Deux ans sans écrire sur son blog, et voilà que le tenancier du Bondosage se met à faire l'apologie d'un candidat globaliste et ouvertement néolibéral. Aurait-il perdu la raison? Se serait-il fourvoyé avec une vieille rombière richissime lui volant sa lucidité habituelle et son innocente neutralité vis-à-vis de la lutte des classes ? Que t'est-il arrivé ? Le syndrome du centrisme béat et europhile t'aurait-il frappé ? Tu avais ta carte au PS et la trahison t’a semblé naturelle comme à tous tes condisciples ? Je vous rassure tout de suite. Si je pense que Macron est le meilleur candidat pour la France actuelle ce n'est certainement pas pour son brio, son smoking, son sourire ultra bright , ses idées approximatives, ou son appétence pour la gérontophilie. C'est bien au contraire parce qu'il me semble concentrer tout ce qui nous a conduits au désastre actuel qu'il est le meilleur candidat. Il est en quelque sorte la fusion de la droite néolibérale affairiste et de la gauche libertaire consanguine. Il est l'incarnation de ce duopole qui dirige la France depuis quarante ans, mais qui n'a jamais assumé ouvertement sa propre unité d'intérêt. Par la force des choses et la lente dégradation de leur pouvoir de séduction propre aux idéologies mortifères, les globalistes sont aujourd'hui contraints de fusionner ouvertement pour accéder au pouvoir.
Gardez bien en tête cependant que Fillon ou Hamon sont aussi des représentants de ce courant, mais qu'ils incarnent la mécanique d'essuie-glace qui a permis plus ou moins bien au système de contrôler l'apparence de démocratie en France. Voter Hamon, Fillon, ou Macron c'est voter pour le système globaliste dans tous les cas. Il n'y aura aucune différence une fois au pouvoir si ce n'est les éternelles distinctions sur les affaires sociétales sans intérêts autres que d'abuser un peuple au demeurant de moins en moins aveugle sur cette supercherie. Le Fillon faisant du patriotisme théâtral pour plaire à ceux qui pensent que le Gaullisme est affaire de superlatifs nationalistes, et de discours ronflants sur une indépendance factice faite de gesticulations verbales et de génuflexions économiques envers l'empereur germanique du SELG (Saint-Empire Libéral Germanique appelé aussi Union européenne pour les plus naïfs). Le Hamon ou le Macron distillant à l'envi leur vision communautariste de la France de demain toujours moins française, toujours plus diverse et toujours moins unie. Les communautaristes définissant la nation comme un agglomérat de communautés fermées unies entre elles par un pacte vénal. Il s'agit bien sûr là de la vision type Terra Nova qui est désormais l'unique programme en la matière qui sert d'orientation à la « gauche » dans sa quasi-totalité.
Il est trop tôt pour le souverainisme
Alors s'il n'y a guère de différence entre Fillon, Hamon et Macron, pourquoi vouloir voter pour Macron et pas pour un candidat correspondant mieux à mes propres envies souverainistes et anti-UE ? Il y a deux raisons à cela. La première est d'abord qu'il y a objectivement peu de chance à l'heure actuelle pour qu'un candidat souverainiste gagne le second tour des élections. En l'occurrence, je parle évidemment ici de Marine Lepen. Elle n'est pas ma candidate favorite en matière de souveraineté nationale, mais elle défend tout de même plus que partiellement cette orientation. Elle est malheureusement de loin la candidate souverainiste qui a le plus de chance d'accéder au second tour. On peut le regretter, on peut sauter comme un cabri sur sa chaise en disant que c'est trop injuste, mais c'est ainsi. Le FN récolte les effets du néolibéralisme globaliste essentiellement parce qu'il était le premier dans l'esprit de la population à en faire ouvertement son ennemi. Les souverainistes de droite ou de gauche sont arrivés trop tard. L'histoire eut été probablement différente, si une partie de la gauche avait ouvertement rompu avec le PS lors de la forfaiture de 2005, mais il n'en a rien été. On ne refait pas l'histoire. De fait, le FN se retrouve comme étant le principal porte-étendard de l'indépendance nationale. Au second tour sa trop forte orientation clivante sur des sujets comme l'immigration l’empêchera de prendre le pouvoir. Tout du moins, ceci est encore valable pour cette élection.
