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12 décembre 2024 4 12 /12 /décembre /2024 14:56

 

Une information vient de passer subrepticement en provenance du Japon. La ville de Tokyo vient en effet de mettre en place une nouvelle politique visant à redresser la natalité locale. Elle va rendre gratuites les places en crèche. Si cela paraît assez anecdotique comme information, c'est tout de même un changement assez fort pour un pays qui reste terriblement traditionaliste sur les questions familiales. Il ne s'agit bien évidemment que d'une mesure dans une ville, mais quand on connaît le poids de Tokyo au Japon on imagine bien que le reste du pays finira par suivre. Il faut dire que le Japon est désormais au pied du mur. Contrairement aux Européens et à des pays comme l'Allemagne qui n'ont pas voulu affronter le problème, les Japonais ne font pas massivement recours à l'immigration pour compenser leur effondrement démographique. Or à l'heure actuelle le Japon perd 500000 habitants par an et cela va s'accélérer. Et si certains ont longtemps peint le Japon comme un pays avec un problème économique, ce n'est plus vrai. Le Japon a maintenant surtout un problème démographique qui se traduit bien évidemment en problème économique.

 

En effet, une réduction mécanique de la population fait naturellement décroître la consommation et les activités de production. Difficile d'avoir une croissance économique quand le nombre de consommateurs et de travailleurs potentiel diminuent. Keynes fut un précurseur sur cette question, car il est l'un des premiers économistes à avoir réfléchi aux conséquences d'un déclin démographique sur l'économie d'un pays. Il fut précurseur parce qu'à l'époque où il écrivit ses réflexions sur ce sujet le monde connaissait bien au contraire une croissance démographique importante. Mais Keynes avait bien suivi les évolutions en Grande-Bretagne et il voyait bien la tendance baissière sur le plan de la fécondité. En prolongeant les tendances, il en a vite conclu qu'un jour ou l'autre la fécondité baisserait sous le seuil de renouvellement des générations et donc produirait une baisse de la population à longue échéance. Ce phénomène s'est produit en Europe et aux USA dans les années 70. Une période qui fut réellement charnière, car bon nombre des problèmes que nous connaissions aujourd'hui viennent étrangement pour une très grande part de cette décennie étrange.

 

Keynes montra sans son essai : « Quelques conséquences d'un déclin de la population » que la croissance de la population avait contribué au moins pour moitié à la croissance économique générale de la Grande-Bretagne au 19e siècle. Le progrès technique et organisationnel qui produisirent les gains de productivité ne fournit donc que la moitié de la croissance économique réelle. Chose qu'il est assez facile d'admettre lorsque l'on connaît l'histoire du déclin relatif français. Alors que la France suivait la Grande-Bretagne sur le plan de l'industrialisation, elle n'était pas aussi dynamique. Et pour cause sa démographie était largement stagnante. Un coup d’œil à l'évolution des populations montre au fond le changement qu'ont connu les rapports de force sur le continent européen. Pendant très longtemps la France était de loin le pays le plus peuplé du continent. Mais à partir de 1750 le pays connaît la première transition démographique de la planète entraînant une perte de poids très rapide. Rendez-vous compte, en 1800, la France est trois fois plus peuplée que la Grande-Bretagne, seule la Russie la dépasse de peu avec 31 millions d'habitants contre 29 en France. Mais en 1900 La France est alors moins peuplée que l'Allemagne, la Grande-Bretagne et beaucoup moins que la Russie.

 

 

Donc on le voit bien, cette réalité démographique a bien évidemment un poids énorme sur les évolutions économiques et la croissance générale. La déconnexion que nous avons connue entre l'évolution économique et la démographique est en fait assez récente, c'est la période justement d'industrialisation qui a permis à certains pays précoces comme la Grande-Bretagne puis les autres pays d'Europe de peser bien plus lourd dans l'économie mondiale que ce qu'ils représentaient démographiquement. Mais comme l'a souligné Jacques Sapir dans son dernier livre consacré aux BRICS cette période est terminée. Avec la globalisation, les Occidentaux ont en fait perdu le secret de leur domination. Le savoir technique et scientifique s’est répandu sur toute la planète. La hausse du niveau d'instruction un peu partout accélérant cette transition. Le monde va petit à petit reprendre les équilibres géopolitiques d'avant la révolution industrielle à savoir que le poids de chaque pays correspondra de plus en plus à son poids démographique planétaire.

 

Un problème qui va devenir planétaire

 

Le Japon a désormais conscience de son problème démographique et commence enfin à vouloir sortir de sa torpeur en la matière. Rien ne dit que cette politique fonctionnera. Il faut bien admettre que nous ne savons pas nécessairement pourquoi les gens dans leur masse font ou ne font pas d'enfants. Mais créer des conditions de vie plus favorables pour les familles ne pas avoir d'effet négatif sur cette question. Même si dans le cas japonais il reste encore beaucoup à faire pour arriver ne serait-ce qu'au niveau des standards moyens en Europe. L'école coûte cher au Japon et il est très difficile pour les femmes de concilier travail et vie de famille. À tel point que les femmes choisissent généralement le travail ou la famille. Il est assez courant qu'une femme arrête simplement de travailler lorsqu'elle a un enfant. C'est d'ailleurs pour cette raison que les femmes japonaises sont si regardantes sur les revenus de leur futur conjoint. En tout cas de manière bien plus ouverte que dans d'autres pays. Il faut impérativement que le salaire de l'homme seul suffise à subvenir aux besoins d'une famille. Chose qui est de plus en plus rare au Japon, la globalisation et la grande stagnation depuis la bulle des années 80, ayant passablement abîmé le niveau de revenu des salariés japonais.

 

N'oublions pas que si nous avons l'Allemagne comme concurrent direct, avec l'Europe de l'Est comme usine. Le Japon est entouré de puissance montante. Le Japon a ainsi fortement délocalisé en Chine, et avant cela en Corée du Sud. Sans parler du reste de l'Asie qui monte. Pas de quoi favoriser à long terme le Made in Japan. Ce pays paie en quelque sorte le prix d'avoir été un peu trop précurseur dans la région que ce soit au plan industriel ou démographique. Mais cette évolution, nous le savons, ne fait que préfigurer une évolution plus générale. La Chine est d'ores et déjà soumise aux effets du vieillissement. Les jeunes sont de moins en moins nombreux à rentrer sur le marché du travail. Les derniers chiffres sur la consommation de pétrole montrent également les effets du ralentissement économique chinois dont on avait déjà parlé précédemment. Ce pays ayant construit un modèle exportateur qui n'a plus de sens depuis qu'elle est la première puissance économique du monde. Le Japon montre donc un peu ce que sera la Chine puis le reste de l'Asie dans 20 ou 30 ans. Reste à savoir s'il pourra redresser sa natalité plus ou moins rapidement.

 

 

Rappelons que les pays comme la France ou les pays scandinaves ont des politiques familiales assez généreuses. Jusqu'à il y a quelques années, ces pays connaissaient effectivement une natalité moins mauvaise qu'ailleurs, en particulier en France. Mais la baisse très rapide des naissances en France semble mettre cette logique en défaut. Même s'il faut rappeler que les politiciens français, en particulier Hollande, ont cassé en partie ces politiques. En tout cas si la politique peut peut-être redresser la situation il ne faut pas hésiter à faire dans l'original si je puis dire et à tenter des choses nouvelles même si l'on se trompera sûrement quelquefois. Le plus important, je pense, est de construire réellement une société qui rassure les parents et qui leur permet de se projeter dans l'avenir. Il est clair que sur ce plan la seule politique familiale ne pourra pas par exemple compenser les imbécillités macroéconomiques que nos dirigeants ont faites depuis 50 ans. L'instabilité de l'emploi, les logements trop coûteux sont autant de choses délétères pour la natalité et la projection dans l'avenir. D'ailleurs, ne nous étonnons pas si l'effondrement de la natalité en occident a accompagné l'ouverture au commerce international. Les fermetures d'usines dans les années 70-80, ce n'était pas simplement des fermetures d'usines, mais aussi des vies et des familles brisées et donc une baisse des naissances inéluctables.

 

Le redressement des démographies de nos pays ne pourra pas se faire tant que nous laisserons tant de gens dans l'indigence. Une politique économique qui ne s'inquiète que des rendements pour les actionnaires et des revenus pour les 1% d'en haut ne peut pas se plaindre ensuite des conséquences collectives en matière de démographie. La chimère de l'immigration se fracassant de plus en plus ouvertement sur le mur de l'islam conquérant, il ne reste plus qu'à refaire des bébés. Mais pour ça il faudra inéluctablement remettre le capital sous clef et les entreprises dans le cadre de l'économie nationale. On ne peut plus dissocier la démographie de la question économique comme nous l'avons fait trop longtemps.

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8 août 2024 4 08 /08 /août /2024 15:45

 

L'information a fait beaucoup de bruit ces derniers jours même si l’événement n'est une surprise que pour les obsédés du globalisme et de l'immigration de masse. La Grande-Bretagne semble connaître un épisode de violence intercommunautaire suite au meurtre ignoble de trois jeunes filles . Mais comme souvent dans ce genre d’événement le fait divers en question n'a servi que de déclencheur à une crise sous-jacente et permanente . La Grande-Bretagne comme la quasi-totalité des pays occidentaux a une crise invisibilisée par les médias et qui découle de la globalisation entamée dans les années 70. Car la crise est profonde et multifactorielle même si elle découle naturellement de la disparition des frontières dans tous les domaines et de l'abandon des politiques publiques, particulièrement au pays de Margaret Thatcher. Si les Français peuvent critiquer ce qui se passe en Angleterre en accusant en particulier l'idéologie du communautarisme, qui est au cœur de l'idéologie anglo-saxonne depuis des décennies. Une idéologie aux antipodes des principes d'assimilations que l'on a théoriquement pratiquées longtemps en France, avant que nos élites s'abandonnent à leur tour à la mode du communautarisme en particulier à gauche. Rappelons-nous tout de même les graves émeutes qui ont lieu régulièrement dans notre pays. Il y a seulement un an en juin 2023, le pays a été ravagé par des émeutes ethniques, même si les médias ne l'ont pas présenté comme ça, suite à l'affaire Nahel. Nous avons vraiment la mémoire courte.

 

On voit ici que le modèle républicain n'est pas réellement plus efficace que le modèle communautariste anglo-saxon. Dans les deux cas, on assiste à un séparatisme massif des populations d'une façon ou d'une autre qui débouche naturellement sur des confrontations lorsque des événements malheureux touchent l'une ou l'autre des communautés qui vivent à côté et pas ensemble en réalité. Pour prendre un peu de recul sur cette question, il est important de rappeler la situation globale de la Grande-Bretagne. Trop de commentateurs s'enferment sur une question simplement économique. S'il y a quelque chose qui participe grandement à l'aveuglement général sur la situation de nos sociétés, c'est bien cette réduction de tous les problèmes aux questions économiques. L'économie est quelque chose d'important, mais ce n'est pas le seul facteur qui conduit aux problèmes massifs de nos pays. Et c'est d'ailleurs en grande partie parce que l'on ne voit plus que les questions économiques que nos politiques finissent par produire les catastrophes de plus en plus grandes que nous connaissons.

 

Il y a deux gros facteurs explicatifs dans la crise actuelle à mon sens. En premier lieu, il y a le déclin relatif économique et sociologique des Anglais sur leur propre terre. C'est Emmanuel Todd qui en parle le mieux puisqu'il avait consacré à l'Angleterre un très gros chapitre dans son dernier livre « La défaite de l'occident » dont nous avons déjà longuement parlé. Comprenons-nous bien, il y a un déclin éducatif structurel qu'Emmanuel Todd associe à la disparition de la croyance religieuse. Le protestantisme avait beaucoup de défauts, mais il avait aussi de grandes qualités comme le fait de pousser les individus à travailler et à faire des efforts. Or on constate qu'à l'école, les jeunes Anglais font désormais moins bien que leurs aînés, un peu comme partout en occident, mais aussi moins bien que les nouveaux venus d'autres continents. Dans une économie totalement dérégulée et très violente avec les moins bien lotis, le choc économique est fort et produit un déclassement social des populations anglaises de souche. Le plus voyant est dans la formation médicale par exemple qui est aujourd’hui en Angleterre totalement dominé par des jeunes d'origine étrangère particulièrement asiatique. D'après ce document en 2021, 51% des jeunes docteurs sont non blancs selon la classification anglaise alors qu'ils ne représentent que 20% de la population en âge de travailler pour la même année.

