Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
La panique commence à monter dans le débat public au sujet de la dette. C'est que l'on s’aperçoit de plus en plus que le précédent gouvernement a simplement camouflé une grande partie de la réalité du niveau d'endettement du pays. La France emprunte par exemple à des taux plus élevés que le Portugal ce qui choque beaucoup de gens alors qu'en réalité ça n'a guère d'importance. Mais nous y reviendrons, car la population semble ne pas vraiment comprendre le piège dans lequel ses élites l'ont enfermé depuis 50 ans au moins. Alors je ne suis pas juriste, ni avocat, mais je me demande quand même si à ce niveau-là de tromperie, on ne tombe pas dans une affaire pénale. Nous sommes, semble-t-il, très loin des fameux 3% de Maastricht, une limite qui le rappelle était complètement arbitraire et prise entre deux discussions au coin de la table pour convaincre les Allemands de faire cette stupide monnaie unique. En tout cas, mentir dans ces proportions est assez incroyable, pour ne pas dire étrange.
Je ne suis généralement pas vraiment complotiste même si des stratégies tordues nos élites en font beaucoup, mais dans ce cas précis je me demande quand même si tout ceci n'a pas été largement orchestré pour justifier des politiques massives de restriction budgétaire et de privatisation derrière. Comment ne pas entendre également le chant des partisans de la privatisation des retraites nous louant les avantages fort discutables des retraites par capitalisation. Comme on le dit communément quand on veut tuer son chien, on l'accuse d'avoir la rage. Cette bonne vieille méthode de direction les élites françaises la pratiquent depuis longtemps et avec persévérance. Et comme nous allons le voir tout de suite elles ont mis tout un tas d'outils pour contourner les processus démocratiques et imposez des choix dont en réalité la population ne voulait pas. La crise actuelle est en grande partie une crise fabriquée, et que l'on ne me fasse pas croire que Bercy n'était pas au courant de la dérive des comptes publics ou des dépenses étranges et dysfonctionnelles que Macron a multipliée ces dernières années. Rien que l'affaire des emprunts indexés sur l'inflation aurait dû faire réagir nos hauts fonctionnaires, mais il n'en a rien été. Ils arrivent aujourd'hui en criant au loup et en prescrivant des remèdes, absurdes dont le seul but est en réalité la découpe des services publics et le démantèlement du système de retraite par répartition.
Si ce n'est pas un complot, cela y ressemble fortement quand même et ce ne serait pas la première fois d'ailleurs que notre haute administration impose des contraintes visant à interdire tout choix de politique économique différente de celles qui prévalent à savoir le néolibéralisme et l'extension permanente du marché. Alors il est possible aussi que tout ceci soit réellement le résultat d'une incompétence crasse, mais n'oublions pas que cela ouvre des appétits en particulier chez les grosses entreprises lorgnant sur les retraites françaises ou le secteur médical. Les avis que vous pouvez entendre ici ou là sur les antennes et sur les réseaux sociaux doivent être pris avec des pincettes, la neutralité des économistes, particulièrement ceux qui ont accès aux médias étant rarement une réalité. Ils défendent presque toujours des groupes financiers et des intérêts privés, sans même s'en apercevoir d'ailleurs puisqu'ils sont généralement à leur poste parce que justement ils défendent ce type d'intérêt particulier par leurs croyances. Je vous rassure, ce n'est pas le cas de ce blog, je ne fais que donner mon avis et j'annonce clairement mon keynésianisme et mon attachement à la nation française. C'est la seule chose qui compte pour les orientations politiques même si je peux bien évidemment me tromper.
Le cadenas idéologique
Nous avons déjà longuement parlé de la question de la dette, mais il est important d'y revenir, car c'est un outil de communication très puissant dans la tête de la population. C'est que malheureusement nous confondons souvent la situation d'un état avec celui d'un ménage. Nos amis libéraux n'emploient-ils pas eux-mêmes la vieille expression de gestion en bon père de famille ? Alors que bien évidemment un état n'a rien à voir avec un ménage et la comparaison n'a aucun sens. En premier lieu parce que l'état vit bien plus longtemps qu'un humain et qu'il gère l'espace économique d'une nation. Il est au cœur d'une interaction entre une multitude d'agents indépendants qu'il doit en réalité réguler pour les faire agir dans le sens de l'intérêt général. Alors certains économistes pensent que laisser faire les agents en question, selon leur bon vouloir, conduira nécessairement aux mieux-être général. C'est ce que croient les libéraux classiques et leurs divers courants. D'autres pensent que les individus ne peuvent pas du tout fonctionner correctement ainsi et doivent être totalement encadrés, là on est plutôt chez les communistes. Et il y en a d'autres comme les keynésiens qui pensent que la liberté individuelle est importante, que l'état ne doit pas totalement l'étouffer, mais qu'il faut prendre aussi en compte l'intérêt général par des mesures de contraintes plus ou moins fortes suivant les cas. L’intérêt général ne découle pas naturellement du comportement des agents économiques, mais seulement de l'interaction de ces agents avec le cadre. Si celui-ci est bien fait, il favorise les actions individuelles qui vont dans le sens de l'intérêt général. Sinon l'égoïsme naturel conduira la société vers une dégradation constante de la qualité de vie.
