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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 21:38

  41WU17-JpBL._SL500_AA300_.jpgLa situation du Japon ne semble pas s'arranger en matière monétaire malgré les injections le Yen ne cesse de grimper. La faute à la stratégie chinoise qui consiste à éliminer ses concurrent commerciaux en faisant exploser leur monnaie. La chine achète énormément de bonds du trésor japonais ce qui fait mécaniquement monté la monnaie japonaise. Grâce à ses énormes réserves la Chine peut manipuler les monnaies étrangères à sa guise, d'autant plus que les étrangers, eux, ne peuvent pas acheter des bons chinois. L'asymétrie entre les règles de l'économie mondiale et les pratiques chinoises sont telles qu'elles avantages outrageusement la puissance de l'empire du milieu. Il serait peut-être temps que les pays développés réagissent, car la Chine ne s'arrêtera pas toute seule. Elle use des règles de l'OMC à son avantage et n'hésite pas à écraser tout ce qui se trouve sur son passage, à mon humble avis la loi du talion est la meilleurs réaction face à ce type de comportement.

 

      La crise que nous subissons depuis 2007 est bien plus grave que ce que certains s'échinent à croire, il ne s'agit pas d'une simple crise économique. Il s'agit d'une rupture dans les accords sous-jacent qui soutenaient l'apparente stabilité du système construit par la puissance américaine après guerre.  La mondialisation construite par la puissance américaine permettait aux USA de connaitre une croissance à l'avantage de ses populations les plus aisées, une croissance sans inflation salariale. Car la nation et son marché étroit est une contrainte pour les riches et les puissants, contrainte qui les obligeaient à partager le gâteau issu des gains de productivité et du progrés technique . Ainsi l'Amérique, puis l'Europe et le Japon virent dans un premier temps les délocalisations sous un jour positif, du moins pour les catégories aisées de leur population, celles qui comptent et qui sont largement sur-représentées dans les médias. Ce tournant qui date des années  60 pour les USA, 70 pour l'Europe, et 80 pour le Japon, a coïncidé avec le ralentissement du progrés technique et le premier choc pétrolier. Ces deux mécanismes ne permettant plus à l'ancien équilibre keynésien de perdurer, il fallait choisir entre la rente et le travail, nos pays ont malheureusement choisi la rente. 

 

      Dans les pays du tiers-monde comme la Chine les délocalisations furent une occasion de s'industrialiser sans en subir le coût, c'est à dire en minimisant, là aussi, l'inflation et surtout l'inflation salariale.  Tout s'est passé comme si en définitive les riches occidentaux et les riches chinois s'étaient alliés pour bénéficier des avantages des uns et des autres au dépend de leur classes populaires respectives. C'est cette belle entente entre riches qui est aujourd'hui rompue, non pas parce qu'ils veulent d'un seul coup rétablir une certaine égalité sociale, il ne faut d'ailleurs pas s'illusionner comme certain sur la Chine, mais parce que tout simplement ce système portait en germe sa propre destruction. Les déséquilibres ont atteint de tels niveaux qu'ils nécessitent un rééquilibrage obligatoirement  mortel pour la mondialisation néolibérale.  La Chine puis l'Inde sont trop grosses pour que les seules demandes intérieures de l'Europe, du Japon et des USA supportent leur production. C'est dans ce cadre de déséquilibre et de réflexe de défense qu'il faut analyser les actuels mouvement politiques de conflits entre le Japon et la Chine. Le Japon est le pays industriel le plus exposé à la puissance montante chinoise, et la Chine est une nation extrêmement agressive sur le plan commercial, car les élites chinoises n'ont pas le choix. Ce pays n'est pas une démocratie, la seule légitimité du pouvoir reste la prospérité apparente du pays, même si elle se fait sur un monticule d'horreurs et d'injustices. On sait d'ailleurs qu'il y a déjà  de nombreux mouvements populaires à travers la Chine, malgré la dynamique chinoise des grèves et des révoltes se produisent un peu partout dans le pays. Le régime chinois ne pourrait pas survivre à quelques années de faible croissance, que celle-ci tombe à ne serait-ce que 5% et le taux de chômage explose ainsi que le fragile équilibre du pouvoir. La Chine n'est pas une nation aussi stable que ce que l'ont croit généralement, d'autant que l'histoire a prouvé que ce sont les pays dynamiques qui connaissent des révolutions, non des pays en déclin.

