Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
La crise grecque est devenue le symbole de l'absurdité conceptuelle de la monnaie unique, et voir les européens traiter ainsi le peuple à l'origine de leur civilisation est clairement représentatif de la décadence continentale. En effet nous pourrions, fort bien, nous amuser à mesurer ce que doit l'Europe à la Grèce, et il est probable que les plus endetter ne serait pas ceux que nous croyons. Mais cette bataille de comptables aveugles n'a pas vraiment d'intérêt. L'affaire grecque révèle aussi et surtout l'échec des politiques de subvention que l'UE n'a eu de cesse de pratiquer depuis trente ans, car oui il faut bien l'admettre, les subventions européennes n'ont servi à rien. Et il y a là matière à nourrir une réflexion sur les politiques de développement tel que nous l'entendons et sur le meilleur moyen de sortir un pays du sous-développement. L'échec en matière de développement subventionné est totale Grèce, Portugal, Irlande, Espagne, ont à peu prés tous développé un secteur immobilier hypertrophié et créé une dépendance aux importations et aux déficits commerciaux. Il faut alors se poser la question de la pertinence des fonds européens puisque ces derniers n'ont pas permis de réelle développement économique mais juste alimentés une bulle immobilière monstrueuse qui éclate désormais.
De quel manière doit-on aider un pays? Est-ce que fournir des subventions en permanence est une bonne chose? Autant de question qu'il va bien falloir se poser devant le désastre des Pigs. La question des subventions se pose d'ailleurs également pour les entreprises privées ou les secteurs à développer, la déformation produite par les subventions agricoles sont assez éloquentes seule les gros agriculteurs en bénéficie. La question des subventions doit donc être aborder par les néoprotectionnistes dont je fais parti et ne pas être laissé aux seuls adeptes du marché libre, qui ne veulent aucune intervention étatique ou aux obsédés de la subvention infinie qui pensent les deniers de l'état sans fin. Entre la peste libérale et le choléra du communisme étatiste il doit y avoir une bonne voie plus équilibrée et moins dogmatique.
1-Comparatif entre l'Espagne et la Corée du sud
Nous commencerons par un petit comparatif entre deux nation l'Espagne et la Corée du Sud. Pourquoi ces deux pays me direz vous? Et bien en premier lieu parce qu'ils pèse à peut prés autant démographiquement et que comme par hasard leur développement se sont fait à des périodes similaires. Ces deux pays ont donc en commun une évolution historique similaire sorti de dictature puis démocratie. La différence s'est faite sur l'appartenance de l'un à l'union européenne et de l'indépendance monétaire économique totale de l'autre. Les graphiques qui suivent et dont les chiffres proviennent de l'OCDE et de l'OMC montre la profonde divergence qui s'est construite tout au long des années 80.
Le graphique si dessous vous montre que l'évolution démographique des deux pays est comparable, il est d'ailleurs à noter que la Corée du Sud a aujourd'hui une natalité encore plus catastrophique que l'Espagne ou son voisin japonais. Ces deux pays ont donc connu une transition démographique semblable le comparatif économique sera donc assez parlant.
La différence ici saute aux yeux la productivité du travail horaire à cru beaucoup plus vite en Corée qu'en Espagne à partir du milieu des années 80 or je le rappels, aux cas où, l'Espagne est entrée dans la communauté européenne en 1986! Faut-il voir dans le ralentissement des gains de productivités les effets de la préparation puis de l'entrée dans l'union européenne? Car avec son entrée l'Espagne va recevoir une manne financière tout à fait considérable des centaines de milliards d'euro vont être injectés dans l'économie espagnole, et ce, sans aucune contrepartie. Cela va d'ailleurs se voir dans l'évolution de la balance commerciale espagnole, comme nous allons le voir sur le graphique suivant:
Il s'agit ici de l'évolution de la balance commerciale sur les biens, elle n'est pas en pourcentage du PIB malheureusement, mais cela reste parlant. On voit bien que le déficit commercial permanent commence en 1986, en comparaison la balance coréenne reste à peu prés à l'équilibre variant bien sure jusqu'à la crise de 1997 où ce pays va décider de faire une politique mercantiliste comme l'a très bien analysé Jacques Sapir dans un de ses textes. En effets les pays asiatiques vont se prémunir des crises monétaires par l'accumulation déraisonnable de réserves de devises, ce qui a produit la crise actuelle, mais c'est un autre sujet. Quoiqu'il en soit on voit bien que le problème espagnol de déficit commercial a commencé bien avant l'euro. A noter que le réajustement de la balance commerciale espagnole en 1992 fut le fruit d'une forte dévaluation de la peseta. L'Espagne rompant alors avec le SME (système monétaire européen) qui avait préfiguré l'euro. Il est vrai que dans ces conditions il est difficile de voir quel est le facteur déterminant dans l'évolution macro-économqiue du pays. Est-ce les subventions qui ont provoqué l'afflux de consommation et perturbés ainsi l'équilibre économique espagnole, ou bien juste la monnaie et l'impossibilité de dévaluer. La suite de l'histoire montre que la monnaie est un facteur déterminant ,cependant il y a bien un déficit commerciale permanent que seule les subventions européens ont pu pérenniser. Et l'apparition du déficit dès 1986 est trop cohérent pour être une simple coïncidence. Ci-dessous vous pouvez voir l'évolution du taux de change entre la peseta et le dollars entre 1990 et 2010 bien sure après 1999 il s'agit de l'euro, je n'ai malheureusement pas trouvé les taux plus anciens cela serait intéressant de voir l'évolution de la monnaie espagnole durant les années 80. Nous voyons bien ici l'amélioration de la balance commerciale espagnol à chaque dévaluation face au dollars et la dégringolade lorsque le dollars se dévalue comme s'est le cas depuis 2002 .
