Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Il semblerait que la France soit assez bien pourvue en matière de pétrole de schiste, oui comme le gaz. L'origine de ce pétrole est toujours biologique, mais il est plus difficile à extraire que le pétrole classique. D'où son coût plus élevé. C'est « Science et vie » dans son dernier numéro de juillet qui fait toute une analyse sur les réserves françaises de pétrole de schiste. Il s'avère que les réserves trouvées sont étonnamment élevées puisque l'institut français du pétrole l'estime entre 60 et 100 milliards de barils, soit entre 90 et 150 ans de consommation française actuelle ! Le problème c'est que ce pétrole est tout aussi problématique dans son exploitation que le gaz de schiste, car ces réserves se situent dans la région du bassin parisien, zone à forte densité de population. On peut craindre à juste titre des effets sur l'eau et l'environnement local qui pourrait nuire fortement à notre nation. Cependant la quantité de réserve mérite tout de même de discuter sur une éventuelle exploitation. Le débat mérité également de sortir du cadre limité écolo/antiécolo. La revue « Science et vie » a d'ailleurs répondu promptement dans son numéro d’août à certaines critiques écologistes en mettant en avant le fait qu'elle ne faisait qu'informer nos compatriotes sur cette réalité. Certains écologistes allant jusqu'à insulter les journalistes en traitant de scandaleux leur article d'information. On voit où tombe le débat avec les écologistes, c'est exactement comme lorsque l'on parle de la question du nucléaire.
Un avantage pour l'indépendance nationale
Je m'étais déjà exprimé négativement sur les gaz de Schistes parce qu'à l'époque le coût écologique m'avait paru démesuré en regard de l'intérêt économique et des réserves somme toutes modestes trouvées alors. Le fait que les réserves ici pourraient faire atteindre une certaine autosuffisance sur le plan énergétique à notre nation vient cependant de me faire douter sur le pétrole de Schiste. Car dans une stratégie protectionniste et indépendantiste de notre nation avoir du pétrole et pouvoir se passer des importations pourrait être un atout majeur pour parvenir à nos fins. Bien évidemment il ne faut pas se leurrer, la France ne sera jamais un grand producteur de pétrole capable de vivre de ses exportations à l'image du Qatar et ce n'est pas une mauvaise chose en soi. En effet, devenir un gros exportateur de matière première à de gros inconvénients à long terme. L'histoire prouve que ce sont les nations qui produisent des biens qui se développent, celles ayant des rentes minérales ou autre ayant tendance à s'endormir sur leurs avantages jusqu'au jour où les filons sont épuisés. L'exemple des pays arabes producteurs de pétrole est suffisamment explicite, ces pays n'ont pas réussi jusqu'à présent à orienter leurs économies vers autre chose que l'exportation de matière première. Et l'avenir pour les pays de la péninsule arabique s'annonce bien sombre, une fois la production pétrolière terminée.
Le pétrole que nous pourrions exploiter ne devrait en aucun cas être utilisé pour pallier à nos importations de bien de consommation et d'équipement. Ce type d'évolution serait fortement dommageable pour l'avenir industriel et technique de la nation. En supposant au préalable que nous aurions évidemment mis fin aux deux mamelles de la désindustrialisation française présente, à savoir le libre-échange psychorigide, et l'euro. En revanche, faire en sorte de ne plus dépendre de nos importations de pétrole réduirait de manière importante notre déficit commercial, même si ce dernier n'est que très partiellement dû à l'énergie. On ne peut en aucun cas négliger des ressources qui pourraient nous permettre durant plusieurs décennies une indépendance totale tout en préparant bien évidemment une transition énergétique inévitable. C'était un peu le rêve du Général de Gaulle que de donner à la France la possibilité de choisir son propre destin à travers l'indépendance énergétique. Une notion totalement oublier aujourd'hui et qui est pourtant fondamentale pour l'application d'une réelle démocratie. Car sans indépendance il n'y a pas de démocratie et les choix collectifs finissent par être contraint par des données extérieures aux choix de la population. Je rappellerai au passage que l'indépendance énergétique n'est pas une affaire de taille. Même s'il est vrai que plus un pays est grand plus il a théoriquement de ressources potentielles. Cela dépend aussi de la géographie, mais surtout de la démographie et des « coutumes » de consommation et de production locale. Avoir d'énormes réserves, mais les gaspiller n'aide pas au maintien de l'indépendance à long terme.
Les USA qui ont hérité d'un territoire immense et de ressources monstrueuses ont réussi par leurs gabegies et leur courte vue à en dilapider une grande partie en très peu de temps à l'échelle des temps historiques. À l'inverse avant que l'Europe ne se mette à imiter le modèle américain après guerre, elle était autosuffisante sur le plan de l'énergie. Les Européens l'ont oublié, mais pendant longtemps c'était l'Europe qui produisait une grande part de l'énergie mondiale grâce au charbon. Jusqu'à la fin des années 50, l'Europe était encore excédentaire sur le plan de l'énergie. En développant une économie orientée autour d'une matière première importée, le pétrole, nous avons troqué notre liberté politique pour jouir de l'automobile. Dans les décennies qui viennent, il sera de plus en plus coûteux d'importer les énergies fossiles, ne serait que par la concurrence féroce que vont nous mener les nouvelles nations industrialisées. Avec une main-d’œuvre moins chère et tout aussi qualifiée, nous ne serons pas concurrentiels et les pays producteurs d'énergie fossile préféreront de plus en plus les produits asiatiques aux produits européens. On parle souvent du pic pétrolier pour évoquer la crise énergétique qui va s'imposer à nous. Mais bien avant cela il y a le simple fait que le monde a changé et que nous ne pourrons plus nous payer ces importations énergétiques sauf à s'aligner sur les niveaux de vie chinois et indiens. Et encore je ne reviendrais pas ici sur les dégâts que les importations en provenance de ces pays ont faits directement sur nos balances commerciales.
