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16 janvier 2025 4 16 /01 /janvier /2025 14:36

 

Nous allons donc avoir aujourd'hui le premier vote avec un risque de censure pour ce grotesque attelage politicien qui nous sert de nouveau gouvernement. Normalement, il ne devrait pas y avoir cette censure puisque les partis « d'opposition » ne veulent pas en réalité d'élection anticipée. Car si le gouvernement tombe encore, Macron aura bien du mal à continuer à justifier sa présence à la tête du pays. Le petit jeu des partis qui consiste avant tout à conquérir ou à maintenir des postes est de plus en plus voyant, l'intérêt général n'étant en réalité défendu par personne. Le grotesque débat sur les retraites le prouve une nouvelle fois. Entre ceux qui rasent gratis et font de la démagogie ou ceux qui veulent en réalité enterrer le système pour valoriser des intérêts privés à travers les fonds de pension, le débat est devenu totalement malsain. L'absence de cohésion de groupe devient criante et chacun s'affaire à faire progresser simplement ses propres intérêts. L'agonie de notre pays tient ici à la démonstration magnifique du nihilisme toddien dont nous sommes nous victimes et qui ronge notre pays à une vitesse invraisemblable.

 

La France arrive finalement au bout du voyage d'une société tout entière plongée dans les eaux du calcul égoïste. Ce n'est plus qu'un amoncellement d'homoeconomicus calculateurs sans chef d'orchestre pour tempérer ces appétits quand ils sont contraires à l'intérêt collectif. C'est Jean-Frédéric Poisson qui a très justement souligné l'incroyable fait qui montre cette réalité. Alors que le gouvernement ne cesse de parler des retraites, il n'y a pas eu un mot dans le débat pour parler de l'effondrement de la natalité française depuis 2014. Nous venons de tomber au niveau de la mortalité nationale, un phénomène qui aurait du arriver seulement dans vingt ans. Mais la très forte baisse qui nous avons connu ces dix dernières années vient de produire ce rattrapage. On peut parier qu'à partir de l'année prochaine la France va rentrer dans le club des pays à population déclinante la natalité passant en dessous du taux de mortalité. Or aucun système de retraite ne peut survivre à une telle évolution. Vous pouvez passer à la capitalisation, cela ne changera rien au problème. Ce sont toujours les actifs qui payent pour les inactifs.

 

 

L'absence de débat public sur l'effondrement dramatique des naissances est en soi un révélateur du nihilisme actuel et du désintérêt pour l'intérêt du pays à long terme. Tous les imbéciles qui vous parlent de sens des responsabilités en parlant sans arrêt de la très grande méchante dette publique sans parler de cet effondrement des naissances sont des escrocs pour ne pas dire plus. L'effondrement des naissances est infiniment plus grave que la dette publique, car cela conditionne l'existence même de la société. Mais cette obsession pour la dette cache en réalité les intérêts réels de ce qui prétend sans arrêt défendre l'intérêt du pays à long terme. Ainsi nous pouvions voir dernièrement l'actuel président du MEDEF, monsieur Patrick Martin, nous faire un discours sur la nécessaire fin du système social français. Ce monsieur oubliera les milliards de subventions versées aux entreprises sous diverses formes ou les immenses dividendes que les entreprises françaises versent aux actionnaires. De l'argenté qui ne sert à rien d'autre qu'à faire gonfler des rentes de gens qui ont déjà beaucoup trop d'argent. Non le problème de la France c'est la sécurité sociale. À ce stade de stupidité et de malhonnêteté, on ne peut plus rien faire.

 

Aucun rapport avec les déficits publics et l'euro, non vraiment, la crise c'est la Secu.

 

Le président du MEDEF s'il s’intéressait réellement à l'intérêt du pays parlerait par exemple du prix délirant de l'électricité complètement surélevé par rapport au coût de production en France. Il parlerait du libre-échange ou de l'euro qui participent massivement à la désindustrialisation du pays. Mais tout ceci ne l'intéresse pas. Ce qu'il veut c'est l'extension du domaine du marché pour pouvoir spéculer sur la santé des gens en leur faisant extrêmement cher les soins comme aux USA même si cela accélère le déclin démographique par la baisse de l’espérance de vie. Encore une fois, nous avons ici l'exemple de gens faussement rationnels qui défendent de fausses solutions soit par stupidité, soit par enfermement idéologique, soit par intérêt personnel et désintérêt pour le pays. C'est même souvent un mélange de ces trois hypothèses.

