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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 20:50

Notre bien mal aimé président essaie comme à son habitude de manger à tout les râteliers en adaptant ses discours aux personnes qui l'écoutent, se présentant en même temps comme le président en lutte contre le communautarisme tout en nourrissant ce dernier par la flatterie communautaire du dîner du Crif, au discours sur les racines chrétiennes de la France en passant par les caresse verbales sur l'UOIF. Sarkozy est emblématique de notre classe politique qui passe sont temps à préparer les élections en flattant tel ou tel groupe communautaire, et en oubliant que c'est contraire à l'esprit républicain. Et à ce sujet j'ai pu lire un texte intéressant de Julien Landfried le secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), le parti de Jean Pierre Chevènement pour ceux qui ne seraient pas au courant. Ce dernier aborde de manière simple et efficace la question des communautarismes et leur moteur, et sur cette question je suis pleinement en accord avec lui, c'est pour cette raison que je mets son texte à lire sur ce blog.Ce texte rejoins les quelques analyses que j'avais pu faire sur ce sujet le dernier en date étant "L'immigration attention au confusions". Mais le grand mérite du texte de Landfried c'est de faire l'analyse de façon concise et efficace, ce texte provient du site de communautarisme.net site qu'il faut impérativement visiter sur ce sujet.  

 

Le comportement de nos hommes politiques est en grande partie responsable de l'évolution communautariste du pays et pas seulement parce que leur irresponsabilité en matière migratoire a provoqué des tensions. Le fait que les hommes politiques français pratiquent le clientellisme à l'excès, en s'adressant non aux électeurs en temps qu'individu, mais à des groupes et des communautés n'est pas pour rien dans les problèmes actuels. C'est d'ailleurs aussi l'opinion de Malika Sorel, membre du Haut Conseil à l'Intégration qui s'exprimait récement sur cette question sur ce site. Elle disait très justement "ce qui est profondément gênant, c’est que en période électorale, les personnalités politiques veulent rappeler aux Français d’où ils viennent, à des fins électoralistes.". De plus  ces groupes envers lesquels nos politiques font obédience ne sont la plupart du temps pas représentatif de ces pseudo-communautés. Et il y a là une grave entorse à nos principes républicains et démocratiques car on enferme des individus dans des communautés en les présentants comme incapables d'avoir un avis individuel. Tu es musulman donc t'es pour le voile et le hallal, tu es juif alors tu es pour Israel, tu es homosexuel alors tu aimes le rose, Elton John et tu votes PS...  D'ailleurs rappelons qu'en France il n'y a que des individus-citoyens, on est pas français et chrétien, français et juif, français et homosexuel ou français et musulman, aux yeux de l'état nous sommes tous français tout court. Les hommes ne doivent être distingués qu'en tant qu'individus, et non en tant que musulman ou chrétien ou athée. Réintroduire en France des notions d'appartenance communautaire est une formidable régression vers l'ancien régime, époque ou le noble ne discutait pas avec des gens des classes inférieures. Époque où il y avait des droits de naissance, droit que l'on avait abolie, mais  que l'on réinvente aujourd'hui avec les discriminations dites "positives".  

 

 


 Communautarisme contre République: une menace en trois dimensions

 

Une tribune de Julien Landfried

 

Landfried.jpgUn spectre hante la République : le communautarisme a fait son apparition comme catégorie répulsive du discours politique et du champ intellectuel depuis le début des années 80. Se réclamer du communautarisme, c’est, pour un politique ou un intellectuel, la certitude d’un isolement rapide (« Qui est communautariste ? »). Le consensus dominant estime le communautarisme en expansion dans la société et prétend construire des digues contre lui, en même temps que les « valeurs républicaines », ringardisées il y a peu encore, reviennent à la mode (« Nous sommes tous des républicains », pourrait-on paraphraser). D’où vient alors le paradoxe selon lequel le communautarisme, prétendument combattu par tous, serait irrésistiblement en ascension ? Pour répondre à cette interrogation, un essai de définition s’impose. Celle que je proposerai s’articulera autour de trois dimensions. 