Le néolibéralisme est un dérivé du libéralisme dont nous avons déjà parlé. C'est un libéralisme sans substance moral dénué des quelques atours restant de la morale chrétienne classique. Il a aussi une tendance autoritaire à penser que l'économie est en quelque sorte une science qui n'a que faire des considérations politiques et démocratiques. On retrouve chez les néolibéraux les mêmes dérives que chez les communistes de la grande époque qui voyaient la lutte des classes dans absolument tous les sujets et réduisaient l'histoire à un ramassis de choix économiques bourgeois. On retrouve le même atavisme chez les néolibéraux qui prennent à mon sens leurs théories trop au sérieux et l'homo œconomicus comme une réalité. De fait si comme pour les libéraux ils ne pensent qu'à l'action individuelle comme moteur positif de la société, ils seront plus prompts que ces derniers à s'opposer aux contraintes politiques induites par le processus démocratique. En clair, ils n'admettent pas que la liberté individuelle soit remise en cause par des choix collectifs, même si ces derniers sont le produit d'un choix démocratique. Ce qui est paradoxal puisque le choix démocratique est justement l'amoncellement de choix individuels des citoyens. Toute l'architecture néolibérale qui va apparaître à partir des années 70 va donc prendre un tournant antidémocratique dès le début.
Il ne s'agissait pas de convaincre les électeurs du bien-fondé de leurs théories, mais de contraindre les politiques publiques à ne pas avoir d'autre choix que celui de se soumettre aux lois du marché pratiquement divinisées. Et le néolibéralisme s'est vite répandu comme idéologie au sein de la haute fonction publique française. Giscard d'Estaing et Raymond Barre en furent les plus voyants représentants, à gauche on parlera de Delors ou de Pascal Lamy. Mais ce ne sont que les noms les plus connus. Pour revenir à notre sujet sur la dette, les premières attaques contre la liberté économique des citoyens furent données à la fin des années 60 et la fin du fameux circuit du trésor dont nous avions déjà parlé. De 1945 jusqu'en 1967, la France n'empruntait qu'à la banque de France, mais les politiciens français noyaient sous l'idéologie de la limitation de la masse monétaire, n'eurent en réalité comme seule obsession que de mettre fin à la possibilité pour l'état de s'endetter sans intérêt. Quand on regarde la fiche Wikipédia sur le circuit du trésor, on voit même quelle idéologie a orienté la fiche puisque d’emblée le circuit du trésor est présenté comme une abomination produisant de l'inflation. Or rappelons que la période de forte inflation que la France connaîtra à partir des années 70 arrivera après la mise en place justement de l'emprunt sur les marchés financiers et non avant.
La réalité c'est que l'inflation n'est que très partiellement monétaire, il y a de très nombreuses autres sources. Dès lors, faire une politique économique dont le seul but est de contrarier la hausse de la masse monétaire pour diminuer l'inflation est complètement stupide. On l'a d'ailleurs encore vu récemment dans les tentatives ridicules de la BCE de contrarier une inflation qui en réalité était produite par la désorganisation post-Covid, par des choix énergétiques douteux, puis par la rupture du gaz russe. De fait, la première arme de contrainte pour les politiques publiques fut l’emprunt sur les marchés financiers. La seconde arme fut la dérégulation financière visant à réduire les politiques fiscales des états. Toute l'histoire économique et politique de ces 50 dernières années fut en réalité une accumulation de contraintes sur les politiques publiques visant à atteindre le fantasme de marché pur et parfait. La construction européenne est en quelque sort la quintessence de ces dogmes. C'est pour cela que personnellement je pouffe de rire en entendant des libéraux plus ou moins honnêtes nous parler du communisme français ou européen. Ils n'ont rien compris au sens de l'histoire. C'est bien la volonté de contraindre les politiques à un seul choix économique qui nous a mis dans la situation actuelle. Et cela n'est pas le fruit du communisme ou d'un socialisme dévoyé, mais bien celui d'une stratégie antidémocratique de la part d'un courant idéologique économique qui s'est cru plus malin que de tout le monde. Il est donc important de recadrer le débat actuel et de parler de ces fameuses contraintes ou la discussion citoyenne se réduira en réalité à choisir simplement la couleur de la corde avec laquelle le marché va nous pendre.