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Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.

La grande supercherie US.

 

Je m'excuse de m'atteler à nouveau à parler des USA et de leurs actions, mais force est de reconnaître que l'actualité nous y pousse un peu en ce moment. Emmanuel Todd dans sa première émission sur Fréquence populaire avait souligné le fait que Trump devrait avoir à gérer la défaite américaine en Ukraine. On ne savait pas comment il allait faire ni quelle forme prendrait cette gestion. Et bien on peut dire que nous sommes fixés. Le vendeur de tapis qu'est le nouveau président américain va essayer de faire gober au reste de la planète que les responsables de la guerre en Ukraine sont avant tout les Européens et Zelensky. C'est clairement la stratégie employée si l'on regarde les derniers discours de Trump et sa diatribe contre le président ukrainien. Soyons claires, je ne défends pas le président ukrainien, et les positions qu'il a prises depuis le début du conflit. Je constate juste qu'il y a effectivement une tentative en réalité assez grossière de la part des USA pour se dédouaner de toute forme de responsabilité.

 

Ceux qui connaissent l'histoire des USA et en particulier l'histoire de ces dernières décennies ne seront pas vraiment surpris de la tournure des événements. Les USA sont de grands habitués de l'irresponsabilité géopolitique. Assez récemment ils sont partis d’Afghanistan, la queue entre les jambes, en laissant toutes les personnes qui avaient travaillé avec eux seules face aux talibans. Même chose en Irak, en Syrie, et j'en passe. Le seul pays avec lequel ils ont été pour l'instant fidèles c'est Israël. Certains y verront sûrement l'influence du lobby israélien aux USA. D'autres, le fait que les évangélistes américains s’identifient au peuple juif. Peu importe, en pratique, la fiabilité des USA s'arrête à ce pays et encore il n'est pas certain que cela dure à la longue. La seule différence c'est que cette fois cela se passe en Europe et sous les yeux des caméras en prime time si je puis dire. Avec des européens qui pensaient être des alliés fidèles des USA, et qui ne sont pas récompensé d'un petit sucre cette fois, mais littéralement abandonné en rase campagne comme de vulgaires moyen-orientaux. C'est une importante leçon pour nos concitoyens qui viennent d'apprendre que pour les Américains les Européens étaient des métèques comme les autres. Cela nous servira à l'avenir à nous autres souverainistes et anti-atlantiste.

 

Mais il ne faudrait pas voir ici l'Europe et l'Ukraine uniquement comme des victimes d'un grand calcul américain qui aurait tout faire pour conduire à la situation actuelle. Si la crise avec la Russie a bien été fabriquée en grande partie depuis des décennies par les USA à coup de corruption, de jeu d'influence et d'élargissement de l'OTAN. Les USA n'ont globalement pas agi avec intelligence, bien au contraire ils ont multiplié les bêtises et Trump est l'un des rares dirigeants US à s'en être aperçu. On peut dire que les USA ont été surtout dévorés par leur hubris après l'effondrement de l'URSS. Dans les années 90, les USA et ses satellites auraient pu créer un monde équilibrer intégrant correctement la Russie puis la Chine. Mais ils ont choisi la fuite en avant, pensant que la Russie allait s'effondrer complètement. Même après son redressement au début des années 2000, nous avions encore la possibilité de redresser la barre. Il est possible cependant que la réaction des Européens face à l’agression en Irak en 2003 ait poussé les USA a véritablement casser cette possibilité. En effet, l'alliance d'opportunité entre la Russie, la France et l'Allemagne avait passablement agacé Washington qui voyait bien qu'un occident intégrant la Russie mettrait fin à leur monopole de la raison stratégique.

 

L’intégration de la Russie dans l'occident collectif comme le souhaitait en réalité Poutine au tout début des années 2000 aurait permis de rééquilibrer l'ensemble et aurait donné aux Européens de l'ouest plus de liberté en jouant sur le rapport de force entre les deux grandes puissances. C'est pour éviter cette évolution que les USA ont déclenché la haine anti-poutine qui explose justement après cet événement de 2003. Car je pense que la peur de la Russie a essentiellement été fabriquée par les médias. Je sais qu'il s'agit ici d'une opinion, et même d'une conviction personnelle, mais la façon dont nous voyons aujourd'hui la Russie, tout du moins chez la majeure partie de nos « élites », a été grandement façonnée par les médias de toute obédience. Sachant le rôle que joue la CIA et les services secrets américains dans le façonnement de l'information en occident, le récent dévoilement de USAID l'a montré, on ne peut qu'être suspicieux vis-à-vis de l'étrange évolution de l'image de la Russie dans la population européenne à partir de 2005.

