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Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.

Le vrai principe de la concurrence.

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S'il est un concept complètement dévoyé par les esprits modernes c'est bien celui de la concurrence . Cette façon d'organiser le rapport entre les entreprises est soit systématiquement condamné surtout à gauche, la concurrence produisant systématiquement une dégradation des rapports humains. Faisant bien sure resurgir chez l'être humain ses plus mauvais instincts, on trouvera chez Besançenot et compagnie, la caricature la plus grossière qui soit en la matière. Mais l'autre bord de l'échiquier n'est guère mieux loti en matière de précision conceptuelle. Entre les pseudo-libéraux qui pensent que le libre-échange actuels est bon pour la concurrence, et les rentiers qui font semblant de vouloir favoriser l'effort grâce à ce principe dont ils se sont eux même judicieusement protégé. Ou encore ceux qui font des raccourcis grossiers entre les thèses de Darwin concernant l'évolution biologique et la concurrence entre entreprises. Il n'y a plus grand monde en fait qui sait réellement ce que signifie la concurrence et pourquoi elle est en un sens une vrai vision progressiste de l'organisation économique.

 

Il faut donc clarifier un peu les choses et rappeler pourquoi en grande partie le monde actuel n'est en aucun cas concurrentiel, bien au contraire.

 

En premier la concurrence est un système dynamique, la concurrence n'a pas de fin, pas de vainqueur, elle ne doit jamais se terminer. Il est donc absurde de considérer la création d'un monopole, même obtenue grâce à la concurrence soit disant « libre et non faussée » , comme étant une victoire du principe de concurrence. Rappelons qu'Adam Smith lui même définissait le marché comme véritable s'il y avait une multitude d'acteurs dessus. En principe un vrai marché doit être composé d'acteur suffisamment petit pour ne pas fausser la concurrence à cause de leur taille. On voit tout de suite le problème du monde actuel où pullulent les faux marchés qui sont en réalité composé d'oligopole. On peut prendre exemple sur la téléphonie mobile en France, l'automobile où le nombre d'acteurs ne cesse de baisser, l'informatique où Microsoft et son Windows représente 95% des systèmes d'exploitation etc.. Si les gens regardaient réellement le monde qui les entoure, ils s'apercevraient que le marché est en réalité en voie d'extinction. C'est ce que disait déjà JK Galbraith linkdans son célèbre livre « Le nouvel état industriel » qui date de 1967 mais qui s'applique à merveille dans la situation actuelle.

 

Ensuite la concurrence n'est pas l'anarchie économique, son but n'est pas l'élimination des acteurs perdants, contrairement à ce que vendent les darwinistes de l'économie. Pascal-Lamy.jpgNon, elle est une émulation, elle est une compétition, elle vise à faire en sorte que chaque entreprise donne le meilleur d'elle même. Pour faire une analogie avec une course à pied, à la fin de la course on élimine pas ceux qui ont perdu. En effet si tel était le cas on aurait bientôt plus qu'un seul coureur ce dernier n'aurait alors plus besoin de se fatiguer puisqu'il n'aurait plus de compétiteur en face de lui. Dans une compétition sportive ceux qui perdent rentre chez eux pour s'entrainer et pour battre une prochaine fois le champion. Ce dernier sert d'exemple et il y a des chances pour qu'il soit le battu la fois d'après. La concurrence est donc un système qui vise le perfectionnement, l'amélioration, et comme une compétition sportive cela inclus des règles et des principes, on est loin de l'anarchie et des délires ultra-libéraux.

 

  L'un des principes majeurs de la concurrence c'est qu'elle doit se faire à égalité. Une concurrence entre deux entreprises dont l'une serait avantagée de façon externe à l'autre est une atteinte au principe de concurrence. Alors ici on pourrait conclure que la devise européenne est bonne « la concurrence doit être libre et non faussée » seulement la vérité est dans les détails et les instances européennes ne prennent en compte dans le trucage de la concurrence que certains types de triches et en oublie beaucoup d'autre. Si les subventions ou le protectionnisme sous forme de taxe ou de quotas sont condamnés, on oublie les dévaluations, l'inégalité fiscale etc... Ainsi le faible cout salarial à compétence égale devrait être considéré comme une atteinte à l'égalité concurrentielle. C'est même une prime à la baisse salariale. Mettons qu'une entreprise en France soit plus performante en matière de productivité réelle qu'une autre faisant le même type de produit mais installé en Hongrie. Même si l'entreprise français est plus productive elle perdra car le différentiel salariale sera supérieur au bénéfice de la supériorité productive. Sans compensation protectionniste rétablissant l'égalité, c'est donc l'entreprise la plus mauvaise qui l'emporte car elle sera moins cher. Mais moins cher non parce qu'elle est meilleur, ou qu'elle travaille mieux, mais simplement parce qu'elle maltraite mieux ses salariés.

 

Ensuite chaque marché devrait être étanche aux autres. Normalement une vraie concurrence sur un marché ne doit être faite que par rapport à ce marché. Ainsi un acteur aillant fait fortune sur un autre domaine de travail ne devrait pas pouvoir intervenir sur un marché qui n'est pas le sien. Prenons un exemple, si une entreprise a fait fortune dans la fabrication d'ordinateur, elle ne devrait pas utiliser cet avantage pour pouvoir agir sur le marché des journaux par exemple. Surtout si le marché visé pèse moins lourd que sa propre activité, en effet, ce faisant elle rompt avec le principe d'égalité que j'ai émis précédemment. Par exemple Microsoft a utilisé sa quasi rente du logiciel pour s'imposer dans les consoles de jeux, même chose pour Sony, éliminant d'anciens acteurs plus créatifs, mais qui n'avaient pas leur puissance de feu financière. En théorie les conglomérats sont très mauvais pour la concurrence et injuste pour les acteurs des marchés sur lesquels ils s'imposent. Autant vous dire que les multinationales qui font tout et n'importe quoi sont par nature contraire à l'esprit de concurrence.

