

J'insiste sur cette question parce qu'il faut en parler, les rentes sont mauvaises par nature. Qu'elles soient financières, foncières ou techniques, elles finissent toujours par entraîner une paralysie de la société en empêchant la juste rétribution des efforts et du travail, tout en valorisant les rentiers. La France l'UE et les USA sont d'ailleurs en grande partie devenus d'immenses sociétés de rentiers ou ce n'est plus l'effort l'intelligence ou le travail qui paie, mais votre capacité à user de vos rentes et à les investir. Ce qui est drôle c'est que le passage d'une société de production qui était encore la nôtre en 1970 à celle de la rente fut le résultat de l'application des solutions libérales. C'est drôle parce que le libéralisme à l'origine était justement une théorie qui voulait lutter contre les rentes. Du moins, c'était l'objectif affiché. La concurrence par exemple était un mécanisme qui assurait la lutte contre les rentes. Sauf que la concurrence n'a qu'un temps et qu'à la fin le marché se réduit à quelques entreprises qui profitent vite de leur rente de situation.

 

Les immenses fortunes de la technologie aux USA ne sont en réalité qu'une collection d'entreprises rentières qui ont formé des monopoles mondiaux ou des cartels. Le plus gros exemple de ça étant Microsoft qui dort sur son Windows monopolistique. Si les libéraux se sont trompés sur les solutions, ils avaient en revanche raison sur le fond de l'affaire, les rentes sont mauvaises surtout si elles durent trop longtemps. Dès lors, une politique qui rebat les cartes sera toujours une bonne chose et l'inflation est en elle-même un mécanisme qui permet justement de rebattre les cartes si on l'utilise dans cette optique. Une indexation des salaires sur l'inflation couplée à une inflation importante et à un gel des augmentations sur tout un secteur comme l'immobilier permettrait en quelques années de réduire le trop grand écart qui s'est creusé depuis 25 ans entre les prix de l'immobilier et les revenus disponibles. Et ce ne serait que justice très franchement. Nous devons par la même rappeler que l'immobilier n'est pas un investissement productif pour une nation et que l'épargne serait mieux employée à être investi dans l'industrie et les capacités de production nationale.

 

Cela ne nous épargnera pas bien évidemment la nécessité d'une politique massive d'investissement dans le logement pour permettre aux jeunes de se loger à des prix raisonnables. Car il s'agit là sans doute d'une des grandes causes de la baisse des naissances. Avant d'avoir des enfants, il faut déjà pouvoir se loger correctement. Et plutôt que de nourrir les rentes foncières des boomers, il vaudrait favoriser l'intérêt des plus jeunes. D'ailleurs; une vaste politique familiale pour revenir au moins à deux enfants par femme me paraît être l'une des grandes priorités d'un redressement national. Donc comme nous le voyons, le simple fait de reprendre notre monnaie permet déjà de refaire de la véritable politique, pas du baratin destiner à plaire à la télévision comme le font nos politiques à l'heure actuelle. Mais la simple dévaluation ne suffira pas à elle seule à redresser l'économie du pays. Jacques Sapir se perd à mon sens dans son discours sur les simplifications administratives. C'est effectivement quelque chose que l'on devrait faire, mais à l'heure de l'informatique et d'internet il ne faut pas exagérément aggraver l'importance du problème.

 

Redonner du sens au collectif

 

Il aurait mieux valu qu'il parle du protectionnisme nécessaire à notre réindustrialisation à long terme, ce qu'il n'a pas fait. En réalité, il n'a pas vraiment abordé les questions de fond, en particulier la question du sens de notre société et notre avenir. Pour l'instant la France et l'occident en général sous domination américaine se laissent flotter sur le modèle imposer par l'empire américain particulièrement depuis les années 70. L'effondrement de l'URSS a rendu l'occident pauvre en idée. C'est-à-dire que la disparition de l'URSS qui était un modèle théoriquement opposé à celui de l'occident a fait également disparaître l'altérité et la possibilité de penser le monde et l'organisation autrement que par le capitalisme néolibéral américain. Pour l'Europe ce fut une catastrophe parce que l'Europe avait globalement choisi une voie originale entre le capitalisme dérégulé anglo-saxon et le modèle soviétique. Depuis l'effondrement de l'URSS, nos élites n'ont eu de cesse de vouloir nous imposer un modèle anglo-saxon jugé supérieur à tous les autres. Ce qui est hautement discutable en réalité même si l'on regarde sur les simples critères économiques.

 

Aujourd’hui, l'occident se retrouve en quelque sorte avec la gueule de bois produite par ce modèle néolibéral. Les USA se réveillent et affaiblit, ils se pensaient maîtres du monde et modèles absolus et ils découvrent avec stupeur que la Chine les dépasse même sur les technologies qu'ils pensaient être leur avantage pour éternité grâce à leur rente de situation et à l'écrasement de leurs vassaux. En fait pendant que l'occident dormait dans son univers feutré fait de dérégulation brutale, et de financiarisation, garantissant des rentes immenses à des milliardaires, le reste monde a inventé ses propres modèles. Et la Chine en particulier a trouvé à son tour une voie qui n'est plus communisme, mais qui n'est pas non plus du néolibéralisme. On peut même difficilement décrire la Chine comme une entité capitaliste tant l'état pèse sur l'organisation économique. Si aux USA on met les milliardaires au pouvoir parce qu'ils achètent littéralement les élections, en Chine on les met en prison quand ils agissent contre l’intérêt national. Une véritable leçon de vie si je puis dire.

