Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Depuis le début de la crise économique mondiale en 2007, mais surtout depuis la prise de conscience dans l'opinion public de cette crise, nos politiciens et nos économistes se sont lancé à tours de rôle dans fantasme chinois. La Chine puissance mondiale et ses 1,3 milliards d'habitants font plus que jamais rêver une élites occidentales qui ne semble plus rien comprendre au monde qui l'entoure. Quel est donc le moteur de base de la croissance chinoise: les exportations
Un coup d'œil à ce simple graphique résume toute l'absurdité de la Chine comme moteur de la croissance mondiale. Prendre la Chine comme moteur c'est un peu la même chose de que demander à un cycliste de compter sur son vélo pour avancer tout seul. D'autant que même si la Chine a pris du poids économiquement parlant son PIB reste largement inférieur à celui des USA de l'UE ou du Japon.
| Japon | USA | Chine(2009) | Allemagne |
---|---|---|---|---|
PIB(2007) | 4295Md$ | 12561Md$ | 3300Md$ | 2829Md$ |
Ce tableau fait un petit comparatif le PIB de l'UE qui n'apparait pas ici est équivalent à celui des USA . On voit donc bien que la Chine a elle toute seule ne peut pas tirer la croissance mondiale et ce même si elle le désirait, même avec une croissance de 10% cela ne ferait qu'une hausse mondiale du PIB de 330 Md$ ce qui est largement insuffisant pour combler la contraction du PIB US par exemple. 1% de croissance US cela représente 125Md$ supplémentaire à la croissance mondiale, la Chine doit faire 5% de croissance pour obtenir le même volume,et une croissance chinoise à 10% est équivalente à une croissance de seulement 2% pour la l'UE ou pour les USA. Nos élites sinophiles devraient donc essayer de revenir à l'école primaire pour réapprendre le principe des proportions car ils ont quelques lacunes en la matière.
Il est de plus grotesque de vouloir que la chine importe plus de produits commerciaux occidentaux. Et ce pour au moins deux raisons:
1- L'une est lié au protectionnisme, sous toutes ses formes, que pratiquent les chinois, la Chine favorise systématiquement les producteurs locaux et oblige aux transferts de technologies. D'autre part la chine a une monnaie dont on reconnaît aujourd'hui qu'elle est largement sous-évalué. Le protectionnisme monétaire est d'ailleurs une constante en Asie, le Japon, puis la Corée du Sud ou les dragons asiatiques ayant largement utilisé cette arme contre les économies occidentales. Je rappels au passage qu'une monnaie dévaluée revient à taxer les importations et à subventionner les exportations, c'est le protectionnisme le plus puissant qui soit, mais il a aussi le grave inconvénient de déstabiliser le système monétaire international.
2-Ensuite le cout du travail est tellement bas en chine qu'il serait stupide de leur part d'importer des produits qu'ils peuvent fabriquer à moindre cout. Il n'y a rien aujourd'hui que la Chine, ou plus exactement l'ensemble asiatique, ne puisse produire. Je dis l'ensemble asiatique car la Chine est encore dépendante de technologies qu'elle ne fait encore qu'assembler.
Plutôt que de parler de la Chine il eu d'ailleurs mieux valu parler de l'ensemble asiatique, ensemble qui est aujourd'hui largement imbriqué. Ainsi l'essentiel des importations chinoises viennent de pays proches d'elle, comme le Japon, la Corée du sud, Taïwan ou Singapour. Cette remarque réduit d'ailleurs encore plus l'argument de la Chine comme marché d'exportation pour l'occident.
Autre erreur récurrente professé par certain biens pensant, celle de considérer que parce que les muti-nationales produisent en Chine celle-ci ne contrôle pas le processus de fabrication. En quelque sorte la Chine n'est qu'une usine de transformation, elle ne sait rien faire elle même. Il s'agit là d'un raisonnement abusif et à très court terme, d'abord par définition une multi-nationale n'a pas de nationalité CQFD. Les multi-nationale se fichent complètement de l'intérêt des endroits où elles produisent ou inventent des biens, c'est le cadet de leur soucis. Ensuite quand on produit un bien quelque part on fini bien souvent par y transférer les compétences les plus pointus. Si la Chine n'avait, jusqu'à il y a peu, que la sous-traitance, c'est que sa population ne bénéficiait pas encore d'un niveau globale d'instruction suffisant, or ce n'est plus le cas désormais. La Chine produit des ingénieurs et des scientifiques de haut niveau en grand nombre, bien plus que l'ensemble USA-UE.
