Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
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Je n'avais pas l'intention de parler d'un sujet politique aujourd'hui, mais force est de constater que l'actualité l'impose un peu. Le gouvernement mort-né de Lecornu est une énième conséquence du choix de la dissolution faite par Emmanuel Macron en 2024. Un choix dont on a beaucoup conjecturé l'origine tant cela semblait stupide du point de vue strictement politique. En effet, bien qu'extrêmement impopulaire et très mal élu en 2022, il le fut certainement en grande partie à cause du déclenchement de la guerre en Ukraine, Macron disposait tout de même d'une véritable majorité. On a supposé qu'il s'agissait d'une stratégie visant à mieux asseoir son pouvoir. On pouvait même se demander s'il ne cherchait pas à mettre le RN au pouvoir pour le délégitimer avant les élections présidentielles.
Quelques informations semblent soutenir cette version d'ailleurs. En bon irresponsable qu'il est, la seule chose qui l'intéressait était l'élimination du RN pour ensuite mettre un de ses proches pour l'élection de 2027, Macron ne pouvant se représenter une troisième fois. Cependant, cette stratégie en elle-même n'est pas forcément brillante, car rien ne dit que le discrédit du RN permettrait à un candidat du centre de revenir au pouvoir. Je suis le premier à dire que le RN ne pourra strictement rien faire au pouvoir. D'ailleurs, en l'état, aucune des prétendues oppositions ne pourrait rien faire de très différent au pouvoir. Car en réalité, elles ne seraient pas vraiment au pouvoir. Les décisions sont prises à Bruxelles, Francfort ou Berlin, Paris n'est plus vraiment un lieu d'autorité en France, et c'est bien là le fond du problème en réalité, Macron ou pas Macron.
Je suis donc d'accord avec Macron sur ce point, le seul moyen de mettre fin à l'existence de ce parti parasitaire est de le mettre au pouvoir. Seulement, il faut bien comprendre que son inéluctable échec aura des conséquences dont il est bien difficile de prévoir les effets. Ce dont je suis certain c'est que ce ne sont pas les partis classiques qui en profiteraient. Peut-être pourrait-on espérer alors une prise de conscience du problème que sont l'UE et l'euro pour la France à l'occasion, mais ce n'est pas certains. Quoiqu'il en soit, sa stratégie n'a pas fonctionné et le mur des castors du camp du bien a encore fonctionné. Rien n'indique que ce mur ne fonctionnera pas pour les prochaines élections. Et c'est d'ailleurs probablement pour ça que le blocage français est bien parti pour durer. En effet, imaginons un instant qu'Emmanuel Macron soit soudain touché par un sens des responsabilités et qu'il démissionne. Il s'agit là d'une hypothèse hautement audacieuse et peu crédible, si l'on se fit aux actions du bonhomme depuis qu'il fait de la politique, mais imaginons.
Rien ne dit à l'heure actuelle qu'un candidat puisse rassembler les Français. Tout ce qui se dessine c'est un président qui n'aura pas de majorité même en gagnant les élections présidentielles avec un corps électoral qui est coupé grosso modo en trois. D'un côté le centre en déclin qui représente le courant macroniste avec l'ancienne gauche libérale et le courant de droite de l'ex-UMP. Sur les côtés en parfaite opposition irréconciliable vous avez LFI et son patron Mélenchon aujourd'hui presque autant détesté que Le Pen à ses pires heures par la majeure partie du pays. Il faut dire qu'il a fait beaucoup d'efforts pour y arriver depuis 2017. On pourrait d'ailleurs soupçonner l'ancien mitterrandien qu'il est d'être en fait une taupe installée pour couler tout mouvement de gauche réellement capable de monter au pouvoir, mais c'est un autre débat. De l'autre coté, un parti d'extrême droite théorique, mais qui devient de plus en plus centriste et européiste lui aussi depuis 2017. On pourrait d'ailleurs réellement se poser des questions sur les orientations des partis d'opposition qui ont cherché depuis 2017 à se saborder de diverses manières.
