Le nouveau président français vient donc d'être désigné. Il est mal désigné avec un fort taux de votes blancs ou nuls. À cela s'ajoute un taux participation qui atteint 26 %. Un résultat pas terrible lorsque l'on regarde son adversaire ostracisée jusqu'à plus soif par les médias. J'aurais bien évidemment préféré que MLP atteigne 40 %, mais sa faible prestation lors du débat à dû fortement porté sur ce résultat. Et surtout si Macron a gagné contre Marine Le Pen, il n'est pas réellement devenu président, en tout cas il n'est loin d'être le président de tout les Français. Sa mauvaise élection va peser fortement sur les scrutins qui s’avéreront difficiles pour son mouvement dont on ne sait d'ailleurs pas vraiment la nature de la majorité qui présidera pour lui. Il n'a d'ailleurs pas du tout montré une esquisse de volonté de rassemblement derrière lui. Son programme c'est celui des maigre 24 % de son premier tour, rien d'autre. Cela promet pour l'avenir et la concorde civile. Il veut rassembler ceux qui sont comme lui, c'est un personnage bien de son époque en un sens.
Un président déjà en sursis
La question des législatives va être fondamentale. Non seulement pour savoir si le pays va avoir une majorité, car rien n'est sûr en la matière. L'élection législative est une élection locale avec des personnalités fortement implantée sur le territoire. Si le PS s'est effondré lors de l'élection présidentielle, il fera probablement un meilleur score à cette élection. À l'inverse des mouvements comme ceux de Macron ou celui de Mélenchon peuvent-ils s'implanter dans des élections locales ? C'est un grand mystère. L'autre question pour les législatives sera de connaître l'implantation ou non du FN. Parti extrêmement peu représenté en regard de son poids électoral réel, les législatives resteront un point important pour voir si la stratégie du FN lui permettra d'avoir enfin une représentation à sa mesure. La grande inconnue également sera de savoir si les désistements systématiques du pseudo front républicain fonctionneront encore. Car on le voit ce Front qui a servi à asseoir un banquier d'affaire à la tête de la nation française à nettement moins bien fonctionner cette fois. Il est à parier que la dédiabolisation va continuer son bonhomme de chemin. L'autre question est celle du comportement des partisans de Mélenchon . Nous allons vers des élections législatives avec un jeu à quatre voir cinq joueurs (le PS n'étant pas hors jeu dans les élections locales) et non plus à trois comme on en avait l'habitude.
L'on pourrait très bien se diriger vers une majorité de droite à l'élection présidentielle. Je dirais même qu'une majorité LR à l'assemblé avec un président parfait représentant du néolibéralisme rose bonbon serait un parfait moyen pour décrédibiliser encore plus ces politiques et ces partis politiques. Pour ce qui est du mouvement de Mélenchon ou du FN, il faudra voir quelles seront localement les conditions de désistement. Je vois mal Mélenchon organiser des désistements favorables à Macron après ce qui s'est passé pendant la campagne. De la même manière, je ne vois pas les socialistes ou les partisans de Macron favoriser le mouvement des insoumis. On le voit, l'élection présidentielle n'est pas aussi fondamentale qu'on le croit. En tout cas, elle ne l'est plus parce que la population est profondément divisée. On risque de se retrouver dans les mêmes conditions qui ont mis fin au fonctionnement de la quatrième république. Ce qui prouve que ce ne sont pas tant la solidité des institutions qui tiennent la stabilité d'un régime politique que les rapports de force au sein même de la société. Une société profondément divisée socialement et économiquement peut avoir les meilleures institutions qui soient et finir par se retrouver dans un régime instable et une société bloquée.
Le président de l'autodestruction libérale
Comme je l'avais explicité dans mon texte précédent le premier tour des élections, je persiste à dire que Macron sera le meilleur moyen de radicaliser le pays et de mettre fin justement à la domination du néolibéralisme en France. On pourrait voir ici la politique du pire, ce n'est pas le cas. Il s'agit d'une réflexion à long terme basée sur les rapports de force actuels. Qui plus est, Macron est dévoré par l'hubris comme la totalité de son milieu social. Cette hubris, et la suffisance qui va avec, ne sortait ouvertement que très rarement chez Hollande ou chez Sarkozy. Ces derniers étaient bien évidemment du même moule que Macron que ce soit sur le plan social ou sur le plan des idées. Cependant, ils pouvaient faire illusion, se gausser pendant leur repas des sans-dents tout en faisant des discours sur la gloire de la nation et du peuple français avec des trémolos dans la voix. Il n'y a rien de tout ceci avec Macron. C'est un Tony Blair français avec encore moins de charisme et de retenue. Le simple fait qu'il veuille diriger en grande partie avec le 49-3 montre toute cette suffisance, et ce déni naturel de démocratie qui caractérise les pensées suprématistes. Car oui avec Macron nous avons un vrai extrémiste au pouvoir. Un suprématiste capitaliste de pure souche qui va essayer de déboulonner la totalité de ce qui reste du système social français. Et le pire c'est qu'il le fera avec plaisir en souriant. De quoi réellement attiser la colère des Français. Et réveiller enfin les imbéciles de gauche qui pensent qu'une autre Europe est possible, que finalement le libéralisme rose c'est plus sympathique que ces affreux réactionnaires de la souveraineté.