 

Mais en réalité, il n'y a pas qu'un ou deux modèles possibles, mais une infinité de variantes imaginables. Cependant, l'univers de l'occident s'est fortement rétréci depuis qu'on a laissé l'Oncle Sam écrire notre propre histoire à notre place. Pour nous sortir de notre morosité et notre déclin, nous devons en tant que peuple réapprendre à penser par nous même, créer par nous même, produire par nous-mêmes. Ce n'est qu'à cette condition que nous sortirons réellement de notre marasme et de notre effondrement. Que les USA aient peur d'autres modèles de société qui réussissent sans être le leur parce qu'ils pensent qu'ils ont une destinée manifeste, cela les regarde. Nous français, nous pouvons accepter d'être ce que nous sommes, dans la voie que nous avons choisie, sans avoir peur des peuples qui choisissent d'autres voies. Plus qu'une question économique, il s'agit de reprendre notre destin en main en sortant de l'UE, mais aussi en rompant avec l'américanisme débilitant qui ronge notre société. Désaméraniser la France sera l'une des grandes nécessités pour le redressement.

 

Pour revenir au sujet plus trivial de l'économie, la politique de réindustrialisation devra accompagner une stratégie visant à une plus grande autosuffisance sur tous les secteurs. Je dis bien tous les secteurs. Il s'agit là d'un objectif à très long terme , au moins une génération. Il faudra non seulement réduire nos dépendances pour les matières premières en investissant dans des alternatives françaises par exemple. Notre pays a d'immenses ressources sous-marines et terrestres totalement non exploitées. Ou développer des technologies nous permettant de nous passer des importations le plus que possible. L'objectif à mon sens est de dépendre le moins possible de technologie ou de matière première étrangère. C'était la stratégie de de Gaulle au fond. Le nucléaire par exemple était un moyen de moins dépendre des pays pétroliers. Nous aurions dû accélérer dans cette voie, mais la trop longue parenthèse libérale nous a fait dévier de ce juste chemin. Plus profondément, il faut expliquer aux Français que le but de cette autonomisation de notre économie n'est pas juste une question économique et d'indépendance. Il s'agit de permettre aux Français de véritablement choisir la société dans laquelle ils vivent.

 

Voulons-nous une société très inégalitaire, mais très compétitive ? Super innovante, mais très injuste, comme en rêve beaucoup de libéraux qui ressemble de plus en plus aux nazis quand on écoute des « penseurs » comme Yuval Noah Harari. L'accumulation de technologie et d'objet donne peut-être un sens à la vie de certains, mais est-ce vraiment ce que nous voulons ? L'idée prépondérante qui doit être la nôtre c'est que rendre la souveraineté nationale au français va d'abord leur permettre de construire une société à leur image. L'une des causes du malheur des peuples d'occident vient du fait qu'on leur a imposé d'en haut un modèle qu'en réalité ils n'ont pas choisi. Le libre-échange, la globalisation a imposé à nos sociétés des choix économiques et politiques sans choix démocratique. C'est cela qui a produit cette impression d'impuissance et cette rage qui aujourd'hui s'enflamme un peu partout. La souveraineté nationale loin d'être simplement une orientation économique est aussi et surtout la prémisse naturelle de la démocratie. Une fois souverains, les Français créeront la société qu'ils voudront. Et peu importe si elle est moins efficace économiquement ou scientifiquement que celle des autres, ce sera la leur et c'est tout ce qui importe en réalité. Si les Français préfèrent travailler pour vivre que vivre pour travailler ce n'est pas aux Américains ou aux Chinois de nous imposer ce choix. Or la globalisation a justement imposé le choix par l'effet de concurrence des systèmes sociaux politiques. La limitation de la concurrence internationale et le retour des frontières sont à mon avis les seules choses qui puissent en réalité permettre à autant de peuples aux envies et aux traditions si différentes de coexister. Et c'est à long terme le seul moyen pour réellement redresser le pays, en faisant en sorte que nos citoyens se sentent à nouveau chez eux en France.

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26 décembre 2024 4 26 /12 /décembre /2024 15:34

 

Pour cette fin d'année, et pour Noël, Jacques Sapir a fait un interview avec Georges Kuzmanovic, le président du parti souverainiste de gauche République Souveraine. À l'occasion Jacques Sapir nous a fait quelques propositions en vue de redresser le pays si par le plus grand des hasards des dirigeants bien intentionnés y arrivaient, ce qui n'est vraiment pas gagné, il faut bien l'admettre malheureusement. Vous pouvez librement voir cet interview sur la chaîne de République Souveraine, Fréquence populaire. Alors bien évidemment je souscris une grande partie des arguments de Jacques Sapir, même si vous allez le voir je le trouve trop timoré sur bien des points, et je pense qu'il se trompe sur quelques autres. Après tout ceci est un peu sujet à spéculation puisque dans la politique comme ailleurs il y a toujours un écart assez grand entre la théorie et la pratique. C'est d'autant plus vrai en politique qu'il y a tout un tas de paramètres à prendre en compte qui ne concerne pas forcément les sujets sur lesquels nous raisonnons. Les contraintes purement politiques par exemple peuvent souvent empêcher de vrais politiques d'intérêt général. Les rapports de force interne et externe compte énormément et l'on ne peut pas toujours faire ce que l'on veut.

