Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
Nous sommes donc en route pour la dernière phase électorale et il semblerait que la stratégie des castors de gauches ait encore fonctionné puisque la possibilité d'une majorité claire du RN s'éloigne de plus en plus. La multiplication des désistements en faveur du centre ou de la gauche semble favoriser en théorie le recul du RN. Je dis bien en théorie parce qu'il n'est pas certain que la population adhère complètement à ce petit jeu. Il pourrait même y avoir une forte hausse de l'abstention pour ce second tour, la population étant probablement lasse de ces stratégies grotesques de front républicain. Demander à un électeur d'LFI de voter pour un représentant de Macron après tout ce que LFI a sorti sur macronisme, tout ça pour lutter contre un fascisme largement imaginaire, c'est quand même beaucoup demander. Mais à ce stade on peut se demander plusieurs choses: est-ce que la stratégie de Macron était de rendre le pays ingouvernable ? Est-ce qu'il n'avait aucune stratégie, et qu'il n'a agi que sous une impulsion infantile en réaction à la défaite aux Européennes ? Ou bien a-t-il fait tout ça en comptant arnaquer la gauche et retrouver au final une certaine majorité en jouant encore à sur la stupidité des castors en lutte contre le fascisme imaginaire ?
L'hypothèse la plus faible à mon avis c'est celle qui consiste à penser que Macron n'avait aucune stratégie derrière cette dissolution. C'est effectivement un personnage impulsif, souvent grotesque et orgueilleux, certainement sans aucune appétence pour l'intérêt national français et encore moins pour les gens ordinaires. Il ne s'en ait d'ailleurs jamais vraiment caché. On se souvient tous de ces propos incroyablement réactionnaires sur les gens qui sont et ceux qui ne sont pas. Cependant, ce détachement complet vis-à-vis de l'intérêt national ne signifie pas pour autant qu'il est stupide. Sur le plan collectif, il l'est bien évidemment, mais pour défendre ses intérêts à lui et ses idées bien arrêtées, il fait preuve d'une grande ténacité. C'est d'autant plus vrai qu'il a visiblement un ego assez surdimensionné et que l'erreur de sa part est simplement inimaginable. Enfin de son point de vue. Il semble d'ailleurs que cette dissolution était prévue de longue date. On vient même d'apprendre qu'il l'avait dit à son père deux mois avant. On pourrait dire qu'il s'agit ici d'une stratégie qui pourrait être mise en place pour couvrir la réalité, mais je ne le crois pas. Bon, ici il n'y a pas de preuve concrète, ce n'est qu'un avis personnel. Mais je pense quand même que tout ceci n'est pas le fruit d'une réaction épidermique au lendemain des Européennes quoiqu'on pense du bonhomme.
L'autre hypothèse bien plus probable à mes yeux c'est qu'il a voulu rebattre les cartes pour lutter contre sa perte de pouvoir et préparer la prochaine élection présidentielle pour son camp. S'il parvenait à mettre en place des « réformes » grâce aux nombreux 49.3, la situation n'était pas vraiment des plus reluisante, et il risquait à tout moment une motion de censure, ce qui aurait produit cette dissolution. Là il a choisi le moment de la dissolution, le pire moment possible possible d'ailleurs, empêchant tout débat de fond en lançant le vote quelques semaines seulement après les Européennes. Il a donc choisi l'agenda qui était à son avantage, du moins le supposait-il. Il est certain qu'il n'imaginait pas que son parti allait l'emporter. C'était une évidence statistique. On peut d'ailleurs se demander s'il n'a pas tout fait pour perdre préalablement avec une qualité de campagne aux Européennes des plus médiocre. On ne peut pas dire que Valérie Hayer ait fait sensation. Donc vous allez me dire que c'est stupide, il a dissous pour avoir moins de pouvoir qu'avant en faisant exprès de perdre ? C'est qu'en mettant un de ces adversaires au pouvoir pendant trois ans dans une situation économique très dégradée avec un pays surendetté il compte sûrement faire rebondir le camp européiste ainsi pour les présidentielles.
