Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
L'histoire continue de donner cette impression d'accélération. Peut-être n'est-ce qu'une impression. Et il est vrai qu'en vieillissant on a cette impression que le temps passe plus vite probablement parce que l'on a derrière nous une certaine expérience. Vieillissant comme tous le monde et n'étant plus tout jeune, mes perspectives sur la question sont probablement un peu biaisées. Quoiqu'il en soit, force est de constater que le désordre de l'ordre américain commence sérieusement à s'amplifier. Nous pouvions entendre même récemment Emmanuel Todd s’inquiéter d'une guerre, voir d'une guerre nucléaire avec la Russie sur Radio Sud. On connaît le caractère prophétique des prévisions toddiennes, espérons que celle-ci fasse partie de ses erreurs. Les USA qui ont clairement utilisé l'Ukraine comme machine de guerre face à la Russie se retrouvent aujourd'hui avec un échec cuisant sur le Front de l'Est. Un échec à relativiser tout de même puisque l'Allemagne et la Russie ont bien été séparées comme le souhaitait Washington. Il reste cependant tout à fait possible que l'Allemagne arrive finalement à se réconcilier avec les Russes après le conflit.
Mais l'objectif qui était de mettre la Russie à genou et de faire à minima un changement de régime en Russie au profit des USA n'a pas réussi. Encore moins le projet loufoque d'un démembrement de ce pays. Car oui il y avait bien un projet américain de démembrement de la Russie comme l’ex-Yougoslavie qui a été démembrée dans les années 90 avec le succès que vous connaissez pour les autochtones. Alors dans cette affaire les Américains s'en sortent pour l'instant assez bien, mais comme d'habitude avec leurs stratégies à court terme les effets secondaires se font vite sentir. Car si les USA, à court terme, semblent avoir considérablement affermi leur position de domination sur l’Europe, cette politique a également considérablement affaibli l'économie du continent. Avec comme effet secondaire la poussée, un peu partout, des partis présentés comme extrémistes à l'image de l'AFD ou du BSW en Allemagne, du RN en France, ou plus récemment encore du FPÖ en Autriche. Alors certes bien souvent ces partis progressent à cause des situations migratoires, mais les questions économiques et géopolitiques participent aussi à leur montée. La guerre en Ukraine a d'ailleurs joué un rôle important dans la montée des partis contestataires en Allemagne. C'est malheureusement moins vrai en France puisque le RN qui veut se « normaliser » est devenue non seulement européiste, mais aussi extrêmement atlantiste, retrouvant en réalité ses orientations passé des années 80 sur ces questions. Quoiqu'il en soit la politique de conflit avec la Russie alimentée par Washington et ses relais pourrait in fine pousser une contre-réaction en Europe et un rejet de l'atlantisme devenu trop coûteux pour le continent. Mais il faut voir plus loin que les prochaines élections présidentielles pour penser à ça.
Dans le même temps, la nation porte-avions, comme l'avait dénommé Todd autrefois, alias Israël, semble s'enfermer dans une fuite en avant de violence contre tous ses voisins. Je trouve particulièrement déséquilibrés aujourd'hui les médias et plus généralement la communication officielle française sur le sujet. Alors que la France avait toujours eu une position d'équilibre sur le sujet, tout se passe comme si nous avions oublié qu'Israël n'est pas seulement une victime, mais aussi un acteur agressif. Là encore, je ne peux qu'approuver Todd sur l'étrange philosémitisme soudain qui s'est développé chez certains, particulièrement à droite. Rappelons ici que le bouc émissaire cher à notre grand penseur René Girard, que nous ferions mieux de relire en ce moment de violence mimétique, a deux visages. Le visage de la haine bien évidemment, et qui peut effectivement s'exprimer et, en aucun cas, il ne s'agit de dire ici qu'il n'y a pas d'antisémitisme en France à l'heure actuelle. Mais aussi celui de l'adulation irrationnelle. Le fait de décrire le juif comme un surhomme ou presque est tout autant suspicieux que celui de la haine irrationnelle. Le bouc émissaire est ainsi un Janus à deux visages, mais qui sont soutenu par une même essentialisation de la population juive.