 

Citons Emmanuel Todd lui-même avec le chapitre Hommage à Ionesco page 201 :« En 2019, la probabilité pour un jeune Anglais blanc d'accéder à l'éducation supérieure était de 33%, celle des Noirs de 49%, celle des « Asian » de 55% » Todd précise que dans Asian il y a des Pakistanais et des Indiens, mais les Chinois par exemple monte à 75% de probabilité. En régime de dérégulation économique totale, les structures familiales communautaires et verticales avec une forte autorité résistent beaucoup mieux. Les Anglais sont donc devenus les grands perdants du modèle dérégulé que prônent leurs élites. Et ce déclassement est bien évidemment propice à la colère et au revanchisme social et politique. Si la gauche joue les grands défenseurs des minorités, elle semble avoir un peu oublié son objectif d'origine qui était de défendre les plus pauvres et les moins bien lotis. Or en Angleterre ce ne sont pas les immigrés, mais les autochtones les moins bien lotis. Alors certes les études ne font pas tout, mais il est indéniable qu'une population avec un moins bon niveau scolaire finira à terme moins riche que les autres. Au demeurant, le fait que cela touche les habitants d'origine du pays pose d'énormes problèmes.

 

En effet, pour assimiler des populations immigrées, il faut que ces dernières soient intéressées par le groupe dominant. Elles singent le groupe dominant, adhèrent à ses valeurs pour pouvoir accéder à un meilleur statut et niveau de vie. Or là nous voyons une inversion progressive avec des minorités ethniques qui deviennent de plus en plus dominantes sur le plan social et économique. C'est d'ailleurs voyant en politique les Anglais ayant eu un Premier ministre d'origine étrangère et un maire de Londres d'origine pakistanaise. Et comme nous le voyons avec la situation éducative l’Angleterre à terme pourrait se retrouver dans une situation similaire à celle des grandes invasions germaniques du passé, mais sous une forme originale. Comme la France gallo-romaine qui s'est retrouvée avec une élite franque, les francs n'ayant jamais été très nombreux en réalité sur notre sol. Les Anglais pourraient se retrouver avec une élite composée essentiellement de pakistanais et d'Indiens. Une élite qui n'aurait pas par contre la légitimité que pouvaient donner les invasions militaires. Sa seule légitimité étant l'idéologie globaliste qui commence quand même à avoir du plomb dans l'aile depuis quelques années.

 

Le second facteur explicatif à ces tensions tient à l'immigration en elle-même. Au-delà de la question de la compétition entre les autochtones et les nouveaux venus sur le plan éducatif, les immigrés eux-mêmes sont porteurs de valeurs en contradiction avec la société anglaise. En effet, le gros des bataillons de l'immigration sont les Pakistanais et les Indiens. Si la question religieuse est en soi problématique, en particulier la question de l'islam, n'oublions pas que c'est surtout la question de la structure familiale qui compte. Les Anglais ont une structure familiale de type nucléaire absolue, très individualiste et où l'autorité parentale est assez faible. Le caractère libéral des Anglais tient de cette nature très individualiste et peu attachée au groupe. La grande différence avec le bassin parisien qui est aussi nucléaire c'est que dans le bassin parisien il y avait un attachement à l'égalité dans l'héritage. Là où les Anglais n'attachent aucune importance à l'égalité ou à l'inégalité, ils s'en fichent en quelque sorte contrairement aux Français égalitaires ou aux Allemands inégalitaires. Les peuples du sous-continent indien eux ont des structures familiales complexes et communautaires où l'individu est écrasé par l'autorité collective. C'est la structure familiale la plus opposée à celle des Anglais.

 

La France est confrontée au même problème avec les immigrés maghrébins à la différence que l'endogamie est beaucoup plus forte chez les Pakistanais. Sur la question de l'intégration et du rejet de la nation d’accueil, la question de l'endogamie est probablement plus importante encore que celle de la structure familiale. C'était d'ailleurs l'un des arguments de Todd dans son ancien livre consacré à la question « Le destin des immigrés ». Les peuples d'Europe globalement sont fortement exogames. On peut d'ailleurs dire qu'à l'échelle de la planète s'il y a bien quelque chose qui distingue les Européens des autres régions du monde c'est l'exogamie extrêmement élevée depuis longtemps. L'exogamie était d'ailleurs déjà très élevée avant l'arrivée du christianisme, mais cette religion a encore augmenté cette dernière faisant de l'exogamie une tradition obligatoire. La seule exception était dans les grandes familles nobles qui se battaient pour obtenir des titres grâce aux mariages arrangés. Pour le sous-continent indien par contre c'est une autre histoire. Le Pakistan est aujourd’hui le pays le plus endogame de la planète (taux supérieur à 50%) et une carte du monde montre que l'endogamie coïncide quand même pas mal avec le monde musulman . On pourrait penser que c'est l'islam qui a favorisé l'endogamie, mais on peut ainsi penser l'inverse à savoir que l'islam s'est plus facilement étendu là où l'endogamie était présente. Quoiqu'il en soit, cette endogamie, favorise un très fort communautarisme. Dans un pays où les autochtones sont très individualistes, l'arrivée de ces groupes de population entraîne un fort déséquilibre et des confrontations.

 

Le graphique indique la proportion de mariages entre cousins jusqu'au second degrès.

 

Relégitimer les peuples d'Europe sur leurs terres

 

On pourrait rajouter évidemment un dernier facteur, celui de l'idéologie. L'idéologie globaliste est le dernier avatar de l'impérialisme capitaliste occidental. Et la gauche française en un sens est un grand allié du capital par son obsession de l'immigration sans frontière permanente. Elle ne semble pas comprendre qu'en soutenant l'immigration elle soutient en quelque sorte une nouvelle forme de colonisation. Le capital occidental qui ne veut pas se retrouver perdant de la transition démographique fait venir des travailleurs et des consommateurs du reste de la planète pour ne pas avoir à hausser les salaires et partager les bénéfices des gains de productivité avec les salariés locaux. On constate d'ailleurs que cette logique économique s'applique à de plus en plus de pays en dehors du bloc occidental d'ailleurs prouvant que ce n'est pas vraiment une spécificité de l'Europe ou des USA. Même le Japon très résistant jusque là commence à envisager l'immigration de masse avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir pour cette société organisée comme une horloge de grande précision.

 

Dans cette course à l'immigration capitalistique, le rôle de la gauche institutionnelle a été de légitimer l'immigration. Elle s'y est prise de deux manières. D'une part, elle l'a présenté comme inéluctable pour sauver les retraites et l'économie. L'argument est éculé, mais toujours employé, que ce soit par les gauchistes ou les libéraux et le patronat. La seconde argumentation fut une attaque en règle contre la légitimité des autochtones. L'utilisation massive de la lutte contre le fascisme imaginaire date en réalité des années 70. C'est apparu bien après la Seconde Guerre mondiale ce qui devrait poser question quand même. Ces discours ont accompagné les politiques de dérégulation macroéconomique et d'ouverture des frontières que ce soit pour les capitaux, les marchandises ou les personnes. Il ne s'agissait pas tant de défendre les opprimés de l'immigration que de dévaloriser les nations occidentales. En Angleterre on a eu droit à "la société n'existe pas" de Margaret Thatcher, en France ce fut la nation mère de tous les vices et du nationalisme, qu'il fallait bannir en l'associant au FN. Il faut bien le dire, cette dévalorisation constante du fait national est arrivée à son objectif. Les Européens ont honte d'eux même et n'osent plus défendre leur nation sauf dans les lieux autorisé et non dangereux pour les couches sociales dominantes comme les JO.

 

Les idéologues de l'immigration ont réussi cette chose incroyable que de faire des Occidentaux les seuls peuple du monde à ne pas avoir le droit d'avoir un pays à eux. Partout sur terre le colonialisme, c'est le mal, mais en Europe c'est génial. Une partie des problèmes de l'immigration tient aussi de ce facteur de délégitimation des autochtones. Quoiqu'il en soit la crise que vient de connaître la Grande-Bretagne, va peut-être enfin faire réfléchir les populations et même les élites. Le calcul purement économique qui ne prend pas en compte la stabilité à long terme d'une société peut être extrêmement coûteux, y compris du point de vue économique. En effet que deviendraient les intérêts financiers, l'économie anglaise et les rentes des milliardaires si le pays était plongé dans une véritable guerre intercommunautaire ? Cet économisme ontologique qui nous gouverne depuis des décennies va se fracasser sur ses gigantesques contradictions. Le problème c'est que les populations européennes risquent de payer très chèrement les errements de leurs élites globalistes. Il n'est plus inimaginable que nos populations deviennent minoritaires sur la terre de leurs ancêtres maintenant.

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1 août 2024 4 01 /08 /août /2024 15:28
L'avenir de l'occident appartient peut-être à ceux qui en auront rejeté les évolutions depuis 200 ans

 

Nous abordons souvent la thématique démographique, mais c'est en réalité extrêmement important. En réalité la démographie conditionne en grande partie l'avenir d'un pays et d'une économie. C'est donc quelque chose de totalement indispensable à la compréhension globale de l'évolution de nos sociétés. Il se trouve que l'Insee vient de donner les derniers chiffres de naissances françaises et c'est absolument dramatique. Au moins de juins 2024, il est né dix mille enfants de moins qu'au mois de juin 2019 pour comparer soit une baisse de 16,25% sur cinq ans seulement. Comme vous pouvez le voir sur le graphique de l'Insee, la baisse est constante, elle semble même s'accélérer ces deux dernières années. Nous avons déjà longuement parlé de l'origine de la baisse de la natalité. Il y a de nombreux facteurs à prendre en compte, et même si la baisse globale peut s'expliquer par la transition démographique, les conditions locales comptent aussi beaucoup.

 

 

Pendant longtemps la France semblait résister à la baisse très en dessous du seuil de renouvellement situé à 2,05 enfants par femme dans notre pays. Ce seuil prend en compte le léger déséquilibre entre fille et garçon, il naît en général 105 garçons pour 100 filles, ainsi que le taux de mortalité infantile qui certes augmente, ce qui est très inquiétant, mais qui reste pour l'instant à des niveaux infinitésimaux par rapport à ce que l'on pouvait connaître il y a seulement 50 ans. En prenant tout ça en compte, on situe le renouvellement à 2,05 pour la France. Il serait facile de mettre la baisse de la natalité actuelle sur le dos de la crise économique et de la crise immobilière. Il est clair que les critères économiques rentrent en compte particulièrement dans un pays où la mentalité est assez matérialiste et où la raison et le calcul rentrent fortement en ligne de compte pour la fondation d'une famille. Sauf que la crise économique en France n'est pas nouvelle. Le pays va mal depuis les années 70 avec des hauts et des bas. Le dernier gros choix économique fut la crise de 2008-2010. Et j'ai constaté à l'époque de manière assez surprenante que la crise n'avait pas eu d'effet sur les naissances. Ce n'est qu'à partir de 2013-2014 avec la réforme de la politique familiale de François Hollande qu'une rupture s’opère. La corrélation entre cette réforme et la cassure de la natalité du pays est extrêmement forte.

 

 

Depuis 2014, c'est la chute libre la France s’alignant sur les standards démographiques de l'Europe. On n'est plus très loin des 1,4 enfant par femme qui est la moyenne de l'UE. Mais la France n'est pas la seule à connaître ce désastre, même en Asie de l'Est où la natalité est déjà très basse, la chute continue. La Corée du Sud est tombée à 0,72 enfant par femme. Autant vous dire que le pays à ce rythme est foutu. Les hurluberlus qui présentent ici l'immigration comme une solution ne comprennent pas que dans ce contexte ce serait simplement une colonisation, les autochtones devenant vite minoritaires à ce rythme démographique. Du reste comme je l'ai déjà souvent expliqué l'immigration ne résout rien et produit beaucoup de problèmes. Les immigrés finissant par faire aussi peu d'enfants que les locaux à terme. Rajoutons à cela que l'immigration va devenir de plus en plus rare dans les trente ans qui viennent, puisque tous les pays du monde connaissent une baisse rapide des naissances. Dans deux générations, il n'y aura plus de source d'immigration à la hauteur des besoins, vers 2050-2060 on devrait connaître une pénurie planétaire de main-d’œuvre. Et même si certains espèrent que d'ici là le progrès technique et les gains de productivité permettront de compenser par la mécanisation et l'automatisation qu'adviendra-t-il de la demande ?

