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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 18:00

  Inflation-Chine.jpgJ'avais parlé il y a quelques temps déjà des risques inhérents au changements de l'organisation économique de la nation chinoise. Les élites du pays ont bien compris le danger potentiel auquel leur pays est confronté, celui de l'effondrement de leur marché d'exportation et d'un effondrement de la consommation. La forte baisse des exportations chinoises vers les USA et les pays développés a eu des effets dévastateurs sur l'économie de l'empire du milieu. Et pour cause, les exportations représentent plus de 40% du PIB, le modèle chinois subit aujourd'hui les effets à long terme de la contradiction produite par le fait de fabriquer des produits que l'on ne consomme pas. Cette spécialisation dans l'exportation qui a fait les beaux jours de la croissance chinoise depuis vingt ans pourrait pourtant devenir sont principal talon d'Achille dans la décennie qui vient. Et le premier effet dévastateur est un phénomène que l'on pourrait nommer une inflation asymétrique.

 

L'inflation asymétrique

 

    L'inflation en tant que tel n'est pas un problème, tout dépend des conditions de celle-ci et des rapports de force entre le revenu et la rente. 5% d'inflation ce n'est pas un problème pour quelqu'un dont le revenu augmente de plus de 5%, s'en est un pour qui voit son revenu croître de moins de 5%. Encore une fois, il ne faut pas prendre un chiffre économique hors contexte, tout est affaire d'équilibre. Donc l'accélération de l'inflation en Chine n'est pas inquiétante par principe, au contraire même elle pourrait signifier un changement dans le régime économique du pays. La Chine ayant compris les limites de la croissance par politique mercantiliste, elle semble changer de direction en recentrant sa croissance sur sa demande intérieure ce serait donc plutôt une bonne nouvelle, même si cela affole certainement les multinationales qui pensaient pourvoir indéfiniment gagner sur tous les tableaux. Quelle horreur l'arrivée de l'Etat- providence et des hausses salaires en Chine, on voit pourquoi cette nouvelle de l'inflation chinoise inquiète au plus haut point nos pauvres petits rentiers boursicoteurs. Manquerait plus qu'une politique sociale et une politique de plein emploi, non vraiment les esclaves ne sont plus ce qu'ils étaient, c'était vraiment mieux avant. Bien évidemment nos tartuffes de la rente présentent la hausse de l'inflation comme un danger pour la croissance, mais c'est faux, cela signifie seulement un changement dans la répartition des richesses et dans la nature de cette croissance. En réalité pour croître sans inflation il faut un marché captif dans lequel écouler les marchandises sans avoir à augmenter les salaires. Il est évident qu'une telle croissance n'est pas possible en même temps dans tous les pays du monde. Et qu'en plus elle porte en elle les germes d'une catastrophe par les déséquilibres qu'elle engendre. 

 

    Cependant, tout n'est pas rose au royaume de l'inflation chinoise. Si celle-ci a été beaucoup trop faible ces vingt dernières années, fruit d'une trop grande modération salariale en regard des gains de productivités qui progressaient de manière délirante,  il ne faudrait pas pour autant qu'elle devienne excessive sur certaines denrées, c'est pourtant bien ce qui semble être le cas si l'on regarde l'évolution récente. En effet, l'inflation moyenne chinoise pourrait nous induire en erreur avec ses 3.7%,  comme c'est  d'ailleurs souvent le cas avec les moyennes. Car ce sont surtout les produits de bases, les produits nutritionnels qui flambent le plus, et de loin. En réalité, la Chine se retrouve plus vite que je ne le pensais dans un régime d'inflation asymétrique. Une inflation qui varie énormément suivant la nature des produits. Cette asymétrie est en fait directement le fruit de la surspécialisation dans l'exportation qui fut le fer de lance de l'économie chinoise. Lorsque le gouvernement chinois a dû faire face à la contraction de l'économie mondiale et particulièrement américaine, il a fait une intelligente politique de relance keynésienne. Le but était évidemment de compenser la baisse des exportations par un accroissement de la demande intérieure. Mais il y a quelques problèmes à cette politique.

 

  Tout d'abord, la relance s'est faite en partie par l'encouragement à l'endettement privé, la Chine a en quelque sorte américanisé sa croissance pour ne pas nuire à sa compétitivité commerciale. Elle a encouragé l'endettement privé par des taux avantageux et alimenté ainsi une croissance de la demande sans augmentation de salaire, la hantise des élites un peu partout sur terre il faut croire. Cette croissance n'ira bien sûr pas sans poser de problèmes puisqu'à un moment donné il faudra rembourser les emprunts. Cependant si le PIB progresse assez rapidement cela peut faire un effet de relance keynisienne, de type privée, sur la croissance. Mais il y a un autre problème, si la Chine n'a pas de difficulté globale à faire une relance, étant donné son excédent commercial, il ne faut oublier que sa production est anvant tout orientée vers l'exportation. Or les besoins du chinois de base ne sont pas les mêmes que ceux des habitants des pays développés ayant déjà un niveau de vie élevé. Le gouvernement chinois a oublié qu'il y a une hiérarchie dans les besoins, en général on veut manger avant d'avoir le tout-à-l'égout, et l'on veut le tout-à-l'égout avant d'avoir un écran plasma. On comprendra donc que la relance chinoise va faire progresser une demande qui ne sera pas de même nature qu'une demande en provenance d'un pays comme la France, le Japon ou les USA. Cette demande sera plus riche en produits de base et moins riche en produits sophistiqués.