 

    La puissance chinoise cherche donc à maximiser sa croissance à court terme en allant toujours plus loin dans son modèle exportateur, elle ne le fait même pas exprès ses avantages sont tels que le libre-échange conduit inexorablement la production mondiale à s'installer chez elles.  Bien sûr, de par sa taille, la Chine est en contradiction avec la logique de l'économie mondiale, les USA avaient déjà du mal à fonctionner avec le Japon et l'Allemagne comme pays asymétriques  dans leur commerce, mais  la Chine c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Elle pousse la contradiction du système monde-américain dans ses derniers retranchements. Et cette situation ne peut que conduire au conflit voir pourquoi pas, à la guerre pure et simple. La Chine essai donc très logiquement d'éliminer les deux derniers concurrents qui entravent sa marche au contrôle de  la totalité de la production mondiale, le Japon et l'Allemagne. Et ce afin de pomper toute la demande mondiale et de retarder autant que possible les effets de la contradiction produite par les déficits commerciaux US et maintenant Européens. L'Allemagne protéger par l'euro comme nous l'avons vue précédemment, est pour l'instant laissée de coté, c'est le voisin nipon qui fait l'objet de toute les intentions de la puissance chinoise.  La Chine est une nation qui fait de la politique à l'ancienne, à l'Européenne type 19 ème siècle, elle sait coupler politique économique et géopolitique car elle n'a pas séparer intérêt national et intérêt économique. Elle n'est pas malade du libéralisme contrairement à l'Europe aux USA et au Japon. Ce ne sont pas les intérêts des entreprises prisent individuellement qui dirigent la politique du pays mais, les intérêts de la classe  politique dominante.  Les intérêts économiques doivent se plier à l'intérêt supérieur de la nation chinoise, c'est un avantage indéniable au milieu d'un troupeau de moutons libéraux muent uniquement par l'intérêt individuel. La Chine joue le rôle du loup dans la bergerie.

 

Après avoir attaqué la monnaie japonaise en produisant une baisse progressive de la compétitivité japonaise, elle s'attaque désormais à la capacité de production japonaise elle même. La Chine qui contrôle la production de certains métaux rares, n'hésite plus à faire des embargos sur ces matières premières à destination du Japon. Il fut un temps où ce genre de comportement était considéré comme un acte de guerre pure et simple. La Chine montre ici son vrai visage, dès qu'elle possède un monopole sur certains domaines, elle utilise cette avantage pour faire des pressions géopolitiques. Bien sûr ce type de comportement est illogique si l'on se place dans l'analyse libérale et c'est bien le problème. En essayant d'évacuer le politique de l'économie, les libéraux ont oublié que certains peuples n'avaient aucune envie de participer aux jeux de la mondialisation avec ce genre de règles. Si l'Europe s'interdit ce genre d'attitude, ce n'est pas le cas de la Chine. Quand on pense que certains crétins veulent que nous abandonnions l'agriculture en Europe pour des raisons d'efficacité économique. Imaginons seulement que notre pays soit dépendant entièrement d'une autre nation pour nourrir sa population, qu'elle serait notre "liberté" si cette autre pays voulait nous imposer sa politique par le chantage à la nourriture?  Un libéral n'y pense pas parce que tout ce qui n'est pas logique du point de vue économique est forcement impossible et irrationnel. Mais ce qui est irrationnel du point de vue économique à court terme ne l'est pas forcement d'un point de vue géopolitique.

