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5 décembre 2024 4 05 /12 /décembre /2024 14:58

 

Ce qui devait arriver arriva, le gouvernement de Michel Barnier est tombé sous les coups de l'opposition. C'était pour ainsi dire inéluctable puisque ce gouvernement n'avait rigoureusement aucune légitimité électorale. Que va-t-il se passer maintenant ? Grande question, la logique de l'intérêt général voudrait qu'Emmanuel Macron démissionne puisqu'il n'a en réalité plus aucune légitimité ni aucun pouvoir pratique, mais s'il devait le faire, il l'aurait fait au lendemain de sa défaite aux législatives. Le sens des institutions de la cinquième république a de toute façon été complètement perdu depuis quelques décennies déjà. Rappelons-nous Mitterrand qui ne démissionna pas lors de sa défaite aux législatives de 1986. Le sens des institutions aurait dû pousser Mitterrand à une élection présidentielle anticipée, il ne le fit pas, et cohabita avec la droite. Même chose sous Chirac en 1997, je m'en souviens, c'était ma première élection en tant que personne majeure.

 

Là encore, Chirac qui pourtant se prévalait du gaullisme ne démissionna pas. Il cassa même un peu plus la constitution en mettant l'élection présidentielle à 5 ans au lieu de 7 ans. C'était pour éviter les cohabitations, disait-il, on voit à quel point cette stratégie a bien fonctionné. Car c'est l'autre problématique de nos institutions, chaque gouvernement a voulu y apporter ses petites touches de façon à faire prévaloir ses petits intérêts électoraux à court terme sans jamais vraiment se demander pourquoi les lois ou le cadre qui avait été institué avaient cette forme. On ne devrait pourtant toucher les institutions que de la main tremblante, surtout lorsqu'elles fonctionnent comme ce fut le cas pendant un certain temps. Mais ils n'ont pas cassé la cinquième république à grand coup de marteau, ils l'ont grignoté petit à petit tels des termites. Et aujourd'hui, on s’aperçoit que le bois est creux et que la structure du bâtiment républicain est au bord de l'effondrement avec un égotique en haut du toit qui crie à qui veut l'entendre « Qu'ils viennent me chercher ! »

 

Au demeurant, on remarquera que les « élites » françaises ont coulé nos institutions de la même manière qu'elles ont détruit le système économique d'après guerre, à pas feutré, dans les couloirs des ministères et sans jamais ouvertement dire ce qu'elles faisaient aux électeurs. Là est à mon avis le cœur du problème actuel. L'image désastreuse des hommes politiques français est à mettre en parallèle avec leur cynisme permanent et leurs doubles discours. On feint l'indépendance nationale et la souveraineté dans les discours au parlement ou à la télévision française pour ensuite s’asseoir sur les intérêts français une fois au parlement européen en faisant de grand sourire à madame Von der Leyen. Si cette stratégie déjà ancienne fonctionnait pendant les heures de gloire de l'européisme des années 80-90, c'est beaucoup moins vrai aujourd'hui. Grâce à internet, aux réseaux sociaux et aux médias alternatifs, même les plus naïfs, des Français commencent à comprendre qu'on se fout littéralement de leur gueule à droite comme à gauche.

 

Comprenons-nous bien. Si l'UE et l'euro sont bien des camisoles de force qui ont été conçues pour imposer des politiques libérales dont les Français ne voulaient politiquement pas, elles ne sont pas arrivées là par l'action du Saint-Esprit. Ce sont bien nos hommes politiques qui ont participé à cette forfaiture et ils savaient très bien ce qu'ils faisaient. Rappelons que l'euro, même l'Allemagne n'en voulait pas, ce sont les hommes politiques français qui ont multiplié les garanties et les offres alléchantes pour que Berlin se laisse tenter par l'aventure absurde de la monnaie unique. Nous nous retrouvons donc, nous français, comme ayant le pays le plus endommagé par la construction européenne avec nos amis italiens, alors même que ce sont nos propres élites qui ont conçu cette machine infernale. Et le problème de trahison vient de loin. Comme j'aime à le faire remarquer, c'est sous De Gaulle que les premières pièces de la contrainte économique néolibérale furent mises en place.

 

Le nœud gordien de la souveraineté économique

 

En effet après-guerre le libéralisme économique était complètement discrédité. Il faut dire que les gens avaient pu apprécier l'efficacité du marché pendant la crise de 1929 puis les effets des interventions étatiques dans le redressement économique sous Roosvelt et malheureusement sous Hitler. Bref, le libéralisme en tant que doctrine n'avait plus la cote. On lui a préféré l'interventionnisme modéré de Keynes. Ne négligeons pas non plus les effets de la pression soviétique qui dans un premier temps connaissait des croissances monstrueuses qui dans les années 50-60 faisaient peur aux capitalistes de l'ouest. Mais si le libéralisme n'avait plus d'intérêt en public, ce n'était pas la même chose chez une partie des élites en particulier en France. Rappelons que l'un des grands conseillers économiques du général de Gaulle était Jacques Rueff. Si de Gaulle était un interventionniste, ce n'est pas du tout le cas de son conseiller économique.

 

L’œuvre de De Gaulle et du Conseil national de la résistance ne sera donc pas détricotée dans les urnes par un débat public, mais en en silence, de façon souterraine par nos élites qui rejetaient en réalité la nouvelle organisation économique héritée de la Seconde Guerre mondiale. C'est la très grande différence entre le néolibéralisme anglo-saxon et le nôtre. Celui des pays anglo-saxons fut affirmé et il a eu du poids politique. Margaret Thatcher et Reagan ont été élus avec des programmes ouvertement néolibéraux. En France au contraire le début du néolibéralisme fut exercé en cachette, car la population du pays était beaucoup plus rétive à la globalisation et à la dérégulation économique. C'est ce qui explique en réalité la précocité du néolibéralisme français et sa forme très spécifique par rapport à d'autres. En particulier le fait que certains pensent que la France est un pays de gauche, voir d'extrême gauche parce qu'elle a de grosses dépenses étatiques. Ne comprenant pas que cette dette est surtout le résultat des dérégulations macroéconomiques entamées dans les années 70 et aggravées par le franc fort puis l'euro. En France, on peut dater le retour du libéralisme dans la décision arbitraire qui mit fin au financement de l'état par le circuit du trésor en 1967.

 

C'est-à-dire avant l'arrivée de la vague néolibérale des années 70-80. Pourquoi est-ce que cette décision fut importante ? Essentiellement parce qu'elle conditionne la suite des affaires publiques. En effet en supprimant le circuit du trésor vous obligez l'état à emprunter sur les marchés financiers, et donc in fine à emprunter avec des intérêts plus ou moins gros suivant les critères arbitraires du marché. Toute l'idée de ce traquenard libéral était de contraindre les politiques économiques par la sanction du marché, la croyance libérale étant que le marché sait toujours mieux que tout le monde ce qui est bon ou pas pour l'économie. Les libéraux avaient toujours en tête cette idée centrale de dépolitiser l'économie, et donc de faire en sorte que l'état en aucun cas n'intervienne dans ce domaine. Et l'imposition de la politique d'emprunt sur les marchés financiers fut la première camisole mise en place. Tout le reste des politiques économiques des années 70 jusqu'aux années 2000 se résuma à un accroissement constant des contraintes économiques sur les états. La dernière camisole fut l'euro, outil terminal de la dépolitisation de l'économie. Évidemment si plus aucun choix économique n'est possible, à quoi servent donc les élections ? Je l'ai déjà dit, mais le libéralisme économique est tout simplement antidémocratique par nature, et donc illibéral sur le plan politique. Nous en avons une démonstration par l'absurde en Europe, où le libéralisme a accouché d'un monstre oligarchique absolu.

 

Au final, le néolibéralisme est allé beaucoup plus loin en Europe qu'aux USA. Et paradoxalement, c'est probablement l'existence de politiques sociales en Europe qui ont permis au néolibéralisme d'aller beaucoup plus loin dans la déconstruction des politiques économiques publiques. En effet, les politiques sociales ont empêché l'explosion des inégalités comme les USA ont pu les connaître. Cela a rendu la dérégulation plus soutenable politiquement parlant, l'effet secondaire étant l'explosion des dettes et des déficits publics. Et Washington a quand même gardé l'instrument monétaire pour réguler les crises, ce qui explique des taux de croissance moins rachitiques qu'en Europe et des redémarrages plus rapides lorsqu'il y a des crises. Mais le plus gros avantage pour les USA fut que le globalisme y a été un choix assumé politiquement. Et comme ce fut un choix assumé, revenir dessus politiquement fut en fait assez simple. L'élection de Trump qui est officiellement un protectionniste ne choque pas vraiment les Américains qui pensent qu'il s'agit simplement d'un choix contraire à ceux qui ont été faits à l'époque de Nixon. Les Américains, à juste titre, pensent que le libre-échange a fait beaucoup de dégâts chez eux, ils reviennent donc sur ces choix. On reste ici dans un contexte politique et donc démocratique.

 

Mais en Europe et en France en particulier, ces choix n'ont jamais été faits par les hommes politiques, du moins ouvertement. Aucun homme politique français n'est arrivé au pouvoir en criant on va tout déréguler, ouvrir les frontières commerciales, et cela va être formidable. On a eu des candidats libéraux qui n'ont jamais eu beaucoup de succès électoraux. Il y a bien eu le vote sur le traité de Maastricht, mais le libre-échange et la dérégulation financière avaient été instaurés avant sous l'Acte unique européen avec Jacques Delors comme seul décideur français. Cette façon d'imposer des politiques en catimini est au cœur du problème institutionnel actuel. Les Français dans leur majorité ont compris que les dirigeants faisaient ce qu'ils voulaient sans jamais tenir compte de la volonté populaire. Aux USA on peut croire encore en la politique, en France et en Europe c'est beaucoup plus difficile. Et avec Macron cette réalité est arrivée à produire une forme d'apoplexie nationale. Je pense qu'il ne reste plus que le renversement de régime politique pour nous en sortir. Tous le personnel politique et les hauts fonctionnaires doivent être licenciés et remplacés. Nos institutions doivent être repensées, la constitution réécrite. Et tout cela en prenant en compte la nécessité de rompre avec l'UE et l'euro. Je vois mal le processus électoral produire une telle rupture à moins d'un miracle. Mais je ne crois pas aux miracles.

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4 juillet 2024 4 04 /07 /juillet /2024 15:24

 

Nous sommes donc en route pour la dernière phase électorale et il semblerait que la stratégie des castors de gauches ait encore fonctionné puisque la possibilité d'une majorité claire du RN s'éloigne de plus en plus. La multiplication des désistements en faveur du centre ou de la gauche semble favoriser en théorie le recul du RN. Je dis bien en théorie parce qu'il n'est pas certain que la population adhère complètement à ce petit jeu. Il pourrait même y avoir une forte hausse de l'abstention pour ce second tour, la population étant probablement lasse de ces stratégies grotesques de front républicain. Demander à un électeur d'LFI de voter pour un représentant de Macron après tout ce que LFI a sorti sur macronisme, tout ça pour lutter contre un fascisme largement imaginaire, c'est quand même beaucoup demander. Mais à ce stade on peut se demander plusieurs choses: est-ce que la stratégie de Macron était de rendre le pays ingouvernable ? Est-ce qu'il n'avait aucune stratégie, et qu'il n'a agi que sous une impulsion infantile en réaction à la défaite aux Européennes ? Ou bien a-t-il fait tout ça en comptant arnaquer la gauche et retrouver au final une certaine majorité en jouant encore à sur la stupidité des castors en lutte contre le fascisme imaginaire ?

 

 

L'hypothèse la plus faible à mon avis c'est celle qui consiste à penser que Macron n'avait aucune stratégie derrière cette dissolution. C'est effectivement un personnage impulsif, souvent grotesque et orgueilleux, certainement sans aucune appétence pour l'intérêt national français et encore moins pour les gens ordinaires. Il ne s'en ait d'ailleurs jamais vraiment caché. On se souvient tous de ces propos incroyablement réactionnaires sur les gens qui sont et ceux qui ne sont pas. Cependant, ce détachement complet vis-à-vis de l'intérêt national ne signifie pas pour autant qu'il est stupide. Sur le plan collectif, il l'est bien évidemment, mais pour défendre ses intérêts à lui et ses idées bien arrêtées, il fait preuve d'une grande ténacité. C'est d'autant plus vrai qu'il a visiblement un ego assez surdimensionné et que l'erreur de sa part est simplement inimaginable. Enfin de son point de vue. Il semble d'ailleurs que cette dissolution était prévue de longue date. On vient même d'apprendre qu'il l'avait dit à son père deux mois avant. On pourrait dire qu'il s'agit ici d'une stratégie qui pourrait être mise en place pour couvrir la réalité, mais je ne le crois pas. Bon, ici il n'y a pas de preuve concrète, ce n'est qu'un avis personnel. Mais je pense quand même que tout ceci n'est pas le fruit d'une réaction épidermique au lendemain des Européennes quoiqu'on pense du bonhomme.