Macron va se retrouver avec une société bloquée, et dont les blocages proviennent exactement des résultats des politiques qu'ils comptent mener avec assiduité. Je vous rassure cependant malgré sa volonté de saccage, il va vite se retrouver bloqué. D'abord parce que le pays va probablement multiplier les luttes sociales. Luttes qui seront d'autant plus faciles à mener que Macron n'a que peu de légitimité et qu'il semble particulièrement détesté par la France d'en bas. Sa suffisance et son incapacité à réellement cacher ses intentions et son mépris ne feront qu'aggraver encore la réaction d'une population qui reste au fond d'elle même encore attachée à une certaine décence et à un certain respect de l'égalité. Macron, malheureusement pour lui, est un anglo-saxon parlant français, et il a la mentalité qui va avec.
L'autre blocage tout aussi puissant sera sur la question européenne. Macron rêve d'avoir une fusion fédéraliste de l'Europe. Il rêve encore une fois de la réalisation du projet aussi dangereux que ridicule d'une nation fédérale européenne. Il sait comme ses collègues banquiers que le système économique européen actuel ne fonctionne pas. Mais plutôt que de le remettre en cause, il compte bien mettre la touche finale à l'édifice. Le problème que monsieur Macron n'a pas compris, c'est que si la vision d'une Europe fédérale ne s'est pas accomplie, ce n'était pas à cause de ses prédécesseurs franchouillards, mais bien parce que les autres nations et particulièrement l'Allemagne n'en voulaient pas. Ce que veut l'Allemagne actuelle ce n'est pas d'une nation européenne et des transferts de solidarité vers l’Europe du Sud, transferts qu'elle serait d'ailleurs bien en peine de fournir à la hauteur des nécessités. C'est un rééquilibrage des comptes français par la destruction de l'état social français.
L'Allemagne veut détruire la structure sociale française dans ses propres intérêts, car les élites allemandes contrairement aux élites françaises continuent de penser en terme d'intérêt national. Pour elle l'Europe n'est qu'un outil pour servir ses intérêts, rien d'autre. La destruction de l'industrie française met ce pays sous le joug allemand et l'Allemagne qui manque de main-d'oeuvre ne serait pas contre un effondrement social et démographique français pour nourrir son industrie en main-d'oeuvre qualifiée plus facilement absorbable que celle du Moyen-Orient. À cela s'ajoute le fait que l'Allemagne a tout intérêt pour l'instant au maintien de l'euro qui la protège contre la réévaluation monétaire. L'effondrement français a donc deux intérêts à moyen terme pour l'Allemagne. Favoriser une baisse de l'euro, ou au moins le maintient à des taux nettement plus faibles qu'un Mark solitaire. Le deuxième intérêt est de potentiellement faire de la France un fournisseur de main d’œuvre complémentaire pendant quelques décennies.
Contre ce mur-là, il n'y a que le seul fracas qui attend Macron. Du reste étant donné l'image que les élites allemandes ont de Macron, ils comptent bien lui réclamer un maximum d'effort pour lui et la nation française. Le Macronisme va donc très vite plonger dans les profondeurs de l'impopularité. Et l'Europe déjà très impopulaire finira par être vue pour ce qu'elle est une vaste entreprise de pillage pour les intérêts allemands et la grande finance. Dans cinq ans il sera bien difficile de défendre encore l'euro et l'Europe alors que le champion qui devait nous sauver avec plus d'Europe aura au nom de son fédéralisme croupion clochardisait quelques millions de Français supplémentaires . Et cela en n'obtenant rien d'autre que mépris de la part des chefs de l'Empire germanique. Reste à savoir qu'elle sera la réaction des adorateurs du macronisme actuels lorsque leur idole aura failli. Comme l'a dit récemment Guaino dans cette vidéo : « Quand les gens verront qui est MACRON il sera trop tard ! ». Cependant Guaino ne voit pas qu'il s'agit là malheureusement d'un mal nécessaire.
Préparer l’après Macron, pour le rebond national
Même si cette élection peut laisser un goût d'amertume, je tiens quand même à souligner que les idées de nation et de souveraineté ont été nettement en progrès. L'on voit aujourd'hui que l'unité de la gauche qui était encore valable en 2012 ne l'est plus. De son côté le FN a réussi à faire sauter le plafond de verre, quoi qu’en disent certains. Je vois déjà mon collègue Laurent Herblay me dire le contraire alors que cela me semble l'évidence. Si elle veut faire fructifier, son élection Marine Le Pen doit accélérer son changement d'image. En changeant de nom pour son parti. En faisant monter des personnalités comme Phillipot sur le devant de la scène. Il faut délepéniser le FN, si je puis me permettre ce néologisme. Un petit coup à jouer pour les législatives serait de se désister lorsqu'un candidat des insoumis se retrouve en position favorable de façon à bien faire voir que la vraie opposition de notre temps n'est pas la droite ou la gauche, mais entre souveraineté et européisme.
Avant de désespérer comme beaucoup, dites-vous bien qu'en 2012 nous avions un Nicolas Sarkozy contre français Hollande au second tour des élections. Que la question de la souveraineté n'était pratiquement pas abordée et que le système de balancier entre la droite libérale et la gauche libérale fonctionnait encore. Cette fois c'est fini, le système néolibéral a dû jouer franc jeu et mettre en place un candidat rassemblant l'ensemble du libéralisme. Dites-vous bien aussi que le FN et la France insoumise sont de loin les électorats les plus jeunes, l'avenir est devant nous. Il reste évidemment un énorme travail pour faire comprendre la sortie de l'UE et de l'euro. Un travail de persuasion et de compréhension qui doit s'accélérer. Cette solution doit devenir une évidence pour la majorité des Français, mais pour cela il faut bien faire comprendre le lien entre l'euro et les politiques néolibérales. Lien qui n'est pas toujours compris surtout à gauche de l'échiquier politique.