 

Sans oublier les événements aléatoires qui peuvent aussi produire des variations dans les stratégies à adopter. S'il y a une chose à véritablement rejeter dans les classes pratiques politiques actuelles c'est l'entêtement dans l'idéologie et l'incapacité à s'adapter au monde réel et à adapter ses idées à cette réalité. Bien diriger la France demandera avant tout du pragmatisme sur tous les sujets et non une action aux idées totalement préconçues, quelles qu'elles soient. La première proposition de Jacques Sapir s'est fait étonnement sur les questions d'organisation du pouvoir. Ce dernier a préconisé un changement dans le fonctionnement gouvernemental par la création de trois ou quatre grands ministres regroupant actuellement divers ministères. Je dois avouer ne pas savoir s'il s'agit là d'une question d'importance. L'organisation en elle-même ne m'ayant jamais véritablement intéressé pour tout vous dire. Il est par contre dommage que Jacques Sapir n'en ait pas profité pour parler de l'organisation de la cinquième république. Il semblerait que les Français pensent de plus en plus à une nouvelle constitution. Avant cela il faudrait peut-être penser simplement à rendre à la constitution actuelle son sens premier. Là par contre Sapir en parle à travers l'usage des référendums. Et il est clair que depuis le viol du référendum de 2005, quelque chose d'important s'est cassé en France en matière démocratique.

 

Donc tant qu'à parler d'organisation il est clair que réutiliser la constitution telle qu'elle a été pensée à l'origine permettrait peut-être de redresser la barre. À dire vrai je vois très mal la France actuelle et ses « élites » être capables de réécrire une constitution correcte qui ne soit pas remplie par un amoncellement d'idioties à la mode. On l'a vu récemment avec l'introduction de l'avortement dans la constitution, une chose qui n'a absolument rien à y faire, qu'on soit pour ou contre l'avortement. Une constitution n'est pas une loi, c'est un cadre qui organise l'exercice du pouvoir, rien de plus et rien de moins. Pas un lieu où l'on impose toutes les lubies du moment. Donc plutôt que d'abandonner totalement la cinquième république, il me semble qu'on devrait d’abord essayer de la sauver. Cela passe par un retour au septennat et peut-être à l'imposition de certaines règles qui étaient implicites sans être écrites à l'époque de De Gaulle, mais qui ont été ignorées par les olibrius qui lui ont succédé. Par exemple, un président qui perdrait une élection législative après une dissolution de son fait devrait automatiquement perdre son mandat. Ce n'est qu'un simple exemple.

 

Le préalable à la sortie de l'euro et l'UE

 

Mais revenons au cœur du sujet d'aujourd'hui, le redressement français. Jacques Sapir attaque directement sur l'une des questions centrales, la sortie de l'euro. L'euro est l'un des grands facteurs des difficultés macroéconomiques françaises. On le sait depuis longtemps. La France n'est pas la seule dans ce cas d'ailleurs. La pauvre Italie a par exemple encore plus souffert que nous de la monnaie unique, ce pays n'a plus de croissance depuis la fin des années 90. Il rappelle au demeurant qu'il y a des pays qui sont effectivement membre de l'UE, mais pas membre de l'euro c'est le cas de la Suède ou du Danemark par exemple. On remarque d'ailleurs assez rapidement que les pays qui sont dans l'UE, mais pas dans l'euro ont eu une meilleure croissance et ont plus vite récupéré des crises comme celle de 2008. D'autre part, un pays comme la Pologne qui est dans l'UE, mais pas dans l'euro a largement bénéficié de cette situation, car elle avait en plus l'avantage des bas salaires ce qui lui a permis de drainer une grande part de l'industrie des anciens pays développés de l'ouest. Comme nous l'avions vu il y a quelque temps dans ce texte, les pays de l'Est deviennent commercialement aussi problématiques que l'Allemagne pour l'ouest. Nous avons littéralement subventionné notre propre désindustrialisation à travers les mécanismes de l'UE et de l'euro.

 

Donc on le voit, la sortie de l'euro est un préalable au redressement économique et Jacques Sapir l'explique très bien. Cependant, je pense qu'il se trompe sur le fait que la sortie de l'euro de la part de la France sera une espèce de scandinavisation de la situation européenne de la France. Si l'UE a accepté cette situation pour les pays scandinaves par exemple c'était pour plusieurs facteurs. Le premier est qu'il s'agit de petit pays. Entendons bien, petit sur le plan démographique et économique. La Suède au sens géographique est d'ailleurs un assez grand pays. Mais ce sont des pays qui ne sont pas membre fondateur de l'UE. Le Danemark est rentré dans la CEE en 1973 en même temps que les Anglais et les Suédois nous ont rejoints en 1995, peu de temps avant l'euro en fait. À l'inverse la France fait partie des membres fondateurs et c'est le second contributeur net au sein de l'UE. Ensuite, les pays non membres de l'euro n'ont jamais été membres justement. Ils n'ont pas eu à en sortir, personne jusqu'à présent n'est sorti de l'euro. La sortie d'un membre de la zone euro va mécaniquement déstabiliser cette zone monétaire, surtout un membre aussi important que la France. La zone déjà trop excédentaire commercialement se retrouverait avec un excédent encore plus important, ce qui pourrait produire une hausse importante de la valeur de l'euro. Chose qui pourrait nuire à certains membres restants comme l’Italie.

 

Et j'en viens donc au dernier argument. D'autres pays seront nécessairement tentés par la sortie de l'euro si la France part, à commencer par l'Italie l'autre grande victime de cette monnaie stupide. Donc l'hypothèse de Sapir d'une France sortant de l'euro, mais restant dans  l'UE me paraît peu crédible en fait. Je pense que l’enchaînement des événements fera mécaniquement imploser une institution qui ne tient plus que par les menaces contre ses pays membres. N'oublions pas non plus que les partis anti-UE grimpent fortement en Allemagne, c'est le moins que l'on puisse dire. Du reste, l'UE c'est un peu comme le vélo, si on n’avance pas on tombe. La fin de l'euro suite à cet enchaînement aura un impact sur toute la volonté européenne. Cette mécanique folle qui avancent toute seule, sans les peuples depuis des décennies, ne survivrait pas, je pense, à la fin de son aboutissement logique qu'était la monnaie unique. Car la monnaie unique c'était pour ses créateurs le moyen de mettre définitivement fin aux États-nations en créant un état fédéral. C'est d'ailleurs assez paradoxal de voir cette fuite en avant fédérale au moment même où les difficultés du continent liées justement à cette construction s'accumulent. La fin de l'euro sera donc la fin de l'UE et la fin de l'Europe de Monnet et Schuman. Le fantasme européen qui date en réalité des deux guerres mondiales est qui est passablement anachronique aujourd'hui.