De fait, nous n'aurons pas le choix à long terme. Soit nous devenons indépendants en matière énergétique. Et cela quelle que soit la façon. Soit nous devrons aligner nos niveaux de vie sur ceux des pays émergeant. À cela s'ajoute effectivement l'épuisement rapide des sources classiques de la production pétrolière mondiale. Et ce que je dis est vrai même si l'on suppose que nos nations cesseront leurs délires libre-échangistes sur les biens de consommation.
Ne pas oublier le long terme
Sur ce plan les Américains semblent avoir une longueur d'avance eux qui ont développé l'exploitation des gaz de schiste et qui bénéficient également des plus grandes réserves de pétrole de schiste dans la formation de Green River. Cependant comme à l’accoutumée les Américains ne vont guère faire d'effort sur le plan de la limitation des gaspillages, l'intérêt à court terme primant sur tous les autres. Pour ce qui est d'une éventuelle exploitation du pétrole de schiste en France, celle-ci ne devrait pas se faire hors de toute politique de contrôle nationale. On imagine déjà avec nos élites actuelles des entreprises étrangères pillant les ressources du bassin parisien en distribuant des subsides à tels ou tels groupes de pression politique en France. Soyons honnêtes, la corruption que l'on présente comme un trait caractéristique des Russes ou des Chinois est sans aucun doute aussi prononcé en occident et en France en particulier. Elle y est juste plus discrète, mais malheureusement aussi plus diffuse et puissante qu'on ne le croit généralement. Il va de soi à mon sens que si une exploitation pétrolière doit avoir lieu, elle doit être exercée par une entreprise sous contrôle de l'état. Ce faisant, l'exploitation pétrolière devrait être uniquement orientée dans le sens de la consommation nationale. On interdirait alors les exportations. Dans le même temps, nous devrons continuer petit à petit à faire pression sur les consommateurs et les entreprises pour diminuer les besoins en énergie fossile. Et favoriser les énergies alternatives, toutes les énergies alternatives y compris le nucléaire (4e génération, puis thorium). Au passage, les énergies solaires font de gros progrès et de multiples orientations de recherche rendent plutôt optimiste sur l'avenir de cette filière.
Je pourrais parler ici des cellules solaires avec technologie de cellule solaire plastique trois fois moins coûteuse à fabriquer que les cellules traditionnelles. On sait qu'il existe sur terre des organismes capables d'absorber presque la totalité de l'énergie solaire qu'ils reçoivent. Ainsi certaines bactéries sulfureuses vertes arrivent à absorber 98% de l'énergie solaire qu'elles reçoivent, contre 22% pour les meilleurs panneaux solaires actuels. Si les scientifiques parviennent à imiter leurs performances de façon artificielle, une bonne partie des inconvénients de l'énergie solaire disparaîtront. Je pourrais parler également de l'usage des microalgues que des ingénieurs et architectes français cherchent à intégrer directement à lasurface des bâtiments pour créer des constructions à énergie positive recyclant l'eau et produisant du carburant sous forme d'huile d'algue. La recherche énergétique doit s'accélérer, mais seuls les pouvoirs publics sont à même d'orienter définitivement vers ces solutions. Car le marché, laissé à lui même, se contentera d'imposer les solutions les moins onéreuses à court terme mêmes si cela s'avérait catastrophique à longue échéance.
Qui plus est, on pourrait probablement diviser par deux notre consommation de pétrole en changeant les modes transports et en limitant les besoins de déplacements de nos compatriotes. Le rapprochement entre lieu de travail de consommation et de loisir devrait être une priorité sur les politiques de la ville. Il faut cesser d'étendre les villes indéfiniment en obligeant nos compatriotes à faire des dizaines de kilomètres pour aller de leur lieu d'habitation à leur lieu de travail. Il faut repenser les villes en ce sens. L'exploitation de ce pétrole de schiste devrait donc être une occasion pour accélérer et non diminuer nos efforts visant à l'abandon à long terme des énergies fossiles pour peu que nous y trouvions des alternatives crédibles. Je ferais remarquer au passage que le simple abandon de la mondialisation et la relocalisation des activités diminueront de façon drastique les besoins en énergie pour le transport des marchandises. La relocalisation des activités de production fera faire d'énormes économies de pétrole, il suffit de s'amuser à compter les camions sur les autoroutes françaises pour s'en convaincre. Ainsi le PIB de l'UE fait du surplace depuis vingt ans, mais grâce au libre-échange intégral le commerce intraeuropéen a explosé, ce qui signifie que pour produire autant ou à peine plus qu'il y a vingt ans nous utilisons beaucoup plus d'énergie. Voilà qui n'est guère efficace contrairement aux affirmations libérales. L'exploitation du pétrole de schiste n'est donc pas une occasion pour faire perdurer un modèle énergétique non durable. C'est à mon avis bien au contraire un moyen pratique pour permettre à la France de reprendre son indépendance. Et par là même un moyen de rendre possible une véritable transition énergétique complètement planifier sur une trentaine d'années.