 

En effet, si les économistes mainstream s'inquiètent régulièrement du manque de main-d’œuvre pour prôner une immigration souvent déraisonnable particulièrement dans le cas de la France. Ils oublient généralement le problème de la demande. Jusqu'à présent, les pays qui connaissent déjà un déclin démographique comme le Japon ou l'Allemagne ont pu compenser les effets par les exportations. Dans le cas de l'Allemagne, ce pays a simplement compensé le déclin de sa demande intérieure par des excédents commerciaux. Elle a en gros exporté ses problèmes chez ses voisins par l'intermédiaire de son commerce. Mais vous comprenez bien que cette fausse solution ne fonctionnera plus quand le monde entier entrera dans le déclin démographique. On constate d'ailleurs la très inquiétante évolution de la Chine qui semble s'orienter vers une solution à l'Allemande. En effet, la Chine est aujourd'hui rattrapée par son déclin démographique. La baisse de la natalité dans les années 70-90 a permis en grande partie la forte croissance du pays, car dans un premier temps la transition démographique produit une forte augmentation de la population active. La transition démographique semble d'ailleurs l'un des moteurs principaux du décollage économique avec l'éducation bien sûre et un état fort et stable. Malheureusement, la transition est un système dynamique avec un début, un milieu et une fin. La Chine arrive à la fin de sa transition et désormais le pays vieilli très vite. D'où la hausse récente de l'âge de départ à la retraite en Chine. Une hausse qui semble mettre en colère les plus jeunes. Mais cela fait sens dans un pays à la natalité de seulement 1,16 enfant par femme encore plus basse qu'au Japon.

 

Seuls les peuples rejetant la modernité survivront ?

 

 

Nous avions longuement analysé l'origine de cette baisse. S'il est assez facile d'expliquer la baisse de la natalité par la hausse du niveau d'instruction chez les femmes, l'urbanisation, la pilule, etc. Il est par contre plus difficile d'expliquer ces taux qui tombent à des niveaux très en dessous de deux enfants par femme. D'ailleurs, la grande erreur de la science démographique fut d'avoir toujours pensé que la transition se terminerait par une stabilisation autour de deux enfants par femmes. Rares sont les démographes à avoir prévu qu'il était possible que l'humanité se dirige vers des taux très en dessous du seuil de renouvellement. Or nous nous dirigeons clairement vers une natalité mondiale en dessous de deux enfants par femmes ce qui aura des conséquences planétaires assez dramatiques contrairement à ce que croient généralement les obsédés de la décroissance démographique pseudoécolo. Dans le texte sur l'origine de la baisse, on avait montré que des sociétés assez disparates et peu impliquées dans l'économie mondiale connaissaient des phénomènes similaires à l'image du Bhoutan avec une natalité à 1,4 enfant par femme. On avait montré que contrairement aux idées reçues, même des pays très traditionnels connaissaient un phénomène de très basse natalité. Ce qui exclut de facto l'hypothèse que le capitalisme et le consumérisme seraient les grands responsables de la baisse de la natalité. Tout comme l'idée que l'individualisme y participerait, c'est plus compliqué que ça.

 

 

Cependant, il est évident que le facteur d’organisation sociale et économique joue beaucoup. Pour reprendre l'exemple coréen, c'est assez instructif. La Corée est effectivement symbolique puisque ce pays est coupé en deux depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. Une fin relative puisque techniquement aucun traité de paix n'a été signé et les deux Corée sont théoriquement toujours en conflit. Quoiqu'il en soit quand on compare la natalité au nord et au sud on s’aperçoit qu'effectivement le modèle social pèse quand même beaucoup sur la question démographique. Si comme on l'a vu la natalité du sud est extrêmement basse à 0,72 enfant par femme, celle du nord se maintient à un niveau relativement élevé pour la région avec 1,81 enfant par femme. Ce n'est pas le renouvellement, mais rappelons qu'il s'agit d'un pays isolé qui souffre quand même énormément d'embargos de toute sorte même si le pays s'est rapproché récemment de la Russie et de la Chine. En comparant la Corée du Nord et celle du Sud qui est le joyau du capitalisme libéral, on pourrait dire que celle du nord préfère produire des bébés pendant que celle du sud préfère produire des gadgets à destination de l'exportation surtout vers les USA. Deux choix de société donc, mais dont le second est toujours valorisé par rapport au premier, alors que d'un point de vue démographique il est beaucoup moins viable.

 

Cet exemple est en soi paradoxal, car c'est le pays où l'on vit le mieux d'un point de vue matériel qui fait le moins d'enfants. C'était quelque chose qui pouvait apparaître depuis longtemps puisque tous les pays riches sont passés par la transition démographique avant les pays pauvres, mais il s'agissait de pays aux cultures et aux mœurs variés. Là on a une même population avec une même culture qui vit sous l'autorité de deux modèles économiques différents divergeant complètement sur le plan démographique. Mais c'était déjà le cas de l'Allemagne, de l'Ouest et de l'Allemagne de l'Est. En effet, avant la réunification, la RDA faisait plus d'enfants que la RFA, et la réunification a entraîné un alignement de l'Est sur l'Ouest, malheureusement pour l'Allemagne. L'on entend généralement toutes les critiques possibles sur les régimes dits communistes, même s'il est assez douteux de parler vraiment de communisme pour la Corée du Nord. Mais nous ferions mieux de nous poser la question de savoir pourquoi ces régimes alternatifs permettent une meilleure natalité que les nôtres. Peut-être, le fait que les populations n'aient pas comme seul intérêt dans la vie l'accumulation de bien permet de construire finalement une société plus saine et équilibrée. Ceux qui vendent les sociétés où l'on travaille 70h par semaine ne sont-ils pas finalement des malades de l'âme tombée dans le piège du protestantisme pour qui, le temps, c'est de l'argent, alors qu'on devrait travailler pour vivre et non vivre pour travailler.

 

 

Et si j'ai pris l'exemple du petit Bhoutan pour montrer que la transition démographique touchait même les petits pays traditionalistes et isolés, il y a aussi des contre-exemples. Aux USA les communautés amish semblent résister totalement à la transition démographique. Leur population croît à un rythme invraisemblable et double tous les 25 ans environ avec une natalité à cinq enfants par femme. Depuis l'an 2000, la population amish en Amérique du Nord a augmenté de 110% . Ils sont désormais environ 380000. C'est assez drôle quand on pense que les amish sont originaires d'Alsace, un endroit à basse fécondité aujourd’hui et qu'ils parlent un patois germanique. Pourtant à très long terme ils pourraient devenir les derniers héritiers de l'occident et de l'Europe puisqu'ils sont les seuls à résister pour l'instant à l'effondrement démographique. Peut-être que finalement nous assistons à l'échelle globale à une sélection darwinienne qui fera disparaître les peuples aux modèles sociaux incapables de renouveler les générations pendant que les sociétés archaïques, mais résistantes à la modernité seront les seules à perpétuer l'espèce. Le monde de l'an 2500 risque de ne pas du tout ressembler aux fantasmes des globalistes libertariens qu'on nous prône depuis 50 ans finalement.

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31 mai 2024 5 31 /05 /mai /2024 15:50
La transition démographique

 

 

On aborde souvent le sujet, mais une information vient de relancer la question. En effet, on vient d'apprendre que la Turquie connaît désormais une natalité à l'européenne avec un taux qui vient de s'établir à 1,51 enfant par femme. On est plus très loin de la natalité grecque qui est à 1,39. Le grand rêve ottoman d'Erdogan semble s'éloigner au fur et à mesure que la démographie de la Turquie s’essouffle. Lui qui rêvait déjà d'une Europe ottomane grâce à l'émigration turque, cela va être difficile avec les berceaux qui se vident. J'arrête ici les sarcasmes, mais il est assez drôle de voir des défenseurs de l'islamisme radical se rendre compte que leur propre pays est aussi touché par un phénomène qu'ils pensaient circonscrit aux seuls païens décadents de l'ouest. Cela casse tous les mythes construits ces dernières décennies qu'ils soient chez les islamistes ou chez l'extrême droite en France et en Europe. D'un côté il y avait l'idée que le monde musulman serait insensible aux évolutions démographiques modernes. On savait déjà que c'était faux. Emmanuel Todd avait d'ailleurs déjà souligné le rôle de la transition démographique sur les révoltes arabes dans un petit livré qu'il a écrit avec Youssef Courbage en 2007 (Le Rendez-vous des civilisations).

 

 

Mais la situation s'est accélérée dernièrement puisque même la péninsule arabe connaît aujourd'hui une très forte baisse de la natalité alors même que l'Islam y est encore très fort, du moins en apparence. Cela casse aussi le mythe de l'invasion de l'Europe que certains brocardent à tout bout de champ à l'extrême droite en particulier. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problème ou qu'il faut être pour l'immigration. Seulement que l'évolution globale ne va probablement pas être une submersion de l'Europe sous l'immigration musulmane. Le monde musulman est d'ailleurs tellement fragmenté sur le plan démographique qu'à lui seul il démontre qu'il n'y a pas de lien entre la religion et l'évolution démographique. Des pays partageant la même religion n'ayant pas du tout la même évolution à court terme invalident en pratique la corrélation que l'on pouvait faire quand on regarde ce sujet de loin . Mais cette erreur de raisonnement liant natalité et religion n'est pas nouvelle. Pendant longtemps les Canadiens anglophones ont pensé que les Québécois faisaient beaucoup d'enfants parce qu'ils étaient catholiques. Or aujourd’hui le Québec est l'une des régions qui ont la plus faible fécondité. S'il y a un lien entre la fécondité et la religion, il est bien loin d'être aussi simple que ce que l'on dit généralement.

 

 

La fragmentation démographique du monde musulman

 

Nous en avons déjà parlé, mais la transition démographique est un phénomène qui n'a cessé de s'étendre depuis deux siècles. La France est le premier pays a avoir connu cette transition puisque notre pays connaît une baisse des naissances dès 1750. Cette baisse précoce a très certainement un lien direct et indirect avec l'épisode de la Révolution française qui suivra. Emmanuel Todd associe la baisse de la fécondité à la baisse de la croyance religieuse et donc à la remise en question du pouvoir monarchique qui, il faut le rappeler, s'appuyait quand même sur l'autorité de l'église et de la croyance religieuse. Être roi de droit divin n'a plus de sens si vous pensez que le divin n'existe pas. Dans une société où la religion a un rôle structurant et légitime le pouvoir politique, l'effondrement de la croyance entraîne mécaniquement un phénomène révolutionnaire. L'autorité n'étant plus acceptée parce qu'elle n'est plus légitime aux yeux de la population. La plupart des révoltes et des révolutions que le monde a connues depuis la Révolution française sont donc liées à ces changements dans la manière de voir le monde des populations. Et il n'y a donc aucune raison pour que ce ne soit pas le cas aussi du monde musulman.

 

Évidemment les spécificités culturelles et historiques des régions changent aussi la façon dont les sociétés digèrent en quelque sorte ces changements de paradigmes organisationnels. Si nous suivons tous la direction de la baisse de la fécondité, elle ne se fait pas au même rythme partout et les conséquences divergent en fonction des réalités locales. On remarquera une chose dans le cas du monde musulman. Il semble que l'islamisme radical soit un indicateur d'un début de transition en réalité. L'exemple le plus parlant est l'Iran. Le pays qui a été à la pointe du mouvement islamiste est aujourd’hui un pays avec un taux de natalité assez faible. En fait, on peut se dire que l'islamisme est une réaction aux changements provoqués par l'affaiblissement de la croyance religieuse . Mais tous les islamistes qu'ils soient ces mouvements semblent tout aussi incapables d'enrayer la transition démographique que ne le purent les mouvements d'extrême droite en Europe comme le fascisme ou le nazisme en leur temps. On pourra tester cette théorie dans les années qui viennent avec l'évolution de l’Afghanistan qui est aujourd'hui aux mains des talibans et qui a encore une natalité à 5 enfants par femme en moyenne. On verra si ce taux ne va pas chuter rapidement dans les années qui viennent.

 

En regardant le graphique sur les taux de natalité, on remarque vite que si l'évolution est toujours la même avec une tendance à la baisse, la vitesse de cette dernière dépend des pays. Pourtant, ce sont tous des pays musulmans. Le dernier endroit du monde musulman qui entame sa transition est bien évidemment l'Afrique subsaharienne qui reste très en retard sur ce plan. Et là encore, le lien avec la religion est hautement discutable. En effet que ce soit pour les chrétiens, les musulmans ou les animistes, la natalité locale reste nettement supérieure au reste de la planète. Mais ici aussi la transition fait son œuvre, et elle a déjà bien commencé comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous. De cette rupture démographique naissent aussi des tensions internes au monde musulman. Dernièrement, des mouvements ont commencé contre l'immigration en Algérie et en Tunisie . Le différentiel démographique entre ces pays qui sont bien avancés dans la transition démographique et l’Afrique subsaharienne entraîne des tensions. Exactement de la même manière que le différentiel démographique avait nourri les tensions entre la France et l'Allemagne au 19e siècle, mais aussi entre l'Allemagne et la Russie au 20e. La Russie étant le dernier pays européen a avoir été touché par la transition démographique, la peur du slave était alors très répandue. Un célèbre moustachu en avait même fait un fonds de commerce.

