Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Franz-Olivier Giesbert nous l'a dit face à un auteur inquiet pour l'avenir de la France, "Je suis citoyen du monde". Cette formule revient souvent dans les expressions de nos élites apatrides pour justifier en réalité leur manque total de solidarité avec le reste du pays. On n’imagine pourtant pas à quel point l'expression citoyen du monde est un oxymore, un non-sens, une formule creuse qui cache une vacuité totale des individus qui s'en font les défenseurs. Il sont nombreux pourtant nos cosmopolites à défendre la citoyenneté mondiale, l'absence de frontière, le maelström commercial planétaire. En se déclarant citoyen du monde, on se donne bonne conscience à peu de frais. Une bonne conscience bien utile à qui veut encore se regarder dans la glace en s'enrichissant de façon totalement délirante de la misère de son propre peuple. Le citoyen du monde François Hollande ne vient-il pas d'ailleurs par ses propos très éclairants au journal le Guardian de dire tout haut ce que les citoyens du monde pensent tout bas? À savoir que seuls comptent leurs petits intérêts économiques et que le reste du monde en réalité ils s'en fichent.
Car le citoyen du monde est un citoyen sans obligation, de la même manière qu'il n'a pas de limite dans sa géographie, il n'a pas de limite dans son égoïsme et son cynisme. Il promet monts et merveilles, solidarité et générosité, mais il s'avère bien pingre lorsqu'il faut passer à la pratique. Le citoyen du monde préfère les donations aux impôts, il préfère le pauvre du lointain au pauvre qui gît sous sa fenêtre. Il est vrai aussi que donner peu à celui du lointain permet de faire bonne figure lors des diners, alors que payer ses impôts ne fait pas de vous un héros de la lutte contre la misère, alors que c'est pourtant bien plus efficace. Il court de paradis fiscal en paradis fiscal, met sa progéniture à l'abri des conséquences des politiques qu'il prône et n'a pourtant de cesse de fustiger les petits qui demandent qu'on les défende un peu. Défendre l'intérêt de ceux qui ne peuvent passer leur vie à faire la Bohême c'est être fasciste, nazi, ringard, franchoulliard, lepéniste etc.. Employer le terme citoyen pour définir des personnes au comportement inverse de celui d'un citoyen voila bien une preuve de la dérive orwellienne de notre société.
Un citoyen a des droits et des DEVOIRS
Mais avant de commencer à parler de nos cosmopolites de salon dont les élites du PS sont probablement les échantillons les plus représentatifs, peut-être devrions-nous nous atteler à rappeler rapidement ce qu'est un citoyen ou tout du moins ce qu'il devrait être. Le citoyen n'est pas une formule qui décrit simplement les habitants d'un pays, porter une nationalité quelconque ne fait pas véritablement de vous un citoyen de ce pays. La citoyenneté est profondément corrélée à la relation intime que l'individu ressent vis-à-vis de la société qui le porte. Le citoyen n'est pas un consommateur, un travailleur ou un épargnant. Il est bien au-dessus de cela. Le citoyen c'est un individu libre, dans le sens où son opinion politique est le fruit d'une réflexion qui lui est propre. Car oui le citoyen fait de la POLITIQUE, il n'est pas forcément dans un parti, il n'est pas forcément élu, mais il s'intéresse à la vie politique de son pays. Tel est l'exigence de la citoyenneté dans une nation qui se veut démocratique. La démocratie est aussi une culture et une façon d'être pas uniquement un système avec un parlement ou des contre-pouvoirs théoriques. Elle nécessite un minimum d'implication de la part de la population du pays sous peine de péricliter comme c'est le cas en France et en Europe à l'heure actuelle.
Pour le citoyen la politique coule en lui comme le sang qui lui permet de vivre, et pour cause le citoyen sait parfaitement que l'individu seul n'est rien. Que la seule véritable liberté est celle de choisir nos lois et les règles qui s'imposent à chacun de nous. Les sociétés humaines ne pouvant vivre sans règles, la vraie liberté consiste à influencer celle-ci par la politique. Le premier devoir du citoyen est donc de faire de la politique et de s'intéresser à l'intérêt général et pas seulement au devenir de sa propre personne. La société pseudo-libérale actuelle qui consiste à supprimer au maximum les contraintes collectives est en réalité une infâme autocratie qui permet à un petit nombre de personnes d'orienter les lois suivant leurs convenances et leurs propres intérêts.