 

      Voilà le type de question que l'Europe, les USA et même le Japon refusent de se poser depuis trente ou quarante ans. Persuadées que le monde entier adhère à leur lubie libérale, nos nations sont devenue totalement dépendantes de peuples qui se fichent des principes libéraux.  L'occident semble donc se réveiller d'une longue léthargie, mais il se rend compte petit à petit que durant son sommeil, produit par l'anesthésient dollars, on l'a amputé de plusieurs de ses membres et que désormais même ses organes vitaux sont reliés à une machine extérieures.  La douleur est terrible mais il faut assumer le résultat des ces politiques absurdes qui ont conduit les pays développés à perdre petit à petit le contrôle de leur propre destiné.  Et il n'y a pas que la Chine, les puissance pétrolières usent depuis longtemps de leur avantage et ce sera de plus en plus le cas avec la raréfaction du pétrole. D'autant que maintenant les pays producteurs de pétrole importeront de plus en plus des produits chinois et non occidentaux. L'avantage dans le domaine technique qui nous permettait d'équilibrer  l'échange  avec les puissances productrices de pétrole ou de matières premières, disparait avec l'arrivée de nouvelles puissances commerciales. On peut même se demander si finalement à long terme la théorie de l'inversion du terme de l'échange de se réalisera pas . En effet la multiplication des nations productrices couplées à la raréfaction des matières premières pourrait rendre le rapport de force très avantageux pour les producteurs de matières premières. Condamnant à terme les producteurs de biens à s'appauvrir au détriment des producteurs de matières premières.De toute façon dans quelques années nous auront bien du mal à acheter notre pétrole, les dernières goutes appartiendront à la Chine, il n'y a guère de doute sur la question.  Donc plus que jamais, l'interdépendance commerciale ne conduit pas à la paix mais à la guerre contrairement à la croyance libérale.

 

Les pays développés doivent changer de stratégie

 

  Nos vielles nations industrielles ne doivent plus se laisser manger sans réagir. Elles doivent se défendre avec les mêmes armes que leurs adversaires car ces derniers n'auront aucune pitié, c'est chacun pour soi. Dans le domaine monétaire il serait peut-être judicieux d'interdire aux pays dont la monnaie n'est pas convertible et qui interdisent aux étrangers d'acheter leur bon du trésor, de faire de faire cela chez nous. Exiger la réciprocité est tout de même le minimum de bon sens en matière d'équité économique. Et pour cela nos nations doivent abandonner l'idée d'un marché chinois ou indien qui serait bénéfique pour elles. Car c'est en fait l'argument final qui revient le plus souvent pour justifier la mollesse dans les réactions politiques face à l'agressivité chinoise. On ne veut pas se couper du marché chinois forcement fabuleux. Les pays développés espèrent que le marché chinois dynamisera leurs vielles économies par l'exportation. Mais c'est oublier que nos pays n'ont  aucun avantage comparatif. Et pour en avoir un, il faudrait fatalement que les pays développés s'appauvrissent à un point tel que  leur coût de production rendrait économiquement interessant pour les chinois la production chez eux. Un tel appauvrissement rend ce jeu complètement idiot, si l'idée de base était d'enrichir nos pays. Appauvrissez vous pour vous enrichir est un concept qui n'a aucun sens, sauf si bien sûr il s'agit d'appauvrir certaines catégories de la population, pour en enrichir d'autres à l'intérieur de nos nations. C'est   pour cela le politique doit reprendre le contrôle du pouvoir au détriment des classes possédantes et des multinationales.