 

Pour ceux qui l'ont oublié, la Russie n'avait pas fondamentalement une mauvaise image dans les pays de l'ouest ou en France. Certes, la plupart des Français pensaient probablement que la vie en Russie devait être difficile, et ce fut le cas pendant la période des années 90 indéniablement. Mais sur le plan des réactions géopolitiques, il n'y avait aucun contentieux. Et l'histoire française est plutôt russophile si l'on excepte la courte période napoléonienne bien évidemment. Ce fut la même chose en Allemagne d'ailleurs. On ne peut pas comprendre la dépendance allemande au gaz russe des années 2010-2022, si l'on ne voit pas que les deux pays avaient en réalité d'excellentes relations. Il restera aux historiens un immense travail pour savoir d'où est venue cette étrange russophobie européenne à partir des années 2010. Mais je pense que les réseaux d'influence américains y sont pour beaucoup, en particulier dans les médias. Pour revenir sur le conflit ukrainien, l'universitaire Jeffrey Sachs, qui n'avait pas bonne presse à Washington et pour cause, est d'ailleurs revenu dans un interview sur le rôle prépondérant des USA dans cette guerre ukrainienne.

 

Vers la fin de l'OTAN ?

 

La stratégie de Trump est donc de botter en touche si je puis dire. Pour ne pas avoir à admettre la défaite comme le soulignait Emmanuel Todd, Trump va simplement dire que ce n'est pas la guerre des USA. Cela fonctionnera sans doute dans l'espace médiatique, mais dans l'espace géopolitique c'est une autre paire de manches. Avec son agressivité Trump remet en réalité déjà en cause l'OTAN dans son existence même. Alors on ne va pas pleurer, l'OTAN aurait en réalité dû être dissoute dès la fin de la guerre froide en même temps que le pacte de Varsovie. Mais il faut bien comprendre le rôle très important que joue l'OTAN dans l'appareil industriel militaire US. Car l'OTAN ce n'est pas juste un outil de défense, ce n'est d'ailleurs presque pas un outil de défense en réalité à part dans les fantasmes de quelques généraux qui pensent réellement que les USA iraient mourir pour la Pologne ou l'Allemagne. Non, l'OTAN c'est avant tout un outil de vente forcée d'appareillage US. Les Américains peuvent avoir des avions qui ne décolle pas des missiles qui n'explosent pas et des appareils furtifs que tout le monde repère, comme ils sont la puissance dominante de « l'alliance » ils forcent les autres membres à acheter leur appareillage, même si d'autres membres vendent du meilleur matériel. En tant que français nous sommes bien placés pour le savoir. Il n'y a pas de marché de l'armement au sein de l'OTAN, car la concurrence est un concept étranger à l'armement US.

 

Nous apprenons d'ailleurs par l'intermédiaire de la Roumanie que les discussions sur la paix en Ukraine porteraient en partie sur l'expulsion de l'OTAN des pays de l'Est de l'Europe. En gros, il s'agirait de respecter les accords verbaux qui avaient été pris lors de la fin de l'URSS et qui consistaient à de pas élargir l'OTAN vers les frontières de la Russie . Faisant ainsi des pays de l'Est des états tampons en gros. Des accords qui n'ont en fait jamais été respectés par les USA. Ce recul en soi porte les germes de la mort de l'OTAN. En effet, si les pays de l'Est sortent de l'OTAN et que la Russie ne menace finalement pas leur intégrité, il est clair que l'OTAN perdra toute son utilité. Ce à quoi nous pourrions ainsi assister c'est à la fin du grand croquemitaine russe qui comme je l'ai déjà dit a été entièrement fabriqué par nos médias. La Russie ne menace pas l'Europe. Pire que cela il semble que les Européens prennent petit à petit conscience que leur véritable ennemi est de l'autre côté de l'Atlantique. En ce sens, Trump est indubitablement important pour nous.

 

Depuis 20 ans les USA ont inventé la croissance économique sans croissance de la consommation d'énergie
Quand on voit l'excédent commercial de l'UE, on peut se demander qui est réellement productif.

 

Trump essaie aujourd'hui de réorienter les USA vers l'Asie pour contrer la menace chinoise. Il considère l'Europe comme un continent sans intérêt et en déclin. Ce qui est confirmé par les multiples discours de ses proches ou des courants idéologiques aux USA. On a ainsi vu le vice-président Vance nous parler d'un état islamiste britannique en devenir montrant quand même le caractère assez grossier des informations qui nourrissent les nouveaux dirigeants aux USA. Je crains que les américains n'aient remplacé des idéologues aveugles par d'autres idéologues, d'un autre type certes, mais tout aussi aveugle en réalité. De fait, Trump sous-estime en réalité l'importance de l'Europe pour l'économie américaine, mais surestime aussi l'état de l'économie US. Comme je l'ai déjà dit l'UE va mal, mais les USA aussi. La croissance du PIB américain est un gros trompe-l’œil qui disparaît dès qu'on regarde des statistiques physiques réelles. Ainsi la consommation d'énergie aux USA fait du surplace depuis 2008. Les jeunes Américains ont de plus en plus de mal à quitter leurs parents et je ne parle pas de l'effondrement de l’espérance de vie, de l'explosion du suicide ou de la hausse de la mortalité infantile.

 

La stratégie de Trump va simplement décrocher l'Europe des USA assez rapidement, et tant mieux si je puis dire. Et lorsque les Européens seront enfin sortis de leur fantasme russophobe, ils s’apercevront qu'il n’y a absolument aucun risque de guerre en Europe à part celui que les USA et leurs sbires ont importé sur le continent. Trump veut réorienter les USA vers l'Asie pour se concentrer sur leurs vrais intérêts en Asie. Je pense qu'il va simplement faire perdre les USA sur tous les tableaux. La Chine est déjà hors de portée et il vient de réveiller les Européens de leur torpeur et de leur soumission.