 

L'autre hypothèse bien plus probable à mes yeux c'est qu'il a voulu rebattre les cartes pour lutter contre sa perte de pouvoir et préparer la prochaine élection présidentielle pour son camp. S'il parvenait à mettre en place des « réformes » grâce aux nombreux 49.3, la situation n'était pas vraiment des plus reluisante, et il risquait à tout moment une motion de censure, ce qui aurait produit cette dissolution. Là il a choisi le moment de la dissolution, le pire moment possible possible d'ailleurs, empêchant tout débat de fond en lançant le vote quelques semaines seulement après les Européennes. Il a donc choisi l'agenda qui était à son avantage, du moins le supposait-il. Il est certain qu'il n'imaginait pas que son parti allait l'emporter. C'était une évidence statistique. On peut d'ailleurs se demander s'il n'a pas tout fait pour perdre préalablement avec une qualité de campagne aux Européennes des plus médiocre. On ne peut pas dire que Valérie Hayer ait fait sensation. Donc vous allez me dire que c'est stupide, il a dissous pour avoir moins de pouvoir qu'avant en faisant exprès de perdre ? C'est qu'en mettant un de ces adversaires au pouvoir pendant trois ans dans une situation économique très dégradée avec un pays surendetté il compte sûrement faire rebondir le camp européiste ainsi pour les présidentielles.

 

C'est assez simple en fait. À partir du moment où vous savez que rien n'est possible au sein de l'UE, j'entends par là, rien d'important. Il est en effet impossible de réindustrialiser, impossible de faire du protectionnisme, et bien sûr impossible de dévaluer comme nous ne maîtrisons même plus notre monnaie. À partir de là n'importe quelle formation politique qui arrive au « pouvoir » se retrouve de fait coincée par les règles européennes. Dès lors, elle ne peut tenir ses promesses électorales et se retrouve vite en porte à faux avec son électorat. Il n'y a pas à chercher beaucoup plus loin l'origine de la chute systématique des pouvoirs en place de droite ou de gauche. Ils sont simplement décrédibilisés par l'exercice du pouvoir, puisqu'en réalité le pouvoir ils l'ont cédé collectivement à des puissances tutélaires que sont l'UE et la BCE. Macron s’appuie simplement sur cette mécanique pour préparer le retour de son camp pour les prochaines présidentielles. Son camp ce n'est pas nécessairement lui-même ou Renaissance, mais simplement le camp de l'extrême centre, celui qui nous dirige d'une main de fer depuis Giscard. Le camp de la construction européenne et celui de la déconstruction nationale. L'idée derrière la dissolution fut donc simplement de décrédibiliser les fausses oppositions de gauches ou de droite en les mettant dans une situation où elles seront au pouvoir sans l'avoir complètement puisque par exemple elles ne pourraient pas faire de référendum puisque seul le président le peut. Il me semble que cette hypothèse est la plus vraisemblable des trois.

 

La dernière hypothèse, la plus inquiétante, est une évolution de la seconde. Cette fois c'est un pari sur le blocage du pays. Aucun groupe n'ayant une majorité réelle, le pays se retrouverait donc un peu bloqué. C'est d'ailleurs ce qui semble devoir advenir si l'on peut se fier aux évaluations actuelles. Cela ne veut pas dire qu'aucun gouvernement ne peut se former, mais que celui-ci ne pourra vraiment pas faire grand-chose sans risquer là encore des motions de censure. Dans ce cas là il n'est pas certain que le groupe au pouvoir se retrouve décrédibiliser puisqu’effectivement il n'aura pas vraiment le pouvoir. Cependant, la situation du pays est telle que cela pourrait être une opportunité pour les instances internationales d'intervenir en France. La France est dans une situation économique très compliquée et ce fait est le fruit des politiques de Macron très clairement. Là encore, on pourrait y voir de la maladresse et de l'incompétence. Mais on peut aussi imaginer qu'il s'agissait en fait d'une action volontaire pour mettre le pays dans une situation où il tomberait en cessation de paiement. La récente dégradation de la note de la dette publique française montre que les marchés financiers commencent à douter de celle-ci. D'ailleurs, le ministre allemand des Finances a bien indiqué récemment qu'il ne souhaitait pas que la BCE soutienne la France si les taux d'emprunt explosent. Cela veut bien dire ce que cela veut dire. Connaissant le poids de l'Allemagne dans la direction des affaires européennes, cela signifie qu'il considère que la France doit être traitée comme la Grèce en 2008-2010.

 

Si nous étions légèrement complotistes, nous pourrions dès lors comprendre tout le sens de la présidence d'Emmanuel Macron. Il n'était pas là pour redresser directement le pays, mais pour au contraire le couler. Sachant qu'il ne pouvait pas réellement appliquer les recettes néolibérales qui sont par exemple en train de démolir l'Argentine, il a cherché à mettre le pays dans des conditions qui mettrait le pays sous tutelle étrangère. Et là effectivement si le pays ne peut plus emprunter sur les marchés financiers tout en ne maîtrisant même pas sa monnaie l'état serait pieds et mains liées. Cela ressemble à du machiavélisme sans le sens de l’intérêt de la nation, mais cela fait sens. C'est d'autant plus plaisant comme explication qu'Emmanuel Macron vient du monde bancaire et de la finance. Alors il s'agit là bien sûr d'une reconstitution a posteriori. Il s'agit d'un piège intellectuel fréquent qui peut faire tomber justement dans le complotisme. Mais ce n'est pas à ignorer totalement surtout si l'on se souvient des dépenses délirantes que notre président théoriquement libéral depuis qu'il est au pouvoir.

 

L'hypothèse d'une France sous tutelle du FMI et de l'UE

 

Alors est-ce que la mise sous tutelle est possible ? Et bien malheureusement c'est possible et cela risquerait de très mal se passer. Ces tutelles sont en réalité des événements qui permettent à des acteurs privés de piller les nations. Sous la prétention de mettre de la bonne gestion dans les pays concernés, on voit généralement de grands groupes piller les structures des nations concernées par ces tutelles. Le FMI n'a jamais sauvé aucun pays et les politiques qu'ils préconisent enfoncent généralement les pays dans des crises encore plus graves. La Grèce est aujourd’hui un pays meurtri, fortement affaibli par les recettes du FMI. Mais par contre beaucoup de gens se sont enrichis grâce à ça. Si la France se retrouve sous tutelle du FMI, les grands groupes privés, surtout américains, se feront une joie de détruire nos systèmes sociaux et de récupérer tout ce qui est potentiellement rentable. Les retraites françaises ou le système de santé une fois privatisés produiront des rentes importantes pour Blackrock et compagnie.

 

La France ainsi gérée rentrerait dans le rang et fournirait un système extrêmement inégalitaire comme les aiment nos bourgeois des centres-ville, même ceux qui votent à « gauche ». Alors vous allez me dire, mais les Français se révolteront. Et bien les Grecques se sont révoltées, énormément d'ailleurs. Mais le système politique qui favorise le centre a tout bloqué. Et finalement les rentiers locaux ont réussi à imposer les cures néolibérales grâce à la sacro-sainte nécessité de rester dans l'UE et l'euro. Je ne vois pas très bien pourquoi cela se passerait différemment en France. Car pour éviter une telle situation, il faudrait réellement faire appel à un surmoi patriotique. On voit bien que la majorité de la population n'a plus cet attachement à la nation, y compris au RN. C'est un patriotisme très superficiel. Or il faut un vrai attachement à l'intérêt national pour affronter ces pillards financiers. Il faut être capable de nationaliser les banques, de contrôler les frontières, des capitaux, et de refaire une monnaie nationale en envoyant se faire foutre la BCE, le FMI et la Commission européenne. Cela n'a rien d'impossible, mais il faut de gens avec une vraie colonne vertébrale intellectuelle et patriotique pour ça. Et je n'en vois guère chez nos politiciens actuels.

 

Après ce scénario n'est pas certain non plus. On pourrait tout aussi bien se retrouver avec une politique Macron bis menée par un gouvernement mélangeant le centre et la gauche pseudorévolutionnaire. Cependant, tout ceci ne fera que reculer le temps de la clarification nécessaire. La France arrive à un temps où des choix cruciaux doivent être faits. Vouloir rester dans l'UE et l'euro tout en maintenant notre système social et économique va devenir impossible. On ne peut plus camoufler les contradictions économiques avec l'endettement. Soit on reste dans l'UE et alors il faut accepter le néolibéralisme et détruire notre système social. Cela peut être fait par l'extrême centre ou une tutelle de l'UE ou du FMI. Soit la France garde son système et rompt avec l'UE et l'euro moyennant quelques années difficiles quand même parce qu'il faudra de toute manière rééquilibrer la balance des paiements. Depuis les années 70, le centre mou a décidé de ne pas décider en faisant l'Europe tout en évitant de trop en appliquer les conséquences directement. L'euro nous a ainsi totalement désindustrialisé et pendant ces vingt dernières années nous avons accumulé d'énormes dettes publiques et extérieures. On ne peut plus continuer comme ça. C'est ce choix-là qui devrait être au centre des débats électoraux, mais le système médiatique fait tout pour l'éviter. Les prochaines années vont pourtant devoir trancher sur cette question centrale la soumission définitive ou la souveraineté nationale.

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1 juillet 2024 1 01 /07 /juillet /2024 14:28

 

Je ne vais pas commenter longtemps les résultats électoraux, nous le ferons plutôt lorsque le second tour sera passé. Il est probable que le RN soit gagnante, mais sans majorité absolue. Ce qui est stupéfiant par contre c'est le retour de l'alliance gauche-centre pour faire barrage au grand méchant fascisme. Le grand cirque recommence avec d'un côté la gauche qui appelle de nouveau à voter pour les macronistes qu'ils ont pourtant passé leur temps à traiter de tous les noms d'oiseau. Et inversement les macronistes appellent à voter à gauche pour aussi faire barrage alors qu'ils les traitaient d'antisémites dangereux hier encore. Je crois qu'on a ici la plus belle preuve possible du caractère totalement théâtral de notre système politique. L'important en réalité est d'empêcher toute forme de changement de fond, même très minime. Loin d'être un front républicain, il s'agit ici d'un front bourgeois, la lutte entre ceux qui gagnent dans le globalisme et ceux qui en souffrent. Les seconds étant malheureusement très manipulés par les médias de masse.

 

Ce qui devrait crever les yeux de tout le monde avec ces réactions au premier tour, c'est effectivement tout le caractère faussaire des positions politiques. Et c'est particulièrement vrai dans le soi-disant Front de Gauche. Jean-Luc Mélenchon qui se présente régulièrement comme un homme très à gauche défendant les opprimés a tenu des propos que Margaret Thatcher aurait adoubé, littéralement. Je cite : « Être Français, ce n'est ni une religion, ni une langue, ni une couleur de peau. C'est un contrat politique inviolable. Il fait de nous un peuple inachevé dont la ligne d'horizon reculera sans cesse. » . On retrouve ici un peu la posture macroniste disant que la culture française n'existe pas. Il s'agit tout simplement d'une vision néolibérale de la société, celle-ci étant réduite à un aggloméra d'individualités liées uniquement par le marché et les contrats. À cela est adjoint ce propos délirant « un peuple inachevé dont la ligne d'horizon reculera sans cesse. », on découvre Melenchon quasiment impérialiste avec sa propre version de la destinée manifeste américaine. On est ici dans un problème de limite et de sens des réalités. Avec ces propos on peut véritablement dire que Mélenchon est un type dangereux, enfin s'il croit dans ce qu'il dit ce qui n'est pas certain.

 

LFI a mangé le Front de Gauche

 

Nous touchons donc ici au sujet que nous allons aborder rapidement celui du rapport entre la gauche et la nation. Parce qu'il m’apparaît important après cet étrange premier tour c'est bien qu'il semble que la rupture entre la gauche et la France soit désormais totale. Les quelques figures qui pouvaient encore se prétendre de gauche et avoir des discours raisonnables sur la question nationale semblent malheureusement être condamnées par ces élections. C'est le cas par exemple de François Ruffin qui est en ballottage défavorable alors qu'il est de loin à mes yeux le seul personnage susceptible de rabibocher un peu les couches populaires avec la gauche en ayant un discours moins anti-français et plus social que sociétal. Il a d'ailleurs très bien compris que Mélenchon était plus une nuisance à gauche qu'autre chose. On a appris également l'élimination du leader du PCF, montrant ainsi que la ligne probablement trop centre gauche, que ce parti pratique depuis des années n'a fait que l'affaiblir au point de pratiquement disparaître de l'échiquier politique.

