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La cérémonie des césars vient de passer montrant irrémédiablement un désintérêt absolu de la population française pour un cinéma français mourant. La dernière grosse production française « Astérix et Obélix l'empire du milieu » démontrant malheureusement le désastre comme l'explique ce critique assez violent vis-à-vis de cette production. Une cérémonie qui ne parle plus de cinéma, mais qui passe son temps à faire de l'idéologie politique grotesque, aux soucis souvent importés de l'autre côté de l'atlantique. Outre le fait que les membres de la grande famille du cinéma sont souvent d'une immense prétention et concentre chez eux tous les défauts des grands bourgeois français avec un mépris social féroce et une haine assez élevée de la nation qui pourtant les fait vivre. Il y a aussi le fait que justement les membres de la famille du cinéma sont fortement aidés par le système du CNC qu'on ne présente plus et qui s'avère être probablement l'une des raisons de la situation présente. En effet comme vous le savez ce blog est attaché à la protection nationale de la production . Vous pourriez alors vous dire que l'auteur de ce blog voit d'un bon œil les subventions pour le cinéma, et bien non. Les subventions sont un protectionnisme extrêmement coûteux qui a aussi des effets délétères s'il est utilisé trop longtemps. On lui préférera généralement les droits de douane et surtout les quotas qui sont à mon humble avis le meilleur protectionnisme administratif qui soit.
En effet qui dit distribution de subvention, dit décision pour savoir qui en bénéficie. Or si une subvention n'est utilisée qu'une fois, pour un projet particulier, par exemple le développement d'une technologie ou d'une structure spécifique utile à l'intérêt général, il y a peu de problèmes qui peuvent arriver. Par contre lorsque les subventions deviennent permanentes, un lien incestueux se crée entre ceux autorisant les subventions et ceux qui les reçoivent. La grande famille du cinéma c'est en grande partie ça. Un système de clientélisme et de rente qui s'est construit lentement autour d'un protectionnisme de subvention qui n'aurait jamais dû perdurer sous cette forme. Une activité qui est nécessaire à la collectivité, mais qui ne peut vivre sans soutien public devrait dès lors devenir en toute logique partie de la fonction publique où elle serait soumise aux contraintes de celle-ci. Mais on voit bien d'une part qu'on ne peut pas dire que le cinéma soit vital, ensuite que la production culturelle n'est pas le rôle de l'état a proprement parlé. L'état peut valoriser la culture et l'éducation, favoriser la production, il ne produit pas la culture en elle-même.
Dès lors, nous devons penser à une autre façon de produire du cinéma. Il faut rafraîchir les têtes et ouvrir la création à un plus large panel que les grandes familles d'acteurs et de producteurs qui font et défont les productions cinématographiques françaises depuis des décennies. Je vais faire mon révolutionnaire, mais il faudrait un peu plus de méritocratie dans la sélection des acteurs et un peu moins de fils et de filles d'acteurs. Si l'on tient en particulier à financer des films français, nous devrions au moins réfléchir à la façon dont l'état et le CNC distribuent ses prébendes. Il existe depuis quelques années déjà des solutions alternatives intéressantes pour financer des projets sans que la décision soit aux mains de quelques personnes, le financement participatif par exemple. L'on pourrait financer des projets en passant simplement par la vox populi du financement participatif, le CNC donnant une subvention proportionnelle aux sommes que le projet participatif arrive à rassembler. L'idée est simple, dans ce cadre-là il sera plus facile de faire sortir de nouvelles têtes et des projets originaux, sans qu'il soit à la base, issue d’une décision arbitraire produite par d'obscures tractations personnelles.
L'autre avantage du financement participatif c'est que les gens qui participent sont en général intéressés par le sujet. En mettant la main à la poche, ils participent à la création d'une œuvre qu'ils espèrent de qualité. Dans de nombreux secteurs, ce type de financement est déjà employé avec succès . C'est le jeu vidéo qui a vraiment fait décoller la chose à partir de 2014-2015. Tous les projets ne sont pas forcément réussis, ou des succès. Mais cela participe globalement à une création autonome et originale. Récemment, un film d'animation japonais qui est une adaptation des « Montagnes Hallucinées » d'Howard Phillips Lovecraft a été financé par un financement participatif. Il devrait bientôt sortir en salle. Preuve que même pour un secteur comme le cinéma et sans subvention, ce type de financement est possible . En France, la très bonne série d'animation «The Last Man » a été en partie financée par du kickstarter (site de financement participatif américain très connu). Il me semble donc qu'une refonte du mode de financement du cinéma français devrait au moins être questionnée dans les plus hautes instances. Nous ne devons pas laisser les Américains continuer à remplir la quasi-totalité de ce que notre population regarde. Il en va de la sauvegarde de notre identité nationale à long terme. Mais la façon dont nous intervenons dans le domaine est aussi importante que sa cause. Déverser de l'argent stupidement sans se demander comment il est utilisé, et la façon dont c'est employé, c'est littéralement gaspiller les ressources de l'état et donc du peuple français.
