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Le spectacle politique français est chaque jour plus navrant. Je ne suis pas le seul à le constater bien évidemment, mais alors que l'on pense avoir touché le fond les politiciens français arrivent encore à creuser. Il ne fallait pas attendre grand-chose des tambouilles d'Emmanuel Macron pour garder sa petite autorité provinciale. Il a donc remplacé un eurolibéral centriste par un autre eurolibéral centriste dans la personne de François Bayrou. Un sinistre personnage qui a passé sa carrière au centre et à la démolition des intérêts du pays. Il faut peut-être le rappeler aux plus jeunes qu’il fut membre d'un triste parti politique appelé l'UDF. Un parti fondé par Valéry Giscard d'Estaing, le grand fossoyeur de la politique gaulliste et des intérêts nationaux français. Ce fut le parti de l'Europe bien avant le macronisme et avant l'européisme béat de la gauche mitterrandienne . Et ce groupe politique qui a fait du centre son commerce officiel, on avait en réalité affaire à de vrais extrémistes. Un extrémisme qui aujourd'hui transparaît beaucoup plus fortement maintenant que les Français prennent en pleine figure les conséquences à long terme de leur idéologie.
Car j'insiste sur cela, le centrisme n'a de centriste que le nom. Ils ne sont pas centristes au sens où ils seraient entre deux courants entre lesquels ils ne sauraient choisir de façon tranchée. Le centrisme politique n'est pas un pari pascalien entre la droite et la gauche. Ils sont avant tout porteur d'un courant antifrançais. Un rejet de la nation qui a trouvé dans l'Europe une échappatoire à la question nationale qui les tracassait tant. Ils n'ont jamais ouvertement craché sur la France, mais susurré lentement leur poison idéologique de la haine nationale et des vertus germano-européennes. Car c'est aussi un autre aspect de ce centrisme, un amour étrange pour l'Allemagne décorée de toutes les vertus. De là à penser que le centre était un refuge pour pétainiste, nous n'irons pas jusque là, mais il y a clairement chez eux quelque chose de germanique dans leur façon de voir le monde, et de très étranger à la vision française dans son ensemble.
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On peut voir dans le centre un vote qui colle assez aux familles souches présentes dans une partie de la France en particulier en Alsace-Lorraine ou dans le sud-ouest. Si l'on regarde les anciennes élections de 2002 et 2007 par exemple, on voit effectivement une correspondance géographique. C'est d'ailleurs ce qu'avait naguère analysé Emmanuel Todd, l'européisme était fort là où le christianisme était zombi selon sa propre définition. Et il était encore zombi dans les régions souches pour l'essentiel en France. L’Europe a constitué une espèce d'idéologie de substitution à l' effondrement de la croyance religieuse. Et comme ces régions son anthropologique proche du monde germanique, elles ont eu les mêmes passions pour l'autoritarisme. L'ordolibéralisme qui a son origine l'Allemagne et qui est un libéralisme de type autoritaire avec un état qui ne régule pas le marché, mais l'arbitre tel un juge est l'une des émanations modernes de la pensée économique allemande dans un monde dominé par l'autre version du libéralisme, le néolibéralisme anglo-saxon.
Si cette idéologie qui monte en puissance dans les années 70 arrive à prendre le pouvoir c'est probablement parce que ses défenseurs ont la foi en quelque sorte alors que leurs opposants sont probablement déjà entrés dans ce que Todd a appelé l'état zéro, celui de la non-croyance absolue. Le centrisme français actuel c'est donc en quelque sorte le résidu d'un dernier sursaut de croyance collective, mais qui était en réalité dans son fondement en opposition avec la tradition historiquement majoritaire du pays. Pendant toute la période des années 70-90, nos élites influencées par ces dogmes ont cherché à faire de la France une Allemagne bis. L'indépendance de la banque de France, le Franc fort, l'euro, le marché unique, tout ceci, au-delà de l'intérêt pour les rentes financières ou autres, avait surtout comme but de réaliser leur fantasme d'une France germanisée. L'euro fut la dernière pierre de l'édifice, il fallait priver totalement les Français de toute possibilité de faire autre chose que des politiques économiques ordolibérales. La monnaie est un indice important de leur orientation, car ils n'ont pas de plus grande peur que celle de la dévaluation, comme leur modèle allemand.
Diriger une eurorégion n'a guère d'intérêt
Évidemment comme toute idéologie cela finit par se fracasser sur le réel qui a la fâcheuse tendance à ne pas vouloir rentrer entièrement, et même parfois pas du tout dans le cadre de nos idées. L'UE est un véritable désastre n'en déplaise aux médias et aux penseurs de plateau télé. Tous les chiffres sont mauvais et la zone euro est depuis très longtemps la région du monde avec la plus faible croissance économique. Or plus nous accumulons d'expérience sur ce désastre, moins nous entendons formuler de critiques à l'encontre de la construction européenne. Je parle bien évidemment de la presse officielle et des médias de masse. Plus nous nous éloignons de la date de la mise en place de l'euro et moins il y a de questionnement sur ce choix pourtant visiblement suicidaire de la classe politique française. Alors pourquoi est-ce que je parle de ceci alors que le sujet aurait dû être la formation du nouveau gouvernement me direz-vous ?
C'est que l'absence de débat de fond explique en réalité en grande partie la situation du pays. Que voit-on ces derniers jours ? Des hommes politiques qui se battent pour des places de ministère avec un Bayrou grotesque qui négocie chaque place avec un plat de lentille politique. Est-ce que tout ceci va résoudre la dette publique ? Non. Est-ce que toute cette tambouille va réindustrialiser le pays ? Non. Est-ce que quand même cela réduira nos déficits commerciaux ? Non . Est-ce que ce gouvernement comme tous les précédents a les outils pour commencer à résoudre nos problèmes économiques et politiques ? La réponse est non puisque tous les outils politiques comme la monnaie, la politique commerciale et la finance ont été transférés vers la Commission européenne et la BCE. Comprenez bien que le type que monsieur Macron a mis comme Premier ministre est l'un des membres d'un parti politique qui a passé tout son temps pendant près de 50 ans à démolir les capacités d'action de l'état français. C'est un moment assez cocasse finalement que de voir cet olibrius s'agiter en croyant avoir enfin le pouvoir alors qu'il a participé à transférer le pouvoir ailleurs.
Le fond de l'affaire c'est que tout ceci n'a aucun intérêt en réalité. Il n'y a plus aucun pouvoir à Paris. Seule une rupture franche avec l'UE et l'euro permettrait réellement de renouer avec la politique. Pour commencer à réellement agir encore faut-il avoir réellement les mains sur le volant. Mais cela, ils ne le veulent pas. Et surtout pas les centristes qui ont fait tant d'efforts pour donner le volant de la France aux Allemands ou à d'autres. Il est plus que temps de faire enfin le bilan de la construction européenne pour la France et par la même occasion de faire le procès du centrisme et de son idéologie.