 

La gauche française est donc aujourd'hui pratiquement un clone de la gauche américaine. Loin d'être des révolutionnaires sur le plan économique, on a plutôt un mouvement d'américanisation totale du discours qui singe complètement les idées grotesques importées de l'autre côté de l'Atlantique. François Ruffin ou Fabien Roussel apparaissant pour l'instant comme des résidus du passé, de vieux franchouillards de gauche perdus au milieu de crétins américanisés. La gauche Mélenchon à mes yeux c'est surtout ça des Democrates américains à passeport français. Même la lubie propalestinienne totalement délirante dans le cadre d'une élection nationale a montré cette triste réalité. Comprenez bien, même si je suis de droite à titre personnel, m'attachant plus à la défense de la France que de la république, même si je suis par ailleurs keynésien sur le plan économique, la disparition d'un patriotisme minimal à gauche est très inquiétant. Cette ligne a un peu perduré même sous la domination de la gauche libérale que ce soit avec Chevènement, avec la ligne Kuzmanovich pendant un moment à LFI ou avec le PCF qui a pendant longtemps défendu un certain patriotisme. Là on a l'impression que c'est la fin définitive de la gauche avec un cerveau si je puis me permettre. C'est-à-dire avec un certain sens des réalités, et ne passant pas son temps à inventer des inepties idéologiques dont le seul but est de faire jouir de petits idéologues bourgeois qui tourneront vite libéral une fois aux affaires. La victoire du gauchisme contre la gauche est l'une des très inquiétantes leçons de ce premier tour des élections législatives.

 

Pas de solidarité sans patriotisme

 

Mais au fond le problème vient d'assez loin. En tant que lecteurs assidus d'Emmanuel Todd, nous savons bien que la France a un problème qui est lié à ses structures familiales, surtout les familles nucléaires égalitaires. Ces dernières ont tendance à nier les différences, à avoir une faible appétence pour les structures hiérarchiques et à être plus individualistes. Le français de famille nucléaire égalitaire va être attaché à l'idée d'égalité et pourra paisiblement imaginer que le monde est peuplé d'individus identiques et que la nation n'est qu'un contrat comme le dit Mélenchon. Les élites françaises à cause de ce substrat anthropologique peuvent tout à fait imaginer que leur nation n'existe pas où qu'il faille la dissoudre dans un autre ensemble plus grand. Vous pourriez me faire remarquer ici que le RN a justement sa majorité grâce en grande partie au vote des régions de famille nucléaire égalitaire et c'est vrai. Ce qui suppose que l'adhésion au RN tient plus à l'attachement à la volonté d'assimilation qu'à un racisme contrairement au discours que tient la gauche à propos de ce vote. Si le racisme était le vrai motif du vote RN il serait plus fort dans les régions de famille souche. Ce que je dis n'a rien de nouveau, c'est aussi l'hypothèse d'Emmanuel Todd depuis longtemps.

 

Après l'immigration n'est pas le seul facteur de vote loin de là, je pense. Comme je l'ai déjà dit, on a affaire à un ras-le-bol général du système politique économique français qui coule le pays depuis les années 70-80. Le vote RN n'est probablement pas un vote si stable que ça et une véritable alternative proposant une rupture avec le système néolibéral pourrait très vite le remplacer, je pense. Le problème c'est qu'à droite le RN a écrasé tout le monde et à gauche il y a un rejet total de la nation qui condamne toute solution pratique aux problèmes français. En effet, la gauche actuelle s'est enfermée dans des postures infantiles comme je l'ai dit très inspiré de la gauche américaine. Le côté infantile ne concerne pas seulement les questions économiques qui sont absurdes dans le cadre de l'euro et de la construction européenne. Il concerne aussi le fond, en effet la gauche parle sans arrêt de solidarité, mais à aucun instant elle n'exprime le cadre qui permet à cette solidarité de s'exprimer. C'est là à mon avis le fond du problème et c'est assez bien résumé par l'excellent Jean Michel Salmon sur son blog. Sans affirmation du cadre national et de la solidarité nationale, le discours de solidarité de gauche n'a aucune substance.

 

Proclamer la solidarité sans un cadre national revient à faire du don sans réciprocité potentielle. La notion de solidarité implique en effet les fameuses contraintes de Marcel Mauss : le donner, recevoir, rendre. En dehors de ce cadre, la solidarité n'existe pas. Or qu'est-ce qui garantit que votre don n'est pas une simple exploitation de votre personne ? C'est justement le cadre national. Vous payez des impôts parce que vous pensez que cela sert l'investissement national et les services publics. Vous acceptez la solidarité parce que ceux qui en bénéficient vont pouvoir faire aussi prospérer le pays, et non vous faire la guerre à vous et à votre culture. Il s'agit là en réalité de la seule raison pour laquelle il est justifié de parler de solidarité, celle de la nation avec toutes les contraintes que cela suppose. La gauche actuelle, aussi surprenant que cela puisse paraître, ressemble de plus en plus à une caricature du christianisme. Nous devons donner sans jamais rien attendre en retour, faisant de la France et de son économie une espèce de mère Thérésa planétaire ouvrant sa porte à tous les damnés de la terre. Hélas la population française en général n'a pas cette vertu, à mon sens suicidaire, du don sans espoir de retour. Rappelons que même le bon Jean-Jacques Rousseau pensait qu'un peuple appliquant réellement le christianisme à la lettre ne pourrait survivre et se serait fait dévorer par les autres un peu moins vertueux. C'est exactement ce qui se passe avec ce gauchisme antipatriotique.

 

Sans cette composante patriotique, il n'y a donc aucune chance pour que la gauche monte à nouveau au pouvoir, car les couches populaires du pays ne sont pas totalement suicidaires. Même si cette dernière compte sur la montée démographique des gens d'origine immigrée, il n'est pas certain que cette stratégie soit réellement payante à la fin. Ne risque-t-elle pas après tout d'être dévorée à terme par des mouvements islamistes par exemple ? L'histoire montre qu'en général c'est eux qui finissent par manger le gauchisme. Et même si elle parvenait au pouvoir, les contradictions économiques seraient telles qu'elle serait immédiatement poussée à abandonner ses intentions. Se transformant en réalité en simple machine à faire progresser le néolibéralisme qui partage avec elle la détestation des nations et l'hyper individualisme , mais sans le volé sur la solidarité internationale. On en revient ici à ce que disait Jean-Claude Michéa sur l'impossibilité de dépasser le capitalisme libéral par la gauche. Nous ne pouvons qu'espérer un sursaut pour que de nouveaux groupes de gauche patriotique réapparaissent après les élections. On pourrait compter sur ça si le RN est complètement décrédibilisée, alors peut-être y aurait-il une carte à jouer pour ceux qui veulent de la solidarité, mais non un suicide national collectif.

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27 juin 2024 4 27 /06 /juin /2024 15:30

 

L'élection arrive donc ce week-end et nous avons déjà longuement parlé des programmes de deux grands groupes censés gagner cette élection législative trop précoce. Nous n'avons pas abordé le souverainisme pour la bonne et simple raison que les petites listes dont les souverainistes, ont été prises de court par l'agenda précipité de ces élections, et ce juste après une élection européenne déjà coûteuse. Structurellement cette élection précipitée favorise les gros partis, et l'absence de débat de fond en même temps. On l'a vu avec la médiocrité terrifiante des divers groupes et de leurs programmes très souvent totalement incohérents et inapplicables. Mais nous n'allons pas revenir sur cette question. Nous nous retrouvons donc à devoir faire le moins mauvais des choix, tout en sachant pertinemment qu'aucun des trois grands groupes actuellement susceptibles de prendre le pouvoir n'est en mesure de résoudre les problèmes français. Le moins mauvais des choix nous y sommes trop habitués, mais c'est à nouveau ce qui se présente à nous.

 

Je ne donnerais pas de consigne de vote de toute manière vous vous en ficheriez et vous auriez raison. Chacun vote en son âme et conscience en fonction de ce qui lui paraît essentiel, particulièrement avec cette élection tronquée. À titre personnel je pense que le RN est la moins mauvaise des solutions. Non que je pense que son programme est bon, ou que Bardella va sauver la France. Ce n'est pas non plus pour empêcher la gauche de monter au pouvoir, et faire barrage au Front Populaire, comme beaucoup vont voter à gauche pour faire barrage au RN, tout ceci est ridicule. Aucun de ces groupes ne m'inquiète parce qu'ils ont déjà démissionné. La nature même de leurs programmes le prouve. Sans rupture avec le cadre néolibéral, il n'y a pas d'autre politique possible de gauche ou de droite. On a affaire à des postures visant à plaire à une clientèle électorale, pas à des programmes capables de rompre vraiment en particulier avec l'UE et l'euro qui sont les boulets que traîne la France depuis des décennies sans parler des emprunts sur les marchés financiers. Quel que soit le parti gagnant le programme c'est la Commission européenne qui va l'imposer et les ardants défenseurs du RN qui pensent à une rupture majeure avec leur élection vont vite déchanter.

 

C'est d'ailleurs sur ce désenchantement du RN que je compte le plus pour les années à venir. Ce parti a constitué une singularité sur le processus politique français de ces quarante dernières années. Ce fut l’outil de la gauche pour camoufler l'abandon des couches populaires, de la droite pour justifier l'abandon de la défense nationale. Grâce, ou à cause, du RN les Français ne pouvaient plus défendre ouvertement leur pays et leur drapeau associé au FN devenu RN depuis. Tout cela est compris depuis longtemps, mais la mécanique de mort social associé à la défense de la nation a continué à faire son œuvre. Encore aujourd'hui toute la stratégie de la gauche se résume à défendre le pays contre le fascisme réduisant la défense nationale au fascisme ou au nazisme ce qui est une aberration historique. Et si je compte plutôt voter RN, c'est avant tout pour mettre fin à cette absurdité. La transformation du RN en un parti conservateur et européiste finira de discréditer cette stratégie absurde qui a conduit le pays dans l'impasse en bloquant les débats de fond. Si quelque chose de positif devait sortir de cette élection, ce serait de mettre fin à cette mascarade qui a faussé les élections depuis quarante ans.

 

Car la vraie opposition d'aujourd'hui est bien entre l'esprit national, et l'esprit impérial. Une opposition ancienne à vrai dire, mais qui est revenue en Europe à cause de la domination américaine du continent d'un côté et de la mise en place de la construction européenne de l'autre. L'UE est une structure de type impériale niant les diversités locales et centralisant de façon absurde tous les pouvoirs. Il s'agit d'un empire parce qu'elle n'a aucune cohésion culturelle, linguistique et démographique. Je l'avais déjà écrit il y a un moment, mais l'UE fait beaucoup penser au Saint Empire romain germanique, avec le libéralisme en guise de religion cette fois. Or la démocratie n'est absolument pas compatible avec un système impérial, surtout en l'absence de croyance collective forte comme pouvait l'être le christianisme. L'impérialisme européen ne fait que jeter les peuples du continent les uns contre les autres favorisant les plus forts et détruisant les plus faibles. Ressentiment, haine, racisme réel entre les nations d'Europe, voilà ce que l'UE produit en réalité, on en a eu des exemples grossiers pendant la crise de 2008-09 où les pays du sud étaient appelés les PIGS. Et la haine anti-russe actuelle n'est qu'un moyen grossier pour essayer de contourner les difficultés internes produites par la construction européenne. Une situation que les tuteurs américains utilisent avec cynisme pour pousser leurs marionnettes européennes au suicide collectif.

 

L'échec du souverainisme

 

Venons en maintenant à la suite. Que faire après l'élection ? L'économiste Philippe Murer vient de lancer son propre mouvement politique dans l'idée de rompre avec l'échec du souverainisme politique. On ne peut pas vraiment le contredire sur la stupidité qu'il y a eu à partir séparer aux élections européennes. Il est évident que sur un tel sujet les souverainistes de gauche et de droite auraient dû s'entendre, la priorité étant la sortie de l'UE et le retour à la souveraineté nationale. Maintenant je pense que même uni les souverainistes n'auraient pas beaucoup plus pesés. Le RN est devenu le trou noir national qui aspire toutes les aspirations à l'indépendance nationale même s'il s'agit en réalité d'une illusion. Un exemple simple, le RN va demander la permission à l'UE de revenir sur les politiques énergétiques. Où a-t-on vu un peuple souverain demander l'autorisation de faire ce qu'il a envie de faire ? Le simple fait qu'ils n'aient pas d'autre ambition que de demander des autorisations montre le peu de patriotisme qui les habite. La souveraineté ne se demande pas, elle ne se donne pas, elle se prend. Et comme disait le général de Gaulle « quand je suis couillonné par l'Europe, je fous le camp ! » .

 

Alors monsieur Murer a-t-il raison de former un nouveau parti ? À dire vrai je n'en sais rien, il essaie quelque chose au moins, c'est tout ce que je peux dire. Il faut compter sur une recomposition à droite comme à gauche suite aux élections. Nous allons à la fois vers la fin du RN en tant que repoussoir, mais aussi vers sa décrédibilisation en tant que groupe contestataire. Peut-être les gens vont-ils enfin comprendre que rien ne changera tant que nous ne sortirons pas du bousin européen. Et peut-être aussi verra-t-on une partie de la gauche prendre avec raison les sujets qui sont importants pour la population en abandonnant les discours centrés sur les CSP+ des grandes métropoles mêmes si j'ai quelques doutes sur cette potentialité politique là. La fin du refuge de la lutte contre le fascisme rendra les prochains Front Populaire et autre gauche plurielle impossible. La division entre la fausse gauche du centre et la gauche populaire ne pourra plus être comblée aux élections par cette stratégie grossière. Le seul moyen pour la gauche de revenir un jour au pouvoir sera de se réconcilier avec les couches populaires, mais pour ça il faut manger son chapeau postnational.

