Un nouvel article consacré à l'ouvrage de Christophe Guilluy vient de sortir, dépeignant l'analyse originale du géographe sur la situation de la pauvreté réelle en France. On y apprend notamment que 85% des pauvres ne se trouvent pas dans les banlieues sensibles, chose que l'on peut facilement remarquer en regardant une simple carte du territoire avec le PIB par habitant suivant les départements. Ou même en remarquant que le taux de chômage n'est pas forcement proportionnel aux nombres d'immigrés présents dans tel ou tel département. Le fait est que les élites françaises se sont créée une image du pauvre qui n'est pas nécessairement ce qu'elle est en réalité. L'image d'Épinal de la banlieue pauvre et forcement immigrés, face aux riches citadins blancs est une image caricaturale qui correspond en fait plus à la ville nord américaine qu'à la société française. Il faut peut-être voir dans cette imagerie les effets de l'influence américaine et de son armada de séries et de films reflétant la sociologie américaines. De la même manière que les français connaissent mieux le système judiciaire américain que français pour cause d'influence culturelle, ils ont une image sociale de leur pays qui correspond en fait à la sociologie US.
Ainsi le département de la Seine Saint Denis qui se fait toujours remarquer par sa délinquance et par son taux important de population d'origine étrangère, a un taux de chômage de 11.3%. On parle sans arrêt de la pauvreté de ce département qui expliquerait tout ses problèmes, et bien pourtant il y a douze départements qui ont un chômage plus élevé. L'Hérault par exemple, mon département, a 13.5% de chômeurs et les villes les plus pauvres sont souvent exempts d'étrangers sur leur sols. Comme je l'avais expliqué il y a quelques temps dans un texte, tout se passe comme si la pauvreté ne pouvait en aucun cas toucher les français historiques dans la tête de nos élites. Ce phénomène a, semble-t-il, comme explication centrale l'abandon de la question sociale par la gauche française au profit des questions ethniques et communautaires, l'influence de la gauche américaine étant là encore largement palpable. Comme l'expliquait Emmanuel Todd dans "La nouvelle France" une bonne part des études sociologiques françaises sont inspirées en fait des études américaines ce qui fausse complètement l'analyse en collant des réflexions qui n'ont rien avoir avec la réalité de notre pays. Cette exportation culturelle majeure des USA sous la forme d'influence culturo-mondaine est probablement celle qui a fait le plus de mal à la société française. D'autant que l'esprit égalitaire français a bien du mal à imaginer que nos sociétés puissent différer lourdement sur des questions comme la pauvreté, le racisme ou tout autre sujet d'analyse sociologique. Mais dans cette distorsion de la vision du réel, il y a aussi le fait que la gauche française n'assume pas ses choix, en faisant le choix du libre-échange elle a condamné une partie grandissante du pays à l'appauvrissement, chose qu'elle ne veut pas voir. Les immigrés sont donc des pauvres plus logique pour elle, car ils ne sont pas pauvres à cause de la mondialisation mais vraisemblablement à cause du racisme de ces salauds de français. Accepter des pauvres, français de souche, c'est quelque part assumer les dégâts engendrés par les politiques européennes et libre-échangistes.
On peut donc affirmer que le pauvre moyen français est blanc et qu'il vit dans une petite ville de province. Le banlieusard immigrés n'est qu'une exception au sens statistique, et pourtant il canalise tout les efforts des pouvoirs publics. Comme le montre Guilluy en déclarant par exemple que l'on octroie des dotations publiques 1000 fois supérieures aux banlieues médiatisées plutôt qu'aux quartiers pauvres des petites villes de province. Il s'agit manifestement d'une politique inégalitaire qui n'a que pour seule origine l'aveuglement des élites et l'influence de l'idéologie dominante des grands médias. Cette politique nourri pourtant très certainement l'animosité envers les banlieues et donc envers les minorités ethniques que nos élites prétendre par ailleurs défendre. Bien sûr cela ne colle pas également avec l'image de la délinquance forcement fruit de l'inégalité sociale. Car en réalité la pauvreté n'explique pas la violence au quotidien, comme le soulignait le très discuté Xavier Raufer que l'on peut critiquer, mais qui a des arguments tout à fait valides sur le plan logique. En effet les départements les plus pauvres ne sont pas les plus criminels quoiqu'on en dise. C'est d'ailleurs assez insultant pour les pauvres que de les cataloguer comme criminels automatiques en fonction de leur niveau de richesse. La vérité est ailleurs, dans l'éducation, et dans la désocialisation inhérente à la société multiculturelle pourtant vanté par notre gauche au nom du modèle plus américain que français de la diversité. En vérité là est un des problème majeurs pour les élites française reconnaitre le caractère erroné de leur analyse de la société et l'échec du multiculturalisme. Admettre que la pauvreté n'explique pas les désagréments des banlieues, c'est tendre la perche pour se faire battre, plutôt faire mourir le pays que reconnaitre ses erreurs. Cela montre au passage le peu de courage que possèdes nos élites, aux USA par exemple un sociologue américain Robert Putnam a depuis longtemps montré que:
1- Plus la diversité raciale grandit, plus la confiance entre les individus s’affaiblit ;
2- Dans les communautés les plus diverses, les individus ont moins confiance en leurs voisins ;
3-Dans ces mêmes communautés, non seulement la confiance inter-raciale est plus faible qu’ailleurs, mais la confiance intra-raciale l’est aussi ;
4-La diversité conduit à l’anomie et à l’isolement social.
