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23 décembre 2024 1 23 /12 /décembre /2024 14:22

 

Le spectacle politique français est chaque jour plus navrant. Je ne suis pas le seul à le constater bien évidemment, mais alors que l'on pense avoir touché le fond les politiciens français arrivent encore à creuser. Il ne fallait pas attendre grand-chose des tambouilles d'Emmanuel Macron pour garder sa petite autorité provinciale. Il a donc remplacé un eurolibéral centriste par un autre eurolibéral centriste dans la personne de François Bayrou. Un sinistre personnage qui a passé sa carrière au centre et à la démolition des intérêts du pays. Il faut peut-être le rappeler aux plus jeunes qu’il fut membre d'un triste parti politique appelé l'UDF. Un parti fondé par Valéry Giscard d'Estaing, le grand fossoyeur de la politique gaulliste et des intérêts nationaux français. Ce fut le parti de l'Europe bien avant le macronisme et avant l'européisme béat de la gauche mitterrandienne . Et ce groupe politique qui a fait du centre son commerce officiel, on avait en réalité affaire à de vrais extrémistes. Un extrémisme qui aujourd'hui transparaît beaucoup plus fortement maintenant que les Français prennent en pleine figure les conséquences à long terme de leur idéologie.

 

Car j'insiste sur cela, le centrisme n'a de centriste que le nom. Ils ne sont pas centristes au sens où ils seraient entre deux courants entre lesquels ils ne sauraient choisir de façon tranchée. Le centrisme politique n'est pas un pari pascalien entre la droite et la gauche. Ils sont avant tout porteur d'un courant antifrançais. Un rejet de la nation qui a trouvé dans l'Europe une échappatoire à la question nationale qui les tracassait tant. Ils n'ont jamais ouvertement craché sur la France, mais susurré lentement leur poison idéologique de la haine nationale et des vertus germano-européennes. Car c'est aussi un autre aspect de ce centrisme, un amour étrange pour l'Allemagne décorée de toutes les vertus. De là à penser que le centre était un refuge pour pétainiste, nous n'irons pas jusque là, mais il y a clairement chez eux quelque chose de germanique dans leur façon de voir le monde, et de très étranger à la vision française dans son ensemble.

 

On peut voir dans le centre un vote qui colle assez aux familles souches présentes dans une partie de la France en particulier en Alsace-Lorraine ou dans le sud-ouest. Si l'on regarde les anciennes élections de 2002 et 2007 par exemple, on voit effectivement une correspondance géographique. C'est d'ailleurs ce qu'avait naguère analysé Emmanuel Todd, l'européisme était fort là où le christianisme était zombi selon sa propre définition. Et il était encore zombi dans les régions souches pour l'essentiel en France. L’Europe a constitué une espèce d'idéologie de substitution à l' effondrement de la croyance religieuse. Et comme ces régions son anthropologique proche du monde germanique, elles ont eu les mêmes passions pour l'autoritarisme. L'ordolibéralisme qui a son origine l'Allemagne et qui est un libéralisme de type autoritaire avec un état qui ne régule pas le marché, mais l'arbitre tel un juge est l'une des émanations modernes de la pensée économique allemande dans un monde dominé par l'autre version du libéralisme, le néolibéralisme anglo-saxon.

 

Si cette idéologie qui monte en puissance dans les années 70 arrive à prendre le pouvoir c'est probablement parce que ses défenseurs ont la foi en quelque sorte alors que leurs opposants sont probablement déjà entrés dans ce que Todd a appelé l'état zéro, celui de la non-croyance absolue. Le centrisme français actuel c'est donc en quelque sorte le résidu d'un dernier sursaut de croyance collective, mais qui était en réalité dans son fondement en opposition avec la tradition historiquement majoritaire du pays. Pendant toute la période des années 70-90, nos élites influencées par ces dogmes ont cherché à faire de la France une Allemagne bis. L'indépendance de la banque de France, le Franc fort, l'euro, le marché unique, tout ceci, au-delà de l'intérêt pour les rentes financières ou autres, avait surtout comme but de réaliser leur fantasme d'une France germanisée. L'euro fut la dernière pierre de l'édifice, il fallait priver totalement les Français de toute possibilité de faire autre chose que des politiques économiques ordolibérales. La monnaie est un indice important de leur orientation, car ils n'ont pas de plus grande peur que celle de la dévaluation, comme leur modèle allemand.