 

Mais contrairement à Emmanuel Todd dans sa dernière intervention chez Berruyer, je ne crois pas à une rupture contrainte avec l'UE de la part du RN ou du Front de Gauche suite à l'élection. L'expérience montre que ce sont ces groupes qui plient toujours face à l'UE. Pour rompre sur l'UE et l'euro, il faut l'exprimer clairement et en faire le cœur d'une campagne politique pour avoir le soutien de la population. Il faut une vraie colonne vertébrale intellectuelle, ce que n'ont pas du tout les grands partis actuels. Sans ça c'est peine perdue. De la même manière, il sera bien difficile pour la gauche de continuer son petit jeu de chasse aux fachos imaginaire pour expliquer tous ses renoncements européistes. Certains parlent de cette élection comme une grande clarification, je suis assez d'accord, même si je pense que la clarification arrivera surtout après l'élection. N'oublions pas non plus que le Front de gauche pourrait hypothétiquement l'emporter, ce qui ne ferait que prolonger à mon sens le système actuel.

 

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24 juin 2024 1 24 /06 /juin /2024 15:27

 

Le Programme du RN

 

Nous avons longuement parlé la dernière fois du programme du Front de gauche qui n'est pas des plus raisonnable ni des plus rationnel en particulier si on le place dans le contexte européen et celui du monde néolibéral et dérégulé. Je note que l'on me dit souvent qu'il y a quand même beaucoup d'eurosceptiques à gauche. J'en conviens tout à fait, tout comme il y en a sûrement beaucoup à droite et au RN. Seulement les partis et la direction programmatique de ces partis ne suivent pas cette tendance. L'idée qu'il pourrait y avoir une rupture avec l'UE et l'euro après ces élections parce qu'il y a justement dans ces groupes des gens qui veulent rompre avec l'UE et l'euro revient à mon sens à prendre ses rêves pour des réalités. Avant de revenir sur le programme du RN rappelons qu'il y avait aussi des eurosceptiques dans l'ancien PS, chez les communistes ou au RPR. Cela n'a pas empêché ces formations de courir vers l'électorat du centre fortement européiste. L'expérience de ces quarante dernières années montre qu'à chaque fois qu'un groupe parlementaire, quel qu'il soit dit choisir entre ses membres eurosceptiques et le centre europhile, il choisit toujours le centre. La raison est essentiellement électorale. Vous pouvez convaincre un type du centre de voter pour vous en faisant quelques concessions européennes. Vous ne pouvez pas convaincre quelqu'un qui est à l'opposé de l'échiquier politique, même s'il est anti-européen, de le faire.

 

C'est particulièrement vrai pour le RN et LFI qui auto-exclue l'un l'autre en termes de vote. Cette stérilisation électorale permet la domination permanente du centrisme qui impose son agenda européiste à tout le monde même s'il est minoritaire. C'est cette course à l'électorat du centre qui fait tant de mal à la démocratie depuis quarante ans, mais nous y reviendrons ultérieurement en parlant du rôle du RN dans le blocage politique français. Parlons donc du programme. Nous allons prendre des pincettes puisqu'il semble que plus nous nous rapprochons de l'élection plus le programme du RN semble se rapprocher de celui d'un UMP en encore plus soft. Le RN souhaitant vraiment arriver au pouvoir se met à vouloir séduire le centre comme tous les partis cherchant le pouvoir avant lui. Son électorat populaire étant captif, il multiplie les annonces de renoncement vis-à-vis de l'UE en particulier. On a appris il y a peu que le RN renonce à sortir du marché européen de l'énergie. C'était pourtant la seule chose vraiment rationnelle à faire et cela donnait un vrai intérêt au vote RN. Ils vont se contenter de leur très coûteuse mesure de baisse de la TVA sur l'électricité pour plaire encore une fois à l'électorat du centre.

 

Donc mon analyse va se faire sur le programme affiché, mais aussi en s'appuyant sur les déclarations officielles. Tout ceci change très vite et il faut bien admettre aussi que le calendrier imposé est un vrai problème. Si le chef de l'état avait été responsable, il aurait mis les élections en septembre, mais vous connaissez Macron. Vous pouvez retrouver le programme du RN à cette adresse. Je dirais pour commencer que je ne comprends pas vraiment le choix de Bardella comme représentant du RN à cette élection, ni à la précédente d'ailleurs. Je n'ai rien contre lui, je ne le connais pas vraiment. Mais il me semble quand même qu'un homme ou une femme d'expérience serait quand même plus approprié, surtout pour un poste de Premier ministre. Emmanuel Todd faisait d'ailleurs la même réflexion dans un interview qu'il vient de donner chez Berruyer. Vous pouvez retrouver cette longue interview sur la dissolution à cette adresse. Je reparlerais peut-être de l'analyse de Todd dans un autre texte d'ailleurs. Il ne s'agit pas de critiquer l'âge de Bardella, mais surtout son manque d'expérience. Avant de mettre des gens en ministre, on pourrait quand même exiger un minimum d'expérience au moins en tant que politiques, député, maire, ce genre de chose. Mois même n'ayant aucune expérience dans le domaine, je n'accepterais pas un tel poste ne me sentant pas à la hauteur de l'enjeu. C'est quand même curieux cette multiplication des gens inexpérimentés au pouvoir depuis l'élection de Macron.

 

On peut dire qu'on traite un peu les postes ministériels comme on traite les postes d'enseignants, en envoyant des bleues sans expérience sur le terrain. La grosse différence étant le niveau de revenu. Il ne faut pas trop être surpris des erreurs gravissimes qui arrivent ensuite. On voit bien ici que la communication a remplacé totalement le sérieux politique. Bardella plaît en partie parce qu'il est jeune donc on l'envoie au casse-pipe comme Attal avant lui. Vous me direz comme il ne s'agit pas de prendre réellement le pouvoir, qui restera à Bruxelles, mais de faire semblant de diriger, ce n'est finalement pas si problématique que ça. Mais parlons des propositions du RN maintenant. Sur l'énergie nous en avons parlé, le RN parle de sortir des règles de fixation des prix de l'électricité. Rappelons que la crise actuelle en particulier les nombreuses faillites d'entreprises que nous connaissons est étroitement liée au prix de l'électricité totalement délirant que nous connaissons depuis deux ans. Ce prix qui est en partie indexé sur le gaz n'a aucun sens en France puisque nous produisons de l'électricité essentiellement grâce à notre parc nucléaire et à l'hydraulique. Comme le rappelait il y a peu de temps Henri Proglio l'ancien dirigeant d'EDF, ces prix n'ont aucun sens puisqu’aucune augmentation des coûts de production n'a eu lieu. C'est juste du pillage par des acteurs privés à travers les mécanismes de ce faux marché de l’électricité. On pourrait aussi penser, à juste titre, que ce mécanisme a d'abord été pensé par l'Allemagne pour nuire à la France qui avait un avantage comparatif de plus en plus énervant pour une Allemagne qui s'est trompé de chemin sur le plan énergétique depuis 20 ans .

 

Donc on pourrait penser que le RN a ici une bonne proposition même s'il n'affirme pas ouvertement vouloir sortir du marché européen de l'énergie. Cependant, on apprend ce matin que le RN renoncerait à cela comme je l'ai dit précédemment. On est donc dans le flou artistique et sur l'énergie,et ce n'est guère mieux à gauche quand on sait que de nombreux anti-nucléaire participent au Front de Gauche. Le RN parle ensuite de l'annulation de la réforme du chômage, on ne peut que leur donner raison même s'il faut se demander si cette réforme n'était pas une des nombreuses contraintes du fameux emprunt européen lors de la crise COVID. Auquel cas le RN qui ne veut pas rompre avec l'UE pourrait là aussi se raviser une fois au pouvoir. Comme pour le Front de Gauche, je parle ici essentiellement des mesures économiques. Mais le passage sur l'immigration mérite quand même qu'on s'y attarde. Bardella a par exemple annoncé sa volonté de mettre fin au droit du sol. On pourrait dire, encore ? Parce que la droite fait le coup depuis des décennies. Le sujet était déjà abordé sous Chirac et le RPR. Sauf que la France a signé des traités européens et que le droit européen est supérieur au nôtre. La Cour européenne des droits de l'homme cassera une telle décision et le RN ne pourra rien y faire puisqu'il ne veut pas rompre avec le système européen. On se retrouve avec les mêmes contradictions que celle du programme d'Eric Zemmour.

 

Toujours dans ce domaine de l'immigration, le programme du RN dit texto : « Renforcer les sanctions pour les employeurs de travailleurs clandestins ». C'est bien gentil, mais il faudrait surtout faire déjà appliquer les lois. Or le principal problème en France sur ce plan n'est pas l'absence de lois, même si la question des travailleurs détachés devait être posée, ce que le RN ne fait pas pour plaire sans doute au petit patronat, c'est essentiellement que les lois ne sont pas appliquées. Le nombre d’inspecteurs du travail est absolument dérisoire et il est inférieur aujourd'hui à ce qu'il était en 2011 par exemple. Plus que de nouvelles lois, il faudrait surtout faire un gros effort pour faire appliquer les lois existantes. C'est donc sur la question des moyens d'application de la loi qu'il faut surtout faire un effort, sinon on fait de la pure démagogie. Au passage, on pourrait se demander si le laxisme de l'état à faire appliquer les lois qu'il vote n'est finalement pas volontaire. Une espèce de libéralisme camouflé en incompétence en quelque sorte. Car au final entre laisser faire totalement les entreprises, ou ne pas faire appliquer les lois aux entreprises, on en arrive au même point, celui de la dégradation des conditions de travail pour la plupart des salariés avantageant le patronat au comportement d'exploiteur.

 

Sur les questions purement économiques tout comme dans le cas du Front populaire, on a des intentions affichées plus qu'un réel programme directement applicable. Alors que la gauche ne pense qu'à augmenter les impôts, le RN ne pense qu'à les baisser. C'est la grosse différence notable, je dirai, mais dans les deux cas on oublie besogneusement de dire comment on fait ou comment on finance certaines mesures. On oublie également la question de l'euro et pour l'Europe on annonce vouloir changer l'Europe, on connaît la chanson. Exemple tiré du programme :

 

« Négocier une réforme du mandat de la BCE pour la tourner vers l’emploi, la productivité et le financement de projets stratégiques de long terme »

 

Cette proposition en soi n'est pas folle. Le problème c'est qu'elle est en contradiction totale avec toute la philosophie de l'UE qui est une construction à la fois néolibérale (anglo-saxonne) et ordolibérale (allemande). Évidemment qu'il faudrait une Europe keynésienne, interventionniste et protectionniste. Mais c'est ce que vendait déjà un certain Rocard ou un certain Jacques Delors dans les années 80, on connaît la suite. L'UE ne peut plus être changée et c'est tout le problème. Ce serait peut-être différent si l'UE était restée avec seulement les six membres de départ, mais cette Europe-là n'existe plus depuis 1974. Or je dois le rappeler, on ne fait de politique qu'avec des réalités, et la réalité c'est que l'UE est libérale, elle ne peut pas changer. Je vais arrêter ici, le reste des propositions suivent la même logique, une logique qui exclut les contraintes européennes du calcul. Les propositions sont d'ailleurs déjà très édulcorées sur le plan du protectionnisme par exemple. Alors qu'il nous faudrait un tarif extérieur de protection, des quotas et une dévaluation du franc, le RN propose modestement puisqu'il sait qu'il ne peut rien faire dans l'UE sur ce plan :

 

« Renforcer les contrôles des importations pour mettre fin à la vente de produits étrangers ne

respectant pas les normes françaises »

 

Bref, rien susceptible de réellement réindustrialiser le pays. Il y a d'ailleurs un silence radio complet sur la nécessité d'une planification minimale pour y parvenir ou sur les questions des subventions aux entreprises dont j'ai déjà parlé dans le texte précédent. On parle pourtant de dépenses largement supérieures au budget de l'éducation nationale. Mais ce problème n'existe visiblement pas pour le RN.

 

La fin du théâtre antifasciste  ?

 

En gros, vous voyez que je ne suis pas plus motivé par le programme du RN que par celui de l'autre côté prétendument extrême. En réalité, on voit déjà des programmes très centristes et peu à même de corriger la trajectoire du pays si tant est qu'ils appliquent réellement ces programmes, ce qui est déjà impossible sans rompre avec l'UE et l'euro. On est donc encore une fois sur une élection qui va se terminer en eau de boudin comme on dit. Les nouveaux partis au pouvoir se retrouvant très vite bloqué par les mécanismes européens et néolibéraux. La stratégie des dominants qui a consisté à piéger les peuples par les dettes, la dérégulation financière et commerciale dans les années 70-80 continue de montrer sa très grande efficacité. Il n'y a pas à dire, les promoteurs de ces politiques étaient intelligents même si les effets sur nos sociétés n'ont pas du tout été ce qu'ils pensaient à l'époque. Cette élection ne va donc rien changer de fondamental sur le plan des politiques macroéconomiques que ce soit le Front de Gauche qui gagne ou le RN.