Pour ma part, je pense qu'il faut cesser de parler de religion et simplement s'en tenir à la rationalité géopolitique. Israël est une nation comme une autre et de ce fait-là découle une condamnation lorsqu’elle se comporte violemment au-delà de toute forme de mesure. Imagine-t-on sérieusement les réactions si un pays lambda avait eu une réaction aussi disproportionnée pour des actes de terrorisme ? Qu'aurait-on dit si la France avait bombardé l’Algérie après l'attaque du Bataclan ? J'avoue que j'ai du mal à comprendre cette irrationalité chez certains à moins d'imaginer que la haine des immigrés musulmans ne les pousse aussi dans le camp de la haine de la population palestinienne. C'est ce que je crains être la vraie motivation derrière les discours pro-israéliens en France. Il est assez pathétique de confondre toutes ces questions, mais c'est aussi extrêmement inquiétant sur la santé mentale globale de nos compatriotes. Le droitard qui soutient aveuglément Israël, quel que soit son comportement est aussi dangereux que l’immigré musulman qui s'identifie aux Palestiniens et veut la mort des juifs en France.
Pour revenir à la question globale, on voit donc que la stabilité du monde est de plus en plus compromise. Il faut d'ailleurs rappeler que si des guerres bien réelles ont lieu aujourd'hui sur les marches de l'Empire US en Europe et au Moyen-Orient, d'autres sont aussi en préparation en Asie.Les tensions explosent entre la puissance montante qu'est la Chine et la puissance déclinante que sont les USA et qu'ils n'ont plus que l'armée pour maintenir leur autorité sur les vassaux. On est en plein dans le fameux piège de Thucydide. Mais les USA, s'ils utilisent régulièrement des agents locaux et des formes de propagande pour déclencher des conflits et des phénomènes qui semblent à court terme les favoriser, produisent également une dégradation de leur position à long terme. Fondamentalement, nous l'avons déjà expliqué longuement, les USA ne sont plus la première puissance de la planète. Et c'est bien là tout le problème, ils n'ont pas les moyens de maintenir leur empire. Et toute action visant à la renforcer ou à seulement la maintenir ne fait généralement qu’accélérer le déclin. Malheureusement c'est que depuis quelques années, la France et l'Europe qui devraient se tenir loin des affaires des USA, sont entraînées par leurs « élites » dans cette course folle au maintien d'une hégémonie qui n'existe déjà plus. La seule évolution des principaux partenaires commerciaux dans le monde montre ce déclin.
L'indépendance française
Plus que jamais la question de la souveraineté nationale devient centrale, même si la question est rarement abordée ainsi par nos élites, qui préfèrent parler de souveraineté européenne, ce qui n'a aucun sens. Emmanuel Todd a souligné qu'il fallait soumettre un débat au parlement sur la question ukrainienne alors qu'on apprend que l'Europe continue à déverser des milliards en Ukraine et que certains de nos dirigeants veulent livrer des missiles supplémentaires pour bombarder la Russie. Ce que les Russes à juste titre considèrent comme de la co-belligérance faisant de la France une cible potentielle pour l'armée russe avec tout ce que cela signifie comme risque. Il est invraisemblable que nos dirigeants prennent de tels risques pour une région qui n'a aucune importance stratégique pour la France, alors même que l'on nous parle de notre pays comme d'un pays en faillite. Il y a là quelque chose de fondamentalement irrationnel sans parler de l'influence très nette des agents atlantistes infiltrés un peu partout dans nos ministères et nos administrations. Arrêter la gabegie en Ukraine serait déjà un bon moyen de réduire les dépenses excessives du budget.
Mais au-delà de cette question nous voyons bien ici que notre inféodation aux intérêts américains à travers l'OTAN, mais aussi l'UE, revient ouvertement à agir contre les intérêts français. Que ce soit sur la question ukrainienne, celle du Moyen-Orient, ou en Afrique, suivre les USA comme des toutous a réduit considérablement nos capacités diplomatiques, et a durablement abîmé notre économie. Le fait que rien n'a été dit sur la question de l'atlantisme aveugle du macronisme qui avait été précédé d'un atlantisme aveugle sous Hollande et Sarkozy de la part du nouveau premier ministre signifie la continuation de l'atlantisme. Autant dire que la ruine du pays va continuer. C'est pour cela qu'aujourd'hui à mon humble avis nous ne devons plus parler de souveraineté, le mot est trop faible. Il faut parler d'indépendance nationale. Nous devons véritablement lutter pour un retour à l'indépendance nationale vis-à-vis des structures de domination mises en place par les USA avec la complicité de nos « élites » très souvent corrompues. Il en va même peut-être de la survie même de la population française dans les années qui viennent.