 

Redonner de l'importance au présent

 

J'en ai parlé très souvent et c'est une des grandes leçons de Keynes. Le discours sur le futur est très souvent utilisé à des fins malhonnêtes. Il est d'ailleurs souvent l'extension d'une pensée prétentieuse, car en réalité nous ne savons pas vraiment à quoi ressemblera le futur et nous agissons dans le présent en prétendant connaître un futur qui en réalité n'adviendra jamais. Toute la pensée de Keynes a été justement de s'extraire des fausses illusions que donne notre image fausse du futur. Comme il le disait lui-même, on ne voit pas en quoi améliorer la vie des gens aujourd'hui pourrait hypothéquer l'avenir. La maîtrise du discours sur l'avenir est donc avant tout une astuce de rhétorique pour imposer des choix dans le présent et camoufler ainsi des intérêts bien contemporains. On voit très bien que la dette publique qui a clairement été creusée volontairement par les néolibéraux et monsieur Macron sert de justification à la démolition des services publics. On parle de gens qui continuent à émettre des OAT indexés sur l'inflation quand même. Vous ne me ferez pas croire que l'explosion de la dette n'a pas été provoquée volontairement.

 

La direction de la France sous Macron a d'ailleurs été marquée par une explosion des inégalités. Jamais les riches en France n'ont été aussi riches et jamais les entreprises n'ont versé autant de dividendes. Le graphique ci-dessous de monsieur Sébastien Tixier le montre allègrement. On remarque d'ailleurs que la bourse n'a jamais réellement financé les entreprises, c'est tout le contraire. Le système boursier n'est qu'un nouveau servage général de la population qui en définitive a retrouvé son statut social féodal, mais sous une autre forme bien plus camouflée et pernicieuse. Si les néolibéraux ont toujours présenté cet accroissement des inégalités comme bénéfique, car l'argent va dans l'investissement. On a aujourd’hui la démonstration parfaite que ce n'est absolument pas le cas. La concentration des richesses réduit bien au contraire les investissements productifs par l'entremise de l'effondrement de la demande qu'elle provoque. Quand nos politiciens ou nos chefs d'entreprises vous parlent de la France qui travaille, ils mentent simplement. Ils défendent la France qui s'enrichit en dormant et non le travail ou l'investissement.

 

 

Le problème de fond est la tendance naturelle du capital à se concentrer indéfiniment. Laisser à lui-même le capitalisme peut théoriquement concentrer indéfiniment les richesses jusqu'à ce qu'une seule personne finisse par détenir toutes les richesses. C'est seulement la réaction politique et économique à cette concentration permise par la logique des taux d'intérêt qui empêche ce désastre d'arriver. Il n'y a pas besoin d'être marxiste pour comprendre que cette concentration de richesse est en elle même porteuse de grands malheurs et de crises. Le taux d'intérêt est une progression mathématique à croissance exponentielle. La formule est simple si Vi est la valeur initiale Vf la valeur finale alors les taux d'intérêt composés se calculent par la simple formule Vf= Vi x (1+t)^n avec t le taux d'intérêt et n le nombre de périodes. La croissance est extrêmement rapide, laissez à lui-même et sans croissance économique ou d'inflation, la totalité des richesses d'un pays serait accaparée par une seule personne très rapidement. Le capitalisme totalement dérégulé arrive à ce type de situation. Ayant éliminé toute forme d'opposition à sa propre rapacité, il concentre les richesses à un rythme jamais vu.

 

Effondrement des naissances et concentration des richesses

 

Marx a fait une énorme erreur, il pensait que le capital laissait juste assez aux prolétaires pour se nourrir et se reproduire. Ce n'est plus le cas. Dans la plupart des pays développés, le prix de la reproduction devient simplement trop élevé pour la majeure partie de la population. C'est le cas en occident depuis les années 70, mais le problème s'étale maintenant sur toute la planète. Nous arrivons donc à la seule limite que le capital ne peut pas acheter ou détruire celui de ses propres contradictions provoquées par sa rapacité. Il détruit les conditions de sa propre continuation en détruisant les sociétés de l'intérieur et l'effondrement démographique est la destruction par excellence. Ne voulant pas payer pour renouveler le cheptel, le système capitaliste a probablement trouvé ici sa véritable faille. Et s'il a échappé aux conséquences de l'effondrement démographique pendant 50 ans, c'est avant tout parce qu'il a pu compenser ces conséquences grâce à l'immigration. Malheureusement pour lui le capitalisme conduit maintenant la planète entière à la baisse des naissances.