 

Quand la concurrence deviens inégalitaire elle se transforme, ses effets changent complètements. Alors qu'elle permettait d'améliorer le processus de production en favorisant le progrès technique et l'organisation, elle se met alors à inverser son cycle vertueux. Les mauvais gagnent et les bons sont détruits c'est très exactement l'économie mondiale actuelle. Les bonnes usines ne sont pas celles qui améliore leurs machines outils qui investissent dans la recherche, mais celles qui délocalisent dans les pays à basse pression salariale. Pourquoi investir dans la recherche et l'amélioration de la productivité physique quand on peut délocaliser et faire effondré le cout du travail.

 

Si la concurrence égalitaire produit une hausse de la productivité réelle, physique, il est probable que la concurrence en régime inégalitaire la fasse baisser.

 

 

  Pour finir avec cette clarification il y a un indice simple qui montre qu'en réalité la concurrence à l'échelle mondiale est en baisse. La concurrence a une autre vertu que celle d'améliorer la productivité globale du travail, elle est l'ennemie du capital. Et oui, au risque de choquer quelques personnes la concurrence rogne sur les rentes plus efficacement encore que les impôts sur le patrimoine. La rente est un cout pour une entreprise, d'un point de vue comptable il est aussi couteux pour une entreprise de verser des dividendes à des actionnaires que de payer ses salariés. C'est même pire puisque les salariés servent à produire, leur augmentation est un bon moyen d'accroitre la productivité du travail, alors que la hausse des dividendes ne sert à rien du tout dans la compétition. Il est donc stupide de croire que les capitalistes ont intérêts à la concurrence, bien au contraire. On voit ici le rôle de dindon jouer par les pseudo-libéraux qui prétendent à la fois défendre le capital et l'économie de marché, allant jusqu'à confondre les deux alors que c'est presque antinomique. L'augmentation prodigieuse de la rente versée aux actionnaires depuis trente ans est un signe sure que la concurrence mondiale est en baisse au contraire de croyance populaire répandu par les milieux économiques. Le capital a tout fait pour réduire la concurrence, concentrer les entreprises et éliminer les obstacles à sa croissance. Le libre-échange inégalitaire a été un formidable outil de réduction de la concurrence réelle, réalisant l'inverse de ce pourquoi il était soi disant fait.

 

Le libéralisme a été récupéré par le capital et utilisé contre ces propres objectifs. La force du capital a été d'utiliser des idées qui étaient contraire à son intérêt pour finalement renforcer son pouvoir. Il est très probable que maintenant que la concurrence a perdu de sa superbe dans l'opinion publique, le capital cherche un autre moyen pour se légitimer lui même. L'écologie est surement le prochain concept qui servira d'alibi moral aux super riches, celle-ci a déjà largement été perverti par ce dernier.

 

Je ne peux que recommander à ceux qui ne l'auraient pas lu le très bon texte de Lordon sur le protectionnisme linkoù il montre clairement que nous ne sommes pas actuellement dans un régime de libre-échange égalitaire. Et que le protectionnisme est un mécanisme visant à rééquilibrer et à rétablir une concurrence saine justement.



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C
<br /> <br /> <br /> Bonjour,<br />       <br /> Vous êtes invité à visiter mon Blog<br /> Description : Mon Blog(fermaton.over-blog.com), présente le développement mathématique de la conscience humaine.<br /> <br /> <br /> La Page:L'ÉVOLUTION DU DARWINISME.<br /> <br /> <br /> UNE THÉORIE INCOMPLÈTE ?<br /> <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br /> Clovis Simard<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> "il y a peu de chances que l'on ait du mal à concurrencer certaines activités où nous sommes pourtant plus productifs"-><br /> "Il y a des activités où l'on ne peut pas être concurrentiels tout en étant plus productifs"<br /> <br /> <br />
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J
<br /> @Cliiint:<br /> Pour dire qu'une forme de protectionnisme peut être bénéfique, il ne suffit pas de dire que les salaires ailleurs sont plus bas.<br /> <br /> Il est tout-à-fait exact que pour certaines activités, il y a peu de chances que l'on ait du mal à concurrencer certaines activités où nous sommes pourtant plus productifs: c'est précisément ce que<br /> prédit la théorie de l'avantage compétitif. Mais cette même théorie prouve que cela permet d'augmenter les richesses des deux pays. (Rappelez-vous l'exemple de Samuelson: bien que l'avocat soit<br /> plus efficace à la fois comme dactylo et comme avocat, il a malgré tout intérêt à confier la dactylo à des secrétaires et à se concentrer sur son métier d'avocat) Donc, pour dire que le commerce<br /> vers les pays à bas salaires , il faut un autre argument. (par exemple, dire que cela entraîne une redistribution néfaste à l'intérieur du pays riche, que l'hypothèse de rendements constants n'est<br /> pas vérifiée ou que la spécialisation entraîne une dégradation des termes de l'échange, ...).<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci pour ce texte lumineux ! En ayant parcouru le texte sur l'avantage comparatif, je ne le trouve pas du tout antinomique avec un protectionnisme "éclairé" ... Encore une fois, une question de<br /> définitions -non restrictives- des termes ...<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Il faudra quand même que vous appreniez un jour ce qu'est un avantage comparatif:<br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Avantage_comparatif<br /> Çà éviterai de rejeter aussi catégoriquement les échanges avec les pays à bas salaires.<br /> <br /> <br />
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