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Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.

Le déficit commercial français de 2022

 

La France enregistre donc un nouveau déficit commercial record. Une fois n'est pas coutume, on entend encore des cris d'orfraie sur le manque de compétitivité française. On a même les vieilles badernes du libéralisme comme Minc ou Attali nous dire que la France est en faillite à cause de l'état comme d'habitude, et des dépenses publiques forcément. Leurs pseudosolutions libérales sont appliquées méthodiquement par nos imbéciles de dirigeants depuis le milieu des années 70, mais c'est toujours la faute des keynésiens ou des marxistes si la situation n'a cessé de s'aggraver. Leur discours pouvait encore faire illusion au début des années 2000, mais maintenant on ne peut plus avoir que de la pitié pour ces penseurs fantoches qui ont tout échoué intellectuellement, mais qui ont quand même bien réussi leur carrière de parasite à la tête des conseillers de la nation. Car la situation française actuelle est bien leur bébé. Depuis Raymond Barre la France pratique une politique de libéralisme non assumé à la tête de l'état. Officiellement, l'état français a continué à faire de la communication interventionniste, mais c'est bien le dogme du laissez-faire qui a prévalu dans la praxis jusqu'à aujourd’hui. L'interventionnisme étatique se réduisant en réalité depuis Mitterand à éponger les dégâts du laissez-faire macroéconomique. Voir les aides sociales, le chômage et la sécurité sociale comme étant à l'origine de notre misère c'est inverser les causes et les conséquences.

 

Car de la protection sociale nous en avions bien avant les aventures libérales sans que cela ne cause à l'époque de telles difficultés macroéconomiques. Discutions-nous en France à l'époque du général de Gaulle du coût invraisemblable de la sécurité sociale ? Ou des dépenses publiques pour l'éducation ? Non bien évidemment parce qu'à l'époque on réglait les questions commerciales avec des mesures commerciales. On pratiquait le protectionnisme et la dévaluation. Je rappelle pour ceux qui pensent que de Gaulle était attaché à la monnaie forte qu'il a dévalué deux fois en 58 quand il est arrivé au pouvoir. En créant le nouveau franc, il a au passage camouflé une double dévaluation de plus de 30% à l'époque et heureusement qu'il l'a fait. Le pays ne s'est alors jamais si bien porté d'un point de vue économique. Quoiqu'il en soit la situation actuelle n'est pas le fruit d'une fainéantise française, des 35 heures, de la retraite à 62 ans ou d'autres pseudos arguments de ce genre. Il est le fruit d'une monnaie qui est structurellement mauvaise pour la France, car elle nous colle à notre principal ennemi économique l'Allemagne. Et à une politique commerciale de libre-échange qui est incompatible avec l'existence de nos politiques sociales. Mais les tristes clowns du néolibéralisme se gardent bien de vous mettre les arguments dans ce sens .

 

Le libéralisme sous contrainte telle est la meilleure description de leur méthode politique. Ils ont créé des contraintes qui conduisent mécaniquement les pays à pratiquer le libéralisme. Dans les années 70, les économistes néolibéraux ont créé des contraintes qui auront pour seule conséquence la destruction de nos systèmes sociaux. C'était là d'ailleurs leur seul but. Il n'a jamais été question d'accélérer la croissance ou de créer de l'emploi, bien au contraire même, le chômage est nécessaire à la casse de l'inflation selon leur théorie ridiculement malsaine du NAIRU. Le libre-échange a cassé le salarié français, mais il a aussi cassé les politiques sociales. Comme nous en avons parlé dans le texte précédent sur l'agriculture quand vous mettez des pays inégaux dans des conditions d'égalité, vous créez de facto les conditions pour la destruction du pays désavantagé. Dès lors dans le cadre du libre-échange, les shadoks que sont nos dirigeants ne voient plus comme solution que la destruction des avantages sociaux pour réduire le coût du travail. La liberté de circulation des capitaux, elle, visait à détruire la fiscalité pour les plus riches en conduisant mécaniquement à une guerre fiscale entre les pays visant à attirer les riches et les multinationales maintenant libérés des contraintes nationales. Et cela a marché, les riches payent de moins en moins d'impôt, et les multinationales plus du tout. Il est donc primordial de bien comprendre que la meilleure attaque contre cette idéologie mortifère n'est pas de critiquer telle ou telle mesure libérale violente, mais de s'attaquer au cadre néolibéral qui conduit à ces politiques présentés comme sans alternative. Car effectivement dans un cadre libéral il n'y a pas d'alternative, en effet c'est surtout le cadre qu'il faut changer.

