Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Un texte intéressant vient d'être publié par Jean-Jacques Chavigné sur le sujet des retraites. Un texte intéressant sous plusieurs aspects. Il dit décrit les réformes actuelles comme hypocrites et usant de faux arguments, il fait d'ailleurs mouche sur le système par capitalisation. Ce dernier est une escroquerie intellectuelle qui visent à faire croire que chacun peut accumuler un petit pécule pour ses vieux jours et donc que son futur revenue de retraité ne dépendrait pas du nombre de d'actif.
C'est totalement faux la santé globale d'une économie à nécessairement un impact sur les valorisations boursière à plus ou moins long terme, tout comme la valeur de la monnaie du pays. Une société qui voie sa population active se contracter est forcement moins dynamique économiquement, ce qui ne peut qu'avoir un effet négatif sur les valorisations boursières. Les charlatans qui font croire que la retraite par capitalisation est une solution devraient être mis au piloris, surtout que les fonds de pensions US ou Britannique ont montré par l'absurde l'invalidité de la chose comme le montre cet article par exemple. Sur ce plan le texte de monsieur Chavigné est donc vrai et il serait bon en France de condamner toute dérive vers le système par capitalisation. Le système par répartition est celui qui est le plus proche de la réalité physique de l'économie à savoir que ce sont toujours les actifs qui payent pour les inactifs quelque soit le système organisé derrière.
Mais Chavignié tombe ensuite dans l'erreur, à mon sens, en faisant de la prospective économique quelque peu aventureuse. Il affirme que la richesse française doublera au moins d'ici 2040 et que cela doit être pris en compte dans le calcul des futurs retraites. Il prend comme hypothèse une croissance que l'on peut juger faible de 1,7% par an pour faire ses calculs.
Il s'agit d'un argument habituel, qu'Emmanuel Todd avait lui même employé d'ailleurs, puisque le travail continuera à être de plus en plus productif le paiement des retraites ne sera pas un problème même si la population active décroit en proportion de la population totale. Dans l'absolu cet argument est tout à fait vrai, mais si l'on regarde l'évolution de l'économie française actuelle on ne peut qu'être plus pessimiste sur la futur croissance française.
Le contexte économique mondial à changer depuis trente ans nos pays connaissent une baisse continue de leur croissance économique depuis la mise en place du libre-échange généralisé et du système monétaire à change flottant soit depuis 1974. La baisse de la croissance en France est très importante, au delà des cycles ont peut constater une baisse continue de cette croissance au fil du temps. Depuis 1991 la seule période de croissance économique relativement forte fut de courte durée de 1997-2001 en dehors de cette période lié à la forte baisse des monnaies européennes face au dollars, la croissance fut faible et souvent inférieure à 1,7% chiffre retenue par Chavinié.
Si l'on se projette à long terme la France se rapprochera de la croissance nulle à brève échéance.
D'autant qu'il faut bien voir l'accélération de la désindustrialisation française, elle devient de plus en plus visible dans la balance commerciale française qui connait un trou sans cesse croissant comme le montre le tableau suivant. On remarque que la hausse de l'euro n'y est probablement pas pour rien, et que le déficit commercial correspond à l'arrivée de la droite au pouvoir en 2002....
On remarque d'ailleurs en comparant les courbes du commerces extérieurs et celle de la croissance que le lien que font certains entre commerce et croissance économique est complètement faux, il n'y a aucune corrélation entre les deux courbes. Alors que notre commerce extérieur n'a cesser de croitre en valeur (importations + exportations) la croissance de notre PIB n'a pas varié de la même façon. Et depuis 2002 notre déficit commercial s'accroit dangereusement signe indubitable d'une incapacité à produire ce que la population française consomme. La France est en train de rattraper la GB, USA, ou encore l'Espagne dans les pays les plus accrocs aux déficits commerciaux. Signe d'une désindustrialisation massive, or rappelons qu'un pays ne peut pas connaître un déficit commercial indéfiniment, à un moment donné il faudra rééquilibrer la balance commerciale. On remarque également la fameuse coupure de 1974 que notre prix nobel Maurice Allais a mis en avant dans sa critique du libre échange.
Bien sure on pourrait imaginer une dévaluation ou une politique protectionniste qui permettrait une contraction des importations par une substitution de produits nationaux. Le problème c'est que ce type de politique est à l'heure actuelle impensable pour nos élites, et qu'elles sont persuadées que le protectionnisme c'est le mal incarné, que les échanges internationaux sont toujours bons pour la croissance, ce que pourtant, les graphiques précédents démentent, mais bon les idéologues n'ont que faire du réel.
Donc la seule chose qui se produira si l'on suppose une non remise en cause des politiques monétaires, douanières et européennes, c'est que la balance commerciale se rééquilibrera par contraction de la demande intérieure française. Quand, comment, impossible de le savoir mais l'exemple US qui vient de connaître une baisse de moitié de son déficit extérieurs grâce à l'explosion du chômage et l'effondrement de la bulle immobilière nous montre ce qui l'adviendra de notre pays lorsque le moment sera venu. L'augmentation du chômage français de 2009 ne fut qu'une mise en bouche. La France fait aujourd'hui illusion grâce à ses mécanismes sociaux qui maintiennent une certaine stabilité de la demande mais le résultat est un accroissement continu du déficit extérieur qui ne manquera pas de poser problème.
Il y a donc fort à parier que la France ne connaitra pas de croissance à 1,7% comme le suppose Chavignié, il est même possible que la France et la plupart des pays d'occident connaissent des baisses durables de leur niveau de vie dans la décennie qui vient. Nos pays vont voir progressivement leur niveau de vie s'aligner sur ceux des pays du tiers-monde, dans ce contexte il est complètement illusoire de croire en la survie des système sociaux issus de pacte d'après guerre. Le système des retraites comme celui de la sécurité sociale n'ont pas été créer pour des sociétés sans industries avec de forts taux de chômage.
L'impasse dans laquelle se trouve la plupart des pays développé est d'ailleurs soulignée maintenant par les économistes officiels, ainsi cette très intéressante note de la banque Natixis qui montre la prise de conscience au niveau institutionnel.
Encore une fois sans pour autant en faire l'alpha et l'oméga de toute politiques économiques, le protectionnisme commercial est un instrument primordiale pour qui veut sauvegarder notre système social. Vouloir combattre l'idéologie néolibérale sur le système des retraites c'est très bien, mais il faut indiquer une vue plus large. Mettre l'articulation entre le plein emploi et les retraites, pas de protectionnisme, pas de retour au plein emploi, donc risque grave pour la solidarité sociale. Il est en plus certains que les réformes du système de retraite ou l'augmentation de la durée de cotisation, seraient bien mieux acceptées si la population n'avaient pas l'impression que l'on met la charrue avant les beaufs, si je puis dire.