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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 21:35

  EU1900COLONIALIS001.jpgEt bien comme prévu un nouveau plan de sauvetage vient d'être mis en place. Alors cette fois on purge une partie de la dette grecque, reconnaissant ainsi l'impossibilité de remboursement. Cependant, nos élites oublient toujours l'essentiel à savoir la santé économique du pays lui-même. Les dirigeants européens actuels montrent ainsi tout le désintérêt qu'elles ont pour l'économie réelle de leurs pays respectifs tant leurs yeux restent rivés sur les cours de bourse et les notes des titres de dette. Non que cela soit sans importance, tout du moins pour les titres de dettes, mais ils oublient que l'essentiel est ailleurs. C'est la croissance, le taux de chômage ou encore la balance des paiements qui devraient primer sur tout le reste. Or toutes les politiques actuelles ne visent qu'à rétablir des indicateurs pour la plupart secondaires, voire totalement inutiles comme la bourse. Oui, la bourse n'a aucune espèce d'importance pour l'économie réelle, c'est d'autant plus vrai dans le cas français que cela fait longtemps que les multinationales françaises ne font plus d'emploi en France. Qu'elles coulent ou non n'a en fait plus vraiment d'importance pour le pays puisque les usines et les profits ont déjà été délocalisés.  

 

Mais ce qui devrait tout de même un petit peu titiller les oreilles de nos dirigeants ce sont les interventions de nos principaux concurrents commerciaux pour venir "aider" les Européens en "sauvant" l'euro. Ainsi la Chine ou encore les USA s'inquiètent-ils du sort de la monnaie unique. Mais est-ce qu'ils s'inquiètent du sort de ce schmilblick monétaire dans l'intérêt des Européens ou dans leurs propres intérêts? Poser la question c'est évidemment déjà y répondre. Si les USA ou la Chine veulent à tout prix sauver l'euro, c'est avant tout parce que la monnaie unique a démoli la compétitivité des Européens. Et qu'elle a fait de l'Europe un marché que se partagent les autres puissances du monde. Étrangement, on pourrait tout à fait refaire le célèbre dessin que j'ai mis en illustration en remplaçant la victime chinoise par l'actuelle Europe. Les USA, la Chine et les autres grandes puissances émergentes se partageant ce qui fut jadis un grand continent. Au demeurant, cette situation démontre à postériori que ce sont bien les effondrements et les faiblesses internes des civilisations qui ont en partie produit le colonialisme. En effet, les Européens sont à leur tour colonisés à cause de leurs propres stupidités économiques et de l'égoïsme de leurs classes dirigeantes. De la même manière que l’Afrique se fait à nouveau coloniser par l'Asie cette fois simplement parce que les pouvoirs locaux préfèrent importer plutôt que développer une industrie locale. On retrouve le même processus, les peuples sans cohérence et dirigés par des intérêts particuliers finissent sous la coupe de puissances étrangères.

 

Les USA et la Chine au chevet de l'euro

 

On a souvent raconté à nos concitoyens que l'euro s'était fait pour contrer le dollar comme monnaie internationale. S'il est vrai que certains pouvaient en effet espérer une telle chose, il faut bien comprendre qu'en aucun cas une monnaie, quel que soit son poids, ne peut pas à l'heure actuelle remplacer le dollar, pas même le Yuan chinois. Le rôle du dollar est devenu une convention sur laquelle repose toute l'architecture de l'après-guerre. À l'origine ce choix était justifié par le poids des USA dans le commerce et l'économie mondiale. Mais même si ce poids s'est fortement amoindri, le fait est que les habitudes et les multiples dettes et commerces se font en dollars par la force des conventions. Le dollar c'est comme Windows, c'est nul, c'est lent, c'est cher, mais comme tout le monde l'utilise vous êtes obligé de l'avoir sur votre ordinateur si vous voulez avoir accès à la plupart des logiciels qui sortent. Alors il existe des Mac, des Linux, mais tout le monde sait que cela ne fera jamais tomber Windows qui domine par convention. Pour la monnaie américaine, c'est la même chose. La seule chose qui puisse la faire tomber c'est un accord entre les grandes régions du monde pour ne plus utiliser le dollar comme monnaie de réserve et d'échange, nous sommes encore loin d'une telle action collective. Et même un effondrement du dollar pourrait ne pas mettre fin à ce rôle.