Pour un site de diffusion national unique et public
L'autre mauvaise nouvelle pour la production culturelle française c'est la disparition de la seule grande tentative de concurrencer les grands distributeurs de série comme Netflix, Amazon ou Disney. Le site SALTO faisait sourire, il était souvent moqué pour son manque de contenu, à titre personnel j'y vois surtout la preuve que le secteur privé français ne pourrait pas faire concurrence à la machinerie américaine. Non par manque de talent, mais bien par concurrence déloyale. Comme à l'époque des débuts du marché des flux vidéo où la première entreprise du genre, Dailymotion française fut balayée par YouTube pourtant arrivé après. La disproportion du marché anglo-saxon par rapport au marché francophone condamnera toute initiative française dans le domaine. Sans une intervention étatique massive, les Américains vont progressivement contrôler la totalité des moyens de distribution des œuvres à vocation culturelle. Et ne croyez pas que ce sera sans conséquence. L'arrivée extrêmement rapide de l’idéologie wokiste qui fait tant parler, est en grande partie le produit d'une influence culturelle de plus en plus palpable sur les jeunes générations. Quand j'étais jeune dans les années 80-90, l'on avait aussi cette influence, mais la France produisait encore des œuvres auxquelles les jeunes pouvaient s'attacher. Aujourd'hui, c'est beaucoup moins vrai. Dans un cadre de concurrence libre, l'acteur qui se développe sur le plus gros marché finit par écraser tous les concurrents. On s'en rend compte dans le domaine logiciel en particulier. Dans les années qui viennent, ce sera probablement la Chine qui nous écrasera. Il est donc primordial de rompre avec cette idiotie de libre concurrence et comprendre que pour pouvoir exister à minima il nous faut nous protéger, car nous sommes petits et faibles. Et ne comptez pas sur l'UE dont le laissez-faire est consubstantiel à son existence, on le voit dans son absence de réaction vis-à-vis des subventions industrielles géantes que les USA ont mise en place récemment.
Encore plus grave à terme, les nouveaux acteurs dominants de la distribution vidéo vont façonner à terme les productions françaises du moment pour les faire correspondre à l'image que veulent les anglo-saxons sur leur propre sol. Les séries et les films français dans quelque temps ne seront plus pensés que pour plaire au marché américain en collant à leurs idéologies et façon de voir le monde. C'est un véritable désastre que de laissez les grandes compagnies américaines contrôler à ce point la production culturelle en France. Cependant étant donné le manque de patriotisme dont font montre nos gouvernants depuis 40 ans ce n'est guère surprenant. Le rôle de la distribution d'œuvre cinématographique et de séries pourrait pourtant être considéré quelque part comme un service public. Car il a un caractère monopolistique. On le voit dans le secteur de la distribution d’œuvre vidéo tant à se concentrer . À la fin il ne restera probablement qu'un ou deux acteurs. Les gens préférant n'avoir qu'un seul abonnement.
L'état devrait donc créer une entreprise publique de distribution de flux vidéo qui aurait comme mission à terme de mettre fin à la concurrence étrangère sur notre sol dans le domaine. Un EDF de la distribution d’œuvre vidéo si vous préférez. L'idée étant de faire en sorte que les Français soient encore maîtres de leur production en termes de série et de film. Il ne s'agit pas ici d'interdire les œuvres américaines, elles pourront toujours être diffusées par ce canal. Mais il est impératif de faire en sorte que le système de production d’œuvres française soit avant tout pensé pour le marché et la culture française. Nous aurions un seul abonnement et les rémunérations des productions se feraient au prorata de l'audience de chaque œuvre. On notera qu'un tel moyen de distribution permettrait aussi de mettre en place nos propres algorithmes de choix des œuvres . On pourrait ainsi mettre en avant des productions pas toujours de la même manière que les fameux algorithmes de recherche de Netflix qui enferme un peu le spectateur dans son univers et le rend peu curieux en réalité. Il me semble qu'il est vraiment impératif de réfléchir à ses questions et de jeter à la poubelle l'éternelle solution libérale . Si nous ne faisons rien, il ne restera strictement rien comme production culturelle française si ce n'est un ersatz de production américaine façonné en France pour faire plaisir aux Anglo-saxons. Tout comme pour l'industrie en général, le libéralisme nous conduit à l'autodestruction.