 

Tout comme il épuise les ressources naturelles, le système de consommation de production capitaliste épuise aussi les populations et les peuples qui le font fonctionner. En rendant la vie trop coûteuse pour la majeure partie de la population par l'insuffisance des hausses de salaire, le chômage, les diverses spéculations, dont la spéculation immobilière. Le capital atteint maintenant un stade où le parasite tue son hôte. La seule question qui se pose c'est de savoir si les peuples se rebelleront sous une forme ou sous une autre, ou s'ils se coucheront pour mourir?

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commentaires

R
Vous analysez les choses comme une série d'erreurs des "riches capitalistes" mais ça pourrait bien être intentionnel. Ce n'est pas le commentaire d'un "complotiste" : la réduction du nombre d'humains sur terre est théorisée par des tas de gens et depuis longtemps.<br /> <br /> Voir Malthus , bien sur , mais aussi des gens plus sympathiques de prime abord comme Lévi-Strauss ou le Commandant Cousteau. Plusieurs candidats écologistes , comme Dumont ou Cochet en parlent , ou en parlaient , ouvertement.<br /> <br /> Et c'est juste pour rester en France ...<br /> Certains pays ont déjà ouvertement tenté de limiter , voir réduire , la population. La Chine est l'exemple le plus connu mais il n'est pas unique.<br /> <br /> Dans cette optique , casser l'envie de descendance dans une partie de la population n'est pas une tactique stupide ...
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Y
Je ne crois absolument pas à cette thèse. Le capital a besoin d'un rapport de force favorable au capital et donc défavorable au travail. Si les travailleurs deviennent rares c'est la panique chez les capitalistes. Il y a des gens qui ont réellement peur de la surpopulation. Et soyons honnête dans les années 60-70 on pouvait effectivement penser à un avenir de type "Soleil vert". Mais c'est terminé depuis longtemps. Aujourd'hui la grande question c'est de savoir s'il y aura encore des humains en 2500. Si on continue comme ça on peut déjà dire que non. L'humanité ne s'éteindra pas par un grand boom nucléaire mais par une dépopulation généralisée. Du moins si les tendances actuelles se poursuive. Quand au capitalisme il ne survivra pas à la baisse de la population.
L
Mine de rien, dans la dernière partie de votre texte, vous en revenez à l'explication purement économique (comme le faisait Marx) de la dénatalité générale et en mettant dans le même sac des situations très différentes. <br /> Pour l'instant, les anciens pays du sud, vu l'élévation de leur niveau de vie, auraient largement les moyens de maintenir une natalité élevée compte tenu de la pauvreté qu'ils connaissaient il y a seulement quelques décennies. S'ils ne le font pas montre en fait que l'explication est ailleurs et nous ne reviendront pas, entre autre, sur les ombres et paradoxes de l'hypergamie féminine.<br /> Je ne crois pas que Marx se soit trompé, puisque vous semblez oublier qu'ils parlait de "prolétaires" c'est-à-dire de gens qui produisent, ce qui n'est plus le cas de la majorité de la population française pour rester dans l'exemple. <br /> C' est un fait établi (pensez à l'organisation familiale du travail dans les ateliers des anciens canuts lyonnais) que dans une économie de production la progéniture est considérée d'abord comme une force de travail d'appoint.<br /> Je crois que Marx a parfaitement anticipé dans sa dialectique la phagocytose de tout capital physique par le capital financier mais il n'en a pas déduit l'inexorable transformation du prolétaire pauvre en mendiant (ou en lumpen-prolétaire pour rester dans le jargon) que cela impliquait ; tout comme votre formule sur les intérêts composés conduit à penser que le taux de profit est inexorablement soluble dans le taux d'intérêt, devenu source unique du brigandage financier ( vous voulez appeler ça autrement ? La rentabilité du capital par exemple ? ).<br /> En vérité, l'évolution du capitalisme semble n'admettre que deux hypothèses lorsqu'elle fait apparaître la névrose libertarienne pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un conte de fée.