 

 

On peut donc assez facilement parier que la peur migratoire qui existe en Europe va s'étendre aux pays du sud de la méditerranée assez fortement dans les années qui viennent. Que les immigrés soient musulmans ne changera en réalité rien à l'affaire. Les changements démographiques entraînent des changements de rapport de force, c'est inéluctable. La transition démographique a considérablement réduit le poids de la France au 19e siècle qui était pourtant une très grande puissance jusque là. Il en va de même pour tout l'occident qui perd aujourd'hui du poids à l'échelle internationale à cause en partie de sa perte de poids démographique. Ces changements entraînent des tensions politiques. En Turquie par exemple on voit bien en regardant la carte démographique que les régions les plus fécondes sont celles peuplées par les Kurdes. On peut observer la même chose en Iran, les régions kurdes semblent maintenir une natalité plus forte. Cela signifie que les tensions vont probablement s’accroître, les Kurdes étant le peuple le plus important démographiquement sur terre à n'avoir aucune nation à lui. Ce rapport de force démographique dit en lui-même que les tensions vont s’accroître avec le temps.

 

 

Quoiqu'il en soit, vous, voyez que la transition démographique n'est pas occidentale. Le phénomène ne touche pas seulement l'Europe, les USA ou l'extrême orient. J'aurais aussi pu parler de l’Indonésie qui est tombée à 2,1 ou du Bangladesh qui est maintenant en dessous de 2 enfants par femme. Bref, la transition est un processus planétaire et la seule question que l'on doit se poser est de savoir si ce processus est réversible ou si l'humanité est condamnée à l’extinction avec des taux durablement inférieurs au seuil de reproduction. L'exemple français, premier pays à avoir passé la transition, ne mène pas à l'optimisme.

 

 

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3 mai 2024 5 03 /05 /mai /2024 15:42

 

 

Nous avons souvent parlé de ce sujet, mais j'y reviens encore une fois. Il faut dire que l'immigration est un peu la grosse marotte de la modernité progressiste. Pour être moderne, un pays doit être ouvert et ne plus avoir de frontières, non seulement sur les questions économiques et commerciales, mais également pour les personnes. Un pays relativement riche qui est trop homogène sur les plans ethniques et religieux devient donc vite suspect aux yeux des modernistes de la globalisation sans fin. On le voit avec le pauvre Japon qui a le malheur de ne pas vouloir d'immigrés, même si les choses changent un peu sur plan depuis quelque temps. Ce pays est toujours suspect aux yeux des bien pensants, car trop englué dans sa tradition et son conservatisme. Il semble préférer le déclin démographique au changement de sa population. Est-ce une erreur ? Je ne suis pas certain. Et cela l'est d'autant moins que comme nous allons le revoir ici l'avenir de l'immigration est probablement derrière nous pour les décennies qui viennent.

 

Alors, pourquoi parler de l'immigration parce que les informations récentes nous rappellent le coût de cette immigration massive en France. La montée de l'antisémitisme par exemple et le poids que le conflit israélo-palestinien est en grande partie imputable à l'immigration du monde musulman. Il ne s'agit pas ici de critiquer le fait que les gens se positionnent contre Israël. Je l'ai moi-même dit que ce pays est un état colonial et tout ceci est une sale affaire . Les Palestiniens ont parfaitement le droit de se défendre contre une colonisation sans fin de leur terre, même si le Hamas n'est clairement pas un groupuscule acceptable. Le problème est l'importance disproportionnée que cela prend dans notre pays alors qu'en définitive ceci ne devrait pas plus nous concerner que les conflits au Yémen, ou en Somalie. Des conflits encore plus violents et qui sont passés étrangement totalement sous les radars de nos médias et des nos intellectuels de plateau télé. Où sont donc les manifestants pour l'arrêt des combats dans ces contrées ? On voit donc que la motivation est avant tout tournée contre Israël pour d'autres raisons, probablement plus que pour soutenir la Palestine.

 

Cette situation met donc en exergue le poids de cette immigration musulmane qui en réalité ne se sent pas vraiment française dans sa masse et qui s'attache à des conflits lointains qui lui semblent pourtant plus proches que les problèmes du pays dans lequel elle vit. Ce n'est pas ici une critique, mais juste un constat. Les immigrés étaient d'ailleurs très peu nombreux quand il s'agissait de défendre les retraites ou lors des manifestations sociales dans le pays. Cela marque la fin des illusions de ceux qui pensaient qu'on allait intégrer voire même assimiler cette population. Une population qui est d'ailleurs de plus en plus revendicatrice et se comporte un peu à la manière des colons d'autrefois, voulant imposer ses mœurs et sa religion à tout le monde, tout en condamnant d'islamophobie les personnes qui s'y opposent. Il faut dire que cette stratégie inventée par les Iraniens pendant la révolution islamiste fonctionne bien, en particulier à gauche du spectre politique. Il s'agit de faire une confusion entre la religion et l'origine ethnique de façon à utiliser le racisme, qui est condamné sous nos latitudes, pour protéger ce qui n'est qu'une religion et devrait donc pouvoir être librement critiquable. La ficelle est grosse, mais cela fonctionne assez bien depuis 40 ans, en particulier en France.

 

 

Au-delà des questions de civilité et du danger que représente cette évolution, il y a aussi la question du poids de l'immigration sur les questions économiques. On présente souvent l'immigration comme une solution économique au vieillissement et à la faible natalité. Il est pourtant clair aujourd'hui que l'immigration en particulier en France n'aide pas vraiment à tirer le pays économiquement. La première raison est que l'immigration en France n'est pas du tout une immigration de travail. J'avais déjà mis ce tableau de l'INED en avant, mais il est bon, je pense, d'avoir une idée claire sur la réalité statistique. En France, le travail ne représente que 12% de l'immigration. D'ailleurs, des données venant du Financial Times confirment le faible poids de l'immigration dans l'augmentation de la masse salariale de notre pays. En France, cela représente presque aussi peu de poids que l'immigration au Japon. Sachant que ce pays ne fait pratiquement pas appel à l'immigration c'est fort en chocolat comme on dit.

 

 

Quand les immigrés iront voir ailleurs

 

L'immigration en France est donc en grande partie un poids économique plus qu'un moteur. Ce qui contredit le discours dominant sur la question. Car avant de dire qu’on a besoin d'immigrés supplémentaires pour répondre au manque de main-d’œuvre encore faudrait-il que cette immigration soit réellement une immigration de travail. C'est loin d'être le cas à l'heure actuelle. Ajoutons à cela que le plein emploi est en réalité un fantasme et que le taux de chômage réel en France reste très élevé. Mais au-delà de ces motifs affichés par le patronat libéral et nos hommes politiques, il reste les véritables motivations. Le modèle économique que nous avons construit depuis 50 ans est un modèle de société de service. Dans ce cadre le pays n'avait plus besoin d'ouvrier en réalité. La première vague d'immigration que nous avons connue après guerre fut une vraie immigration de travail. Il s'agissait de compenser le manque de main-d’œuvre dans un pays en forte croissance économique et industrialisée. Cette période des trente glorieuse a pris fin au milieu des années 70 sous Giscard. Et comme par hasard c'est à cette époque que l'on met en place le regroupement familial. C'est-à-dire au moment même où nos « élites » décident de mettre fin à l'industrie française et favorisent les délocalisations.

 

Alors vous me direz qu'il est curieux de voir une politique visant à accroître l'immigration à un moment où l'on commence à faire augmenter le chômage en délocalisant. C'est qu'il y avait deux motivations derrière. Tout d'abord il y a eu l'influence du lobby du BTP. On se souvient tous des propos de Francis Bouygues sur l'immigration dans les années 70. Il voulait des travailleurs pas chers et des clients. En effet sans l'immigration, la France aurait connu une évolution démographique à la japonaise, en moins violent tout de même. Notre population stagnerait depuis quelques années et l'on aurait très vraisemblablement commencé à décroître lentement dans les années qui viennent. Un vrai cauchemar pour les promoteurs immobiliers et pour l'industrie du BTP. De la même manière, la décroissance démographique est une catastrophe pour le patronat qui voit le rapport de force s'inverser complètement entre le travail et le capital. L'immigration depuis 50 ans a servi en Europe et aux USA à empêcher ce changement de rapport de force. Les trois outils du capital étant la libération des marchandises, celle des capitaux et en dernier celle des personnes, le tout visant à diminuer au maximum le pouvoir de négociation des salariés.

 

L'immigration sert aussi dans nos pays à créer une demande artificielle en augmentant le nombre de consommateurs potentiels tout simplement. Aux USA c'est carrément explicite. Ce pays à la natalité très faible désormais ne croit plus que par l'immigration tout en accumulant les déficits sur tous les plans. Le modèle américain consiste aujourd'hui à créer des emplois de service en émettant de la dette, ces emplois sont pris par les nouveaux arrivants qui achètent des produits importés pour leur consommation courante. Cela crée de la croissance du PIB, mais aussi des déséquilibres économiques systémiques dans toute la comptabilité nationale. Et ne parlons pas de l'instabilité politique que cela engendre sans parler des risques à long terme pour la sécurité du pays. La France macroniste a clairement choisi le modèle américain et c'était très vraisemblablement le projet de Macron, sauf que la France n'a pas le dollar, elle ne maîtrise même plus sa monnaie.

 

 

Mais tout ceci part du principe que l'immigration est un fait permanent qui va structurer l'avenir du monde. Il y aurait les pays avancés incapables de se reproduire et importants en permanence de quoi faire tourner leur machine économique. Et de l'autre coté des pays éternellement arriérés fournissant seulement de la main-d’œuvre. Évidemment cela ne fonctionne pas ainsi. Le monde change et la transition démographique fait son œuvre inlassablement. Comme je l'ai déjà montré, le monde entier est entré dans la transition démographique, même l'Afrique y passe avec retard. Demain, l'Europe manquera de main-d’œuvre, l'Amérique et le Japon aussi, mais ce sera aussi le cas de la Chine, de la Corée du Sud, de l'Inde, etc.. Vers 2050 il aura bien plus de pays manquant de main-d’œuvre à la natalité trop basse que de pays dynamiques démographiquement. Et 2050 ce n'est pas dans si longtemps que ça. La transition démographique est très rapide. Un exemple simple le Mexique. Ce pays est le principal fournisseur d'immigrés aux USA depuis 40 ans. Il en a tellement fourni qu'on peut se demander si ce pays ne récupère pas par la colonisation de peuplement ce qu'il avait perdu par la guerre au 19e siècle. Alors que ce pays avait encore 2,3 enfants par femme en 2010, il vient de tomber à 1,82. Cette baisse explique d'ailleurs aussi la baisse aux USA puisque les gens d'origine mexicaine aux USA suivent le même chemin démographique. Cela fait baisser statistiquement la natalité des USA, une baisse qui était jusque là camouflée par l'immigration de masse sud-américaine. On peut déjà dire que vers 2030-2040 l'immigration mexicaine aux USA cessera faute de troupes.

 

De l'autre côté, on assiste également à une amélioration des conditions de vie un peu partout. L'occident n'est plus l'endroit où il est le plus facile de faire fortune. Nos sociétés sont aujourd'hui des économies de rente parasitaires. Si vous avez des qualifications techniques, mieux vaut aller dans des pays comme le Vietnam, l'Inde et même le Maroc qui connaît une très forte croissance économique. Je vois la presse française et la gauche s'inquiéter du départ des musulmans français diplômés. Bien sûr, on met ça sur le dos du vilain racisme français islamophobe. Et si tout simplement ils partaient parce qu'ils ont plus d'opportunités économiques ailleurs ? N'est-ce pas un peu raciste d'associer ces départs au simple racisme français finalement ? Sous-entendant que ces pays ne seraient pas capables de se développer et que nous serions pour toujours un pays de cocagne contrairement aux leurs . Le phénomène de retour au pays de la diaspora a déjà commencé dans beaucoup de pays de la Chine au Vietnam, il est tout à fait normal que cela se produise aussi avec les pays musulmans. Et le phénomène n'est pas nouveau, bon nombre d'Italiens et d'Espagnols étaient finalement rentrés chez eux à l'époque. On le voit rapidement ici, la politique migratoire est essentiellement le produit de circonstances démographiques et économiques particulières. Et ces circonstances sont en train de disparaître. À nous d'en tirer les conséquences les plus rationnelles.

