Pendant que l'actualité continue sa course folle avec un Japon empêtré dans une catastrophe naturelle d'ampleur gigantesque, et un risque nucléaire toujours aussi inquiétant, ou encore un moyen-orient en ébullition, la Libye étant devenue le symbole de cette instabilité nouvelle, nous ne devrions pas pour autant oublier que l'Europe est toujours en crise. Et cette crise ne peut d'ailleurs que s'aggraver, puisqu'en réalité rien n'a été fait pour régler les problèmes de fond à part faire de l'arrosage automatique de fond public par l'endettement d'autres états. L'euro a même eu la mauvaise idée de remonter face au dollars, ce qui n'est pas sans accroître les tensions économiques déjà fortes à l'intérieure de la zone euro. Car comme je l'avais dit dans une autre analyse, la seule chose qui pourrait réellement sauver l'euro actuel serait qu'il tombe à des niveaux très bas ou que l'UE se décide à faire du protectionnisme, ce qui reste toujours le souhait de notre prophète Emmanuel Todd. Mais ce n'est pas la direction prise, et la crise japonaise pourrait encore aggraver le déséquilibre entre l'euro et le dollars. Les autorités internationales ont d'ailleurs dû intervenir en urgence pour permettre au yen de ne pas trop s'apprécier face au dollars, car les capitaux japonais rentrent à la maison poussant ainsi le dollars à la baisse. Rappelons que le Japon est le deuxième pays à détenir des bons du trésor américain, devant la Chine, et celle-ci est en plus de moins en moins enthousiaste à l'idée de soutenir la monnaie américaine à tout prix, et notamment au prix d'une inflation interne qui grimpe. Le dollars ne peut donc que fortement se déprécier dans les mois qui viennent ce qui par réaction ne peut faire que grimper l'euro poussant l'euro divergence vers des niveaux extrêmes. On se demande vraiment jusqu'à quel écart de taux d'emprunt les états européens vont pouvoir aller.
Mais il n'y a pas que la zone euro qui va mal en Europe, la Grande-Bretagne vient par exemple de connaître son plus mauvais chiffre en terme de chômage depuis 17 ans, et là il s'agit bien évidement des chiffres officiels déjà largement trafiqués comme chez nous. La politique de rigueur du gouvernement Cameron qui est censé faire une purge salvatrice, comme aime les faire nos amis néolibéraux, a donc commencé à faire ses premiers effets "salvateurs". La croissance est en berne et le chômage explose, le pauvre gouvernement anglais ne devait pas savoir que comme les autres pays d'Europe font aussi des purges salvatrices les exportations ne risquaient pas de tirer la croissance du pays. Une purge libérale dans de telles conditions ne pouvait que provoquer une grave récession. Mais la situation est tout de même plus grave pour nos amis portugais qui ont les contraintes de l'euro comme facteur de contrainte. Les taux d'emprunt portugais viennent d'atteindre 7.7% rien que çà. Et l'on parle encore d'une intervention européenne pour sauver le soldat portugais après avoir tu... sauvé le soldat grec. On attend avec impatience l'achat de Lisbonne ou de Porto par la Chine pour sauver le Portugal, enfin surtout pour sauver les banques allemandes, françaises et le mythe européïste.
Les PIGS ont toujours des déficits commerciaux
L'origine de la crise de l'euro qui semble s'éterniser a toujours la même source. Des pays ayant des divergences dans leurs besoins macro-économiques ne sauraient avoir la même monnaie sous peine de créer des déséquilibres commerciaux massifs. Si la Grèce, le Portugal ou l'Espagne ont autant de problèmes, c'est que leurs balances commerciales les contraints à emprunter toujours plus sur les marchés financiers. Ce sont ces déséquilibres commerciaux qui sont à l'origine de leur difficultés macro-économiques, c'est valable aussi et dans une moindre mesure pour la France et l'Italie. Sans retour à l'équilibre la situation continuera à se dégrader. Cependant le seul moyen d'équilibrer les comptes dans le cadre de l'euro et du libre-échange est de faire une récession artificielle, en cassant les salaires, la demande ou les services publics, et c'est ce que s'évertuent malheureusement à faire ces états inféodés à l'idéologie européïste et libérale. Bien évidement la population ne l'accepte pas et la crise économique se transmet peu à peu à la sphère politique y compris en France avec la montée récente de Marine Le Pen. Un coup d'oeil à la balance commerciale de l'Espagne ou de la Grèce nous montre les difficultés que rencontrent ces pays, tant qu'elles existeront ne compter pas trop sur un redressement de leurs taux d'emprunt.