C'est assez simple en fait. À partir du moment où vous savez que rien n'est possible au sein de l'UE, j'entends par là, rien d'important. Il est en effet impossible de réindustrialiser, impossible de faire du protectionnisme, et bien sûr impossible de dévaluer comme nous ne maîtrisons même plus notre monnaie. À partir de là n'importe quelle formation politique qui arrive au « pouvoir » se retrouve de fait coincée par les règles européennes. Dès lors, elle ne peut tenir ses promesses électorales et se retrouve vite en porte à faux avec son électorat. Il n'y a pas à chercher beaucoup plus loin l'origine de la chute systématique des pouvoirs en place de droite ou de gauche. Ils sont simplement décrédibilisés par l'exercice du pouvoir, puisqu'en réalité le pouvoir ils l'ont cédé collectivement à des puissances tutélaires que sont l'UE et la BCE. Macron s’appuie simplement sur cette mécanique pour préparer le retour de son camp pour les prochaines présidentielles. Son camp ce n'est pas nécessairement lui-même ou Renaissance, mais simplement le camp de l'extrême centre, celui qui nous dirige d'une main de fer depuis Giscard. Le camp de la construction européenne et celui de la déconstruction nationale. L'idée derrière la dissolution fut donc simplement de décrédibiliser les fausses oppositions de gauches ou de droite en les mettant dans une situation où elles seront au pouvoir sans l'avoir complètement puisque par exemple elles ne pourraient pas faire de référendum puisque seul le président le peut. Il me semble que cette hypothèse est la plus vraisemblable des trois.
La dernière hypothèse, la plus inquiétante, est une évolution de la seconde. Cette fois c'est un pari sur le blocage du pays. Aucun groupe n'ayant une majorité réelle, le pays se retrouverait donc un peu bloqué. C'est d'ailleurs ce qui semble devoir advenir si l'on peut se fier aux évaluations actuelles. Cela ne veut pas dire qu'aucun gouvernement ne peut se former, mais que celui-ci ne pourra vraiment pas faire grand-chose sans risquer là encore des motions de censure. Dans ce cas là il n'est pas certain que le groupe au pouvoir se retrouve décrédibiliser puisqu’effectivement il n'aura pas vraiment le pouvoir. Cependant, la situation du pays est telle que cela pourrait être une opportunité pour les instances internationales d'intervenir en France. La France est dans une situation économique très compliquée et ce fait est le fruit des politiques de Macron très clairement. Là encore, on pourrait y voir de la maladresse et de l'incompétence. Mais on peut aussi imaginer qu'il s'agissait en fait d'une action volontaire pour mettre le pays dans une situation où il tomberait en cessation de paiement. La récente dégradation de la note de la dette publique française montre que les marchés financiers commencent à douter de celle-ci. D'ailleurs, le ministre allemand des Finances a bien indiqué récemment qu'il ne souhaitait pas que la BCE soutienne la France si les taux d'emprunt explosent. Cela veut bien dire ce que cela veut dire. Connaissant le poids de l'Allemagne dans la direction des affaires européennes, cela signifie qu'il considère que la France doit être traitée comme la Grèce en 2008-2010.
Si nous étions légèrement complotistes, nous pourrions dès lors comprendre tout le sens de la présidence d'Emmanuel Macron. Il n'était pas là pour redresser directement le pays, mais pour au contraire le couler. Sachant qu'il ne pouvait pas réellement appliquer les recettes néolibérales qui sont par exemple en train de démolir l'Argentine, il a cherché à mettre le pays dans des conditions qui mettrait le pays sous tutelle étrangère. Et là effectivement si le pays ne peut plus emprunter sur les marchés financiers tout en ne maîtrisant même pas sa monnaie l'état serait pieds et mains liées. Cela ressemble à du machiavélisme sans le sens de l’intérêt de la nation, mais cela fait sens. C'est d'autant plus plaisant comme explication qu'Emmanuel Macron vient du monde bancaire et de la finance. Alors il s'agit là bien sûr d'une reconstitution a posteriori. Il s'agit d'un piège intellectuel fréquent qui peut faire tomber justement dans le complotisme. Mais ce n'est pas à ignorer totalement surtout si l'on se souvient des dépenses délirantes que notre président théoriquement libéral depuis qu'il est au pouvoir.