Ajoutons à cet argument de la non-éligibilité potentielle du FN le fait qu'on ne voit guère comment ce parti pourrait ensuite avoir une majorité pour gouverner. Les mésaventures de Trump devraient faire réfléchir ceux qui pensent que la montée au pouvoir d'un président anti-globaliste suffirait à faire reculer le système en place. En fait, non seulement il faut gagner les élections, mais il faut aussi casser tout espoir d'entrave aux globalistes. Même dans un pays où le président a de grands pouvoirs comme la France l’opposition pourra bloquer toute modification profonde du pays et de la politique générale. Sachant que par ailleurs il nous faudra affronter les intérêts de la puissance germanique et les institutions européistes un semblant d'unité nationale est préalablement nécessaire à cette ambition. Sans quoi nos adversaires useront de toutes les ficelles possibles, même les pires, pour empêcher le gouvernement souverainiste d'arriver à ses fins. Pour gagner, nous devons au préalable affaiblir et délégitimer le globalisme y compris chez les classes sociales les plus enclines à voter encore pour lui. Or le meilleur moyen de parvenir à cela est l'application de la théologie néolibérale en elle même. On ne le dira jamais assez, les néolibéraux sont leurs meilleurs ennemis. Tant leurs thèses et leur idéologie sont à l'inverse de ce qu'il faut faire et penser pour redresser la situation.
La seconde raison découle en grande partie de la première hypothèse. Puisqu'il n'y a pratiquement aucune chance pour qu'un candidat de la rupture réelle avec le globalisme puisse monter au pouvoir lors de cette élection, et qu'en plus cela pourrait être mauvais pour ce mouvement à long terme, il nous faut fonder une stratégie permettant de maximiser un rebond souverainiste pour les prochaines élections présidentielles. C'est de cette hypothèse-là que découle mon choix pour Macron. Ce candidat comme je l'ai expliqué précédemment est un candidat de rassemblement. Je ne parle pas ici d'un rassemblement de toute la France contrairement à ce que baragouine lamentablement le candidat d'En Marche. Il s'agit surtout du rassemblement de toutes les forces globalistes que compte le pays. Il sera l'aspirateur idéal de tous les parasites du globalisme, il a d'ailleurs commencé à aspirer les moins résistants des représentants de LR à l'image d'Estrosi, tout en ponctionnant le PS et le Modem. Il faut dire que l'appel de la gamelle est toujours plus fort que l'appel de la patrie chez les partisans du patriotisme d'apparat. Ces derniers montrant l'accointance et la forte ressemblance programmatique et dogmatique entre LR, le Modem ou le PS. Une fois Macron élue, son mouvement entraînera probablement la mort de ces trois partis et mettra fin à la fragmentation fictionnelle qui a nourri les diverses alternances de ces quarante dernières années. L'élection de Macron aura l'immense mérite de clarifier la situation électorale pour mettre en exergue la vraie opposition de notre temps qui n'est pas entre droite et gauche, mais entre globalisme et souverainisme. S'il y a une bonne chose qui est apparue lors de cette campagne c'est unification des forces globalistes.
Il est donc impératif que le mouvement en marche termine cette démarche d'unification par l'élection de Macron. En effet si Fillon ou Hamon arrivent à gagner nous repartirons à nouveau vers un phénomène classique d'essuie-glace avec une nouvelle alternance potentielle aux prochaines élections. Le candidat de fausse opposition pouvant encore paraître comme opposant au méchant Fillon. Ce cirque qui dure depuis Mitterrand doit cesser et Macron est le meilleur candidat pour y mettre fin involontairement.
L'hypothèse Mélenchon, le pire des scénarios.