 

Donc non, il n'y aura pas d'UE sans l'euro pour la France. La sortie de l'un produira mécaniquement la sortie de l'autre. Autant sortir des deux immédiatement. Pour ce qui est des effets des dévaluations, Sapir explique ensuite très bien les effets. Effectivement, les dévaluations renchérissent les importations, mais elles favorisent aussi les exportations. Le but étant de rééquilibrer notre balance commerciale et de réindustrialiser. En gros, une dévaluation a les mêmes effets que des droits de douane sur les importations couplées à des subventions gratuites pour l'état aux exportations. Les produits locaux coûtent moins cher pour les étrangers. Rappelons ici qu'en 1958 pour redresser la situation économique désastreuse liée surtout à la guerre d'Algérie, De Gaulle et le président de la banque de France de l'époque dévalue le franc à deux reprises. Une première fois de 20% puis une seconde fois de 17,5% la même année, des mesures phares du plan Pinay-Rueff. Ce qui est drôle c'est qu'à cette occasion on crée le nouveau franc, dis le franc « lourd », qui vaudra 100 anciens francs. La dévaluation permettra de redresser l'économie, mais il faut bien voir que la situation internationale était assez différente d'aujourd'hui. Plus proche de notre époque, l'Islande, dont je parle souvent, a dévalué de 70% en 2008. Bien plus que les dévaluations qu'on imagine nécessaires pour la France qui se situe autour de 20%. Et bien l'Islande a connu une inflation maximale de 12% puis une baisse rapide en trois ans environ. Sa balance commerciale a vite repris des couleurs et la croissance est repartie, contrairement à la Grèce qui elle avait fait le choix de rester dans l'euro et de ne pas dévaluer. On connaît la triste suite pour ce pays. Mais nous continuerons à parler de tout ceci dans la seconde partie.

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23 décembre 2024 1 23 /12 /décembre /2024 14:22

 

Le spectacle politique français est chaque jour plus navrant. Je ne suis pas le seul à le constater bien évidemment, mais alors que l'on pense avoir touché le fond les politiciens français arrivent encore à creuser. Il ne fallait pas attendre grand-chose des tambouilles d'Emmanuel Macron pour garder sa petite autorité provinciale. Il a donc remplacé un eurolibéral centriste par un autre eurolibéral centriste dans la personne de François Bayrou. Un sinistre personnage qui a passé sa carrière au centre et à la démolition des intérêts du pays. Il faut peut-être le rappeler aux plus jeunes qu’il fut membre d'un triste parti politique appelé l'UDF. Un parti fondé par Valéry Giscard d'Estaing, le grand fossoyeur de la politique gaulliste et des intérêts nationaux français. Ce fut le parti de l'Europe bien avant le macronisme et avant l'européisme béat de la gauche mitterrandienne . Et ce groupe politique qui a fait du centre son commerce officiel, on avait en réalité affaire à de vrais extrémistes. Un extrémisme qui aujourd'hui transparaît beaucoup plus fortement maintenant que les Français prennent en pleine figure les conséquences à long terme de leur idéologie.

 

Car j'insiste sur cela, le centrisme n'a de centriste que le nom. Ils ne sont pas centristes au sens où ils seraient entre deux courants entre lesquels ils ne sauraient choisir de façon tranchée. Le centrisme politique n'est pas un pari pascalien entre la droite et la gauche. Ils sont avant tout porteur d'un courant antifrançais. Un rejet de la nation qui a trouvé dans l'Europe une échappatoire à la question nationale qui les tracassait tant. Ils n'ont jamais ouvertement craché sur la France, mais susurré lentement leur poison idéologique de la haine nationale et des vertus germano-européennes. Car c'est aussi un autre aspect de ce centrisme, un amour étrange pour l'Allemagne décorée de toutes les vertus. De là à penser que le centre était un refuge pour pétainiste, nous n'irons pas jusque là, mais il y a clairement chez eux quelque chose de germanique dans leur façon de voir le monde, et de très étranger à la vision française dans son ensemble.

 

On peut voir dans le centre un vote qui colle assez aux familles souches présentes dans une partie de la France en particulier en Alsace-Lorraine ou dans le sud-ouest. Si l'on regarde les anciennes élections de 2002 et 2007 par exemple, on voit effectivement une correspondance géographique. C'est d'ailleurs ce qu'avait naguère analysé Emmanuel Todd, l'européisme était fort là où le christianisme était zombi selon sa propre définition. Et il était encore zombi dans les régions souches pour l'essentiel en France. L’Europe a constitué une espèce d'idéologie de substitution à l' effondrement de la croyance religieuse. Et comme ces régions son anthropologique proche du monde germanique, elles ont eu les mêmes passions pour l'autoritarisme. L'ordolibéralisme qui a son origine l'Allemagne et qui est un libéralisme de type autoritaire avec un état qui ne régule pas le marché, mais l'arbitre tel un juge est l'une des émanations modernes de la pensée économique allemande dans un monde dominé par l'autre version du libéralisme, le néolibéralisme anglo-saxon.