<br /> Soit assumer clairement ses limites indépassables par une économie de redistribution généralisée où la production sociale deviendra la loi d'airain de l'assistanat - plutôt le producteur-assisté que le mendiant dans tous les cas de figure et avec la régression sensible du niveau de vie global que cela entraînerait. Il faudrait alors aussi franchir un pas intellectuel que même Keynes dans sa foi capitalistique fondamentale n'a jamais voulu franchir, pas plus qu'un JL Gréau d'ailleurs.<br /> Soit aller au bout de la logique du Moloch et admettre l'élimination rationnelle (c'est-à-dire aveugle) de tous les parasites susceptibles de gêner la lévitation du capital, solution qui met en question l'existence même du Moloch et qui ne peut être expérimentée autrement que par la guerre civile.<br /> Il me semble que nous allons plutôt vers la deuxième.
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Y
Keynes pensait que la solution au capitalisme se construirait petit à petit par les effets induit de "l'euthanasie" progressive des rentiers. Mais évidement il pensait cela dans les économies nationales. Il n'a pas vue le retour de la globalisation puisqu'il est mort bien avant. Le capital ayant réussi à tuer le pouvoir économique et politique des classes populaires occidentales par le libre-échange. <br /> <br /> La fin du système capitaliste et son remplacement par un système mixte a été avorté en occident dans les années 70. Mais on peut conjecturer qu'à l'avenir le même phénomène se passera faute d'armée de réserve pour continuer la croissance infinie du capital. <br /> <br /> Du reste le capital occidental aujourd'hui a trouvé sa limite à travers les réactions des autres civilisations qui ont profité de sa bêtise à courte vue. On peut voir le Trumpisme comme une réaction du capital apeuré par sa perte de pouvoir sur les nouveaux venus.
L
@ Romain<br /> <br /> Merci pour votre commentaire. Bon... Nous ne sommes pas fondamentalement opposés. Sur le rôle des grands manipulateurs de la monnaie, nous nous rejoignons en tout cas.
R
Vous émettez un certain nombre de critiques exactes sur le texte.<br /> Mais vous souffrez également du même défaut que vous dénoncez avec justesse dans le texte.<br /> <br /> Ce que nous observons n'est pas le résultat de la logique libertarienne. La raison principale en est la manipulation des monnaies. Si c'est un sujet aussi sensible du côté des libertariens. C'est parce que cette manipulation donne un énorme pouvoir au politicien, et au rentier qui sont plus que les socialistes (c'est dire) les 2 ennemis majeurs du libertarien.<br /> L'effet Cantillon a détruit l'Espagne au travers de la flotte des Indes. Et c'est également un problème aujourd'hui, quel besoin d'investir, a forciori dans le pays, si une bulle des actifs enrichit celui qui peut bénéficier de la création monétaire en mettant en gage ses actifs ?<br /> <br /> Par contre, difficile de dire, quelle est la mesure du côté volontaire du phénomène. Les décideurs politiques ayant souvent structurellement intérêt à maintenir le clientélisme et l'étatisme.<br /> <br /> Si vous voulez un aperçu de la vision libertarienne. Les 2 meilleurs exemples sont la Suisse et l'Argentine sous Milei. Vous noterez que sa politique va directement à l'encontre du rentier et du politicien. C'est particulièrement visible sir la question immobilière à Buenos-Aires.<br /> La logique libertarienne veut optimiser structurellement la production de valeur. Ce qui doit être dissocié de la question de l'argent. Et elle fait (de manière imparfaite) en favorisant le producteur efficace.<br /> <br /> Contrairement aux anarcaps, je reste de l'avis que l'état est un mal nécessaire. Et qu'on a besoin de lui, sur les sujets où la production de valeur est optimisée par la logique du bien commun.<br /> Favoriser une énergie pas chère, ou des traitements qui soignent définitivement une condition, ne permettent pas nécessairement les meilleurs profits. Mais ce qui a le plus de valeur pour la société. Et c'est là, qu'on rencontre les limitations du libéralisme. Il est le moins mauvais des systèmes expérimentés. Mais il ne sait pas tout gérer.