Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Notre brillant ministre de l'économie monsieur Bruno Le Maire qui s'est incroyablement illustré avec ses prévisions sur l'effondrement de l'économie russe grâce aux sanctions vient de prendre une décision absolue concernant l'économie française. En effet, Emmanuel Macron et son ministre viennent en effet de s'apercevoir de l'incroyable irresponsabilité des dirigeants français qui ont dirigé le pays ces dernières années. Et comme ils ont un grand sens de l'intérêt général, ils ont donc convenu d'un commun accord à la nécessité d'un plan d'austérité pour sauver l'économie française de la faillite. Tout ceci est effectivement ridicule sachant que Macron et son gouvernement sont largement responsables de la dégradation des comptes publics ces dernières années. On se souvient du quoi qu'il en coûte ou encore des baisses d’impôt pour les plus riches qui ont coûté un pognon de dingue pour reprendre une expression populaire.
La responsabilité de nos dirigeants actuels est tellement énorme qu'il faut quand même un culot invraisemblable pour dire par exemple « la responsabilité, ce n'est ni l'austérité ni le laisser-aller » comme il l'a fait dernièrement dans un direct sur BFM. On parle d'un gouvernement qui a pris des décisions stupides au moment du COVID en arrêtant toute l'activité économique et qui pour compenser a versé des milliards aux entreprises en arrêt forcé. Un gouvernement qui continue à émettre des titres de dette indexée sur l'inflation, ce qui est une aberration économique qui demanderait une enquête pour savoir s'il n'y a pas des enrichissements personnels chez nos dirigeants ou chez leurs relations. Ces décisions sont trop irrationnelles d'un point de vue de l'intérêt national pour qu'on ne puisse pas y percevoir des malversations. Même la bêtise a ses limites très franchement. On a un gouvernement qui a accru la dette de l'état de plus de 700 milliards d'euro depuis l'élection de Macron à la présidence avec pourtant un bilan macroéconomique désastreux , le PIB français étant à peine remonté à son niveau d'avant les pseudo-mesures contre le COVID. En gros, la France a perdu quatre ans de croissance malgré un accroissement de la dette considérable sur la même période, ce qui mécaniquement a fait gonfler la part de l'endettement par rapport au PIB.
Alors on pourrait se dire à ce stade que nous avons affaire à des imbéciles incompétents. Et sans doute, qu'il y aurait du vrai dans cette affirmation. Les grossièretés guerrières d'Emmanuel Macron avec la Russie confirmant ce manque évident de compétence. Mais il faut bien aussi accepter l'idée qu'il y a une stratégie derrière ces endettements disproportionnés. Tout d'abord, cet endettement n'est pas perdu pour tout le monde, il enrichit les détenteurs de titre de dette qui saignent notre pays comme les usuriers qu'ils sont. L'endettement indexé sur l'inflation montre clairement que ce gouvernement roule pour des intérêts privés. Mais il y a un second effet à cet endettement. Il permet de justifier la démolition des restes de l'état providence. Nos dirigeants ne parlent jamais de l'origine de la dette ni des décisions qui l'ont nourri. Ils se contentent de dire que l'état dépense trop. Avec en sous-entendu les dépenses sociales, d’éducation, de santé, ou d'aides sociales sont trop importantes. On voit d'ailleurs le discours néolibéral se clarifier dans les dernières déclarations de Bruno Le Maire. D'ailleurs, le dernier budget de l'état a consisté à sabrer les dépenses dans l'éducation, la santé et la recherche publique. On voit donc clairement l'usage que les néolibéraux font de la dette et il ne faut pas être très malin pour deviner que le gonflement de la dette est en fait un moyen pour justifier a posteriori la démolition de l'état providence que les néolibéraux ont en horreur.
Pour casser cette stratégie, il est important de rappeler d'où vient la dette et quelles sont les dépenses les plus importantes de l'état aujourd'hui. Les deux fortes périodes de gonflement de la dette publique ont été à chaque fois le résultat d'aide pour des acteurs privés. Faut-il rappeler les immenses dépenses faites par Nicolas Sarkozy pour sauver le système bancaire de la faillite entre 2008 et 2010 ? Ce sont des centaines de milliards qui ont été engloutis pour sauver un système totalement vérolé. Personne n'est allé en prison et l'état n'a même pas nationalisé les banques. Par contre, les Français continuent à payer les intérêts produits par cet endettement. Des intérêts qui rapportent d'ailleurs de l'argent probablement aux mêmes qui avaient conduit le système bancaire à la faillite. On comprend ici l'expression privatisation des profit et socialisation des pertes. Le second coup a donc été la crise COVID. Et là encore, ce sont des acteurs privés qui ont touché des sommes parfois délirantes et sans aucune justification au nom des mesures prises par l'état pour lutter contre le grand méchant virus. On a encore eu affaire à la privatisation des profits et à la socialisation des pertes. Enfin, rappelons que le premier poste de dépense de l'état est largement les subventions aux entreprises. Elles représentent près de 6% du PIB près d'un tiers des dépenses de l'état. C'est largement plus que les dépenses pour la santé, l'éducation ou l'armée. Du reste, les dépenses utiles sont celles sur lesquelles on fait des économies depuis des décennies au point que les salaires des fonctionnaires sont tellement faibles que désormais l'état peine à recruter. Dans le secteur de l'enseignement, c'est l'hécatombe. Or notre gouvernement veut encore plus détruire ce qui reste de l'état et de ses fonctions régaliennes pour réduire encore les dépenses. Là on peut le dire, c'est totalement irresponsable même s'il est clair que c'est l'idéologie néolibérale qui est au cœur du problème.