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11 décembre 2023 1 11 /12 /décembre /2023 16:03

 

 

Nous avons déjà parlé des deux immenses puissances des BRICS que sont la Chine et l'Inde. Je pense qu'il serait d'analyser les cinq grands qui sont à l'origine de cette nouvelle organisation qui prend de plus en plus de place sur l'échiquier mondial. Nous aborderons donc rapidement aujourd'hui le R des BRICS avec la Russie. La Russie qui est étrangement devenue progressivement le pays du mal en occident et ceux qui ont un peu de mémoire contrairement à nos médias se rappelleront que la dégradation des relations entre ce que l'on nomme abusivement l'occident et la Russie ne date pas d'hier. Au lendemain de la chute de l'URSS quand les USA ont cru que la Russie allait totalement se désagréger, ils ont tout à fait accepté un réchauffement des relations. Washington pensait probablement élargir son domaine de domination à toute l'Europe de l'Est à la Russie brisée. Les spin doctors néolibéraux américains qui ont prescrit leurs faux remèdes de cheval à l'économie russe sous Eltsine ont effectivement presque réussi à achever la bête. Malheureusement pour eux ce pays avait encore quelques élites moins dociles et surtout moins naïves quant au comportement américain. C'est dans ce contexte à la fin des années 90 que Poutine arrive au pouvoir dans un pays en grande partie ruiné.

 

La dégradation ne va pas se faire tout de suite, car Poutine loin d'être un anti-Occidental était même plutôt favorable à un rapprochement avec l'UE et les USA. On l'oublie trop souvent, Poutine fut l'un des premiers chefs d'État à soutenir les USA lors de l'attentat du 11 septembre 2001. Et la Russie a rendu possible la guerre en Afghanistan juste après, même si elle a condamné comme Paris et Berlin la stupide guerre en Irak de 2003. La dégradation des relations s'est faite progressivement à partir de cette époque. Si les médias ont joué un rôle important sur cette dégradation, parlant sans arrêt d'une Russie despotique et arriérée, je pense que c'est surtout le redressement du pays qui est en cause. Car la Russie malgré les nombreux problèmes qu'elle a connus n'a pas implosé comme le prévoyaient les officines néoconservatrices américaines. Et c'est de cette résilience qu'est venue la dégradation des relations. Car contrairement aux autres nations européennes, la Russie a un poids et une taille suffisante pour ne pas se soumettre aux intérêts américains. Et c'est bien là le problème, les USA ne veulent pas de partenaires, ils veulent des sous-fifres et des vassaux, comme les membres de l'UE ou la Grande-Bretagne. D'où la dégradation progressive des relations. Avec la guerre en Ukraine rendue obligatoire pour la Russie avec la menace d'une Ukraine rentrant dans l'OTAN puis dans l'UE, la situation s'est en quelque sorte clarifiée. Nous nous retrouvons dans une espèce de guerre froide bis sauf que le camp qui risque de gagner cette fois-ci n'est probablement plus le même. Mais paradoxalement la Russie par son indépendance pourrait à long terme sauver le continent européen en devenant un modèle alternatif lorsque l'empire américain aura cessé d'exercer son emprise sur cette partie du monde. Et n'en doutait pas, cela arrivera, et probablement plus vite qu'on ne le croit.

 

Situation démographique de la Russie.

 

Nous allons donc comme pour l'Inde regarder les chiffres de la situation de la Russie actuelle que ce soit sur le plan démographique ou économique. Comme d'habitude, j'invoque les statistiques de l'excellent site ourworldindata, d'autant que contrairement à l'excellent Jacques Sapir je ne parle pas le russe. Donc aller sur les sites russophones pour avoir les renseignements au plus près des sources dans ce cas m'est impossible, vous m'en excuserez. Commençons par les statistiques préférées d'Emmanuel Todd, celles de l’espérance de vie et de la mortalité infantile. Sur l'espérance de vie si l'on voit une forte augmentation après la Seconde Guerre mondiale qui montre une amélioration des conditions de vie en Russie. Le pays décroche de l'occident à partir du milieu des années 60. Ce décrochage est en mettre en parallèle avec les réussites et les échecs du communisme en URSS très bien analysé par les historiens et les économistes en particulier par Paul Bairoch. On l'a un peu oublié, mais à ses débuts l'URSS fonctionnait très bien avec des taux de croissance économique supérieurs à ceux de l'occident. C'est d'ailleurs ce qui a nourri en grande partie la peur du rouge. L'URSS semblait avoir construit un modèle alternatif réellement viable au capitalisme américain dominant à l'Ouest même si les pays européens eux étaient plutôt des économies mixtes.

 

 

Cette réussite concernait en fait essentiellement les industries lourdes qui ont apparemment été très compatibles avec une organisation centralisée de la vie économique. Les problèmes apparaissent dans les productions plus complexes et moins centralisées. L'URSS va peiner dans les industries comme l'automobile puis dans les semi-conducteurs. C'est probablement à mettre sur le dos de la complexification massive des chaînes de production qui rend ce type de production hautement complexe pour un système centralisé surtout à une époque où l'informatique était encore balbutiante. L’espérance de vie semble étonnamment suivre cette évolution avec une hausse jusqu'au début des années 60 puis un fort ralentissement jusqu'à la baisse dans les années 70. Baisse qui donnera l'indice à Emmanuel Todd sur l'effondrement prochain de l'URSS. Cependant, si cette baisse était un indice d'une dégradation lente du système soviétique, la très forte baisse dans les années 90, elle, va traduire l'effondrement de l'organisation économique. Mais cet effondrement ne durera pas, heureusement pour le pays. L’espérance de vie recommence à grimper avant même l'arrivée de Poutine au pouvoir en 1999. Traduisant probablement une amélioration de la situation économique, ne serait-ce que parce qu'un plancher avait été atteint. Et n'oublions pas que la Russie a pu compter aussi sur ses immenses ressources naturelles pour rebondir.

 

 

Depuis la fin des années 90 et même si la Russie est en retard à cause en grande partie de son histoire soviétique, le pays connaît une nette amélioration de l’espérance de vie. La baisse de 2021 est évidemment liée à la crise du COVID, qui, dans ce pays comme ailleurs, a déséquilibré un peu l'évolution naturelle. Mais jusque là on voit clairement une amélioration et un rattrapage des pays les plus avancés. On peut hurler contre Poutine, les faits disent que d'un point de vue démographique sa présidence a été une amélioration des conditions de vie de la population. Si l'on regarde maintenant la mortalité infantile, on retrouve un peu la même chose. La Russie est en fait devant les USA sur ce plan avec une mortalité plus faible que ces derniers et assez proche de la France. Une France qui, elle, connaît par contre une inquiétante hausse de la mortalité infantile. Cela n’apparaît pas bien ici, mais nous sommes maintenant au-dessus de la moyenne de la mortalité infantile européenne depuis 2015 pour être exactes. Aux USA aussi la mortalité infantile augmente d'ailleurs alors qu'ils sont déjà assez mauvais sur ce plan et en voie d'être dépassé par la Chine.

 

Tout aussi intéressant pour mesurer l'amélioration de la situation en Russie depuis vingt ans, regardons les causes de la mortalité. L'époque de la fin de l'URSS fut une période mouvementée avec une forte hausse de la mortalité liée à la criminalité et à la violence. Ce n'est guère étonnant dans une société qui perd ses repères et qui devient instable sur le plan économique. On peut voir cela dans les statistiques sur les causes de la mortalité. Ainsi en comparant les chiffres des causes de la mortalité entre 1993 et 2019 on s’aperçoit d’une très forte baisse des morts ayant pour cause des blessures volontaires. En 1993, cela représentait tout de même 4.8% des causes de décès. En 2019, la Russie est tombée à 1,4%. Il s'agit là d'un indicateur assez important qui montre une nette amélioration de la sécurité des individus et de la baisse de la violence de la société. À titre de comparaison aux USA, le taux est à 2,1%, et les désordres psychologiques représentent près de 15%des décès. Et tenez-vous bien en France, on est à 4,6% des décès qui ont pour origine les blessures volontaires, et 11% pour les désordres psychiatriques. Quoiqu'il en soit, on voit sur ces données que la Russie n'était pas du tout un pays en recule, ou un pays en voie d'effondrement. Contrairement à ce que pouvaient croire les idéologues qui pensaient qu'elles s'effondreraient avec quelques mesures de rétorsion économique.

 

 

Passons maintenant au vrai problème russe, la fécondité. Cette donnée-là est plus connue et elle est souvent utilisée pour dire que la Russie est un pays qui va s'effondrer. La natalité russe qui a été longtemps la grande force de l'Empire est effectivement devenue son talon d'Achille. Cependant, il faut être un peu honnête en la matière, c'est devenu la faiblesse de tous les pays ayant fait la transition démographique. Je ne vais pas revenir sur le sujet, j'en ai déjà longuement parlé. La Russie comme tous les pays ayant fait sa transition a une natalité qui est tombée trop bas. Pour relativiser cette situation, j'ai mis un comparatif avec la France, les USA, l'Europe en moyenne, la Chine et le Japon. La France arrive en tête en 2021 avec un misérable taux de 1,79 enfant par femme. Nous sommes un peu le borgne au milieu des aveugles. Le taux de renouvellement des générations c'est 2,05 à minima pour donner un ordre de grandeur. Avec un taux à 1,49 la Russie se situe en réalité pile dans la moyenne européenne. Quant aux USA avec leur 1,66 ils ne vont guère mieux, et ne parlons pas de l'Asie, cela se passe de commentaire. Bref, la natalité russe va mal, mais tout le monde va mal en fait. Le fait réellement aggravant pour la Russie c'est qu'elle a déjà un gros problème de faiblesse de densité de population. C'est un pays qui est déjà beaucoup trop grand pour sa population et le problème risque d'empirer si la natalité ne se redresse pas. Pour ce qui est de l'âge moyen, la crise des années 90 a tristement rajeuni le pays, l’espérance de vie ayant chuté. À l'heure actuelle l'âge moyen russe est inférieur à ceux de l'Europe et équivalent à celui des USA avec 38 ans environ .

 

 

Le pays va donc faire face à un vieillissement dans les années à venir même si à l'heure actuelle il peut compter sur une population légèrement plus jeune que le reste de l'Europe. Mais il est par contre important de souligner l'avantage de la Russie sur l'éducation. Il s'agit d'un pays avec un très bon niveau de formation en particulier dans les sciences. Il s'agit là indéniablement d'un lègue de l'URSS, qui, si elle avait beaucoup de défauts, avait quand même comme immense qualité de bien former les jeunes avec un bon système éducatif. La Russie forme deux fois plus d'ingénieurs que les USA. 450 000 ingénieurs par an sont formés en Russie contre seulement 250000 aux USA, un pays pourtant plus de deux fois plus peuplés. Elle est sans doute en grande partie là la résilience de l'économie russe, mais nous en reparlerons dans la seconde partie consacrée à la situation économique.

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4 décembre 2023 1 04 /12 /décembre /2023 16:23

 

 

La démographie mondiale est donc chancelante. Parler encore de risque de surpopulation ou de démographie galopante est pour le moins faux, pour ne pas dire irresponsable. Car une fois que la décroissance démographique s'enclenche, elle risque de ne plus trouver de limites. Pour l'instant, l'expérience montre qu'on ne refranchit plus la limite des deux enfants par femme une fois qu'on est tombé en dessous. Il faut espérer que les nations reviennent un jour à l'équilibre, mais pour l'instant on n'a pas d'exemple d'un véritable redressement. Le délire malthusien sur la nécessité de la réduction de la population mondiale est un anachronisme. Cela pouvait à la limite être théoriquement acceptable en 1960, mais cela n'a plus aucun sens aujourd’hui. Il est d'ailleurs très probable que l'humanité n’atteigne même jamais les 9 milliards d'habitants et encore moins les 10 milliards avant de rapidement décroître. Et le redressement n'est pas à l'heure actuelle imaginable. La France qui est en proie au déclin démographique depuis deux siècles n'en est, par exemple, toujours pas sortie. C'est d'autant plus vrai que nos élites ont volontairement saboté les politiques familiales qui avaient permis une amélioration après guerre. Le denier coup a été donné par François Hollande avec sa réforme des allocations familiales. Une étude récente a montré que cette politique avait clairement cassé la dynamique démographique française. Rappelons que l'actuel président de la République est co-responsable de cette situation puisqu'il était ministre de l'Économie de François Hollande, et qu'il n'a toujours rien fait pour revenir sur ces réformes.

 

Quoiqu'il en soit nous, devons essayer de voir quelles sont les origines de cette baisse de la natalité. Après tout on ne peut pas résoudre un problème si l'on n'en connaît pas la cause. Mettons-nous tout de même d'accord au préalable, il est bien évident que la natalité allait baisser avec la baisse de la mortalité infantile. Et heureusement d'ailleurs, personne ne souhaite, je pense, une planète à 50 milliards d'êtres humains ou plus. Si les gens avaient autant d'enfants avant c'est qu'il y avait malheureusement peu d'enfants qui parvenaient à l'âge adulte. Pour vous donner une idée, un enfant sur quatre mourrait avant un an au moyen-âge, et à peine plus d'un enfant sur deux atteignait l'âge de dix ans. Et l'on ne parlera même pas de la mortalité des femmes en couche. Avoir beaucoup d'enfants dès le jeune âge était donc la seule méthode permettant d'avoir une descendance atteignant l'âge adulte. Aujourd’hui, il est bien évident que la très faible mortalité infantile rend la nécessité d'avoir autant d'enfants bien plus faibles. Cependant, cela n'explique pas pourquoi la natalité descend en dessous voir très en dessous des deux enfants par femme dans de plus en plus de pays. Particulièrement dans des pays où théoriquement tout va bien. Que ce soit sur le plan économique ou politique à l'image de la Corée du Sud ou de la Suisse.

