Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Les choses commencent bien puisqu'à peine nommé, le nouveau ministre de l'Économie monsieur Antoine Armand commence par des félicitations de Bruno Le Maire dont il salue le bilan, avant d'enterrer la France avec un discours absurde sur le besoin de l'Europe. « Nous avons besoin de l'Europe » tel est son credo et vous comprendrez alors très vite pourquoi ce gouvernement de petits comptables technocrates ne risque pas de redresser la situation du pays. On a d'une part ici une parfaite démonstration des thèses de Paul-Antoine Martin dans son livre « Le clan des seigneurs » où il dépeint le fonctionnement mafieux de notre haute fonction publique et des grands corps d'état, qui bénéficient d'une immunité totale sur toutes leurs actions. Ici clairement un nouveau ministre de l'économie responsable avec le sens de l'intérêt général aurait dû afficher l'incompétence crasse de son prédécesseur, ou au moins ne rien dire de positif sur lui. Au contraire, il l'encense se protégeant ainsi probablement des critiques postérieurs qui viendront à la fin couronner son échec certain. Les hauts fonctionnaires se protègent les uns les autres comme les mafieux lorsqu'ils sont pris la main dans le sac. Et c'est l'omerta généraliser quand le désastre arrive, il n'y a plus de coupable. Pourtant Le Maire fut ministre de l'Économie pendant 7 ans, mais rien n'est sa faute à lui ou à son supérieur.
Ensuite, cette histoire montre l'accélération dans le vide européiste qui n'est plus qu'un marqueur identitaire et social. On invoque l'Europe comme on invoquait les puissances magiques et divines d'antan . Il n'y a aucun début de questionnement sur la construction européenne chez ce qui nous sert d'élite et ce discours lunaire le montre encore une fois. Alors nous ne sommes évidemment pas surpris par les choix du personnel de Barnier. Barnier est un européiste compulsif et un anti-gaulliste contrairement à ce qu'il prétend dans les médias. Toute sa carrière est le produit de cette volonté postnationale et il est allé jusqu'à la trahison totale avec la création du traité de Lisbonne visant à enterrer le vote des Français qui avaient rejeté le traité constitutionnel européen de 2005. Présenter cet homme comme un gaulliste est une insulte à l'intelligence. Cela fait d'ailleurs jaser cette histoire de gaullisme, puisque sur twitter on peut lire par exemple Régis de Castleneau a fait une boutade sur la question en soulignant que le nouveau chargé des affaires européennes, monsieur Benjamin Haddad, est pratiquement ouvertement un agent atlantiste. C'est tellement gros que cela laisse sans voix. Imagine-t-on un instant les réactions des journaux français si un tel poste était confié à un type ayant fait toute sa carrière à Moscou ? C'est à ce genre de détail que l'on prend conscience du niveau de vassalisation du pays. À ce stade on peut même parler de colonie, puisque nos dirigeants sont des agents étrangers même s'il parle français, pas toujours très bien il est vrai.
Le retour des shadoks de l'économie
On pourra aussi rajouter dans l'affaire que de toute manière, quel que soit le programme économique de ce nouveau gouvernement, il devra d'abord être validé par notre Führer Von Der Leyen, entérinant ainsi la réalité du pouvoir en France, à savoir que les Français sont un peuple dominé sans aucun moyen de choisir réellement les politiques qui s'appliquent à eux. Ce n'est jamais dit ainsi, mais c'est la réalité. Alors dans ce cadre européiste que va faire Michel Barnier et les comptables qui lui servent de ministres ? C'est simple et nous en avons déjà parlé, ils vont nous mettre au régime grec. Comme les célèbres shadoks nos comptables ne savent faire que des additions, des soustractions et des raisonnements assez simples à base de pompage. Avec eux l'économie c'est extrêmement facile, il suffit de raboter ici ou là pour redresser les comptes. Il n'y a ni macroéconomie, ni raisonnement à long terme, ni compréhension de la complexité des interactions entre l'économie et les divers aspects de la société. Il n'y a pas non plus de conscience de l'interdépendance des acteurs économiques. Il faut dire que le discours commun sur l'économie a toujours tendance à décrire la réalité comme manichéenne. Certains produiraient de la richesse pendant que les autres la consommeraient.
La réalité est tout autre. D'un point de vue collectif, il est souvent impossible de distinguer qui produit quoi. Un exemple simple. Vous vous dites que pour faire des économies vous allez supprimer massivement des emplois de fonctionnaires. Certains postes peuvent même en étant honnêtes être estimés comme superflus. À titre personnel, je ne pense pas que l'Adem qui nous coûte plus de 4 milliards d'euros par an ait effectivement une grande utilité. Contrairement à ce que certains croient, les keynésiens aussi pensent que l'argent public doit être utilisé à bon escient. La boutade de Keynes sur les gens payés à creuser des trous et à les reboucher pour faire tourner la consommation était une boutade. Le but était surtout de montrer que comprimer d'un seul coup la consommation par des coupes budgétaires massives en pleine récession est une très mauvaise idée. Et qu'il faut parfois impulser de la demande pour que le carnet de commande des entreprises et des producteurs se remplissent de façon à relancer la machine économique. Il faut donc prendre des pincettes avant de toucher aux dépenses publiques et faire n'importe quoi avec. Le président argentin libertarien qui pensait tout nettoyer avec sa tronçonneuse dérégulatrice est en train de l'apprendre en pratique, même si c'est tragique pour l'Argentine.