 

Cependant, il y a quand même un changement potentiel important. En effet, l'un des mécanismes politiques qui bloquent la France depuis 40 ans est intimement lié au FN devenu RN depuis. Il est de notoriété publique que Mitterrand a utilisé l'extrême droite pour se maintenir au pouvoir. L'idée a été d'utiliser Le Pen comme un repoussoir à l'idée nationale dans une période où la gauche avait renoncé à sauver les couches populaires pour réaliser son rêve fantasmagorique de construction européenne. En associant tout attachement à la nation comme un vote RN la gauche à en quelque sorte légitimer la lutte contre la défense de l'intérêt national. C'est d'ailleurs pour ça que la gauche à mon avis n'arrivera jamais à changer quoi que ce soit à la situation française puisque toute sa logique actuelle est antinationale. Ce piège a fonctionné merveilleusement puisque même la droite conservatrice a abandonné toute référence à la nation. Même Chirac s'est gauchisé à l'époque. Le patriotisme est devenu honteux depuis la mise en place de cette stratégie dont même Jospin disait qu'il s'agissait en réalité d'un théâtre. Malheureusement à force de faire souffrir la population et de ne lui donner aucune perspective d'avenir, si ce n'est une lente dégradation de ses conditions de vie, le diable a fini par s'échapper de la boîte.

 

Le RN est qui est le seul grand groupe à n'avoir jamais accédé au pouvoir, risque maintenant d'y arriver. Parce que les gens testent toutes les possibilités pour s'en sortir. Ils se disent, pourquoi pas le RN finalement ?Mais si une fois au pouvoir le RN devient comme les autres partis un machin centriste et européen, la mécanique du grand méchant fascisme risque de se gripper indéfiniment. S'il y a lieu de se réjouir de l'éventuelle élection de la RN c'est avant tout à cause de ça. Ce parti va devenir un parti normal et la lutte contre la prétendue menace fasciste cessera enfin d'empoisonner le débat public. La gauche ne pourra plus camoufler ses orientations libérales derrière des postures fausses. Et à droite on pourra enfin parler de défense nationale sans avoir peur d'être rattaché à un RN qui aura montré sa faiblesse sur ce plan au pouvoir. Reste à imaginer quel pourraient être les changements sur le plan politique par la suite.

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20 juin 2024 4 20 /06 /juin /2024 16:04

 

C'est une thématique que nous avons souvent abordée, mais comme nous nous dirigeons vers des législatives très précoces, il me semblait important de rappeler toute la contradiction qu'il y a à prétendre résoudre les problèmes de la France tout en restant dans la construction européenne. Je sais que vous allez me dire que les Français ont bien voté contre la souveraineté nationale puisque les partis souverainistes ont fait un score ridicule aux Européennes. Et je l'admets bien volontiers. Mais ce n'est pas pour autant que la réalité va changer. Les Français vont vite s’apercevoir que les prétendus partis extrémistes se coucheront très vite une fois au pouvoir, justement à cause de leur absence de réflexion et de politique visant à retrouver notre souveraineté. C'est que les faits sont têtus et la réalité âpre et difficile. Il est beau de rêver avec des programmes révolutionnaires vendant des hausses de salaire d'un côté ou la fin de l'immigration et le retour de l'état de l'autre, mais sans s'attaquer aux causes profondes de notre situation tout ceci ne servira à rien.

 

Un coup d’œil rapide sur les programmes des deux grandes listes favorites pour cette élection surprise montre l’absence de conscience de la réalité du monde dans lequel nous vivons. Il faut bien le dire, c'est particulièrement vrai à gauche, le RN commençant d'ores et déjà à annoncer ses renoncements ultérieurs sans trop le dire. Il est certain que les dirigeants du RN ont plus conscience des contraintes qui seront les leurs en ne voulant pas sortir de l'UE que le Front de Gauche. C'est en tout cas ce que les programmes affichés semblent indiquer . Après il est évident que ma confiance dans les programmes affichée est très faible. On connaît les politiciens français et leur capacité à ne jamais faire ce qu'ils prétendent réaliser. S'il y a un aspect dont je ne vais pas trop parler ici qui me ferait plus voter RN, c'est sur le nucléaire. Certes, la gauche semble pour l'instant discrète sur cette question affichant le fait qu'elle ne touchera pas au parc nucléaire actuel. Sauf que dans le même temps le Front de gauche a ressorti de la naphtaline Dominique Voynet à qui nous devons l'abandon de Superphoenix, et une grande partie du recul français sur le nucléaire de ces vingt dernières années. Admettez quand même que le doute s'insinue sur cette question pourtant cruciale de la production d'électricité. Ajoutons à cela que EELV, un parti que je juge extrêmement dangereux pour le pays, est dans le groupe du Front de Gauche justement. Mais parlons un peu des programmes puisque le but est quand même de mettre en avant leur caractère contradictoire avec le fait de rester dans la construction européenne.

 

Le programme du Front de Gauche

 

Vous pouvez trouver le programme du Front de Gauche à cette adresse. C'est sur le site de LFI, mais je suppose que c'est le vrai programme. Étant donné la vitesse de l'arrivée des législatives, ils n'ont certainement pas eu le temps, et les moyens, de faire un site Front de Gauche, je présume. Je vais me concentrer rapidement sur les questions économiques. Au contraire de beaucoup de commentateurs je ne suis pas certain que les questions géopolitiques par exemple aient un gros poids sur une telle élection, même s'il est vrai qu'avec les délires guerriers de Macron sur l'Ukraine la question pourrait se poser. En lisant ce programme, la première chose qui me vient à l'esprit est de savoir si leur programme n'a pas été écrit sous l'effet de substances illégales. Entendons nous bien, je suis keynésien, pas libéral ou communiste. Et je suis le premier à dire que les salaires en France sont trop faibles et qu'il faudrait revaloriser tout ça. Même chose pour les services publics. Je suis le premier à vouloir les défendre. Mais on ne dit pas n'importe quoi et on ne fait pas ça n'importe comment. Et le comment c'est justement le mot qui manque lorsque l'on regarde le programme du Front de Gauche.

 

Comment financer de telles mesures dans un pays qui croule déjà sous les dettes et dont le déficit public bat des records ? L'une des mesures consiste par exemple à fortement augmenter le SMIC. Et je voyais, monsieur Bompard, qui nous expliquait de façon presque keynésienne que l'augmentation des revenus des plus pauvres allait relancer l'économie par la consommation. Et il est vrai qu'appauvrir la population n'a jamais été très bon pour l'économie. C'est ce que disait déjà Keynes en fustigeant les politiques de l'offre chère aux libéraux et qui ont coulé de nombreux pays. Rappelons-nous de la pauvre Grèce il y a à peine plus de dix ans , le pays ne s'est toujours pas remis de la crise alors que l'Islande par exemple qui a dévalué et laissez filer l'inflation se porte aujourd'hui comme un charme. Cependant ce que Bombard semble ignorer, probablement volontairement, ce sont les effets sur les importations et le commerce. Le modèle keynésien n'est pas un modèle pensé pour une économie ouverte et qui a laissé tomber ses industries pour devenir une société du tertiaire vivant d'importation. Pour qu'une politique keynésienne soit valable, il y a des conditions d'application. Il faut par exemple que le pays contrôle son commerce extérieur par des droits de douane et des dévaluations. Sans quoi les relances se transforment en relance des pays qui exportent chez vous. Vous créez des emplois dans les services, certes. Mais tout ceci se fait avec des déficits commerciaux croissants qui mettent en péril votre économie à terme. D'ailleurs au risque de choquer les gauchistes c'est très exactement ce qu'a fait Macron depuis 7 ans.

 

 

Alors évidemment il n'a pas endetté le pays pour verser des salaires aux pauvres, il a endetté le pays pour baisser les impôts des riches et subventionner les entreprises. On ne souligne d'ailleurs pas assez l'explosion des subventions pour les entreprises depuis 10 ans. C'est pourtant l'une des causes principales des déficits publics. L'état compense les effets de l'euro et l'impossibilité de dévaluer par des subventions, ce qui coût très cher, et n'est pas très efficace sur le plan macroéconomique. Sans parler des effets de corruption que cela peut engendrer. Mais le principe des politiques de Macron était le même. C'était du pseudokeynésianisme. C'est un peu comme la bière sans alcool, ça sent Keynes, cela ressemble à du Keynes, mais cela n'en est pas du tout. Les plans d'investissement et de dépense du Front de Gauche créeront probablement quelques emplois de service en France, mais ils creuseront encore plus les déficits commerciaux, déjà passablement élevés, faut-il le rappeler ? On est ici face à une ignorance crasse des réalités économiques. Et c'est d'autant plus grave que la gauche a déjà fait plusieurs fois ce genre d'erreurs en particulier avec le programme commun de 1981. À l'époque elle aurait pu redresser la situation en mettant en place des politiques protectionnistes et en dévaluant. Mais à l'époque la gauche et en particulier François Mitterrand ont préféré choisir l'Europe. Nous nous retrouvons un peu dans la même situation ici en plus grave parce que la France de 1981 était encore un pays très industrialisé avec de vraies capacités de production. La France de 2024 ne produit même plus de Javel puisque la dernière usine Lacroix vient de fermer.

 

Évidemment tout ce que je viens de dire n'est vrai que si le Front populaire applique son programme or nous savons déjà que l'UE prépare des sanctions contre la France pour déficit excessif. Mais rassurons-nous, la gauche a tout prévu, en effet en deux phrases elle expédie la question centrale de l'UE :

« Mettre à l’ordre du jour des changements en Europe

• Refuser les contraintes austéritaires du pacte budgétaire

• Proposer une réforme de la Politique agricole commune (PAC) »

 

Je veux bien, mais là encore la question du comment se pose. Qui aujourd’hui détient la monnaie française et la produit ? C'est la banque centrale européenne. Vous croyez sérieusement qu'une « région » de l'état pseudofédéral européen peut se rebiffer contre sa banque centrale ? La BCE peut assécher très rapidement l'économie française en devise et c'est particulièrement facile puisque la France est un pays fortement déficitaire sur sa balance des paiements. Et ne parlons pas de la situation sur les obligations françaises et les taux qui flamberaient. Avec ces deux phrases, la gauche ne fait qu'éluder une question européenne qu'elle sait centrale, mais qu'elle sait aussi fortement clivante au sein de son très artificiel Front de gauche. Comme on ne veut pas soulever cette question, on la met sous le tapis avec deux phrases grotesques. Je passe rapidement sur l'idée de contrôle des prix, c'est tout simplement artificiel tel que c'est présenté. Encore une fois le problème de la France c'est qu'elle est insérée dans un système d'économie globalisée. Vous ne pouvez pas d'un côté ouvrir toutes les frontières, laissez le pays se désindustrialiser et de l'autre vouloir tout contrôler y compris les prix. Cela n'a aucun sens si ce n'est fabriquer des pénuries comme dans le cas des médicaments.

 

La réindustrialisation est abordée rapidement à la fin des propositions, ce qui à mon sens est problématique puisque la réindustrialisation devrait être la priorité des priorités. D'ailleurs, des propositions sur l'Europe arrivent aussi à la fin. Drôle de sens des priorités chez le Front de Gauche. Et là encore on navigue en essayant de trouver un chemin entre le communisme, le keynésianisme et le libéralisme en probant des mesurettes et des formules creuses. Ménager la carpe et le lapin c'est vraiment ce qui ressort du programme des extrêmes si je puis dire. Ne voulant pas rompre avec l'UE et l'euro, la gauche est donc obligée de faire du Biden et de promettre des subventions aux industrielles en guise de politique protectionniste. Cependant, il faut préciser que même ça, c'est interdit par les traités, la concurrence ne saurait être distordue par des mesures particulières chez certains états. Il n'y a que l'UE qui peut faire des politiques de subvention ce que le Front de Gauche ne s'avise pas de dire dans son programme. Là encore, la question européenne est éludée pour camoufler à la contradiction politique entre l'extrême gauche et le centre gauche. Je rappellerai enfin que les subventions sont un protectionnisme extrêmement coûteux et peu efficace. Mais les USA ne connaissent pas un ras de marée industrielle avec les subventions de Biden contrairement à ce que racontent trop souvent les grands médias. Par contre, la dette, elle, enfle très vite tout comme les déficits commerciaux. Et la France n'a pas le dollar ou la taille des USA.

