Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
C'est une question qui peu paraitre étrange au première abords, voir excessive, mais guère plus que Frédéric Lordon qui réclame la fermeture définitive de la bourse. Quitte a s'attaquer à des tabous autant le faire complètement. Car il existe de nombreuses raisons pouvant justifier la suppression de cet instrument économique qui a prit sont élan pendant les trente glorieuses.
1-L'intérêt du crédit à la consommation
Avant d'entamer sa critique il faut quand même donner les arguments en sa faveur. Le crédit à la consommation a permis pendant la période de l'après guerre une grande stabilité de la demande adressée aux entreprises. En effet grâce à lui les biens de consommations nécessitant un cout élevé pouvait être acheté sans épargne préalable. L'effet macroéconomique fut d'augmenter la fameuse propension à consommer, et de réduire la mécanique de thésaurisation excessive qui fut la marque de l'entre-deux guerre et de la grande dépression.
Qui plus est grâce à ces facilités de crédit les entreprises purent mieux contrôler la demande qui leur était adressée. Pour de grandes firmes pouvoir prévoir le volume des ventes est primordiale, il faut anticiper pour pouvoir réduire les couts toujours croissants des chaines de productions tout en limitant le stock. Tout comme les grandes entreprises ont favorisé la publicité et le marketing pour homogénéiser la demande, le crédit a participé à la fortification du système d'économie d'échelle, peu de choix mais prix réduit.
Bien sure cette réussite momentanée du crédit à la consommation est aussi le fruit des changements massif de la vision du futur de la population. Avec les politiques de régulation économique et les politiques de plein emploi d'après guerre, peu de gens pouvaient se retrouver au chômage. L'avenir étant vue comme stable user du crédit à la consommation pouvait ne pas paraitre déraisonnable alors. Il en fut de même pour les emprunts à long terme pour devenir propriétaire, la stabilité salariale permettait de prendre au final plus de risque sur l'avenir. Au contraire de la croyance néolibérale on ne prend des risques que lorsqu'il ne sont pas mortels, dans une société anémiées et en sous-emploi chronique les gens prennent moins de risques lorsqu'ils ont un emploi à peu près stable. C'est ce qui explique la course à l'emploi de fonctionnaire dans un cadre de chômage de masse, c'est très humain et il ne faut jamais avoir manqué de rien pour ne pas le comprendre.
Donc on peut dire que d'un point de vue collectif, et pendant la période dite des trente glorieuses on pouvait éventuellement justifier le crédit à la consommation. Cependant il y a tout de même des problèmes de principe au prêt à intérêt qui pouvaient être objecté à cette pratique même à la grande époque de la croissance sans fin.
2-Peut-on justifier le prêt à intérêt
Mon intention n'est pas ici de faire de la morale et d'entrer dans les vieux combats qui ont d'ailleurs déchirer protestants et catholiques. En effet pour bon nombre de religions le prêt à intérêt est amoral, et effectivement si l'on imagine les richesses constantes comme ces religions le faisaient, il est évident que l'intérêt ne peut que produire à long terme une concentration de richesse mortelle pour l'équilibre de la société, finissant souvent par des guerre intestines. C'est bien parce que nous ne sommes pas dans un système où les richesses sont stable, mais dans lequel elles s'accroissent que l'intérêt et les rentes quels produisent sont soutenables pour la société. En clair si l'on ne veut pas que la part du gâteau de ceux qui détiennent le capital finisse par être la totalité du gâteau, il faut que la taille du gâteau augmente plus vite que cette part.
