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Nous allons donc avoir aujourd'hui le premier vote avec un risque de censure pour ce grotesque attelage politicien qui nous sert de nouveau gouvernement. Normalement, il ne devrait pas y avoir cette censure puisque les partis « d'opposition » ne veulent pas en réalité d'élection anticipée. Car si le gouvernement tombe encore, Macron aura bien du mal à continuer à justifier sa présence à la tête du pays. Le petit jeu des partis qui consiste avant tout à conquérir ou à maintenir des postes est de plus en plus voyant, l'intérêt général n'étant en réalité défendu par personne. Le grotesque débat sur les retraites le prouve une nouvelle fois. Entre ceux qui rasent gratis et font de la démagogie ou ceux qui veulent en réalité enterrer le système pour valoriser des intérêts privés à travers les fonds de pension, le débat est devenu totalement malsain. L'absence de cohésion de groupe devient criante et chacun s'affaire à faire progresser simplement ses propres intérêts. L'agonie de notre pays tient ici à la démonstration magnifique du nihilisme toddien dont nous sommes nous victimes et qui ronge notre pays à une vitesse invraisemblable.
La France arrive finalement au bout du voyage d'une société tout entière plongée dans les eaux du calcul égoïste. Ce n'est plus qu'un amoncellement d'homoeconomicus calculateurs sans chef d'orchestre pour tempérer ces appétits quand ils sont contraires à l'intérêt collectif. C'est Jean-Frédéric Poisson qui a très justement souligné l'incroyable fait qui montre cette réalité. Alors que le gouvernement ne cesse de parler des retraites, il n'y a pas eu un mot dans le débat pour parler de l'effondrement de la natalité française depuis 2014. Nous venons de tomber au niveau de la mortalité nationale, un phénomène qui aurait du arriver seulement dans vingt ans. Mais la très forte baisse qui nous avons connu ces dix dernières années vient de produire ce rattrapage. On peut parier qu'à partir de l'année prochaine la France va rentrer dans le club des pays à population déclinante la natalité passant en dessous du taux de mortalité. Or aucun système de retraite ne peut survivre à une telle évolution. Vous pouvez passer à la capitalisation, cela ne changera rien au problème. Ce sont toujours les actifs qui payent pour les inactifs.
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L'absence de débat public sur l'effondrement dramatique des naissances est en soi un révélateur du nihilisme actuel et du désintérêt pour l'intérêt du pays à long terme. Tous les imbéciles qui vous parlent de sens des responsabilités en parlant sans arrêt de la très grande méchante dette publique sans parler de cet effondrement des naissances sont des escrocs pour ne pas dire plus. L'effondrement des naissances est infiniment plus grave que la dette publique, car cela conditionne l'existence même de la société. Mais cette obsession pour la dette cache en réalité les intérêts réels de ce qui prétend sans arrêt défendre l'intérêt du pays à long terme. Ainsi nous pouvions voir dernièrement l'actuel président du MEDEF, monsieur Patrick Martin, nous faire un discours sur la nécessaire fin du système social français. Ce monsieur oubliera les milliards de subventions versées aux entreprises sous diverses formes ou les immenses dividendes que les entreprises françaises versent aux actionnaires. De l'argenté qui ne sert à rien d'autre qu'à faire gonfler des rentes de gens qui ont déjà beaucoup trop d'argent. Non le problème de la France c'est la sécurité sociale. À ce stade de stupidité et de malhonnêteté, on ne peut plus rien faire.
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Le président du MEDEF s'il s’intéressait réellement à l'intérêt du pays parlerait par exemple du prix délirant de l'électricité complètement surélevé par rapport au coût de production en France. Il parlerait du libre-échange ou de l'euro qui participent massivement à la désindustrialisation du pays. Mais tout ceci ne l'intéresse pas. Ce qu'il veut c'est l'extension du domaine du marché pour pouvoir spéculer sur la santé des gens en leur faisant extrêmement cher les soins comme aux USA même si cela accélère le déclin démographique par la baisse de l’espérance de vie. Encore une fois, nous avons ici l'exemple de gens faussement rationnels qui défendent de fausses solutions soit par stupidité, soit par enfermement idéologique, soit par intérêt personnel et désintérêt pour le pays. C'est même souvent un mélange de ces trois hypothèses.