On constatera que logiquement il n'y a des citoyens que là où il y a des états, c'est à dire des représentations de l'autorité par laquelle peut s'exercer la politique. Car s'il peut y avoir des sociétés avec des états, mais sans citoyens et sans démocratie, il ne peut pas y avoir de démocratie sans état. En effet, par quel moyen la prise de décision collective des citoyens pourrait-elle s'exercer s'il n'y a pas d'état pour appliquer des politiques ? On voit ici le gros problème du concept de citoyen du monde, le monde n'ayant pas d'état on voit mal comment le citoyen du monde pourrait exercer son droit politique. A Moins bien évidemment de vider de sa substance politique la notion de citoyen, ce que font en réalité nos idéologues de la mondialisation heureuse en se proclamant citoyen du monde.
On le voit donc la citoyenneté est profondément corrélée à une nation. Car c'est dans un espace politique bien délimité que l'on peut définir un état et donc construire un processus démocratique seul à même de faire vivre des citoyens ensemble. La deuxième condition de la citoyenneté est celle de l'égalité. Car il n'y a de débat véritable qu'entre égaux. Mais cette égalité ne concerne pas le statut social. C'est une égalité devant l'expression chaque citoyen. Chacun d'eux ayant théoriquement les mêmes droits, quel que soit le niveau de richesse. Petite remarque en passant. Il est étrange d'entendre des gens soi-disant de gauche justifier le droit de vote des étrangers par le fait qu'ils payent l'impôt sur le revenu. On pourrait croire qu'à gauche on pense de plus en plus que la citoyenneté est proportionnelle à votre revenu. Si l'on suit leur concept qui veut que l'on ait la citoyenneté parce que l'on paie les impôts alors il faudrait tout de suite supprimer le droit de vote à la moitié des Français qui ne sont pas imposables. Ce type de régime on a déjà connu çà en France. On appelait cela le suffrage censitaire. La gauche européïste et mondialiste n'y serait probablement pas opposée eu égard à ses dérives de plus en plus ouvertement antidémocratiques. On l'a vu sur le TCE. C’est la même chose actuellement avec les MES où le PS rejoint l'UMP en faisant croire qu'elle n'en fait rien.
La citoyenneté ne s'acquiert donc pas par le niveau de richesse. Mais la condition d'égalité concerne surtout le niveau d'information et la maîtrise des sujets concernés par les débats publics. On voit que cette condition présuppose un niveau relativement élevé de culture générale dans la population. On rejoindra ici les thèses de Todd, la démocratie nécessite un certain niveau scolaire moyen de la population pour être réalisable. Elle nécessite aussi une presse libre et un véritable attachement à la liberté d'expression. Là encore la France actuelle est en mauvaise posture, entre un niveau scolaire qui baisse, une presse totalement inféodée à des petits seigneurs milliardaires, et enfin un amour inquiétant pour les débats interdits à cause de la violation de la doxa officielle, ce pays a pris la route vers le despotisme. Enfin la condition d'égalité signifie également que le citoyen minoritaire, celui dont l'opinion est défaite aux élections et dans le débat public, accepte cette défaite. Mais il n'accepte cette défaite que parce qu'il a un attachement au pays dans lequel il vit.