 

 

Une désindustrialisation qui vient de loin

 

La désindustrialisation française qui a produit cet énorme déficit commercial vient de loin. C'est comme je l'ai dit le résultat d'une lente agonie sous les contraintes de l'idéologie libérale. Tout commence en fait au milieu des années 70 sous Giscard. L'abandon du tarif extérieur commun européen et les effets de modes ont conduit petit à petit l'état français à abandonner les politiques de régulation macroéconomiques d'après guerre. Il y a eu également un désintérêt progressif pour l'industrie . Alors certains y verront le manque de culture scientifique chez nos élites dirigeantes et ce n'est pas totalement faux. Le fait qu'on ait pu avoir des dirigeants de grandes entreprises pensant créer des entreprises de pointes sans usine comme Serge Tchuruk avec Acatel montre qu’effectivement il y a en haut de la pyramide sociale une incompréhension du fonctionnement concret de l'industrie et de la science. Mais si la bêtise des dirigeants français fut grandement nourrie par leur incompétence techno-scientifique, elle le fut surtout par l'abandon progressif de la question industrielle elle-même. Dans les années 70, ils ont réellement cru que les services allaient remplacer l'industrie. Comme ils ont cru que l'industrie avait remplacé l'agriculture. Ils ont confondu le poids dans le PIB avec l'importance stratégique des activités en elles-mêmes. Même si une activité ne représente que 0,001% de votre activité si elle est vitale pour l'autonomie nationale, il faut la conserver à tout prix. C'est une chose que les petits comptables que sont les néolibéraux n'ont jamais vraiment comprise.

 

 

Quoiqu'il en soit, la France a maintenant un déficit de 164 milliards d'euros en 2022. Un véritable record, et si l'énergie a fortement influé dans la balance, près de 50% de la hausse du déficit est imputable à ce secteur. Le reste de l'augmentation concerne les biens manufacturés. Plus inquiétant, pour nos douanes, la hausse est imputable à la dévaluation de l'euro en grande partie. Autrement dit, la dévaluation ayant renchéri le prix des importations, le poids global des importations a augmenté sur la balance commerciale. Ainsi même si les autres pays de la zone euro pèsent lourdement sur la balance commerciale française , la majorité de notre déficit extérieur se faisant avec les autres membres de la zone euro, cette année, la dévaluation de l'euro a provoqué une forte hausse de notre déficit vis-à-vis de l'extérieur de la zone euro. C'est particulièrement vrai avec l'Asie et la Chine. Autrement dit la France est tellement désindustrialisée qu'une aubaine comme une dévaluation ne permet plus à des entreprises locales de se substituer aux importations en devenant moins chères. En effet, pour se substituer à des importations, encore, faut-il que ces entreprises existent. L'aggravation du déficit commercial sur les biens en période de dévaluation est extrêmement inquiétante.

 

La France est donc désormais dans le même cas que les USA ou la Grande-Bretagne. Un pays qui n'a plus de substance industrielle et pour lequel les dévaluations n'ont plus les effets qu'elles auraient encore pu avoir il y a quelques années. On peut le dire, l'heure est grave . Cela ne signifie pas que les dévaluations n'auraient plus du tout d'effet, mais qu'à court terme l'effet principal serait d'abord la baisse de la demande locale bien avant la relance de la production nationale. On le voit ici, la réindustrialisation nécessitera bien plus que des dévaluations et même des mesures protectionnistes. Il va nous falloir une véritable politique de planification industrielle. Nous sommes allés trop loin dans l'hypertrophie du secteur tertiaire et dans la désindustrialisation pour jouer simplement avec les manettes macroéconomiques pour pouvoir redresser la barre. Enfin comment ne pas apprécier ce dernier graphique de la part de la France dans le commerce mondial des exportations de biens ? C'est une illustration des effets calamiteux de notre entrée dans la zone euro, nous sommes passés de 5% à seulement 2,5% en à peine 20 ans .

 

 

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