Le prêt à intérêt a donc une justification qui peut naitre de l'idée que ce prêt va permettre à celui qui emprunte d'augmenter sa richesse. Non pas parce que cela augmente momentanément sa capacité à consommer, mais parce que grâce à cet argent il va pouvoir investir dans des choses qui lui permettront de faire des gains de productivité ou des économies. Cet accroissement de richesse lui permettra de rembourser ce prêt avec les intérêts. On voit ici que le prêt à intérêt peu accélérer la vitesse de circulation de la monnaie, l'argent que certain ont épargné permettant théoriquement de financer les projets de ceux qui n'ont pas d'argent. L'intérêt étant un mécanisme fondé sur la vénalité du prêteur qui compte bien voir ce surplus s'accumuler dans ses caisses. ( J'exclus volontairement ici le fait que les banques prêtent en fait de l'argent qu'elles n'ont pas c'est un autre débat qui n'a pas d'intérêt pour la justification de l'intérêt à proprement parlé. Même si l'idée que les banques puissent gagner de l'argent avec des intérêts sur des prêt d'argents qu'elles ne possèdent pas, puisse heurter les sensibilités )
C'est d'ailleurs en parti le fait que la base du système soit la vénalité qui fait que le prêt à intérêt est un péché aux yeux des catholiques ou des musulmans. Mais si le prêt permet d'augmenter l'investissement et d'améliorer la richesse globale grâce à une plus grande vitesse de circulation de l'argent, alors il n'est pas si amoral que çà au final. Mais il faut que le prêt est réellement comme conséquence cette accroissement de richesse si l'on veut que la justification du prêt soit valable. Et c'est là que le prêt à la consommation montre toute son absurdité.
3-Le prêt à la consommation est illogique
Je pense qu'arrivait ici il faut faire la distinction sur les buts des prêts que l'on octroie, en effet on va les diviser en deux parties bien distinctes l'une de l'autre. D'un coté les prêts qui ont pour but l'investissement, ce sont les prêts qui vont permettre à un individu, ou a une entreprise, soit d'accroitre leur création de richesse par l'innovation, par la création d'un activité économique, soit par des économies réalisées grâce à l'amélioration du matériel utilitaire par exemple. Ainsi passer du chauffage électrique à la pompe à chaleur vous fera-t-il économiser de l'argent qui pourra vous permettre au final de bien rembourser votre prêt, intérêts compris. Dans ce cadre le prêteur et l'emprunteur peuvent être tout deux considéré comme gagnant le gâteau à augmenté tout le monde est content c'est la justification logique de l'intérêt.
Mais il y a une autre forme de prêt celle qui consiste à un prêt à la consommation direct à caractère compulsif ou ostentatoire. Il s'agit d'un prêt qui n'aura pas comme conséquence un accroissement des richesses globale du couple prêteur-emprunteur mais juste une ponction de revenu sous la forme de l'intérêt vers le prêteur. Et là le prêt n'entre plus dans le cadre justificatif que nous avons donné précédemment à l'intérêt.
Les libéraux ou les néolibéraux, objecteront alors leur traditionnel argument, celui qui partant de l'homo-économicus justifie à peu près tout et n'importe quoi. L'argument massue classique est que chacun est "libre" de faire ou non un prêt à la consommation, si les gens sont assez bête pour se faire plumer et bien c'est la sélection naturelle des intelligences qui triera le bon grain de l'ivraie. Il s'agit bien sure d'un argument extrêmement simpliste qui est d'ailleurs faux sur sa base même. En effet il présuppose que les individus sont toujours rationnel, et qu'ils sont toujours conduit uniquement leur rationalité supposé. C'est complètement faux et des gens très intelligent peuvent être conduit par des pulsion qui n'ont guère de lien avec la raison il suffit de demander au psychiatre la réalité des pulsions humaines pour voir que la raison ne pèse guère dans la majorité de nos décisions.
Mais au delà de ces bases erronés un simple raisonnement comptable montre l'absurdité de la chose. Faire des prêts tels que décrit précédemment conduit inexorablement à la faillite de personne ou de foyer. Or la faillite entraine une annulation des dettes, qui de toute manière ne pourraient être remboursé. L'idée saugrenue de prêter n'importe comment sous n'importe qu'elle condition dans des buts de pure oniomanie conduit inexorablement vers la banqueroute des personnes concernés. Et quand ces banqueroutes sont massive même les gros prêteurs ne sont plus apte à se sauver de la faillite, la crise des subprime aux USA en est un exemple retentissant.
Donc pour ces deux raison il est grotesque de faire appel à la rationalité des individus dans tout les cas il n'est pas rationnel d'emprunter pour consommer, un stock ne doit pas servir de flux car un jour ou l'autre il s'épuise, et qu'en plus dans le cas du crédit à la consommation il entraine des sorties plus importantes. Ensuite l'idée que les individus sont libres ou non de prendre ces crédits ne prennent pas en compte le contexte.