« Envie du pénal » et « Reductio ad Hitlerum »
Le communautarisme est d’abord un réflexe idéologique, inséparable de l’extension du politiquement correct dans les pays d’Europe et les Etats-Unis. Certains sujets y sont désormais retranchés des règles du débat public en raison de l’implication de « minorités » plus ou moins bien définies, dont le respect inconditionnel est tenu pour acquis. Citons en vrac : la demande d’accroissement sans limite des droits associés à l’« homoparentalité », la demande de « reconnaissance » et de « dignité » des « descendants » de l’esclavage ou de la décolonisation par le vote de lois spécifiques (dites « lois mémorielles »), la revendication de places réservées dans les domaines les plus prestigieux de la politique, de la communication ou de l’entreprise privée pour les femmes et les minorités ethniques (par des politiques dites de « discrimination positive » ou favorisant la « diversité ») ou encore la demande d’intégration des pratiques culturelles et religieuses dans les cahiers des charges du Service public (quasi-disparition de certains plats dans les cantines scolaires, par exemple).

On assiste ainsi, dans les vieilles démocraties libérales, à un rétrécissement stupéfiant de la liberté d’expression, pourchassée jusque devant les tribunaux par des associations groupusculaires, parlant le langage de l’humanisme et de la tolérance, mais d’abord mues par le souci de la censure et réclamant peines de prison et interdits professionnels pour les « mal-pensants ». L’« envie du pénal », selon l’expression de Philippe Muray, semble désormais la passion dominante de la nouvelle ploutocratie du monde associatif et militant, intégrée à la société du spectacle dans ce qu’elle a de plus méprisable et médiocre, usant de la « reductio ad hitlerum » comme d’autres, en leur temps, de l’accusation de « fascisme ».

« Victimes » d'hier, « victimes » d'aujourd'hui
Dans ce contexte idéologique délétère, on reconnaît bien entendu la vieille fascination de la gauche pour la culture de la marge ou de la minorité (avatar du léninisme ?), réflexe qui n’a fait que s’exacerber avec le mépris grandissant de l’intelligentsia de gauche pour les classes populaires autochtones, désormais assimilées à la « majorité »... dominante. Par un étonnant renversement, la cause du communautarisme remplace ainsi les « victimes » d’antan (les travailleurs, dont les caractéristiques ethniques, religieuses ou sexuelles étaient tenues pour négligeables) par les « victimes » d’aujourd’hui (immigrés, femmes, membres de minorités ethniques, religieuses ou sexuelles), au moment même où le système économique mondial relègue effectivement le monde ouvrier dans les marges (du moins en Europe et aux Etats-Unis), rompant ainsi avec la centralité de la figure ouvrière dans le système capitaliste. Cette inversion s’établit en même temps que la question sociale disparaît des écrans radar au profit de questions sociétales plus ou moins légitimes mais qui, sans conteste, ont pour effet d’éjecter la première nommée de l’agenda politique.