 

Mais alors pourquoi les USA interviennent-ils pour sauver la monnaie unique ? Déjà en soi le fait que les USA souhaitent sauver la monnaie unique montre que celle-ci ne représente pas la moindre menace pour leur propre domination monétaire. L'Euro est d'ailleurs en partie une création des USA qui ont toujours appuyé les initiatives visant à unifier le continent. S'ils tiennent tant à l'unité européenne, c'est parce qu'ils savent bien qu'en réalité cette unité n'est qu'une façade, et que cela neutralise les puissances nationales du continent la France et l'Allemagne en l’occurrence. En réalité plus l'Europe s'unifie, moins elle est dynamique économiquement, et moins elle est audible à l'échelle mondiale. La lourdeur technocratique et les divergences d'intérêts paralysant totalement l'action du continent « uni » . Ces divisions facilitent en fait l'influence des puissances extérieures qui jouent alors sur les divisions des Européens forcés de vivre ensemble à cause de l'UE et de l'euro. L'UE a en fait le même rôle que l'ancien COMECON soviétique qui imposait une « solidarité » économique, mais qui permettait surtout à la Russie de contrôler ses satellites. C'est la même chose avec l'UE sauf que les USA restent en dehors de ce gros machin.

 

Cependant, il y a un autre joueur qui vient de comprendre comment fonctionne l'UE. Un joueur qui a compris comment utiliser la bureaucratie non élue et hautement corruptible à son avantage. Il s'agit bien sûr de la Chine. Celle-ci ne s'intéresse guère au fait de contrôler un continent qu'elle estime à juste titre comme probablement décadent et en déclin. Cependant, l'Europe est pour l'instant encore un grand marché d'exportation qui permet de se passer un petit peu du marché US. Les Chinois veulent y écraser la concurrence et s'accaparer la totalité du marché, comme ils le font partout où ils vont, même en Afrique. Ce faisant, avoir une seule monnaie en face d'eux leur facilite énormément la tâche d'autant plus qu'ils ont arrimé leur monnaie au dollar, un dollar qui n'est pas près de remonter face à l'euro. En effet, il leur serait beaucoup plus difficile d'ajuster leur monnaie s'il y avait le franc, le mark, ou la lire en face. Chaque nation européenne ajustant suivant son intérêt sa monnaie au taux de change chinois. La taille du marché européen et de sa monnaie loin d'être des avantages sont en fait des inconvénients. Par exemple, on voit bien que la Suède qui est un petit pays a une monnaie qui s'ajuste. La couronne suédoise a été ainsi dévaluée de 30% pendant la crise ce qui n'est pas étranger à la croissance actuelle du pays. Mais la Chine qui a vu la Suède dévaluer sa monnaie s'est-elle empressée de réagir pour retrouver de forts excédents avec ce pays ? Eh bien non, car la Suède est trop petite pour qu'il soit intéressant pour les chinois de coller à la monnaie de ce pays.

quotes

Evolution du taux de change de la couronne Suédoise. En juin 2008 il fallait 9.4 courrone pour obtenir un euro, en février 2009 il en fallait 11.4. Une dévaluation qui a permis de relancer les exportations locales. 

 

En fait, dans la mondialisation actuelle mieux vaut avoir une petite monnaie et un petit marché que l'inverse. Car les petites nations sont plus libres que les grosses de leurs politiques monétaires. De fait si la France seule dévaluée, il n'est pas certain que la Chine réagirait, le marché français étant quantité négligeable à l'échelle mondiale. Contrairement à ce que nous bassinent les monétaristes européens, la grande taille d'une monnaie et d'un marché n'est pas forcément un avantage, et lorsque l'on regarde la situation des USA on peut se demander si ce n'est pas l'inverse en fait. L'autre intérêt des Chinois au maintien de l'euro en dehors de l'impact sur leur compétitivité en Europe c'est que l'euro leur permet une diversification de leurs réserves monétaires . Cependant, il faut espérer les Chinois finiront par comprendre que ce tas d'excédents commerciaux ne leur servent strictement à rien. Certes, ils vont jouer les gros bras en Europe, mais on ne voit guère ce qu'y gagnent les salariés chinois. Et lorsque leurs clients feront faillite et que le chômage explosera dans l'empire du Milieu, ce n'est pas vers les Européens qu'ira la vindicte populaire chinoise, mais bien vers leurs élites qui auront fait n'importe quoi des devises si chèrement accumulées du peuple chinois.

