On parle fréquemment sur ce blog des questions des ressources naturelles. C'est que la question va devenir de plus en plus cruciale dans les décennies qui viennent. Et nous sommes malheureusement pris entre deux mouvements idéologiques sur ces sujets qui rendent les discussions sérieuses particulièrement difficiles. D'un côté une grande partie des écologistes que l'on pourrait décrire comme réactionnaire et qui ne donnent comme seule solution que l’amoindrissement du niveau de consommation pur et une baisse du niveau de vie. Ils ne le disent pas ainsi, mais c'est bien ce vers quoi conduit la décroissance par définition. De l'autre des idéologues souvent libéraux qui nient l'épuisement des ressources et pensent que le marché, la globalisation et l'innovation résoudront toutes seuls le problème. Il n'y a rien à faire par la grâce de la loi de l'offre et de la demande, le Saint-Père du libéralisme trouvera réponse à tous vos soucis. Évidemment comme à chaque fois les extrêmes font fausse route. Le chemin est complexe pour trouver des solutions et en aucun cas des idéologies plaquées artificiellement sur un problème ne sauraient le résoudre. Il serait temps que les Français et leurs élites arrêtent de penser « printemps » et commencent à réfléchir plus sérieusement en se basant sur des observations.
Nous parlerons donc une fois n'est pas coutume du cuivre en lieu et place des hydrocarbures. Car si la question de l'épuisement des énergies fossiles est essentielle, il ne faut pas non plus oublier que notre civilisation industrielle de consommation de masse est dépendante d'une pléthore de matériaux pour fonctionner. Rien que l’ordinateur ou le smartphone que vous utilisez pour lire de temps en temps ce modeste blog a consommé une grande quantité de matériaux, cuivre, or, silicium, fer, etc. Pour le silicium de vos processeurs et autres mémoires, on utilise des techniques pour créer les transistors qu'on appelle le dopage. Et ce dopage qui permet de créer l'effet transistor utilise aussi d'autres matériaux comme le phosphore , l'arsenic et l'antimoine. On ne parlera pas non plus des machines nécessaires à la fabrication des semi-conducteurs. Machines qui utilisent aussi beaucoup de matières premières et d'énergie . C'est extrêmement complexe et d'ailleurs aucun producteur ne maîtrise vraiment toute la chaîne de production.
On le voit donc même si nous résolvons la question de l'épuisement des hydrocarbures, la chaîne industrielle se brisera quand même si certains matériaux clefs s'épuisent par ailleurs. Et s'il y a bien un matériau clef dans l'industrie et la technologie moderne, c'est bien le cuivre. L'on pourrait d'écrire d'ailleurs notre civilisation comme étant bien plus celle du cuivre, que celle du pétrole. Entrant à peu près dans tous les appareils technologiques fonctionnant à l'électricité, le cuivre est un ami qui accompagne l'humanité depuis des milliers d'années. Et cet accompagnement n'a jamais été aussi vrai que de nos jours. D'après les connaissances historiques que nous avons aujourd'hui, le cuivre a été le premier métal à être utilisé par l'homme. On a retrouvé des bijoux en cuivre datant de plus de 8000 ans. Sa température de fusion est de 1 085 °C, mais il reste relativement malléable à température ambiante ce qui a facilité son travail. Vous connaissez tous ses fabuleuses qualités techniques, en particulier le fait que c'est une excellent conducteur électrique et thermique. Et c'est à ce titre qu'il est si indispensable, car l'or qui est un métal avec des propriétés supérieures sur ce plan n'est malheureusement pas aussi abondant et donc beaucoup plus cher .
Pour le cuivre les énergies « renouvelables » sont une impasse
Grâce à ses propriétés physiques, le cuivre est fondamental pour notre civilisation technicienne où l'électricité est omniprésente. Malheureusement pour nous il semble bien que nous allons petit à petit en manquer . Le cuivre est recyclable à l'infini, mais la consommation augmente beaucoup plus vite que la production et il n'est pas certain que nous ayons à l'avenir suffisamment de cuivre pour répondre aux besoins croissants de la planète. Mais l'épuisement du cuivre n'est pas le problème en lui-même. Comme dans le cas des hydrocarbures, on assiste à une augmentation progressive du coût d'extraction parce que les filons sont de moins en moins riches. Or cette augmentation du coût d'extraction entraîne mécaniquement une hausse du coût du matériau à plus ou moins brève échéance . Comme dans le cas du pétrole, nous ne pourrons plus nous payer du cuivre bien avant d'en manquer totalement.