 

 

Le programme de la gauche peut se résumer en un plan qui ne s'inscrit dans aucune cohérence globale. C'est vraiment un patchwork visant à plaire à différents courants sans articulation fondamentale . Plus grave il n'y a pas de prise de conscience des contraintes qui sont sur notre pays et c'est là une faute grave qui est une pratique malheureusement trop courante à gauche. Encore une fois, je ne suis pas pour l'austérité ou une politique de contrition économique, cela ne mène à rien. Mais cela ne veut pas dire que demain on peut raser gratis si je puis dire. Un programme doit prendre en compte les contraintes en particulier européennes. Mais la façon de faire de la gauche consiste à dire que nous n'obéirons pas. Sauf que la France a signé des traités et qu'elle s'est volontairement soumise à une banque centrale dirigée par des étrangers. Faire comme si de rien n'était, et comme si nous étions encore souverains, relève de l'escroquerie. Soit vous faites un vrai programme de rupture qui s'inscrit dans un objectif de rupture avec la construction européenne et à un retour au franc et à la banque de France, soit vous faites un programme qui prend en compte les contraintes européennes et effectivement dans ce cas il faut se plier à la « discipline » de l'ordolibéralisme allemand. Le problème c'est que la gauche veut faire les deux en même temps, ce n'est simplement pas possible. Si le Front de Gauche arrive au pouvoir, on aura donc très certainement une rupture rapide avec les promesses. Je ne crois guère à la rupture avec l'UE dans ce cas puisqu'une bonne partie de leur électorat potentiel viendra du centre gauche.

 

Comme j'ai été un peu long, j'analyserai le programme du RN dans mon prochain texte.

 

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13 juin 2024 4 13 /06 /juin /2024 15:14
La gauche grecque qui a trahi son pays bientôt chez nous?

 

Nous sommes donc en route pour une législative précipitées. L'étrange calcul électoral d'Emmanuel Macron semble pour l'instant se retourner contre lui dans un chaos de plus en plus incontrôlable. Cependant, cette affaire a mis en avant la mentalité dramatiquement basse des candidats politiques, quel que soit leur bord. La situation de certains partis politiques commence à ressembler à des épisodes du « Trône de fer » ou des Rois maudits qui avaient servi d'inspiration à George R. R. Martin pour son œuvre. Le pauvre parti d'Eric Zemmour, dont j'avais déjà parlé et qui me semblait être une impasse, explose aujourd'hui sous les effets du carriérisme de certaines de ses têtes de liste. On pourrait en dire autant des Républicains d'ailleurs. À gauche on fait semblant de ressusciter le Front Populaire, mais sans le peuple puisqu'en réalité les couches populaires votent plutôt pour le camp d'en face n'en déplaise à Mélenchon. Peut-être faudrait-il plutôt parler de Front Bobo. C'est d'autant plus vrai maintenant qu'ils cherchent à faire fusionner LFI avec le PS de Glucksmann qui est pourtant nettement plus proche philosophiquement du macronnisme. On peut déjà imaginer la grande implosion si ce Front Populaire arrive au pouvoir à la suite des législatives. Il est difficile d'aller à gauche et à droite en même temps.

 

Les électeurs voient donc bien que derrière tout ce cirque se cache en réalité surtout des ambitions personnelles et que les motivations réelles n'ont en fait que peu de rapport avec l'intérêt de la population. Il faut dire que depuis Maastricht puis la mise en place de l'euro, la politique en France n'est plus qu'une coquille vide, un théâtre où l'on fait semble de prendre des décisions importantes, alors que l'essentiel est décidé ailleurs . Il est assez étonnant en fait que la population continue à voter, c'est presque triste de voir une population continuer à croire un peu dans un système à ce point avili. Il est vrai également que dans un système aussi centralisé où il n'y a plus aucun corps intermédiaire et où les grands pouvoirs ont été transférés ailleurs, les citoyens n'ont plus de prise sur rien. Les élections sont en quelque sorte le dernier lieu de semblant de civilité où l'on joue à la démocratie.

 

Alors que va-t-il se passer aux prochaines élections ? Il est tout à fait possible que nous nous retrouvions dans une situation avec un RN sans majorité absolue et dans ce cas il sera incapable de diriger puisque visiblement il est bien en peine d'obtenir des alliés. Si c'est le pseudo-Front de gauche qui gagne, on aura automatiquement un nouveau pouvoir centriste. D'abord parce que la gauche devra sa victoire en partie à l'aile PS-Glucksmann et qu'en général dans ces conditions c'est souvent les minoritaires qui pèsent. Ce fut d'ailleurs l'une des raisons de la cinquième république par rapport à la quatrième, mettre fin au jeu des partis qui donnait trop de pouvoir de négociation aux petites listes par le jeu des alliances. On voit bien ici que la constitution du général de Gaulle a échoué même avec tout le respect que l'on peut avoir pour le grand Charles. Il est donc assez probable que la victoire de la « gauche » soit en fait le retour de la gauche plurielle sous une autre forme c'est-à-dire un mouvement centriste et européiste. L'Europe étant le seul socle commun à la gauche actuelle. Car même si LFI parle souvent de rupture avec la construction européenne, c'est toujours en dernier recours, et en réalité contraint et forcé.

 

Autant dire qu'il n'y aura jamais de rupture avec l'UE venant de la gauche. Car pour le faire, il faut avoir un vrai attachement à la nation française, ce qui n'est pas le cas des gens de gauche pour leur grande majorité. Ils se plaindront des conséquences de la disparition des solidarités nationales, mais jamais de la perte du liant nécessaire à cette solidarité. Cela fait partie des grands paradoxes de la gauche française, celle qui consiste à conchier ce qui permet en pratique la solidarité entre les classes sociales d'un même pays, le patriotisme. Les drapeaux palestiniens que brandissent les gauchistes en lieu et place du drapeau français démontrent en soi l'incapacité de la gauche à renouer avec l'esprit national. Ils peuvent s'amouracher de patries étrangères maltraitées, mais pas de la leur. Comme si les maux des Français n'avaient pas d'importance en tout cas beaucoup moins que ceux des étrangers. À ce stade c'est d'un avis psychiatrique dont nous aurions besoin, même si l'on peut toujours se rappeler de la fameuse formule de Rousseau sur cet amour du lointain promu par les cosmopolites :

 

« Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent de remplir autour d'eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d'aimer ses voisins »

 

Il faudrait d'ailleurs rappeler au passage à nos amis de gauche que le Front Populaire de l'époque, s'il était bien entendu farouchement opposé au racisme, n'en demeurait pas moins opposé également à l'immigration sans limite. Comme le rappelle dans ce texte l'historien Ralph Shor le Front Populaire était aussi très patriotique. Il a même fait appliquer la lois de 1932 limitant l'emploi des étrangers dans les entreprises privées, même le RN actuelle ne propose pas ça. Et comme le dit l'historien lui-même en 1936, les Français ont d'abord pensé à eux même et le Front Populaire a pu accéder au pouvoir dans ce cadre bien loin de la gauche actuelle pour qui les problèmes du lointain semblent nettement plus importants que les problèmes immédiats des Français. C'est d'ailleurs très bien expliqué par Christophe Guilluy dans un article récent où il résume très bien la situation qui a permis au RN d'atteindre son score actuel et la gauche bourgeoise à une très grosse responsabilité dans l'affaire.


 

Le piège néolibéral et l'UE

 

Comme je l'ai dit dans mon texte précédent brillamment commenté par La Gaule, le prochain gouvernement va se retrouver dans une impasse. Quel que soit le courant montant au pouvoir. Car aucun des deux courants ne veut rompre réellement avec le système européen. Et de toute manière, il ne pourra pas le faire dans des conditions de cohabitation. En effet, les référendums par exemple ne pourront pas être organisés sans l'approbation du président. Et connaissant Macron, il n'y a strictement aucune chance pour qu'il collabore ouvertement avec le prochain gouvernement qui ne sera pas de sa couleur. Son esprit enfantin et capricieux, pour ne pas dire pire, le poussera certainement à multiplier les coups pour nuire au gouvernement. Il le faisait déjà passablement avec ses propres troupes alors imaginait avec un gouvernement d'un autre courant politique qu'il méprise en plus . Donc imaginons qu'un gouvernement de Front Populaire ou du RN voulant mettre en place des lois ou des politiques contraires au droit européen. La Commission européenne bloc, tout comme la cour de justice européenne. La BCE décide de menacer la France directement et de provoquer une crise économique sévère dans le pays en nous asséchant les rentrées monétaires. Que se passe-t-il ?

 

Le gouvernement courageux veut organiser un référendum sur la sortie de l'UE ce qui est extrêmement improbable avec le RN ou avec le Front de Gauche. Il ne le pourra pas puisque le président ne le voudra pas et le référendum reste la prérogative du président de la République. Donc vous voyez le dilemme. Même si le futur gouvernement voulait rompre avec l'UE, il ne le pourra pas dans le cadre de l'exercice du pouvoir sous une cohabitation. Il faut impérativement avoir le président de son côté. On voit ici encore une fois les limites de la cinquième république qui a été un peu trop pensé pour le meilleur des hommes que fut le général de Gaulle.

 

L'autre facteur est éminemment économique. Nous vivons dans une structure économique entièrement façonnée par l'idéologie néolibérale depuis les années 70. Si l'UE est l'incarnation de ce pouvoir n'oublions pas que la première contrainte qui a été introduite artificiellement fut la fin du circuit du trésor et l'imposition qui a été fait à l'état d'emprunter uniquement sur les marchés financiers. Comme le disait Raymond Barre lui-même,  maintenant l'état devra payer ses dettes. Sous-entendant que l'état ne pourrait plus les monétiser comme il le faisait un peu jusque là. En mettant l'augmentation de la masse monétaire sous condition d'emprunt à intérêt privé, la France a mis les mains dans l'engrenage de l'accroissement de la dette sans fin. Un engrenage qui a permis depuis de justifier tous les renoncements et qui explique que la France de 2024 ne peut plus se payer la sécurité sociale qu'elle avait en 1945 quand le pays était pourtant ruiné.

 

Pour résoudre les problèmes de la France, il faut donc en préalable enlever les chaînes qui empêchent les politiques publiques d'aller dans un autre sens que celui de la dérégulation et de la privatisation généralisée. Si vous ne revenez pas à un système de monnaie nationale et d'emprunt à la banque de France, effectivement ce sont les marchés financiers en plus de la BCE et de la Commission européenne qui imposeront leur agenda. Il est d'ailleurs tout à fait possible que ce soit là, en réalité, le piège ultime d'Emmanuel Macron. Un homme, qui, il faut le rappeler, est un pur produit de la finance. On peut très bien imaginer que toute sa stratégie fut de surendetter le pays, pour ensuite le faire tomber sous la coupe des marchés financiers, et pour justifier la démolition totale des derniers services publics et du système de retraite. Le pays se retrouverait ainsi vendu à la découpe pour des entreprises et des pays étrangers. La France arrive à un moment similaire à celle de la Grèce en 2010 et il faut rappeler qu'à l'époque c'est la gauche qui a préféré rester dans l'euro l'UE et piller le pays pour les beaux yeux des marchés financiers. Il n'est pas exclu que nous soyons au bord d'une évolution semblable.

 

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10 juin 2024 1 10 /06 /juin /2024 15:00

 

L'élection d'Emmanuel Macron en 2017 a été le commencement d'une phase de crise aiguë au royaume de France. Une crise qui a ses origines dans l'abandon progressif de la souveraineté nationale aux profits d'instance de plus en plus éloignée du pouvoir populaire et démocratique. On peut le dire sans se tromper, la construction européenne et le globalisme portent les crises tout comme les nuages apportent la pluie. Les deux sont intrinsèquement liés, même si les commentateurs de plateaux analysent la multiplication des crises comme autant de phénomènes locaux. La réalité est que ces mouvements de crise ont une source commune, la dépossession des peuples de leur pouvoir de décision sur leur propre destin. Les peuples cherchent par les urnes à retrouver un peu de leur souveraineté. Pour y arriver, ils utilisent tous les moyens même les partis les plus discutables. Malheureusement pour eux les pouvoirs ne sont plus dans les parlements ou dans les ministères, ni même au parlement européen, mais à la Commission européenne non élue et à la BCE de Francfort.

 

L'UE est un géant paralytique, incapable de s'adapter au monde qui l'entoure, et enfermé dans un système économique grotesque mélange d'ordolibéralisme allemand autoritaire et de néolibéralisme anglo-saxon financiarisé. L'UE est une construction non démocratique faite pour asseoir la politique économique idéale des petits livres saints du libéralisme qui sont aussi proche de la réalité que pouvait l'être la casuistique médiévale en son temps. La casuistique pouvait être des raisonnements complexes de haute tenue parfois, mais dont les fondements étaient faux amenant inévitablement à s'entêter dans l'erreur. C'est exactement la même chose pour l'UE, une erreur qui entraîne tout le continent dans les abîmes, mais que personne ne semble vouloir remettre en question par peur de finir pestiféré. L'européisme de nos élites les conduit inéluctablement à l'impossibilité pratique de répondre aux aspirations des peuples dont elles ont la charge. La construction européenne en un sens est un retour à la grande tradition européenne des grandes tragédies grecques.