L'économie est un circuit d'échange
Alors vous me direz qu'il est vrai que ces gens sont ignobles et se plaignent des problèmes qu'ils ont eux-mêmes fabriqués, mais il faut bien réduire la dette. Alors la question c'est quel moyen utiliser pour y parvenir? La méthode de la contrition que prône monsieur Le Maire n'est en fait pas vraiment un choix, c'est une contrainte produite par notre appartenance à l'UE et à l'euro. Rappelons que l'inflation en elle-même est un moyen de se désendetter si on a l'intelligence de ne pas indexer les titres de dette sur l'inflation bien évidemment. L'épisode d'inflation que nous connaissons était justement un bon moyen de réduire la dette mécaniquement les rentrées fiscales augmentant aussi avec l'inflation. Si l'inflation est plus importante que les intérêts de la dette, vous vous désendettez automatiquement. Mais l'état néolibéral n'a pas voulu de cette solution parce qu'il sacralise les rentes sous toutes leurs formes au détriment des salaires, du travail et des services publics. Alors est-ce que la baisse des dépenses publiques peut réduire la dette ? L'expérience montre que non. Le plus bel exemple est celui de la malheureuse Grèce qui n'en finit pas de payer la crise des années 2008-10. Alors que d'autres pays comme l'Islande ont, fait des choix inverses et laissez filer l'inflation réduisant leurs problèmes très rapidement. Mais tout comme nous, la Grèce a préféré se suicider en restant dans la zone euro.
Il est assez simple d'expliquer l'endettement produit par la réduction des dépenses publiques. Si vous comprenez que l'économie est un circuit d'échange, c'est assez facile à comprendre. Les dépenses des uns sont les recettes des autres. De sorte que d'un point de vue collectif il est en réalité bien difficile, de distinguer qui produit quoi. Nos élites néolibérales pensent que le privé crée la richesse et que le public le dilapide. Mais d'un point de vue macroéconomique, ça n'a rigoureusement aucun sens. On pourrait même dire l'inverse, ce sont les dépenses publiques qui font tourner le secteur privé par les dépenses de consommation des fonctionnaires. À dire vrai, la seule chose que l'on puisse dire c'est qu'il y a des secteurs clefs. Ceux qui produisent les biens manufacturiers, l'énergie et la nourriture qui sont les vrais créateurs de richesse, tout le reste tourne grâce à eux en quelque sorte. Mais même eux sont dépendants de la demande qui leur est adressée. On voit donc que nous sommes dans un système d'interdépendance et qu'il est complètement stupide de dresser des secteurs les uns contre les autres comme le font systématiquement les idéologues libéraux. On le voit donc ici, si vous réduisez brutalement les dépenses publiques, vous cassez la demande. Et vous faites un effet multiplicateur keynésien inverse. En fait, vous allez réduire la demande et donc l'activité économique et donc in fine les rentrées fiscales. Les gens consommant moins en tombant dans le chômage. À la fin la baisse des rentrées fiscales sera sûrement supérieure aux économies que vous aurez faites sur les dépenses publiques. Cela ne peut pas fonctionner. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire pour autant.
Comme je l'ai déjà expliqué plusieurs fois, le principal problème de la France n'est pas la dette ou le service de la dette. Le vrai problème se situe dans le déficit commercial. En fait si l'économie est un circuit fermé, toute injection monétaire se traduit par une accélération de l'économie, du moins tant que vous n'employez pas tous vos moyens de production. Au-delà de ça vous ne faites plus que de l'inflation. Mais nous ne sommes pas en économie fermée et régulée. Notre tuyauterie économique a des trous pour faire simple. Elle prend la forme des déficits commerciaux, mais aussi des fuites de capitaux à l'étranger. Quand Macron a injecté de l'argent sous forme d'aide aux entreprises l'argent est vite parti à l'étranger. Parce que les Français consomment trop de produits importés. C'est cette réalité qui empêche depuis les années 70-80 les politiques keynésiennes de fonctionner correctement en France. Et la situation s'est encore plus dégradée sur ce plan avec l'euro.
En effet, nous ne pouvons même plus dévaluer alors qu'il s'agissait d'un moyen facile pour permettre une relance de la demande intérieure efficace tout en évitant de trop importer. Les dévaluations augmentant le coût des importations et réduisant en même temps le prix des productions françaises. On le voit donc ici rapidement, le cœur du problème de la dette n'est pas la dette en elle-même, mais les conditions macroéconomiques qui conduisent à son existence. Les solutions de l'austérité n'ont jamais fonctionné, ou alors dans quelques cas quand de petits pays entourés de pays en forte croissance qui peuvent tirer la croissance de leurs économies par l'exportation. La France n'a pas du tout ce cadre. Au contraire, l'UE est une structure économique néolibérale naturellement en dépression, parce qu'obsédée par des déficits publics, même en cas de crise. Il n'y a aucun moyen pour que notre pays compense l'effondrement de sa demande intérieure par des exportations. Les seuls moyens de sortir de la quadrature du cercle de l'endettement seraient de briser le consensus néolibéral et de rompre avec la construction européenne. Faire en sorte que les Français consomment surtout des produits français en dévaluant et en faisant du protectionnisme. Dans ce cadre-là, une politique d'investissement public aurait un effet de véritable relance. Cependant, il est indéniable qu'à l'heure actuelle il n'y a aucune chance que ce type de politique puisse arriver au pouvoir en France. Nous allons donc assister à nouveau à une destruction de l'économie nationale par des politiques ineptes. Reste à voir quelles en seront les conséquences politiques à long terme. La France de 2024 n'est plus celle des années 80-90. Elle est beaucoup plus violente pour les chômeurs et les pauvres.