Alors vous me direz que l'on pourrait remplacer le cuivre par l'aluminium. Et il est vrai que c'est aussi un bon conducteur et il est d'ores et déjà moins cher que le cuivre. Pourtant, ce dernier n'est toujours pas remplacé dans les applications courantes comme les câbles conducteurs électriques. Le fait est que si l'aluminium est aussi un bon conducteur électrique et thermique et qu'il est en plus plus léger que le cuivre, il n'est malheureusement pas aussi résistant mécaniquement. En particulier pour ce qui est de la traction mécanique qui peut se révéler essentielle pour produire des fils électriques utilisés un peu partout. On ne peut donc pas substituer la consommation de cuivre par de l'aluminium dans les applications les plus gourmandes en métaux comme le BTP. On peut également préciser qu'un moteur électrique utilise aussi énormément de cuivre dans ses bobines. L'explosion des ventes de voitures électriques va donc forcément peser sur la consommation de cuivre à l'échelle mondiale dans les années qui viennent. Et sachez aussi que les alternateurs qui fonctionnent sur le même principe que les moteurs électriques utilisent de la même manière beaucoup de cuivre. Ce qui veut dire par conséquent que les éoliennes consomment beaucoup de cuivre dans leur fabrication et leur entretien.
On le voit donc notre transition énergétique telle qu'elle est vendue par les médias et certains groupes écologistes semble finalement troquer l'épuisement des hydrocarbures contre l'épuisement du cuivre. Cette question est rarement abordée alors qu'elle est d'une actualité criante puisque les pays occidentaux, particulièrement en Europe, semblent décidés à abandonner la voiture thermique pour la troquer contre la voiture électrique. Et dans le même temps, ils s'attellent à faire exploser les énergies dites « renouvelables » qui ne le sont pas tant que ça en réalité puisqu'elles utilisent bon nombre de matériaux non renouvelables justement dans leur fabrication. La transition énergétique se passera difficilement des véhicules électriques, même si l'on pourrait parler de la question des transports en commun électrique plutôt que de tout miser sur la continuation d'un mode de transport individualiste tel qu'on le pratique depuis les années 60. On pourrait par contre parler d'un usage moins intensif en termes d'alternateurs. Car comme le montre le graphique suivant les moulins à vent modernes consomment, énormément de cuivre par kilowatt produit. Bien plus qu'une centrale nucléaire par exemple. Je remercie au passage le twitt de documentaire et vérité pour avoir indiqué ce graphique très intéressant sur cette question essentielle. En dehors des panneaux solaires, toutes les sources d’électricité que nous utilisons couramment emploient des alternateurs utilisant beaucoup de cuivre. Il s'agit bien sûr de transformer l'énergie thermique en mouvement mécanique, qui lui-même, par effet d'induction électrique, va produire un courant alternatif dans les fils de cuivre du récepteur, généralement le stator.
Les centrales nucléaires qui font exactement la même chose sauf qu'elles utilisent le combustible nucléaire pour faire chauffer l'eau et la transformer en vapeur pour faire tourner d'énormes génératrices. Et il s'avère qu'en termes de rapport volume par énergie produite, les centrales nucléaires vont consommer beaucoup moins de cuivre que les éoliennes. Car il faut beaucoup plus d'alternateurs et d'éoliennes que d'alternateur pour une centrale nucléaire pour produire la même quantité d'énergie. Et cela s'ajoute au problème de l'intermittence des éoliennes passablement problématique puisque nous ne savons pas stocker directement l'électricité en grande quantité pour l'instant. La grande densité énergétique que produit le nucléaire rend donc cette énergie encore plus importante pour l'avenir que ce que l'on aurait pu imaginer si l'on ne parlait qu'en termes de problématique sur l'énergie. Non seulement elle est un substitut rationnel au manque de pétrole, mais en plus elle permet de réduire la pression sur la consommation de cuivre. Il est donc aujourd'hui encore plus clair que cette énergie est la seule apte à répondre en partie aux problèmes des épuisements des ressources à l'échelle mondiale. Même si cette question ne se résoudra probablement pas seulement avec des moyens techniques.