De plus comme je l'ai dit précédemment la Chine oblige au transfère de technologies, le PDG d'Alstom link s'était d'ailleurs plein, il y a peu, de voir un nouveau concurrent chinois produisant des tramways comme par hasard très semblables aux siens. Et bien sure il se trouve que maintenant qu'il y a des producteurs chinois à 100% l'état chinois ne joue plus le jeu de la concurrence favorisant ses propres entreprises. C'était à prévoir comme ce sera le cas dans quelques années dans le marché de l'aviation, sachez que maintenant Airbus pour avoir des contrats fait des transfères technologiques vers la chine. J'attends avec impatience le vol du premier avion de ligne chinois histoire de rire en voyant la tête de nos élites complètement stupides.
Mais tout n 'est pas rose pour la Chine.
Dernier point la crise actuelle a mis les économies exportatrices dans une situation difficile, les exportations chinoises ont fortement reculé en 2009 link. Si chez nous la dépendance aux importations a condamné définitivement tout retour de croissance économique, du moins fondé sur autre chose que l'endettement. En Asie et surtout en Chine l'excessive spécialisation a conduit à un autre type de dysfonctionnement macro-économique.
La distorsion inflation/déflation
Le gouvernement chinois est probablement l'un de ceux qui ont le mieux compris les problèmes de l'économie mondiale. Il a pratiqué un plan de relance de la demande intérieure chinoise tout à fait spectaculaire injectant jusqu'à 30% du PIB sous forme de constructions diverses, une relance très Roosveltienne dans sa conception.
Mais de par sa structure économique il est très facile de voir d'où vont venir les problèmes. D'abord elle risque de produire une bulle dans la construction. Certains pensent même que la croissance chinoise actuelle est aussi bullièsque que celle des USA entre 2002 et 2007. L'inflation immobilière ne reposant que sur les commandes d'état aura provoqué une hausse des prix de l'immobilier largement supérieure à ce que le marché peut réellement absorber.
Ensuite il faut rappeler que les besoins humains sont hiérarchisés de façon pyramidale. Une population comme celle de la Chine n'a pas encore les mêmes besoin globalement que celle du Japon ou de la France, avant d'avoir un écran plasma on aimerait se chauffer l'hiver ou avoir le tout à l'égout. En augmentant brutalement la capacité de consommer de la population en haussant les salaires ou en augmentant les pensions retraites, ou les aides sociales vous créez une demande qui n'a rien avoir avec ce que produit massivement le système productif chinois. Quand les usines chinoises produisent des cartes graphiques pour les jeunes obèses US les chinois eux voudront plus d'ampoules électriques.
La chine a une surcapacité de production dans les biens de consommations gadget et une sous-capacité pour les biens de consommations courantes auquel les chinois feront appel avec la hausse de leur revenues. Si bien que la Chine risque d'être toucher par une hyper-inflation dans les biens de première nécessités, les usines ne pouvant fournir toute la demande, et les usines moderne sont difficile à transformer. Et en même temps une déflation sur les biens à haute valeur ajouté qui on fait le succès du commerce chinois vers l'occident. Ainsi verra-t-on le prix du porc flambé pendant que l'on vendra à moindre prix des écrans plasma, une drôle de situation que celle-ci.
Pour résumer on voit bien en quoi la Chine ne sauvera pas nos propres économies et qu'il est nécessairement stupide de le penser. Pour ce faire il faudrait de toute manière que notre niveau de vie devienne pratiquement inférieur à celui des chinois, je ne suis pas sure que ce soit une option vendable aux électeurs français. D'autre part la nature même de l'économie chinoise fait qu'il lui faudra bon nombre d'année pour se désolidariser de sa dépendance aux exportations et le jour où cela arrivera les USA ou l'UE ne seront plus alors que des états sous-développé eu égard à l'évolution actuelle.
La relation Chine/USA fut une alliance momentanée entre les riches de Chine et d'Amérique, grâce à la chine les riches américains ont pu concentrer les richesses sur leur propre sol. Par le truchement d'entreprises comme Wallmart, ils ont pu se débarrasser des syndicats et de la classe moyenne US, les producteurs chinois ayant rendu inutile la classe productive US. A l'inverse les riches Chinois ont pu industrialiser leur propre pays sans en payer le cout, c'est à dire sans avoir à redistribuer la richesse. On oubli souvent que la Chine est le pays le plus inégalitaire du monde et de loin, sans les exportations cela fait longtemps que la Chine aurait connu son crack de 1929. La contradiction du capitalisme chinois a été évité grâce à la mondialisation, mais ce fut finalement reculer pour mieux sauter puisque ce problème arrive aujourd'hui de manière extrêmement brutal pour les autorités chinoises. L'inflation salariale que les élites chinoises ont évité jusqu'à présent leur explose littéralement à la figure. Le tissu industriel de la Chine n'est pas adapté à la demande chinoise, demande qui ne peut et ne pourra plus venir d'ailleurs que de Chine.
En fin je tiens à signaler le dernier interview de Jacques Sapir chez l'excellente Pascale Fourier c'est tout chaud çà date du 12 janvier : link