 

Mais il se pourrait que les contraintes démocratiques qui existent encore un peu en occident, permettent finalement à nos pays de réagir de la bonne manière. Les USA qui sont de plus en plus intransigeants avec la Chine semblent enfin avoir repris leurs esprits, même si la situation américaine est particulièrement délicate. Au moins les américains ont-ils compris qu'ils ne pourraient pas rester indéfiniment avec des déficits commerciaux énormes. L'Europe, elle, prise au piège de l'euro et de l'avantage qu'il procure à court terme à la puissance allemande, en est encore à se réjouir de la hausse de sa monnaie. Et ce alors même que le continent se désindustrialise à toute vitesse. Pour l'instant les vielles nations industrielles se contentent, comme le Japon, de ne jouer que sur les taux d'intérêts ou la distribution de bonds du trésors. Cependant face à l'adversaire chinois qui contrôle sa monnaie et les capitaux ce genre de réponses sont inadéquates.  Les nations développé n'auront pas d'autre choix à terme que celui du retour au contrôle des changes, la Chine ne leur en laissera pas le choix et c'est peut-être le Japon qui ouvrira le bal, tout écrasé qu'il est par le nouveau numéro un mondial de l'exportation.

 

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commentaires

J
<br /> <br /> @ Yann<br /> <br /> <br /> Je crois que vous avez complètement raison, y compris et en particulier quand vous insistez sur la question des matières premières. La richesse, ce n'est rien d'autre que des matières premières<br /> et du travail. Alors quand on délocalise le travail tout en renonçant à trouver des matières premières sur le territoire national, on ne peut que s'appauvrir. C'est imparable. Concernant les<br /> métaux rares il y avait un article à ce sujet dans le dernier Diplo, j'imagine que vous l'avez lu.<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> je voulais dire : par notre représentation ....<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> @Yann<br /> <br /> <br /> ALors on parle haut des exédents via la commission ou bien bien avec notre représentation politique Nationale ? ...<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Erick<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> @Fab<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je connaissais le chiffre sur les multinationales américaines, je crois même que Wall-mart à elle toute seule représente plus de 10% des importations de chine aux USA à titre d'exemple. L'intérêt<br /> de Wall-Mart est donc la mort de l'industrie américaine et non son développement, on a là l'exemple parfait du fait que la sommes des intérêts individuels diffère de l'intérêt collectif,<br /> contrairement à la fable des abeilles et à l'intérêt vue par les libéraux. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> @RST<br /> <br /> <br /> En guerre, en guerre, la guerre n'est jamais une solution. Il suffit simplement de leur taper sur les doigts en mettant des quotas et des droits de douanes et ils reviendront à la raison. C'est<br /> valable aussi pour les allemands finalement, ils ne font que profiter d'une situation, la nature ayant horreur du vide. Si nous ne défendons pas nos intérêts ce n'est pas aux chinois ou aux<br /> allemands de le faire à notre place. En ce sens et je rejoins un peu Malakine et Zemmour sur ce point, il nous faut retrouver  un peu de virilité sur le plan politique et économique.<br /> Réaffirmer nos intérêts et les défendre, et cela n'empêche pas d'ailleurs de pousser à réorganiser l'économie mondiale dans un sens plus cohérent. Et plus nous seront fort plus nous pourront<br /> justement défendre notre point de vue, c'est parce que nous nous affaiblissons que tout le monde se fout de l'avis de l'UE et bientôt des USA. Que l'on calme les ardeurs d'excédents de certains<br /> et on pourra de nouveau s'assoir pour parler sérieusement de régulation commerciale.<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Toujours aussi pertinent et intéressant à lire, mon cher Yann <br /> <br /> <br /> Excellent l’image du corps anesthésié et amputé !<br /> <br /> <br /> Je n’avais pas réalisé qu’on ne pouvait pas acheter de bons du trésor chinois. Nous (plutôt nos supposées élites) sommes vraiment<br /> trop cons, en occident !<br /> <br /> <br /> « Il serait peut-être temps que les pays développés réagissent » C’est Cotta qui aux universités de DLR a suggéré que<br /> les USA ne se contenteraient pas de laisser la suprématie à la Chine et que, pour s’opposer à l’hégémonie des chinois et donc à la disparition de la civilisation américaine, ils n’hésiteraient<br /> pas à partir en guerre.<br /> <br /> <br /> <br />
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