Il s'agit d'une remarque de bon sens que l'on peut faire en allant vivre quelques temps dans les lieux où la diversité est grande. Et voila qui expliquerait que finalement même plus pauvre, l'homme qui vit en province dans un quartier pauvre doit surement mieux vivre son quotidien qu'un salarié plongé dans la diversité et qui aurait pourtant un pouvoir d'achat plus important. La pauvreté des banlieues n'est donc pas l'explication centrale des problèmes des ces quartiers, c'est bien la diversité qui l'est du moins si l'on se fit aux travaux de Putnam. Il est vrai que là encore son étude étant américaine il faudrait la refaire sur le sol français pour avoir une image plus proche de la situation de notre pays en ce domaine. Mais cela réduit par contre l'impact de la question économique qui est au centre de l'analyse de Guilluy, certes la pauvreté est très grandes dans certaines villes de province, mais il semble plus facile de vivre dans un lieu pauvre mais monoculturelle que dans un lieu un peu moins pauvre mais multiculturelle. Mes lecteurs savent que je suis un farouche opposant à l'immigration de masse je m'en expliquait dans ce texte cet été, et bien l'une des raisons c'est cette brutalité réelle que certains ne veulent pas voir celle de l'éclatement de la vie de groupe. Plus il y a diversité plus la solidarité s'étiole et moins on a la possibilité de faire groupe, c'est malheureux mais c'est ainsi. Ce n'est pas un hasard si la remise en cause de l'état sociale suit à la trace la poussé de l'immigration de masse, la solidarité n'est accepté qu'avec les semblables, au-delà d'un certain niveau d'immigration elle sera rejeté. Et l'on se retrouve dans la situation américaine où les pauvres se mettent à voter massivement pour des idées de droite voir d'extrême droite contre l'état sociale.
Pour en revenir à notre sujet de base, la banlieue ne représente pas la pauvreté mais seulement une des ses représentations. Et l'on pourrait faire ici des propositions visant à mettre fin ou à réduire de façon centralisée cette pauvreté et ses inégalités territoriales, mais nous savons bien que les politiques de redistributions ont leurs limites, et qu'elles ne peuvent en aucun cas rétablir une situation à ce point dégradée. Seule une politique de plein emploi pourrait mettre fin à cette appauvrissement des petites villes et des banlieues. Et de toute façon si l'on faisait un comparatif avec le corps humain ces petites villes et les banlieues sont en quelque sorte les extrémités du corps français. L'hémorragie produite par le libre échange touche d'abord la périphérie là ou le sang (la monnaie) circulait déjà le moins vite mais l'hémorragie finira tôt ou tard par toucher l'ensemble du corps. La mort de ces petites villes de ces quartiers ne font en fait que préfigurer la situation de la totalité du pays dans quelques années, quand le cœur de la France aura totalement cessé de fonctionner. Ces villes et ces quartiers sont des symptômes d'un mal qui ronge la France dans son ensemble et ce ne sont pas quelques sparadraps et bandages sociaux qui pourront mettre fin à cette hémorragie. Faire des politiques spécialisées peut sembler au premier abord tout à fait rationnel, mais faire seulement cela revient uniquement à changer l'ordre dans la file d'attente de la misère. On fait passer les jeunes avant les vieux, les étrangers avant les français historique ou inversement, les femmes avant les hommes, les petits avant les grands, mais tout cela ne change rien au fond des choses, c'est à dire à la misère qui s'étend et touche de plus en plus de monde quelque soit le lieu d'habitation. Il n'est plus temps de faire de l'homéopathie sociale, il faut faire entrer le malade France en soin d'urgence et de réanimation. Protectionnisme, relance des salaires, monétisation de la dette publique, sortie de l'euro sont autant de remèdes de cheval pour relancer la mécanique économique du pays. Tout le reste n'est finalement qu'affaire d'intendance la situation des ces villes et quartiers s'arrangeront franchement le jour où nous aurons mis fin au déclin français.