Redonner de l'importance au présent
J'en ai parlé très souvent et c'est une des grandes leçons de Keynes. Le discours sur le futur est très souvent utilisé à des fins malhonnêtes. Il est d'ailleurs souvent l'extension d'une pensée prétentieuse, car en réalité nous ne savons pas vraiment à quoi ressemblera le futur et nous agissons dans le présent en prétendant connaître un futur qui en réalité n'adviendra jamais. Toute la pensée de Keynes a été justement de s'extraire des fausses illusions que donne notre image fausse du futur. Comme il le disait lui-même, on ne voit pas en quoi améliorer la vie des gens aujourd'hui pourrait hypothéquer l'avenir. La maîtrise du discours sur l'avenir est donc avant tout une astuce de rhétorique pour imposer des choix dans le présent et camoufler ainsi des intérêts bien contemporains. On voit très bien que la dette publique qui a clairement été creusée volontairement par les néolibéraux et monsieur Macron sert de justification à la démolition des services publics. On parle de gens qui continuent à émettre des OAT indexés sur l'inflation quand même. Vous ne me ferez pas croire que l'explosion de la dette n'a pas été provoquée volontairement.
La direction de la France sous Macron a d'ailleurs été marquée par une explosion des inégalités. Jamais les riches en France n'ont été aussi riches et jamais les entreprises n'ont versé autant de dividendes. Le graphique ci-dessous de monsieur Sébastien Tixier le montre allègrement. On remarque d'ailleurs que la bourse n'a jamais réellement financé les entreprises, c'est tout le contraire. Le système boursier n'est qu'un nouveau servage général de la population qui en définitive a retrouvé son statut social féodal, mais sous une autre forme bien plus camouflée et pernicieuse. Si les néolibéraux ont toujours présenté cet accroissement des inégalités comme bénéfique, car l'argent va dans l'investissement. On a aujourd’hui la démonstration parfaite que ce n'est absolument pas le cas. La concentration des richesses réduit bien au contraire les investissements productifs par l'entremise de l'effondrement de la demande qu'elle provoque. Quand nos politiciens ou nos chefs d'entreprises vous parlent de la France qui travaille, ils mentent simplement. Ils défendent la France qui s'enrichit en dormant et non le travail ou l'investissement.
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Le problème de fond est la tendance naturelle du capital à se concentrer indéfiniment. Laisser à lui-même le capitalisme peut théoriquement concentrer indéfiniment les richesses jusqu'à ce qu'une seule personne finisse par détenir toutes les richesses. C'est seulement la réaction politique et économique à cette concentration permise par la logique des taux d'intérêt qui empêche ce désastre d'arriver. Il n'y a pas besoin d'être marxiste pour comprendre que cette concentration de richesse est en elle même porteuse de grands malheurs et de crises. Le taux d'intérêt est une progression mathématique à croissance exponentielle. La formule est simple si Vi est la valeur initiale Vf la valeur finale alors les taux d'intérêt composés se calculent par la simple formule Vf= Vi x (1+t)^n avec t le taux d'intérêt et n le nombre de périodes. La croissance est extrêmement rapide, laissez à lui-même et sans croissance économique ou d'inflation, la totalité des richesses d'un pays serait accaparée par une seule personne très rapidement. Le capitalisme totalement dérégulé arrive à ce type de situation. Ayant éliminé toute forme d'opposition à sa propre rapacité, il concentre les richesses à un rythme jamais vu.
Effondrement des naissances et concentration des richesses
Marx a fait une énorme erreur, il pensait que le capital laissait juste assez aux prolétaires pour se nourrir et se reproduire. Ce n'est plus le cas. Dans la plupart des pays développés, le prix de la reproduction devient simplement trop élevé pour la majeure partie de la population. C'est le cas en occident depuis les années 70, mais le problème s'étale maintenant sur toute la planète. Nous arrivons donc à la seule limite que le capital ne peut pas acheter ou détruire celui de ses propres contradictions provoquées par sa rapacité. Il détruit les conditions de sa propre continuation en détruisant les sociétés de l'intérieur et l'effondrement démographique est la destruction par excellence. Ne voulant pas payer pour renouveler le cheptel, le système capitaliste a probablement trouvé ici sa véritable faille. Et s'il a échappé aux conséquences de l'effondrement démographique pendant 50 ans, c'est avant tout parce qu'il a pu compenser ces conséquences grâce à l'immigration. Malheureusement pour lui le capitalisme conduit maintenant la planète entière à la baisse des naissances.
Tout comme il épuise les ressources naturelles, le système de consommation de production capitaliste épuise aussi les populations et les peuples qui le font fonctionner. En rendant la vie trop coûteuse pour la majeure partie de la population par l'insuffisance des hausses de salaire, le chômage, les diverses spéculations, dont la spéculation immobilière. Le capital atteint maintenant un stade où le parasite tue son hôte. La seule question qui se pose c'est de savoir si les peuples se rebelleront sous une forme ou sous une autre, ou s'ils se coucheront pour mourir?