Vous remarquerez que je n'ai pas encore parlé de l'autre alternatif qu'est le candidat Mélenchon. Ce candidat est actuellement la lumière montante si l'on en croit les sondages. Mélenchon dépassant sur sa gauche le PS. À en croire Jacques Sapir ce dernier est un souverainiste tout comme le FN ou le parti de Nicolas Dupont Aignan. Je reste éminemment sceptique sur cette affirmation. Le fait que le parti de Mélenchon a comme électeurs potentiels des résidus du PS et de l'extrême gauche ne prête guère à l'espoir dans cette direction. D'autre part, la sortie de l'UE ou de l'euro n’est chez eux que des hypothèses de travail secondaire. L'affirmation d'une 6e république par exemple n'est-il pas le signe d'une fuite potentielle vers des leurres programmatiques postélectoral ? Sortir de l'UE et de l'euro nécessite une foi inébranlable dans la nation et une priorité absolue sur cet objectif. Toute dispersion n'est que perte de temps et mise en danger de l'objectif en lui même. Mélenchon en homme de gauche peut-il réellement faire passer l'intérêt national avant ses croyances idéologiques ? L'expérience d'autres pays montre plutôt une abdication générale des gauches lorsqu'il s'agit de rompre avec le néolibéralisme. De fait, l'élection éventuelle d'un Mélenchon pourrait détruire pour une très longue durée le changement réel. En montant au pouvoir puis en rompant ses promesses à l'image de Syriza en Grèce, il pourrait hypothéquer pour longtemps l'alternative réelle. Ensuite, rappelons que comme pour Marine Lepen il sera difficile d'obtenir une majorité. Des compromissions pour gouverner seront nécessaires. Compromissions qui se feront sur l'essentiel si l'on se fit à l'historique du bonhomme même si ce dernier fait semblant d'avoir changé. Je ne crois donc guère au candidat Mélenchon et je pense même qu'une hypothèse Lepen/Mélenchon au second tour serait le pire des scénarios.
Préparer l'après Macron dès la fin de l'élection
Au demeurant, mon vote pour Macron est abominablement machiavélique. J'ai tout à fait conscience des innombrables souffrances que provoquera le candidat d'En Marche une fois au pouvoir. Son programme est celui du Medef et de Pierre Gattaz avec comme seul horizon le néant de la réduction éternelle des déficits publics, et la dette perpétuelle parce que non remboursable dans le cadre du néolibéralisme. Le massacre du Code du travail, la destruction des derniers restes de l'état providence provoqueront une explosion du chômage et de la précarité sans résoudre la question du déficit commercial. Macron réussira peut-être même à privatiser la santé et l'éducation comme en rêvent les plus cinglés des néolibéraux à l'image des pitoyables Madelin et Minc. Le fait que ces politiques n'aient jamais marché nulle part ne les inquiète pas. Cela fait longtemps que la raison a disparu du camp libéral. L'implosion de l'économie française pourrait même faire imploser l'euro sans l'intervention du camp souverainiste. Les néolibéraux sont assez grands pour détruire leur propre édifice comme des grands. Avouons qu'une telle hypothèse est plus séduisante même si l'implosion de l'euro dans le désordre ne serait pas des plus sympathique sur le plan macro-économique.
Il n'est pas encore venu le temps du souverainisme en France, il est encore trop tôt. Le corps électoral n'est pas près quand bien même il semble s'y éveiller. La France n'est pas la Grande-Bretagne ou les USA. L'état y protège encore les dormeurs éveillés qui pensent que l'euro et l'Europe c'est chouette tout en se plaignant du chômage et de la précarité montante. La poussée de Mélenchon tend à montrer que l'électorat n'est pas prêt . L'Europe on y croit plus assez pour la fêter, mais on y croit encore trop pour en sortir. Tel est la situation actuelle. Les souverainistes plutôt que de rêver, l'impossible ou le dangereux à court terme feraient mieux de préparer l'après-élection de Macron. Ce dernier montrera l'inanité de ses idées et de son programme dès le lendemain de l'élection. Il faut impérativement que les souverainistes, les vrais, se rassemblent pour montrer qu'ils sont sérieux et qu'ils préparent la seule et véritable alternative qui soit, celle qui implique le retour de la souveraineté nationale. De sorte que nul doute ne puisse subsister lors de la prochaine élection en 2022. Peut-être plutôt si le pays se retrouve bloqué par la magie du Macronisme révolutionnairement passéiste. Pour cela il faudra faire fi des différences programmatiques secondaires. En un sens, le petit candidat Asselineau, dont je n'ai pas encore parlé, a raison de se concentrer sur la sortie de l'UE et de l'euro. Mais c'est après l'élection et en oubliant ses ambitions personnelles que l'on pourra valider une telle stratégie même si cela veut dire une alliance avec le FN. Le camp globaliste a clarifié la situation en s'unifiant derrière l'incarnation du vide qu'est Macron. C'est au camp souverainiste de s'unifier ensuite.