Dans le cas de l'Espagne sur le premier graphique on voit bien les effets de l'euro sur le commerce extérieur et que l'on ne dise pas que c'est un hasard si la balance commerciale espagnole se dégrade fortement à partir de 1999-2000. C'est l'époque où les taux sont unifiés en Europe et où l'on met en place l'euro. La réduction récente des déficits commerciaux n'est dû qu'à l'effondrement des importations et donc à un affaiblissement du niveau de vie de la population comme on le verra ultérieurement. Si l'on regarde la production industrielle espagnole, hors immobilier, on retrouve la même cassure en 1999, l'indice de la production industrielle espagnole de fin 2010 est ainsi revenue à son niveau de 1997. En plus cet indice avait fait du surplace de 1999 à 2008. Bien évidement ces pays ont bénéficié d'une inflation moindre durant cette période à l'image de l'Argentine avant 2001. Mais la recherche de l'inflation la plus basse possible en ayant des politiques monétaires absurdes emmène toujours les pays vers la catastrophe et c'est très exactement ce qui se passe aujourd'hui en Europe.
Les nations les plus déséquilibrées tombent en premier, mais il ne fait aucun doute que le reste du continent suivra le même chemin. Il n'y a aucun espoir de redressement réelle de ces économies dans le cadre actuel. Et la réduction des déficits commerciaux actuelles en Espagne, en Grèce ou au Portugal n'est que le produit de la contraction du niveau de vie des populations et de la forte de hausse du chômage. Une hausse qui atteint des proportions vertigineuses chez nos voisins espagnoles, il suffit de regarder le graphique de l'évolution récente pour s'en convaincre:
Le taux de chômage officiel de l'Espagne vient de dépasser les 20% et l'on trouve des économistes assez idiot pour déclarer qu'il n'y pas à s'inquiter pour l'Espagne parce que son taux d'emprunt a légèrement baissé. La France et les pays européens du nord s'inquiètent régulièrement des risques d'arrivée massive d'immigrés en provenance des pays arabes, pour cause de crise politique grave. On s'affole ainsi de ce qui se passe à Lampedusa Marine Le Pen se faisant même de la pub en allant sur place. Mais à nos portes il y une nation de 40 millions d'habitants qui est en train d'asphyxier sa propre population avec des politiques complètement débiles fomentées par les technocrates libéraux pro-européens et surtout complètement irresponsables. Où irons donc les espagnoles, les portugais et les grecs fuyant le chômage et la misère de masse dans les années qui viennent? Plutôt que de regarder les problèmes de l'autre coté de la mediterranée, il faudrait peut-être que les européens réalisent dans quelle situation ils sont eux mêmes. Les crises politiques ne vont pas tarder à se montrer sur notre continent, faute d'actions visant à améliorer le sort de la majorité de la population. Au Portugal le gouvernement est dans une situation difficile, et pour cause, les régimes de rigueurs sont rejetés par le peuple. En Grèce les politiques de contritions si douloureuses n'ont pas amélioré la situation financière, ce qui est aujourd'hui reconnu même par les officiels. Mais il a fallu en passer par les plans d'austérité pour que les "élites" comprennent qu'une diminution drastique des dépenses produisent toujours une forte réduction des recettes fiscales. Où est donc l'Europe de la croissance et de l'investissement? L'Europe c'est la paix et la prospérité, vraiment?
Sans protectionnisme l'euro éclatera, ou l'Europe brûlera
Les populations ont aujourd'hui compris dans leur majorité que l'euro s'était fait au détriment des intérêts des pays membres. La crise était latente depuis la mise en place de la monnaie unique, comme l'atteste l'évolution de la production industrielle espagnole. C'est uniquement les endettements publics, privés et les bulles que cela a provoqué, qui ont permis à ce machin de fonctionner ces dix dernières années. Maintenant que la facture arrive personne ne peut payer l'addition, même l'Allemagne grand bénéficiaire de l'euro. Si l'UE persiste dans ses erreurs il ne fait guère de doute qu'il n'y aura que deux sorties possibles. La première est une sortie pure et simple des pays les plus déséquilibrés de la zone euro ou la création d'un euro commun plutôt qu'unique. La deuxième possibilité c'est l'aggravation des politiques de contrition visant à équilibrer les balances des paiements sans changer les politiques monétaires ou commerciales. Il faudra pour cela forcer les peuples à rester dans cette zone monétaire malgré l'appauvrissement généralisé, ou pourrait imaigner alors un glissement vers des régimes de plus en plus autoritaires. Il ne faut pas se faire d'illusion, si la population ne descend pas dans les rues ou ne met pas au pouvoir des politiques visant un changement radicale, nous nous dirigeons vers le pire des scénarios. Il est possible cependant que le vieillissement de l'Europe empêche une révolte pourtant nécessaire, l'on pourrait alors assister à une vidange des populations européennes qui finiront par fuir un continent devenu invivable pour une majorité de la population. On est très inquiet à droite et à l'extrême droite d'une vague d'immigration massive en provenance d'Afrique ou d'ailleurs. Et si finalement le vrai risque était inverse? Ne va-t-on pas finalement assister dans les dix ans qui viennent à un départ massif des jeunes européens, désespérés par la situation de l'emploi et le manque de perspectives pour eux? Le reste du monde changeant et abandonnant les lubies libérales et mondialistes, pendant que le continent européen s'enfoncera dans le conservatisme libérale en provoquant misère et l'inégalité. L'Europe c'est peut-être le monde arabe de demain, en France on a peut-être déjà notre Kadhafi.