On en vient ici à la question de la nationalité, il faut impérativement que le citoyen se sente comme appartenant au pays dans lequel il vit sous peine de transformer rapidement la démocratie en guerre civile sans fin. De fait, la démocratie n'est concevable que dans un milieu où quelque chose lie les citoyens entre eux. Un lien suffisamment fort pour qu'ils fassent abstraction de leurs divisions d'opinion. La culture commune, la langue, l'histoire collective sont autant de choses qui rassemblent et qui rendent bien peu réalistes les ambitions de ceux qui veulent créer des citoyens dans des zones plus larges que celles des nations historiques. Il ne faut pas oublier que le ciment de nos nations est le fruit de lourds conflits et d'horreurs. Vouloir créer une nationalité européenne nécessiterait probablement d'en passer par des épreuves qui avec le progrès technique actuel pourrait être fatal à la population du continent. Doit-on souhaiter une guerre civile en Europe pour créer le citoyen européen ? Si tel est le rêve des europhiles, c'est qu'ils sont encore plus fous que l'on aurait pu le penser.
Le cosmopolite, le citoyen du monde
Les cosmopolites je ne suis pas le seul à les critiquer, cette critique est plus vieille qu'on le croit. Il a toujours existé des individus pour qui leur propre personne passe avant toute autre considération. L'internationalisme vu dans le sens de la suppression des frontières et des nations est un sophisme qui cache de plus en plus mal les intérêts réels qu'il défend. Dans la tête du cosmopolite, il n'a en réalité jamais été question de défendre l'intérêt de l'étranger, mais d'user de l'intérêt de l'étranger lorsqu'il coïncide avec l’intérêt du cosmopolite. De fait, lorsque François Hollande condamne le protectionnisme français en prétendant défendre les intérêts des travailleurs chinois il ne fait que défendre les intérêts de sa classe sociale pour user de termes marxistes. Car en réalité c'est l'existence de marchés extérieurs ouverts qui permettent à la Chine de croître sans avoir à augmenter sa demande intérieur et donc les salaires. En réalité, le libre-échange empêche l'évolution sociale des pays en voie de développement et les rend esclaves de la demande extérieure américaine et européenne. Les poussant même à soutenir l'endettement de ces pays à cause de la menace de l'effondrement du commerce mondial.
Ensuite, le cosmopolite dit aimer le monde et détester les frontières, mais c'est uniquement parce que cette absence de frontière permet au cosmopolite d'échapper à l'autorité de son état et par là même d'échapper à la réciprocité de l'échange. Le cosmopolite doit souvent sa prospérité à la société d'où il vient et qui l'a nourri et éduqué. Par la fuite de sa personne, il agit en égoïste et insulte le peuple qui l'a protégé jusque-là. L'individu ne se fait pas tout seul, il est le produit d'un investissement collectif, lorsque cet individu rompt avec la société qui lui a donné naissance, il fait un acte de trahison. Car il ne rend pas ce qu'il a reçu par l'impôt et la solidarité nationale. Il nuit ainsi à la prolongation de sa société de naissance. Il ne participe pas à l'effort de la nation pour se perpétuer. Si tous les pays du monde fonctionnaient uniquement avec des cosmopolites de cette trempe l’humanité s'éteindrait en deux générations.
Enfin le citoyen du monde ne fait pas de politique. La politique ne l'intéresse pas, car pour lui seul l'argent et la logique de l'intérêt mènent le monde. Certes il parlera à loisir de la communauté mondiale, de la solidarité nord-sud, de co-développement, de la planète qui souffre, de sa contribution au développement des associations caritatives en tout genre. Mais la politique avec un grand P non. C'est que le cosmopolite reste bien évasif sur les solutions à proposer concrètement pour sauver les pauvres... C'est que sa vie à lui est si douce que vraisemblablement il est très content du monde tel qu'il tourne et qu'au fond que rien ne change est son vrai désir. Le cosmopolite est un hyper-conservateur. Un type qui jouit sans entrave et qui se fiche des conséquences pour le reste de la population qu'elle soit de son pays ou des autres. Dans ces conditions, il n'est guère étonnant de ne voir que des libéraux ou des marxistes verbeux chez les citoyens du monde. Comme il est probable que notre prochain président comme l'actuel locataire de l'Élysée soit encore un cosmopolite. Souhaitons qu'enfin nos compatriotes finissent par comprendre que ceux qui ne parlent que du monde de l'Europe et jamais de la France et de ses intérêts ne sont que des cyniques qui usent de la naïveté de nos concitoyens pour leur vendre des politiques contraires à leurs intérêts réels.