 

Si cette idéologie qui monte en puissance dans les années 70 arrive à prendre le pouvoir c'est probablement parce que ses défenseurs ont la foi en quelque sorte alors que leurs opposants sont probablement déjà entrés dans ce que Todd a appelé l'état zéro, celui de la non-croyance absolue. Le centrisme français actuel c'est donc en quelque sorte le résidu d'un dernier sursaut de croyance collective, mais qui était en réalité dans son fondement en opposition avec la tradition historiquement majoritaire du pays. Pendant toute la période des années 70-90, nos élites influencées par ces dogmes ont cherché à faire de la France une Allemagne bis. L'indépendance de la banque de France, le Franc fort, l'euro, le marché unique, tout ceci, au-delà de l'intérêt pour les rentes financières ou autres, avait surtout comme but de réaliser leur fantasme d'une France germanisée. L'euro fut la dernière pierre de l'édifice, il fallait priver totalement les Français de toute possibilité de faire autre chose que des politiques économiques ordolibérales. La monnaie est un indice important de leur orientation, car ils n'ont pas de plus grande peur que celle de la dévaluation, comme leur modèle allemand.

 

Diriger une eurorégion n'a guère d'intérêt

 

Évidemment comme toute idéologie cela finit par se fracasser sur le réel qui a la fâcheuse tendance à ne pas vouloir rentrer entièrement, et même parfois pas du tout dans le cadre de nos idées. L'UE est un véritable désastre n'en déplaise aux médias et aux penseurs de plateau télé. Tous les chiffres sont mauvais et la zone euro est depuis très longtemps la région du monde avec la plus faible croissance économique. Or plus nous accumulons d'expérience sur ce désastre, moins nous entendons formuler de critiques à l'encontre de la construction européenne. Je parle bien évidemment de la presse officielle et des médias de masse. Plus nous nous éloignons de la date de la mise en place de l'euro et moins il y a de questionnement sur ce choix pourtant visiblement suicidaire de la classe politique française. Alors pourquoi est-ce que je parle de ceci alors que le sujet aurait dû être la formation du nouveau gouvernement  me direz-vous ?

 

C'est que l'absence de débat de fond explique en réalité en grande partie la situation du pays. Que voit-on ces derniers jours ? Des hommes politiques qui se battent pour des places de ministère avec un Bayrou grotesque qui négocie chaque place avec un plat de lentille politique. Est-ce que tout ceci va résoudre la dette publique ? Non. Est-ce que toute cette tambouille va réindustrialiser le pays ? Non. Est-ce que quand même cela réduira nos déficits commerciaux ? Non . Est-ce que ce gouvernement comme tous les précédents a les outils pour commencer à résoudre nos problèmes économiques et politiques ? La réponse est non puisque tous les outils politiques comme la monnaie, la politique commerciale et la finance ont été transférés vers la Commission européenne et la BCE. Comprenez bien que le type que monsieur Macron a mis comme Premier ministre est l'un des membres d'un parti politique qui a passé tout son temps pendant près de 50 ans à démolir les capacités d'action de l'état français. C'est un moment assez cocasse finalement que de voir cet olibrius s'agiter en croyant avoir enfin le pouvoir alors qu'il a participé à transférer le pouvoir ailleurs.

 

Le fond de l'affaire c'est que tout ceci n'a aucun intérêt en réalité. Il n'y a plus aucun pouvoir à Paris. Seule une rupture franche avec l'UE et l'euro permettrait réellement de renouer avec la politique. Pour commencer à réellement agir encore faut-il avoir réellement les mains sur le volant. Mais cela, ils ne le veulent pas. Et surtout pas les centristes qui ont fait tant d'efforts pour donner le volant de la France aux Allemands ou à d'autres. Il est plus que temps de faire enfin le bilan de la construction européenne pour la France et par la même occasion de faire le procès du centrisme et de son idéologie.

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12 décembre 2024 4 12 /12 /décembre /2024 14:56

 

Une information vient de passer subrepticement en provenance du Japon. La ville de Tokyo vient en effet de mettre en place une nouvelle politique visant à redresser la natalité locale. Elle va rendre gratuites les places en crèche. Si cela paraît assez anecdotique comme information, c'est tout de même un changement assez fort pour un pays qui reste terriblement traditionaliste sur les questions familiales. Il ne s'agit bien évidemment que d'une mesure dans une ville, mais quand on connaît le poids de Tokyo au Japon on imagine bien que le reste du pays finira par suivre. Il faut dire que le Japon est désormais au pied du mur. Contrairement aux Européens et à des pays comme l'Allemagne qui n'ont pas voulu affronter le problème, les Japonais ne font pas massivement recours à l'immigration pour compenser leur effondrement démographique. Or à l'heure actuelle le Japon perd 500000 habitants par an et cela va s'accélérer. Et si certains ont longtemps peint le Japon comme un pays avec un problème économique, ce n'est plus vrai. Le Japon a maintenant surtout un problème démographique qui se traduit bien évidemment en problème économique.

 

En effet, une réduction mécanique de la population fait naturellement décroître la consommation et les activités de production. Difficile d'avoir une croissance économique quand le nombre de consommateurs et de travailleurs potentiel diminuent. Keynes fut un précurseur sur cette question, car il est l'un des premiers économistes à avoir réfléchi aux conséquences d'un déclin démographique sur l'économie d'un pays. Il fut précurseur parce qu'à l'époque où il écrivit ses réflexions sur ce sujet le monde connaissait bien au contraire une croissance démographique importante. Mais Keynes avait bien suivi les évolutions en Grande-Bretagne et il voyait bien la tendance baissière sur le plan de la fécondité. En prolongeant les tendances, il en a vite conclu qu'un jour ou l'autre la fécondité baisserait sous le seuil de renouvellement des générations et donc produirait une baisse de la population à longue échéance. Ce phénomène s'est produit en Europe et aux USA dans les années 70. Une période qui fut réellement charnière, car bon nombre des problèmes que nous connaissions aujourd'hui viennent étrangement pour une très grande part de cette décennie étrange.

