Blog parlant d'économie vue sous une orientation souverainiste et protectionniste.
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La France en perdition face aux conséquences néfastes de la construction européenne et de l'euro n'en finit plus de chercher des exemples externes qui fonctionnent tout en étant dans l'UE. C'est que la bourgeoisie est affolée d'un risque éventuel d'un retour au franc, à l'inflation et à la négociation salariale avec le reste de la population. Nos élites de droite comme de gauche cherchent donc sans arrêt un exemple de pays qui fonctionnerait bien dans cette grande machine dysfonctionnelle. Comme dans le cas de la taxe Zucman, il s'agit comme toujours de détourner le débat public du fond du problème qui est la structure même de l'UE. Hier on vantait donc le modèle allemand. Un modèle qui bizarrement attire beaucoup moins aujourd'hui que le pays s'enfonce dans la crise. Le PIB allemand devrait encore reculer cette année. À un moment donné il va bien falloir parler de dépression allemande.
La spécialisation allemande dans les exportations se retourne aujourd'hui contre elle. Car si le prix de l'énergie joue dans la compétitivité externe, et il est clair que les choix énergétiques allemands ont participé à plomber son modèle, le véritable problème c'est la concurrence chinoise. La montée en gamme de la Chine ne coule pas d'ailleurs que l'industrie allemande, le Japon est lui aussi touché alors qu'il n'a pas connu une explosion du prix de l'énergie aussi dramatique que les Allemands. C'est cette montée en gamme de la Chine qui transforme profondément les rapports de force économiques. Nous vivons une période similaire à la montée en puissance de l'industrie japonaise à la fin des années 70. Seul pays à ne pas pratiquer le néolibéralisme, le Japon a bénéficié d'un bien meilleur dynamisme économique entre les années 70 et 80. Mais cette course prit fin avec les accords du Plaza qui n'étaient rien d'autre qu'un pillage américain de l'économie japonaise. Trump fait aujourd'hui exactement la même chose qu'à l'époque, mais cette fois cela ne suffira pas à sauver le dollar, car la Chine est beaucoup plus grosse que le Japon et elle n'est pas dépendante de la défense militaire américaine.
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Quoiqu'il en soit nous, voyons ici que les modèles exportateurs classiques n'en sont plus. Dès lors, nos élites à la recherche d'une boussole et d'un placébo pour empêcher les Français de remettre en cause l'euro et l'UE cherchent inlassablement d'autres modèles. Hier la droite et l'extrême droite nous vendaient l'Italie, vous savez ce que j'en pense à savoir que l'Italie va en réalité plus mal encore que la France. Je l'ai déjà démontré dans ce texte précédent. Même sur le plan migratoire, Meloni n'est qu'une esbroufe qui a changé les immigrés illégaux en immigrant légal pour faire croire qu'il n'y a plus de problème. Comme si le changement de population était moins grave s'il est légal. Il ne s'agit pas ici de dénigrer les immigrés, mais je rappelle que la plupart des gens qui sont partis en Amérique n'étaient pas de mauvais bougre, en particulier les pauvres Irlandais fuyant la famine. Mais ils ont quand même participé à l'effacement des natifs américains qui ont tout perdu et qui vivent aujourd'hui dans des réserves ridicules. Étant donné la très faible natalité locale c'est très exactement ce qui attend les Italiens dans deux générations seulement s'ils continuent ainsi.
Meloni n'a rien redressé du tout. Ni l'économie ni la natalité, en faire un modèle est donc absurde. D'autres nous vendent des petits états comme modèle à l'image de l'Irlande. Oubliant qu'il s'agit d'un pays qui a justement utilisé l'UE comme moyen de pillage des finances des grands états. En devenant un paradis fiscal, l'Irlande a pillé tous ces voisins. Mais je n'en veux pas à l'Irlande, si cela n'avait pas été elle c'eut été un autre pays, c'est la nature même de l'UE de pousser les pays à l'égoïsme et au pillage du voisin. L'UE c'est le contraire de la coopération, c'est un système qui pousse au comportement de pillage. L'Allemagne fit de même sur l'industrie avec l'abaissement des salaires sous les lois Hartz entre 2003 et 2005. Il s'agissait là aussi d'une stratégie visant à favoriser son industrie au détriment de celle des voisins. Pas de chance, aujourd'hui cette stratégie se retourne contre elle et elle a tellement affaibli les autres qu'elle ne peut plus rien faire contre la Chine.