 

Au final, on voit bien que si le monde entier veut sauver l'euro ce n'est certainement pas pour sauver les Européens. Nous ne vivons pas dans un monde de copains solidaire, la mondialisation c'est la guerre. Une guerre qui a pris la forme de l'économie, mais qui peut encore plus efficacement que les bombardements rayer des civilisations entières de la carte. L'Empire ottoman est tombé en grande partie à cause du libre-échange. La puissante Espagne de Charles Quint fut réduite à néant par l'industrie française, Hollandaise, et Britannique, qui pompèrent les richesses du Nouveau Monde à travers leurs excédents commerciaux avec la superpuissance de l'époque. En se focalisant uniquement sur la dette et sur la sauvegarde d'un système qui en réalité doit être purgé les élites européennes mettent le continent en grand danger. Ce n'est pas simplement notre richesse que nous allons perdre, mais nos libertés en tant que citoyens, et en tant que peuple. Des puissances étrangères viendront demain nous dire comment vivre et organiser nos sociétés simplement parce que nous serons devenus dépendants d'elles par la stupidité de nos dirigeants. Le plan de sauvetage annoncé n'en est pas un, c'est un cas manifeste de haute trahison.

 

Remarque:

 Il y a tout de même quelques américains honnêtes. Krugman a ainsi déclaré que la meilleur chose qui puisse arriver aux Européens c'est l'effondrement de l'euro. 

 

 

 

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commentaires

O
<br /> <br /> D'autres aspects de comparaison concernant la France :<br /> <br /> <br /> http://gestion-des-risques-interculturels.com/pays/europe/france/de-la-fuite-dans-les-idees-revue-de-presse/<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Je crois que nous partageons la même analyse. L'effort en France doit se porter sur la qualité des produits manufacturé en PME. Le reste de nos grandes entreprises comme Alstom, Airbus, nos<br /> cosntructeurs automobiles, etc. sont capables de faire des produits compétitifs et de bonne qualité. C'est dans le chaînon intermédiaire que nous sommes mauvais contrairement aux Allemands.<br /> Concernant la politique Fillon/Sarkozy et le fait de nous servir de la compétitivité allemande à tout bout ce champ, c'est tout à fait juste de dire qu'ils l'utilisent comme un moyen de pression<br /> pour diminuer les salaires, augmenter l'age de retraite et baisser les prestations sociales... c'est à dire tous les moyens pour renforcer la rentabilité du capital et des rentiers !<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> @Grillon.<br /> <br /> <br /> Je suis d'accord. Mais si l'industrie allemande profite de cette excellente image il faudrait peut être voir du côté de la formation. Or notre gouvernement parle de convergence comme pretexte<br /> pour reprendre seulement ce qui arrange nos grands patrons. Si on devait reprendre des choses en Allemagne ce serait la valorisation des emplois techniques dans l'enseignement et la qualification<br /> plutôt que la main d'oeuvre bon marché et l'immigration.<br /> <br /> <br /> Si l'Allemagne a des produits de valeur à exporter c'est bien parce qu'ils ont un heritage industriel et ça c'est pas les regressions sociales de Hartz qui l'ont crée mais des investissements et<br /> du respect pour le travail en atelier. Mais bien sur, c'est pas ce genre de convergence qui interesse Fillon...<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Euro : les économistes anglo-saxons font la moue<br /> <br /> <br /> Une dizaine d'articles d'économistes anglosaxon sur la crise de l'euro.<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Je connais depuis longtemps le Blog de Yann et j'y passe régulièrement. Je n'ai jamais dit que le modèle Allemand était à reprendre, ce que je dis c'est que nous ne pouvons pas nous exonérer d'un<br /> travail sur nos insuffisances. Quand je pointe le manque de qualité de beaucoup de nos produits (j'ai pris l'exemple des machines de sport parce qu'il est flagrant) c'est une réalité. Pourquoi<br /> nos biens industriels sont de moins bonne qualité ? Ce n'est quand même par faute de compétences techniques, nous avons la chance d'avoir des ingénieurs très bien formé en France. Je parle de<br /> l'industrie mais on peut aussi parler du BTP et le constat est le même. Y'a un réel problème qui touche à l'organisation de nos structures de production mais aussi un état d'esprit, nous sommes<br /> latins et de mon point de vue bordéliques et nous manquons de rigueur. Comment expliquer que l'Allemagne exporte dans le monde entier des machines outils et que ce secteur d'activité à quasiment<br /> disparu chez nous ? L'euro à bon dos pour expliquer cette réalité. Un euros fort participe du manque de compétitivité, soit, mais ce dernier a aussi d'autres origines.<br /> <br /> <br /> <br />
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