L'hypothèse d'une France sous tutelle du FMI et de l'UE
Alors est-ce que la mise sous tutelle est possible ? Et bien malheureusement c'est possible et cela risquerait de très mal se passer. Ces tutelles sont en réalité des événements qui permettent à des acteurs privés de piller les nations. Sous la prétention de mettre de la bonne gestion dans les pays concernés, on voit généralement de grands groupes piller les structures des nations concernées par ces tutelles. Le FMI n'a jamais sauvé aucun pays et les politiques qu'ils préconisent enfoncent généralement les pays dans des crises encore plus graves. La Grèce est aujourd’hui un pays meurtri, fortement affaibli par les recettes du FMI. Mais par contre beaucoup de gens se sont enrichis grâce à ça. Si la France se retrouve sous tutelle du FMI, les grands groupes privés, surtout américains, se feront une joie de détruire nos systèmes sociaux et de récupérer tout ce qui est potentiellement rentable. Les retraites françaises ou le système de santé une fois privatisés produiront des rentes importantes pour Blackrock et compagnie.
La France ainsi gérée rentrerait dans le rang et fournirait un système extrêmement inégalitaire comme les aiment nos bourgeois des centres-ville, même ceux qui votent à « gauche ». Alors vous allez me dire, mais les Français se révolteront. Et bien les Grecques se sont révoltées, énormément d'ailleurs. Mais le système politique qui favorise le centre a tout bloqué. Et finalement les rentiers locaux ont réussi à imposer les cures néolibérales grâce à la sacro-sainte nécessité de rester dans l'UE et l'euro. Je ne vois pas très bien pourquoi cela se passerait différemment en France. Car pour éviter une telle situation, il faudrait réellement faire appel à un surmoi patriotique. On voit bien que la majorité de la population n'a plus cet attachement à la nation, y compris au RN. C'est un patriotisme très superficiel. Or il faut un vrai attachement à l'intérêt national pour affronter ces pillards financiers. Il faut être capable de nationaliser les banques, de contrôler les frontières, des capitaux, et de refaire une monnaie nationale en envoyant se faire foutre la BCE, le FMI et la Commission européenne. Cela n'a rien d'impossible, mais il faut de gens avec une vraie colonne vertébrale intellectuelle et patriotique pour ça. Et je n'en vois guère chez nos politiciens actuels.
Après ce scénario n'est pas certain non plus. On pourrait tout aussi bien se retrouver avec une politique Macron bis menée par un gouvernement mélangeant le centre et la gauche pseudorévolutionnaire. Cependant, tout ceci ne fera que reculer le temps de la clarification nécessaire. La France arrive à un temps où des choix cruciaux doivent être faits. Vouloir rester dans l'UE et l'euro tout en maintenant notre système social et économique va devenir impossible. On ne peut plus camoufler les contradictions économiques avec l'endettement. Soit on reste dans l'UE et alors il faut accepter le néolibéralisme et détruire notre système social. Cela peut être fait par l'extrême centre ou une tutelle de l'UE ou du FMI. Soit la France garde son système et rompt avec l'UE et l'euro moyennant quelques années difficiles quand même parce qu'il faudra de toute manière rééquilibrer la balance des paiements. Depuis les années 70, le centre mou a décidé de ne pas décider en faisant l'Europe tout en évitant de trop en appliquer les conséquences directement. L'euro nous a ainsi totalement désindustrialisé et pendant ces vingt dernières années nous avons accumulé d'énormes dettes publiques et extérieures. On ne peut plus continuer comme ça. C'est ce choix-là qui devrait être au centre des débats électoraux, mais le système médiatique fait tout pour l'éviter. Les prochaines années vont pourtant devoir trancher sur cette question centrale la soumission définitive ou la souveraineté nationale.