 

L'épisode électoral que nous venons de connaître s'inscrit donc dans le cadre d'instabilité et d’impossibilité politique que produit la construction européenne. Le vote massif pour le Rassemblement National n'est en fait pas du tout une surprise. J'avais moi-même prévu cette situation avant le premier tour des présidentielles en 2017 où je présentais Emmanuel Macron comme le meilleur moyen de faire monter le RN au pouvoir. Cela n'a pas manqué, sa réélection approximative ayant été en partie produite par le conflit en Ukraine. Hélas il n'a pas compris lui même qu'il avait été mal élu et malgré son absence de majorité au parlement il a fait comme si de rien n'était. La crise politique produite par l'UE est ancienne, on peut même la dater de 1983 et du tournant de la rigueur, une époque où les socialistes au pouvoir ont préféré l'Europe aux chômeurs français. Depuis 1983 les alternances politiques sont devenues frauduleuses puisque tous les partis qui se sont succédé ont systématiquement trahi une fois au pouvoir au profit de la construction européenne.

 

Et en l'état, je vais vous faire un pronostic pas vraiment risqué, ce sera exactement la même chose avec le RN. Un parti qui ressemble de plus en plus au RPR de Jacques Chirac supermenteur en moins. Le RN l'a dit et redit pendant la campagne, il ne veut plus rompre avec l'UE et l'euro. La parenthèse Philippot s'est terminée en 2017 au RN et certain diront que c'est ce qui a permis au RN de monter depuis, ce je que ne crois absolument pas. Le RN aurait progressé de la même façon s'il était resté sur la ligne de 2017. C'est avant tout le rejet du pouvoir en place qui le fait monter bien plus que ses programmes ou ses idées. Malheureusement, c'est ce positionnement européiste qui va être fatal au RN dans les années qui viennent, mais bon pour l'instant ils ne l'entendront pas puisque c'est probablement plus les postes qui les intéressent que le redressement du pays. A titre personnel gagner une élection n'a aucun intérêt si l'on ne compte pas réellement changer la situation mais il est vrai que je ne brigue pas un mandat moi.

 

 

Accroissement des tensions et l’inéluctable échec du RN

 

L'élection d'hier a donc été fatale à la majorité présidentielle. Si le RN progresse, on voit bien par contre qu'en réalité le bloc bourgeois est toujours là . En effet, on peut largement additionner les voix de la liste Hayer à celle de Gluksmann et d'EELV ce qui nous donne environ 34% des voix. C'est le socle européiste en France qui pour l'instant ne se réduit pas. Dans ces élections européennes, on a donc pu voir un transfert des voix macroniste vers un macronisme nouvelle formule avec la liste Gluksmann. C'est avant tout cette division électorale qui a donné ce résultat catastrophique pour la majorité actuelle. Le bloc bourgeois ne pouvant plus se payer le luxe d'avoir plusieurs représentants comme à la grande époque du faux duel RPR-PS. Le problème également c'est que le RN arrive désormais à focaliser les mécontentements et à devenir le seul alternatif à pouvoir monter au pouvoir. Hélas, comme je l'ai déjà dit, sa « normalisation européiste» le conduira à l'échec. En effet, aucune politique ne peut être faite contre les traités européens inamovibles. À la limite la seule chose qu'ils pourraient faire une fois au pouvoir serait de sortir du marché européen de l'énergie pour arrêter les prix absurdes actuels. Ce serait déjà une bonne chose, me direz-vous? Mais c'est bien la seule chose d'utile qu'ils pourraient obtenir. Sur tout le reste et notamment la réindustrialisation ou l'immigration, ils seront obligés de faire exactement la même chose que Macron.

 

Alors quel est le but de la dissolution d'Emmanuel Macron ? Mettre le RN au pouvoir et prouver son inaptitude ? Peut-être, mais rien ne dit que cela favoriserait les partis européistes bien au contraire. Avec l'arrivée d'un parti dit « nationaliste » au pouvoir qui ne pourra rien faire à cause de l'UE et de l'euro on aura bien une démonstration, mais pas celle qu'attend Macron. Il espère que cela jettera les Français dans les bras centristes par la suite, mais au contraire cela nourrira dans un premier temps un immense désespoir, mais aussi la cause souverainiste. Le RN va prouver en pratique que dans l'UE et l'euro il est tout simplement impossible de faire autre chose que les politiques du laissez-faire. On pourrait y voir une démonstration claire et limpide de la nocivité de l'UE pour notre nation et pour la démocratie en général. Il est certain cependant qu'à court terme on ira vers des tensions exacerbées et une multiplication des jacqueries dans tout le pays.

 

Le calcul très courtermiste d'Emmanuel Macron en prévision de la prochaine présidentielle est un calcul politicien très bas de gamme. Il prouve ici encore une fois qu'il n'a aucun sens de l'intérêt général et il est prêt au chaos pour arriver à ses fins. S'il avait été responsable il aurait démissionné et organiser des présidentielles et des législatives pour la rentrée. Mais encore une fois, ce caractère a son utilité, car il peut mettre fin au RN et au souverainisme mou européiste en même temps qu'il met le chaos dans le pays. Tout comme il a détruit l'alternance centriste de ces 40 dernières années, cet agent du chaos qu'est notre président pourrait aussi détruire le dernier reste de l'époque Mitterrand, le RN devenue un parti paralysant les vraies alternatives du pays. Ajoutons à cela que dans le reste de l'Europe les vrais antieuropéens montent notamment en Allemagne. L'AFD qui est l'extrême droite allemande avec qui le RN a rompu parce qu'ils sont anti-européens fait un bon score à près de 16%, mais l'autre surprise est le nouveau parti de gauche très eurosceptique le BSW qui fait 6,2%. Les Allemands semblent avoir moins de scrupules pour rompre avec l'UE même à gauche. J'imagine très bien l'Allemagne mettre fin à l'UE et à l'euro elle-même, ce qui en quelque sorte pourrait aussi nous arranger.

 

Quoiqu'il en soit, les années qui viennent seront chaotiques. Les européistes ont cru mettre fin à la démocratie en silence grâce à leur grande machine juridico-économiciste, mais ils ont oublié comment la démocratie est née. La démocratie n'est pas apparue par la volonté des monarques. Elle fut une lutte de longue haleine pour sortir de l'ancien régime où les peuples n'étaient que des sujets. Le nouveau Saint Empire Germanique qu'est la construction européenne se retrouve exactement avec les mêmes problèmes que les vieux régimes monarchiques du 18e et 19e siècle. Des pouvoirs qui n'ont plus de légitimité, mais qui continuent à donner des ordres contraires aux intérêts des populations ne peuvent que conduire à de violents conflits. Il est quand même incroyable que l'UE ait réussi l'exploit de ramener l'Europe à l'époque des révolutions sur un continent qui était pacifié, mais qui en en plus est extrêmement vieillissant. C'est dire la brutalité du régime et sa stupidité. Si le chaos s'installe pour longtemps la seule chose que l'on peut dire, c'est qu'il ne prendra fin que lorsque le dernier des empereurs européens aura abdiqué et que la liberté des peuples et des nations sera de retour, pas avant.

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3 juin 2024 1 03 /06 /juin /2024 14:50

 

À dire vrai je n'avais vraiment pas envie d'aborder ce sujet même s'il est au cœur de l'actualité bien évidemment puisque les élections européennes arrivent ce dimanche. Je n'avais pas envie d'en parler pour deux raisons essentiellement. La première est que cette élection ne sert strictement à rien. Le parlement européen est en réalité un parlement fantoche qui n'a aucun réel pouvoir. Le véritable pouvoir a été volontairement éloigné des peuples. C'est toute l'essence de la construction européenne, une structure antidémocratique dans son essence même. Ceux qui vous parlent de démocratie avec les institutions européennes sont simplement soit des menteurs soit des ignares. Le véritable pouvoir se trouve à la Commission européenne et à Francfort au cœur de la BCE. Le reste est un décorum visant à camoufler la réalité européenne aux peuples membres et à l'extérieur de l'UE. En gros, on amuse la galerie avec un parlement qui passe son temps à tamponner des textes écrits et imposés ailleurs. Et n'oublions pas aussi l'énorme poids des lobbys sur les structures européennes. L'intérêt général dans tout ça n'a que peu d'importance en réalité.

 

Et en un sens voter aux Européennes c'est jouer quelque part le jeu de cette tromperie en légitimant même de loin le caractère « démocratique » de cette grande supercherie européenne. Ma tendance naturelle serait donc plutôt logiquement de ne pas voter lors de ces élections pour ne pas légitimer le pouvoir tyrannique de l'UE. Ma seconde raison est l'absence de débat de fond sur les questions européennes. Cette élection est devenue un fourre-tout grotesque, il suffit de regarder les listes électorales pour s'en convaincre. On peut se demander si les Français prennent encore la politique au sérieux. On trouve un « Parti pirate », un grotesque « parti animaliste », un parti « Free Palestine » qui camoufle sans doute un mouvement islamiste qui se fout royalement de la France avec une priorité pareille, etc.. Vous pouvez consulter la liste sur Wikipedia et rigoler avec la description de certains partis. On apprend par exemple que la liste plutôt de gauche de monsieur Geroge Kuzmanovic, République Souveraine, est à l'extrême droite par exemple. Le plus drôle étant la description de parti attrape-tout. Évidemment, cette dénomination discriminante n'est faite que pour les partis qui ne collent pas à la doxa officielle. Pourtant cette idée de partie attrape-tout c'est la définition même du macronisme. La liste Hayer a pourtant une description on ne peut plus avantageuse de social-libéralisme et centriste, ce qui est très discutable comme description, mais passons.

 

Le fait que l'élection soit à un tour à la proportionnelle explique cette explosion de liste, certains y voyant surtout un bon filon économique à exploiter. Jouant sur la déconvenue autour des partis traditionnels et sur la dépolitisation massive de la population. Certains doivent se dire qu'avec un slogan simpliste sur un sujet particulier ils pourraient probablement dépasser les fatidiques 5% pour avoir des représentants. Le manque de sérieux n'est pas uniquement le produit de la multiplication grotesque du nombre de liste, il n'y a pas de débat de fond. Nous avons fêté récemment les vingt ans de l'euro et personne n'ose en faire le bilan à part les quelques candidats souverainistes bien peu médiatisés. Pire que ça, le système médiatique a mis au centre des débats des personnages européistes comme le pathétique Gluksmann qui veulent toujours plus d'Europe sans jamais se questionner sur l'intérêt de cette construction. L'Europe est toujours la solution à tous les problèmes et la France en est toujours à la source. C'est étonnant en fait cette absence de débat sur l'intérêt de l'UE et de l'euro. Parce que l'échec est aujourd'hui patent. On ne passe pas une seule journée sans parler des problèmes économiques du pays et de l'Europe et personne ne veut faire le lien avec l'euro et la construction européenne.

 

Il y a vingt ans il y avait beaucoup plus de débats sur la question qu'aujourd'hui. Alors qu'à l'époque l'euro était nouveau et qu'il était possible de douter honnêtement de son succès ou de son échec. Pour les gens sérieux, il ne faisait guère de doute que cela conduirait au désastre, mais les partisans de l'euro avaient pour eux le caractère nouveau de la monnaie unique. Nous n'avions pas d'expérience récente sur les unifications monétaires et leurs implications économiques. Mais aujourd'hui il n'y a plus cet avantage. C'est pourtant le silence radio sur la question de l'euro. Alors peut-être que mes lecteurs n'ont pas cette impression. Il est vrai que lorsque l'on visite les sites et les personnalités eurosceptiques on peut avoir cette impression de débat. Mais pour ce qui est du débat public, celui qui concerne la majorité de la population c'est vraiment le silence complet sur la question qui n'est jamais abordée à part pour dénigrer sans argumentations les critiques de la construction européenne.

 

Il est évident que la construction européenne pour certains milieux sociaux s'apparente de plus en plus à un mouvement religieux. Cette réalité ne fait guère de doute lorsque l'on écoute les longues litanies de Valérie Hayer. Elle fait presque des invocations, le peuple français devant être sacrifié au totem européen. Et que dire des discours de Macron qui invoque l'Europe en permanence et dénigre le soi-disant nationalisme qui pourrait tuer l'Europe. Alors que la réalité est en fait exactement inverse. Ce sont bien les européistes qui sont en train de tuer le continent avec leur obstination dans la construction d'une structure qui ne fonctionne pas et nuit fortement à l'économie du continent. Les vrais Européens sont en réalité les défenseurs des nations européennes, les affreux nationalistes dont ce pauvre Macron a horreur.

 

Pour qui voter ?