La carte qui gagne à tous les coups
Le communautarisme est aussi une stratégie opportuniste, pour le Narcisse en mal de reconnaissance comme pour le filou sans morale. En France, vieille nation politique individualiste, l’apparition d’entrepreneurs communautaires prétendant parler au nom de leur « communauté » d’origine peut s’expliquer aisément. Carte médiatique à coup sûr gagnante (surtout depuis que les entrepreneurs communautaires - tout en réclamant des mesures d’inspiration communautariste - parlent la langue de la République), arme de pression sur des responsables politiques mal conseillés ou simplement couards, le choix d’un positionnement communautaire permet l’acquisition de rentes de situation dans l’appareil médiatique et politique et une exposition sans commune mesure avec l’influence réelle ou la représentativité desdites associations ou des individus. Après tout, Tariq Ramadan, citoyen suisse d’origine égyptienne, n’était-il pas tenu pour un spécialiste des banlieues françaises au seul motif qu’il est musulman ? Jean-Guy Talamoni, l’un des chefs de file du nationalisme corse, n’a-t-il pas été « poussé » par le quotidien Le Monde pendant des années avant que les citoyens français de Corse ne mettent un coup d’arrêt, en juillet 2003, à la logique de séparation institutionnelle proposée alors par les autorités de la République ? Le CRAN (« Conseil Représentatif des Associations Noires » de France) ne bénéficie-t-il pas d’une médiatisation sans rapport avec ses maigres effectifs (une centaine de personnes, selon des sources internes) ? Et, suprême injure faite à la philosophie républicaine, la quasi-totalité des membres du gouvernement et de l’opposition ne prend-elle pas soin, tous les ans, de se rendre au dîner annuel du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF), craignant de subir les foudres de responsables ne faisant pourtant guère dans la nuance dès qu’il s’agit de « repentance » ou de défense des intérêts israéliens ?

A l'école du CRIF
Il faut ici se rendre à l’évidence : c’est bien la relation institutionnelle incestueuse entre le CRIF et le monde politique français qui fournit tout à la fois la matrice que les nouvelles organisations communautaires (CRAN, CFCM - Conseil Français du Culte Musulman - oscillant perpétuellement entre son rôle cultuel et une ambition politico-communautaire, etc.) cherchent à imiter et la jurisprudence qui justifie toutes leurs audaces. Constat tragique au pays de Stanislas de Clermont-Tonnerre...

Ce sens de l’opportunité des entrepreneurs communautaires s’allie parfaitement à la première dimension de la dynamique communautariste et fournit à bon compte des solutions faciles et « médiatisables » à des élus ou responsables politiques éprouvant des difficultés réelles à proposer des politiques publiques qui emporteraient l’adhésion collective, dans une société marquée par l’anomie et l’individualisation.

Une séparation destructrice
Le communautarisme est, enfin, une réalité démographique dont il est difficile de mesurer la dangerosité. La séparation de fait des catégories populaires (Français de longue date désormais relégués dans les zones périurbaines et rurales ; immigrés récents vivant dans les banlieues intégrées aux villes-centres) introduit une nouveauté dans la France post-révolutionnaire. Elle porte en effet en germe la destruction de la pratique républicaine à la française, qui réussissait à fusionner un idéal politique élevé (la philosophie républicaine, d’inspiration libérale mais fortement teintée d’égalitarisme ; autrement dit : la tension féconde entre les principes d’inégalité et d’égalité) et une pratique anthropologique culturellement violente mais symétriquement antiraciste : l’assimilation.

On a longtemps constaté l’indifférence des Français à la race, sur une longue durée - en particulier par l’importance des mariages mixtes exogamiques, qui séparaient radicalement l’univers culturel français de l’univers culturel anglo-saxon ou allemand - mais cette particularité française se déployait à des époques d’immigration plus faible, où l’assimilation allait de soi sur le plan anthropologique (elle n’était alors pas perçue par la société française comme une violence insupportable, ou par les nouveaux venus comme un choix parmi d’autres) et où l’immigration était essentiellement masculine.

Laïcité molle
L’immigration familiale, depuis les années 1970-80, a bouleversé cet équilibre en changeant radicalement les conditions de l’immigration, déracinement désormais relatif sur les plans affectif et culturel. De plus, le rétrécissement des distances provoqué par les nouvelles technologies entraîne toute une série de conséquences sur les plans culturel et intime, qui se mesurent par exemple par l’importance des mariages conclus avec des hommes ou des femmes du village d’origine. L’affaissement des normes du pays d’accueil - induit mécaniquement par la concentration des populations immigrées et leur constitution en majorités relatives dans leurs quartiers d’habitation - implique la prise en compte, par un Etat républicain mal préparé, de multiples aménagements à caractère ethnique ou religieux, en contradiction avec le principe de laïcité d’une part, mais aussi avec le réflexe national de mise à l’écart de la religion dès lors qu’il s’agit de la sphère publique (réflexe touchant indistinctement les religions catholique, protestante et juive).