On a pris la mauvaise habitude de penser l'économie en séparant la fonction de production de la consommation, comme si l'on pouvait vraiment les disjoindre. Comme je le dis souvent sur ce blog, produire sans consommer est aussi absurde que consommer sans produire. Il y a un illogisme absolu dans ce type de raisonnement. Les deux fonctionnent ensemble et c'est le déséquilibre entre ces deux fonctions intriquées qui produisent les crises que nous connaissons régulièrement, même si le déclenchement des crises peut venir de conséquences parallèles comme les surendettements ou les effondrements de bulles quelconques. Ainsi donc, réduire massivement la demande revient à condamner une grande partie de l'activité économique privée. Cela revient à produire du chômage et une crise économique. Autant vous dire que les rentrées fiscales diminuent dans le même temps. Il est donc assez illusoire de croire que l'on peut réduire des déficits simplement en réduisant le train de vie de l'état. L'histoire est là pour le démontrer d'ailleurs, comme nous l'avons vu précédemment dans le cas de la Grèce qui a aujourd'hui une dette encore plus grosse qu'à l'époque des réductions alors que le niveau de vie s'est effondré.
Si des changements sont nécessaires avec des orientations plus prioritaires que d'autres, il vaut mieux transvaser les budgets pour que la dépense globale ne varie pas trop. Exemple si l'on supprime l'Adem ce serait pour dépenser l'argent là où il serait plus utile ou pour baisser les impôts, tout dépend des priorités. Notons que les baisses d'impôt ne nourrissent pas forcément la consommation. Si cela touche les couches sociales les plus aisées, il y a même fort à parier que cela irait surtout dans l'épargne. C'est d'ailleurs pour ça que les baisses d'impôts de Macron n'ont eu aucun effet positif, elles ciblaient des couches sociales qui ont déjà tout ce dont elles ont besoin. Et cela n' a pas favorisé l'investissement parce que la motivation de l'investissement vient en grande partie de la demande. Ajoutons à cela que l'on ne voit pas pourquoi en régime de libre-échange, de libre circulation des capitaux et avec une monnaie surévaluée les industriels s'amuseraient à produire en France alors qu'ils peuvent produire en Pologne à la place. Le paradoxe c'est qu'il est probable que les baisses d'impôts pour les grandes entreprises par exemple se traduisent en réalité dans notre contexte macroéconomique par des accélérations de délocalisation. C'est tout le problème de la pensée cloisonnée cartésienne qui ne prend pas en compte la réalité holistique dans laquelle nous vivons. Les solutions de ce type conduisent souvent à l'effet inverse de celui qui est recherché.
Donc si vous faites une coupe brutale dans les budgets, ce sont des dépenses en salaire qui ne viendront plus alimenter la consommation et qui donc produiront une récession. Après bien évidemment tout dépend de l'échelle de l'action. Une réduction des dépenses de 5 milliards passerait probablement inaperçue, de 100 milliards par contre.. Or comme le souligne Philippe Murer pour revenir aux stupides critères de Maastricht, il faudrait des coupes budgétaires annuelles de 30 milliards pendant plusieurs années. À titre de comparaison, le budget de l'éducation nationale en 2023qui est le second poste de dépense après les subventions aux entreprises, c'était 87 milliards d'euros . Et je ne vous apprendrai rien en disant que les salaires sont déjà trop bas pour attirer du personnel qualifié vers les métiers de l'enseignement et qu'il faudrait vraiment les revaloriser.
Donc nous voyons ici que le gouvernement Barnier ne peut pas résoudre le problème. C'est mathématiquement impossible dans le cadre actuel. Comme nous l'avons vu rapidement, la seule solution est de redonner du souffle à l'économie en utilisant la monétisation de la dette pour alléger son poids et la dévaluation pour redonner de la compétitivité externe au pays. On peut ajouter à cela des mesures protectionnistes et une politique de réindustrialisation assumée et « planifiée » par l'état. Dans le cadre eurolibéral, tout ce qui obtiendrons les shadoks comptables, qui au lieu de pomper en réduisant les dépenses, ce sera une récession et une forte baisse du PIB. Avec le mince espoir à long terme que le niveau de vie français tombe tellement bas que le pays finisse par espérer quelques délocalisations de production chinoises ou autre en guise de développement industriel. Le dépeuplement réduisant les risques de chômage de masse. Après tout, cela arrangerait bien l'Allemagne, un effondrement français, elle a besoin de main-d'œuvre. Si c'est ça que vous voulez pour vos enfants et pour la France, comptez sur nos hauts fonctionnaires pour y parvenir.