 

Les diverses hypothèses

 

On pourrait arguer ici l'effondrement religieux comme source du problème. La modernité a tué Dieu et la religion, elle a cassé la transcendance et donc les gens sont devenus individualistes et n'ont plus d'enfants. C'est un argument qu'on retrouve très souvent, mais qui en réalité n'explique rien. Comme c'est souvent le cas avec les explications morales. Tout d'abord comme je l'ai dit précédemment, un simple coup d’œil aux statistiques par pays montre que l'effondrement de la religion ou de la transcendance ne marche pas. Il sera difficile de décrire par exemple l'Iran comme un pays totalement voué à la modernité libérale ou athée. Et pourtant la fécondité locale est au même niveau que celui de la France laïque. Même chose avec un pays comme la Pologne ou la Russie. Ces nations restent très attachées à la tradition, en particulier la Russie qui rejette assez largement le modèle « occidental ». Pourtant la natalité est très faible dans ces deux pays, ils conjuguent églises pleines et berceaux vides. Et pour rajouter un peu plus de certitude sur la question, parlons d'un pays que j'aime bien, le Bhoutan. Un tout petit pays perdu dans l'Himalaya. Aux frontières de l'Inde, et de la Chine et pas très loin du Népal. C'est un pays emblématique du rejet de la modernité, ils ont même rejeté la notion de PIB pour lui préférer la notion de BNB (bonheur national brut).

Cette nation est très traditionaliste, à tel point que la télévision était interdite jusqu'en 1999. La religion est omniprésente essentiellement du bouddhisme vajrayāna . Et bien le Bhoutan, ce rêve traditionaliste et conservateur, est tombé à 1,4 enfant par femme en 2021. Vous voyez ici que l'explication passant par l'idée que la population a cessé de croire dans la religion, ou la perte des traditions qui serait à l'origine du problème est invalide. On pourrait multiplier les exemples, mais l'explication est probablement ailleurs que dans la pratique religieuse ou la question de la tradition. Alors bien évidemment les démographes ont déjà réfléchi à ces questions. Mais je ne crois pas qu'on ait réellement de réponse absolue. Le premier facteur qui peut venir à l'esprit est bien évidemment la concentration urbaine. Les populations ont tendance à vivre de plus en plus dans les villes. Or le coût de la vie étant plus élevé et le prix du mètre carré plus contraignant, les gens auraient tendance à faire de plus petites familles. Et l'on constate qu'effectivement la tendance est à une plus faible fécondité en ville qu'à la campagne. Même dans des pays avancés comme le Japon, la différence entre les grandes villes et la campagne est une réalité.

 

 

Cependant s'il est possible que cela explique en partie la baisse de la fécondité. On pourrait tout autant dire que la baisse de la fécondité part des villes et s'étend ensuite dans les campagnes. En Inde par exemple on voit clairement la baisse de la fécondité partir des grandes villes puis s'étendre dans les campagnes. À tel point qu'on peut dire que les villes constituent une vue de l'avenir de la natalité générale d'un pays. Et si dans des pays comme le Japon la fécondité est plus faible à Tokyo qu'ailleurs, en France, la baisse de la natalité a été plus faible dans les métropoles que dans les campagnes récemment, si l'on se fit à cette étude de l'INSEE. D'ailleurs en parlant de notre cher pays, la baisse de la fécondité nationale a précédé en grande partie l'urbanisation et la concentration des populations dans les grandes villes. Une concentration qui a accompagné la modernisation du pays. Comme quoi si ce facteur doit jouer, il est difficile à interpréter et il dépend probablement fortement des conditions économiques locales. La paupérisation des villes moyennes et de la France périphérique explique probablement en partie pourquoi la natalité a plus baissé dans ces lieux que dans les métropoles. Un phénomène qui n'existe peut-être pas sous cette forme au Japon.

 

Comme nous avons parlé brièvement de la question de l'urbanisation, passons à la question économique. On a longtemps associé à tort baisse de la natalité et processus d'enrichissement. À gauche en particulier on a vu longtemps cette idée qu'un pays pauvre faisait nécessairement des enfants alors qu'un riche en faisait peu. On va être clair, cela n'a simplement aucun rapport direct. On a aujourd'hui des pays pauvres à faible fécondité. Et des pays riches avec des natalités encore assez fortes, comme les pays du Golfe. Cependant, comme je l'ai déjà dit dans mon texte sur le lien entre la démographie et l'économie, la transition démographique facilite le développement économique. Pendant une période importante, les actifs deviennent beaucoup plus nombreux que les inactifs. Cela permet donc de faire une forte croissance économique pendant 40 ans environ, avant d'être rattrapé par le vieillissement induit par la baisse de la fécondité à long terme. Certains pays en profitent pour se développer, d'autres non. Mais c'est dans ce sens qu'il faut comprendre le lien entre la richesse et la démographie.

 

Les modes de vie modernes ont-ils un impact sur la fécondité ? Comme je l'ai dit précédemment, certains pays restés traditionnels ont une fécondité très basse donc cela veut dire que ce facteur n'est pas déterminant contrairement à ce que l'on pourrait croire au premier abord. Il est cependant vrai que le rapport des populations à la famille peut jouer. On prendra deux exemples extrêmes pour s'en convaincre la France et le Japon. En France la famille traditionnelle a implosé depuis les années 70. Aujourd'hui, la majorité des naissances ont lieu hors mariage. Au Japon, c'est tout simplement inimaginable et cela concerne seulement 2,4% des familles. Cette différence peut être expliquée par la différence de structure familiale. Selon la conception toddienne, le Japon est un pays de famille souche, la France, un pays de famille nucléaire égalitaire. La France a donc un rapport moins rigide à l'organisation familiale et accepte mieux la recomposition. Le statut des femmes étant plus élevé en France à cause de cette différence anthropologique, la France s'adapte mieux aux changements liés à l'arrivée des femmes sur le marché de l'emploi. Au Japon, un peu comme en Allemagne qui a les mêmes structures familiales, la femme qui travaille est en quelque sorte un homme sociologiquement. Et une femme qui a des enfants doit absolument se concentrer sur sa famille et abandonner son travail. Ce choix cornélien joue contre la natalité dans ces pays et rend l'adaptation au changement du statut des femmes plus difficile.

 

Cependant dans le cadre français il est indéniable que les questions économiques jouent aussi. La fécondité de la population est très largement structurée autour du revenu comme le montre ce graphique que j'avais déjà utilisé, mais qui est passablement clair sur la question. Cependant encore une fois ce qui est vrai en France ne le sera pas forcément ailleurs. Nous pouvons aussi parler de l'hypergamie féminine et de la hausse du niveau scolaire des femmes qui induit une sélectivité vis-à-vis des hommes de plus en plus importante. En effet, les femmes dans nos pays faisant maintenant plus d'études que les hommes auront statistiquement moins de choix pour leurs partenaires potentiels. L'hypergamie obligeant les femmes à choisir les hommes au statut social aussi élevé ou plus élevé qu'elle fait qu'elles auront de moins en moins de choix en réalité. De fait, la hausse de l'éducation des femmes est l'un des facteurs prépondérants pour les démographes expliquant la chute de la natalité. Non seulement parce que les femmes retardent de plus en plus l'âge du premier enfant à cause des contraintes éducatives et de la nécessité de s'insérer dans la vie active. Mais aussi à cause du facteur d'hypergamie qui rend la recherche d'un partenaire potentiel de plus en plus difficile. L'on pourrait ici arguer que l'hypergamie finira par disparaître pour des raisons pratiques, mais rien n'est certain en la matière. Certains auteurs affirment que la France connaît un déclin de l'hypergamie féminine, mais les hommes en moyenne dans les couples continuent de gagner plus que leurs femmes. Et le taux de célibat chez les hommes reste inversement proportionnel aux revenus. Peut-être que ce changement se fait, mais il est probablement assez lent.

 

La rationalisation de la reproduction

 

Si tous ces facteurs jouent probablement, le facteur essentiel à mes yeux est simplement le passage à une société humaine soumise à des aléas naturels et à ses pulsions, à une société entièrement autodomestiquée. Car l'être humain est une espèce qui s'est autodomestiquée, en quelque sorte. Nous avons convenu depuis que la civilisation est née qu'il était potentiellement plus intéressant d'abandonner certaines libertés pour vivre en groupe, car le groupe était plus efficace pour faire face aux aléas naturels et à la survie. De fait petit à petit, de nombreuses règles et habitudes ont façonné l'organisation humaine pour permettre au groupe de survivre à long terme. Cependant, il y avait des choses qui sont longtemps restées l'apanage de l'individu, de la famille et de la nature. L'éducation des enfants reste globalement le fait parental, l'école n'étant là que pour instruire (enfin cela devrait être son rôle). Et le fait de fonder un couple et une famille reste là aussi la prérogative des individus même s'il existe des pressions sociales dans certaines sociétés. Par contre, le fait d'avoir des enfants était jusqu'à la pilule et à la contraception moderne très sujet à l'influence de mère Nature si je puis dire. Même en faisant attention, on pouvait très bien avoir des enfants sans le souhaiter et quand on en avait on faisait avec si je puis dire.

 

Là est la grande rupture anthropologique de notre temps. Nous sommes passés au stade terminal de l'autodomestication et aucune civilisation avant la nôtre n'avait connu ça. La rationalisation des naissances nous a fait entrer dans un autre monde et il nous faut en réalité inventer une nouvelle façon d'organiser la société pour que ce changement ne soit pas fatal. La France avait déjà fait un effort dans ce sens après la Seconde Guerre mondiale. Notre système de politique familiale aujourd'hui à l'abandon doit probablement être repensé. Mais il préfigure l'inéluctable orientation des sociétés voulant survivre à ce changement anthropologique majeur. Les familles doivent être rassurées, elles doivent avoir confiance en l'avenir et pouvoir se projeter dans un monde stable si l'on veut que les gens aient des enfants. Le rôle de l'état et des collectivités seront essentiels à l'avenir sur ce sujet.

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1 décembre 2023 5 01 /12 /décembre /2023 14:56

 

Une triste information vient de nous parvenir, non, je ne parle pas de la mort de Henry Kissinger, qui a probablement rejoint Adolf et Thatcher en enfer, enfin si l'enfer existe bien sûr. Je parle de la fécondité sud-coréenne. En effet, ce pays qui est aujourd'hui le moins fécond sur terre vient à nouveau de connaître une chute de la natalité. Celle-ci atteint désormais le niveau dramatiquement bas de 0,7 enfant par femme. L'historien Pierre Chaunu avait dit en plaisantant dans l'un de ses derniers livres consacrés à la démographie qu'il y avait de la place entre 0 et 1 pour la basse fécondité, il ne croyait pas si bien dire. En 2003 quand il a écrit son essai, aucun pays au monde n'était encore en dessous d’un enfant par femme et maintenant nous y sommes. Alors j'ai déjà longuement écrit sur les questions démographiques sur son lien très important et trop souvent ignorer avec la dynamique économique. J'ai également fait un petit historique du déclin français essentiellement lié à notre incapacité depuis deux siècles à faire suffisamment d'enfants. Un déclin démographique qui a produit l'abaissement formidable du poids de la France en Europe et dans le monde.

 

 

Dans un texte sur l'Inde, nous avons vu aussi brièvement l'évolution démographique de ce pays et la vitesse à laquelle la population va vieillir, ce qui pour l'instant favorise le développement et la croissance. Mais nous n'avons pas encore vraiment abordé la question du pourquoi. Pourquoi la natalité atteint-elle des niveaux aussi dramatiquement bas. Les idées reçues sur le sujet sont multiples. À droite cela va parler uniquement d'un effondrement de la religion, d'une société mortifère qui ne donne plus envie de faire des enfants. On ressort les ritournelles habituelles de l'absence de transcendance, ce genre de chose. À gauche on se focalisera surtout sur les questions économiques. Mais comme nous allons le voir rapidement, la question est très loin d'être simple. Et il n'est d'ailleurs pas certain que la réponse soit universelle. En d'autres termes si la transition démographique et la sous-fécondité semblent devenir universelles, cela ne signifie pas pour autant que les solutions soient elles aussi universelles. Il est tout à fait probable que les solutions au problème de la sous-fécondité dépendent totalement des cultures et des traditions locales même si par moment elles peuvent partager un ensemble de mesures communes.