 

Diriger une eurorégion n'a guère d'intérêt

 

Évidemment comme toute idéologie cela finit par se fracasser sur le réel qui a la fâcheuse tendance à ne pas vouloir rentrer entièrement, et même parfois pas du tout dans le cadre de nos idées. L'UE est un véritable désastre n'en déplaise aux médias et aux penseurs de plateau télé. Tous les chiffres sont mauvais et la zone euro est depuis très longtemps la région du monde avec la plus faible croissance économique. Or plus nous accumulons d'expérience sur ce désastre, moins nous entendons formuler de critiques à l'encontre de la construction européenne. Je parle bien évidemment de la presse officielle et des médias de masse. Plus nous nous éloignons de la date de la mise en place de l'euro et moins il y a de questionnement sur ce choix pourtant visiblement suicidaire de la classe politique française. Alors pourquoi est-ce que je parle de ceci alors que le sujet aurait dû être la formation du nouveau gouvernement  me direz-vous ?

 

C'est que l'absence de débat de fond explique en réalité en grande partie la situation du pays. Que voit-on ces derniers jours ? Des hommes politiques qui se battent pour des places de ministère avec un Bayrou grotesque qui négocie chaque place avec un plat de lentille politique. Est-ce que tout ceci va résoudre la dette publique ? Non. Est-ce que toute cette tambouille va réindustrialiser le pays ? Non. Est-ce que quand même cela réduira nos déficits commerciaux ? Non . Est-ce que ce gouvernement comme tous les précédents a les outils pour commencer à résoudre nos problèmes économiques et politiques ? La réponse est non puisque tous les outils politiques comme la monnaie, la politique commerciale et la finance ont été transférés vers la Commission européenne et la BCE. Comprenez bien que le type que monsieur Macron a mis comme Premier ministre est l'un des membres d'un parti politique qui a passé tout son temps pendant près de 50 ans à démolir les capacités d'action de l'état français. C'est un moment assez cocasse finalement que de voir cet olibrius s'agiter en croyant avoir enfin le pouvoir alors qu'il a participé à transférer le pouvoir ailleurs.

 

Le fond de l'affaire c'est que tout ceci n'a aucun intérêt en réalité. Il n'y a plus aucun pouvoir à Paris. Seule une rupture franche avec l'UE et l'euro permettrait réellement de renouer avec la politique. Pour commencer à réellement agir encore faut-il avoir réellement les mains sur le volant. Mais cela, ils ne le veulent pas. Et surtout pas les centristes qui ont fait tant d'efforts pour donner le volant de la France aux Allemands ou à d'autres. Il est plus que temps de faire enfin le bilan de la construction européenne pour la France et par la même occasion de faire le procès du centrisme et de son idéologie.