 

Keynes montra sans son essai : « Quelques conséquences d'un déclin de la population » que la croissance de la population avait contribué au moins pour moitié à la croissance économique générale de la Grande-Bretagne au 19e siècle. Le progrès technique et organisationnel qui produisirent les gains de productivité ne fournit donc que la moitié de la croissance économique réelle. Chose qu'il est assez facile d'admettre lorsque l'on connaît l'histoire du déclin relatif français. Alors que la France suivait la Grande-Bretagne sur le plan de l'industrialisation, elle n'était pas aussi dynamique. Et pour cause sa démographie était largement stagnante. Un coup d’œil à l'évolution des populations montre au fond le changement qu'ont connu les rapports de force sur le continent européen. Pendant très longtemps la France était de loin le pays le plus peuplé du continent. Mais à partir de 1750 le pays connaît la première transition démographique de la planète entraînant une perte de poids très rapide. Rendez-vous compte, en 1800, la France est trois fois plus peuplée que la Grande-Bretagne, seule la Russie la dépasse de peu avec 31 millions d'habitants contre 29 en France. Mais en 1900 La France est alors moins peuplée que l'Allemagne, la Grande-Bretagne et beaucoup moins que la Russie.

 

 

Donc on le voit bien, cette réalité démographique a bien évidemment un poids énorme sur les évolutions économiques et la croissance générale. La déconnexion que nous avons connue entre l'évolution économique et la démographique est en fait assez récente, c'est la période justement d'industrialisation qui a permis à certains pays précoces comme la Grande-Bretagne puis les autres pays d'Europe de peser bien plus lourd dans l'économie mondiale que ce qu'ils représentaient démographiquement. Mais comme l'a souligné Jacques Sapir dans son dernier livre consacré aux BRICS cette période est terminée. Avec la globalisation, les Occidentaux ont en fait perdu le secret de leur domination. Le savoir technique et scientifique s’est répandu sur toute la planète. La hausse du niveau d'instruction un peu partout accélérant cette transition. Le monde va petit à petit reprendre les équilibres géopolitiques d'avant la révolution industrielle à savoir que le poids de chaque pays correspondra de plus en plus à son poids démographique planétaire.

 

Un problème qui va devenir planétaire

 

Le Japon a désormais conscience de son problème démographique et commence enfin à vouloir sortir de sa torpeur en la matière. Rien ne dit que cette politique fonctionnera. Il faut bien admettre que nous ne savons pas nécessairement pourquoi les gens dans leur masse font ou ne font pas d'enfants. Mais créer des conditions de vie plus favorables pour les familles ne pas avoir d'effet négatif sur cette question. Même si dans le cas japonais il reste encore beaucoup à faire pour arriver ne serait-ce qu'au niveau des standards moyens en Europe. L'école coûte cher au Japon et il est très difficile pour les femmes de concilier travail et vie de famille. À tel point que les femmes choisissent généralement le travail ou la famille. Il est assez courant qu'une femme arrête simplement de travailler lorsqu'elle a un enfant. C'est d'ailleurs pour cette raison que les femmes japonaises sont si regardantes sur les revenus de leur futur conjoint. En tout cas de manière bien plus ouverte que dans d'autres pays. Il faut impérativement que le salaire de l'homme seul suffise à subvenir aux besoins d'une famille. Chose qui est de plus en plus rare au Japon, la globalisation et la grande stagnation depuis la bulle des années 80, ayant passablement abîmé le niveau de revenu des salariés japonais.

 

N'oublions pas que si nous avons l'Allemagne comme concurrent direct, avec l'Europe de l'Est comme usine. Le Japon est entouré de puissance montante. Le Japon a ainsi fortement délocalisé en Chine, et avant cela en Corée du Sud. Sans parler du reste de l'Asie qui monte. Pas de quoi favoriser à long terme le Made in Japan. Ce pays paie en quelque sorte le prix d'avoir été un peu trop précurseur dans la région que ce soit au plan industriel ou démographique. Mais cette évolution, nous le savons, ne fait que préfigurer une évolution plus générale. La Chine est d'ores et déjà soumise aux effets du vieillissement. Les jeunes sont de moins en moins nombreux à rentrer sur le marché du travail. Les derniers chiffres sur la consommation de pétrole montrent également les effets du ralentissement économique chinois dont on avait déjà parlé précédemment. Ce pays ayant construit un modèle exportateur qui n'a plus de sens depuis qu'elle est la première puissance économique du monde. Le Japon montre donc un peu ce que sera la Chine puis le reste de l'Asie dans 20 ou 30 ans. Reste à savoir s'il pourra redresser sa natalité plus ou moins rapidement.

 

 

Rappelons que les pays comme la France ou les pays scandinaves ont des politiques familiales assez généreuses. Jusqu'à il y a quelques années, ces pays connaissaient effectivement une natalité moins mauvaise qu'ailleurs, en particulier en France. Mais la baisse très rapide des naissances en France semble mettre cette logique en défaut. Même s'il faut rappeler que les politiciens français, en particulier Hollande, ont cassé en partie ces politiques. En tout cas si la politique peut peut-être redresser la situation il ne faut pas hésiter à faire dans l'original si je puis dire et à tenter des choses nouvelles même si l'on se trompera sûrement quelquefois. Le plus important, je pense, est de construire réellement une société qui rassure les parents et qui leur permet de se projeter dans l'avenir. Il est clair que sur ce plan la seule politique familiale ne pourra pas par exemple compenser les imbécillités macroéconomiques que nos dirigeants ont faites depuis 50 ans. L'instabilité de l'emploi, les logements trop coûteux sont autant de choses délétères pour la natalité et la projection dans l'avenir. D'ailleurs, ne nous étonnons pas si l'effondrement de la natalité en occident a accompagné l'ouverture au commerce international. Les fermetures d'usines dans les années 70-80, ce n'était pas simplement des fermetures d'usines, mais aussi des vies et des familles brisées et donc une baisse des naissances inéluctables.