D'une part les campagnes publicitaires et le marketing massif font pression, qu'on le veuille ou non, sur notre comportement des consommateurs. Les publicitaires savent bien que leurs outils sont efficaces, sans quoi cela fait bien longtemps que les entreprises auraient fermé les budgets publicitaires. Comme le disait John Kenneth Galbraith c'est bien le système marchand qui impose ses désirs au consommateur et non l'inverse. Bien loin des vues de l'esprit de nos amis libéraux. Sans parler de la consommation chez les enfants et les jeunes adultes, cible préféré du marketing car encore plus manipulable. Donc les individus ne sont pas réellement libre de consommer ou pas, tout dépend de leur contexte sociale, de leur éducation, et la grande majorité d'entre eux sont dominés par la marchandise devenu source de la reconnaissance sociale.
L'idée que nous sommes libre de consommer, ou pas, était peut-être vrai à une époque où la socialisation se faisait en grande partie dans un espace non marchand, mais de nos jours la marchandise a envahi la totalité de l'espace, y compris les écoles. C'est d'ailleurs le résultat du libéralisme, il a fini par détruire ce qui permettait justement le bon fonctionnement de la société libérale. Impossible d'avoir des relations sociales sans consommer, il n'y a donc pas de liberté possible de consommer ou pas à moins d'être un ermite asocial, un peu comme votre hôte blogueur . Donc cette pression sociale pousse les gens à consommer et le crédit à la consommation est un palliatif à court terme qui permet de passer pour un temps l'effet de manque, bien sure comme dans le cas de la drogue les effets secondaires se font vite ressentir.
C'est un palliatif d'autant plus utiliser que le crédit à la consommation s'est substitué au revenue comme l'a très bien montré Jean Luc Gréau dans "L'avenir du capitalisme". En situation de revenue stagnant ou déclinant le crédit a permis l'illusion de la hausse du niveau de vie, la gueule de bois est maintenant violente.
A tout ces arguments, il faut rajouter les taux souvent très proche de l'usure qui sont pratiqué dans les prêts à la consommation courante. L'image qui m'a servi d'illustration montre des prêts à 21% chez Finaref et ce n'est qu'un exemple parmi d'autre. On est très proche des taux d'usure comme le montre le graphique ci-dessous, on pourrait d'ailleurs se demander si ces taux officiels d'usure ne sont pas légèrement excessifs, il faudrait se poser la question de la justesse de ces valeurs. D'autre part une bonne part des prêts ne sont plus octroyé par des banques mais par des organismes qui ne font que du crédit. Déjà que l'on peut trouver anormal les prêts bancaires ex nihilo le fait que ce soit réalisé par des entreprises quelconques à quelque chose d'assez concasse et de dangereux. Pourquoi ne pas autoriser tout le monde à faire des prêts sans réserve de précaution tant qu'on y est, et vive les bulles et les cracks qui vont avec.
Tout ceci montre donc l'irresponsabilité collective qu'il y a à autoriser les prêts à la consommation. Un prêt n'a de sens que s'il sert à l'accroissement globale des richesses et des revenues, sans cela il n'est qu'un transfère de richesse vers le prêteur. La crise actuelle aurait du entrainer une remise en cause de ce modèle, mais il est vrai qu'en l'absence des bulles de crédit, il n'y aurait plus de croissance économique possible, du moins dans le cadre actuel de l'économie mondialisée. Et oui sans crédit plus de mondialisation possible, puisque les salaires et les revenues du travail font du surplace, sans parler du chômage de masse. Il n'est donc pas étonnant qu'il n'y est pas de remis en cause, tout comme il n'y a pas de remise en cause réelle des intérêts financiers, même les timides avancées européenne sur les Hedge funds viennent d'être rejetées sur la demande de Londres. Donc on ne soulève pas non plus l'absurdité du crédit à la consommation, car il faudrait alors remettre en cause la structure des revenues dans la pyramide sociale. Les non dits nous en apprennent finalement beaucoup plus que les faux débats télévisuels sur la réalité des intérêts dominant nos sociétés pseudo-démocratiques.