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commentaires

S
L'Union Européenne pose problème parce qu'elle impose le libre-échange, mais l'euro est-il un si gros problème que cela ? En imaginant que la France s'autoriserait le protectionnisme pour relancer son economie, est-il bien sur qu'elle aurait aussi besoin de sortir de l'euro ? Car qu'apporterait alors une sortie de l'euro ? Cela permettrait de devaluer : mais on n'a pas besoin de devaluer si on a recours au protectionnisme. Et cela permettrait d'avoir des taux d'interet plus bas que ceux d'une politique monetaire "a l'allemande" comme celle de la Banque centrale europeenne. Mais on sait que les taux d'interet, pourvu qu'ils ne soient pas extremement eleves, ont une faible influence sur l'investissement. Ce qui encourage l'investissement, c'est surtout que les chefs d'entreprises croient qu'en produisant plus, ils vendront plus. Croyance que le protectionnisme devrait largement encourager, en faisant fortement augmenter les ventes des entreprises françaises. Au fond, c'est contre-productif de dire qu'on a besoin de sortir de l'euro pour sortir de la crise. Car un mouvement politique qui proposerait une sortie de l'euro aurait peu de chances d'etre elu en France. Or ce qu'apporterait une sortie de l'euro, c'est a dire devaluation et taux d'interet tres bas, est inutile pour relance notre economie. Pourquoi donc un mouvement politique compromettrait grandement ses chances d'etre elu, pour proposer quelque chose qui au fond est inutile ?
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Y
« Par contre, je ne vois pas tres bien ce que tu veux dire, quand tu dis que la Banque centrale europeenne pourrait "nous couper les liquidites". »<br /> <br /> C'est la BCE qui émet la monnaie et elle pourrait très vite paralyser notre système financier. La monnaie est un immense pouvoir, c'est le fait du prince. Un pays ne peut pas être libre s'il ne détient pas l'instrument monétaire. <br /> <br /> « Si c'est ça que tu veux dire, je crois que ce serait de la part de la BCE un acte totalement illegal du point de vue des traites : les traites n'autorisent pas la BCE a traiter les banques françaises differemment des autres banques, non ? »<br /> <br /> Tu sais bien que l'UE est la première à violer ses propres traités. Von Der Leyen outrepasse très largement les pouvoirs qui lui sont théoriquement conférés. Rien n'interdit de penser que l'UE et la BCE utiliseront tous les moyens possibles pour écraser une France qui n'obéirait pas. Je veux dire qu’ils viennent quand même de violer les principes démocratiques en Roumanie. Ils sont capables de tous maintenant. <br /> <br /> « Or des lors que nous ne craignons plus l'UE, nous n'avons plus besoin d'en sortir pour faire du protectionnisme, et ainsi relancer notre economie. » Moi je ne comprends pas pourquoi vous voulez rester dans l'UE et l'euro. Justement nous sommes une vieille nation qui a toujours géré ses propres affaires. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas continuer à le faire pour les 1000 prochaines années.
S
Totalement d'accord avec toi sur le fait que le protectionnisme est un instrument plus fin que la devaluation. Je rajouterais que c'est un instrument plus robuste : si on utilise intelligemment le protectionnisme, les autres pays ne pe coupuvent annuler les taxes douanieres en devaluant, alors qu'ils peuvent annuler une devaluation de notre part en devaluant eux-memes. En effet, il suffit de faire des taxes douanieres qui soient fonction de l'evolution des taux de change : par exemple, si le taux de change du yuan baisse, on augmente automatiquement la taxe douaniere vis a vis de la Chine. Totalement d'accord avec toi aussi, sur le fait que les principaux problemes de desequilibre commercial de la France concernent ses echanges avec les pays de l'Union Européenne de l'ouest, a commencer par l'Allemagne. Ce qui est normal, puisque malgre la mondialisation, les pays voisins restent ceux avec lesquels nous faisons le plus de commerce. Par contre, je ne vois pas tres bien ce que tu veux dire, quand tu dis que la Banque centrale europeenne pourrait "nous couper les liquidites". Cela voudrait dire que quand les banques françaises cherchent à emprunter de l'argent à la BCE, la BCE leur refuserait ces emprunts, alors qu'elle les accepterait pour les banques des autres pays ? Si c'est ça que tu veux dire, je crois que ce serait de la part de la BCE un acte totalement illegal du point de vue des traites : les traites n'autorisent