 

Le redressement des démographies de nos pays ne pourra pas se faire tant que nous laisserons tant de gens dans l'indigence. Une politique économique qui ne s'inquiète que des rendements pour les actionnaires et des revenus pour les 1% d'en haut ne peut pas se plaindre ensuite des conséquences collectives en matière de démographie. La chimère de l'immigration se fracassant de plus en plus ouvertement sur le mur de l'islam conquérant, il ne reste plus qu'à refaire des bébés. Mais pour ça il faudra inéluctablement remettre le capital sous clef et les entreprises dans le cadre de l'économie nationale. On ne peut plus dissocier la démographie de la question économique comme nous l'avons fait trop longtemps.

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9 décembre 2024 1 09 /12 /décembre /2024 15:09

 

On commence par une citation latine, ce n'est pas commun sur ce blog. Célèbre locution dont la traduction est très connue « L'erreur est humaine, persévérer [dans son erreur] est diabolique ». Pourquoi est-ce que je commence mon propos par cette citation, c'est en référence bien évidemment par ce qui vient de se passer en Syrie. Comme à la grande époque des printemps arabes, voilà nos médias qui se gargarisent de la chute du méchant dictateur local en présentant tout cela comme un immense espoir démocratique. Il faut dire que depuis l'élection de Trump, et la mise en déroute de l'armée ukrainienne, les médias atlantistes commençaient à sérieusement broyer du noir. Et ne rajoutons pas dans l'affaire la question de Macron et de ses échecs politiques massifs. L'effondrement du gouvernement Barnier confirmant l'instabilité politique française dont nous avons parlé rapidement dans le dernier texte de ce modeste blog.

 

L'affaire syrienne est en quelque sorte une aubaine, un moyen de remonter le moral des troupes du globalisme et de l'impérialisme américain qui était très mal-en-point. Nous avons donc à nouveau tous les discours sur la démocratie au Moyen-Orient et toutes les inepties qui furent longtemps ânonnés par nos dirigeants sur cette région du monde que nous aurions bien mieux fait de laisser tranquille ces 20 dernières années. On voit même l'un des grands artisans de l'instabilité géopolitique locale, monsieur François Hollande, nous donner son avis sur les discours encourageants du nouveau futur dictateur islamiste local. On nous ressort les thématiques sur les extrémistes musulmans modérés. On le voit donc, l'engouement autour de la chute du régime syrien ne tient pas tant de la rationalité géopolitique avec l'idée de nuire à l'Iran derrière, que d'un effet de redressement momentané des forces de l'impérialisme américain et de ses vassaux. Au passage, n'oublions pas le rôle majeur de la Turquie et même d'Israël dans l'affaire. Israël, la nation qui peut bombarder tous les pays qu'elle veut parce qu'elle est une gentille démocratie qui est surtout du bon côté, celui de Washington.

 

Alors le bon sens bien évidemment nous incite bien logiquement à être beaucoup moins enthousiastes que nos dominants sur l'affaire. Car si l'on pouvait douter de l'efficacité de la politique de la canonnière pour créer des régimes démocratiques dès l'intervention US en Irak en 2003, l'expérience montre depuis plus de vingt ans maintenant que la chute des régimes dans les pays musulmans par des puissances extérieures produit surtout de nouveaux régimes bien plus dangereux pour les locaux et pour le monde. Et ce n'est pas le nouveau locataire du pouvoir et son CV dramatiquement islamiste qui vont nous convaincre du contraire. Ce ne sont pas non plus quelques discours qui nous convaincront. Encore une fois, cela s'est passé de la même manière en Libye, en Irak, en Afghanistan, etc. La démocratie ne s'impose pas de l'extérieur et encore moins dans des pays où il y a une faible unité culturelle, linguistique et religieuse. Car la démocratie nécessite une unité collective. Celui qui gagne ou qui perd une élection doit le faire pour l'ensemble de la population et pas seulement sa tribu. Or il s'agit de quelque chose de complexe qui ne peut aboutir qu'au bout d'un long processus d'unification nationale qui bien souvent n'a jamais eu lieu dans ces pays. Un coup d’œil aux ethnies vivant en Syrie montre la fragmentation territoriale. Même chose sur le plan religieux, même si l'hétérogénéité est ici plus faible.

 

 

 

Cette faible hétérogénéité religieuse pouvant d'ailleurs expliquer les montées de l'islamisme dans les sociétés arabes modernes. En effet, quand il n'y a pas d'unité linguistique et ethnique, il ne reste plus que l'unité religieuse pour pourvoir à un semblant de cohérence nationale. On peut ici en conclure que le seul ciment dans la région étant la religion, la « démocratisation » des pays de cette région devient rapidement intolérante sur le plan religieux, les minorités étant considérées comme inassimilables dans le processus national. Nous voyons chez nous la démocratie comme quelque chose de merveilleux alors qu'elle a en elle une forte capacité à l’intolérance, car elle nécessite une adhésion minimale de toutes les composantes de la société aux prémisses qui permettent le vivre ensemble démocratique. Dans une démocratie le perdant de l'élection doit se sentir suffisamment solidaire du gagnant pour obéir aux résultats. Un système monarchique ou féodal peut très bien tolérer les fortes différences et faire des lois différentes pour les différentes strates d'une société. La démocratie égalitaire en est incapable en réalité en dehors de certaines limites. La démocratie française elle-même fut accompagnée d'une chasse méticuleuse et violente de toute forme de différence linguistique par exemple. La république a uniformisé le pays comme il ne l'avait jamais été. Pourquoi? Parce que sans cela certaines identités auraient pu rejeter la démocratie française en appelant à l'indépendance par exemple au nom même des principes démocratiques et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. La démocratisation des sociétés du Moyen-Orient fonctionne en faîte avec l'islamisation de ces sociétés, comme un processus qui se nourrissent l'un l'autre. Le Moyen-Orient n'est pas l'Europe où des nations qui étaient très homogènes sur le plan linguistique et culturel s'étaient formées après moult guerres. Et après l' effondrement de beaucoup d'empires, faut-il le rappeler ?