Sinon nous avons là une bonne comparaison entre un pays qui s'est trompé l'Espagne et un pays qui a fait des choix judicieux la Corée du Sud. L'un développant le tourisme et l'immobilier, l'autre l'industrie à long terme, il n'y a pas photo la Corée est bien plus forte économiquement, elle a aujourd'hui des groupes industriels capable de rivaliser à l'échelle international comme Samsung ou Hyundai. Elle est un leader dans l'innovation scientifique et technique alors que l'Espagne est lanterne rouge en matière d'investissement en recherche et développement dans l'UE. Et pourtant la Corée du Sud n'a bénéficié d'aucune aide contrairement à l'Espagne, c'est un point très important à noter. Alors l'Espagne a fait des choix certes, ces choix sont peut-être les fruits d'une élites moins inspiré que celle de Corée, sans doute, mais on peut également y voir les contraintes et les effets néfastes des politiques européennes. Les subvention ont mal orienté l'économie espagnole et ont gonflé les prix de l'immobilier. Si l'on devait faire un comparatif a faire a avec le plan Marshall, ce dernier fut de courte durée et c'est cette durée qui a probablement obligé les états européens, en bénéficiant, d'en faire un usage raisonnable. Les espagnols comme les grecque, les irlandais, ou les portugais ont petit à petit, prit ce qui devait être momentané comme un intrant permanent dans leurs budgets publiques. Les conséquences furent bonnes, à court terme, produisant croissance et dynamisme apparent, mais rendant l'industrie et le travail de ces pays trop cher, empêchant également les efforts en matière de productivité du travail, le graphique comparant l'évolution coréenne et espagnole étant suffisamment parlant sur la faiblesse hispanique.
Finalement il eu probablement mieux valu que les espagnols restassent hors de l'UE. On pourrait d'ailleurs citer ici l'autre grand exemple de l'échec des politiques de subvention inter-étatique, celui de l'Allemagne de l'est. Car là aussi l'unification monétaire et le libre-échange ne furent pas compenser par la solidarité et les subventions pourtant très généreuses. L'exemple coréen montre qu'il est plus efficace d'avoir une monnaie indépendante et une politique commerciale propre, la Corée fut largement protectionniste pendant les années 80-90 contrairement à l'Espagne, que des subventions aussi fortes soient-elles. Il serait bon que nos nations regardent les choses en face en la matière. Il est vrai aussi que dire que l'on aide un pays en lui donnant de l'argent et des subventions fait plus de publicité et donne une meilleur image politique, sauf que cela n'aide absolument pas au développement. Nos politiques feraient bien mieux de s'inspirer du vielle adage:"Si tu veux nourrir un homme un jour, donne-lui un poisson; si tu veux le nourrir tous les jours, apprends-lui à pêcher."
2-Les subventions doivent êtres limités dans le temps
Comme nous l'avons vue il ne faut pas que des politiques de subventions deviennent permanentes, il ne s'agit pas de prôner l'égoïsme, mais de prendre en compte le facteur temporel. Les aides doivent plutôt se faire sur de courtes périodes exactement comme le plan Marshall. Dans la crise des PIGS il y a donc beaucoup d'hypocrisie à faire porter toute les responsabilité sur les seuls pays qui ont bénéficié des aides car les créateurs de l'Europe la France et l'Allemagne sont tout aussi coupable. On ne peut qu'être d'accord avec l'économiste Norman Palma qui sur son blog dit que les responsabilités sont partagés. Il s'agit de reconnaitre des erreurs collectives et non de chercher tel ou tel bouc émissaire, tel ou tel pays qui serait naturellement irresponsable. Il y a d'ailleurs des relents racistes et nauséabonds dans les propos que tiennent certains sur les économies grecques ou espagnoles, c'est d'ailleurs souvent les mêmes qui les adoraient hier qui les conspuent aujourd'hui.
Mais cet échec étatique souligne aussi les limites des politiques de subventions sous quelque forme que ce soit. Nous savons en France par expérience qu'il ne ressort jamais rien de bon de subventions permanentes. Ainsi subventionnons nous le cinéma en permanence ce qui a produit de vrais rentiers dans ce milieu sans produire de grands talents. On pourrait aussi parler des subventions permanentes dans les banlieues dont on cherche encore les résultats positifs. Ou encore ces artistes qui deviennent de véritables fonctionnaires puisqu'ils ne vivent que de l'argent publique, mais est-ce le rôle de l'état que de subventionner l'art? On peut se poser la question comme se l'était posé Malakine sur le sujet en 2008. L'argent publique n'a pas vocation à arroser tout les secteurs en difficulté sous n'importe quel condition. On ne devrait octroyer les aides que par compte goute et uniquement pour de courtes durées. Ce qui est valable pour les états vaut probablement aussi pour les secteurs industrielles et les entreprises. Je ne parle pas ici des secteurs publiques ces derniers découlant naturellement des monopoles, les secteurs naturellement monopolistique devant évidemment être nationalisé. Il est à noter d'ailleurs que les services publiques n'ont pas pour but le profit ce qui n'est pas le cas des secteurs subventionnés. Les politiques de subvention sont donc à mener avec précaution, il ne sert à rien d'arroser d'argent un secteur ou un pays, c'est au contraire dangereux pour lui comme viennent de s'en rendre compte les grecques et les espagnols. Les subventions permanentes peuvent créer du clientélisme de la corruption de la dépendance étatique, la confusion entre l'esprit des entreprises privés qui cherche le profit et le système publique font un très mauvais mélange.