 

Alors je ne vous dirai pas pour qui voter, après tout, chacun fait ce qu'il veut en son âme et conscience, mais j’apprécierais quand même que vous évitiez de voter pour les zozos de l'européisme. On évitera donc à coup sûr de voter pour les partis de l'extrême centre Hayer, Gluksmann, et EELV sont des partis particulièrement nocifs pour le pays. On peut même dire qu'ils sont les vrais extrémistes du champ politique français actuel. C'est eux qui veulent plier à la réalité à leur idéologie d'essence religieuse. Je donne d'ailleurs une mention spéciale aux écologistes ou plutôt au x prétendus écologistes à qui nous devons une bonne partie de nos malheurs énergétiques et qui ont été passablement nuisibles à notre société et même sur les questions écologistes. Grâce à eux l'Allemagne tourne à nouveau au charbon et on a frôlé la catastrophe avec la réduction de notre parc nucléaire. Ce genre de détail fait des partis écologistes ou estampillés comme tels des partis à éviter totalement à mes yeux. Cela ne veut pas dire que l'écologie ne soit pas un sujet important, mais ce n'est pas avec des discours irrationnels et déconnectés des réalités scientifiques et techniques, qu'on doit aborder ce sujet, il ne mérite pas ça. Donc si EELV pouvait faire moins de 5% ce serait déjà une grande nouvelle pour ces élections.

 

Quand est-il de mon choix ? Je voterai avant tout pour soutenir une liste et leur permettre d'exister simplement d'un point de vue politique. Ce n’est pas un soutien à la légitimation de la construction européenne, c'est tout le contraire. À titre personnel je n'ai pas encore décidé, ce sera peut-être la liste de Philippot ou celle de l'UPR. Je me désole vraiment que les partis voulant la sortie de l'UE n'aient pas réussi à s'entendre au moins pour un objectif commun à ces élections. Ils auraient peut-être pu dépasser les 5% et donc faire un peu entendre un autre son de cloche que celui de l'européisme béat. La liste de République souveraine n'est à mes yeux pas assez claire sur l'UE. On a un peu l'impression d'une volonté de rupture, mais qui ne s'assume pas. Alors je ne voterai clairement pas pour le RN ou la liste de Marion Maréchale pour les mêmes raisons a fortiori si la RN est littéralement devenue un parti européiste dans ses discours. Il ne se distingue pas vraiment des partis centristes sur ce point. Cependant, on peut bien évidemment s'attendre à un ras de marée du RN. Ce n'est pas qu'il y a une dynamique réelle, c'est simplement parce que le RN est le parti d'opposition qui est vu comme étant le seul à pouvoir éventuellement monter au pouvoir. Je pense qu'à l'heure actuelle les Français votent plus pour un changement possible que pour un changement souhaitable en fonction de leur conviction. On peut dire quelque part que le vote RN est devenu le vote utile contre le système.

 

Et c'est exactement ce que j'avais prévu lors de l'élection de 2017 quand j'avais écrit que Macron était le personnage qui avait le plus de chance d'amener le RN au pouvoir un jour. Bon par contre je n'avais pas prévu la dérive européiste du RN depuis. J'ai du mal à imaginer les conséquences politiques de l'arrivée du RN au pouvoir dans les années qui viennent. Je sais pertinemment que cela ne changera strictement rien aux politiques menées puisque le RN ne veut pas rompre avec l'UE et l'euro. Il pliera donc face à Bruxelles et à Francfort à la manière de Meloni en Italie. Mais nous ne sommes pas à l'abri d'une surprise, le système médiatique pouvant s'emballer et finalement provoquer la rupture qu'il craint en retour. Mais c'est un autre débat, les élections européennes n'ayant pas vraiment d'importance en réalité.

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6 mai 2024 1 06 /05 /mai /2024 15:49

 

La campagne des Européennes a donc commencé. On remarque tout de suite l'explosion des discours tous plus grotesques, et irréalistes, les uns que les autres. Peu de candidats veulent rompre avec la construction européenne alors que c'est la seule solution pour sauver le pays. Mais les médias étant ce qu'ils sont, c'est à dire inféodé aux classes sociales dominantes, c'est de nouveau la vieille lune de l'autre Europe qui remplit les discours de nos candidats à commencer par ceux prétendument de gauche. Pour ceux qui ne le sauraient pas, ou qui auraient une mémoire de poisson rouge, l'autre Europe c'était déjà le discours des socialistes dans les années 70-80 . C'est dire si la méthode est éculée. Mais c'est assez symptomatique de la démission générale des prétendus élites qui dirigent, ou plutôt font semblant de diriger ce pays. Ils veulent véritablement la mort de la France en tant qu'entité politique. Ce n'est jamais dit ainsi directement, mais tout montre dans leur comportement cette volonté en particulier chez monsieur Macron qui ne manque aucune occasion pour rabaisser le pays. On notera d'ailleurs le grand silence général sur la volonté de supprimer les droits de veto des états membres, une volonté de transformer l'UE en un état fédéral sans peuple, une première dans l'histoire.

 

Nous en avons une nouvelle preuve de cette volonté d'abaissement du pays en ce moment même, puisque Macron en bon vassal qu'il est, a voulu faire venir la pathétique Von der Leyen lors de sa rencontre avec le dirigeant chinois. Cela jure un petit peu avec la visite du chancelier allemand en Chine dernièrement où il n'y avait aucun dignitaire européen, ni même un seul drapeau européen . C'est que les élites allemandes n'ont visiblement pas envie de dissoudre leur pays dans l'UE et c'est très vraisemblablement le cas de la plupart des pays membres. Cet acharnement à vouloir aller contre les intérêts du pays de la part de ceux qui sont censés le représenter est vraiment très curieux. Sûrement un des effets du nihilisme dont parlait Emmanuel Todd. Mais il atteint en France un niveau extrêmement préoccupant pour l'avenir du pays. Même aux USA il reste quelque bribe de notion de défense de l'intérêt nationale. Je dis bien quelques bribes, car c'est plus verbal qu'autre chose. En France on peut être ouvertement antifrançais, contre les intérêts de la nation et êtres candidat aux Européennes ou à la présidentielle. À l'image de monsieur Gluksmann qui se sent plus chez lui à New York ou à Berlin qu'en Picardie. On se demande bien pourquoi il est candidat chez nous du coup. C'est assez symptomatique du problème de la France qui est géré depuis des décennies par une population qui n'a plus aucune attache avec notre nation. Il ne faut donc guère attendre autre chose que des discours ignorant parfaitement l'intérêt supérieur de la nation.

 

Cependant, cette situation ne serait pas possible si les Français en général avaient globalement gardé une colonne vertébrale nationale. En un sens le vide des élites c'est aussi la résultante du vide patriotique qui touche la population française persuadée que la nation et les frontières c'est le mal absolu. Et la poussée du RN ne signifie pas automatiquement un réveil du patriotisme français. Tout juste peut-on noter une réaction épidermique face aux conséquences du néolibéralisme et de la construction européenne sans une véritable prise de conscience de la nécessité d'un patriotisme minimal. Nous devons avoir en tête les gilets jaunes qui furent incapables d’articuler une pensée collective cohérente sur ces sujets à part leur slogan inlassable sur le RIC. Cette jacquerie moderne a en un sens montré l'état mental de la population française fatigué par 50 ans de libre-échange et de dérégulation économique, mais qui n'est plus capable d'avoir des projets collectifs parce que l'esprit patriotique est en lambeau.

 

 

L'UE est un outil des élites contre la population française

 

Et cette absence d'esprit collectif extrêmement fort dans notre pays se traduit par ces postures électorales ridicules. Ainsi tous les candidats ou presque veulent maintenant protéger les Français et l'industrie. Il faut dire que les chiffres du commerce extérieur sont tellement catastrophiques qu'il devient difficile de les camoufler. Rendez-vous compte, la France arrive même à avoir des déficits commerciaux avec les USA, chose rarissime sur terre. Il s'agit ici probablement d'un des effets du suicide collectifs consistant à importer du gaz naturel liquéfié US beaucoup plus chers que son équivalent russe. On notera d'ailleurs que cette stratégie à court terme d'importation est d'autant plus absurde que la production de gaz aux USA vient d'atteindre son plafond et qu'elle risque de vite descendre dans les années qui viennent. Le gaz de schiste étant en grande partie une très coûteuse aventure sur le plan environnemental à la durée de vie très limitée. Du reste, la France qui a renoncé à 'exploiter son sol avec les techniques de fracturation au nom des questions écologistes ne semble pas très cohérente en important ce même type de gaz, mais exploité ailleurs. Mais bon les modernes montrent très largement que les incohérences sont comme une marque de fabrique qui les caractérise.

 

Cette accumulation de déficits qu'ils soient commerciaux ou publics. Ainsi que la crise économique profonde dans laquelle nous sommes entrés avec un PIB qui maintenant n'aura plus de croissance, et qui probablement va décroître dans les années qui viennent poussent les candidats aux élections à des réactions au moins verbales face aux électeurs. Seulement voilà, les problèmes que la France accumule ne sont pas le fruit du hasard, mais d'un choix structurel lié à la construction européenne. Chose qu'aucun grand candidat ne dira ou n'assumera, car la rupture avec l'UE et l'euro signifie en grande partie la mort sociale, médiatique et politique en France. On a régulièrement parlé de la construction européenne sur ce blog, je n'ai jamais caché mon hostilité à cette structure qui est une nuisance absolue pour notre pays, mais aussi pour l'ensemble du continent. Et si les USA ont été en grande partie les instigateurs de la construction européenne à leur profit il ne faut pas non plus oublier le rôle très important qu'ont tenu les élites françaises dans la construction de cette superstructure. On pense bien sûr ici à Robert Schuman et à Jean Monnet. Mais dès la disparition du général de Gaulle, c'est toute la France d'en haut qui se jette sur la construction européenne en plein milieu de la crise inflationniste des années 70, et ce n'est pas un hasard.

 

En effet à l'époque, ce qu'avait prédit Keynes était en train de se réaliser. L'inflation allait tuer la rente. La contre-révolution néolibérale fut la réaction des possédants à cette mécanique qui était sur le point d'assassiner le club des super-riches occidentaux. Leurs réactions furent la dérégulation financière et commerciale à partir du milieu des années 70. Cependant si ces politiques ont été faciles à mettre en œuvre aux USA et en Grande-Bretagne, en Europe et particulièrement en France c'était autrement plus compliqué. Nous avions encore des partis communistes puissants et de Gaulle avait laissé à droite un héritage patriotique important sur le plan politique. Il fallait donc une stratégie pour faire la révolution néolibérale sans vraiment l'assumer. L'Europe a été l'outil que les élites françaises ont utilisé. De manière assez affirmée sous Giscard et de manières plus camouflées sous Mitterrand. Ceux qui vous parlent aujourd'hui de l'Europe qui protège oublient qu'en réalité c'est par l'Union européenne que le libre-échange et la dérégulation financière sont rentrés en France pour le plus grand plaisir des rentiers et des milliardaires locaux.

 

La Chine n'est qu'une partie de notre déficit commercial le reste vient surtout de l'UE

 

L'Europe qui protège c'était la CEE, celle des six pays fondateurs d'avant l'entrée de la Grande-Bretagne, quand il y avait encore un tarif extérieur commun et que le marché unique n'existait pas. Autant dire qu'elle n'existe plus depuis longtemps. Le marché européen est aujourd'hui extrêmement hétérogène et engendre d'immenses déformations de concurrence interne, spécialisant chaque état dans certaines activités et produisant d'immenses souffrances sociales et économiques. Les gens qui parlent de protectionnisme européen pour sauver l'industrie française se foutent vraiment des Français. Si la Chine est effectivement le pays qui a les plus gros excédents avec la France, il ne faut pas oublier que notre pays a des déficits commerciaux avec la plupart de ses « partenaires » européens. Un petit coup d’œil sur les statistiques de l'INSEE montre l'inanité du protectionnisme européen pour la France. On pourrait se dire que cela réduirait au moins notre déficit avec la Chine, mais il est très probable qu'en réalité on réduirait nos importations chinoises pour accroître nos importations de République tchèque d'Allemagne ou de Pologne à la place. Parce que dans le système européen la France n'a aucun avantage comparatif, elle n'a même plus son électricité moins chère grâce au marché européen de l'énergie.

 

La construction européenne est une structure qui a été utilisée pour favoriser les intérêts des actionnaires et des rentiers en France. Telle fut la réelle motivation des décideurs et des couches sociales dominantes. Vous ne pouvez donc pas réclamer à ces mêmes couches sociales qu'elles abandonnent ce qui leur permet de vivre comme des nababs en France. C'est pour cela que tout le discours européiste sur l'Europe qui protège est à mes yeux un oxymore, pour ne pas dire une insulte à l'intelligence. L'UE fut l'instrument de notre asservissement, de la destruction des couches populaires et des classes moyennes. Elle a ruiné l'industrie du pays, mais produit d'immenses fortunes peu sujettes à l'impôt grâce à la libre circulation des capitaux européens. Il n'y a donc strictement rien à attendre de la construction européenne sur ces sujets. Quant au protectionnisme européen même s'il advenait, ce qui est très peu probable, il ne peut en aucun cas résoudre la situation industrielle de notre pays qui continuerait à être détruite par la concurrence des autres pays de la zone euro.

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