 

Pourquoi font-ils autant d'erreurs ?

 

On peut dès lors craindre que cette affaire syrienne ne devienne qu'un nouveau foyer pour l'islamisme radical, une fois les nécessaires mensonges de communication pendant que le nouveau pouvoir s'installe seront finis. La Syrie pourrait alors devenir un énorme problème pour l'Europe puisque ce pays est proche et qu'en plus il sera très vraisemblablement protégé par la Turquie alliée. Une véritable base arrière géante de l'islamisme radical aux portes de l'Europe. La méditerranée n'étant pas vraiment une mer infranchissable. Il est donc assez étonnant de voir cet engouement chez nos prétendues élites, qui, bien au contraire, devraient être extrêmement inquiètes de la situation. La dernière fois que des pays ont été déstabilisés dans la région, ce fut un raz de marée démographique sur l'Europe et une explosion des actes terroristes. Il est donc assez dramatique de voir des gens qui d'un côté se lamentent du terrorisme, et multiplient les processions à base de bougie à chaque événement terroriste en France, se réjouir dans le même temps des causes de ces attentats. On est là en plein délire irrationnel. Un délire qui ne touche pas seulement cette question de géopolitique, mais l'ensemble des sujets politiques.

 

En effet, l'on a fait de la méthode du « en même temps » macronien la marque de fabrique de l'actuel président de la République. Mais en réalité cette méthode de gouvernance n'est probablement pas qu'une méthode de communication. Je crains qu'elle ne soit en réalité le reflet de l'absence de pensée cohérente chez les couches sociales dominantes en France et plus généralement en occident. La marque d'une incapacité à comprendre le réel dans toutes ses dimensions et dans toute sa complexité. On pourrait appeler cela la pensée Lego. Une pensée ou chaque pièce est vue comme indépendante de l'autre sans aucune interaction possible. On pourrait y voir les effets délétères de l'instruction et de la pensée cartésienne faite de petits raisonnements collés les uns avec les autres sans aucune forme de structure globale qui rassemble le tout et lui donne une cohérence. Dans un monde qui en réalité fonctionne de manière beaucoup plus holiste que cartésienne, cette forme de pensée simpliste devient rapidement une catastrophe. Les erreurs de nos prétendues élites ne sont donc peut-être pas de simples erreurs, mais le produit d'une éducation qui rend en réalité imperméable à ce qui ne se résume pas à une juxtaposition de raisonnements cartésiens.

 

C'est ce qui donne une réponse , peut-être , à la question que se posait récemment Marcel Gauchet qui était l'invité de la NAR au sujet de son dernier livre « Le nœud démocratique ». Il se demandait pourquoi les élites semblaient devenues incapables de comprendre des problèmes qui n'entraient pas nécessairement dans le cadre de leur raisonnement. Chose que l'on attend pourtant naturellement d'une « élite » ? S'adapter aux changements c'est quand même la marque de l'intelligence par excellence. Or nos élites semblent fossilisées dans des concepts et des idées qui sont marqués du sceau de l'incompatibilité avec le réel sur tout un tas de sujets. Rien que la question de l'euro ou du libre-échange montre leur incapacité à remettre en question des choses pourtant terriblement évidentes. Elles acceptent également des actes totalement contradictoires avec leurs propres principes. Comment en effet ne pas voir l'étrange enthousiasme pour la « démocratisation » dans certains pays, alors que dans le même temps l'UE annule très ouvertement une élection dans un pays comme la Roumanie ? N'est-ce pas légèrement incohérent. On peut bien évidemment y voir d'une hypocrisie construite autour de mensonge, la démocratie étant en réalité le cadet de leurs soucis. La seule chose qui compte étant que leur camp, celui du globalisme impérial, s'impose. Mais on peut aussi y voir cette façon de raisonner en prenant chaque morceau d'information sans le coller dans l'ensemble du grand puzzle de la géopolitique globale.

 

Car si l'hypocrite et le mensonge sont effectivement une explication, il faut bien voir qu'en réalité tous ces comportements affaiblissent en pratique progressivement le pouvoir des globalistes et des idéologues néolibéraux. Ils jouent un peu contre le camp en réalité. L'élection de Trump fut en fait bien plus la défaite des démocrates globalistes que la victoire du milliardaire. Ce dernier a réussi à se faire passer comme un opposant au globalisme en comprenant très bien que la globalisation n'avait plus la cote chez une grande partie de la population américaine. Reste à savoir si tout ceci n'était pas une entourloupe en réalité. Même chose en France où chaque arc républicain nous rapproche un peu plus d'un RN au pouvoir. Les accumulations de mauvais choix ne résultent donc peut-être pas de simples manipulations, comme beaucoup aiment à le penser, mais d'une véritable bêtise collective structurelle de nos « élites ». Et ce n'est pas forcément beaucoup plus rassurant en réalité.

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