Le cas de LFI est très louche puisqu'il aurait suffi à Mélenchon de garder un discours comme en 2017 pour aujourd'hui apparaître comme une réelle alternative rassemblant largement autour d'une volonté nationale de rupture. Mais il a étrangement préféré le communautarisme et le clientélisme islamiste . De l'autre côté le RN a eu une stratégie plus explicable avec pour but de plaire au centre et aux vieux avec un discours moins en rupture avec le système et surtout l'Europe. Le problème c'est que comme vous le savez très bien si vous suivez ce blog c'est qu'il n'y a aucune possibilité de sortir la France de son marasme sans une rupture justement avec l'UE et l'euro. Si le RN est autant une impasse que LFI je dirais que le RN est au moins un peu compréhensible du point de vue politique même si cela ne mènera à rien. Accédé au pouvoir pour accéder au pouvoir, ça n'a aucun sens. Si votre but est de redresser le pays alors il faut jouer cartes sur table quitte à être insulté et vu comme un extrémiste. À long terme c'est à mon avis la seule stratégie payante, car de toute manière les politiciens qui vendent des nuages finiront par couler ce qui est en train d'arriver à la macronie d'ailleurs.
Le prix de l'UE devient exorbitant pour la France
Au final, en quoi la situation française actuelle est-elle insoluble ? Le problème est simple, la France à travers les mécanismes européens est devenue une simple région. Elle ne contrôle ni ses frontières, ni sa monnaie, ni même ses politiques budgétaires. Or l'euro, le libre-échange et la libre circulation des capitaux nous ont mis en concurrence avec des pays où les impôts sont beaucoup plus faibles, où les salaires sont beaucoup moins élevés à productivité égale. Et je ne parlerai même pas des normes en tout genre qui s'imposent à nos producteurs et pas aux producteurs étrangers. Le résultat de cette absurdité est bien évidemment la destruction progressive de notre industrie et de notre agriculture. LE problème est ancien puisque cela commence dès les années 70 sous Giscard même si l'aggravation fut progressive.
Notre problème monétaire lui-même n'a pas commencé avec l'euro en réalité, mais en 1987, juste après l'Acte Unique Européen, quand nos dirigeants ont décidé stupidement de coller le franc au deutsche mark, politique célébrée sous le nom dramatique de politique du franc fort. Cette politique fit des millions de chômeurs, mais nos élites ont continué droit dans leurs bottes aggravant sans cesse la perte de pouvoir national pour favoriser la stupide construction européenne. La situation de blocage actuelle n'est en définitive que la résultante à long terme d'un amoncellement de décisions qui ont vidé le pouvoir national de substance. Vous pouvez toujours voter et le système vous fait croire que vous êtes en démocratie, mais c'est un jeu de dupe. Le pouvoir réel est ailleurs, à Bruxelles, à Francfort, à Berlin, sur les marchés financiers ou à Washington, mais plus du tout là où l'on vous permet de faire un modeste choix de personnes présélectionnées. Parce que même si les élus sont des figurants il faut quand même que les gens de pouvoir empêchent ces horribles électeurs de faire n'importe quoi. Donc même ce modeste choix est quand même limité. Les présélections pour la prochaine farce présidentielle sont déjà faites, un Gluksmann à « gauche », un Attal au centre ou un Édouard Philippe à droite.
On jouera une petite scène contre les extrêmes très dangereux avec un front républicain si le RN arrive au second tour, ou maintenant un barrage à l'antisémitisme si par le plus grand des hasards Mélenchon y arrive. Dans tous les cas, le système se maintiendra et la farce continuera. Nous sommes malheureusement arrivés à une impasse qui va nécessiter un renversement du système politique et une véritable révolution. Ils ont voulu empêcher les gueux de gérer leur pays. Et cela a fonctionné, mais cela ne peut que progressivement très mal se finir. C'est d'ailleurs d'autant plus bloqué que les Français dans leur grande majorité n'ont pas conscience du degré d'asservissement dans lequel se trouve leur pays. Ils ne comprennent pas l'importance de la question monétaire et du prix que l'euro leur a coûté. Pas plus qu'ils n'ont réellement conscience du fait que les politiques qui s'imposent à eux ne sont pas celles de Macron, mais la logique même des effets du système européen. Même si nous voulions mettre des droits de douane comme Trump ce serait impossible. Les politiques dans ce cadre ne peuvent strictement rien faire. Or où sont donc les partis voulant sortir de l'UE et de l'euro ? Pas très haut dans les sondages. Tant que cette situation perdurera et que les Français ne remettront pas en cause la question européenne, il ne pourra rien se passer. Et nous serons condamnés à voir le pays se déliter de plus en plus rapidement.