Aujourd'hui, nous sortons un petit peu de notre vieille et mourante Europe pour nous intéresser un peu aux autres vassaux de l'Empire américain en voie de déclin accéléré. On essaiera de faire le bilan dans les anciens membres des dominions britanniques devenus des vassaux plus ou moins assumés de l'Empire américain à l'exception de l'Inde bien évidemment. On commencera donc aujourd'hui par le Canada, un pays qui est cher au cœur des Français puisque comme le disait Yves Duteil dans sa célèbre chanson, au Canada il y a une bulle de France au nord d'un continent. Il était donc normal de commencer notre tour en passant chez nos cousins canadiens pour voir comme se comporte l'économie et la société canadienne et ces temps de crise et de changement de rapports de force internationaux.
Je dois dire que leur curieux premier ministre n'a rien à envier à notre pathétique président. On sent clairement le produit industriel made in USA pour diriger les états vassaux. Mais nous ne parlerons pas trop de Justin Trudeau de ses frasques ou des légendes urbaines qui tournent autour de lui comme celle de sa ressemblance physique étrange avec Fidel Castro. Tout ceci n'a guère d'importance. Le Canada est un immense pays encore plus sous-peuplé que son voisin du sud avec une population de 40 millions d'habitants sur une superficie de près de 10 millions de km². Un titan géographique, mais un nain démographique. C'est important d'insister sur ce point, car ce genre de contrainte n'est pas sans effet général sur l'économie d'un pays. En effet, la faible densité de population entraîne souvent des coûts pour les infrastructures plus importants. Dans le cadre de l'économie globaliser cela tend également à transformer ce genre de pays en simples fournisseurs de ressources comme à l'époque coloniale. Comme nous le verrons dans le cas de l'Australie où c'est encore plus voyant, le Canada est très dépendant de ses exportations de ressources naturelles. Et c'est assez logique étant donné les avantages et les inconvénients naturels de ce pays.
Mais le Canada est tout de même moins extrême que des pays comme l'Australie ou l'Arabie saoudite. Les exportations de pétrole et de gaz ne représentaient ainsi « que » 26% du PIB en 2015 et 16% pour les produits agricoles. Les produits manufacturés représentaient un peu plus de la moitié des exportations, soit 51%. Bref si le Canada comme tous les pays sous-peuplés avec d'immenses ressources naturelles est très dépendant de ses exportations de matière première, il l'est nettement moins que les autres pays du genre. Si l'on regarde la balance commerciale du Canada, on s’aperçoit assez vite que contrairement au voisin géant du sud elle se maintient en équilibre relatif. On remarquera tout de même un changement majeur depuis la crise des subprimes vers 2008. En effet jusqu'à cette date, le Canada connaissait un excédent commercial important, et ce depuis les années 90. Or le Canada depuis semble devenu de moins en moins capable de revenir à cet excédent. La réponse probable est que la demande intérieure a crû plus fortement que les exportations et cela sans doute en raison de la politique migratoire qui a été mise en place depuis, mais nous y reviendrons par la suite.
Il faut bien se rendre compte par contre que si le Canada semble aller bien commercialement parlant cet équilibre cache une autre réalité. Comme dans le cas de nombreux pays, le Canada a un énorme déficit commercial avec la Chine même s'il s'est un peu réduit cette année. Les Chinois exportent au Canada environ trois fois ce que les Canadiens exportent en Chine. Mais cet énorme déficit est compensé par les très gros déficits que le Canada produit avec les USA. Ainsi si l'on se fit aux statistiques, le Canada a exporté aux USA en 2023 pour 595 Md$, et importé de ce même pays pour 374Md$ soit un excédent de 221Md$. Le déficit avec la Chine a représenté lui 60Md$, cela fait plus que compenser. C'est que le Canada n'a pas des déficits uniquement avec la Chine avec d'autres régions du monde, en particulier l'UE et la zone euro. En 2023 c'était 35Md$. En fait, le Canada a des déficits commerciaux avec l'ensemble du monde, mais compense ce déficit par ses excédents avec les USA ce qui met ce pays dans une situation de très grande dépendance avec son voisin du Sud. On pourrait même se demander si finalement le Canada n'est pas devenu une extension économique des USA. Un 51e état en quelque sorte.
On imagine également la situation désastreuse qui pourra advenir pour le Canada si les USA se retrouvaient en grande difficulté économique avec la remise en cause de leur statut monétaire et du dollar. Si les USA devaient d'un seul coup rééquilibrer leurs échanges, le Canada entièrement dépendant de leurs excédents avec ce pays se retrouverait devant un mur économique difficilement surmontable à court terme. Le Canada a peut-être un peu trop mis tous ses œufs dans le même panier.