Une insécurité devenue culturelle
Cela fournit l’une des dimensions d’une insécurité culturelle ressentie de manière particulièrement violente par les catégories populaires des Français de longue date, dominées sur le plan économique, méprisées par la culture des classes dominantes et, désormais, parfois soumises sur le plan culturel, au sein même des catégories populaires, en voie de communautarisation accélérée. A terme se pose la question de la réalité d’une culture commune, dans un pays où les classes populaires vivent désormais « ensemble mais séparées », selon l’expression lucide de Christophe Guilluy (1).

 

1) Fractures françaises, Christophe Guilluy, Bourin éditeur, 2010

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commentaires

D
<br /> <br /> Coté médias comme le dit Julien Landfried c'est de la couardise ,cette unanimité des editorialistes qui s'opposent à la tenue du débat est ridicule , au moment même ou Sarkozy vient de prouver<br /> son utilité avec son discours et l'annonce de sa participation à la cérémonie papale<br /> <br /> <br /> D'autant plus ridicule que leur refus est profondément hypocrite,car tous admettent qu'il existe des problèmes répétés liés avec cette religion...Joffrin nous a fait un inventaire à la Prévert<br /> tout à l'heure ,en parlant des prières de rue,de burka , de halal ...tout en se demandant qqs min après pourquoi les musulmans concentraient toute l'attention ?!Du coup pour garder la face ,ces<br /> tartuffes ont décidé d'adopter 2 positions ,toujours aussi lache :<br /> <br /> <br /> -la délégation , "c'est à l'état de s'en charger"...ce qui n'est pas faux , sauf que l'état n'y peut rien contre cette hygiénisation des pratiques alimentaires qui s'étend hors des lieux publics,<br /> ou contre le refus exogamique des familles musulmane.<br /> <br /> <br /> -et la minimisation ,style Joffrin "oh vous savez c'est pas bien , mais c'est qu'une heure par jour et une fois par semaine"...soit la loi s'applique pour tous , soit elle s'applique pour<br /> personne.Auquel cas on peut tous faire ce que l'on veut sur la voie public ,en réunion mais seulement une fois par jour et par semaine ?Les Joffrin & co en cédant sur toutes les demandes<br /> d'aménagements nous prépare une société totalement éclatée ,eux qui pourtant se font les herauts de la fraternité.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> N'oubliez pas que deux types de gugus ont refusé la révolution française, les girondins et les libéraux. Oh surprise! ils sont alternativement au pouvoir. Il serait plus intéressant de poser la<br /> question centrale, comment défendre efficacement la République? De plus, si l'intervention de Marine Lepen sur la suppression des aides aux immigrés légaux a été un succés, alors on peut se<br /> demander si la nouvelle structuration idéologique française ne se basera pas sur le rejet d'un autre. La droite vomit les fonctionnaires qui formeraient le noyau dur du PS, ceux-ci méprisent<br /> les Français qui eux-mêmes, rejettent les immigrés de couleur. Des haines qui ne se croisent pas, ne se répondent pas, chacun, comme d'habitude, propose son projet idéologique <br /> totalement déconnecté de celui des autres et, je dois bien avouer que celui du FN est le moins fou ou monstrueux.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Ne s'agit-il pas d'un moment et d'un problème parmi d'autres du à notre classe politique traditionnelle et pourquoi le fondamentalisme, le mariage forcé, l'excision ou autre polygamie<br /> prospéreraient-ils? Le parti socialiste aime la polygamie et neutralise la démocratie. Quoi est le plus important? Si nous parvenons à rétablir la démocratie, nous résoudrons immédiatement les<br /> ennuis posés par le communautarisme.<br /> <br /> <br /> <br />
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