pas la BCE a traiter les banques françaises differemment des autres banques, non ? Ce serait de plus un acte de trahison vis a vis de la France. Personnellement, je ne crois pas que la France devrait craindre que la BCE fasse de telles choses. Imagine en effet le scenario suivant. Les Français votent pour un mouvement politique qui ne veut plus de libre echange. Les nouveaux dirigeants français demandent a l'UE de suspendre tous les points des traites europeens qui imposent le libre echange, et ils annoncent a l'UE que si dans les deux mois ces points ne sont pas suspendus, la France cessera de toute façon de les respecter. Si deux mois plus tard la France cesse de respecter les points des traites qui imposent le libre echange, elle ne trahit pas sa parole : car elle ne fait rien d'autre que ce qu'elle avait annoncé. Quant a l'UE, comment peut-elle reagir ? Ou bien elle accepte ce que demande la France. Ou bien elle rentre dans une sorte de guerre contre la France, qui ne peut aboutir que sur une sortie de la France de l'UE. Mais cela serait un suicide de l'UE, or je ne crois pas qu'elle ait envie de se suicider. L'UE peut etre tres dure avec la Grece, car le fait que la Grece sorte de l'UE ne serait pas la mort de l'UE. Mais elle ne peut se permettre d'avoir vis a vis de la France une attitude trop dure, car elle ne survivrait pas a un Frexit. C'est pourquoi la France ne devrait pas trop craindre l'UE : un grand pays comme le notre, qui existe depuis un millenaire et demi, n'a pas a craindre cette somme toute assez recente construction de papier qu'est l'UE. Or des lors que nous ne craignons plus l'UE, nous n'avons plus besoin d'en sortir pour faire du protectionnisme, et ainsi relancer notre economie.
Y
« En imaginant que la France s'autoriserait le protectionnisme pour relancer son economie, est-il bien sur qu'elle aurait aussi besoin de sortir de l'euro ? »<br /> <br /> Théoriquement en autorisant le protectionnisme interne , la zone euro pourrait résoudre en effet ses contradictions. Elle pourrait même obliger les états excédentaires à faire des relances pour que les balances commerciales se rééquilibrent et nourrissent ainsi la croissance du continent. Mais c'est oublier un peu vite qui dirige l'UE et quelle idéologie l'a construite. Le protectionnisme est strictement interdit par les traités et l'UE est la seule habilitée à faire des traités commerciaux internationaux. Et avec l'euro un pays qui s'amuserait à rompre les traités se retrouverait vite menacé d'une coupure de ses liquidités puisqu'il ne maîtrise pas sa monnaie. On retombe toujours sur la nécessité préalable de rompre avec l'euro et donc l'UE. <br /> <br /> « Cela permettrait de devaluer : mais on n'a pas besoin de devaluer si on a recours au protectionnisme » <br /> <br /> Alors je préfère aussi le protectionnisme, mais comme je l'ai dit il n'est pas praticable dans l'UE. Non parce que contrairement aux dévaluations, le protectionnisme peut être ciblé et précis. La dévaluation c'est un peu la grosse artillerie, quand le protectionnisme, lui, peut être comme un fusil sniper. Le protectionnisme est plus à même d'accompagner une politique de réindustrialisation progressive. Les quotas ou les droits de douane cela peut être modifié à l'envi en fonction des évolutions de façon tout à fait rationnelle et prédictible pour les agents économiques. Bien plus que les variations du taux de change dans un monde en proie à la dérégulation financière totale. Et les entreprises ont besoin de pouvoir faire des plans et des prévisions à plus ou moins long terme. À mon sens le protectionnisme est donc plus efficient. La dévaluation c'est surtout quand on a plus le choix et malheureusement nous y serons obligés vu l'état dans lequel nous sommes. Et on ne parle pas d'une dévaluation de 5%, mais plutôt de 20% ou plus par rapport à l'Allemagne surtout.<br /> <br /> <br /> « Or ce qu'apporterait une sortie de l'euro, c'est a dire devaluation et taux d'interet tres bas, est inutile pour relance notre economie. Pourquoi donc un mouvement politique compromettrait grandement ses chances d'etre elu, pour proposer quelque chose qui au fond est inutile ? » <br /> <br /> J'ai expliqué que c'est obligatoire. Nous ne pouvons pas faire du protectionnisme en restant dans la zone euro et dans les traités. Et si on le fait, la BCE nous tombera dessus immédiatement. On ne peut plus rester dans l'UE. Il va falloir choisir redresser le pays par l'indépendance ou le laisser mourir lentement en restant dans l'UE.<br />