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L
Je ne suis plus sûr de rien tant les événements se précipitent et l'urgence est surtout de prendre du recul puisque la complexité de l'évolution en cours est capable de prendre à contre-pied nos constructions intellectuelles les mieux ficelées. <br /> Il est même maintenant question que les États-Unis sortent de l'ONU - ce qui nous fera des vacances vu le rôle délétère qu'à joué le Machin surtout dans la crise fabriquée du Covid ! <br /> L'histoire des déclarations de Trump sur le Danemark et le Canada me posent aussi question. Pourquoi le soufflet est-il retombé aussi rapidement par exemple ? Ne serait-ce pas parce que le Danemark s'est déclaré prêt à réparer le Northstream II et que le Canada s'est de nouveau montré favorable à de nouveaux forages pétroliers au grand dam de ses écologistes ? En ce cas quelles étaient les vraies intentions de Trump en jetant ce pavé dans la mare ? <br /> Je crois qu'il ne faut pas sous-estimer les capacités cognitives de Trump, qui a sans doute une vision plus pointue de la situation mondiale que nous lui attribuons, cela aussi parce que cette fois il est très bien entouré à la différence de son premier mandat.<br /> Nous ne mesurons pas aussi combien le principal obstacle à sa politique viendra plus de l'intérieur que de l'extérieur, car le système fédéral américain ultra-judiciarisé va permettre à ses ennemis de le contrer et de mener une véritable guérilla qui s'annonce fort longue et surtout périlleuse, car c'était la situation qui prévalait déjà à la veille de la guerre de Sécession et ce spectre hante encore l'imaginaire américain.<br /> Or, il n'ignore pas que ses adversaires forment un empire qui s'étend des deux côtés de l'Océan à travers son bras armé l'Otan, sa vitrine administrative l'Union Européenne et son bastion économique qu'est le forum de Davos. Ce sont peut-être plus ces structures qu'il attaque frontalement que les états particuliers auprès desquels son intérêt commande aussi de chercher des appuis ?<br /> En France par exemple il est clair que les grandes manœuvre américaines de l'après Macron ont commencé et que Trump ne s'embarrassera pas des canards boiteux de l'opposition droitière française, de Zemmour à Bardella, lequel vient d'ailleurs de se faire sécher par Bannon de manière à mon avis préparée et cousue de fil blanc à l'avance. Un vieux roulier plus charpenté et présentable comme Villepin fera plus l'affaire.<br /> Rien n'est encore écrit à l'avance et l'apocalypse occidentale, ce vertige dans lequel je suis moi-même plus souvent enclin à sombrer que vous les jours de déprime (un sur deux), n'aura peut-être pas lieu, l'intendance économique s'adaptant au bout du compte sans trop de casse et de malheur à la marche du monde ?<br /> On ne va pas rigoler tous les jours avec le rouquin, c'est certain, mais avec quelques bonnes occasions de rigoler (c'est déjà le cas, les médias français ce sont les Marx brothers tous les jours) ce qui nous consolera.
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Y
"Il est même maintenant question que les États-Unis sortent de l'ONU - ce qui nous fera des vacances vu le rôle délétère qu'à joué le Machin surtout dans la crise fabriquée du Covid ! "<br /> <br /> L'ONU est critiquable et à plein de problèmes, mais c'est la dernière institution d'après guerre qui tient encore un peu la route et qui permet à tout le monde de se rencontrer. Les BRICS font souvent référence à l'ONU d'ailleurs et je pense qu'il faut rafistoler l'institution plutôt que de partir vers un désert institutionnel planétaire. <br /> <br /> "L'histoire des déclarations de Trump sur le Danemark et le Canada me posent aussi question. Pourquoi le soufflet est-il retombé aussi rapidement par exemple ?" <br /> <br /> L'effet médiatique probablement. Et comme le dit Todd il ne faut pas partir du principe que les dirigeants sont totalement rationnel. Je crois que beaucoup surestime le caractère rationnel de Trump ou de Musk. Ce sont aussi des idéologues même si l'idéologie est différente de celles des démocrates. <br /> <br /> "Rien n'est encore écrit à l'avance et l'apocalypse occidentale, ce vertige dans lequel je suis moi-même plus souvent enclin à sombrer que vous les jours de déprime (un sur deux), n'aura peut-être pas lieu, l'intendance économique s'adaptant au bout du compte sans trop de casse et de malheur à la marche du monde ?"<br /> <br /> Personnellement la seule chose que j'attends c'est la fin de l'UE d'une manière ou d'une autre. Le simple retour à la nation aurait un effet libératoire immédiat sur la politique française. Que ce soit sous les coups de Trump ou par l'entremise de contradictions internes, il faut vraiment que l'UE disparaisse. La France aura ensuite beaucoup de problèmes, mais au moins on aura enfin les mains sur le volant. C'est mon seul espoir.