Le délire migratoire de Trudeau
Penchons-nous maintenant sur le cœur de l'actualité canadienne à savoir l'immigration. Vous ne le saviez peut-être pas, mais le Canada sous monsieur Trudeau est devenu un géant mondial de l'immigration. C'est en réalité une grande nouveauté pour ce pays qui a en réalité historiquement surtout grossi grâce à sa fécondité locale. Le plus brillant exemple fut le dynamisme démographique des Québécois dont la plupart sont les descendants directs des Canadiens français installés là au 18e siècle en effet de 1710 à nos jours les Québécois ont connu une explosion de population par une multiplication de 80, rien que ça. Il n'y a pas d'exemple historique d'augmentation de la population par la natalité plus rapide. C'est cette vitalité démographique qui a permis en réalité au français de subsister au milieu d'un pays et d'un continent anglophone largement dominant. Sans cette dynamique démographique, les Québécois auraient eu le même destin que les Cajuns aux USA. Il n'est d'ailleurs pas exclu que ce soit finalement leur destin à terme étant donné la situation démographique actuelle qui ne leur est plus du tout favorable.
En effet au Canada comme ailleurs, la natalité s'est effondrée. Mais contrairement aux USA le Canada n'a pas camouflé l'effondrement de sa natalité par l'immigration mexicaine dans les années 80-90. Le Canada n'est devenu un pays massivement ouvert à l'immigration qu'à partir des années 2010, surtout depuis 2015. Si la tendance était à une augmentation progressive de l'immigration pour compenser le déclin de la population locale depuis l'an 2000, on voit bien une explosion de l'immigration à partir de 2015 c'est-à-dire depuis l'arrivée de monsieur Trudeau. On passe d'une immigration nette de 200000 personnes par an environ à 400000, un doublement alors que dans le même temps les effets de l'effondrement de la natalité dans les années 70 se font sérieusement sentir augmentant la pression démographique des nouveaux arrivants. C'est d'autant plus marquant que la nature de l'immigration a évidemment changé, elle n'est pratiquement plus d'origine européenne maintenant. L'affaire récente opposant le gouvernement canadien au gouvernement indien qui a fait assassiner un opposant sur le sol du Canada soulignant ce changement démographique extrêmement rapide.
On peut donc déjà dire sans se tromper que la croissance démographique canadienne est entièrement due à l'immigration, un peu comme en Allemagne. Alors faut-il y voir une immense chance pour le Canada comme on l'entend si souvent sur les plateaux de télévision parlant d'immigration ? Pas vraiment en fait. Les statistiques économiques sont assez mauvaises et la croissance économique assez faible. L'immigration n'a pas créé de croissance au Canada à tel point que le PIB par habitant fait du surplace depuis 2010. Comme aurait pu le dire Emmanuel Todd, c'est une croissance quantitative plutôt que qualitative. Cela explique d'ailleurs la dégradation de la balance commerciale canadienne qui est passée dans les années 2000 d'une économie mécaniquement excédentaire à une économie qui peine à équilibrer ses comptes extérieurs. Et nous ne parlerons pas de la dégradation de la qualité de vie des Canadiens ou des risques que cette immigration fait courir à ce pays à long terme. L'islamisme commence à poser les mêmes problèmes que chez nous.
Mais il y a un autre problème produit par cette augmentation artificielle de la population, c'est la crise du logement. Le nombre de logements vides est à un niveau historiquement bas et les prix atteignent des records. Il est à noter d'ailleurs que le silence radio dans nos médias sur le lien entre l'immigration et la crise du logement en dit long sur les orientations idéologiques sur ces sujets. Il est pourtant évident qu'il y a un lien direct entre les deux. Si l'évolution démographique n'était pas manipulée par l'immigration, la crise du logement ne serait pas une crise de prix et d'insuffisance du nombre de logements, mais au contraire une baisse des prix produite par une diminution de la demande faute de Canadien né en nombre suffisant depuis 40 ans. On peut d'ailleurs se demander si ce gonflement artificiel de la demande de logement par l'immigration ne participe pas quelque part à l'effondrement de la natalité locale. Car plus le logement est cher et moins les familles auront les moyens de faire et d'élever des enfants. Quoiqu'il en soit, vous voyez que l'herbe n'est pas plus verte au Canada. La crise qui frappe l'occident qui connaît la gueule de bois du néolibéralisme touche tout le monde de façon plus ou moins forte, le Canada ne fait malheureusement pas exception.