Malakine vient de sortir un texte sur les médias en réaction au coup de gueule violent que Jean Luc Melanchon a eu à l'encontre d'un apprentis journaliste de Science Po. Et je voulais aborder ce sujet sous un angle différent en présentant deux vidéos qui orienteront la discussion, non pas sur le comment fonctionne les médias actuelles, ou sur le comment les transformer pour qu'ils reprennent le rôle qu'ils devraient avoir dans la société. Mais plutôt de montrer les évolutions futurs du monde médiatique et du monde de l'image et de la culture en générale. En effet la télévision et les média tels que ceux dont parle Malakine dans son texte, font déjà parti du passé. Le mode de production des idées et de la pensée vont petit à petit quitter le champs de la production de masse pour redevenir un champ d'interaction entre des individus apportant chacun leur propre vision des choses.
C'est ce qu'explique ici dans cette première vidéo Bernard Stiegler dans une conférence qu'il a donné en décembre 2007 à l'INRIA. Nous vivons pour lui une transformation extrêmement puissante de la relation entre le producteur et le consommateur et c'est extrêmement vrai dans la sphère médiatique. Il n'y a plus d'un coté les producteurs et les manipulateurs de symboles et l'autre des spectateurs amorphes et impuissants. Il y a des gens qui parlent entre eux de plus en plus, l'évolution sur le net le montre, l'information n'a plus besoin des journalistes, les gens vont directement se renseigner chez les spécialistes qui eux ne passe plus par le filtre journalistique.
C'est ce qu'exprimait mon précédent texte sur l'ADSL et la télévision où je voulais montrer que la technique, qui a créé la télévision et les médias de masse, ces médias qui caractérisent tout le 20 ème siècle depuis le cinéma et la radio, jusqu'à la télévision, est en train de les détruire par l'apparition d'une nouvelle forme de média. Ces nouveaux médias comme le dit très bien Stiegler dans cette vidéo, sont fondamentalement différents des processus de production qui se sont développés avec l'industrialisation et la massification. Ils entrainent, par leur faible coût, une situation où tout le monde peut devenir producteur et consommateur à la fois, une situation où il n'est plus besoin d'argent ou de capitaux pour s'exprimer et produire des idées puis pour les distribuer à grande échelle. C'est là une divergence profonde avec le monde que nous avons connu jusqu'à présent.
Pour Bernard Stigler ce phénomène devrait s'amplifier et toucher à peu près tout les modes de production. Et il faut bien comprendre que ce que décrit Malakine dans son texte, la pensée unique et les mécanismes qui produisent l'effet médiatique et la course à l'audience, sont liées à la standardisation de la production culturelle et journalistique. La standardisation est à la base de la société industrielle moderne et elle s'est malheureusement étendue à la sphère culturelle. En uniformisant la demande vous maximiser les profits et les gains, mais pour uniformiser la demande, il faut uniformiser les désirs des individus. C'est tout le sens de la phrase de Henry Ford, tout le monde peut avoir une ford T dans n'importe quelle couleur, pourvu que ce soit le noir. Ce phénomène c'est produit à l'intérieure de la production journalistique et a ,de ce fait, condamné la pensée et la diversité intellectuelle. Et c'est ce modèle que Stiegler pense condamné avec les nouveaux médias.
C'est ce qui explique le déclin de la presse écrite et la méfiance généralisée envers l'information que produit le système. D'ailleurs cette méfiance touche tout les pays anciennement industrialisée et pas seulement la France ce qui tend à montrer une évolution globale comme le suppose Stiegler. En retrouvant sa capacité à penser et à produire lui même l'information , l'individu ne peut plus se satisfaire d'une purée cérébrale uniforme et univoque. Il veut des choses qui correspondent plus à sa nouvelle culture plus individuel et moins normative. Ce faisant on devrait dans un avenir proche voir une explosion du nombre de lieu d'information avec une grande variété d'opinion c'est ce que l'on constate d'ailleurs déjà sur les blogs. Cette mécanique finira surement par toucher le média télévisuelle comme je l'ai déjà dit ou celui-ci finira par disparaitre ne correspondant plus à l'extrême variété de demande des spectateurs.