Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
C'est ce que nos journaux ne cesse de crier, la croissance repart et l'Amérique va a nouveau briller de mille feux. Notre ami Laurent pensant même que son hypothèse de reprise à court terme, avant une rechute, c'est quand même quelqu'un de sérieux qui ne travail pas sur TF1, va se réaliser puisque l'économie US vient de soit disant avoir une croissance de 5,4% en rythme annuel sur la fin 2009.
En premier lieu je ne vais pas faire mon rabat joie, mais je crois que nous devrions sérieusement nous poser des questions sur la fabrication de ces statistiques tant elles sont largement incohérentes les unes avec les autres.
Ensuite le commerce mondial n'a pas redémarré comme le montre l'évolution du Baltic Dry depuis sa chute vertigineuse de 11793 en janvier 2008 à points à 665 en décembre 2008, il est repassé à 5900 points et depuis il est retombé comme un soufflé à 3159 points. Or cet indice indique le dynamisme des échanges de matières premières, il est donc un bon indicateur sur la croissance mondiale futur, autant vous dires que le fameux redémarrage US y est invisible ou en réalité trop faible pour avoir un impact mesurable. Cependant cet indice lui ne peut pas être trafiqué par des tricheries comptables contrairement au PIB ou au taux de chômage.
L'autre curiosité, c'est que le déficit commercial US reste à peu près stable, enfin, il ne décline que trés lentement sans rejoindre ses niveaux de 2007.Or étant donné la dépendance des USA à l'égard des importations, il est peu probable qu'un retour de la croissance ne se traduise pas par un fort creusement du déficit commercial. Les USA étant toujours libre-échangiste, une croissance US se traduirait rapidement par une hausse de l'excédent chinois, allemand ou japonais or il n'y a rien en vue c'est le calme plat ce qui confirme le baltic dry index.
Bon il est vrai que nos amis américains on fait tourner la planche à bond du trésors à une vitesse jamais vue dans l'histoire il va donc y avoir nécessairement un effet sur la croissance américaine,par contre il y a peu de chance pour que la situation de l'emploi, elle, s'améliore. La dernière fois que les USA ont fait des plans de relances, après la crise de 2001, la croissance était repartie bien plus vite, la dégradation du multiplicateur d'investissement keynésien pour cause de libre-échange semble avoir atteint le point limite aux USA (voir mon texte sur le lien entre le multiplicateur d'investissement et le libre-échange). Les USA sont prisonnier de l'effet 1983, année tristement célèbre en France, où les socialistes se sont aperçus qu'on ne pouvez pas relancer la demande intérieure sans creuser le déficit commercial, grâce au rôle du dollars, les USA ont pu faire durer le suspense plus longtemps, mais çà semble fini. Plus de croissance sans changement de politique commerciale espérons que les américains ne feront pas le même choix à terme que les socialistes français à savoir le chômage et la stagnation plutôt que le protectionnisme.
Le plus drôle dans cette histoire c'est qu'en fait les USA ne se sont jamais vraiment remis de la crise internet, dernière illusion de l'économie post-industrielle. En effet les USA n'ont tout simplement pas créé d'emploi depuis 2000 rien que çà, comme l'a récemment indiqué le Washigton post article commenté ici par Bill Bonner. Donc, en fait, parler de retour à la croissance paraît quelque peu absurde, à la rigueur devrait on parler de ralentissement de la dégradation tant la croissance du PIB américain a été probablement surestimé ces 20 dernières années. Quand on sait que les USA ne sont plus que le quatrième producteur de voiture, la Chine venant de devenir le premier on peut vraiment s'interroger sur la soit disant croissance américaine.
En restant dans les statistiques officielles on s'aperçoit aussi que par exemple les dépenses en construction ont encore baissé de 1.2%, les ventes de maison de 7.6% etc... voir ici. C'est pas terrible pour une économie qui croît à 5.4% sur l'année, bref tout ceci n'est pas très cohérent. On verra dans quelques mois ce qu'il en est vraiment, mais j'ai quelques doutes sur cette croissance.
Il existe également divers indicateurs qui présentent la réalité US sous un autre aspect. Un site célèbre tenu par des économistes indépendants, appelé Shadows Statistics, montre ainsi une évolution bien moins sympathique de l'économie US depuis les années 80. Le site regorge de statistiques alternatives qui montrent une réalité bien moins reluisante et qui ont surtout le bon goût d'être beaucoup plus cohérentes avec ce que nous savons de la réalité de l'économie US, à savoir qu'il s'agit d'une économie droguée à la dette extérieure et à l'impression massive de dollars.
Sur ce graphique on voit clairement une croissance moyenne négative depuis 2000 ce qui explique la position du Washington post disant que les USA n'ont pas créé d'emploi depuis cette époque alors que la population a augmenté fortement. Encore une fois une économie qui connait une croissance du PIB, mais qui ne connait pas de hausse du nombre d'emploi c'est très curieux surtout quand la proportion d'emploi des services est extrêmement élevé comme c'est le cas aux USA. Si encore on avait affaire à une économie industrielle, on pourrait comprendre, les gains de productivité expliquerait la chose, mais tel n'est pas le cas. C'est pour cette raison que le taux de croissance alternatif me semble beaucoup plus proche de la réalité que le taux officiel. Il en va de même pour la France d'ailleurs, notre pays n'ayant pas créé d'emploi depuis 2001-2002, nous avons pourtant officiellement eu une croissance positive et une baisse du chômage.
Quoi qu'il en soit il est clair pour tous le monde que même si la croissance US est repartie elle ne pourra pas durée, la faute à un endettement extérieur et intérieur insoutenable. Les mouvements politiques aux USA sont d'ailleurs entrain de confirmer la monté du pessimisme ambiant, la population US sent bien qu'elle est à deux doigt d'une catastrophe et que son président n'a pas agit dans une perspective à long terme. Des mouvements populistes ne peuvent qu'en profiter, il suffit de regarder cette vidéo pour s'en convaincre du reste:
Les mouvements populistes américains sont sortis renforcés par le discrédit d'Obama et les libertariens que Paul Jorion décrit comme d'extrême droite, risque de peser à l'avenir très fortement. D'autant plus qu'ils mélangent avec talent, comme beaucoup d'extrémistes, le vrai et le faux, à l'instar de Ron Paul qui dit que les USA importe trop de chose, mais qui reste un indécrottable libre-échangiste comme tout bon libertarien. Bien plus qu'économique la crise est en passe de devenir politique et là il n'y a aucun indicateur statistique pour faire semblant de nous rassurer.