 

Anatomie du désastre démographique

 

Commençons par un bilan rapide comme je l'ai déjà dit dans mon texte sur l'économie et la démographie, la natalité mondiale est sur le point de passer en dessous du seuil de reproduction. Dans dix ans, si l'évolution actuelle reste au même rythme, l'humanité passera en dessous des 2,1 enfant par femme. Je rappelle qu'en théorie il faut un peu plus de deux enfants par femme pour renouveler les générations en supposant une très faible mortalité infantile. Comme il naît un peu plus de garçons que de filles ( 105 garçons pour 100 filles en France), il faut donc à minima 2,05 enfants par femme pour renouveler à un pour un les générations et un peu plus en prenant en compte la mortalité infantile, qui, même si elle est heureusement devenue très basse, existe encore. On peut donc dire que l'humanité a terminé sa transition démographique commencée en Europe au 19e siècle, si l'on fait exception de la France qui l'avait commencé avant pour son plus grand malheur. Puisqu'un graphique vaut mieux qu'un long discours, voici une image qui résume l'évolution depuis 1950. On voit bien ici que toutes les régions du monde connaissent une baisse marquée des naissances. Et le graphique s'arrête en 2010, comme on l'a vu l'Inde est tombée à deux enfants par femme récemment. Même l'Afrique subsaharienne connaît une surprenante accélération de la baisse de la natalité.

 

 

Tout ceci remet sérieusement en doute l'idée d'une planète Terre atteignant dix milliards d'habitants. Un scénario qui était en fait très optimiste sur le maintien des naissances avait sous-estimé la capacité de certaines régions du monde à faire moins d’un enfant par femme. La Chine elle-même avait par exemple menti sur ses statistiques démographiques. La natalité dans le pays était déjà beaucoup plus basse que ce qui avait été déclaré. Or il est assez facile pour démographes de trouver des incohérences dans ce genre de données. Tout aussi intéressant, voici un graphique sur la vitesse de la transition démographique. En réalité, la transition démographique en Europe a été relativement lente. Comme le montre le graphique suivant, il a fallu 95ans à la Grande-Bretagne pour passer de six enfants par femme à seulement 3. La Chine et l'Iran ont fait la même chose en seulement une dizaine d'années. Il s'agit de phénomènes particulièrement violents qui déstabilisent les sociétés. Pierre Chaunu dans son essai sur la démographie pensait qu'il y avait un lien entre la basse fécondité et la vitesse à laquelle celle-ci baissait. Un coup d’œil rapide aux fécondités des pays concernés invalide cette hypothèse. Certes, la Chine est aujourd'hui à 1,3 enfant par femme et sa fécondité a baissé très vite. Mais il y a des pays qui ont connu une baisse plus lente et qui sont tombés au même niveau à l'image de la Grèce. Je pense donc qu'on peut affirmer qu'il n'y a pas de lien entre la descente finale de la natalité et le rythme auquel le pays a fait sa transition. Par contre, il est évident que ce rythme a d'énormes conséquences économiques, mais c'est un autre sujet.

 

 

Comme vous pouvez le voir sur la carte mondiale ci-dessous, la baisse de la fécondité est générale et touche toutes les régions du monde (pourtant la carte est basée sur les chiffres de 2017cdéjà anciens) . Au premier coup d’œil, on voit que cela n'a aucun rapport avec la religion contrairement aux idées reçues de certains à l'extrême droite. Mais cela n'a pas plus de lien avec le niveau de développement d'un pays. On a aujourd'hui des pays qui sont encore pauvres et ont pourtant une fécondité à l'occidentale si je puis dire. Comme disait Emmanuel Todd avec un peu trop d'empressement sur la Chine « Ils seront vieux avant de devenir riche ». Nous allons chercher des explications dans la seconde partie de ce texte qui arrivera plus tard, mais il faut vraiment arrêter de dire des bêtises sur la démographie mondiale.

 

 

-Il n'est pas vrai que l'humanité se dirige vers un monde surpeuplé. La transition est déjà presque terminée et le monde va vite devenir très vieux avant de voir sa population fortement baisser. Le Japon actuel préfigure un peu ce à quoi ressemblera la majorité des pays vers 2100 et c'est très inquiétant sur le plan économique et politique. Rappelons que cela signifie également que les personnes âgées représenteront la majeure partie des électeurs, ce qui n'est pas sans conséquences dans les démocraties.

 

-La religion n'a pas de rapport avec le taux de fécondité. On a des pays encore très religieux où la fécondité est très basse. L'islam et l'islamisme ne favorisent pas les hautes fécondités. La preuve l'Iran est aujourd'hui un pays à 1,7 enfant par femme. Et sa fécondité est tombée après la montée au pouvoir des islamistes. Le catholicisme n'a pas plus de rapport avec la fécondité d'ailleurs. On trouve des pays fervents catholiques encore féconds à l'image des Philippines et d'autres à très basse fécondité à l'image de la Pologne.

 

-La fécondité en Afrique baisse. Et elle n'a jamais cessé de baisser. L'augmentation de la population est due à un retard de la baisse de la natalité par rapport à la baisse de la mortalité infantile. J’insiste sur ce point parce qu'on entend trop souvent chez certains à droite que l'Afrique ferait de plus en plus d'enfants, c'est simplement faux.

 

-Dernier point géographiquement centré, la politique de l'enfant unique en Chine n'est pas responsable de la baisse de la natalité du pays. Cela étonnera certains, mais en réalité on peut comparer la Chine avec Taïwan. Il s'agit du même peuple, même si certain hurleront en entend ça, c'est un fait historique. Seulement les deux pays ont eu des trajectoires politiques et économiques différentes. Taïwan n'a pas fait de politique de l'enfant unique et pourtant les natalités des deux pays ont baissé de manière totalement identique. Cela signifie que la politique de contrôle des naissances en Chine n'est pas responsable de la baisse de la natalité. Ce qui explique au passage aussi pourquoi son annulation n'a pas relancé la fécondité du pays. Elle n'a aucun effet dans les deux sens. Cela ne signifie pas que les politiques n'ont aucun effet sur la démographie, mais qu'elles n'ont pas automatiquement un effet. Mais nous verrons ça dans la seconde partie.

 

 

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20 novembre 2023 1 20 /11 /novembre /2023 16:06

 

Nous avons régulièrement parlé sur ce blog des questions démographiques. Vous le savez maintenant, l'avenir de l'humanité n'est pas un avenir à la « soleil vert », c'est-à-dire un monde surpeuplé sans aucune ressource notamment alimentaire, au point de manger ses vieux sous forme de pastille, mais plutôt un monde de vieillards décrépits dans une société en voie de dépopulation rapide. Je ne suis pas le premier à écrire sur le sujet bien évidemment. C'est d'ailleurs John Manyard Keynes qui fut le premier à vraiment réfléchir sur la question du déclin démographique sur l'économie. Il fut l'un des rares penseurs à réfléchir à un déclin à long terme des populations dans un monde qui ne cessait pourtant de croître. Ce fut tout à son honneur de penser le monde d'après qui commençait à poindre en Grande-Bretagne son pays natal lorsqu'il écrivit sur le sujet, mais aussi dans la déjà vieille France voisine qui avait déjà passé sa transition démographique bien avant tout le monde. Si le mythe malthusien d'une humanité condamnée à la misère par la surpopulation avait décliné après la guerre devant le constat d'un génie humain semblant plus fort que les raisonnements bassement comptables du malthusianisme. La prévision de Keynes sur une Grande-Bretagne en déclin démographique était par contre bien vraie.

 

Soleil Vert le Film qui a accompagné les délires malthusiens du club de Rome

 

La baisse de la population mondiale n'est bien évidemment pas pour tout de suite. La natalité de la planète est d'ailleurs encore supérieure au seuil de renouvellement à 2,3 enfants par femme environ, mais cela baisse vite. Si l'évolution se maintient au rythme de ces dernières années, on devrait voir la natalité mondiale tomber en dessous du seuil de 2,1 dans les dix ans qui viennent. C'est-à-dire demain pour ainsi dire. Alors bien évidemment les spécialistes de plateau télé vont ressortir les discours sur la nécessité de l'immigration pour compenser. Mais ils n'ont pas vraiment réalisé qu'à long terme plus personne n'aura de main-d’œuvre à proposer pour compenser les populations vieillissantes des anciens pays riches. Au-delà de la question de l'assimilation de ces populations et des problèmes que cela peut générer, il y a un simple problème d’arithmétique. Vers 2050, il n'y aura simplement plus de territoires à forte natalité dans le monde et susceptibles de fournir de la main-d’œuvre. Du reste, les pays encore jeunes à cette époque seront sûrement en plein boom économique et auront encore moins envie de fournir de la main-d’œuvre à un occident décrépi. Il suffit d'observer aujourd'hui des pays comme le Vietnam qui était encore il y a peu de temps un fournisseur de main-d’œuvre immigrée, mais qui est maintenant un pays dynamique qui récupère de plus en plus de jeunes d'origine vietnamienne qui ont grandi dans d'autres nations. Rien n'interdit de penser que beaucoup d'immigrés vivant actuellement en France pourraient simplement quitter le pays pour rentrer dans leur pays d'origine avec de meilleures perspectives économiques à l'avenir. Étant donné l'état de la France et les faibles perspectives du pays, ce ne serait pas très étonnant à terme.

 

On le voit donc, la solution qui consiste à tricher avec la pyramide des âges en important de la main-d’œuvre et en jouant un peu les négriers des temps modernes n'a pas d'avenir. Chose étonnante, le discours que je tiens ici a été pour une fois tenu sur la revue de droite conservatrice Causeur. Les commentaires sous l'article furent gratinés, les lecteurs de cette revue étant convaincus que la France finira en Califat à cause du grand remplacement. La réalité est un peu différente, l'immigration de masse n'ayant probablement pas un avenir durable sur nos terres. Pour en revenir à notre sujet, il s'agit donc ici de réfléchir un petit peu à des conséquences à long terme d'une baisse de la population. Nous partons du principe donc que cette évolution est durable, c'est-à-dire qu'il n'y a donc pas de redressement de la natalité à plus ou moins long terme, et que l'immigration n'existe plus pour boucher artificiellement les trous.

 

 

Déclin démographique = déclin économique ?

 

Il existe bien évidemment un pays qui correspond à peu près déjà à ces critères, c'est bien évidemment le Japon. Dernièrement, le pays a fait l'objet d'une campagne de dénigrement en France. La presse libérale présentant le Japon comme un pauvre pays en déclin parce qu'il accepte son déclin démographique et ne fait pas d'immigration de masse. Il faut rappeler que la presse française est avant tout une presse bourgeoise qui s'adresse à des cadres supérieurs. Cette population aime l'immigration surtout pour ses petits besoins personnels comme le montre une étude récente sur l'usage des livraisons à domicile. Les CSP+ votant à gauche aimant particulièrement les services qui ne sont rentables qu'avec un usage massif de population d’immigrés sous-rémunérés. Donc le Japon c'est un peu leur Némésis. Un pays affreusement réactionnaire qui rejette l'immigration. D'où cette étrange campagne présentant un Japon dont le PIB serait dépassé par l'Allemagne et tombant à la quatrième place économique mondiale. C'est absolument ridicule. Le PIB exprimé en dollar ne permettant pas des comparaisons internationales. Le Japon pèse en réalité encore aujourd’hui beaucoup plus que l'Allemagne. Cependant, il est vrai que le déclin démographique entraîne un ralentissement mécanique de la croissance. Mais le Japon sans immigré depuis 20 ans n'a pas vraiment à rougir pour l'instant face à une Allemagne qui effectivement fait de l'immigration de masse, mais n'a pas de croissance plus forte. En réalité, malgré l'immigration très importante qu'elle a reçue depuis 20 ans l'Allemagne n'a pas eu de croissance plus forte que le Japon sur la période. On pourrait y voir un des effets de l'euro, mais indéniablement en pratique dire que le Japon va mal à cause de son manque d'immigration ne colle pas aux données.

 

 

Il y a cependant une limite à faire du Japon, un exemple pour l'avenir de l'humanité. En effet, si le Japon peut compter sur une population travailleuse, productive et sur une automatisation massive pour compenser le manque de main-d’œuvre dans la production. Le Japon compte beaucoup sur les exportations pour compenser son déclin de la demande intérieure. C'est d'ailleurs l'une des raisons de la chute récente du Yen. Le Japon pour maintenir ses exportations face à la concurrence très violente de la Chine a fait ce que faisait la France autrefois, il a dévalué. D'où une perte relative du poids du PIB exprimé en dollar. La dévaluation a deux effets, d'une part elle augmente le prix des importations ce qui rend les produits étrangers moins compétitifs sur son marché intérieur. Cela peut nourrir l'inflation à court terme dans les pays trop dépendants aux importations comme la France par exemple. Et dans le même temps, cela rend les productions japonaises moins chères à l'exportation. Le Japon a fait deux dévaluations compétitives ces vingt dernières années. La première en 2013 et la seconde l'année dernière. C'est cela qui a produit ce déclin apparent, mais qui n'est qu'un artefact comptable lié à l'erreur qui consiste à comparer des pays avec des PIB exprimés en dollar.