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Le dernier modèle à la mode est maintenant l'Espagne. Un pays qui, il est vrai, a connu une meilleure croissance aujourd'hui, mais il faut bien comprendre d'où vient cette croissance. Tout d'abord, la croissance espagnole n'a rien d'exceptionnel, elle fut de 3,15% en 2024, mais son PIB avait beaucoup chuté en 2020. Les années qui ont suivi sont donc des rattrapages. Si l'on regarde en PIB par habitant on se rend compte que le niveau de vie espagnol vient juste de rattraper celui de 2005. Cela signifie que l'Espagne a perdu 20 ans de croissance et que son niveau de vie a stagné depuis . Du reste, rappelons que c'est un pays qui reste assez pauvre avec un niveau de vie nettement inférieur à celui de la France par exemple. Il faudrait maintenir un écart de croissance longtemps avant qu'elle ne rattrape son retard. De plus, l'Espagne a toujours son problème de déficit commercial. Si le tourisme compense en partie le déficit de la balance commerciale, on constate comme dans le cas de la France une très grande faiblesse sur l'industrie. C'est un pays qui vit essentiellement des services avec environ 15% du PIB dans l'industrie nettement en dessous de la moyenne de l'UE. Et cela se voit dans la balance commerciale, dès que le PIB croît, la balance se dégrade, ce qui à terme limitera le potentiel de croissance économique du pays comme c'est le cas dans les autres pays du même genre France et Grèce.
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Alors certains objecteraient que l'Espagne s'en sort quand même mieux que nous, c'est un pays qui a connu une forte baisse du chômage. C'est vrai, mais le niveau atteint pendant la crise de 2008 était colossal avec près de 5,5 millions de chômeurs au pire de la crise. Si la croissance explique en partie cette baisse du chômage, comme dans le cas de la Grèce ou du Portugal, il y a aussi, malheureusement, la dépopulation qui joue. D'une part, la natalité est extrêmement faible à seulement 1,2 enfant par femme, de l'autre côté les jeunes espagnoles ont quitté le pays massivement. À tel point que le pays fait venir maintenant des immigrés ce qui ne va pas être sans poser de problèmes. Certains s'amuseront à décrire le phénomène actuel comme une rereconquista en quelque sorte même si beaucoup d'immigrés viennent d'Amérique du Sud et pas seulement d'Afrique du Nord. L'Espagne ayant la chance d'avoir un espace culturel et linguistique encore vaste et très peuplé même si la natalité y décroît dangereusement maintenant.
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Quoiqu'il en soit, il faut arrêter de chercher des modèles au sein de l'UE, toute l'Europe va mal globalement. Les quelques pays qui vont bien en apparence comme l'Irlande ont des modèles impossibles à imiter, parce que fondés sur le pillage des voisins. En plus, ces modèles ne sont pas sans effets très négatifs par certains aspects sur la société. Mais on parlera sans doute de l'Irlande dans un autre texte. À la limite on peut vanter la Suisse qui au milieu d'un continent en déclin semble être le dernier coin tranquille, mais elle n'est ni dans l'euro ni dans l'UE, ceci expliquant sans doute cela. C'est sans doute pour cela qu'on voit peu de gens donner vraiment la Suisse en exemple. Il est plus que temps de remettre en question la construction européenne, et elle seulement. Tenter de vendre tel ou tel modèle qui échapperait à la pesanteur de l'euro et de la bureaucratie bruxelloise n'est que perte de temps et communication malhonnête.