 

    Et cela explique pourquoi la relance chinoise produit aujourd'hui une inflation énorme sur les produits de base, alors que les biens avancés ont des augmentations tarifaires beaucoup plus modérées. Et ces productions ne sont pas interchangeables, on ne mange pas du silicium, enfin pas que je sache en tout cas.

 

Inflation.png

 

  Le graphique précédent nous montre l'inflation chinoise globale depuis 1987 et le moins que l'on puisse dire c'est que la Chine a connu des épisodes inflationnistes nettement plus inquiétant. Sur une longue période c'est plutôt le manque d'inflation de ces dix dernières années qui représentent une anomalie. On voit là les effets de la spécialisation dans l'exportation qui a pris sont envole surtout dans les années 2000 avec une année record pour l'excédent chinois en 2008. Les chiffres mensuels des excédents  commerciaux ci-dessous montrent, eux, l'évolution depuis 1996. On voit un changement de rythme à partir de 2003, alors l'excédent s'envole. L'inflation à cette même époque est basse depuis 1997-98, cela montre probablement la validité des thèses de Jacques Sapir qui pense que la stratégie d'excédent commercial fut essentiellement le fruit de la crise des économies asiatiques en 1997.

 

commerce.png

 

    Mais l'effet secondaire de la stratégie mercantiliste la Chine commence à le ressentir fortement, et cette inflation asymétrique pourrait être fatal au régime chinois. En effet une forte inflation sur les denrées de base est un phénomène extrêmement dangereux politiquement, comme on peut le voir dans le monde arabes à l'heure actuelle. En France aussi la révolution a commencé avec des ventres affamés par la hausse du prix du pain. On notera au passage que l'excédent chinois commence à avoir du plomb dans l'aile, puisque les chiffres de février semblent négatifs avec un déficit de 7.3 milliards de dollars. Il faut voir les changements à plus long terme pour savoir si c'est une orientation momentannée ou durable. Mais cela pourrait signifier plusieurs choses, soit que l'économie mondiale va beaucoup plus mal qu'on ne le dit, c'est possible et même probable. Soit que la stratégie de réorientation vers la demande intérieure a déjà réussi, ce qui veut dire que les chinois ne tarderont pas à laisser tomber le dollars et la zone euro. Même s'il faudra encore pas mal de temps pour que les exportations représentent une part négligeable du PIB chinois.  De tout façon le fait est que la Chine connaît des bouleversements dans son organisation économique, il est donc tout à fait normal de voir l'inflation augmenter. Le monde de demain est en train de naître et il se fait avec des mouvements important dans les rapports de force sociaux dont l'inflation n'est qu'un indicateur.

 

 

 

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commentaires

V
<br /> <br /> bj.<br /> <br /> <br /> en fait, les chinois (et autres émergents) sont en train de passer du stade de très pauvres vers moins pauvres et les pays riches de très riches vers moins riches ... donc la demande de produits<br /> de base progresse d'un côté, ne décroit pas de l'autre tandis que la demande de produits sophistiqués reste faible d'un côté et décroit fortement de l'autre ...<br /> <br /> <br /> en résumé, les produits alimentaires et énergétiques poussent au niveau mondial, et les produits techno et/ou de loisirs s'effondrent.<br /> <br /> <br /> conclusion : déflation monétaire et guerre des ressources ... <br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> @La Gaule<br /> <br /> <br /> Cela me rappel pourquoi j'ai fait des études scientifiques, les profs étaient moins tatillons sur l'orthographe . Et<br /> puis c'est plus difficiles de faire des fautes avec des équations. Sinon cela explique peut-être le goût pour les<br /> modèles mathématiques de nos amis économistes, ils sont complexés par leur grammaire.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> COURS : Orthographe/ français<br /> <br /> <br /> NOTE :<br /> <br /> <br /> -         <br /> FORME : 14/20<br /> <br /> <br /> -         <br /> FOND :    20/20<br /> <br /> <br /> -         <br /> NOTE GLOBALE : 17/20<br /> <br /> <br /> OBSERVATIONS :  <br /> <br /> <br /> -         <br /> Un gros effort d’expression qui devra être poursuivi. Le renvoi à la session de septembre<br /> reste encore possible. A reconsidérer dans trois mois.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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