 

Si le progrès technique peut permettre de compenser les effets sur la production de la diminution de la population par l'automatisation massive, il ne compense pas par contre les effets sur la demande. On peut faire des robots pour produire, mais pas des robots pour consommer. (Quoique dans un monde de shadoks) Les pays comme le Japon ou l'Allemagne et donc demain la Chine dont la natalité s'est effondrée vont donc avoir tendance à court terme à compenser leur manque de demande intérieure par les exportations. Ils vont pomper la demande des autres pays et ainsi compresser la demande mondiale. C'est déjà le cas dans l'UE avec une Allemagne qui a cassé la croissance du continent grâce en grande partie à l'euro. Cependant en pratique si l'on raisonne comme Keynes, on pourrait compenser cet effet de baisse de la demande. Il suffirait en théorie de compenser la baisse de la demande provoquée par la baisse de la population par une hausse de la demande par tête. En gros si l'on augmente le niveau de rémunération par individu plus rapidement que ce que provoque la baisse de la population sur la demande globale, on compense théoriquement les effets d'une baisse quantitative de la population. Et comme la propension à consommer de la population est généralement plus forte chez les pauvres que chez les riches, une société qui tend à décroître démographiquement devrait donc lutter pour accroître plus vite le revenu des plus pauvres. On le voit ici pour compenser notre déclin démographique, il faudrait consommer plus, et être plus riche en réalité que nous ne le sommes. Malheureusement étant donné les mentalités actuelles qui tendent plutôt à vouloir accroître les inégalités, il n'est pas certain que cette solution puisse être politiquement praticable.

 

On doit donc convenir que la dépression démographique aura comme effet une réduction durable de la demande. Une baisse constante de la demande poussant mécaniquement à la déflation. Cela veut dire moins d'investissement et des consommateurs qui préfèrent attendre et épargner plutôt que de consommer tout de suite. Le pire est qu'il est probable qu'une telle évolution entraîne une aggravation de la dépression démographique. Les perspectives baissières à long terme entraînant une dégradation des conditions de vie réduisant encore plus la natalité des familles. L'humanité pourrait donc se diriger à terme vers une espèce de dépression du type 1929, mais sans aucune perspective de sortie à long terme. En effet même pendant la crise de 1929, la croissance démographique faisait naturellement contrepoids à la crise de la demande. La population augmentant naturellement, la demande augmentait de façon mécanique même si la croissance par tête était faible. Mais ce mécanisme de sauvegarde n'existe plus maintenant dans nos pays. Et il est à craindre que notre société ne finisse dans un marasme interminable. Cela rend d'autant plus importantes les politiques de relance de la natalité. Car les solutions purement économiques à ce problème seront difficiles à pratiquer et même probablement impossibles à faire dans l'univers mental dans lequel nous sommes.

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6 novembre 2023 1 06 /11 /novembre /2023 15:44

 

Alors que le chômage commence à nouveau à augmenter malgré les énormes efforts de Macron depuis 2017 pour en camoufler la réalité, voilà qu'une nouvelle loi sur l'immigration va être prise par le gouvernement. Ainsi notre pitoyable première ministre nous sort une magnifique formule décrivant la régularisation des sans-papiers comme du bon sens. L'expérience montre pourtant depuis 40 ans que toute régulation des sans-papiers, qu'on devrait plutôt appeler travailleurs clandestins ou illégaux, se traduit par une nouvelle vague d'immigration comme un appel d'air. En effet, pourquoi se priver d'aller illégalement sur un territoire si c'est sans conséquence et qu'en plus vous obtenez le droit de rester sur place ensuite ? Le fait que la Première ministre annonce de but en blanc vouloir faire des régularisations et que c'est du bon sens revient à dire que respecter nos frontières et nos lois ne sert à rien. De tels propos devraient à mon sens entraîner immédiatement la démission de cette dame et la dissolution immédiate du gouvernement. Des dirigeants ne peuvent pas appeler ouvertement à violer ainsi les lois de leur propre pays, c'est invraisemblable.

 

Et pendant ce temps-là sur les ondes des radios et à la télévision une partie du patronat se lâche en disant qu'il faut impérativement régulariser, et pourquoi pas, faire venir encore plus d'immigrés dans le pays. Et cela alors même que le conflit israélien nous rappelle en ce moment même que l'immigration revient à importer sur son sol des conflits qui viennent d'ailleurs. Quoi qu'on pense du conflit israélo-palestinien, il est quand même étrange qu'un conflit si lointain prenne une telle ampleur sur notre territoire, opposant violemment des populations dont une grande partie est de présence récente sur notre sol. La multiplication des problèmes idéologiques avec l'islam qui s'étend de plus en plus remettant en cause la laïcité et provoquant des meurtres sur des enseignants, est aussi le fruit pourri de l'immigration de masse. Pourtant cette réalité est tout simplement oubliée dès qu'il faut faire du profit et faire tourner les entreprises. Tout se passe comme si la raison et l'esprit de survie collectif s’éteignaient dès que cela touche les eaux glacées du calcul égoïste. S'il y a bien une preuve de l'imprégnation massive de l'idéologie libérale dans les sociétés occidentales, c'est bien celle-ci.

 

Et le pire c'est que l'immigration d'aujourd'hui passe pour œuvre de charité. La gauche mélenchoniste et son projet de créolisation, du type troisième Reich, avec le métis à la place de l'aryen, fait semblant d'être sympathique et de « gauche ». Alors qu'en réalité il ne s'agit que d'une entreprise visant à valoriser la dégradation de la condition de vie des salariés français par la mise en concurrence avec des populations nombreuses sur des secteurs qui étaient restés protégés jusqu'ici des effets de la globalisation. Les plus incroyables étant le retour des petits métiers (dont Uber est un spécialiste ) avec comme base des sans-papiers. Combien de jeunes gauchistes aimant leur prochain au point de leur ouvrir nos frontières ne font qu'en fait profiter de ce commerce des hommes pour leurs propres petits intérêts économiques ? Mais ils sont de gauche puisqu'ils votent Mélenchon. Le projet d'immigration sans frontières n'est en fait qu'une espèce de nouveau commerce triangulaire. La différence c'est que cette fois il ne s'agit pas de coloniser l'Amérique, mais l'Europe. L’immigré permettant la croissance du PIB par sa consommation , son travail et donc l'accroissement des profits de quelques minorités. Cependant si l'on se place du point de vue purement économique, la colonisation de l’Amérique fut extraordinairement profitable aux natifs américains puisqu'ils sont aujourd'hui bien plus riches qu'en 1492. Au demeurant, vers 2100, quand les européens ne seront plus qu'une faible minorité sur leur terre soumit à quelques délires des nouveaux venus, on trouvera probablement encore quelques économistes délirants pour leur dire que c'était formidable parce que l'Europe est maintenant beaucoup plus riche.

 

Comment peut-on croire que notre pays qui n'a toujours pas assimilé des populations venues dans les années 70 serait à même de continuer sur cette lancée sans s'effondrer ou connaître une guerre interethnique dans les décennies qui viennent ? A-t-on déjà oublié les émeutes violentes d'il y a seulement quelques mois ? Peut-on sérieusement penser que les gains hypothétiques que cette croissance artificielle de la population produit surpasseront toujours les coûts invraisemblables de l'insécurité publique et de la violence intracommunautaire ? Faut-il avoir vraiment le cerveau ravagé par le calcul bassement comptable et à courte vue pour penser ainsi ? L'immigration ce n'est pas seulement des travailleurs en plus, ce sont des gens qu'il faut loger, nourrir, vêtir, et souvent instruire. Et avec eux ce sont des regroupements familiaux souvent interminables. Et ces gens ne sont pas des pions ou des êtres sans profondeur. Ce sont des gens avec des valeurs, des croyances des idées, qui sont très souvent très différentes de leur société d’accueil. Le libéralisme qui a énucléé l'homme de sa profondeur anthropologique avec son stupide Homo economicus pour simplifier ses raisonnements simplistes a fait une erreur fondamentale. Erreur que nos élites reproduisent aujourd'hui à grande échelle, mettant ainsi en danger vital nos sociétés.

 

Les êtres humains ne sont pas interchangeables, les peuples ont des identités, des cultures, des structures familiales et des modes de pensée qui ne sont pas forcément compatibles entre eux. En ignorant cette réalité pour des besoins bassement matériels à court terme l'occident court à la catastrophe. Une catastrophe qui est déjà passablement visible dans bon nombre de territoires européens. Et d'ores et déjà, on voit poindre des luttes politiques de demain entre ancien français et nouveau français aux valeurs diamétralement opposées. Le mythe de l'assimilation a vécu et la lutte maintenant devient de plus en plus le simple maintien d'un semblant d'ordre républicain. La France abdique déjà sur le terrain de la laïcité depuis de nombreuses années. Faudra-t-il un jour parler de scission du territoire ? Ce n'est plus inimaginable.

 

L'immigration est une solution archaïque qui n'a pas d'avenir

 

Mais sortons des questions sociologiques et des méfaits pratiques de l'immigration de masse. Concentrons-nous sur la seule logique comptable, puisque c'est la seule que nos dirigeants font semblant de comprendre. Admettons, l'immigration est un chemin formidable qui fait pousser les fleurs et la prospérité d'un peuple et que tout se passe bien. Quid de la baisse de la natalité mondiale ? En effet, si la France pratique l'immigration depuis le 19e siècle puisqu'elle fut malheureusement la première nation au monde à faire la transition démographique comme nous l'avons vu dans un précédent texte. Nous constatons que cette immigration n'a jamais résolu notre problème de faible natalité. Puisqu'il nous faut encore aujourd'hui faire venir des immigrés, c'est donc que l'immigration ne résout pas le problème de la natalité en permanence insuffisante. Les contraintes économiques s'exerçant sur les immigrés étant les mêmes que celle du reste de la population, ils finissent eux aussi par faire moins d'enfants au fil des générations. Tout ce que l'on fait c'est donc raboter une pyramide des âges un peu cabossée et dont le bas du tronc est trop étroit. Donc en gros un peuple qui dépérit en permanence, si l'on suit la logique actuelle, devrait en permanence faire appel à l'immigration. Ce qui veut dire à terme la disparition du peuple autochtone bien évidemment.

 

Le problème c'est que cette logique qui est aujourd’hui dans la tête de nos élites, particulièrement à la Commission européenne, part du postulat de base qu'il y aura toujours un ailleurs pouvant indéfiniment fournir des travailleurs immigrés à l’Europe. Une sorte de réserve naturelle intarissable. C'est un peu la même logique qu'avec les ressources naturelles comme le pétrole. On n'en a plus, c'est pas grave, on va en chercher ailleurs au lieu de chercher des alternatives plus stables à long terme. Dans ce cas, c'est ignorer totalement les changements démographiques majeurs qui se produisent en ce moment même. La natalité mondiale est aujourd'hui à seulement 2,3 enfants par femme. Au rythme actuel elle devrait passer à deux dans seulement dix ans. Puis elle passera en dessous de deux, c'est-à-dire en dessous du seuil de renouvellement des générations qui est de 2,05 enfants par femme pour un pays avec le niveau de mortalité infantile comme la France. Cela signifie que dans vingt ou trente ans c'est la planète entière qui manquera de bras et plus seulement les anciens pays développés. D'ores et déjà, les pays d'Asie du Sud comme la Thaïlande, qui n'ont même pas encore réussi à devenir des pays développés, vieillissent très vite. Comme disait Todd, ils deviennent vieux avant de devenir riches.

 

 

À ce compte les immigrés vers 2040 seront rares et seules quelques régions pourront les attirer, et l'UE étant donné son déclin rapide, ne risque pas d'être très attirante à cette époque. Il est donc totalement illogique de penser que l'immigration est la solution à nos problèmes démographiques. Et je parle ici en restant bien dans le cadre de la pensée comptable de nos petits télégraphistes de la libre circulation des personnes. La seule solution raisonnable à long terme c'est le redressement de la natalité locale. Le simple retour à deux enfants par femme limiterait les problèmes. Mais cela demande des efforts économiques immédiats pour les familles, ce que le capital rechigne à faire. La logique de l'immigration est une logique digne de Ponzi. Une fuite en avant sans fin qui finira par une catastrophe et qui ne résout aucun problème réel.

 

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